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11 décembre 2012 2 11 /12 /décembre /2012 15:48

 

 

Le Monde.fr | 11.12.2012 à 09h39 • Mis à jour le 11.12.2012 à 15h20 Par Marie Jégo - Moscou, correspondante


 

 

 
Sur la tombe de Sergeï Magnitski, le 20 novembre 2009 à Moscou.

 RÉCIT. Lorsque, le 13 novembre 2005, William Browder se voit refuser l'entrée en Russie par la police des frontières à l'aéroport Cheremetievo de Moscou, il pense qu'il s'agit d'une erreur. Installé dans la capitale russe depuis 1996, le financier britannique est alors à la tête de Hermitage Capital, le plus gros fonds d'investissement étranger présent dans le pays (3 milliards d'euros). Sans explications, le voilà renvoyé à Londres par le premier avion, il n'en revient pas. Ses affaires sont en règle, son visa aussi, alors pourquoi est-il chassé comme un malpropre ?

William Browder, fondateur d'Hermitage Capital, en avril 2006.

Lettres à l'administration russe, interventions au plus haut niveau, rien n'y fait. Bientôt l'explication tombe : M. Browder est une menace pour "la capacité de défense du pays, la sécurité de l'Etat, l'ordre public, la santé de la population", indique le ministère des affaires étrangères russe. Les diplomates ne sont pour rien dans cette décision, tout vient du FSB, les services de sécurité russes redevenus tout-puissants depuis que le pays est dirigé par Vladimir Poutine, un ancien de la "Corporation" KGB (police politique et services secrets soviétiques).

Visiblement, William Browder dérange. Il a dû marcher sur les doigts de pied de quelqu'un de très haut placé. Est-ce parce qu'il dénonce à voix haute la mauvaise gouvernance au sein de Gazprom, le géant gazier cher au Kremlin ? Est-ce parce que son fonds, enregistré off shore, revend les actions minoritaires des grandes sociétés publiques (Gazprom, RAO EES, Rosneft) et privées (Sidanko, Surgutneftegaz) ?

Jusqu'ici, le financier avait toujours soutenu la politique de Vladimir Poutine. En 2003, il salua l'arrestation de Mikhaïl Khodorkovski, le golden boy du pétrole russe, riche patron de la major Ioukos condamné ensuite pour fraude fiscale.

Mikhaïl Khodorkovski, ancien patron du groupe pétrolier Ioukos, dans le box des accusés, à Moscou, le 25 octobre 2004.

En janvier 2005, son discours dithyrambique sur l'économie russe à Davos plut tellement au Kremlin qu'il fut aussitôt édité et cité en exemple par les représentations commerciales de la Russie à l'étranger. Dix mois plus tard, William Browder est déclaré persona non grata.

Qu'à cela ne tienne, Hermitage Capital se retire du marché russe. Mais son patron ne baisse pas les bras. Le petit-fils d'Earl Browder – fondateur du Parti communiste américain –, diplômé de la Stanford Business School, est convaincu que le nouvel eldorado se trouve à l'Est. Le 26 janvier 2007, à Davos, William Browder demande à Dmitri Medvedev, alors vice-premier ministre, d'intervenir en sa faveur. Il veut un nouveau visa. C'est le début des ennuis.

Un mois plus tard, les représentants d'Hermitage à Moscou reçoivent l'appel téléphonique d'un certain lieutenant-colonel Artiom Kouznetsov, un enquêteur du ministère de l'intérieur (MVD). Celui-ci fait miroiter un possible arrangement pour le visa. L'homme évoque une rencontre informelle en des termes sibyllins : "La réponse dépendra de votre attitude et de ce que vous fournirez. " Hermitage ne donne pas suite.

William Browder, en avril 2006.

Le fonds britannique possède encore trois entités juridiques en Russie. Inactives, elles sont vouées à la liquidation. Le 7 juin 2007, vingt-cinq policiers, conduits par le lieutenant-colonel Kouznetsov, perquisitionnent les bureaux de ces trois sociétés à Moscou. Ils remplissent deux minibus d'ordinateurs, de cartons, de dossiers, de documents. Parmi ces papiers figurent les titres de propriété des trois sociétés, leurs sceaux, leurs enregistrements fiscaux.

Sur le coup, ni William Browder, ni ses juristes ne comprennent de quoi il retourne. Quelques mois plus tard, ils découvrent que les trois sociétés ne sont plus la propriété d'Hermitage. Elles sont passées aux mains du prête-nom Viktor Marguelov, une petite frappe du milieu criminel, qui vient de faire un séjour en prison pour homicide.

En Russie, ce genre de machination n'est pas rare, surtout pour les petites sociétés. On appelle cela le rederstvo (du mot anglais raid) : vous croyez être propriétaire d'une entreprise florissante et, un beau matin, vous découvrez qu'elle ne vous appartient plus ; vous courez au registre du commerce, aux impôts, et là, surprise, votre nom a été remplacé par celui d'un d'autre. En général, l'employé aux écritures qui a supervisé le tour de passe-passe est parti en retraite ou a démissionné, bref il est introuvable.

Dans le cas d'Hermitage, les faux ont forcément été réalisés à partir des sceaux et des titres de propriété confisqués lors de la perquisition. Qui, sinon la police, a pu remettre ces documents au nouveau propriétaire ?

LE REMBOURSEMENT LE PLUS RAPIDE DE L'HISTOIRE DU FISC RUSSE

L'affaire va prendre un tour surréaliste. En décembre 2007, les nouveaux propriétaires réclament au fisc russe le remboursement d'un trop-perçu de 150 millions d'euros sur la TVA. La demande est présentée le 21 décembre au bureau des impôts n° 28 à Moscou. Le 24, les autorités fiscales donnent leur feu vert. Le 26, l'argent est versé en roubles sur deux comptes (à la banque russe USB et à la Intercommerz Bank), puis changé en dollars et transféré aux Etats-Unis. C'est le remboursement le plus rapide de toute l'histoire du fisc russe.

Hermitage se croit victime d'un gang criminel. Des lettres sont envoyées partout, au parquet, au ministère de l'intérieur, au gouvernement, au président, au comité de lutte contre la corruption, à la Cour des comptes, en vain. Le résultat est plutôt surprenant. En riposte, le parquet lance des poursuites contre les avocats russes du fonds. William Browder leur propose d'émigrer provisoirement à Londres, à ses frais, avec leur famille. Six des sept avocats acceptent. Le septième, Sergueï Magnitski, 36 ans à l'époque, décide de rester.

Photo distribuée par Hermitage Capital Management de Sergueï Magnitski en septembre 2007 à Moscou.

Fiscaliste apprécié, père de deux jeunes enfants, propriétaire de son appartement moscovite, Sergueï est représentatif de cette classe moyenne en plein essor dans la Russie poutinienne gonflée aux pétrodollars. Londres n'est pas pour lui, car il a confiance en la justice de son pays. Il en est sûr, la captation des sociétés, le remboursement indu, tout ceci est le résultat d'une machination ourdie par la pègre avec la complicité de policiers ripoux. Il dépose donc plainte contre l'inspecteur Artiom Kouznetsov.

Le 14 octobre 2008, Sergueï Magnitski vient témoigner au Comité d'enquête, une structure directement subordonnée au Kremlin. Pendant qu'il dépose, un homme entre dans la pièce : Artiom Kouznetsov. L'officier a été convié à assister au récit du plaignant qui l'accuse. Le résultat ne se fait pas attendre. Un mois plus tard, le 24 novembre 2008, le lieutenant-colonel Kouznetsov envoie ses subordonnés arrêter Sergueï Magnitski à son domicile.

"Fraude fiscale", dit le mandat d'arrêt. Placé en détention préventive, donc théoriquement innocent, le juriste est pressé par les enquêteurs de témoigner à charge contre William Browder. Qu'il retire sa plainte et il sera libéré. Comme il refuse, les juges, les enquêteurs, le personnel pénitentiaire, les médecins décident de lui mener la vie dure.

La prison de Matrosskaïa Tichina, à Moscou.

Ballotté de cellule en cellule, il ne reçoit pas ses colis, encore moins ses médicaments et ne peut avoir de contacts avec sa famille. La petite bouilloire électrique qu'il avait conservée lui est confisquée. L'homme est procédurier, il écrit, se plaint. Plus il se plaint, plus on l'affecte à des cellules immondes, inondées, sans WC, glaciales, sans eau. En un an passé en prison, Sergeï Magnitski perd vingt kilos et commence à souffrir de douleurs à l'estomac. A la prison de Matrosskaïa Tichina, dotée d'un dispensaire, le médecin diagnostique des calculs dans la vésicule biliaire. C'est promis, Sergueï sera opéré le 1er août 2009.

A quelques jours de l'opération, ordre est donné de le transférer à la Boutyrka, une prison dépourvue d'infrastructures médicales. L'enquêteur qui suit son dossier, Oleg Siltchenko, lui impose de signer une déposition prérédigée, le prisonnier refuse. "Maintien en détention", préconise Dmitri Komnov, le directeur de la prison Boutyrka. "Echographie du bas-ventre refusée", confirme l'enquêteur Oleg Siltchenko dans le dossier. "Le tribunal estime que les plaintes de Magnitski ne justifient pas la tenue d'un examen médical", conclut la juge Elena Stachina.

Vue générale de la prison de Boutyrka, à Moscou, en novembre 2011.

Dans le journal qu'il rédige chaque jour depuis sa cellule, Sergueï Magnitski raconte son martyre. Ses compagnons de cellule ont beau tambouriner à la porte, réclamer des soins, personne ne vient. Le 16 novembre 2009, il est tellement mal en point que l'administration de la Boutyrka décide de le transférer à la Matrosskaïa Tichina, dotée d'une antenne médicalisée. Lorsque l'ambulance arrive à destination, le malade n'est pas conduit au dispensaire mais dans une cellule isolée, où il est battu à mort.

Entretemps, une équipe d'urgentistes a été appelée par la prison. A 20 heures, l'ambulance est là, mais le docteur Kornilov n'est pas autorisé à se rendre au chevet du malade, et pour cause : celui-ci est soumis aux gourdins de huit gardiens. "Il était très agité", dira l'administration pénitentiaire. Quand le médecin urgentiste pénètre dans la cellule, à 21 h 15 exactement selon son rapport, un corps inerte gît sur le sol, celui de Sergueï Magnitski. Les témoignages des médecins divergent. Pour l'urgentiste, Sergueï Magnitski est décédé un peu avant 21 heures, sur le sol en béton. Pour Alexandra Gaouss, le médecin de la prison, il est mort à 21 h 55 sur la table de réanimation du dispensaire, après avoir reçu des soins.

Vue générale à l'intérieur de la prison de Boutyrka, en novembre 2011.

L'autopsie réclamée par la famille est refusée. "Pourquoi martyriser ce corps ? Vous feriez mieux de l'enterrer au plus vite. De plus, le réfrigérateur est en panne", explique l'employée de la morgue à Tatiana Roudenko, la tante de Sergueï, venue pour les formalités le 18 novembre 2009.

Lors des funérailles de Sergeï Magnitski, le 20 novembre 2009 à Moscou.

Le jour de l'enterrement, Tatiana demande aux journalistes présents de photographier les mains du défunt, enflées et meurtries.

Les mains de Sergueï Magnitski prises lors de son enterrement.

Mensonges, perfidie, faux témoignages, occultation de preuves émaillent tout le dossier. Officiellement, la mort de Sergueï Magnitski est survenue "par négligence". Les enquêteurs du Comité d'enquête (qui ont le fin mot sur les conditions de la détention préventive), l'administration pénitentiaire, les juges, les médecins n'y sont pour rien. Pis, l'année qui suit sa mort, les officiers qui l'ont persécuté sont promus et décorés. L'impunité dont jouissent les tortionnaires est totale, non pas à cause de la faiblesse du système judiciaire, mais parce qu'une collusion existe au plus haut niveau entre les fonctionnaires de l'Etat russe et le monde du crime.

Ainsi les 150 millions d'euros indûment remboursés par le fisc n'ont pas été perdus pour tout le monde. L'enquête menée depuis Londres par William Browder prouve que les principaux protagonistes de l'affaire Magnitski ont considérablement amélioré leur train de vie. Prenons le cas d'Artiom Kouznetsov, le lieutenant-colonel à la section des enquêtes du ministère de l'intérieur (MVD). Avec un salaire de 364 euros par mois, l'officier est néanmoins propriétaire d'appartements et de terrains à Moscou d'une valeur totale de 2 millions d'euros.

Une partie de ces biens sont enregistrés au nom de sa mère, Lilia Gueorguievna, titulaire d'une retraite de 122 euros mensuels. Modeste, l'officier n'a qu'une seule voiture avec laquelle il se rend à son travail, une Mercedes 200 SLK Kompressor achetée 55 000 euros. Sa femme, Ina, fait ses courses au volant d'une Land Rover à 89 000 euros. Bizarrement, son collègue, le major Pavel Karpov est dans le même cas : il roule en Porsche Cayenne (86 000 euros) et sa mère a acquis pour plus d'un million d'euros d'appartements et de terrains.

Bizarrement, ils se sont enrichis au même moment, à la fin de l'année 2007. L'ancienne perceptrice en chef du bureau n° 28, Olga Stepanova, qui autorisa jadis le remboursement express de 150 millions d'euros, est à l'abri du besoin, selon l'enquête diligentée par Hermitage.

Villa de luxe à Moscou, au Monténégro, appartements à Dubaï, comptes en Suisse, la dame n'a plus besoin de travailler. D'ailleurs, elle a quitté le fisc en 2010 pour rejoindre le ministère de la défense, où elle ne travaille plus désormais.

De cette saga financière, le Russe lambda ne saura rien, sauf s'il est un geek passionné d'Internet. Certes les médias russes se sont émus de la mort tragique de Sergueï Magnitski – "une vengeance médiévale" dira Vedomosti, le quotidien des affaires –, mais ils se sont bien gardés d'enquêter sur les thèmes "chauds" : l'argent (où sont passés les 150 millions d'euros ?), la collusion fonctionnaires-criminels, l'enrichissement vertigineux des principaux protagonistes du dossier.

C'est bien trop risqué. Le 10 novembre à Londres, l'informateur principal du fonds Hermitage, l'homme d'affaires Alexandre Perepilitchni, 44 ans, a succombé à un malaise devant la porte de son domicile londonien. Installé en Grande-Bretagne depuis trois ans, il coopérait à l'enquête menée depuis ces derniers mois par des procureurs suisses sur l'implication d'un groupe criminel russe dans un schéma de fraude fiscale et de blanchiment (les 150 millions). Confiée à la police criminelle britannique, une enquête est en cours sur les circonstances exactes de sa mort.

A Genève, à Londres, à Washington, la justice fonctionne, pas en Russie. En trois ans, l'enquête sur la mort de Sergueï Magnitski a conduit à une mise en examen, une seule, celle de Dmitri Kratov, ancien médecin chef adjoint de la prison Boutyrka.

Selon Irina Doudoukina, porte-parole du ministère de l'intérieur, le juriste était lui-même l'auteur du "schéma d'évasion fiscale" qu'il dénonçait. Le défunt comparaîtra bientôt, post-mortem, dans le cadre d'un procès pour fraude fiscale appelé à s'ouvrir sous peu à Moscou. Mais personne n'est dupe. Aux yeux de l'opinion publique, l'affaire Magnitski est devenue le symbole de l'arbitraire de la justice russe.

La tombe de Sergeï Magnitski, le 16 novembre 2012 à Moscou.

Voilà pourquoi, à Moscou, défenseurs des droits de l'homme et opposants russes ont salué, vendredi 7 décembre, l'adoption par le Congrès américain de la "liste Magnitski". Ce texte prévoit des sanctions – gel des avoirs, refus de visas – envers soixante citoyens russes impliqués dans le calvaire du juriste, dont les personnes citées dans cet article (Artiom Kouznetsov, Oleg Siltchenko, Olga Stepanova, Elena Stachina, etc.).

La liste, que les proches du dossier espèrent voir bientôt adoptée par plusieurs pays européens, frappe les fonctionnaires véreux là où ça fait mal. Car l'argent volé, celui du contribuable russe, a été investi, non pas en Russie, mais en Occident, sous la forme de biens immobiliers, de yachts, de comptes bancaires. "Je salue ceux qui ont contribué à l'adoption de cette loi. C'est un grand succès qui servira les intérêts des citoyens russes", s'est félicité l'opposant Alexeï Navalny sur son blog.

Marie Jégo - Moscou, correspondante

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27 octobre 2012 6 27 /10 /octobre /2012 16:37

 

 

Le Monde.fr avec AFP | 27.10.2012 à 15h14

 

Le blogueur Alexei Navalny, le 9 mai.

Plusieurs opposants russes, dont Sergueï Oudaltsov et Alexeï Navalny, ont été interpellés samedi 27 octobre à Moscou lors d'une action de soutien aux militants détenus dans le cadre d'une enquête pour "préparation de troubles massifs", ont-ils indiqué sur Twitter.

"Je marchais sur le trottoir. J'ai été interpellé sans explication. Je me trouve dans un autobus" de la police, a écrit sur Twitter Sergueï Oudaltsov, inculpé vendredi dans le cadre de cette enquête, et qui encourt dix ans de camp. La porte-parole de M. Navalny, Anna Vedouta, a par ailleurs indiqué sur son compte que ce dernier avait été également interpellé. Le dirigeant du mouvement d'opposition Solidarnost, Ilia Iachine, a aussi écrit sur son compte avoir été emmené dans un car de police, où il y a retrouvé Navalny. Il a publié une photo de ce dernier et indiqué qu'ils avaient été emmenés au commissariat.

 

"NOUS SOMMES CONTRE LA RÉPRESSION ET LES TORTURES"

Tous participaient à une action de protestation non autorisée dans la capitale russe, pour soutenir les militants de l'opposition détenus, sous le slogan "Nous sommes contre la répression et les tortures". Au moins 200 personnes y ont participé, étroitement surveillées par les forces de l'ordre, venues en grand nombre, selon une journaliste de l'AFP.

Cette action fait notamment référence au cas de Leonid Razvozjaev, inculpé et incarcéré pour "préparation à l'organisation de troubles massifs", qui affirme avoir été enlevé en Ukraine où il avait fui pour demander le statut de réfugié politique. Il a raconté à des défenseurs des droits de l'homme autorisés à lui rendre visite en prison avoir admis sa culpabilité sous la torture.

 

CONTOURNER LA NOUVELLE LOI INTERDISANT LES RASSEMBLEMENTS NON AUTORISÉS

L'action prévoyait que des militants se postent tous les 50 mètres sur un trajet allant du siège du FSB (ex-KGB) à la prison Lefortovo, où sont incarcérés Razvozjaev et Konstantin Lebedev, un autre proche d'Oudaltsov, et qu'ils brandissent des pancartes proclamant "Je suis contre la torture et la répression". Les autres participants à l'action marchaient le long du trajet, avec des rubans blancs – symbole de la contestation du régime de Vladimir Poutine – accrochés à leurs vêtements.

Ce schéma devait permettre de contourner la nouvelle loi adoptée en juin qui instaure des amendes considérables en cas de rassemblement non autorisé ou en cas de troubles à l'ordre public. La législation russe permet en effet de faire un piquet tout seul sans autorisation des autorités. "Sergueï Oudaltsov, Ilia Iachine et Alexeï Navalny ont été arrêtés pour trouble à l'ordre public, ils seront l'objet de poursuites administratives après avoir été transférés au département de police", a toutefois indiqué un porte-parole de l'antenne moscovite du ministère de l'intérieur à l'agence Interfax.

 

 

 

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22 octobre 2012 1 22 /10 /octobre /2012 16:44

 

 

Le Monde.fr avec AFP | 22.10.2012 à 16h23

 

Les trois membres des Pussy Riot, à l'ouverture de leur procès en appel, lundi 1er octobre.

Les deux jeunes femmes du groupe Pussy Riot, condamnées à deux ans de camp pour une prière anti-Poutine dans une cathédrale, sont en route vers des camps éloignés de Moscou, à la réputation difficile, dans les régions de Perm et de Mordovie, a indiqué lundi 22 octobre leur avocate. "Des proches sont venus leur apporter des provisions et ils ont appris que Nadejda Tolokonnikova avait été envoyée en Mordovie [500 kilomètres à l'est de Moscou, NDLR] et Maria Alekhina dans la région de Perm [Oural, environ 1 400 kilomètres à l'est de Moscou, NDLR]", a déclaré l'avocate Violetta Volkova, précisant que leur départ avait eu lieu samedi.

Les jeunes femmes sont encore en route, a-t-elle ajouté, expliquant que les transferts en train vers les camps pouvaient parfois prendre jusqu'à un mois. L'avocate n'a cependant pas précisé dans quelles colonies pénitentiaires allaient être envoyées les jeunes femmes. Aucune confirmation officielle n'a par ailleurs été donnée par les services d'application des peines des régions de Perm et de Mordovie.

 

 "CE SONT LES CAMPS LES PLUS CRUELS" 

Tolokonnikova, 22 ans, et Alekhina, 24 ans, toutes deux mères de famille, respectivement d'une fille de 4 ans et d'un garçon de 5 ans, ainsi qu'une troisième membre du groupe avaient été condamnées en août à deux ans de camp pour "hooliganisme" et "incitation à la haine religieuse" après avoir chanté en février une "prière punk" contre le président russe Vladimir Poutine dans la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou.

 

Lire aussi : Russie : une des Pussy Riot relâchée, peine maintenue pour les deux autres


L'annonce du transfert des jeunes femmes vers leur lieu de détention a provoqué un vif émoi parmi leurs partisans, nombre d'entre eux dénonçant les mauvaises conditions de détention dans ces régions, qui abritaient déjà des camps du goulag durant l'époque soviétique. "Nadia Tolokonnikova est en route vers la Mordovie. Dans le camp de l'enfer", a ainsi écrit sur Twitter le groupe d'art contestataire Voïna ("guerre"), dont est issue la jeune femme.

"Pour Macha Alekhina, un camp hyper éloigné de Moscou a été choisi", a renchéri ce groupe connu notamment pour avoir dessiné en 2011 un gigantesque phallus sur un pont levant en face du siège du Service fédéral de sécurité (FSB, ex-KGB) à Saint-Pétersbourg. "Ce sont les camps les plus cruels parmi toutes les options possibles", a renchéri le groupe Pussy Riot sur Twitter.

 

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11 octobre 2012 4 11 /10 /octobre /2012 15:45

 

 

Le Monde.fr avec AFP | 11.10.2012 à 08h15 • Mis à jour le 11.10.2012 à 15h21

 
De gauche à droite : Maria Alekhina, Ekaterina Samoutsevitch et Nadejda Tolokonnikova, lors de leur procès en appel à Moscou le 10 octobre 2012.

Ekaterina Samoutsevitch, une des membres du groupe russe Pussy Riot remise en liberté mercredi en Russie, a appelé quelques heures plus tard sur CNN à de nouvelles actions, assurant que la lutte du groupe n'était pas finie. "Nous ne sommes pas finies, et nous n'allons pas mettre un terme à notre lutte politique", a déclaré Ekaterina Samoutsevitch sur la chaîne américaine. "Nous devons agir de manière à ce qu'ils (le pouvoir russe) n'entendent pas parler de nos concerts avant qu'ils n'aient lieu pour nous arrêter."

Ekaterina Samoutsevitch, 30 ans, Nadejda Tolokonnikova, 22 ans, et Maria Alekhina, 24 ans, avaient été condamnées en première instance le 17 août à deux ans de camp pour "hooliganisme" et "incitation à la haine religieuse" pour avoir chanté en février dans la cathédrale du Christ-Sauveur, à deux pas du Kremlin, une "prière punk" demandant à la Sainte Vierge de "chasser Poutine" du pouvoir.

Mercredi, Samoutsevich a été remise en liberté après que sa nouvelle avocate a affirmé qu'elle n'avait pas participé à la "prière punk" anti-Poutine devant l'autel, dans la mesure où elle avait été interpellée peu après être entrée dans la cathédrale. Ses deux camarades ont en revanche été maintenues en détention.

Lire : Russie : une des Pussy Riot relâchée, peine maintenue pour les deux autres

 "LA SITUATION A ENCORE EMPIRÉ EN RUSSIE"

Ekaterina Samoutsevich a assuré sur CNN que les efforts du pouvoir russe pour diviser les membres du groupe ne fonctionneraient pas et que son jugement "négatif" à l'égard du président Vladimir Poutine et de son "projet méga-autoritaire" n'avait pas changé.

"La situation dans le pays depuis notre concert (dans la cathédrale) a encore empiré et notre procès lui-même en est le témoignage", a-t-elle poursuivi au cours de cet entretien, présenté par CNN comme le premier depuis sa libération. Elle a également déclaré avoir été bien traitée en prison et assuré que Nadejda Tolokonnikova et Maria Alekhina "tenaient bien le coup", même si elles sont "très, très contrariées" d'être séparées de leurs enfants.

Elle a également souligné qu'il fallait que les Russes comprennent qu'il n'y avait derrière leur "prière punk" anti-Poutine aucune animosité contre la religion. "Il s'agissait d'une action politique dirigée contre les autorités, à la convergence entre les pouvoirs politique et religieux, et je veux que les gens comprennent ça", a-t-elle conclu.

LA PRESSE RUSSE IRONISE

La presse russe a ironisé jeudi sur la décision de la justice russe. "Vive notre justice russe ! Non seulement c'est la justice la plus humaine, mais aussi la plus imprévisible et la plus illogique du monde !", écrit le quotidien populaire Moskovski Komsomolets.

"Le plus drôle" est que le tribunal municipal de Moscou "ait pris sa décision en suivant la logique des accusations absurdes", estime le quotidien économique Vedomosti dans son éditorial. "Comme il a été établi que la faute principale des trois jeunes femmes était d'avoir 'agité leurs jambes' devant l'autel, et que Samoutsevitch n'a pas eu le temps de le faire, elle n'est pas si coupable", ajoute-t-il. 

LES JUGES RUSSES SE DÉFENDENT D'AVOIR SUBI DES PRESSIONS

Pour "éclaircir" leur position, les juges du tribunal russe qui les ont jugé ont donné une inhabituelle conférence de presse jeudi : "Personne n'a jamais exercé de pression quelconque sur nous, a fortiori dans cette affaire", a déclaré la juge Larissa Poliakova, qui a présidé le procès en appel des Pussy Riot au tribunal municipal de Moscou, lors d'une conférence de presse surprise. "Nous avons agi conformément à la loi" et selon "nos convictions intérieures", a insisté pour sa part un autre juge de ce tribunal, Iouri Passiounine.

 

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10 octobre 2012 3 10 /10 /octobre /2012 14:57

 

 

Le Monde.fr avec AFP | 10.10.2012 à 13h15 • Mis à jour le 10.10.2012 à 16h27

 

La justice russe a remis en liberté mercredi 10 octobre une des membres du groupe Pussy Riot et confirmé en revanche la peine de deux ans de camp pour les deux autres jeunes femmes qui avaient chanté en février une "prière punk" anti-Poutine dans la cathédrale de Moscou.

"Libérez immédiatement" Ekaterina Samoutsevitch, dont la peine est transformée en condamnation avec sursis, a déclaré la présidente du tribunal, ajoutant que les peines des deux autres jeunes femmes, Nadejda Tolokonnikova et Maria Alekhina, étaient "maintenues sans changement" à l'issue de ce procès en appel.

 

"JE SUIS TRISTE POUR LES FILLES"

"Je suis bien sûr contente, mais je suis triste pour les filles, triste que leur peine n'ait pas été modifiée", a déclaré Ekaterina Samoutsevitch, 30 ans, devant une foule de journalistes à l'issue de l'audience devant le tribunal municipal de Moscou. Le père de la jeune femme l'a serrée dans ses bras et certains sympathisants d'Ekaterina Samoutsevitch l'ont chaleureusement félicitée avant qu'elle ne s'en aille en compagnie de ses avocats qui ont souligné qu'elle avait besoin de se reposer.

Les trois jeunes femmes du groupe de punk russe Pussy Riot, condamnées en août à deux ans de camp pour une "prière" anti-Poutine dans la cathédrale de Moscou, avaient réclamé leur remise en liberté et réaffirmé leur innocence mercredi à la reprise de leur procès en appel.

 

Lire : Les Pussy Riot, enfermées, mais pas muselées 


L'audience intervenait quelques jours après que le président russe Vladimir Poutine eut déclaré que la peine de deux ans de camp était "correcte", une prise de position vivement critiquée par l'un des avocats de la défense dénonçant une tentative d'influencer le tribunal.

Nadejda Tolokonnikova, 22 ans, Ekaterina Samoutsevitch, 30 ans, et Maria Alekhina, 24 ans, étaient accusées de "hooliganisme" et d'"incitation à la haine religieuse", devant le tribunal municipal de Moscou, pour avoir chanté en février dans la cathédrale du Christ-Sauveur, à deux pas du Kremlin, une "prière punk" demandant à la Sainte Vierge de "chasser Poutine" du pouvoir.

Le procès en appel s'était ouvert le 1er octobre, mais le tribunal avait renvoyé l'affaire après que la prévenue Ekaterina Samoutsevitch eut annoncé s'être séparée de ses avocats en évoquant des désaccords sur la ligne de défense adoptée.

 

"NOUS N'AVONS PAS VOULU OFFENSER LES CROYANTS"

Les trois accusées ont réitéré leurs excuses à ceux qui ont été choqués par leur action, tout en réaffirmant que leur geste était politique et dirigé contre Vladimir Poutine. "Nous n'avons pas voulu offenser les croyants", a déclaré Mme Samoutsevitch, s'exprimant dans une cage en verre au côté des deux autres prévenues. "Si cela a été le cas, nous nous en excusons. Notre action était politique", a-t-elle ajouté en s'exprimant de manière décontractée, main dans la poche.

"Nous sommes toutes les trois innocentes, nous sommes en prison pour nos opinions politiques", a renchéri Mme Alekhina, qui a réclamé, comme Mme Samoutsevitch, l'annulation du jugement en première instance et la liberté. La troisième, Nadejda Tolokonnikova, a elle aussi déclaré qu'elle était prête à s'excuser si elle avait offensé des croyants. Mais "un repentir est impossible car ce serait reconnaître que notre action était antireligieuse, ce qui n'est pas le cas", a-t-elle dit.

L'affaire des Pussy Riot a divisé la société en Russie et suscité l'indignation à travers le monde, ainsi de nombreux appels à la libération des jeunes femmes lancés notamment par l'icône de la démocratie birmane Aung San Suu Kyi et la star de la pop américaine Madonna.

 

Lire (abonnés) : Pussy Riot, icônes anti-Poutine


"NOUS NE NOUS TAIRONS PAS"

"Si notre condamnation est confirmée en appel et que nous partons dans un camp, nous ne nous tairons pas pour autant, même si on nous envoie en Sibérie ou en Mordovie", a ajouté Mme Alekhina.

L'audience a été marquée par d'apparentes tentatives de scinder le cas des trois jeunes femmes. La nouvelle avocate de Mme Samoutsevitch, Irina Khrounova, a affirmé que sa cliente n'avait pas participé à la "prière punk" anti-Poutine dans la mesure où elle avait été interpellée 15 secondes après être entrée dans la cathédrale.

"La prière punk a eu lieu sans Samoutsevitch. Elle avait déjà été emmenée hors de l'église", a déclaré Irina Khrounova. "Je dois répondre de ce que j'ai fait moi-même", avait déclaré peu auparavant Ekaterina Samoutsevitch. De manière inattendue, l'un des avocats des parties civiles, Lev Lialine, a soutenu cette déclaration en réclamant lui aussi que le tribunal prenne en compte l'implication individuelle de chaque prévenue. 


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7 octobre 2012 7 07 /10 /octobre /2012 13:56

 

Le Monde.fr | 07.10.2012 à 15h41 • Mis à jour le 07.10.2012 à 15h42

 

SHOW MUST GO ON ! Ouverture du procès en appel des Pussy Riot | rushes infos | Scoop.it

 

Le président russe, Vladimir Poutine, a jugé dimanche 7 octobre que la décision d'un tribunal de condamner à deux ans de camp trois jeunes femmes du groupe punk Pussy Riot, après une "prière" à son encontre dans une cathédrale de Moscou, était "correcte".
 

"En fait, il est correct qu'elles aient été arrêtées et il est correct que le tribunal ait pris une telle décision. Car il ne faut pas saper les fondements de la morale, détruire le pays. Que nous reste-t-il sinon ?", a-t-il déclaré dans une émission de la chaîne NTV, qui a déjà été diffusée en extrême-orient russe et dont des extraits ont été rendus publics par les agences russes. L'émission devait être diffusée dimanche soir à Moscou.

Nadejda Tolokonnikova, 22 ans, Ekaterina Samoutsevitch, 30 ans, et Maria Alekhina, 24 ans, ont été condamnées le 17 août à deux ans de camp chacune pour "hooliganisme" et "incitation à la haine religieuse", pour avoir chanté en février "Vierge Marie, délivre-nous de Poutine" devant l'autel de la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou.

Leur procès en appel, qui devait avoir lieu en début de semaine, a été repoussé au 10 octobre.
En septembre, le président russe avait déjà déclaré que l'Etat avait "l'obligation de protéger les sentiments des croyants", estimant que les jeunes filles s'étaient livrées à un "sabbat" dans l'église.

L'affaire des Pussy Riot a eu un retentissement international. Leur condamnation a été vivement critiquée à l'étranger où elle a été qualifiée de "disproportionnée".

 

Lire :  24 heures avec les (autres) Pussy Riot


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15 septembre 2012 6 15 /09 /septembre /2012 15:02

 

 

Le Monde.fr avec AFP | 15.09.2012 à 13h33 • Mis à jour le 15.09.2012 à 13h33

 
Au moins 20 000 personnes, selon une estimation de l'AFP, prenaient part à cette manifestation après le départ du défilé à 14H00 locales (10H00 GMT) place Pouchkine, à Moscou.

Des milliers de personnes se sont rassemblées samedi à Moscou pour une nouvelle marche contre le pouvoir de Vladimir Poutine, un test pour l'opposition quatre mois après le retour de l'ex-agent du KGB au Kremlin.

Au moins 20 000 personnes, selon une estimation de l'AFP, prenaient part à cette manifestation après le départ du défilé à 14H00 locales (10H00 GMT) place Pouchkine, d'où la marche devait rejoindre à travers le centre ville le lieu du meeting, sur l'avenue Sakharov. La police a estimé le nombre de participants à 11 000.

Les manifestants se sont scindés en deux colonnes des deux côtés du boulevard qui traverse le centre-ville, l'une, arborant de nombreux drapeaux rouges, représentant la gauche (Front de gauche et Parti communiste), et l'autre mêlant libéraux et nationalistes.

A la tête de cette dernière colonne se trouvaient notamment l'ancien champion d'échecs Garry Kasparov, engagé dans l'opposition libérale depuis des années, et l'avocat et blogueur Alexeï Navalny, militant de la lutte anticorruption mais aussi connu pour ses liens avec les nationalistes. "Notre slogan est 'le pouvoir aux millions (de Russes, ndlr) et non aux millionnaires'", a lancé le leader du Front de Gauche Sergueï Oudaltsov, en tête du défilé de gauche.

 

"LIBÉREZ LES PUSSY RIOT"

Une banderole était également visible dans la foule avec l'inscription "Libérez les Pussy Riot", les trois membres de ce groupe contestataire condamnées en août à deux ans de camp pour une "prière punk" anti-Poutine dans la principale cathédrale de Moscou. Une autre banderole, de 20 mètres de long, était ornée du drapeau noir-jaune-blanc de la Russie impériale.

D'importantes forces de la police et des troupes de l'intérieur (7.000 hommes selon les autorités) ont été déployées dans la ville dès l'aube, et étaient soit visibles sur le parcours de la marche, soit en renfort dans des cours ou ruelles en retrait du trajet. Des hélicoptères de police survolaient également le centre-ville à basse altitude.
 

"Les autorités ont peur de la population et tentent de faire pression. Je pense que les gens n'ont pas peur et nous devons, ici, dans la rue, exiger la fin de la répression", a déclaré un des leaders libéraux, l'ex-Premier ministre Mikhaïl Kassianov.

Des manifestations avaient également lieu à Saint-Pétersbourg, la deuxième ville du pays, et dans plusieurs autres villes du pays, avec une affluence moindre. A Vladivostok, cité portuaire d'Extrême-Orient située à sept fuseaux horaires de la capitale russe, seules quelques dizaines de personnes s'étaient rassemblées, selon la police et les organisateurs. La police a fait état de 350 manifestants à Ekaterinbourg (Oural).

L'opposition russe a souffert de l'essoufflement de la mobilisation après l'investiture de Vladimir Poutine à la présidence russe le 7 mai, ainsi que de sa division entre libéraux, nationalistes et communistes, et du durcissement du régime ces derniers mois.

 

 UN MOUVEMENT D'OPPOSITION EN PERTE DE VITESSE

Dernier événement en date, le retrait vendredi par la majorité pro-Kremlin à la Douma (chambre basse) du mandat parlementaire du député anti-Poutine Guennadi Goudkov, au motif d'activités commerciales incompatibles avec sa fonction, une sanction dénoncée par l'intéressé comme une "vengeance" ourdie par le pouvoir.

D'autres chefs de file de l'opposition sont visés par des enquêtes, dont Alexeï Navalny, qui encourt jusqu'à 10 ans de détention pour des accusations de malversation qu'il nie.

Seize personnes ont par ailleurs été inculpées pour leur participation présumée à des heurts avec la police le 6 mai à Moscou, lors d'une précédente manifestation d'opposition, et sont pour la plupart incarcérées.

En juin, M. Poutine avait promulgué une loi instaurant des amendes considérables pour punir les manifestants en cas de troubles ou de rassemblement non autorisé.

Les premières grandes manifestations de l'opposition avaient commencé en décembre 2011 après la victoire du parti au pouvoir Russie unie aux législatives avec près de 50 % des suffrages, au prix de fraudes massives selon l'opposition. Le mouvement a toutefois perdu de son élan depuis l'investiture de M. Poutine au Kremlin.

 

 

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29 août 2012 3 29 /08 /août /2012 15:44

 

 

La justice russe est en train d'achever de se déconsidérer, montrant combien sa dépendance totale aux autorités et l'incompétence de bon nombre de ses magistrats représentent un réel danger pour la société. Le jugement rendu en appel, ce mardi, par le tribunal de Smolensk (à 400 kilomètres à l'ouest de Moscou), est venu surprendre par sa virulence jusqu'aux soutiens fidèles du régime Poutine. Excès de zèle d'un juge obtus ? Peut-être. Mais le fait est que la Russie a aujourd'hui une prisonnière politique de plus…

Elle s'appelle Taisiya Osipova. Cette jeune femme de 28 ans, mère d'une fille de 5 ans et malade du diabète, a été condamnée en appel à huit ans de prison pour détention et trafic de drogue. Vendredi, le procureur avait demandé une peine de quatre ans de prison au terme d'une audience qui avait mis en pièces les divers éléments de l'accusation. Taisiya Osipova avait été condamnée en première instance, en décembre 2011, à dix ans de prison. L'affaire avait alors fait tellement de bruit que le président russe de l'époque, Dmitri Medvedev, avait qualifié la sentence de « particulièrement dure ». En février, la justice avait alors décidé de rejuger l'affaire, tandis qu'une plainte d'Osipova était jugée recevable devant la Cour européenne des droits de l'homme…

 

Taisiya Osipova. 
Taisiya Osipova.© (dr)

 

Taisiya Osipova avait été arrêtée à son domicile de Smolensk en décembre 2010. Les policiers y avaient trouvé quatre grammes d'héroïne, preuve évidente, devait ensuite soutenir le procureur, d'un trafic savamment organisé. La jeune femme a toujours expliqué qu'il s'agissait là d'un règlement de comptes politique, les policiers ayant eux-mêmes placé la drogue dans son logement. Les autorités se vengeaient ainsi de son refus de collaborer et de donner des informations sur ses engagements politiques et ceux de son compagnon.

Car depuis le début des années 2000, Taisiya Osipova a milité au parti national-bolchevique, ce mouvement créé par l'écrivain Edouard Limonov et qui a évolué d'un ultra-nationalisme radical à une critique déchaînée du régime Poutine. Emprisonné durant trois ans au début des années 2000, Edouard Limonov est depuis 2006 l'un des dirigeants de l'Autre Russie, une coalition de plusieurs mouvements (nationalistes, libéraux, démocrates, etcle site en anglais peut être consulté ici).

L'écrivain ne voit dans cette condamnation que la logique implacable d'un régime tenant par la répression. Se déclarant « pas surpris par cette condamnation », Limonov regrette juste qu'un autre procès, celui des chanteuses du groupe Pussy Riot, finalement condamnées voilà quelques jours à deux ans de prison, ait éclipsé le procès de Smolensk (lire également sous l'onglet “Prolonger”).

« Osipova a elle aussi un jeune enfant. Et qui plus est, elle est malade. Mais nous ne sommes pas le parti des bourgeois, nous sommes par nature socialistes. C'est pour cela que les médias occidentaux ont ignoré l'affaire Osipova. Sa condamnation n'est pas seulement politique, c'est aussi une horrible vengeance », a ajouté l'écrivain. De son côté, une autre figure de l'opposition, Sergueï Udaltsov, a dénoncé « un triomphe du cynisme et de l'illégalité », tandis que Mikhaïl Fedotov, président d'un organisme du Kremlin intitulé “Conseil présidentiel des droits de l'homme”, ne trouvait que cette étrange formule pour caractériser la sentence : « Une erreur légale. »

 

Après Pussy Riot

Le mari de Taisiya Osipova, Serguei Fomchenkov, est l'un des responsables les plus actifs de l'opposition au Kremlin. Membre du comité exécutif de l'Autre Russie, qui a organisé depuis 2007 de nombreuses “marches du désaccord” dans tout le pays, il est décrit comme la véritable cible du pouvoir. Tous les groupes et associations de défense des droits de l'homme, qui ont pris la défense de la jeune femme, ont expliqué combien, en montant cette affaire, les autorités ont voulu peser, voire neutraliser Fomchenkov.

 

Cracovie, Pologne, juin 2012. Le groupe Voina organise une manifestation de soutien aux prisonniers politiques russes.  
Cracovie, Pologne, juin 2012. Le groupe Voina organise une manifestation de soutien aux prisonniers politiques russes. © (Voina)

 

La condamnation de mardi risque ainsi d'avoir, en Russie même, un impact encore plus fort que celle des chanteuses de Pussy Riot. Car le procès a mis en évidence l'absence de preuves, voire les falsifications policières. Ainsi, des témoins convoqués par les policiers à la perquisition du domicile ont reconnu avoir subi des pressions. Plus exceptionnel encore : le tribunal a accepté de recevoir le récit d'un témoin qui, après s'être soumis au détecteur de mensonge, a expliqué comment il avait vu les policiers placer la drogue dans le logement d'Osipova.

Cette condamnation définitive alourdit encore l'atmosphère en Russie, où deux autres membres du groupe Pussy Riot sont activement recherchées (elles auraient fui à l'étranger pour échapper à leur condamnation). Dès mardi, le site internet d'information Gazeta.ru se lançait dans une critique du pouvoir, inhabituelle par sa virulence : « En punissant cette femme, les autorités ne font pas que détruire sa vie, elles veulent faire savoir à la société qu'il n'est pas question de défendre ceux qui sont accusés. Et plus ils auront de supporters, plus les condamnations seront lourdes. Poutine montre qu'il n'est pas Medvedev et que les autorités continueront à utiliser la justice pour combattre tout ce qui n'est pas conforme. »

Pour le journaliste russe Alexander Golts, par ailleurs spécialiste renommé des questions de défense, « nous assistons actuellement à une radicalisation brutale du Kremlin. L'affaire Pussy Riot suggère que Poutine est prêt à faire absolument n'importe quoi pour rester au pouvoir ».

Cette radicalisation tient bien sûr à l'émergence, depuis l'hiver 2011 et l'élection présidentielle de mars, d'une opposition multiforme, certes inorganisée mais largement soutenue par les classes moyennes des grands centres urbains et les jeunes. Depuis sa réélection, Vladimir Poutine a fait prendre toute une série de mesures visant à contenir ou interdire ces oppositions. Mais cette nouvelle virulence n'est pas étrangère non plus à ce que l'on appelle aux États-Unis le “Magnitski Act”, du nom de cet avocat russe massacré dans une cellule de police, meurtre commandité par des milieux d'affaires avec la complicité de la justice et de la police, les autorités ayant ensuite pris grand soin d'étouffer l'affaire.

Or le Congrès américain pourrait adopter dans les mois qui viennent (la Chambre des représentants l'a déjà fait) une résolution visant à interdire de séjour et à sanctionner financièrement une cinquantaine de hauts responsables russes liés à cette affaire, dont de nombreux proches de Vladimir Poutine« Signé par Barack Obama, ce Magnitski Act reviendrait à faire de Poutine et de ses élites régnantes une bande de criminels », note Alexander Golts…

De plus en plus isolé sur la scène internationale, Vladimir Poutine a pris soin de rapidement reprendre en main tous les leviers du pouvoir pour ne pas laisser le doute grandir dans les sommets de l'État. Ainsi, en quelques semaines, plusieurs dirigeants de l'opposition (dont l'ancien champion d'échecs Garry Kasparov) ont été arrêtés et inculpés pour des motifs divers ; leurs appartements et bureaux perquisitionnés. Mesures renforçant le contrôle d'Internet ; loi renforçant les contrôles sur les ONG bénéficiant de financements étrangers ; loi criminalisant certains slogans hostiles au pouvoir et alourdissant les amendes pouvant frapper les organisateurs de manifestations…

Mais, à ce jour, cette répression semble d'abord desservir le pouvoir, dont elle achève de ruiner l'image. La société russe n'a sans doute jamais été aussi mobilisée, dans les villes à tout le moins, depuis la chute de l'URSS. De nouvelles manifestations sont programmées cet automne. Sur les réseaux sociaux et Internet, les paroles se libèrent, les projets émergent et des centaines de collectifs citoyens prennent forme dans le plus grand désordre mais avec un objectif commun : tourner la page Poutine.

Lire également sous l'onglet “Prolonger”


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18 août 2012 6 18 /08 /août /2012 18:26

 

 

Entretien 17/08/2012 à 17h16

  Aurélie Champagne | Journaliste Rue89

 

Les punkettes anti-Poutine ont écopé de deux ans de prison. Bastenaire, spécialiste du punk russe, replace le groupe dans le contexte musical et politique du pays.

Les soutiens pleuvent depuis des semaines (de Madonna à Yoko Ono, en passant par Aurélie Filippetti) et ce 17 août a été décrété journée mondiale de soutien au groupe. Pourtant, les trois membres du groupe de punkettes russes Pussy Riot, en détention depuis six mois, viennent d’être jugées coupables de hooliganisme et d’incitation à la haine religieuse, et condamnées à deux ans de camp pénitentaire.

Le 21 février, les cinq membres du groupe, âgées de 22 à 30 ans, avaient réalisé une performance avec cagoules et guitares électriques dans une cathédrale moscovite. Parodiant un hymne marial, elles avaient imploré la Vierge de « chasser Poutine ».

Pour Rue89, Joël Bastenaire met en perspective le procès ultra-médiatisé des Pussy Riot. Attaché culturel à Moscou puis conseiller culturel en Géorgie jusqu’en 2011, Joël Bastenaire est un fin connaisseur de la Russie.

En 1987, il crée une structure de production dédiée aux artistes de rock russe et publie cette année « Back in the USSR, une brève histoire du rock et de la contre-culture en Russie » (éd. Le Mot et le reste).

Rue89 : Le procès des Pussy Riot ferait presque oublier qui elles sont : quelle place occupent-elles au sein de la scène musicale russe ?

Joël Bastenaire : D’abord, les filles ne viennent pas de la musique. Elles ont émergé à partir des années 2009-2010. A l’origine, c’est un groupe composite qui a cinq membres et qui en a même eu neuf à un moment. Les trois filles arrêtées sont les trois idéologues : ce sont elles qui pensent le plus, qui écrivent les textes. Elles sont plus ou moins en ménage avec le milieu de l’art contemporain. Notamment la jolie brunette qu’on voit partout, Nadezhda Tolokonnikova, qui est la compagne de Peotr Versilov, un membre du groupe Voïna, qui veut dire « guerre » en russe.


« Back in the USSR, une brève histoire du rock et de la contre-culture en Russie » de Joël Bastenaire

Voïna est un groupe d’« actionnistes » qui font des performances contre l’Etat policier. Au début, ils faisaient un peu de l’art brut, des choses agressives et drôles.

Ils ont eu des problèmes avec l’Eglise, puis avec la police à partir des années 2007-2009 et se sont acharnés sur ces deux institutions. Ils avaient fait une exposition très remarquée à Moscou en 2007 qui s’appelait « Attention, religion ».

A l’époque, les Pussy Riot n’existaient pas encore, elles ont démarré en collaborant à des actions avec eux. Voïna et les Pussy procèdent de deux ou trois idéologues, à l’origine.

L’un d’eux est l’artiste Oleg Kulik, qui s’est déguisé à poil avec un collier de chien et qui a mordu les passants devant le Parlement de Strasbourg, à la fin des années 90. Maintenant, il est devenu bouddhiste et est un peu absent du débat mais l’inspiration du travail des Pussy et de Voïna, à l’origine, c’est lui.

Il y a aussi Plutser-Sarno, un écrivain et sémiologue qui a écrit le premier dictionnaire complet de l’argot russe. Il est spécialiste du mésusage de la langue russe. Il s’est réfugié en Estonie récemment car il animait un blog sur lequel il expliquait que la Russie allait exploser avec une merde comme Poutine au pouvoir. Ce sont vraiment des types qui produisent de la doctrine, et les filles sortent de là.

Les personnes de Voïna ont-elles fait de la prison, comme les Pussy Riot ?

Non. Au niveau de la police, il y a eu des condamnations à des amendes, mais assez faibles finalement. A l’époque de Medvedev, la volonté était de faire le moins de bruit possible autour de ce genre de choses. Mais tout a changé avec le processus électoral : d’abord avec la contestation des élections législatives en automne dernier, ensuite avec la mise en scène de la passation de pouvoir entre les deux dirigeants. Des millions de personnes se sont exprimées contre et c’est sur ce ras-le-bol qu’ont surfé les Pussy Riot.

Les Pussy Riot sont issues de la scène punk. Sont-elles si radicales que ça ?

Les Pussy Riot procèdent d’une activité extrémiste qui, jusque-là, était plutôt mal perçue par la société. Elles se sont fait connaître avec leur happening sur la place Rouge, l’hiver dernier.

Performance des Pussy Riot sur la Place-Rouge en janvier 2012

D’ailleurs, à ce moment-là, elles n’ont pas été inquiétées. Le rassemblement a juste été dispersé par la police. Ensuite, elles ont chanté une chanson dans la rue, devant la principale prison de Moscou. A ce moment-là, elles sont devenues des soutiens des opposants qui manifestent tous les 31 de chaque mois en Russie. Disons qu’elles sont très pacifiques mais radicales dans le ton.

Mais attention, la Russie, c’est pas la dictature communiste. Il ne faut pas croire : les Russes s’expriment clairement, ça n’est pas le goulag. Si on me permet la comparaison, c’est assez comparable au second Empire français : un pouvoir policier extrêmement efficace, manipulateur, qui contrôle toute la société, mais qui, pour des raisons d’image, n’est pas tout à fait répressif. De sorte que les opposants, malgré de possibles condamnations, s’autorisent une certaine agressivité. Cette agressivité, jusqu’aux manifestations de décembre, était très violente.

Pourquoi, selon vous, le gouvernement de Poutine a réagi à la performance des Pussy Riot dans une cathédrale et pas à n’importe quelle autre ?

Les Pussy et beaucoup d’activistes dénoncent un régime complètement mafieux et policier qui contrôle tout, jusqu’à l’Eglise. Quand les Pussy vont dans une cathédrale mettre le souk, elles y vont pour démontrer que l’Eglise est une émanation de la police. C’est ça leur projet, et elles réussissent admirablement.

Performance des Pussy Riot

Ce qui est intéressant, c’est que sous Medvedev, il y avait une vraie volonté de ne pas faire attention à ce genre de choses ni faire de bruit autour des opposants. Quand il y a eu les manifestations de décembre, il y a eu une panique, je pense, au niveau de l’Etat.

Comment réagit le milieu musical russe ?

Dans l’absolu, l’attitude des Pussy n’est pas vraiment nouvelle. Il existait des phénomènes de ce genre, avec des artistes qui faisaient des choses analogues, à partir de 1983 et jusqu’en 90. Et c’étaient aussi des gens qui jouaient mal de la musique, qui faisaient de l’anti-musique et faisaient plutôt de l’idéologie. Il y a une véritable tradition en Russie. A cause ou grâce à ça, il y a une vraie mobilisation en Russie.

Quand on regarde les sites russes, y compris les sites musicaux, tout le monde s’interroge. Les mecs disent : « Mais on les connaît pas ces nénettes. » Certains disent qu’elles ont monté leur groupe depuis six mois, qu’elles ne jouent pas de la musique, qu’elles sont nulles.

Mais à côté de ce mépris parfois un peu macho pour ces filles, il y a une envie d’être solidaire. Les vieux rockers des années 80 se sont amplement retrouvés autour de l’opération « L’Album blanc », lors de laquelle environ 200 morceaux ont été offerts aux Pussy par 170 groupes différents. C’est colossal.

Il y a des petits groupes mais aussi des groupes hyperconnus en Russie, comme les DDT ou le chanteur très en vogue Vasya Oblomov, qui fait aussi des choses très engagées contre le résidu de totalitarisme dans le régime actuel. Lui y va à fond.


Yekaterina Samutsevich, Maria Alyokhina et Nadezhda Tolokonnikova des Pussy Riot à Moscou avant le jugement, le 17 août 2012 (ANDREY SMIRNOV/AFP)

On parle beaucoup des Pussy. Masquent-elles d’autres groupes également inquiétés par l’Etat Poutinien ?

Aujourd’hui, il n’y a pas vraiment d’autres attaques de l’Etat poutinien contre la musique. Et c’est ce qui étonne les Russes, quand ils voient Yoko Ono, Madonna ou Sting. C’est comme si, tout à coup, on se figurait qu’on avait mis les Sex Pistols en prison. Mais ça n’est pas les Sex Pistols qu’on met en prison.

Ma théorie est la suivante : la mise en prison des Pussy Riot et le discours du pouvoir sur le « faut-il être sévère ou non ? » est au service de la conduite de la politique intérieure.

En apparence, l’Etat poutinien contrôle tout et s’enrichit, et tout le monde est d’accord. L’Eglise et les riches lui sont favorables, et les pauvres... il y en a de moins en moins. En un mot, tout va bien. Mais pendant les manifs de décembre, l’Etat s’est rendu compte qu’il y avait une partie de la droite et une partie des très riches qui appelaient à un pouvoir plus humain, plus démocratique, plus ouvert. Et éventuellement moins corrompu. Tout à coup, des gens qui avaient toujours été dans l’Etat et pour l’Etat ont rallié l’opposition.

Poutine avait besoin de montrer une image de fermeté. Ensuite, il voulait démontrer qu’il protégeait tous les croyants et faire peur à la droite conservatrice qui commençait à le contester à cause de la corruption. C’est une manière de leur dire : « Regardez, dès qu’on va ouvrir la marmite, l’Eglise va être profanée. » Il joue sur les minorités religieuses, très importantes en Russie.

L’argument du pouvoir est celui-ci : si on n’emprisonne pas les gens qui font ces choses dans les églises, on aura des problèmes dans les synagogues et les mosquées.

Mais à la limite, sur les Pussy Riot, la question n’est plus seulement celle du verdict, mais de l’effet social qu’a eu ce débat. Il a exacerbé un dialogue fondamental. Aujourd’hui, beaucoup de gens disent : « Il faut se libérer de Poutine. » Pas seulement parce que c’est un dictateur ou pour des histoires de corruption, mais parce que le régime n’est plus efficace. Aujourd’hui, des intellectuels français signent des pétitions contre Poutine, et si une partie des grands bourgeois oligarques, et même toutes les élites (depuis la pétition lancée le 25 juin) aimeraient libérer les Pussy, c’est qu’ils pensent que le régime Poutine-Medvedev va dans le mur.

Les élites ont-elles basculé en faveur des Pussy ?

Oui, elles reprochent au patriarche et au pouvoir de faire une montagne des Pussy Riot et affirment qu’elles ne représentent rien, que ce qu’elles font voir sont des plaies réelles en Russie mais qu’il aurait mieux valu cacher tout ça. Et que l’Eglise n’a pas pour mission d’être inquisitrice.

Depuis la pétition lancée le 25 juin, toutes les élites disent ça. Les quatre cinquièmes des intellectuels qui n’ont pas signé la pétition sont vraiment ceux qui tiennent le régime Poutine. Ce sont les plus puissants mais ils ne sont qu’une poignée.

Du coup, les Pussy Riot délimitent une ligne de fracture très claire.

Absolument. C’est aussi pour ça qu’elles sont devenues un véritable phénomène alors qu’elles n’ont pas d’assise réelle dans la société. Aujourd’hui, les Pussy Riot sont condamnées, mais le régime de Poutine a perdu la bataille médiatique, esthétique. Il est « has-been ».

Au final, la condamnation qui vient de tomber risque de radicaliser tout discours contestataire, non ?

Oui, bien sûr, tout le monde va y aller à fond.

 

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31 juillet 2012 2 31 /07 /juillet /2012 21:39

 

Le Monde.fr avec Reuters | 31.07.2012 à 21h47 • Mis à jour le 31.07.2012 à 21h49

 

 

 

Le président biélorusse a limogé le chef de la défense aérienne et le patron des gardes-frontières. Motif : un avion a pénétré l'espace aérien en larguant des ours en peluche portant des messages en faveur des droits de l'homme.

 

 

 

Le président biélorusse Alexandre Loukachenko a limogé deux généraux et congédié plusieurs fonctionnaires mardi 31 juillet, victimes d'un raid d'ours en peluche. Le chef de la défense aérienne, le général Dmitri Pakhmelkine, et le patron des gardes-frontières, le général Igor Ratchkovski ont été limogés pour avoir laissé un petit avion pénétrer l'espace aérien du pays pour y larguer des ours en peluche portant des messages de protestation contre les violations des libertés.

Les responsables de l'armée de l'air biélorusse avaient tout d'abord nié les informations rapportées par les médias selon lesquelless un petit avion de tourisme avait survolé la Lituanie et avait pénétré illégalement l'espace aérien national pour larguer des peluches porteuses de messages réclamant le respect des droits de l'homme et des libertés publiques dans le pays.

Les autorités biélorusses avaient finalement ouvert une enquête sur l'incident datant du 4 juillet, alors que des vidéos montrant des images de l'avion survolant une ville biélorusse circulaient sur Internet.

 

 

 Le lâché d'ours en peluche, organisé par une agence de publicité suédoise, avait été suivi avec une grande attention en Biélorussie bien que peu d'informations sur l'incident aient été révélées à l'origine, sauf par les médias suédois. Les autorités avaient toutefois procédé à l'arrestation de deux personnes au cours de l'enquête : le réalisateur Sergei Basharimov et l'étudiant en journalisme Anton Suryapin, retenant les deux hommes dans une prison de Minsk pendant plusieurs semaines.

Les vidéos diffusées par les médias biélorusses ces derniers mois ont montré deux personnes avec des masques d'ours en fourrure pilotant l'avion. Selon l'une de ces vidéos, l'avion a survolé la ville d'Ivianiec avant de rejoindre la banlieue sud de Minsk, larguant au total 1 000 peluches.

 

 

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