L'armée syrienne a tiré mercredi soir des roquettes à la frontière avec le Liban voisin où plusieurs projectiles ont atterri, provoquant la panique parmi les habitants. Des tirs provenant de la Syrie ont eu lieu aux environs de 21 heures à proximité du village Mqaybleh, entraînant la fuite de nombreux habitants, a affirmé le responsable sous le couvert de l'anonymat. Au moins deux roquettes RPG sont tombées en territoire libanais, a-t-il précisé, ajoutant toutefois qu'aucune victime n'avait été signalée.
"Les troupes syriennes ont d'abord tiré des roquettes éclairantes, puis tiré à la mitrailleuse, puis des RPG", a-t-il ajouté. Des média locaux ont également évoqué des tirs parvenus dans la région d'Al-Qaa, dans la vallée de la Bekaa, dans l'est du Liban.
POURSUITE DES COMBATS À TRAVERS LE PAYS
Les opérations des troupes et les combats entre soldats et déserteurs ont causé mercredi la mort d'au moins 41 personnes en Syrie, dont 33 civils, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Dans l'après-midi, les affrontements entre soldats de l'armée régulière et déserteurs de l'Armée syrienne libre (ASL) ont repris à Harasta, à 10 km de Damas, ont rapporté les Comités locaux de coordination (LCC), qui animent la contestation sur le terrain. L'armée a bombardé mercredi pour le deuxième jour consécutif le quartier de Khaldiyé à Homs, dans le centre de la Syrie, où au moins huit civils ont été tués, selon l'OSDH.
Toujours dans la même ville, 15 civils ont péri, dont trois enfants, sous les tirs des forces de sécurité et des bombardements de l'armée dans plusieurs quartiers, a-t-on ajouté de même source. La répression a fait également de nouvelles victimes civiles dans les quartiers de Deir Baalbeh, où six personnes ont été tuées. Dans la province de Homs, quatre civils ont été abattus à Talbissé.
DIX CIVILS TUÉS DANS L'ATTAQUE D'UN BUS
Dans la province d'Idleb, dans le nord-ouest du pays, dix civils ont été tués jeudi par des tirs contre un bus à bord duquel ils fuyaient les violences. Neuf passagers, membres de deux familles, ont péri, ainsi que le chauffeur, alors que le bus se trouvait à proximité de la ville de Sermin, bombardée par l'armée syrienne, a précisé à l'AFP Rami Abdel Rahmane, le président de l'OSDH. À Sermin également, un adolescent de 17 ans a été abattu par des tirs de l'armée syrienne, a rapporté l'ONG, ajoutant que des dizaines d'autres civils avaient été blessés. Aux abords de la ville, deux soldats ont également été tués par des déserteurs, selon la même source.
A Qousseir, dans la province de Homs (centre), quatre soldats et trois civils ont péri, selon l'OSDH. Dans la région de Lattaquié, sur la côte méditerranéenne, cinq membres de l'armée gouvernementale ont péri dans une attaque de déserteurs. En réponse, l'armée tirait des obus de mortier et menaient des perquisitions pour retrouver des personnes recherchées par les services de sécurité.
Par ailleurs, un soldat de l'armée régulière a été tué à Qalaat Al-Madiq, dans la province de Hama, où des transports de troupe sont entrés après des tirs de roquettes et à la mitrailleuse lourde, selon l'OSDH. À Hama, trois enfants ont été abattus par des tirs et un déserteur de l'ASL a été tué dans des affrontements avec des soldats dans le quartier de Hamidiyé. A Deraa, deux soldats ont été tués dans l'explosion de leur camion, visé par un groupe de déserteurs, selon l'OSDH, et quatre civils ont été abattus dans l'échange de tirs qui a suivi. Des vidéos mises en ligne par des militants ont montré des manifestations nocturnes à Damas et à Alep, durant lesquelles les protestataires scandaient notamment "la Syrie veut la liberté !"
Ces nouveaux affrontements ont éclaté moins de vingt-quatre heures après l'adoption à l'ONU d'une déclaration du Conseil de sécurité pour une fois unanime soutenant la mission de Kofi Annan, l'envoyé spécial conjoint de l'ONU et de la Ligue arabe pour la Syrie. Un texte qui n'a donc pour l'instant guère eu de conséquences sur le terrain. Le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition syrienne a d'ailleurs condamné jeudi la déclaration de l'ONU, estimant qu'elle accorde un temps supplémentaire au régime pour poursuivre ses exactions.
ENQUÊTE SUR LES LIVRAISONS D'ARMES DE L'IRAN À LA SYRIE
L'ONU enquête sur des transferts d'armes de l'Iran vers la Syrie qui ont été opérés ces derniers mois en violation des sanctions internationales contre Téhéran, selon des diplomates. Lors d'une réunion au Conseil de sécurité, le représentant permanent adjoint de la France à l'ONU, Martin Briens, a souligné "l'existence d'une politique délibérée et continue de transferts illicites d'armes et de matériel connexe entre l'Iran et la Syrie". "Un nouveau cas de transferts d'armes entre l'Iran et la Syrie a été notifié au comité" des sanctions de l'ONU depuis trois mois, a-t-il précisé. "Cela vient s'ajouter aux cas, nombreux et étayés, déjà rapportés par de multiples Etats membres". Les représentants américains et britanniques ont fait part des mêmes inquiétudes lors de la réunion de ce comité qui surveille l'application des sanctions prises à l'ONU contre l'Iran en raison de son programme nucléaire controversé.
De son côté, l'Union européenne devrait adopté vendredi une nouvelle série de sanctions contre le gouvernement syrien qui viseront notamment l'épouse du président syrien. Asma Al-Assad fait partie d'une liste de douze personnes, sur laquelle figurent plusieurs membres de la famille Assad, dont les avoirs seront gelés et dont les déplacements seront interdits au sein de l'UE, a indiqué un diplomate.