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17 février 2012 5 17 /02 /février /2012 14:30

Edito du Monde | LEMONDE | 17.02.12 | 12h11

 
 

Difficile de ne pas dresser ce sinistre constat : en Syrie, le scénario du pire s'installe – peut-être pour longtemps. Ce n'est pas seulement l'accumulation des atrocités que vit une population insurgée à la merci d'un régime de tueurs en série. Le photographe Mani et l'écrivain Jonathan Littell terminent aujourd'hui dans nos colonnes le récit de ce qu'ils ont vu et vécu à Homs. Dans la troisième ville du pays, assiégée depuis plusieurs semaines, la tragédie est quotidienne : les tirs aveugles des chars postés à la périphérie; ceux des snipers, qui tuent pour terroriser ; les enlèvements, la torture, les soins qui manquent ; les blessés par balles entassés dans des hôpitaux de fortune. Bref, le cortège des malheurs d'une guerre faite à une population civile démunie. Mais celui aussi des actes de courage quotidiens d'un peuple qui refuse de se soumettre.

Cependant, ce face-à-face est de moins en moins un affrontement syro-syrien. Le conflit s'internationalise, de la pire façon qui soit. Issu de la minorité alaouite – une secte dissidente de l'islam chiite –, le régime reçoit le soutien actif de l'Iran. Il a aussi l'appui de l'autre allié de Téhéran dans la région, le Hezbollah libanais, une formation chiite extrémiste et l'une des composantes du gouvernement de Beyrouth.

Forte de 23millions d'habitants, la population syrienne appartient à 70 % à la branche majoritaire de l'islam, le sunnisme. C'est de ses rangs, mais sans exclure les autres minorités syriennes, qu'est partie la rébellion. Tout naturellement, de la Turquie aux pays du Golfe, le monde sunnite lui accorde sa sympathie et son soutien politique, voire financier.

Les tribus sunnites d'Irak se mobilisent pour fournir des armes aux insurgés. Ayman Zawahiri, chef d'Al-Qaida, profite du chaos pour appeler au djihad contre le régime syrien. La Turquie héberge des éléments de l'Armée syrienne libre (ASL). Traversé d'autant de lignes de fracture que la Syrie, le Liban connaît ses premiers affrontements communautaires importés en "copier-coller" de chez son grand voisin.

Depuis le début du drame syrien, il y a un an, la Russie et la Chine, au lieu de faire pression sur Bachar Al-Assad, lui ont apporté un soutien diplomatique sans faille. Elles l'ont fait au nom du refus de l'internationalisation du conflit. Moscou et Pékin ont saboté les initiatives de la Ligue arabe, qu'appuyaient l'Europe et les Etats-Unis.

L'obstruction russo-chinoise a empêché ce qui eût été la meilleure façon d'internationaliser le conflit : obliger Bachar Al-Assad à accepter une transition ordonnée et son départ du pouvoir. Au lieu de quoi, Moscou et Pékin ont favorisé ce qu'ils prétendent vouloir éviter : une internationalisation sauvage du conflit, qui fait de la Syrie, comme hier du Liban, le champ clos des rivalités qui traversent le Proche-Orient.

 

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16 février 2012 4 16 /02 /février /2012 16:13

LEMONDE | 16.02.12 | 15h02   •  Mis à jour le 16.02.12 | 16h32

 
 

 

A Homs, les victimes de snipers loyalistes et de "nail bombs" viennent chercher du secours dans ce petit centre de santé clandestin.

A Homs, les victimes de snipers loyalistes et de "nail bombs" viennent chercher du secours dans ce petit centre de santé clandestin.Mani pour Le Monde


Dans la Syrie en révolte de Bachar Al-Assad, il n'est pas seulement interdit de parler, de manifester, de contester : il est aussi interdit de soigner, et de se faire soigner. Depuis le début des événements, le régime mène une guerre sans pitié contre toute personne ou structure susceptibles d'apporter des soins aux victimes de la répression (Le Monde daté 9 février). "C'est très dangereux d'être médecin ou pharmacien", nous dira un jour un pharmacien de Baba Amro.

Le personnel médical est emprisonné, comme cet infirmier d'Al-Qusayr, arrêté le lendemain du jour où il nous a fait visiter son centre clandestin de première urgence, aux tapis recouverts de bâches en plastique pour les protéger du sang ; ou bien tué, comme Abdur Rahim Amir, l'unique médecin du même centre, froidement abattu en novembre 2011 par la sécurité militaire alors qu'il tentait de porter secours à des civils blessés lors d'une offensive de l'armée régulière à Rastan. Ou encore torturé. A Baba Amro, un infirmier de l'hôpital national d'Homs, incarcéré en septembre, me décrit en les mimant les sévices auxquels il a été soumis : battu à coups de bâton, les yeux bandés, fouetté, électrocuté, enfin suspendu au mur par un poignet, sur la pointe des pieds, durant quatre ou cinq heures, une pratique courante qui porte un nom, ash-shabah. "J'ai eu droit à un traitement de faveur, insiste-t-il. On ne m'a pas brisé les os." Parfois, les forces du régime se contentent de les insulter. Une infirmière du Croissant-Rouge se trouvait dans une ambulance, bloquée à un barrage : "Nous, on leur tire dessus, et vous, vous les sauvez !", enrageaient les soldats.

 

Les deux hôpitaux de la ville, le civil (appelé "national") et le militaire, sont sous la coupe réglée des forces de sécurité, et leurs caves et certaines de leurs chambres ont été transformées en salles de torture. J'y reviendrai, témoignages à l'appui. Les cliniques privées, seul recours des blessés de l'insurrection, sont soumises à un assaut permanent. Dans l'une d'elles, au coeur de la vieille ville, deux infirmières me montrent les impacts de balles dans les fenêtres, les murs et les lits, tirées depuis la citadelle toute proche. A part elles, la clinique est vide. "Nous n'acceptons que les urgences, et ne gardons personne plus de quelques heures. Les forces de sécurité entrent régulièrement et arrêtent tous ceux qu'ils trouvent. Les médecins ont été contraints de signer une promesse de ne plus soigner de manifestants."

Pendant qu'elles parlent, une balle claque dans une salle à côté. Tout le monde rit. "Depuis que l'ASL (Armée syrienne libre) a une présence dans le quartier, continue l'une des deux, on peut amener des blessés ici." L'armée rebelle convoie aussi des médecins pour les opérations, quand c'est possible. Cinq jours plus tôt, la clinique a reçu un homme avec le ventre ouvert : un premier chirurgien a réussi à l'opérer, mais il fallait un spécialiste pour compléter l'intervention ; or, le quartier était bouclé, impossible de le faire venir, impossible aussi de transférer le patient dans un autre hôpital. "Finalement, il est mort", conclut l'infirmière.

 

Abu Hamzeh, un chirurgien de haut niveau, tente de soigner les blessés qui arrivent quotidiennement dans un point de première urgence de son quartier. Il est tellement désespéré par le manque de moyens - son centre ne dispose ni d'anesthésiques, ni de drains, ni d'appareil de radiographie, il ne peut opérer personne, tout juste poser des pansements et des perfusions - qu'il veut abandonner la médecine pour prendre les armes. "Je ne sers à rien, ici, grince-t-il amèrement devant un homme à l'abdomen perforé par une balle de sniper, absolument à rien."


Au début des événements, Abu Hamzeh travaillait à l'hôpital militaire d'Homs, où il a été témoin des tortures infligées aux manifestants blessés, parfois même par des infirmiers ou des médecins, dont il a soigneusement noté les noms. Lorsque le médecin-chef de l'hôpital, un alaouite, a tenté d'interdire ces pratiques, elles se sont juste faites plus discrètes. "Un jour, j'ai soigné un homme en urgence. Le lendemain, je l'ai revu en radiologie, avec un traumatisme crânien qu'il n'avait pas la veille. C'est comme ça que j'ai découvert qu'il était battu la nuit. Il en est mort deux jours plus tard, alors que ses blessures initiales n'étaient pas mortelles."


Horrifié, Abu Hamzeh a réussi à se procurer une caméra-stylo à Beyrouth, et a secrètement réalisé quatre petits films dans une salle de soins postopératoires, avec la complicité d'une infirmière. Il les commente pour moi. Sur ces images, souvent voilées quand sa blouse cache le stylo placé dans la poche de sa veste, on distingue cinq patients, nus ou presque sous leurs draps, les yeux bandés, une cheville enchaînée à leurs lits. La main du médecin découvre les corps : sur les torses de deux d'entre eux, de grandes marques rouges toutes fraîches, des coups de schlague. Sur un meuble, posés en évidence, les instruments de torture : deux fouets souples, des lanières de caoutchouc découpées dans des pneus puis renforcées avec de la bande adhésive, et un câble électrique avec une prise secteur à un bout et un clip à l'autre, pour le fixer aux doigts, aux pieds ou au pénis. Un des blessés gémit sans discontinuer. "On leur avait bloqué les cathéters, s'indigne Abu Hamzeh. Quand je suis entré, ils suppliaient qu'onleur donne à boire. J'ai ouvert les cathéters et changé les sacs d'urine, qui étaient pleins, mais deux des patients ont fini dans le coma à cause de lésions aux reins. Quand j'ai changé les pansements, j'ai remarqué de la gangrène sur un des patients ; je l'ai signalé au département orthopédique, mais n'ai pas pu faire le suivi. Trois jours plus tard, j'ai entendu qu'on lui avait coupé la jambe au-dessus du genou."


Abu Hamzeh, qui a récemment démissionné pour rejoindre l'opposition, a rapidement été mis à l'écart. Mais les pratiques qu'il décrit n'ont fait que s'intensifier avec la montée de la contestation. A Baba Amro, on nous présente R., un blessé amputé d'une jambe, relâché de l'hôpital militaire une semaine auparavant. Fin décembre, un obus était tombé dans sa rue, tuant cinq de ses voisins et parents. Dans la vidéo qu'on nous montre, on voit R., la jambe à demi arrachée retenue par une écharpe, chargé en catastrophe dans un véhicule. Le premier hôpital privé où on l'a amené, débordé ce jour-là, a tenté de le transférer dans un autre, avec son neveu de 28 ans dont le bras gauche ne tenait plus que par quelques lambeaux de chair. Mais l'ambulance qui les transportait a été interceptée à un barrage des forces de sécurité, où les deux blessés ont été arrêtés, placés dans un blindé et envoyés à l'hôpital militaire. Là, privés de soins, menottés à leurs lits avec les yeux bandés, ils ont été torturés durant huit heures. "On me frappait avec des plateaux à nourriture, sur la tête et le corps. On a attaché des cordes à ma jambe blessée et on la tirait dans tous les sens. Il y a beaucoup d'autres choses qu'ils m'ont faites, mais je ne m'en souviens pas."


Les hommes qui le torturaient ne cherchaient même pas des informations, ils se contentaient d'insulter leurs victimes : "Ah, tu veux la liberté, la voici, ta liberté !" Son neveu est mort sous les coups ; enfin, R. a été transféré au bloc opératoire pour subir une intervention chirurgicale. Après, il a été emprisonné, sans suivi postopératoire : sa jambe s'est infectée et, six jours plus tard, a été amputée d'office par un médecin militaire. On me montre une photo de lui à sa sortie : la peau jaune, les traits tirés, cadavérique, mais doucement heureux d'être vivant. "Ils m'ont tué, là-bas, achève-t-il avec des yeux brillants. J'aurais dû y rester."


Ces pratiques ne représentent pas des cas isolés, des initiatives individuelles menées par sadisme ou excès de zèle, hors de tout contrôle. Au contraire, elles sont codifiées et font l'objet d'un règlement antérieur à la révolte actuelle, comme en témoigne Abu Salim, un médecin militaire qui a servi deux ans dans les moukhabarat, les services de sécurité de l'armée, avant de rejoindre le camp de la révolution pour diriger une clinique de fortune dans un quartier d'Homs.

 

"Quelle est la mission d'un médecin au sein des moukhabarat ?, commence-t-il calmement. Je vais vous l'expliquer. Premièrement : maintenir en vie les personnes soumises à la torture pour qu'elles puissent être interrogées le plus longtemps possible. Deuxièmement : dans le cas où la personne interrogée perd conscience, lui apporter les premiers soins pour que l'interrogatoire puisse continuer. Troisièmement : superviser l'utilisation des produits psychotropes durant l'interrogatoire. Nous utilisions la chlorpromazine (un antipsychotique prescrit, d'habitude, pour soigner les  schizophrènes), le Valium, et l'alcool à 90 o, par exemple, en en versant un litre dans le nez, ou bien en injection sous-cutanée. Quatrièmement : si la personne torturée a dépassé son seuil de résistance et se trouve en danger de mort, le médecin peut demander son hospitalisation. Ce n'est pas lui qui prend la décision : il écrit un rapport, et le responsable de l'interrogatoire décide d'accorder le transfert. Avant la révolution, presque tout le monde était transféré ; maintenant, ce sont seulement les détenus importants. Les autres, on les laisse mourir."



Prochain article : Punition collective

 

Texte : Jonathan Littell Photo : Mani


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16 février 2012 4 16 /02 /février /2012 16:08

 

LEMONDE.FR avec Reuters | 16.02.12 | 08h08   •  Mis à jour le 16.02.12 | 17h00

 

 

 

Les troupes syriennes se sont déployées en force, jeudi 16 février, à Deraa, un des berceaux de la contestation dans le sud du pays. Dans le même temps, les forces du régime ont continué de pilonner la ville rebelle de Homs, assiégée et bombardée depuis le 4 février pour tenter d'y étouffer la contestation, ainsi que la province de Hama, un autre bastion de la contestation, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Au moins 22 personnes sont mortes jeudi dans le pays – soldats de l'armée régulière, soldats dissidents comme civils.

A Damas, un militant de premier plan, le directeur du Centre syrien pour les médias et la liberté d'expression, Mazen Darwich, a été arrêté jeudi par les forces de sécurité dans son bureau, selon des opposants. M. Darwich, 38 ans, avait déjà été interpellé en mars dernier, alors qu'il assistait à un sit-in pacifique devant le ministère de l'intérieur à Damas, selon Reporters sans frontières. Une semaine plus tard, il avait été convoqué après avoir fait des déclarations sur les arrestations en Syrie et les événements de Deraa, selon l'OSDH. Dans les locaux de l'association se trouvait également la blogueuse "symbole" de la révolte, Razzan Ghazzawi. Elle a aussi été interpellée, avec douze autres personnes, selon l'avocat et opposant Anouar Al-Bounni.

"ESCALADE À DERAA"

A Deraa, les forces de Bachar Al-Assad ont lancé un assaut contre les rebelles de l'Armée syrienne libre (ASL), ont rapporté des habitants et des opposants. "Il y a une escalade à Deraa", a affirmé un membre de la commission générale de la révolution. "On entend des explosions et des tirs depuis l'aube." Un habitant a indiqué que depuis dix jours, les forces du régime "attaquent la province de Deraa village par village, c'est très méthodique". Dans la ville même de Deraa, l'ASL, formée de déserteurs, essaie de repousser l'armée. Mais faute d'équipements, elle est "obligée de se replier, les forces du régime se vengent alors contre les habitants". "C'est devenu comme le Liban durant la guerre civile [1975-1990], on est devenu habitué aux tirs et aux coupures d'électricité", affirme cet homme qui a habité au Liban dans les années 1980.

 

Manifestation contre le régime de Bachar Al-Assad, à Sheikh Meskeen près de Deraa, le 12 février.

Manifestation contre le régime de Bachar Al-Assad, à Sheikh Meskeen près de Deraa, le 12 février. REUTERS/HANDOUT

"Cela faisait deux semaines qu'on entendait parler d'un renforcement de la présence militaire autour de Deraa, a rapporté un membre de l'ONG syrienne de défense des droits de l'homme Swasiah. Deraa a repris son rôle dans le soulèvement. Les manifestations ont repris, sous la protection de l'ASL dans certains quartiers." Les autorités syriennes, qui réduisent très fortement l'accès du pays à la presse, n'ont pas évoqué cet assaut. Une précédente offensive, en avril, avait mis fin aux grandes manifestations de Deraa, lesquelles avaient été déclenchées par l'arrestation de plusieurs femmes militant pour la démocratie et d'écoliers ayant écrit sur les murs des slogans en faveur de la liberté.

VOTE ATTENDU À L'ONU 

Ces violences surviennent à quelques heures d'un vote à l'Assemblée générale de l'ONU sur un projet de résolution condamnant la répression de la contestation. La Russie, alliée du régime syrien, a d'emblée fait savoir qu'elle ne soutiendrait pas une "résolution inéquitable".

Début février, le double veto de la Russie et de la Chine à une résolution de l'ONU condamnant les exactions du régime de Damas avait déclenché l'indignation des Occidentaux et la colère de plusieurs pays arabes. Pékin a annoncé jeudi qu'un vice-ministre des affaires étrangères chinois allait se rendre en Syrie, pour la première fois depuis ce veto. Zhai Jun, un vice-ministre arabophone qui a fait une grande partie de sa carrière au Moyen-Orient, sera vendredi et samedi en Syrie pour "contribuer à une résolution correcte et pacifique de la crise syrienne", selon le ministère. "Le message de cette visite est que la Chine espère une solution pacifique et correcte à la situation en Syrie" et qu'elle "jouera un rôle de médiateur constructif", a précisé le ministère.

UNE NOUVELLE CONSTITUTION DANS LE MÊME "ESPRIT"

Par ailleurs, le régime a décidé d'organiser un référendum le 26 février sur une nouvelle Constitution fondée sur le pluralisme, tout en poursuivant la répression de la révolte qui a fait des milliers de morts depuis le 15 mars 2011. Des opposants syriens ont rejeté jeudi en bloc le projet de Constitution, estimant que le texte gardait le même "esprit" de la loi fondamentale actuelle et conférait au président des "prérogatives absolues".

Le Comité de coordination pour le changement national et démocratique (CCCND), basé en Syrie, a conditionné sa participation au référendum à l'arrêt des violences. "Il est absolument impossible que l'on participe à un référendum avant l'arrêt des violences et des assassinats", a déclaré Hassan Abdel Azim, le chef du CCCND qui regroupe des partis nationalistes arabes, kurdes, socialistes, et des personnalités indépendantes.


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14 février 2012 2 14 /02 /février /2012 14:17

 

LEMONDE.FR avec AFP | 14.02.12 | 11h19   •  Mis à jour le 14.02.12 | 14h55

 
  

Bombardements sur le quartier de Baba Amro, Homs, le 14 février 2012


Le régime syrien lançait mardi son assaut le plus violent sur la ville rebelle de Homs depuis des jours, "encouragé" selon l'ONU par l'échec des pays occidentaux et arabes à mettre fin à l'effusion de sang. La "capitale de la révolution" syrienne subit depuis l'aube les bombardements les plus violents depuis cinq jours, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), avec "en moyenne deux roquettes qui tombent chaque minute". "Six personnes ont été tuées dans le bombardements continus sur le quartier de Baba Amr depuis ce matin", a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme.

L'incapacité du Conseil de sécurité de l'ONU à se mettre d'accord sur une action collective a "encouragé le gouvernement syrien à lancer un assaut sans retenue dans le but d'écraser la dissidence", a estimé lundi la Haut commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Navi Pillay.

Dans la troisième ville de Syrie où plus de 300 personnes ont péri depuis le 4 février dans une "attaque sans discernement contre des zones civiles" selon l'ONU, le temps presse et la crise humanitaire est de plus en plus intolérable. "La situation est tragique", affirme lundi Hadi Abdallah, membre du "Conseil de la révolution de Homs", indiquant que les gens sont "entassés dans les abris" et que "les morts sont enterrés depuis une semaine dans les jardins car même les cimetières et les tombes sont visés". "Il y a des femmes enceintes, des gens qui souffrent de problèmes cardiaques, de diabète et surtout des blessés qu'on n'arrive pas à évacuer", dit-il, rapportant que trois militants qui apportaient de l'aide à Homs lundi soir sont morts carbonisés lorsque leur voiture a été touchée par un obus. Les communications et l'électricité sont coupées et plusieurs témoins n'ont pas pu être joints par téléphone au cours des derniers jours.

 

L'ENVOI DE CASQUES BLEUS

Face à l'aggravation de la crise, les condamnations se succèdent sans qu'une véritable issue ne pointe à l'horizon. La France étudie depuis mardi avec ses partenaires de l'ONU "toutes les options mises sur la table par la Ligue arabe" dans le dossier syrien, y compris celle d'envoyer des casques bleus, selon la diplomatie française. "Nous comprenons qu'il y a plusieurs options possibles s'agissant de casques bleus tels que présentées par la Ligue arabe. Tout cela est en cours de discussions, en cours de précisions", a ajouté le porte-parole du ministère des affaires étrangères, Bernard Valero.

La Ligue arabe a annoncé dimanche qu'elle allait "demander au Conseil de sécurité (de l'ONU) d'adopter une résolution pour la formation d'une force de maintien de la paix arabo-onusienne conjointe pour superviser l'application du cessez-le-feu". Une proposition qui divise la communauté internationale : Paris a mis en garde lundi contre toute action militaire, Moscou a exigé un cessez-le-feu, tandis que Washington soulignait qu'en l'absence de paix, une telle initiative était compliquée.

Au sein de l'Union européenne, la proposition est soutenue par l'Italie, tandis que l'Allemagne et la Grande-Bretagne ont demandé des discussions en urgence, ce dernier pays excluant une présence occidentale dans une éventuelle force de paix. En outre, la chancelière allemande, Angela Merkel, a évoqué de nouvelles sanctions européennes contre Damas, affirmant que l'Union européenne soutenait la "position ferme" de la Ligue arabe.

Arabes et Occidentaux doivent lancer cette semaine une nouvelle tentative pour faire condamner Damas, cette fois à l'Assemblée générale de l'ONU – organe consultatif où le veto n'existe pas. Moscou et Pékin devraient une fois encore s'opposer à ce projet, préparé par l'Arabie saoudite et le Qatar, très similaire au texte bloqué par leur double veto le 4 février. Autre étape au calendrier : la "Conférence des amis de la Syrie", que Tunis s'est proposé d'organiser le 24 février et qui a reçu lundi un soutien appuyé de Mme Clinton et de son homologue turc Ahmet Davutoglu en visite à Washington. M. Juppé représentera la France lors de cette première réunion, a annoncé M. Valero.

 

 

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14 février 2012 2 14 /02 /février /2012 14:11

 

Compte-rendu du chat organisé mardi 14 février avec Mani, photojournaliste, de retour d'un reportage pour "Le Monde" dans la ville syrienne de Homs | LEMONDE.FR | 14.02.12 | 12h57   •  Mis à jour le 14.02.12 | 13h51

 
 

 

Un soldat de l'ALS enjambe le sang d'un de ses confrères tué quelques minutes plus tôt, le 26 janvier à Homs.

Un soldat de l'ALS enjambe le sang d'un de ses confrères tué quelques minutes plus tôt, le 26 janvier à Homs.Mani pour "Le Monde"


jamila : Dans quelles conditions avez-vous travaillé à Homs ? Pouviez-vous circuler normalement ? Prendre les photos que vous vouliez ?

J'ai travaillé uniquement dans les quartiers tenus par l'opposition, car je suis entré clandestinement en Syrie. Le fait d'avoir travaillé avec de nombreux activistes et de travailler sur la durée m'a permis d'avoir un accès privilégié et de travailler de manière autonome. Je pouvais circuler librement au sein des quartiers tenus par l'opposition. Je prenais des mesures de précaution lorsque je me déplaçais d'un quartier à un autre.

Certains activistes essayaient de contrôler mon travail de photographe. Mais encore une fois, la multiplication des contacts et la relation établie dans la durée m'ont permis de contourner ces obstacles. Plus spécifiquement, le problème majeur était de parvenir à photographier l'Armée syrienne libre (ASL) car en réaction au discours du régime qui décrit ce mouvement de révolte comme étant animé par des "gangs armés de terroristes", certains activistes en arrivent à vouloir dissimuler toute forme de résistance armée.

Jérém : Bonjour Monsieur, vous êtes revenu de Syrie... Quelles ont été vos premières impressions en arrivant à Homs ? Que se passe t-il réellement là-bas ?

Deux choses très frappantes en arrivant à Homs. D'un côté, la montée en puissance de l'ASL et le contrôle qu'elle effectue sur les quartiers d'opposition, et de l'autre, l'aspect systématique et terrifiant de la répression du régime contre les populations civiles. Concrètement, les quartiers d'opposition sont soumis à des bombardements quotidiens et aux tirs des tireurs embusqués qui visent très spécifiquement les civils.

Chaouki : Bonjour, pouvez-vous nous donner des exemples des difficultés de la vie au quotidien actuellement à Homs ? Est-ce vrai que le pain manque par exemple ?

La distribution de la farine est un monopole de l'Etat. Et les "fours à pain" présents dans les quartiers ne sont plus approvisionnés. Seuls quelques distributeurs privés continuent à livrer quelques-uns de ces quartiers en farine. En conséquence, nombre de "fours à pain" ont fermé et le prix du pain a presque doublé. On voit des centaines de personnes faire la queue, attendant la livraison du pain.

Par ailleurs, l'électricité est coupée dans de nombreux quartiers d'opposition suite à la destruction des transformateurs par les forces loyalistes. Il existe aussi une pénurie de fuel de chauffage. Les gens, désormais, se chauffent au bois.

Zen : Les enfants vont-ils à l'école ?

Cat : Les gens vont-ils travailler ?

Les enfants ne vont plus à l'école depuis le début de l'insurrection. La situation dans les rues est trop dangereuse. Sur les toits de certaines écoles, des tireurs embusqués loyalistes ont pris position. Par ailleurs, le refus d'envoyer les enfants à l'école est une forme de résistance civile.

Nombre de personnes ont cessé leur activité professionnelle en raison des risques encourus ou par refus de collaborer de près ou de loin avec le régime. Certains continuent à travailler tant bien que mal.

Magali : Quel est le pourcentage d'habitants de Homs qui vivent encore dans la ville ?

Dans certaines zones situées au niveau de la ligne de "frottement", entre les quartiers pro-régime et ceux de l'opposition, on observe des déplacements de familles vers des zones où la population y est plus homogène. Concrètement, dans les quartiers multiconfessionnels, les allaouites fuient pour chercher refuge dans les quartiers majoritairement allaouites et les sunnites se déplacent vers les quartiers de l'opposition.

JB : Quel est le profil "type" des opposants au régime ?

A Homs, la majorité des opposants sont sunnites. Ce sont des gens pieux. Néanmoins, ils mettent régulièrement l'accent sur l'aspect non confessionnel du mouvement d'opposition. J'ai pu observer que nombre des opposants étaient d'anciens soutiens au régime et au président Bachar Al-Assad, mais que la violence de la répression a définitivement fait basculer dans la révolte.

momtaz : Quelle est l'importance des islamistes radicaux au sein de la rébellion ?

Encore une fois,la majorité des opposants sont des hommes sunnites. La société est pétrie de valeurs religieuses et ces hommes en sont le reflet. Néanmoins, je n'ai pas observé une réelle radicalité islamiste.

fe5ar : Y-a-t-il beaucoup de pertes parmi les combattants ou l'essentiel des morts concerne la population civile ?

La majorité des morts sont des civils victimes des tirs de snipers et des bombardements au mortier et à la bombe à clous, mais l'Armée syrienne libre subit aussi un certain nombre de pertes lors des actions militaires entreprises.

jeanpiledescoeurs : Bonjour, est-ce que sur place on a le sentiment que la situation peut basculer et qu'un changement de régime est vraiment possible, ou est-ce une guérilla d'usure sans perspective ?

Lors de ce deuxième reportage, par comparaison à la situation du mois d'octobre-novembre, j'ai observé une réelle montée en puissance de l'ASL et la prise de contrôle de plus en plus étendue de la ville d'Homs. De plus, le mouvement de désertion est croissant et régulier. Même si l'issue ne semble pas être imminente, le mouvement général indique un effritement et devrait conduire à un effondrement progressif du régime.

fe5ar : Quel est le niveau d'armement de l'ASL ? On entend dire qu'elle est sous-armée et que les combats sont extrêmement déséquilibrés avec l'armée régulière, qu'en est-il réellement ?

L'ASL dispose essentiellement de Kalachnikov, de mitrailleuses et de lance-roquettes RPG. Certains soldats de l'opposition utilisent même des fusils de modèles très anciens. Ils utilisent aussi quelques fusils à lunette de visée. Des bombes artisanales sont également confectionnées à base d'engrais. En revanche, ils ne disposent ni de blindés ni d'armes qui puissent bombarder à distance (mortier, canons, etc.).

Jalil : Avez-vous l'impression - ou même la certitude - que la guerre civile a déjà commencé en Syrie ?

C'est une insurrection populaire contre un régime d'oppression. Dans ce combat, certains civils ont pris position pour le régime et participent activement aux actions militaires (la milice des shabihas), mais ils agissent, semble-t-il, sous les ordres et la protection des autorités syriennes.

Philippe : La situation à Homs est-elle représentative de l'ensemble du pays ?

Homs est en rébellion ouverte comme nombre de villes dans les régions peuplées essentiellement d'arabes de confession sunnite : Deraa, campagne de Damas, Idleb, Hama, etc.

Guest : Bonjour, avez-vous eu peur pour votre propre sécurité ?

Oui, parfois. Pour travailler dans ces conditions, il faut à la fois prendre en compte la peur légitime tout en tentant de la dépasser.

 

 

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13 février 2012 1 13 /02 /février /2012 13:23

 

LEMONDE.FR avec Reuters et AFP | 13.02.12 | 08h51   •  Mis à jour le 13.02.12 | 12h36

 
 

 

Vue de Homs, le 12 février 2012.

Vue de Homs, le 12 février 2012.AP/HONS


Les forces de Bachar Al-Assad ont repris, lundi 13 février, leurs bombardements sur la ville de Homs au lendemain du soutien explicite apporté à l'opposition par la Ligue arabe, qui a, en outre, proposé à l'ONU l'envoi d'une mission conjointe en Syrie.

 

Cet appel accentue la pression sur la Russie et la Chine, membres permanents du Conseil de sécurité dont le veto mis il y huit jours à une résolution appelant Bachar Al-Assad à renoncer à ses pouvoirs a été dénoncé par les pays arabes et occidentaux. La Russie étudie la proposition de la Ligue arabe, tout en jugeant qu'un cessez-le-feu est nécessaire avant l'envoi de soldats de maintien de la paix, a déclaré lundi le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov. "Pour déployer une force de maintien de la paix, il faut l'autorisation de la partie qui la reçoit", a-t-il dit, et "il faut quelque chose qui ressemble à un cessez-le-feu". De son côté, la Chine a déclaré soutenir les efforts de médiation de la Ligue arabe sans se prononcer explicitement sur l'envoi de casques bleus préconisé par l'organisation du Caire.

Le régime syrien est déterminé à "rétablir la sécurité" dans le pays, où il tente de mettre fin à onze mois de contestation, en dépit des décisions de la Ligue arabe de soutenir l'opposition et d'appeler à une mission de paix mixte avec l'ONU, a rapporté l'agence officielle Sana. "Cette décision et d'autres n'empêcheront pas le gouvernement syrien d'assumer ses responsabilités dans la protection de ses citoyens et le rétablissement de la sécurité et de la stabilité", a indiqué un responsable cité par l'agence. "La Syrie refuse les décisions [de la Ligue arabe] qui constituent une ingérence flagrante dans les affaires intérieures du pays et une atteinte à la souveraineté nationale", a affirmé le responsable syrien.

Le secrétaire au Foreign Office a déclaré lundi ne pas envisager que des troupes occidentales puissent intervenir "au sol" en Syrie dans le cadre d'une force de maintien de la paix, suivant la proposition faite par la Ligue arabe.
William Hague, en visite au Cap, a jugé que les casques bleus qui pourraient être engagés en territoire syrien devraient être originaires de pays non-occidentaux. "Je ne vois pas d'issue en Syrie avec la présence de soldats occidentaux sur le terrain, sous quelque forme que ce soit, y compris sous la forme d'une mission de maintien de la paix", a déclaré le chef de la diplomatie britannique.

 

23 MORTS DIMANCHE

D'après des opposants, les blindés pilonnent surtout deux grands faubourgs sunnites, Bab Amr dans la partie sud de la ville et Al-Waer dans la partie ouest, près de l'académie militaire. Selon eux, les bombardements ont fait 23 morts dimanche après une journée d'accalmie la veille. Le quartier d'Al-Waer, théâtre, pendant des mois, de manifestations hostiles au régime, est attaqué depuis plusieurs jours par des miliciens du régime, les chabbiha.

Selon un bilan des Nations unies fourni en décembre, la répression du mouvement de contestation a fait plus de 5 000 morts tandis que le régime impute les violences à des groupes "terroristes" soutenus par l'étranger. Dimanche, des soldats appuyés par des blindés ont lancé une offensive à Inchaat, quartier de Homs théâtre de plusieurs incursions des forces loyalistes au cours de la semaine écoulée. Des chars ont roulé sur des voitures civiles et des militaires ont mis à sac des habitations et brûlé des meubles au milieu des rues pour infliger une punition collective à la population, affirme la coalition Homs libre dans un communiqué. Il est difficile de vérifier les affirmations des deux camps car le régime limite de manière très stricte l'accès des journalistes au terrain.

Un convoi du Croissant-Rouge syrien a pu se rendre à Homs pour distribuer de la nourriture, des médicaments et des couvertures aux milliers d'habitants touchés par les violences, a annoncé le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) dans un communiqué. "La population, en particulier les blessés et les malades, subit l'essentiel des violences", a déclaré Marianne Gasser, responsable du CICR à Damas. Des opposants affirment cependant que les équipes du Croissant-Rouge se sont rendues dans les quartiers peuplés d'alaouites, la communauté dont est issue la famille Al-Assad, mais pas dans les quartiers sunnites, les plus bombardés.

 

SOUTIEN À L'OPPOSITION

 


Des opposants ont profité dimanche d'une pause dans les bombardements pour manifester contre le régime dans les quartiers de Koussour, Bayada, Khalidoua et Bab Houd. Des manifestations ont été signalées à Houla, une localité voisine également bombardée. Des images postées sur YouTube montrent des centaines de jeunes se tenant par l'épaule et dansant sous des drapeaux vert et blanc, les couleurs de la Syrie, avant la prise de pouvoir du parti Baas en 1963. A Hama, à une cinquantaine de kilomètres au nord de Homs, les forces loyalistes appuyées par des blindés ont pénétré dimanche dans des quartiers proches de la périphérie où l'armée syrienne libre a été active.

La Ligue arabe va fournir un soutien politique et matériel à l'opposition syrienne et demander au Conseil de sécurité la formation d'une force conjointe ONU-Ligue arabes pour mettre fin aux violences en Syrie, les militants dénonçant une grave crise humanitaire à Homs. L'organisation panarabe va "ouvrir des canaux de communication avec l'opposition syrienne et lui fournir toutes les formes de soutien politique et matériel", d'après le communiqué final d'une réunion des ministres des affaires étrangères arabes dimanche au Caire. Dans le même temps, elle "met fin à la mission" de ses observateurs en Syrie, dont le chef controversé, le général soudanais Mohammed Ahmed Moustapha Al-Dabi, avait annoncé quelques heures auparavant sa démission. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a indiqué dimanche à son homologue de la Ligue arabe qu'il reviendra au Conseil de sécurité de statuer sur les décisions prises par les ministres arabes au Caire, a indiqué son porte-parole Martin Nesirky dans un communiqué.

"Nous allons discuter de manière urgente avec la Ligue arabe et nos partenaires internationaux des propositions pour une force de maintien de la paix Ligue arabe-ONU", indique, lundi, le ministre des affaires étrangères britannique, William Hague.

 

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11 février 2012 6 11 /02 /février /2012 18:42

LEMONDE.FR avec Reuters | 11.02.12 | 19h33   •  Mis à jour le 11.02.12 | 19h34

 
 

 

Une fresque du président syrien Bashar al-Assad, criblée d'impacts de balles, dans les rues de Homs, le 10 février.

Une fresque du président syrien Bashar al-Assad, criblée d'impacts de balles, dans les rues de Homs, le 10 février.REUTERS/HANDOUT


Nouveaux bombardements à Homs. Sept civils ont trouvé la mort, samedi, dans de nouveaux bombardements de la ville-symbole de la contestation antigouvernementale. "Il s'agit du pilonnage le plus intense depuis le début de l'offensive à Homs il a six jours. Un obus s'est abattu sur un immeuble à Bab Amro, quartier du centre historique de Homs. Parmi les morts figure une femme de 55 ans", a déclaré à Reuters l'opposant Mohammed Hassan. Des chars ont pris position autour des quartiers tenus par l'opposition.

Un général abattu dans la capitale. A Roukhneddine, dans le nord de Damas, le général Issa al Khouli a été tué samedi près de son domicile, rapporte l'agence de presse officielle Sana, attribuant cet attentat à un "groupe terroriste". L'officier, médecin militaire et directeur d'un hôpital, est le membre le plus éminent du régime tué dans la capitale depuis le début du soulèvement antigouvernemental.

Combats dans un faubourg de Damas. Des échanges de tirs prolongés ont éclaté dans la nuit de vendredi à samedi dans un quartier pauvre de Damas. Les membres de l'Armée syrienne libre (ASL) ont affronté pendant quatre heures les forces gouvernementales appuyées par des blindés qui avaient pénétré dans le quartier d'Al Kaboune, dans le nord de la ville. Jamais des combats n'avaient eu lieu si près du centre de la capitale depuis le début de l'insurrection il y a onze mois. Alep, deuxième ville de Syrie jusqu'ici épargnée, a été à son tour gagnée par les violences vendredi. Une double explosion y a fait 28 morts aux abords de locaux des services de sécurité et de l'armée.

Fermetures d'ambassades. Le ministère syrien des affaires étrangères a sommé la Libye et la Tunisie de fermer leurs ambassades à Damas d'ici soixante-douze heures. Cette décision fait suite à des mesures similaires prises par ces deux pays à l'encontre de la Syrie.

Une résolution débattue à l'Assemblée générale de l'Onu. Après l'échec d'une première résolution samedi dernier, à laquelle la Russie et la Chine avaient opposé leur veto, "Il ne fait aucun doute que la confiance du monde dans les Nations unies a été ébranlée", a estimé vendredi le roi Abdallah d'Arabie saoudite. Ryad fait circuler un nouveau projet de résolution, cette fois à l'Assemblée générale de l'Onu. Pour plusieurs pays, les négociations en cours pourraient permettre de couper le lien entre les régimes iraniens et syriens.

Les opposants syriens accusent Moscou et Téhéran. Réunis à Vienne, en Autriche, des opposants en exil au régime de Bashar Al-Assad ont accusé, samedi, Moscou de "fournir des tanks" et Téhéran de prêter main-forte à l'armée syrienne dans la répression.

Deux morts au Liban dans des combats entre pro et anti-Assad. A Tripoli, dans le nord du Liban, des heurts entre partisans et opposants au régime syrien ont fait deux morts et huit blessés samedi. Cette ville côtière est dominée par les sunnites, qui soutiennent l'insurrection en Syrie, mais elle est aussi peuplée de membres de la minorité alaouite, dont est issu le clan du président Bachar al Assad.

 

 

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9 février 2012 4 09 /02 /février /2012 17:01

LEMONDE.FR avec AFP | 08.02.12 | 18h54   •  Mis à jour le 09.02.12 | 17h26

 
 

 

Un membre de l'Armée syrienne libre blessé lors de combats à Idlib, le 8 février 2012.

Un membre de l'Armée syrienne libre blessé lors de combats à Idlib, le 8 février 2012.AP


A Homs, l'engagement du président syrien, Bachar Al-Assad, auprès de son allié russe à mettre fin à l'effusion de sang est resté un vain mot. Au moins cinquante-sept civils ont été tués jeudi dans de nouveaux bombardements de la ville, rapporte l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). "Cinquante-sept civils ont été tués dans de violents bombardements sur Homs, dont trente-six dans le quartier de Baba Amr, et onze civils qui ont péri dans le pilonnage de leurs maisons dans le quartier d'Inchaat", a précisé le chef de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane. Quatre autres personnes ont été tuées dans la ville voisine de Rastane.

Plus tôt dans la journée, un médecin joint sur Skype faisait état de "cinquante-quatre blessés jusqu'à présent". "Des gens se trouvent sous les décombres". Selon un militant du même quartier, joint aussi sur Skype, "les roquettes pleuvent sans arrêt aujourd'hui sur Baba Amro (...) Les habitants se réfugient dans les étages inférieurs en l'absence d'abris". "Des corps carbonisés se trouvent dans des maisons touchées par les bombardements", a-t-il ajouté.

La veille plus de cinquante personnes ont péri à Homs, selon l'OSDH. Depuis le début de l'assaut, le 4 février, et jusqu'à mercredi soir, plus de quatre cents civils ont été tués, avait indiqué M. Abdel Rahmane. En outre, les troupes tiraient à l'artillerie lourde sur la ville de Qourié, dans la région de Deir Ezzor, faisant des dizaines de blessés dont des femmes et des enfants, ajoute l'OSDH.  

Au moins sept membres des forces de sécurité ont été tués et douze blessés, jeudi, dans une embuscade tendue par des déserteurs sur la route reliant Deraa à Damas, rapporte l'OSDH.

 

Les télécommunications et l'électricité sont régulièrement coupées, les infrastructures détruites et la nourriture de plus en plus rare, selon les militants. Selon Omar Chaker, un militant local, le pilonnage, apparemment destiné à préparer le terrain à un assaut terrestre, vise surtout le quartier de Baba Amro, où certaines zones sont entièrement rasées. Les forces armées ont "bombardé les réservoirs d'eau et les poteaux électriques".

La télévision publique syrienne faisait elle état de la poursuite de l'opération des troupes à Homs contre les "gangs terroristes" pour les empêcher d'attaquer les civils. Elle a rapporté que plusieurs personnes avaient été tuées dans l'explosion d'une voiture piégée et dans une attaque aux obus menée par des "terroristes" contre la raffinerie de Homs, l'une des principales du pays.

 

 

Un habitant de Homs, blessé dans un bombardement de la ville, le 8 février


LES OBUS PLEUVENT SUR ZABADINI

L'armée a pilonné pour le septième jour consécutif Zabadani, dans la province de Damas, pour tenter de faire plier cette place forte de la révolte, a indiqué l'OSDH, qui fait état de trois morts. Depuis les premières heures du matin, "cent obus sont tombés sur les maisons" de Zabadani, selon les Comités locaux de coordination (LCC), qui organisent la mobilisation sur le terrain. "[Beaucoup de maisons] se sont effondrées. La population vit une situation humanitaire difficile, l'électricité et l'eau sont coupées", dans cette ville estivale, à quarante-cinq kilomètres au nord de Damas, selon l'OSDH, qui évoque "la fuite de centaine de familles" vers les localités voisines.

Dans le village proche de Kfeir Yabous, "quatre militaires ont été tués et un cinquième capturé" après une attaque de déserteurs, a ajouté l'OSDH. Des chars de l'armée ont en outre pris d'assaut la localité de Tsil, près de Deraa dans le Sud, où un officier et dix-sept soldats ont fait défection, a ajouté l'OSDH, en faisant état de la mort d'un civil. A Idleb, dans le Nord-Ouest, des chars sont entrés dans la ville d'Ariha, tuant un civil.

"Un crime de guerre organisé est commis devant le monde entier après que Lavrov a donné son feu vert à la poursuite de ce crime", ont dénoncé des militants sur leur page Facebook Syrian Revolution 2011, en appelant les Syriens à "réciter la prière du mort sur toutes les places de Syrie".

 

 

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8 février 2012 3 08 /02 /février /2012 16:23

LEMONDE.FR avec Reuters et AFP | 08.02.12 | 06h55   •  Mis à jour le 08.02.12 | 13h26

 
 

 

Un blessé est amené dans un hôpital à Bab Amro, le 7 février 2012.

Un blessé est amené dans un hôpital à Bab Amro, le 7 février 2012.AP


Les forces fidèles au président Bachar Al-Assad ont pris d'assaut le centre-ville de Homs, tirant des roquettes et des obus de mortier dans des quartiers hostiles au régime syrien, rapportent mercredi 8 février des opposants. Au moins 47 civils ont été tués ces huit dernières heures dans l'un des principaux foyers de contestation du régime du président syrien, ont rapporté des militants et des sources proches de l'opposition. Trois familles entières figurent parmi les victimes, tuées dans la nuit par des miliciens du régime, a précisé l'Observatoire syrien des droits de l'homme. 

"L'électricité est revenue brièvement et nous avons été en mesure de contacter plusieurs quartiers, les activistes ayant réussi à recharger leur batterie de téléphone. Nous avons recensé 47 personnes tuées depuis minuit", a indiqué un opposant, joint par téléphone satellitaire. Des chars ont fait leur entrée dans le quartier d'Inchat. Ils se sont également approchés du quartier de Bab Amr, qui a récemment essuyé les pilonnages les plus violents des troupes loyalistes. Ces bombardements ont fait au moins cent morts chez les civils ces deux derniers jours, d'après la même source. Des "groupes terroristes armés" ont attaqué à l'aide d'obus la raffinerie de Homs, rapporte la télévision publique syrienne.

Par ailleurs, des bombardements ont également eu lieu à Zabadani, ville située à la frontière libanaise, à 30 kilomètres au nord-ouest de Damas. Deux personnes ont péri lors des pilonnages mardi, portant le bilan du nombre de morts ces deux derniers jours à dix, selon des groupes d'opposants.

Il est difficile de confirmer ces informations de source indépendante en raison des restrictions imposées par le régime syrien aux médias indépendants. "Al-Assad est train de voir que le monde civilisé se retourne contre lui et il pense qu'il peut gagner s'il fait usage de la force avant que le monde agisse", indique Catherine Al-Talli, responsable du Conseil national syrien, qui regroupe la plupart des courants de l'opposition.

 

 SCEPTICISME AMÉRICAIN

 

Le sort du président Al-Assad doit être réglé par "les Syriens eux-mêmes" à l'issue de négociations entre le pouvoir et l'opposition, a estimé, mercredi, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, au lendemain d'une visite à Damas. M. Lavrov n'a pas répondu à un journaliste qui demandait s'il avait évoqué avec le président Assad l'éventualité de son départ du pouvoir. Il a ajouté : "Toute conclusion du dialogue national doit être le résultat d'un accord entre les Syriens eux-mêmes, acceptable par tous les Syriens." "Nous soutenons toute initiative visant à créer les conditions pour un dialogue entre les Syriens", a souligné M. Lavrov, "et c'est ce que doit faire la communauté internationale, que ce soit le monde arabe, l'Europe, les Etats-Unis et d'autres régions du monde". "Essayer de déterminer à l'avance le résultat du dialogue national n'est pas l'affaire de la communauté internationale", a souligné le ministre.

Le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan va s'entretenir au téléphone mercredi avec le président russe Dmitri Medvedev sur la situation en Syrie, a indiqué le chef de la diplomatie turque, Ahmet Davutoglu, dans une interview à NTV. Le chef du gouvernement turc a annoncé mardi que son pays préparait une nouvelle initiative avec les pays opposés au gouvernement syrien, en qualifiant de "fiasco" le veto russo-chinois à une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU sur la Syrie.

Les récentes accusations britanniques selon lesquelles la Chine aurait "abandonné" le peuple syrien sont "irresponsables", a affirmé mercredi un porte-parole de la diplomatie chinoise. "L'action de la Chine est juste et équitable et toutes les tentatives pour instiller des désaccords dans les relations sino-arabes seront vaines", a déclaré Liu Weimin, porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères. Le ministre des affaires étrangères britannique, William Hague, a accusé la Russie et la Chine d'avoir "abandonné" le peuple syrien en mettant samedi leur veto au Conseil de sécurité de l'ONU à un projet de résolution condamnant la répression sanglante en Syrie.

Les Etats-Unis ont fait part de leur scepticisme mardi envers les promesses faites par le président syrien à Sergueï Lavrov et appelé Damas à mettre immédiatement fin à la violence. La Maison Blanche a affirmé mardi "réfléchir à la possibilité" de fournir une aide humanitaire aux Syriens, sans être en mesure d'expliquer comment une telle assistance serait possible. Le sénateur républicain John McCain, entre autres élus, a appelé à envisager "toutes les options, y compris celle consistant à armer l'opposition" syrienne. Le porte-parole du président Barack Obama, Jay Carney, a affirmé que les Etats-Unis "n'examin[aient] pas cette option à l'heure actuelle". "Nous réfléchissons à la possibilité de fournir une aide humanitaire aux Syriens et nous œuvrons avec nos partenaires à faire augmenter la pression, à accroître l'isolement d'Al-Assad et de son régime", a ajouté le porte-parole au lendemain de la fermeture de l'ambassade des Etats-Unis à Damas. Interrogé sur la forme que pourrait prendre cette aide, M. Carney a toutefois reconnu qu'il n'existait pas de "mécanisme" d'assistance aux Syriens.

 

 

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8 février 2012 3 08 /02 /février /2012 16:05

 

LEMONDE | 08.02.12 | 13h39   •  Mis à jour le 08.02.12 | 14h23

 
 

 

Une femme syrienne blessée reçoit des soins à l'hôpital d'Akrama.

Une femme syrienne blessée reçoit des soins à l'hôpital d'Akrama.AFP/JOSEPH EID


Depuis ses débuts, il y a bientôt onze mois, la répression en Syrie n'épargne pas les enfants dont 400 sont morts sur un total de plus de 7 000 victimes, selon le décompte tenu par des militants des droits de l'homme. Mais l'implacable machine répressive du régime de Bachar Al-Assad présente une autre "particularité", moins connue : elle vise en priorité les blessés et les personnels soignants. La médecine transformée en arme de guerre, ou plutôt en "arme de persécution" : c'est cette pratique aujourd'hui systématique en Syrie - comme ce fut le cas en Tchétchénie, en Bosnie et plus récemment à Bahreïn - que dénonce Médecins sans frontières (MSF) dans un communiqué et un rapport rendus publics mercredi 8 février. "Aujourd'hui, en Syrie, résume Marie-Pierre Allié, présidente de MSF, les blessés et les médecins sont pourchassés et courent le risque d'être arrêtés et torturés par les services de sécurité."

Après des mois de silence, l'ONG française, qui a longtemps espéré - sans succès - obtenir l'autorisation de travailler en Syrie, a décidé de prendre la parole. "Dès le mois de mai, nous avons été interpellés par des médecins syriens vivant à l'étranger et en contact avec leurs confrères de l'intérieur", raconte Dounia Dekhili, responsable ajointe des urgences à MSF.

Sans prétendre à l'exhaustivité, les entretiens réalisés par MSF dans les pays limitrophes de la Syrie démontrent une volonté systématique des forces de sécurité d'empêcher les soins aux manifestants blessés, de les traquer jusque dans les lieux hospitaliers, d'arrêter et de persécuter les médecins se risquant à travailler pour des structures clandestines. Il en résulte des carences médicales catastrophiques en personnel médical et en matériel, alors que le pays compte probablement plusieurs dizaines de milliers de blessés par balles et que le nombre de morts quotidien dépasse régulièrement la centaine depuis une semaine.

Les témoignages, recueillis par MSF dans les pays limitrophes (Liban, Jordanie, Turquie) où ont fui les civils syriens, sont anonymes pour raisons de sécurité. Le "patient 2" résume la situation : "En Syrie, on ne peut pas aller dans un hôpital, parce que soit ils vous amputent du membre blessé soit ils vous emmènent en prison. J'ai été détenu deux fois et, ce que j'ai vu, c'est que certains prisonniers sont abandonnés, jusqu'à ce que leurs blessures pourrissent. Ils n'étaient pas emmenés à l'hôpital, certains sont morts juste à côté de moi pendant que d'autres urinaient du sang à cause des hémorragies internes dont ils souffraient."

 

 

 

 

 


Le patient 4 assure s'être vu refuser des soins pendant vingt-cinq jours, à l'exception d'une perfusion.

 

 

 

Pire, le patient 5 a été envoyé dans un centre de torture où il a perdu la moitié de sa main. Mme Dekhili, de MSF, explique avoir recueilli des témoignages selon lesquels des patients stabilisés ont été retrouvés le lendemain à la morgue par leur famille.

Il arrive que les établissements eux-mêmes, comme l'hôpital militaire d'Homs, soient transformés en centres d'interrogatoire par les services de renseignement, parfois avec l'aide du personnel soignant. A l'inverse, il advient que le personnel hospitalier traite les blessés en falsifiant leur identité et la nature de leurs blessures.

Conséquence logique de ces entraves, un système de santé clandestin a été mis sur pied avec les moyens du bord. Outre les cliniques privées, qui sont particulièrement surveillées, il s'agit essentiellement de fermes, de caves, garages ou salles de bains transformés pendant quelques jours ou quelques heures en lieu de soins. L'équipement est rudimentaire. Le patient 3 raconte avoir vu un infirmier recoudre des plaies avec une aiguille et du fil, sans anesthésiant.


 

Ces cliniques improvisées doivent constamment déménager de peur d'être mises au jour par les services de sécurité. Les militants y conduisent médecins et blessés les yeux bandés, par crainte d'infiltrations. Le personnel soignant qui y travaille est une cible privilégiée de la répression. C'est ce qu'explique le "médecin 1", un chirurgien généraliste obligé de quitter la Syrie, où il risquait d'être arrêté et torturé à l'instar de nombreux confrères. Il souligne les carences en échographes, tables d'opération et respirateurs artificiels. "Il manque aussi des stérilisateurs, des anesthésiants, des poches de sang, des antibiotiques et des fixateurs internes pour les fractures", complète Dounia Dekhili.

 



MSF travaille avec des réseaux de Syriens à l'étranger qui essaient de faire parvenir de l'aide médicale dans leur pays.

Christophe Ayad

 


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