journaldequebec.com - Elizabeth Laplante / Agence QMI
Hier à 22:32
Il a été rencontré par des enquêteurs de la SQ
Photo Mario Pitre / Agence QMI
Gabriel Nadeau-Dubois lors du Congrès de la CLASSE à Valleyfield, le dimanche 3 juin 2012.
Le coporte-parole de la CLASSE, Gabriel Nadeau-Dubois, a affirmé dimanche avoir été rencontré par la Division des enquêtes sur la menace extrémiste de la Sûreté du Québec le 27 avril dernier, au quartier général de la force policière, à Montréal.
Joint au téléphone, le jeune homme a indiqué à l’Agence QMI que la SQ l’avait convoqué en raison d’une lettre de menace de mort à son endroit envoyée à un média de Québec.
«On prend la menace au sérieux, on veut te rencontrer ce soir», lui aurait dit la SQ. Le représentant de la CLASSE dit s’être rendu rapidement au quartier général situé sur la rue Parthenais.
Ce dernier a toutefois précisé qu’il n’avait pas déposé de plainte auprès de la police relativement à cette menace de mort.
Des menaces de mort, «j’en reçois beaucoup, ce n’est pas exceptionnel», a souligné Gabriel Nadeau-Dubois, en entrevue, ajoutant, toutefois, qu’il avait déjà soumis une plainte au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) quelques semaines plus tôt concernant une autre menace de mort.
Le représentant étudiant a soutenu avoir été rencontré durant près de 80 minutes par deux enquêteurs de la SQ. Une enquêteuse lui posait des questions tandis qu’un autre enquêteur était assis dos à lui, devant la porte de sortie.
«On m’a parlé de la lettre durant 15 minutes au total. On ne m’a donné aucun conseil de sécurité, […] je crois que c’était un prétexte.» Selon le jeune homme, la rencontre a servi à lui poser toutes sortes de questions. «Sur ma famille, mes amis, mes colocs, la CLASSE, les actions, a-t-il expliqué. Ils essayaient de comprendre ce dont j’étais au courant par rapport aux actions. […] Progressivement, je me suis rendu compte que les questions déviaient.»
À plusieurs reprises, le jeune homme a indiqué que l’enquêteuse laissait planer un flou autour de la rencontre.
«Aujourd’hui, on te rencontre à titre de victime, mais ce serait vraiment dommage qu’on te rencontre bientôt sous un autre titre.»
Le principal intéressé a ajouté que cette dernière formule a été employée à répétition durant la rencontre, en plus de certaines mises en garde, tel que : «Fais attention Gabriel quand tu parles, il ne faudrait pas qu’on soit obligé d’appliquer les dispositions de la loi antiterroriste.»
«On m’a demandé de parler de ça (la rencontre) à personne en disant que j’avais tout avantage à travailler avec eux.»
Le représentant a toutefois affirmé n’avoir reçu aucun appel ni suivi de la SQ depuis cette rencontre.
Toujours selon la version du représentant de la CLASSE, l’enquêteuse aurait tenu à spécifier en début de rencontre que la Division des enquêtes sur la menace extrémiste de la SQ s’impliquait dans le dossier du conflit étudiant à la suite d’une demande du ministre de la Sécurité publique, Robert Dutil.
La dame aurait ajouté que des gens haut placés savaient que cette rencontre avait lieu.
«Sans tomber dans la théorie du complot, c’est difficile de ne pas voir là un travail politique de la part de la SQ», a indiqué Gabriel Nadeau-Dubois.
Réaction de la Sûreté du Québec
La SQ a pour sa part refusé de commenter l’affaire.
«Ce que je peux dire, c’est que nous ne commentons jamais les enquêtes lorsqu’elles sont en cours et nous ne confirmons ni n’infirmons jamais la tenue d’une enquête», a déclaré le sergent Claude Denis de la SQ.
L’attaché de presse du ministre de la Sécurité publique, Mathieu St-Pierre, a, de son côté, nié l’information au sujet de l’implication du ministre dans une enquête de la SQ.
«Je ne peux pas confirmer cette information-là puisque ce n’est pas vrai, a déclaré M. St-Pierre. C’est une information ridicule. Ni le ministre, ni son cabinet ne s’ingère dans les enquêtes policières.»