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18 avril 2012 3 18 /04 /avril /2012 21:13
france24.com - Dernière modification : 18/04/2012 

Malgré la présence des observateurs de l'ONU, la Syrie continue d'essuyer la répression des forces de sécurité de Damas. La secrétaire d'État américaine Hillary Clinton évoque de "nouvelles mesures" pour contraindre le régime.

Par Myriam BOUNAFAA (vidéo)
Dépêche (texte)
 

AFP - Le cessez-le-feu en Syrie a été une nouvelle fois violé mercredi avec 14 morts dans des violences, notamment des bombardements sur les fiefs rebelles, malgré l'engagement de Damas à appliquer la trêve et à collaborer avec les observateurs chargés de la surveiller.

 

La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, qui s'est déclarée préoccupée par la poursuite des violences, a indiqué que de "nouvelles mesures" seraient prises si le président Bachar al-Assad "gâchait la dernière chance" que représente l'application du plan de l'émissaire international Kofi Annan.

 

Six jours après l'instauration du cessez-le-feu, des diplomates à l'ONU ont estimé que les conditions pour que les observateurs puissent faire leur travail n'étaient toujours pas remplies, après que les Affaires étrangères syriennes ont assuré à l'AFP qu'autorités et observateurs étaient d'accord sur "90%" des points du protocole encadrant cette mission.

 

La résolution adoptée samedi par le Conseil de sécurité de l'ONU demande notamment au régime de les laisser circuler sans entrave et de ne pas interférer dans leurs communications.

 

La cessation des hostilités est également une condition préalable, mais elle n'était visiblement pas respectée sur le terrain, où l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a recensé 14 morts dans des bombardements, des opérations de l'armée et une explosion qui a tué sept soldats.

 

Le Conseil de sécurité devait recevoir une lettre du patron de l'ONU Ban Ki-moon faisant le point sur les conditions de travail des observateurs et les Nations unies décideront dans les prochains jours si ces conditions sont remplies pour que la mission soit progressivement élargie, jusqu'à compter 250 hommes.

 

"Tout le monde va analyser si la Syrie respecte ou non ce que nous lui avons demandé de faire, notamment les trois conditions qui, à notre avis, ne sont toujours pas remplies", a expliqué un diplomate occidental.

 

L'ambassadrice américaine à l'ONU Susan Rice avait déclaré mardi sur CNN que si les observateurs n'obtenaient pas la coopération voulue de la part de Damas ou si la violence persistait, leur mission serait remise en cause.

 

Le plan Annan vise à mettre fin à la répression de la révolte entamée il y a 13 mois et qui s'est militarisée au fil du temps. Les violences ont fait plus de 11.100 morts, en grande majorité des civils tués par les troupes du régime, selon l'OSDH.

 

En visite à Pékin, le chef de la diplomatie syrienne Walid Mouallem a promis que "la Syrie continuerait (...) à respecter et mettre en oeuvre le plan" de paix de l'émissaire international Kofi Annan, notamment le cessez-le-feu, selon son homologue chinois Yang Jiechi.

 

Les observateurs, qui étaient mardi à Deraa (sud), ont effectué mercredi une tournée dans la région de Damas au 3e jour d'une mission jugée "difficile" par leur chef Ahmed Himmiche, sur fond de nouvelles violences dans lesquelles 14 personnes, dont sept civils, ont péri à Deraa, Homs (centre) et Idleb (nord-ouest), selon l'OSDH.

 

A Erbine, à 7 km de la capitale, des centaines de Syriens ont manifesté autour d'eux, selon une vidéo mise en ligne par des militants qui montre une pancarte accrochée à l'arrière de leur véhicule par des militants. "Le tueur continue à tuer, les observateurs continuent à observer, et le peuple continue sa révolution", peut-on lire.

 

Sur une autre vidéo, des tirs sont entendus et les manifestants se dispersent dans la panique. Huit personnes ont été blessées lors de ces tirs des forces gouvernementales, selon l'OSDH.

 

De son côté, l'agence officielle Sana a fait état d'incidents meurtriers dans la région, qu'elle a attribués à des "groupes terroristes armés".

 

Le chef de la délégation des observateurs, le colonel marocain Ahmed Himmiche, a demandé du "temps" et de la "confiance" pour mener à bien cette mission, se refusant à fixer tout délai pour son travail.

 

Sur le terrain, et malgré les assurances de Damas, l'armée n'a pas retiré ses chars des villes, a repris ses bombardements sur Homs et opéré de nouvelles arrestations, en violation du plan, selon les militants.

 

Des quartiers du vieux Homs qui échappent toujours au contrôle de l'armée, continuent d'être bombardés, selon les Comités locaux de coordination (LCC, opposition).

 

M. Annan, dont l'initiative prévoit aussi un dialogue avec le régime refusé par l'opposition, doit s'adresser au Conseil de sécurité de l'ONU avant la fin de la semaine.

 

Pour tenter de maintenir la pression sur Damas, Paris a invité 14 ministres des Affaires étrangères à une réunion jeudi, selon une source gouvernementale. Mme Clinton a prévu d'y assister.

 

Déjà mardi à Paris, une cinquantaine de pays et d'organisations, dont les Européens, les Etats-Unis et la Ligue arabe et la Turquie, ont exprimé leur "ferme désapprobation (...) de la poursuite des ventes d'armes au régime" syrien, dont Moscou est le principal fournisseur d'armes. Ankara a dit avoir intercepté un cargo soupçonné de transporter des armes vers la Syrie.

 

 
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16 avril 2012 1 16 /04 /avril /2012 12:29

 

 

Le Monde.fr avec AFP et Reuters | 16.04.2012 à 08h10 • Mis à jour le 16.04.2012 à 13h17

 
 
Dans la banlieue de Damas, Douma, le 15 avril 2012.

Les six premiers observateurs internationaux chargés de surveiller le fragile cessez-le-feu en Syrie sous l'égide de l'ONU sont arrivés, dimanche 15 avril, à Damas. "Ils commenceront à travailler demain matin", a précisé le porte-parole du département des Nations unies chargé du maintien de la paix. Au premier jour de leur mission cependant, de violents combats opposaient  soldats et déserteurs à Idleb (Nord-Ouest), les bombardements de l'armée ont repris à Homs et deux civils ont été tués à Hama (Centre), selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Ces observateurs sont les premiers d'une équipe de trente personnes attendue dans les prochains jours en Syrie et dont l'envoi a été décidé samedi par le Conseil de sécurité de l'ONU. "La Syrie a approuvé la mission des observateurs de l'ONU, car elle n'a rien à cacher, et elle espère que ces observateurs vont transmettre l'image réelle de ce qui se passe sur le terrain", a indiqué dimanche l'agence d'information officielle SANA (Syrian Arab News Agency), soulignant que tout effort visant à mettre fin aux violences qui durent depuis plus d'un an doit être "fondé sur le respect de la souveraineté syrienne".

Le premier groupe d'observateurs doit installer un quartier général et préparer les procédures de routine, de sorte que la mission puisse vérifier que la cessation des hostilités, qui a en principe débuté jeudi entre les forces du président Bachar Al-Assad et les combattants de l'opposition, tient toujours. Selon l'OSDH, les forces gouvernementales ont tué dimanche cinq civils, dont trois à Homs, dans le bombardement le plus violent depuis l'entrée en vigueur de la trêve, jeudi, quelques heures avant l'arrivée des premiers observateurs.

 INQUIÉTUDES

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a exhorté lundi les autorités syriennes à la "retenue maximale" sur le terrain et l'opposition à une pleine coopération. "Si la violence continue, même de manière sporadique comme nous l'avons vu au cours des trois ou quatre derniers jours, cela devient très précaire et cela gêne le bon fonctionnement des opérations de l'équipe d'observateurs", a-t-il souligné. "La moindre étincelle peut mettre fin à ce processus fragile de cessez-le-feu", a-t-il rappelé. Il s'était déclaré "très inquiet" dimanche de la situation sur le terrain. Ajoutant aux craintes d'une reprise généralisée des combats, la télévision officielle a rapporté que les autorités sont déterminées à faire cesser les activités de ce qu'elle a appelé "des groupes terroristes".

"Ce regain de violence fait douter à nouveau sérieusement de la volonté du régime" de respecter le cessez-le-feu, a commenté dimanche l'ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU, Susan Rice, tandis que son homologue français Gérard Araud évoquait lui aussi les "doutes" sur "la réalité de l'engagement du régime".

L'émissaire de la Ligue arabe et de l'ONU, Kofi Annan, souhaite l'envoi de plus de deux cents observateurs en Syrie, mais le Conseil de sécurité a décidé qu'une mission de plein droit ne pourrait se rendre sur place que si les violences cessaient. Au total, quarante et une personnes ont été tuées en Syrie depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu prévu par le plan Annan. Selon l'ONU, plus de neuf mille personnes ont été tuées depuis le début du soulèvement contre Bachar Al-Assad, il y a treize mois.

Voir l'infographie "Une année de répression en Syrie"


 

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15 avril 2012 7 15 /04 /avril /2012 15:17

 

 

Le Monde.fr avec AFP | 15.04.2012 à 09h52 • Mis à jour le 15.04.2012 à 15h32

 
 
Une capture d'écran du 26 mars montre un immeuble en feu dans la ville de Homs.

Le régime syrien a prévenu dimanche 15 avril que ses troupes répondraient à l'intensification "hystérique" des "attaques des groupes terroristes", en référence aux rebelles, a rapporté un responsable militaire cité par l'agence officielle Sana.

Cette mise en garde intervient après que les forces du régime ont violemment bombardé de quartiers rebelles de la ville de Homs (centre) et tué quatre civils, en dépit du cessez-le-feu instauré depuis le 12 avril. Elle coïncide également avec l'arrivée prévue en Syrie des premiers observateurs mandatés par l'ONU pour surveiller la trêve dans sa première résolution sur la crise en treize mois.

Le régime de Bachar al-Assad ne reconnaît pas la contestation dans le pays et assimile la rébellion à du "terrorisme". Contrairement aux mois précédents, les médias d'Etat rapportent depuis jeudi une grande partie des incidents signalés par les militants, les attribuant systématiquement à des "groupes terroristes armés" accusés de vouloir "saboter le plan Annan".

BOMBARDEMENTS À HOMS

Le cessez-le-feu a été de nouveau mis à mal, dimanche, par de violents bombardements de Homs. "Les bombardements sur le quartier de Khaldiyé se sont intensifiés ce matin, avec en moyenne trois obus par minute", a déclaré Rami Abdel Rahmane, président de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Un avion de reconnaissance survolait le quartier parallèlement au bombardement, qui a également visé le quartier de Bayyada, selon M. Abdel Rahmane. Ces deux quartiers sont tenus par les rebelles. L'armée contrôle 70 % de Homs, troisième ville au centre du pays, surnommée par les militants la "capitale de la révolution".

De violents combats ont également éclaté à l'aube dans la province d'Alep (nord) entre soldats et militaires dissidents, a ajouté l'OSDH.

REGAIN DE VIOLENCE

Depuis son entrée en vigueur le 12 avril, le cessez-le-feu a été fragilisé par la mort d'au moins 32 personnes, en majorité des civils tués par les forces de sécurité, selon l'OSDH, même si ce bilan n'est pas comparable à celui des mois précédents, où les victimes se comptaient par dizaines chaque jour.
Mais si les combats ont baissé en intensité, l'armée n'a toujours pas retiré ses chars des villes comme le prévoit le plan de l'émissaire international Kofi Annan.

"Ce regain de violence fait douter à nouveau sérieusement de la volonté du régime" du président Bachar al-Assad de respecter le cessez-le-feu, a commenté l'ambassadeur des Etats-Unis à l'ONU, Susan Rice. "Les violences ont décru mais les attaques subies par la population civile à Homs confirment les doutes que l'on peut avoir sur la réalité de l'engagement du régime", selon son collègue français, Gérard Araud.

La poursuite des hostilités rend par ailleurs périlleuse la mission des 30 observateurs militaires non armés mandatés par la résolution 2042, surtout en l'absence d'accord formel de cessez-le-feu entre les forces gouvernementales et l'opposition armée.

Samedi, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté à l'unanimité de ses quinze membres une résolution autorisant le déploiement d'observateurs pour surveiller ce cessez-le-feu. La Russie et la Chine, qui avaient bloqué des résolutions précédentes du Conseil, ont donné leur accord après de difficiles tractations. L'ONU pourra ainsi déployer dans les prochains jours "une équipe avancée de trente observateurs militaires non armés tout au plus", en prélude à une mission complète de quelque 250 hommes.

VÉRITABLE CONTRÔLE ?

La première tâche de la mission préparatoire sera "d'établir un quartier général opérationnel" à Damas, a expliqué selon Kieran Dwyer, porte-parole du département des opérations de maintien de la paix de l'ONU. Les observateurs prendront ensuite contact avec les forces gouvernementales et celles de l'opposition "afin que les deux camps comprennent ce que sera leur rôle de surveillance et qu'ils puissent mettre en place un système de contrôle". Ils se rendront aussi "dans d'autres villes de Syrie pour décider où établir des bases" afin de "vérifier que la violence a vraiment cessé", a-t-il ajouté.

Mais l'opposition a dit ne pas être rassurée quant à l'application par le régime du plan Annan visant à mettre fin à la répression depuis un an d'une révolte populaire par le régime, qui a fait plus de 10 000 morts selon l'OSDH. "La présence d'observateurs va réduire les tueries sans aucun doute, mais comment 30 observateurs peuvent-ils travailler sur toute la Syrie ?", s'est interrogé Samir Nachar, un responsable du Conseil national syrien.

 

Un million de personnes déplacées

Au moins un million de personnes ont été déplacées à l'intérieur de la Syrie au cours des treize derniers mois de violences, a déploré samedi le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon. La responsable des opérations humanitaires de l'Onu Valérie Amos organisera la semaine prochaine à Genève une réunion sur l'aide à la Syrie, a-t-il par ailleurs annoncé. "J'espère qu'il sera en mesure de mobiliser les ressources humanitaires nécessaires de sorte que les personnes dans le besoin reçoivent toute l'assistance humanitaire nécessaire", indique M. Ban.

 

 

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14 avril 2012 6 14 /04 /avril /2012 16:19
Jean-Pierre Filiu Universitaire


Publié le 14/04/2012 à 10h25

La révolution syrienne, un an et un mois après son déclenchement, est parvenue à un tournant majeur. Le régime de Bachar el-Assad est condamné, la seule question est de savoir s’il tombera du fait du soulèvement démocratique de sa population, ou si cette chute sera la conséquence d’un conflit de plus en plus militarisé, avec d’inévitables débordements confessionnels.

Le despote de Damas a tout fait pour plonger son pays dans la guerre civile, ses nervis ont méthodiquement traqué les militants non-violents pour les torturer, les liquider ou les contraindre à l’exil. Les comités de coordination, ces « tansiqiyyat » qui animent la contestation sur une base locale et décentralisée, ont été systématiquement visés, démantelés ou pourchassés.

Le soulèvement continue

La résistance est aujourd’hui en Syrie exsangue et épuisée. Et pourtant, malgré les plus de 9 000 morts et les dizaines de milliers de disparus, malgré les centaines de milliers de réfugiés, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, le soulèvement continue, envers et contre tout.

Les manifestants ont une fois de plus bravé la mort, le 13 avril, en exigeant dans la rue la chute du régime, au nom de « la Révolution pour tous les Syriens ».

Des images de Syrie, vendredi 13 avril 2012

La résistance continue et elle continuera jusqu’au bout. Tout simplement parce que le retour en arrière est impossible, inconcevable. Parce qu’une hypothétique restauration de la barbarie des Assad signifierait des massacres encore plus épouvantables que les carnages déjà perpétrés à Homs, à Idlib ou à Deraa.

Parce que toute une partie du territoire syrien, peut-être la moitié, échappe déjà au contrôle direct des forces de répression et que le retour de cette soldatesque revancharde vaudrait cauchemars sans fin.

Dans ces villes mêmes de Damas ou d’Alep que l’on dit si « calmes », l’agitation est permanente, les incidents sont quotidiens, l’insubordination est à fleur de peau.

Les manifestations éclair, dispersées aussi vite que convoquées, se multiplient et les gestes de défi public, telle cette femme drapée de rouge devant le parlement syrien pour dénoncer la poursuite des massacres, sont applaudis par les badauds.

Une femme en rouge manifeste contre la poursuite des massacres à Damas

Vers la désobéissance civile

Et les activistes ne désespèrent pas des vertus de la désobéissance civile.

L’Armée syrienne libre (ASL), initialement composée de déserteurs des forces gouvernementales, est passée progressivement d’actions d’auto-défense des quartiers insurgés et des zones rebelles à des opérations de plus en plus audacieuses (embuscades de patrouilles, éliminations d’informateurs, attaques de postes de sécurité).

Cette posture offensive s’est accompagnée d’un recrutement ouvert aux motivations de tous ordres, depuis le patriotisme le plus désintéressé jusqu’à la vendetta tribale en passant par la délinquance recyclée. L’ASL ne dispose pas de chaîne de commandement claire et cet éclatement organisationnel, même s’il permet aux groupes locaux d’échapper au rouleau compresseur gouvernemental, est lourd de toutes les dérives miliciennes.

Le soutien déclaré de l’Arabie saoudite encourage les formations de type salafiste, qui mènent explicitement un combat communautaire, au nom d’un sunnisme intransigeant, contre les « hérétiques » au pouvoir à Damas.

Cette polarisation confessionnelle ne peut, en retour, que rassembler la communauté alaouite autour de Bachar el-Assad et cantonner les autres minorités dans une expectative angoissée.

On ne soulignera jamais assez combien c’est le régime qui porte la responsabilité principale de cette fracture communautaire, par lui sciemment creusée et aggravée. Il aura fallu un an de terreur pour que cette prophétie autoréalisatrice parvienne à maturité. Mais le fait est que les garanties répétées et réitérées par le Conseil national syrien (CNS) comme par les Frères musulmans n’ont pas suffi à apaiser ces inquiétudes minoritaires.

Car s’il est une bataille que Bachar el-Assad croit avoir gagné haut la main, c’est bien celle de l’information. Certes ce fut au prix de la mort de journalistes étrangers, de l’élimination des reporters-citoyens de Homs et d’ailleurs, du black-out agressif imposé à tout un pays, d’une propagande orwellienne déversée jour après jour.

Mais le doute a été instillé, complaisamment relayé par des conspirationnistes variés, le tout pour mieux jeter le trouble en Syrie comme dans la diaspora.

Eviter les querelles intestines

Le débat est ouvert pour savoir si une reconnaissance déterminée du CNS n’aurait pas justement évité que l’opposition s’absorbe dans des querelles de personnes, de courants et d’exil.

Une telle reconnaissance aurait en effet conféré à une direction incontestée la capacité de rassemblement qui peut, seule, faciliter les défections. C’est une piste que suggèrent, entre autres, de distingués professeurs de Harvard.

L’essentiel est, encore et toujours, l’intérieur, cette population de Syrie bâillonnée, piétinée, martyrisée. L’appel à la résistance civile n’est pas que le seul moyen de conjurer les démons alimentés par Bachar. Il est aussi l’unique voie pour reconstruire une société meurtrie par tant d’horribles épreuves.

C’est pourquoi, le 17 avril, la célébration de l’indépendance syrienne doit s’accompagner d’une injonction citoyenne à l’arrêt immédiat des violences. Il en va du destin de la Syrie, bien au-delà du sort du dictateur et de sa clique.

 

 

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13 avril 2012 5 13 /04 /avril /2012 14:03

 

Le Monde.fr avec AFP et Reuters | 13.04.2012 à 08h37 • Mis à jour le 13.04.2012 à 16h50

 
 
Image diffusée par le média d'opposition Sham News Network, montrant une manifestation à Dael le 12 avril.

Des dizaines de milliers de Syriens manifestaient à travers le pays vendredi 13 avril à l'appel des militants pour la démocratie, sous le slogan "la Révolution pour tous les Syriens". "Pas d'excuses. Aujourd'hui c'est un jour pour tous les Syriens. Si vous voulez la fin des tueries, si vous voulez la fin des destructions des villes, si vous voulez la fin du clan Assad, soulevez-vous", ont écrit les militants sur leur page Facebook Syrian Revolution 2011.

Trois civils ont été tués dans l'après-midi par des tirs des forces de sécurité sur des manifestants à Hama, à Salqine, dans la province d'Idlib, et à Nawa, dans la province de Deraa, selon l'OSDH. Des manifestations dans plusieurs quartiers de Damas ont également essuyé des tirs selon l'ONG, et la province de Deraa, berceau de la contestation dans le sud du pays, était le lieu de manifestations "massives".

Voir notre chronologie interactive : "Un an de répression en Syrie"

Pour les militants comme pour les experts, le véritable test du respect du cessez-le-feu, entré en vigueur jeudi matin, se joue pendant ces manifestations du vendredi, point de départ habituel des défilés à l'issue de la prière hebdomadaire musulmane de la mi-journée. "Si les gens descendent en masse dans les rues (...), Bachar Al-Assad aura deux possibilités : poursuivre la répression, et dans ce cas il sera beaucoup plus difficile pour les Russes de le soutenir au Conseil de sécurité, ou prendre acte de ce qui se passe", estime Karim Bitar, chercheur associé à l'IRIS, spécialiste du Proche et du Moyen-Orient.

Le plan de paix en six point de Kofi Annan prévoit notamment, outre la cessation des hostilités, le retrait de l'armée des villes et le "droit de manifester pacifiquement". Le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition, a appelé à poursuivre la mobilisation pour obtenir la chute d'Assad, seul chef d'Etat contesté dans le cadre du Printemps arabe toujours en place. Le ministère de l'intérieur a dans la foulée rappelé que toute personne souhaitant manifester devait en demander l'autorisation au préalable.

COMBATS SPORADIQUES

Vue de bâtiments endommagés à Homs, le 10 avril 2012.

Des combats entre soldats de l'armée et déserteurs ont aussi éclaté pour la première fois depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu vendredi au matin dans la région d'Idlib, selon l'OSDH. Ces combats ont pris fin sans faire de victimes, a précisé l'ONG basée en Grande-Bretagne. Des chars et des transports de troupes blindés s'étaient déployés dans cette région auparavant, a souligné son président, M. Abdel Rahmane, précisant que les soldats avaient lancé l'assaut et que les déserteurs y avaient répondu.

L'OSDH a recensé dix morts jeudi, dont sept civils. Ce bilan marque une nette rupture avec ces derniers mois, au cours desquels l'OSDH faisait état chaque jour de dizaines de morts.

Kofi Annan, qui juge le cessez-le-feu globalement respecté, espère le vote ce vendredi d'une résolution au Conseil de sécurité pour envoyer des observateurs sur le terrain et demande l'ouverture de couloirs humanitaires, indique son porte-parole. La mission serait composée de dix à douze observateurs - environ deux cent cinquante observateurs pourraient y être envoyés plus tard - qui auraient pour tâche de contrôler la bonne application du cessez-le-feu.

TEST DE SINCÉRITÉ

Le cessez-le-feu, entré en vigueur le 12 avril, suit l'ultimatum fixé par le plan de l'émissaire de l'ONU, Kofi Annan, qui vise à mettre fin aux violences qui ont fait plus de dix mille morts dans le pays depuis le début de la révolte, le 15 mars 2011. Pouvoir et opposition armée ont déjà signalé des violations. Les forces gouvernementales ne se sont pas retirées des agglomérations comme le prévoyait le plan.

Vendredi, Nicolas Sarkozy a confié qu'il ne croyait ni à la sincérité du président syrien, ni "malheureusement" au cessez-le-feu. "Je pense (...) qu'il faut absolument déployer des observateurs, au minimum pour que l'on sache ce qui se passe", a déclaré M. Sarkozy lors d'un entretien accordé à i-Télé.

Le ministre des affaires étrangères français, Alain Juppé, avait déclaré qu'un projet de résolution sur le déploiement des observateurs, élaboré conjointement avec les Etats-Unis et les Britanniques, serait bientôt déposé au Conseil de sécurité de l'ONU. "Je vois mal comment la Russie pourrait s'opposer à ce projet de résolution", a observé le ministre français, qui a dit avoir bon espoir que Moscou s'y "associe".

Des navires russes "en permanence" au large de la Syrie

 

La Russie, principal allié de la Syrie, a décidé de déployer des navires de sa flotte "en permanence" près des côtes syriennes, selon l'agence d'information d'Etat Ria Novosti, citant une source militaire haut placée.  Elle a précisé qu'actuellement la frégate Smetlivy, qui dépend de la flotte russe de la mer Noire, s'y trouvait et qu'en mai elle sera relevée par un ou plusieurs autres bâtiments. La source n'a cependant pas indiqué quelle était la nature de la mission confiée à ces bâtiments. La Russie, qui dispose depuis la période soviétique d'une base de ravitaillement dans le port de Tartous, a bloqué deux résolutions de l'ONU condamnant la répression.

 

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12 avril 2012 4 12 /04 /avril /2012 12:28

 

 

LE MONDE | 12.04.2012 à 14h13

Par Natalie Nougayrède

 
 

Quand on suit les événements en Syrie et que l'on se souvient de l'histoire du régime Poutine en Russie, quelques parallèles sautent aux yeux. Vladimir Poutine, comme Bachar Al-Assad, a mené contre une partie de sa population une longue campagne militaire d'une férocité inouïe, sur fond d'impuissance, si ce n'est de passivité, du monde extérieur.

Comme Bachar Al-Assad, il a fait bombarder aveuglément des localités à l'artillerie, raser des quartiers entiers, massacrer indifféremment femmes et enfants, expédier des milliers de personnes vers des chambres de torture, où se pratiquait toute la gamme des sévices du goulag d'antan. L'objectif étant que chaque homme, s'il ressort vivant, soit broyé à jamais, et ne s'avise plus d'être libre face au pouvoir.

Vladimir Poutine a-t-il pensé à Grozny en apercevant des images d'Homs ravagée par l'armée syrienne ? Les criminels de masse aiment bien, semble-t-il, contempler le résultat de leurs méfaits. Le président russe avait un jour survolé la capitale de la Tchétchénie en hélicoptère - s'étonnant même de l'ampleur des dévastations qu'il avait provoquées. Bachar Al-Assad a pris soin de se faire filmer par la télévision marchant dans les rues d'Homs, une fois la ville d'opposition écrasée par les tanks. Sur ces images, on l'a vu sourire.

Bachar et Vladimir... Poursuivons le parallèle. Arrivés au pouvoir à la même époque, ils ne s'attendaient vraiment pas à devenir chef d'Etat. Bachar était ophtalmologue à Londres quand, à la mort de son frère dans un accident de voiture, il devient l'héritier politique par défaut. Il succède à son père en 2000. Vladimir Vladimirovitch n'en revenait toujours pas d'avoir été nommé chef des services secrets russes quand, en 1999, les clans autour d'Eltsine l'ont de nouveau "utilisé", pour parachever un coup de palais à Moscou, sur fond d'offensive militaire en Tchétchénie.

Les années ont passé. Bachar et Vladimir ont perpétué une vieille alliance entre leurs pays, remontant à l'époque où le KGB d'Andropov soignait ses relations avec les régimes arabes nationalistes.

Aujourd'hui, se sentant largement immunisé contre toute pression extérieure majeure, du fait de la protection que lui assure la Russie, Bachar Al-Assad précipite le Moyen-Orient vers un scénario de conflit généralisé. La violence a déjà commencé à déborder vers la Turquie et le Liban.

La Russie s'appuie sur la carte syrienne pour tenter d'opérer un retour stratégique au Moyen-Orient, sur fond de confrontation entre les Occidentaux et l'Iran. Sur cet échiquier, Moscou joue avec de multiples pions : le contentieux nucléaire, le bouclier antimissile de l'OTAN, les routes de l'énergie pour l'Europe... En soutenant le système Assad, allié de l'Iran, Moscou empêche un affaiblissement majeur de la République islamique, un pouvoir avec lequel elle partage le souci de chasser toute présence américaine hors de son voisinage géographique. Avec la Syrie, la Russie croit tenir sa revanche après la "vexation" libyenne. Elle calcule qu'en Syrie comme en Iran, le statu quo des régimes est tout à son avantage.

La recette russe est celle du pompier-pyromane : contribuer à enflammer une crise avant de se présenter comme seul recours censé apporter la solution. Les veto russes à l'ONU ont agi comme des protections majeures pour Bachar Al-Assad qui, à chaque fois, déchaînait son appareil répressif, entraînant au fil des mois une radicalisation et une militarisation de l'opposition.

Logique bien rodée : les opposants syriens étant qualifiés en bloc de "terroristes", ils peuvent à ce titre être massacrés à l'arme lourde. Le pouvoir Poutine avait traité de la même manière, collectivement, la population tchétchène. Moscou comme Damas a joué la politique du pire, qui consiste à nourrir les extrêmes par la violence d'Etat.

La Russie a beau jeu de répéter aux Occidentaux que sa seule préoccupation est de se protéger d'un djihadisme sunnite émanant de Syrie et soutenu par les Etats sunnites du Golfe. Les spécialistes savent que c'est la politique militaire à courte vue de Moscou dans le Caucase qui a fait le lit de l'islamisme armé.

Bachar a, comme Vladimir, eu l'idée d'organiser des simulacres d'élections (un "référendum" et, bientôt, des "législatives") en pleine zone de guerre dans son pays, pour faire croire à une normalisation en marche. Les Occidentaux ont été moins dupes des manoeuvres syriennes que de celles de M. Poutine, dont les scrutins factices en Tchétchénie étaient salués par Paris et Berlin.

L'armée russe s'est faite la protectrice du despote syrien. Quand, fin 2011, un débat semblait prendre forme, entre Occidentaux et Turcs, à propos de zones ou couloirs "sécurisés" en Syrie pour encourager les défections, la Russie a fait appareiller une flottille vers sa base navale de Tartous, sur la côte syrienne. Elle confirmait haut et fort la poursuite de ses livraisons d'armes à Damas, y compris des missiles supersoniques et des avions chasseurs. Mi-mars 2012, l'agence Ria-Novosti affirmait qu'un bâtiment russe accostant à Tartous transportait des troupes "anti-terroristes"... supposées combattre la piraterie dans le golfe d'Aden.

Le plan de Kofi Annan convenait parfaitement à Moscou, car il évacuait tout scénario de transition politique imposée à Damas. Le sentiment d'impunité du dictateur syrien continue d'être conforté par l'afflux d'armes et de financements russes. Moscou se livre ainsi à un travail de sape des sanctions européennes, qui visent à étouffer les ressources de la machine à tuer syrienne. Sans pouvoir verser les soldes, Al-Assad aurait du mal à préserver certaines loyautés.

Une suggestion : la France ne pourrait-elle pas envisager de suspendre sa coopération militaro-industrielle avec la Russie, tant que celle-ci continuera d'aider un régime perpétuant des crimes contre l'humanité ? Renoncer à des contrats d'armements au nom de la protection des civils : le geste serait en cohérence avec nos valeurs professées. Et même avec nos intérêts. En Syrie se joue une partie du sort de l'Europe.

Qu'en pensent les candidats à l'élection présidentielle française ?


nougayrede@lemonde.fr

Natalie Nougayrède

 

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11 avril 2012 3 11 /04 /avril /2012 10:41

« Le monde entier nous regarde, il voit comment le peuple syrien se fait tuer, comment les maisons sont détruites sur la tête de leurs occupants, mais personne ne bouge », disait en février, lors d'un entretien sur Skype le jeune capitaine syrien Iyad Seoud ad-Dik. Dans le grand cataclysme mondial provoqué par le printemps arabe, les extraordinaires espoirs et les répressions terribles, les interventions militaires aux conséquences obscures, les profonds et inévitables bouleversements géopolitiques, la rage, et encore l'espoir, … il y a la Syrie. 

Syrie. Homs. Le sentiment que par bien des aspects, là bas, on a descendu quelques marches terribles de plus, vers l'abject, l'obscène, l'horreur, l'anti-humain. 

Avec parfois une épouvantable sensation d'impuissance. On y a torturé des enfants et tué des gens qui soignaient des blessés. « Amnesty International concludes that the torture reported here has been committed as part of a wide-spread, as well as systematic, attack on the civilian population - crimes against humanity. » L'horreur est documentée : dans les rapports d'Amnesty International, et ceux de Médecins Sans Frontières, par exemple.

Impuissance ? Devant cette horreur ? Mais il y a une absolue nécessité, avant de s'abandonner au sentiment d'impuissance : c'est le devoir de solidarité et d'humanité partagée ! N'est-ce pas déjà mieux que de ne rien exprimer du tout ? Tous ceux qui continuent à subir, qui continuent à résister et même à se battre là-bas en Syrie, ont besoin de savoir qu'il y a ailleurs dans le monde des êtres humains qui pensent à eux. Nous avons ce devoir-là, le devoir sacré de redire ce qui est humain devant cet enfer, devant la perversion d'état, devant la pathologie monstrueuse des dictatures qui se sentent menacées.

Il s’agit d’« une révolte éminemment morale » disait l’intellectuel syrien Yassine al-Hajj Saleh à Mediapart.

Eh bien, nous appelons à une réaction éminemment morale. Cela ne soulagera pas les souffrances qu'ils endurent, cela ne provoquera sans doute pas la chute du tyran et de ses monstres tortionnaires. Mais nous affirmerons la solidarité des humains et notre détestation du mal. Ils le sauront, là-bas. Nous pouvons, au moins, faire cela, non ?

 

 

Allez sur le site « Une Vague Blanche pour la Syrie », et le 17 avril prochain, entre 19h et 19h30, prenez tous du blanc, des linges blancs, des draps blancs, des chemises blanches, des banderoles blanches, mettez du blanc partout, à vos fenêtres, sur vous, sortez, prenez le blanc en photo et postez-le sur le Web. Twittez le blanc, mettez-le sur vos murs Facebook, dites partout et par tous les moyens, tous ensemble : Stop à l'horreur.

Faites que se propage, dans toutes les directions, « Une Vague Blanche pour la Syrie » !

 

 

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11 avril 2012 3 11 /04 /avril /2012 09:30

Le Monde.fr avec AFP | 11.04.2012 à 08h39 • Mis à jour le 11.04.2012 à 11h00

 

Des tirs des forces de sécurité syriennes ont atteint dans la nuit de mardi à mercredi 11 avril un camp de préfabriqués abritant des réfugés syriens en Turquie, juste à la frontière syrienne, rapportent des médias turcs.

La chaîne d'information CNN-Turk a diffusé des images de tirs de fusil mitrailleur provenant d'un bâtiment de surveillance de la frontière sur lequel flotte un drapeau syrien vers le territoire turc, à la hauteur de la localité turque de Kilis.

Selon plusieurs chaînes, les forces syriennes ont tiré sur des Syriens qui voulaient traverser le "no man's land" à la frontière pour se réfugier en Turquie et des balles ont touché le camp de préfabriqués situé juste à proximité, sans faire de blessé, mais provoquant un mouvement de panique parmi ses occupants. C'est le deuxième incident frontalier de ce genre depuis lundi.

Le premier ministre turc, Recep Erdogan, a menacé mardi au cours de sa visite à Pékin d'agir contre le régime syrien après une brusque montée de la tension à la frontière lundi, où des tirs en provenance de Syrie ont blessé quatre Syriens et deux Turcs à Kilis. Ces tirs constituent une "très claire violation" de la frontière, a déclaré M. Erdogan.

La Turquie héberge actuellement dans des provinces limitrophes de la Syrie près de vingt-cinq mille Syriens qui ont fui le conflit dans leur pays.

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9 avril 2012 1 09 /04 /avril /2012 18:11
| Par Caroline Donati

Homs, Rastan, Idlib, Douma dans la banlieue de Damas, la région d’Alep… Le régime syrien poursuit sa terrible offensive contre les fiefs de la contestation, pratiquant une politique de la terre brûlée. Les bilans quotidiens des victimes approchent désormais la barre des 100 et ce samedi 7 avril, Homs, bombardée sans répit, était comparée par les militants à Bagdad. Selon un officier dissident joint par Skype ce même jour, les avions Migs sont également entrés en action. La violence de l’offensive pousse les populations civiles à l’exil : près de 700 Syriens sont arrivés en Turquie au cours des dernières vingt-quatre heures.

Les chars de l’armée d’Assad, qui viennent « finir » le travail de l’aviation, laissent après leur passage des villes quasi fantômes, appuyant de la sorte le discours officiel qui clame depuis une semaine que « la bataille est terminée une fois pour toutes ».

A Homs, une vieille femme devant les décombres de sa maison 
A Homs, une vieille femme devant les décombres de sa maison© LccSyria

Tafnaz, dans la région d'Idlib 
Tafnaz, dans la région d'Idlib© LccSyria

Le pouvoir syrien voudrait dicter de la sorte le rythme de la bataille et des conditions du cessez-le-feu que Kofi Annan, l’émissaire de l’ONU et de la Ligue arabe, cherche à lui arracher, jusqu’au tempo de la médiatisation. 

L’impasse diplomatique et le rouleau compresseur de la machine répressive sont amplement relayés par la presse, occultant une tout autre réalité sur le terrain : la poursuite du combat révolutionnaire.

A commencer par les manifestations pacifiques qui n’ont pas cessé. Les images des destructions et des victimes laissent en effet peu de place à celles des rassemblements qui se poursuivent sur l’ensemble du territoire. Ce vendredi 6 avril, ils étaient encore des dizaines de milliers de Syriens à manifester. Les militants recensent plus de six cents points de rassemblements, de jour comme de nuit. « Des nouvelles villes et villages se joignent même à la contestation, témoigne cet activiste du « Mouvement révolutionnaire ». Les Syriens manifestent dans chaque région qui n’est pas sous bombardement. »

 

Manifestation à Dera, au sud, le 5 avril


Manifestation à Hama, le 3 avril

« Les manifestations sont nombreuses, elles sont même massives, confirme Dlovan Jaziri, responsable du réseau Souriya Moubacharr (« La Syrie en direct ») qui alimente en images et vidéos quinze chaînes de télévision. Quant à l’Armée syrienne libre (ALS), elle mène des opérations de plus en plus importantes : seulement 15 % des opérations qui ont lieu sont diffusées en ce moment. » 

 Les unités d’élite ultra-équipées qui sont à la pointe de l’offensive contre les fiefs de la contestation – essentiellement les 4e et 5e Brigades et la Garde Républicaine ­– ont certes l’avantage la journée ; mais la donne est différente la nuit où les hommes de l’ASL reprennent l’avantage dans les combats.


Opération nocturne de l’ASL contre un barrage de l’armée régulière dans la région de Deir Ez-Zor (Est) le 6 avril

La partie est loin d’être finie

Certaines opérations sont spectaculaires, au regard des moyens limités dont disposent les combattants, et se déroulent parfois en plein jour : en début de semaine, sur la route entre Rastan et Idlib, « la brigade al-Haq » aurait ainsi réussi à mettre hors d’état de nuire un convoi de sept porte-missiles. A Alep, le 1er avril, la brigade Abou Imarat, chargée de mission spéciale pour la région de Khalidiyé, prenait pour cible un membre des renseignements de l’armée de l’air, unité réputée pour sa sauvagerie, et un chabiha ; deux jours plus tard, dans la région de Damas, un officier était également tué dans son véhicule dans une autre opération revendiquée par les rebelles. Ce samedi 7 avril, un officier et deux agents de la sécurité ont connu le même sort dans la région d’Alep.

La multiplication des assassinats des membres de l’appareil sécuritaire, qui n’est pas sans rappeler les attentats commis contre les officiers alaouites dans les années 1979-80 par la branche armée des Frères musulmans, augure-t-elle d’un glissement vers un conflit civil ? Non, estime Ignace Leverrier, ancien diplomate et auteur du blog Un œil sur la Syrie : « Tant qu’ils s’attaquent aux Moukkhabarat (service de renseignement), cela entre dans le cadre de leur stratégie de défense, le cas serait différent s’ils prenaient pour cible des quartiers de civils. »

Derrière la « débâcle » de l’ASL, dans les foyers de la contestation, se joue en réalité un tournant dans la stratégie des combattants. 
«Comme ils n’ont pas les moyens de se défendre, se retrancher dans les villes était une mauvaise stratégie, poursuit Ignace Leverrier, ils changent donc de tactique. La partie est loin d’être finie. » Encerclés par les forces de Bachar El-Assad avec lesquelles ils ne peuvent se mesurer, les rebelles se sont retrouvés piégés dans les territoires dont ils voulaient assurer la protection. 

« A Bab Amro, ce n’était pas forcément un choix, explique l’activiste, les combattants n’ont pas eu le temps de se retirer ; par la suite, dans la région d’Idlib où les brigades sont composées en majorité de civils sans expérience, ils pensaient devoir résister comme à Bab Amro, devenu un exemple. »

Tirant les leçons de cette défaite, les révolutionnaires se replient sur un combat à la hauteur de leurs moyens. Mais à l’inverse des premiers mois de leur entrée en scène, il ne s’agit plus de faire le coup de feu sur toutes les cibles potentielles qui se présenteraient ; les opérations de guérilla visent l’appareil militaro-sécuritaire, s’inscrivant dans une optique de résistance.

«Afin d’éviter la confrontation directe, la résistance passe de plus en plus par des opérations qui visent à détruire les armes, chars et hélicoptères, dans leurs entrepôts », reprend l’activiste. Les chars qui sont acheminés par convoi pour économiser de l’essence constituent des cibles de choix ainsi que les barrages. Les combattants qui manquent de moyens de communication y récupèrent les radios. « Certains excellent même dans ce type de mission », rapporte un observateur.

 

 Destruction d’un convoi de porte-missiles près d’Idlib le 3 avril

Les erreurs tactiques ont été analysées et une nouvelle stratégie a été élaborée en concertation avec les militaires dissidents, les activistes et quelques politiques proches du terrain.

L’ASL surprendra tout le monde

« Beaucoup d’éléments de l’armée (syrienne) libre ont appris des nouvelles techniques pour se protéger et défendre les civils », explique un membre du Conseil supérieur de la Révolution de Homs, témoin de ces discussions entre les militaires et les militants. Le régime utilise des armes nouvelles ? « Ils apprennent vite à s’en défendre, poursuit-il. L’armée libre a acquis une plus grande expérience et va surprendre tout le monde dans cette nouvelle étape. »

L’opération réalisée ce samedi 7 avril à l’aube dans la région d’Alep pourrait être une illustration de cette nouvelle tactique qui vise à couper l’herbe sous les pieds du régime : les combattants ont lancé une attaque contre l’aéroport militaire Ming d’où partent les appareils pour bombarder la région d’Alep. Parallèlement, une opération était menée contre le siège des renseignements militaires dans la ville même d’Alep.

 

 Tirs d’obus par un hélicoptère à Tel Rafa’at, près d’Alep. Le 5 avril 2012

La multiplication des assassinats de responsables sécuritaires dans les centres névralgiques du pouvoir, à Damas et à Alep, s’inscrit dans cette nouvelle stratégie. 

« L’armée syrienne libre met en œuvre une nouvelle stratégie : n’ayant pas de munitions suffisantes, elle monte des opérations contre les véhicules qui transportent le ravitaillement en diesel et elle vise les officiers du régime », explique Iyad Qarqour, un activiste qui collabore depuis Riyad avec les militaires de Damas et sa région, réunis en Conseil militaire. Cette stratégie qui vise à paralyser l’infrastructure militaire est confirmée par un officier d’un conseil militaire de la capitale joint par Skype.

L’amélioration des capacités opérationnelles des rebelles résulte d’une restructuration des unités combattantes autour de ses éléments militaires à la faveur de défections croissantes. Certes les défections n’ont pas gagné l’élite militaire, c’est-à-dire les officiers alaouites qui verrouillent l’appareil militaro-sécuritaire et ses unités d’élite, mais elles se multiplient au sein de l’armée régulière à des niveaux supérieurs en dépit du danger que ces officiers et leur famille encourent. Ce sont ces officiers qui sont désormais aux commandes de l’Armée syrienne libre et donnent forme à ce qui n’était jusqu’à présent qu’un label.

 

 Annonce de la constitution du conseil militaire de Rastan, et de sa composition

A la manière des civils qui ont coordonné leurs actions à travers la formation de comités de coordination (voir l’entretien de Souheir al-Atassi ici et ), les militaires se fédèrent. Chaque ville, chaque région se dote de conseils militaires tenus par des officiers. Ils constituent la tête pensante des Liwas dar al-Thaoura, des brigades qui regroupent plusieurs Kataeb Mouqatila, ces unités combattantes de 100 à 200 éléments qui se sont formées sur l’ensemble du territoire. En début de semaine, dix officiers responsables de Kataeb ont ainsi annoncé leur ralliement autour du « Liwa pour la Révolution pour la région du nord d’Idlib » sous le commandement du colonel Mohammed Razouq. 

Selon nos informations, Homs, la capitale de la révolution, qui compte les plus importantes unités combattantes, devrait annoncer d’ici peu la formation de son Liwa. « La majorité des unités de Homs se sont regroupées mais l’annonce officielle est retardée afin de permettre à d’autres brigades de se joindre à elles », affirmait vendredi 6 avril ce membre du Conseil de la Révolution de Homs.

Colère contre les Etats-Unis et la France

L’objectif de ce processus, entamé il y a plus d’un mois, consiste en effet à prévenir la fragmentation des groupes armés composés en majorité de civils sans grande expérience. Car les soldats qui ont fait défection ne représentent qu’une minorité des combattants. « 80 % des unités combattantes sont constituées de réservistes et de civils, explique Imad Eddine Rachid, fondateur du Courant national syrien et membre de la Coalition d’action nationale pour la libération de la Syrie (groupe d’opposition constitué au sein du CNS). Il s’agit de regrouper tous ces différents groupes en Liwa, sous l’autorité des militaires, afin d’éviter la prolifération de milices comme en Libye. » Limitée pour l’heure au niveau local et régional, cette restructuration pourrait aboutir à terme à la formation d’un commandement militaire unifié national. « Ce serait la direction de cette nouvelle armée », estime Dlovan Jaziri.

La décision prise à Istanbul par les opposants du Conseil national syrien (le CNS) de rétribuer les militaires rebelles en distribuant des salaires voudrait aussi favoriser cette structuration des militaires et groupes armés et encourager de nouvelles défections. Elle coïncide avec la constitution en Turquie d’un commandement militaire unifié, sous la direction du colonel Ryad al-Assad et du général Moustapha al-Cheikh. Il reste encore à trouver les moyens de l’articulation entre cette direction en exil de l’ALS et le mouvement armé de l’intérieur qu’elle affirme représenter. Mais la légitimité et la loyauté de cette instance militaire, et en particulier de leurs chefs, sont remises en cause par un grand nombre d’officiers et de combattants sur le terrain.

 

Annonce d’un Commandant unifié de l’ASL en exil


Sur le terrain, la restructuration de cette armée libre et cette nouvelle stratégie se heurtent pour l’heure à l’absence de moyens de communication. « Cette restructuration est certes une bonne chose mais nous manquons d’aide financière et matérielle », déplore l’officier du Conseil militaire de Damas. « Pour communiquer, les militaires en sont réduits à utiliser les moyens de communication des civils », témoigne un militant responsable d’un réseau médiatique.

Or, la communauté internationale fait preuve de frilosité sur ce point après avoir refusé de répondre aux demandes d’armement de l’opposition et de l’ASL. Les velléités du Qatar et de l’Arabie saoudite d’armer les rebelles sont en effet restées lettre morte, en partie sous la pression occidentale.

 

Les promesses faites par les pays arabes d’envoyer des armes tournées en dérision


Dès lors, les combattants continuent de s’appuyer sur des réseaux d’aide individuels. « Les Occidentaux refusent d’armer les combattants en expliquant qu’ils ne sont pas organisés mais ils ne leur donnent pas les moyens de s’organiser », poursuit le militant.

De quoi nourrir la colère qui se fait jour à l’encontre du camp occidental et en particulier de Paris et Washington incriminés pour leur inaction. « Les Syriens pensent que la France et les Etats-Unis ont pris, très tôt, des positions avancées (contre Bachar El-Assad), témoigne le membre du Conseil de la Révolution de Homs, mais qu’il n’y a eu aucune aide concrète sur le terrain.» « Des slogans anti-Occidentaux pourraient apparaître dans les manifestations », prévient, en écho, le militant. La nouvelle mission d’observateurs qui se prépare dans les coulisses de l’ONU pourrait prendre très vite la mesure de ce ressentiment.

 

« Honte aux ennemis de la Syrie », en allusion à l’inaction du « groupe des Amis de la Syrie », le camp occidental et ses alliés 
« Honte aux ennemis de la Syrie », en allusion à l’inaction du « groupe des Amis de la Syrie », le camp occidental et ses alliés© LccSyria

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9 avril 2012 1 09 /04 /avril /2012 16:33

LE MONDE | 09.04.2012 à 14h34 • Mis à jour le 09.04.2012 à 14h34

Par Sylvie Matton, écrivaine, auteure de "Srebrenica, un génocide annoncé" (Flammarion, 2005)

 

Avec ses 8 375 victimes recensées, le génocide de Srebrenica, commis en juillet 1995, est devenu la référence du crime de masse et de l'indignité à ne pas reproduire. Quitte à le banaliser quand une population en est menacée (comme c'est le cas depuis des mois en Syrie), les politiques répètent : "Nous ne laisserons pas un nouveau Srebrenica se reproduire."

Lors de la 20e commémoration du début de la guerre en Bosnie - le 6 avril 1992, quand les forces de Radovan Karadzic mitraillèrent des manifestants pacifistes dans Sarajevo -, force est de reconnaître qu'aucun massacre ne ressemblera plus à celui de Srebrenica : aucun n'oserait reproduire le déni, le "on ne savait pas, on ne pouvait pas savoir" des responsables occidentaux en 1995. Car tous savaient, et tous ont laissé faire : la dissolution des enclaves était la condition d'un accord de paix, imposée par Slobodan Milosevic.

Le négociateur américain Richard Holbrooke a reconnu en 2005 avoir "reçu l'ordre de sacrifier Srebrenica", avant de révéler que le donneur d'ordre était Anthony Lake, conseiller à la sécurité nationale sous la présidence de Bill Clinton. Et Alain Juppé, premier ministre en mai 1995, affirmait dix ans plus tard savoir "que les Serbes ne feraient pas de prisonniers", alors que les images filmées de Ratko Mladic - annonçant à la population terrorisée de Srebrenica que les hommes seraient séparés des femmes et des enfants - étaient diffusées sur les banques d'images internationales.

En Bosnie, c'est depuis 1992 que les obligations internationales incluses dans la Convention pour la prévention et la répression du génocide de 1948 étaient déniées par le Conseil de sécurité et par une hiérarchie onusienne aux ordres des cinq membres permanents (Chine, Etats-Unis, Russie, France et Royaume-Uni).

En Syrie, c'est la résolution onusienne du 14 septembre 2009 - qui confirme aux Etats membres leur "responsabilité collective de protéger les civils" contre le génocide, le nettoyage ethnique, les crimes contre l'humanité et les crimes de guerre - qui est ignorée.

Après d'interminables gesticulations diplomatiques, les Russes et les Chinois affirmant leur soutien à Bachar Al-Assad et les Occidentaux leur vaine indignation, le ministre des affaires étrangères français, Alain Juppé, admet enfin que le dictateur syrien "nous mène en bateau". Bachar Al-Assad sourit aux caméras, acquiesce aux "progrès diplomatiques" proposés, sans freiner ses attaques meurtrières. Tous savent qu'il gagne du temps afin d'exterminer davantage.

A l'image des prétendues zones de sécurité instituées par l'ONU en Bosnie, l'idée de zones refuges est évoquée. M. Juppé hausse le ton et évoque des couloirs humanitaires, sans doute par nostalgie pour le plan Juppé-Kinkel, qui proposait en 1994 de relier par des appendices peu viables les enclaves bosniaques à une moitié de Bosnie dépecée.

Cerise sur le gâteau : Kofi Annan est convié par la hiérarchie onusienne et la Ligue arabe à sortir de sa retraite et à endosser le rôle d'émissaire international. Avant d'être nommé secrétaire général de l'ONU en 1997 - puis de se voir attribuer en 2001 un prix Nobel de la paix -, c'est en tant que sous-secrétaire général des Nations unies pour les opérations de maintien de la paix que Kofi Annan a calqué une inaction coupable, durant les génocides rwandais puis bosniaque, sur les directives des cinq membres permanents.

Et quand l'attaque décisive sur Srebrenica par les forces de Ratko Mladic, négociée fin mai 1995 à Belgrade, démarre début juillet, les responsables onusiens ont dans un même élan quitté le navire : le secrétaire général Boutros Boutros-Ghali ne reporte pas un voyage prévu en Afrique, son représentant civil passe le week-end du dernier assaut dans un festival de musique à Dubrovnik, quant à Kofi Annan, il rend visite à sa belle-famille en Suède.

Ils ne rentreront à New York ou à Zagreb qu'après la chute de l'enclave. C'est la hiérarchie onusienne, aux ordres des Occidentaux, qui choisit alors de ne pas évacuer la population, mais de l'abandonner à son bourreau, et de prendre ainsi le risque, plutôt que d'être accusée de complicité dans un nettoyage ethnique, d'être complice d'un génocide.

Combien de temps encore, à 10 000 victimes l'an, les Syriens visés devront-ils agoniser avant que les Etats membres de l'ONU agissent enfin selon leurs obligations internationales ?

Il est probable que d'ici là, après d'innombrables bains de sang, mystifications et impostures diplomatiques, de même que dans le tardif rapport onusien sur Srebrenica, nous entendrons Kofi Annan énoncer des paroles de contrition qui seront autant d'autoabsolutions.

 

 

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