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8 juillet 2014 2 08 /07 /juillet /2014 15:29

 

Source : www.mediapart.fr

 

Israël a lancé son offensive contre Gaza, tuant au moins 12 Palestiniens

|  Par Pierre Puchot

 

 

Poussé par ses alliés de l’extrême droite et les tirs de roquettes du Hamas, le gouvernement de Netanyahou a réuni son cabinet lundi soir et l’armée israélienne a lancé plus de cinquante frappes aériennes contre Gaza dans la nuit de lundi à mardi. Le résultat d’une conjonction absurde d’événements et de facteurs politiques internes, dont nul ne sait pour l’heure où elle peut conduire.

Au moins 12 Palestiniens ont été tués et plus de 70 blessés mardi dans des raids israéliens sur la bande de Gaza, selon les services d’urgences et l’agence palestinienne Mana News. Dans le sud du territoire, sept Palestiniens ont été tués et 25 autres blessés par une frappe israélienne. « Le raid israélien a visé la maison de la famille Al-Kaware », a expliqué le porte-parole des services d’urgences Ashraf al-Qodra, ajoutant que des enfants figuraient parmi les blessés, et peut-être les morts.

Quelques heures plus tôt, dans la ville de Gaza, quatre personnes avaient « été tuées dans un raid aérien sioniste qui a visé une voiture civile dans un quartier du centre », selon Ashraf Al-Qodra. Des proches ont identifié l’un des corps comme étant celui de Mohammed Shaaban, 32 ans, un responsable des brigades Ezzedine al-Qassam, la branche armée du Hamas.

Un autre Palestinien est mort dans une frappe aérienne dans la matinée à l’ouest du camp de réfugiés de Nousseirat, dans le centre de la bande de Gaza. Plus tard, quatre Palestiniens ont été tués et 15 autres blessés par une frappe dans le sud de l’enclave palestinienne.

Selon le quotidien Haaretz, Israël envisager de mobiliser 40 000 réservistes. Dans le même temps, le Djihad islamique, groupe rival du Hamas, a envoyé plus de 60 roquettes sur le sud d’Israël. À Ramallah, le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a demandé l’arrêt immédiat des frappes israéliennes sur Gaza. Selon l’agence de presse palestinienne, des colons s’en seraient pris à des Palestiniens dans plusieurs villages de Cisjordanie.

Israël avait déjà frappé plus de cinquante fois Gaza dans la nuit du lundi 7 au mardi 8 juillet. Selon un bilan provisoire des autorités palestiniennes, ces attaques ont fait 17 blessés. Lundi, 8 militants du Hamas avaient déjà été tués, ce qui a poussé le mouvement palestinien à réagir en tirant de nombreuses roquettes.

L’armée israélienne affirme quant à elle avoir touché une cinquantaine de cibles, « dont quatre maisons appartenant à des activistes, des sites de lancement de roquettes, des infrastructures ». Selon la presse israélienne, le cabinet de sécurité a donné son feu vert à l'armée pour « durcir les représailles contre le Hamas », avec notamment le déploiement de dizaines de chars près de la frontière avec Gaza. Israël a également mobilisé plus de 1 500 réservistes après avoir positionné des troupes le long de la frontière. Porte-parole de l'armée, le colonel Peter Lerner a confirmé que l'opération militaire pourrait être amplifiée dans les prochains jours : « Ils ont choisi l'escalade. Notre mission durera le temps qu'il faudra. Nous ne nous attendons pas à une mission de courte durée. »


Frappes israéliennes à Rafah, au sud de Gaza, lundi 7 juillet 
Frappes israéliennes à Rafah, au sud de Gaza, lundi 7 juillet © Reuters

L’armée a investi dans la nuit les réseaux sociaux et publié quantité de graphiques sur son compte Twitter pour représenter Israël et « 3,7 millions d’Israéliens » (sur une population de 8 millions d’habitants) à la merci du Hamas, après le tir lundi de 85 roquettes sur le sud du pays, qui ont blessé légèrement un soldat et endommagé deux maisons.

Des tirs de roquettes qui, contrairement à ceux de la semaine passée, ont cette fois été revendiqués par le Hamas. Les écoles et les camps de vacances situés dans un rayon de 40 kilomètres autour de la bande de Gaza sont fermés mardi. Coincés dans un territoire sous blocus israélo-égyptien, 1,8 million de Palestiniens habitant à Gaza attendent quant à eux dans l’angoisse le sort qui leur sera réservé par l’armée israélienne dans les prochaines heures.

La décision israélienne d’une nouvelle offensive n’était pas attendue. Le premier facteur déclencheur fut l’enlèvement, le 20 juin en Cisjordanie, de trois jeunes Israéliens qui étudiaient dans une colonie. Impliquant directement le Hamas sur la foi de « preuves » avancées par son service de renseignements, quand le mouvement palestinien n’avait aucun intérêt à prendre part à un tel enlèvement et s’était défendu d’y avoir participé, le gouvernement israélien s’est pris les pieds dans le tapis. Il n’imaginait sans doute pas les débordements racistes et meurtriers que cette accusation sans fondement allait entraîner.

Après la découverte des corps de trois Israéliens la semaine passée, une véritable flambée de propos racistes et d’appels au meurtre contre « les Arabes » s’est fait jour sur les réseaux sociaux. Le 2 juillet, Mohammad Abou Khdeir, un Palestinien de 16 ans, a été enlevé dans le quartier de Chouafat, à Jérusalem-Est. Son cadavre a été retrouvé quelques heures plus tard près d'une forêt. Il aurait été brûlé vif, selon les rapports préliminaires d'autopsie. Dimanche, six « extrémistes juifs » ont été arrêtés, selon les autorités israéliennes. L’un d’eux a avoué le meurtre dans la nuit qui a suivi son arrestation. (Lire à ce propos la chronique du député israélien Daniel Ben Simon, qui évoque la manière dont la société a marginalisé par sa radicalité le gouvernement actuel).

À la suite du meurtre du jeune Palestinien, plusieurs manifestations ont eu lieu dans les villes à forte population arabe d’Israël et de Cisjordanie. Des groupes palestiniens armés ont procédé à des lancements sporadiques de roquettes, sans que le Hamas ne soit impliqué, selon sa direction.

Contrairement aux précédentes offensives contre Gaza, le premier ministre Benyamin Netanyahou freinait cependant des quatre fers. Conscient que le climat en Israël l’entraînait dans une radicalité que lui-même ni son parti ne pouvaient maîtriser, il avait d’abord appelé le père du jeune Palestinien pour lui présenter ses condoléances et avait multiplié les appels au calme.

Deux facteurs l’ont finalement décidé lundi soir à réunir son cabinet et à lancer l’opération : la division politique dans sa coalition, et les tirs du Hamas qui, après l’assassinat de huit de ses militants la veille par des frappes de drones israéliens, revendique désormais les tirs de roquettes qui se sont multipliés lundi. Poussé à intervenir militairement par l’ensemble des membres d’extrême droite de son gouvernement, et notamment par Naftali Bennet (fondateur du Foyer juif, parti ultranationaliste, qui a notamment déclaré en juillet 2013, selon le quotidien Yediot Ahronoth : « J'ai tué beaucoup d'Arabes dans ma vie. Et il n'y a aucun problème avec ça ») et Avigdor Lieberman – l’actuel ministre des affaires étrangères qui a annoncé lundi sa volonté de se désolidariser de l’action du premier ministre tout en demeurant au gouvernement –, Netanyahou a finalement privilégié les équilibres politiques internes de sa fragile coalition à sa conviction première qu’une nouvelle offensive israélienne ne résoudrait rien.  

Mardi midi, alors que le premier ministre israélien demandait à son armée de se mettre en ordre pour une éventuelle offensive au sol, selon le site du quotidien israélien Haaretz, le Hamas appelait l'Autorité palestinienne basée à Ramallah à la solidarité avec Gaza. Du mouvement palestinien ou de Netanyahou, aucune des deux parties n’a pourtant intérêt à l'escalade. Mais aussi bien l’armée israélienne que le Hamas sont désormais entrés dans une logique de rapport de force où il s’agit de montrer (à l’extrême droite pour Netanyahou, à son puissant rival, le Djihad islamique, pour le Hamas) qu’on tient tête à l’adversaire. Une fois de plus, ce serait la population qui en paierait le prix, et en premier lieu les Palestiniens. À l’hiver 2008/2009, l’« opération Plomb durci » avait fait plus de 1 500 victimes palestiniennes, dont plus de 700 civils.

 

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Source : www.mediapart.fr

 

 

 


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27 avril 2014 7 27 /04 /avril /2014 23:36

 

 

Source : www.mediapart.fr

 

Israël s'inquiète du boycott international

|  Par Pierre Puchot

 

 

Peu soucieux de l'éventuelle réunification palestinienne, Israël s’inquiète en revanche de l’essor que prend le mouvement international de boycott et de désinvestissement qui frappe son économie. Pour bien des Palestiniens, ce boycott constitue l'ultime carte, quand toutes les autres options ont échoué.

Un accord est intervenu dans la nuit du mardi 22 au mercredi 23 avril lors d'une réunion à Gaza entre une délégation de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) et des dirigeants du Hamas « pour former un gouvernement d'union nationale d'ici cinq semaines », a déclaré un membre de la mission de l'OLP. Composé de technocrates, ce gouvernement permettrait d'en finir avec la division du pouvoir palestinien, effective depuis la victoire du Hamas aux élections de 2006 à Gaza.

Sur le dossier israélo-palestinien en revanche, aucun progrès en vue. Dernier épisode de ce tragique feuilleton : mardi 22 avril, Israël a rejeté les demandes du président palestinien Mahmoud Abbas pour une prolongation des négociations de paix, à une semaine de la fin programmée des pourparlers. Mardi 1er avril déjà, en pleine visite du secrétaire d'État américain John Kerry, venu tenter de maintenir en vie le processus de paix, et alors que les autorités israéliens laissaient entendre qu'elles s'engageraient vers un nouveau « gel partiel de la colonisation » (comme en 2009 lors de la visite d'Hillary Clinton), Israël avait annoncé la relance d'un appel d'offres pour 708 logements à Jérusalem-Est. Et dimanche 6 avril, le gouvernement israélien a menacé les Palestiniens de « représailles », après la décision par l'Autorité palestinienne de demander l'adhésion de la Palestine à quinze traités internationaux. 

« Processus de paix », « gel partiel », « menaces de représailles »... Rien de neuf dans ce vocabulaire. Pourtant, à lire les médias israéliens de près depuis le début de l'année, le lecteur attentif pourrait voir émerger quelques mots nouveaux sous la plume des journalistes et commentateurs israéliens : « boycott », « désinvestissement », « sanctions » ou même « Afrique du Sud ».

Ce qui a changé en ce début d’année 2014, c’est la nature et la portée de la menace à laquelle Israël doit désormais faire face. Début janvier, alors qu'entrent en vigueur les nouvelles directives de l'Union européenne interdisant toute subvention de l'UE à une entreprise ou association israélienne implantée dans les Territoires palestiniens occupés, plusieurs responsables politiques israéliens le clament haut et fort : le boycott constitue désormais une menace à prendre très au sérieux. « Si les négociations avec les Palestiniens échouent et que le boycott européen intervient, même partiellement, l’économie israélienne en pâtira et tout Israélien sera directement affecté, d’un point de vue économique », expliquait, le 31 janvier 2014, le ministre des finances israélien, Yair Lapid, du parti centriste Yesh Atid (« Il y a un avenir »). Le même jour, Lapid a révélé le contenu d’une étude réalisée par son ministère en 2013. En cas de sanctions économiques de la part de l'Union européenne, les exportations annuelles d'Israël vers l’UE diminueraient de 20 % en un an. Une perte nette de 4,2 milliards d’euros pour l'économie israélienne.

Dans un entretien à la chaîne israélienne Channel 2 accordé mi-janvier, l’ancien premier ministre Tzipi Livni ne disait pas autre chose : « Le monde ne comprend pas les implantations (sous-entendu "israéliennes en Cisjordanie"), affirme-t-elle. Les négociations de paix constituent une véritable digue contre cette vague (du boycott international). » Interrogée sur le risque pour Israël de se voir isolé à la manière de l’Afrique du Sud au milieu des années 1970, Livni répond sans détour : « Je crie :“réveillez-vous”», conclut-elle.

Conscient de l’enjeu, le premier ministre Benjamin Nétanyahou a lui-même évoqué le sujet début mars à Washington, devant le congrès du lobby pro-israélien AIPAC (American Israel Public Affairs Committee, lire notre enquête, Comment le lobby pro-israélien a fait reculer Obama). Inquiet du phénomène, Nétanyahou a également transféré dès juin 2013 la tâche de superviser la riposte médiatique et politique à la campagne « BDS » – pour « Boycott, désinvestissement, sanctions » – du ministère des affaires étrangères à celui des affaires stratégiques.

À l’initiative de ce mouvement international de boycott des produits israéliens, « BDS » est désormais sous les feux de la rampe. Comment ce mouvement se structure-t-il ? Représente-t-il une menace réelle capable, comme l’affirment ses partisans, de contraindre à terme Israël à évacuer les Territoires occupés ? Initiative de militants associatifs palestiniens auteurs d'un appel rendu public le 9 juillet 2005, l’objectif de BDS est de dénoncer la responsabilité selon eux du gouvernement israélien dans la dégradation de la situation au Proche-Orient et de pousser à une campagne internationale de boycott contre l’État d’Israël. Signé par 170 associations et organisations de Gaza, de Cisjordanie, d’Israël, et des camps de réfugiés, cet appel est lancé un an jour pour jour après l’avis de la Cour internationale de justice (CIJ) demandant la destruction du mur construit par Israël le long de la ligne verte pour séparer la Cisjordanie de son territoire. L’appel BDS affirme ainsi en substance : « Nous avons la légalité internationale avec nous, comme le stipule l’avis de la CIJ. Mais les institutions internationales ne prennent pas leurs responsabilités, nous appelons donc les populations et les mouvements de solidarité à prendre les leurs, et à sanctionner Israël en boycottant ses produits. »

Outre la décision de la CIJ, l’autre facteur qui explique alors la naissance de BDS est inter-palestinien, après le double échec de la stratégie négociée via le processus d’Oslo, et celle de la lutte armée, qui a abouti en 2003 à la quasi-paralysie du mouvement national palestinien. BDS se conçoit dès l'origine comme totalement autonome de l’Autorité palestinienne présidée par Mahmoud Abbas. La plupart des personnalités à l’initiative de BDS ont fait leurs armes dans les années 1980 pendant la première intifada, avant d’être marginalisées sur la scène politique suite aux accords d’Oslo, et de s'estimer flouées par le monopole sur les responsabilités exercées par la direction historique de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). Ce sont des personnalités issues de la gauche palestinienne, qui s’étaient tournées à la fin des années 1990 vers les ONG et collectifs (contre le mur, les destructions de maisons palestiniennes à Jérusalem.)

 

 

Parmi eux, on retrouve l’activiste Omar Barghouti : « Nous en appelons aux organisations de la société civile internationale et à la conscience des populations pour imposer le boycott et entamer des initiatives de désinvestissement contre Israël semblables à celles qui ont été appliquées à l’Afrique du Sud pendant l’ère de l’apartheid, affirme à Mediapart ce co-fondateur du mouvement BDS. Aujourd’hui, le mouvement global BDS est mené par la plus large coalition au sein de la société palestinienne, le comité national BDS (BNC). BDS appelle à la fin de l’occupation par Israël des territoires palestiniens et arabes occupés depuis 1967, en incluant le démantèlement du mur et des colonies ; à la fin du système israélien de discrimination racial contre les citoyens palestiniens, qui recouvre la définition donnée par l’ONU de l’apartheid (Omar Barghouti fait ici référence au traité de Rome) ; et le droit au retour des réfugiés palestiniens dans leurs maisons d’origine, tel que mentionné par les Nations unies. »

Principale ambiguïté de cet appel de BDS, qui a longtemps occupé les débats autour de la campagne dans les médias internationaux : pourquoi faire l’amalgame entre le boycott d’Israël et celui des produits issus des Territoires palestiniens, dont l'occupation fait l'objet de plusieurs résolutions des Nations unies demandant à Israël de s'en retirer ? « Il y a un débat à l’intérieur du mouvement BDS sur le type de boycott à mettre en place, explique Julien Salingue, chercheur spécialiste du mouvement national palestinien, co-directeur de l'ouvrage Israël, un État d'apartheid ?, paru en 2013 à L'Harmattan (lire sous l'onglet «Prolonger» l'article de François Dubuisson : «La notion d'apartheid en droit international : questions pour une application au cas d'Israël») et membre du Nouveau parti anticapitaliste (NPA), signataire de l'appel BDS. En France notamment, l’interrogation portait sur le fait de simplement appeler à boycotter les produits des colonies, ou l’ensemble des produits israéliens. La réponse des animateurs palestiniens de la campagne BDS est de dire : "Il n’y a pas de séparation structurelle entre l’économie des colonies et l’économie israélienne. Les deux sont totalement imbriquées, et ce n’est pas l’occupation qu’il faut boycotter, c’est Israël." Au final, c’est Israël qui règle le problème, si je puis dire, puisque le gouvernement lui-même refuse de faire la distinction entre les produits des colonies et ceux fabriqués en Israël. S’il refuse cette traçabilité, comment le mouvement BDS pourrait-il faire la différence ? »

Si BDS effraie désormais les responsables israéliens, cela s'explique par la conjonction de deux phénomènes : le boycott économique, qui va croissant même s’il demeure difficilement quantifiable, et le boycott culturel.

PGGM, Sodastream... Le boycott occupe les médias

Début janvier, l’annonce a fait sensation aux Pays-Bas : le fonds d’investissement PGGM, qui pèse 150 milliards d’euros (ce qui fait de lui un fonds intermédiaire dans la hiérarchie des fonds), a annoncé sa décision de ne plus investir dans cinq banques israéliennes impliquées dans la colonisation de la Cisjordanie (Bank Hapoalim, Bank Leumi, First International Bank of Israel, Israel Discount Bank, Mizrahi Tefahot Bank). Comment expliquer une telle décision ? Face aux attaques, manifestations devant ses locaux et accusations d’antisémitisme, PGGM a publié une lettre dans laquelle il explique le motif de sa démarche : « L’implication (de ces banques) dans le financement des implantations israéliennes dans les territoires occupés palestiniens était pour nous un problème, puisque ces implantations sont considérées comme illégales au regard du droit humanitaire international. De plus, poursuit le communiqué, les observateurs internationaux ont indiqué que ces implantations constituaient un obstacle important à une solution de paix (à deux États) pour le conflit israélo-palestinien. »

Dans sa lettre, PGGM fait également mention de la décision prise en 2004 par la Cour internationale de justice. Une question demeure : pourquoi se désinvestir des cinq banques israéliennes en ce début d'année 2014 ? Contacté par Mediapart, PGGM explique que « la décision a été prise après un processus de discussion/dialogue de près de trois années avec ces cinq banques. Et non, contrairement à ce qui a été écrit dans les médias, nous n’avons pas été en contact direct avec les gens de BDS », nous confie Wout Dekker, le directeur des relations publiques de PGGM.

La version du collectif BDS d’Amsterdam est tout autre : « Je crois que PGGM ne veut surtout pas être associé au terme “boycott”, qui leur semble déplaisant, comme à beaucoup de gens aux Pays-Bas, nous explique Sonja Zimmermann, qui coordonne les activités de BDS aux Pays-Bas. La formule “Boycott Israël” était très impopulaire lorsque nous avons commencé la campagne aux Pays-Bas. Ici, c’est très vite associé avec le fait de boycotter des magasins juifs, comme lors de la Seconde Guerre mondiale. Nous avons dû faire œuvre de pédagogie car c’est toujours très sensible. »        

Le lobbying de BDS envers PGGM remonte à plusieurs années. En 2011, quand le tribunal Russel pour la Palestine est créé à Londres, Hans Alders, du fonds de pension PFZW (dont la structure PGGM gère le portefeuille), est invité par BDS dans le cadre de sa campagne « sur la complicité des entreprises internationales avec l’occupation israélienne des Territoires ». « Avant même la mise en place du tribunal, de nombreuses organisations néerlandaises avaient écrit au fonds, se souvient Soja Zimmermann. J’étais moi-même directement impliquée dans ces démarches, en tant que coordonnatrice de la campagne BDS à l’époque, et dès 2009, nous leur avions explicitement demandé de se désinvestir de ces banques. » La décision de PGGM n’est pas une initiative isolée aux Pays-Bas. Fin décembre 2013 notamment, l’entreprise Vitens, fournisseur d’eau potable aux Pays-Bas, a annoncé sa volonté de mettre fin à son accord de coopération avec Mekorot, la compagnie nationale d’eau israélienne.

En pointe dans la campagne de boycott, les Pays-Bas demeurent ce pays paradoxal, qui s’est abstenu lors du vote de l'Assemblée générale de l'ONU le 29 novembre 2012 qui permit d'admettre la Palestine aux Nations unies avec le statut d'État non-membre. Ce pays considère alors officiellement que la Palestine n’avait de toute manière pas besoin de sa voix pour obtenir ce statut. Le positionnement du gouvernement néerlandais est pourtant pour beaucoup dans les positions adoptées par les entreprises qui ont choisi de « désinvestir », puisqu'il a officiellement découragé à plusieurs reprises, par la voix de son ministre des affaires étrangères, les investissements dans les entreprises et banques israéliennes dans les colonies. « Cela a sans doute eu une influence, et peut-être que le fonds s’est dit alors : "c’est le bon moment pour se retirer", commente Sonja Zimmermann, de BDS Pays-Bas. La Hollande a toujours été le grand ami d’Israël, et je crois que c’est cette image qui permet au gouvernement d’agir ainsi, grâce au crédit gagné auprès des Israéliens. »

Ailleurs en Europe, la décision PGGM n’est désormais qu'une initiative spectaculaire parmi d’autres. L'Allemagne elle-même a annoncé sa décision de cesser de financer les entreprises de high-tech qui traiteraient avec des entreprises implantées dans les colonies israéliennes en Cisjordanie (lire l'article du quotidien israélien Haaretz).

 

Voir l'image sur Twitter

The sip heard around the world: Scarlett Johansson, Super Bowl and http://htz.li/1afUNwc  

 

En mars 2014, c’est finalement l’« affaire Sodastream », du nom d'une entreprise israélienne spécialisée dans la fabrication d'appareils de gazéification de boissons, qui a porté la question du boycott sur le devant de la scène mondiale. Ayant suscité une vive controverse, l’actrice américaine Scarlett Johansson préfère quitter sa mission d’ambassadrice de l'ONG Oxfam plutôt que de renoncer à son contrat publicitaire avec la compagnie Sodastream, dont l’usine est située en Cisjordanie. Pour sa défense, l’actrice explique notamment que l’illégalité de l’occupation de la Cisjordanie par Israël et les résolutions des Nations unies ne lui paraissent pas pertinentes, de même que, selon elle, la fermeture de l’usine ne saurait constituer « une solution pour les travailleurs palestiniens » qui y sont employés. 

Depuis le début de la campagne, l’ensemble des syndicats palestiniens sont pourtant adhérents de BDS. La convention de Genève proscrit par ailleurs la colonisation d'États occupés, et la commission européenne interdit désormais que les produits fabriqués dans les colonies de Cisjordanie soient exportés sous le label « made in Israël ». Davantage que l’argument légal, c'est l'aspect « moral » de cette affaire qui fait bondir les militants de BDS : « À Gaza comme en Cisjordanie, vous avez des Palestiniens sans citoyenneté qui vivent sous domination israélienne, témoigne Shir Hever, économiste israélien membre de l'organisation « Boycott from within », basée en Israël et affiliée à BDS. Et de manière graduelle, Israël confisque leurs terres, emploient des Palestiniens à des salaires très faibles, et qui ne sont pas traités de la même manière qu’un travailleur israélien. Le pire, s'émeut Shir Hever, c’est de voir les patrons de ces entreprises utiliser les employés palestiniens comme des "otages" contre les menaces BDS. Les syndicats palestiniens soutiennent BDS, en dépit des pertes d’emplois que cela peut entraîner, parce que les Palestiniens voient très bien ce que fait Israël, et qu’ils sont prêts à payer le prix pour lutter contre la dépossession de leur terre. »

Que l’on prenne le parti de l’actrice américaine, des militants d’Oxfam ou de ceux de BDS, l’affaire Sodastream a mis en lumière la question du boycott comme jamais auparavant. « Sodastream a révélé au grand public un mouvement de fond, explique le chercheur Julien Salingue. C’est l’image de la taupe, qui creuse ses galeries : ce n’est qu’au moment où elle sort que l’on se rend compte de ce qui a été creusé. Un mouvement massif s’est aujourd’hui développé à l’échelle internationale, et en Israël, on en a conscience depuis un certain temps maintenant, avec notamment la volonté de mettre en place une législation répressive contre BDS. »

En Israël, la plupart des responsables politiques continuent cependant de nier l’impact d’un phénomène par ailleurs difficilement quantifiable sur le plan économique.

« Ce boycott, c'est du bluff »

En Israël, la question du boycott a longtemps été taboue. Pour certains membres du Likoud, le parti du premier ministre Benjamin Nétanyahou, elle ne se pose d’ailleurs même pas. « C’est du bluff ! affirme à Mediapart Emmanuel Navon, professeur de relations internationales à l’université Ben Gourion de Tel-Aviv et membre du comité central du Likoud. Je pense d’abord que l’économie israélienne est "in-boycottable", parce que beaucoup trop développée, et incontournable, et en particulier pour l’Europe qui a besoin de technologies israéliennes. Du point de vue économique, Israël n’a donc rien à voir avec l’Afrique du Sud, qui intéressait surtout les Occidentaux pour les débouchés en matière de vente d’armes. »

Emmanuel Navon, qui réside lui-même dans une colonie près de Jérusalem, ne s’inquiète pas plus des éventuelles sanctions venues de l’Union européenne : « La communauté européenne a toujours été contre l’occupation, en tout cas depuis la guerre du Kippour en 1973, affirme-t-il. Rien de nouveau là-dessus. En revanche, il est intéressant de voir la politique du deux poids, deux mesures, de la commission et des gouvernements européens, qui financent des projets turcs dans la partie occupée au nord de Chypre. Récemment, la commission a également signé un accord de pêche avec le Maroc qui inclut le Sahara occidental… Si les tribunaux européens se mettaient à valider les plaintes de BDS, cela ouvrirait une boîte de Pandore bien au-delà du cas israélien. »

Navon envisage la question du boycott séparément de BDS. Pour lui, elle émane en fait directement de la gauche israélienne. « Il s'agit en réalité d'un boycott "Made in Israël", porté par des gens de gauche comme Alon Liel, qui a écrit notamment un article dans lequel il explique qu’Israël ne peut faire la paix sans pression de l’extérieur, affirme-t-il. Autrement dit, la gauche emploie l’argument des sanctions internationales parce qu'elle n’arrive pas à convaincre les Israéliens de voter pour elle lors des élections. Et puis, il faut aussi ramener le phénomène à ses véritables proportions : quand la banque danoise Danske bank a annoncé qu’elle retirait ses investissements de la banque Hapoalim, ces investissements étaient de toute manière très faibles. En outre, l’annonce de PGGM a eu pour effet de pousser son concurrent hollandais à affirmer qu’il n’avait aucune intention de boycotter Israël. C’est donc une tempête dans un verre d’eau. »

Du bluff, le boycott ? Mesurer concrètement son impact relève du parfait casse-tête. Aucun des dirigeants d’entreprises israéliennes contactés par Mediapart n’a souhaité communiquer sur ce sujet qui relève pour eux du tabou absolu. Quantifier l’impact du boycott demanderait d’avoir accès aux comptes des entreprises, et recueillir des données poussées pour déterminer si la baisse éventuelle de recettes dépend des fluctuations du marché ou des effets du boycott. « Vous voudriez qu’elles vous donnent accès à leurs données, pour pouvoir protester ensuite auprès du gouvernement qui, par ses choix politiques, les empêche de gagner de l’argent, estime Shir Hever, économiste israélien, membre de « Boycott from within » en Israël, un groupe associé à BDS... La réalité, c’est que les entreprises préfèrent cacher le fait qu’elles perdent de l’argent. Un ami qui travaille dans une entreprise high-tech m’avait confié en 2010 qu’ils avaient perdu ainsi un contrat de 8 millions de dollars, avant de me demander de ne rien en dire. Les entreprises pensent encore que le meilleur moyen de lutter contre BDS, c’est de nier son existence. En ce sens, elles sont complices du gouvernement. »

Restent les données transmises par Boycott from within. Après l’invasion de Gaza en janvier 2009, l'organisation représentant l'ensemble du secteur industriel israélien, Manufacturers Association of Israel, avait demandé, selon Shir Hever, aux compagnies israéliennes exportatrices si elles avaient été affectées par le boycott, et dans quelles proportions. Parmi elles, 21 % répondaient « oui », et estimaient leurs pertes à 10 % de leurs exportations. « Le sondage n’a pas été rendu public, explique l'économiste israélien. En faisant une projection, vous pouvez facilement estimer que 2 % des exportations ont été perdus cette année-là. 2 %, c’est énorme, car cela suffit à ce que l’économie israélienne ressente les effets de ce boycott. De même, lorsque les artistes ont commencé à boycotter Israël, les producteurs ont demandé une cession extraordinaire en 2011 à la Knesset (Parlement israélien), au cours de laquelle ils ont mentionné le chiffre de 10 millions de dollars de pertes. Pour un secteur d’activité, c’est significatif. » Autre élément de contexte : la tenue d'une première réunion de crise, organisée dès 2011 et rassemblant les 80 entrepreneurs israéliens les plus importants pour traiter de la menace du boycott.

 

Emmanuel Navon en 2011 (au centre) lors du procès symbolique intenté contre le juge Goldstone, rapporteur de l'ONU  
Emmanuel Navon en 2011 (au centre) lors du procès symbolique intenté contre le juge Goldstone, rapporteur de l'ONU © E. Navon

Mais les données économiques ne constituent pas l'unique indicateur qui permette de mesurer l’impact du boycott. « Nétanyahou a fait une déclaration à Davos en janvier cette année pour dire qu’il considérait BDS comme une organisation d’antisémites, rappelle Shir Hever. C’est très intéressant, car ces dernières années, le ministère des affaires étrangères a été très prudent. Cette sortie de Nétanyahou montre bien que le gouvernement est arrivé à court d’argument. Désormais, ils abattent leur dernière carte, celle de l’accusation d’antisémitisme, alors même que BDS inclut de nombreux membres de la communauté juive de par le monde. »

Pourquoi Shir Hever s’est-il lui-même impliqué dans la campagne pour le boycott ? « En tant qu’Israélien, et en tant que Juif, j’ai grandi dans ce pays en estimant que vouloir vivre dans une démocratie, avec les mêmes droits pour tous, n’était pas quelque chose d’incongru, et ne faisait pas de moi quelqu’un de fou ou de radical, confie-t-il. Je comprends que les Palestiniens souhaitent se battre pour leurs droits légitimes. Et je m’interroge : quelle est la meilleure façon pour eux de le faire ? En Algérie, les habitants ont combattu les Français, il y a eu des centaines de milliers des morts. C’est dans mon intérêt, en tant qu’Israélien et en tant que Juif, que les Palestiniens choisissent une méthode pacifique de lutte pour obtenir leur liberté. Et BDS représente cette option. BDS ne fait pas le siège d’Israël comme Israël le fait contre Gaza. BDS est beaucoup plus sélectif, fondé sur les droits de l’homme, et ne vise pas à créer un État seulement ouvert aux musulmans ou aux Arabes. » Shir Hever considère son rôle et celui de son organisation comme celui d'un lanceur d'alerte, dont la tâche est de récolter des documents et témoignages sur les entreprises israéliennes qui feraient mention d'adresses en Israël sur leurs produits pour pouvoir les exporter en Europe, et installent cependant leurs usine en Cisjordanie, dans les colonies. « Le cas le plus célèbre, c’est Sodastream, glisse Shir Hever. J’ai vu de mes propres yeux comment les poivrons, cultivés dans la vallée du Jourdain par des Palestiniens, sont mélangés avec des poivrons cultivés en Israël, avant l’export, sous l’étiquette “Made in Israël”. »

Au sein de la société israélienne, Boycott from within ne regroupe qu’une poignée de militants actifs et demeure largement minoritaire, y compris au sein des organisations de gauche qui soutiennent la solution à deux États. En septembre 2011, Mediapart rencontrait Yael Patir alors qu’elle menait la campagne “ 50 raisons pour lesquelles Israël devrait reconnaître l’État palestinien ” à destination des citoyens israéliens. Sa position sur le boycott était alors mitigée : « Il arrivera peut-être un moment où je vous dirai : va pour le boycott, car nous n'avons plus d'autre option. Mais je ne crois pas que nous y sommes. » Aujourd’hui employée par le lobby israélien J-Street (qui milite entre autres auprès des représentants du congrès américain pour les sensibiliser à la nécessité d’aboutir à une solution à deux États), la jeune femme continue de placer sa réflexion dans le cadre classique du processus de paix israélo-palestinien, en écartant la question du boycott : « Quand vous évoquez la question de la pression (internationale à exercer sur le gouvernement israélien), celle-ci peut prendre bien des formes, estimait Yaël Patir, interrogée à nouveau fin mars 2014 par Mediapart. Vous pouvez par exemple penser à des pressions positives et incitatives, comme le package offert par l’Union européenne en échange de progrès sur le front palestinien. Cela étant dit, je pense que boycotter Israël n’apportera tout simplement aucun résultat à court terme. »

En Israël, aucun parti politique ne soutient BDS. Les partis de gauche Meretz et Khadash soutiennent cependant le boycott des produits des colonies. « En Israël, tous les partis sionistes (sous-entendu toutes les organisations à l'exception des communistes de Khadash) sont très clairs sur le fait qu’ils rejettent les frontières de 1967, l’idée d’un État démocratique avec les mêmes droits pour tous, et le retour des réfugiés, souligne Shir Hever. Essayer de convaincre le gouvernement israélien est ridicule. C’est la même chose qu’avec l’Afrique du Sud, et l’idée que l’on pouvait convaincre le gouvernement d’apartheid de donner des droits aux populations marginalisées. Ça ne marche pas comme ça. Les Palestiniens luttent pour leur libération, et à un certain point, le gouvernement israélien n’aura pas d’autre choix que de l’accepter. »

En attendant, une loi votée à la Knesset condamne tout Israélien qui soutiendrait le boycott, et autorise toute entreprise qui s’estimera victime de ce boycott à porter plainte et exiger des compensations des entreprises israéliennes ou internationales qui le soutiendraient. Le texte n’a cependant, pour l’heure, jamais été appliqué par un tribunal car il fait toujours l’objet d’un débat au sein de la Haute cour constitutionnelle.   

Ce type de loi constitue toutefois l'une des réponses appropriées face à BDS, selon Emmanuel Navon, du Likoud : « La riposte de Benjamin Nétanyahou est à la hauteur, juge-t-il. Si les sociétés internationales veulent céder aux menaces de BDS, qu’elles sachent qu’Israël a tout à fait les moyens de mener des campagnes contre elles pour dénoncer leurs investissements dans des dizaines de territoires occupés dans le monde… »

Ce traitement légal réservé aux Israéliens partisans du boycott n’est pas unique au monde. Un autre pays est observé avec inquiétude par les membres de la campagne BDS. Il s’agit de la France.

En France, la menace judiciaire

« Dieu merci, nous ne sommes pas traités de la même manière que les militants français, soupire Sonja Zimmermann, de BDS Pays-Bas. Ce qui se passe chez vous nous inquiète d’ailleurs beaucoup. Encore une fois, notre chance est d’avoir le gouvernement avec nous. » En France, les procès se sont multipliés depuis 2010 contre les militants de BDS, principalement des actions de ce type dans des supermarchés mettant en vente des produits israéliens :

 

 

Assimilé à de l'incitation à la haine raciale et à la discrimination, l’appel au boycott est alors considéré en France comme une infraction pénale, avec des amendes pouvant aller jusqu’à 45 000 euros et un an d’emprisonnement, conformément à l'article 24 de la loi de 1881 sur la liberté de la presse. À l’origine de la plupart des poursuites contre les militants BDS, la « circulaire Alliot-Marie » (du nom de la ministre de la justice alors en poste) diffusée le 12 février 2010, et par laquelle le ministère demande aux procureurs de la République d’assurer une répression « ferme et cohérente » des actions de boycott, la chancellerie considérant tout appel au boycott des produits d’un pays comme une « provocation publique à la discrimination envers une nation ».

Depuis l’arrivée de Christiane Taubira au poste de garde des Sceaux en 2012, les condamnations n’ont pas cessé. À la suite de deux actions dans des magasins Carrefour en septembre 2009 et mai 2010, douze militants de BDS ont notamment été poursuivis pour  incitation à la discrimination et à la haine raciale, à la suite de plaintes de la chambre de commerce France-Israël, l’Alliance France-Israël, le Bureau de vigilance contre l'antisémitisme, Avocats sans frontières et la Licra. Ces militants ont été relaxés par le tribunal correctionnel de Mulhouse le 17 novembre 2011. Une décision dont le parquet général a fait appel. Les douze militants BDS ont finalement été condamnés le 27 novembre 2013 par la cour d'appel à 1000 euros d'amende avec sursis, mais également à verser 120 euros par personne de droit fixe de procédure et 28 000 euros de dommages et intérêts et de frais de justice, à répartir entre les différentes organisations plaignantes… « C’est un acharnement systématique pour faire taire les militants de la campagne, parce qu’elle prend de l’ampleur, estime Imen Habib, une des coordinatrices du mouvement BDS France, qui réunit plus de 40 associations et organisations politiques, dont le Parti de gauche, qui l’a rejoint récemment, la confédération paysanne, Artisan du monde ou l’Union juive française pour la paix. 

Partie civile dans le procès de Mulhouse, la Licra rejette l'idée « d'acharnement » avancée par BDS. « Nous sommes une association universaliste, qui a par conséquent vocation à se saisir de l’ensemble des faits de nature raciste et antisémite et donc à se constituer partie civile, déclare à Mediapart l’avocat Rodolphe Cohen, président de la Licra-Mulhouse et membre du bureau exécutif de la Licra. Concernant les faits de Mulhouse, nous avons considéré que les propos tenus et ceux pour lesquels les douze prévenus étaient poursuivis étaient constitutifs d’incitation à la haine raciale. À mon sens, le slogan qui dit "acheter des produits israéliens, c’est cautionner les crimes de Gaza" (perpétrés par l’armée israélienne contre Gaza, notamment durant l’opération Plomb durci à l’hiver 2008-2009, où près de la moitié des 1400 victimes palestiniennes furent des civils), c’est dire que les producteurs israéliens sont des criminels. Dire cela, c’est de l’incitation à la haine raciale, ou nationale. » 

Rodolphe Cohen souligne le fait que la Licra n’est pas partie civile dans tous les procès BDS, et estime que l’affaire de Mulhouse n’« a rien à voir » avec d’autres actions, qui dénoncent l’existence « Made in Israël » sur les produits fabriqués en Palestine. Toutes les décisions de justice ne vont d'ailleurs pas dans le même sens que celle de Mulhouse. Mercredi 5 février, la cour d’appel de Paris a ainsi prononcé la nullité des poursuites à l’encontre de quatre militants BDS et l’irrecevabilité de la constitution de partie civile pour la Chambre de commerce France-Israël.

Dans l'argumentaire du président de la Licra-Mulhouse, la frontière entre les deux actions en justice demeure pourtant subtile, puisqu’il considère tout de même que « demander le boycott d’une catégorie de producteurs en fonction de leur nationalité, c'est un appel à la discrimination ». La relation directe que propose ici Rodolphe Cohen entre boycott et appel à la discrimination ne contiendrait-elle pas un part de subjectivité ? « Bien sûr, il y a là place à l’interprétation des tribunaux, concède-t-il. Mais dans les cas qui nous intéressent, ils ont considéré qu’il s’agissait bien d’incitation à la discrimination, y compris au niveau de la Cour de cassation. »

Comment prendre en compte alors dans ce raisonnement les directives de l’Union européenne, qui interdisent de subvention toute entreprise ou organisation israélienne installée dans les territoires occupés ? Ne s’agit-il pas ici d’une mesure de boycott de la part de l’UE ? Peut-on donc l’associer directement à une « incitation à la discrimination » ? « C’est autre chose, l’arrêt de subventions, c’est une décision politique de la part de l'Union européenne », estime Rodolphe Cohen. Et la décision de PGGM de ne plus investir dans cinq banques israéliennes, ne relève-t-elle pas du même type de raisonnement que celles des militants de BDS ? « Sans doute, mais ce n’est pas un raisonnement qui entre dans le cadre de notre législation française. Encore une fois, tout dépend des termes employés. »

Malgré ces difficultés judiciaires, le mouvement BDS progresse en France, principalement par le biais du boycott culturel. Un appel d’illustrateurs invités à Angoulême contre le partenariat conclu par le festival de bande dessinée avec Sodastream a suscité une large couverture médiatique (lire notamment l’article du Parisien), sans toutefois que le directeur du festival ne cède. Mais d’autres actions de lobbying des partisans du boycott ont été couronnées de succès. « Parmi les derniers artistes à s’être prononcés, Titi Robin a fait une déclaration pour dire qu’il n’ira pas chanter à Jérusalem, devant un public israélien alors que les Palestiniens, qui habitent à quelques kilomètres de là, ne pourraient pas venir l’écouter, rappelle Imen Habib. Cela n’aurait certainement pas été le cas il y a quelques années. »

BDS construit en outre son argumentaire à destination du monde universitaire autour de la décision, annoncée le 16 décembre 2013, de l’un des principaux syndicats américains d’enseignants-chercheurs, l'Association of American Studies, de rejoindre la campagne de boycott universitaire d'Israël.

Observateur attentif de la campagne BDS, le professeur à l’université Ben Gourion de Tel-Aviv, Emmanuel Navon, par ailleurs membre du comité central du Likoud, prend l’exemple des procès intentés cette fois par BDS contre des sociétés internationales impliquées dans les colonies israéliennes pour conclure qu'« au contraire, la dynamique BDS s’affaiblit, les militants perdent procès sur procès. Le 22 mars 2013, rappelle-t-il, la cour d’appel de Versailles a notamment rejeté la plainte de l’association France-Palestine contre la société Alsthom, qui a construit le tramway de Jérusalem, en estimant que même si l’on considère que Jérusalem-Est est occupé, la convention de Genève permet tout à fait à l’occupant de construire des infrastructures. Le 23 janvier 2014, c’est la Cour de cassation qui a confirmé la condamnation de France-Palestine qui voulait boycotter le produit Sodastream en France. »

Malgré ces démêlés judiciaires, le phénomène BDS a pris une telle ampleur qu’en Palestine, certains l’envisagent désormais comme une solution politique à part entière, face à la division du leadership palestinien entre Gaza et la Cisjordanie, qui dure depuis 2006.  

Demain, la fin de l’occupation grâce à BDS ?

 

 

Si incertain qu’il puisse parfois paraître, le succès croissant de BDS ne doit rien au hasard. « Les Palestiniens ont lancé cet appel au boycott après avoir conduit des études économiques, explique Shir Hever, de Boycott from within. Ils ne peuvent pas détruire l’économie israélienne, ils le savent. Le but de BDS, c’est que les Israéliens prennent conscience que la communauté internationale se rend compte de ce que fait Israël, l’apartheid, l’occupation, la colonisation, et qu’elle ne l’accepte plus. De ce point de vue, le boycott est un véritable succès. Comme en Afrique du Sud, à la fin, ce sont les gouvernements qui prendront le relais, et sanctionneront Israël. »

Comme Arafat en son temps, qui était parvenu à introduire la lutte des Palestiniens dans les salons et chancelleries du monde, BDS ravive un sujet devenu marginal avec l’enlisement des négociations de paix, puis le début et les conséquences du printemps arabe.

De plus en plus de Palestiniens en sont convaincus, des syndicats aux représentants des associations membres de BDS : face à la division du leadership palestinien, et l'incapacité du processus de paix à mettre fin à l’occupation israélienne, les seuls progrès obtenus ces derniers années l'ont été grâce à la campagne de boycott. Jusqu’à faire émerger une nouvelle force politique ? « À ce jour, nous n’avons pas de mandat démocratique pour diriger, explique Omar Barghouti. La plupart des Palestiniens se sentent dépourvus de "leaders". Le mouvement BDS, bien que soutenu par une large majorité de partis palestiniens, syndicats et organisations, dont beaucoup liées au Fatah, est un mouvement pour les droits humains, et non politique. Il n’est pas mandaté pour jouer un rôle politique en tant que tel. BDS ne peut pas remplacer les partis politiques et le rôle que l’on attendrait qu’ils jouent. »

En Palestine, le mouvement a pourtant acquis un poids politique considérable, jusqu’à embarrasser les partis classiques. « Il y a d’abord eu de la défiance de la part de l’Autorité et du Hamas, parce que c’était nouveau et autonome, et cela a été perçu comme une contestation du leadership, explique le chercheur Julien Salingue. Le mouvement se développant, et les animateurs ayant eu la présence d’esprit de faire un appel le plus large et unitaire possible au sein du camp palestinien, il n’y a pas eu de prise de position officielle contre BDS. Côté Autorité, il y a cependant le problème né du processus négocié : à partir du moment où le mouvement BDS appelle à boycotter les représentants israéliens, y compris diplomatiquement et politiquement, il y a un angle mort, puisque la direction de l’Autorité demeure en négociation permanente avec Israël. » Pour l'Autorité palestinienne, l'autre écueil est économique, alors que les partenariats entre les dirigeants palestiniens et les entreprises israéliennes se sont multipliés. «Il y a trois ans, rappelle Julien Salingue, l’ancien premier ministre Salam Fayyad a tenté de transformer BDS en campagne de boycott des produits des colonies, avec la destruction symbolique de produits dans les supermarchés palestiniens, etc. Cette tentative de détournement et de récupération de la campagne a échoué, car les animateurs de BDS ont construit leur légitimité à l’échelle internationale. »

Reste que le basculement, si la stratégie du boycott s'avère efficace, devra se faire en Israël, et non dans les territoires palestiniens. Quel type d’isolement pourrait, au bout du compte, pousser les Israéliens eux-mêmes à faire pression sur leur gouvernement pour un changement de politique à l’égard des Palestiniens ? « C’est une question très intéressante : quand les Israéliens ouvriront-ils enfin les yeux ? s’interroge Shir Hever, cet économiste israélien, membre de Boycott from within en Israël. Pour l’Afrique du Sud, plusieurs chercheurs estiment que c’est au moment où les équipes sportives n’ont plus été autorisées à participer à des tournois internationaux, que la population a commencé à se réveiller. En Israël, nous n’en sommes pas encore là. Mais le boycott culturel a bien un impact, quand les artistes, tel Elvis Costello, ont commencé à refuser de venir jouer en Israël du fait de la colonisation. C'est grâce à ce type d'action que l'on voit des reportages et qu'on lit des articles consacrés au boycott en Israël. » Depuis, plusieurs dizaines d’artistes ont refusé de se produire en Israël. Pour Omar Barghouti, l’issue est plus proche que jamais : « Israël reconnaît désormais officiellement BDS comme une "menace stratégique". Notre "moment sud-africain"» va finir par survenir. »

 

Lire aussi

 

 

Source : www.mediapart.fr

 

 


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13 janvier 2014 1 13 /01 /janvier /2014 14:43

 

Source : www.lepoint.fr

Le Point.fr - Publié le 04/03/2013 à 13:40 - Modifié le 05/03/2013 à 09:20

Le ministère israélien des Transports a annoncé la création de nouvelles lignes exclusivement réservées aux travailleurs palestiniens qui se rendent en Israël.

Des Palestiniens à bord d'un bus israélien qui leur est exclusivement réservé, ce lundi 4 mars. Des Palestiniens à bord d'un bus israélien qui leur est exclusivement réservé, ce lundi 4 mars. © MENAHEM KAHANA / AFP

S'il ne s'agit pas officiellement de ségrégation raciale, cela en a tout l'air. Le ministère israélien des Transports a annoncé dimanche la création de nouvelles lignes de bus exclusivement réservées aux usagers palestiniens travaillant dans l'État hébreu. La mesure concerne les lignes qui partent du point de passage d'Eyal, situé près de la ville palestinienne de Qalqilya, et qui rejoignent la métropole de Tel-Aviv. Elle touche toutes les populations arabes de Cisjordanie bénéficiant de permis pour travailler quotidiennement dans l'État hébreu.

Officiellement, c'est le bien-être des Palestiniens qui est visé. "Le plan vise à faciliter le déplacement des passagers palestiniens et à leur offrir une solution face aux compagnies de bus pirates, qui leur soutirent des prix exorbitants", explique dans un communiqué la compagnie israélienne Afikim, qui gère les lignes de bus entre Cisjordanie et Israël. D'après le ministère israélien des Transports, des prix "spécialement bas" oscillant entre 1 et 2 euros leur seront proposés, soit bien moins que les 8 euros que certains Palestiniens doivent parfois débourser en empruntant des compagnies privées.

Pression des colons

Outre l'amélioration du confort de vie des Palestiniens, la décision vise aussi à désencombrer un réseau devenu surchargé pour les utilisateurs juifs. Ainsi, une source ministérielle israélienne évoque au quotidien populaire Yedioth Aharonoth le grand nombre de plaintes déposées par des usagers israéliens mécontents à cause de la surpopulation des bus qui force les chauffeurs à ne pas marquer l'arrêt dans plusieurs stations. "Les nouvelles lignes vont réduire la charge qui s'est formée sur le réseau de bus, résultat de l'augmentation du nombre de permis de travail accordés aux Palestiniens", affirme le communiqué ministériel.

D'après le quotidien israélien Haaretz, la décision résulte avant tout des pressions exercées sur le gouvernement par les colons israéliens de Cisjordanie. D'après ce journal, l'ancien maire de la colonie d'Ariel, Ron Nahman, ainsi qu'un dirigeant local de la colonie de Karnei Shomron se sont élevés en novembre dernier contre le risque sécuritaire posé par la présence d'utilisateurs arabes dans les bus empruntés par les colons. Le ministère israélien des Transports fait pour sa part état de plusieurs incidents impliquant des passagers juifs et arabes dans les cars en provenance de Cisjordanie. Quelque 520 000 Israéliens peuplent aujourd'hui des colonies situées dans les Territoires palestiniens et considérées comme illégales en vertu du droit international. Et l'annonce en décembre dernier de la construction de nouvelles "implantations" israéliennes en Cisjordanie va encore augmenter leur nombre.

Palestiniens débarqués

Si les explications gouvernementales sur le but des nouvelles lignes de bus se veulent rassurantes, les précisions apportées par les conducteurs de ces mêmes bus le sont beaucoup moins. Plusieurs d'entre eux affirment au Yedioth Aharonoth que les passagers palestiniens qui refuseront d'emprunter les nouveaux "bus palestiniens" seront priés de quitter les bus dits "mixtes". "À partir de cette semaine, des contrôles seront menés aux checkpoints (point de contrôle) et il sera demandé aux Palestiniens de prendre leur propre bus", affirme au quotidien israélien un conducteur de la compagnie Afikim.

Côté gouvernemental, on assure pourtant qu'il est "interdit d'empêcher tout passager d'embarquer à bord d'une ligne publique de transport" en Israël. Le ministère des Transports ajoute que la création des nouvelles "lignes palestiniennes", considérées comme "lignes de bus générales", a été portée à la connaissance des Palestiniens et a en outre bénéficié de leur "accord complet". Il est vrai que la nouvelle mesure n'a été annoncée qu'en Cisjordanie. D'après le Yedioth Aharonoth, de nombreux flyers ont été distribués dans les villages palestiniens, exhortant les usagers arabes à n'emprunter que les lignes qui leur sont réservées.

Déploiement policier

"Créer des lignes de bus séparées pour les juifs israéliens et les Palestiniens est révoltant", s'est insurgée dimanche à la radio militaire Jessica Montell, directrice de l'ONG israélienne pour les droits de l'homme B'Tselem. "C'est tout simplement du racisme. Un tel plan ne peut se justifier par des besoins sécuritaires ou des questions de surpopulation", a ajouté la militante. Pour l'heure, la police israélienne opérant en Cisjordanie a annoncé le déploiement de forces additionnelles de maintien de l'ordre au point de passage d'Eyal. Interrogées par le Yedioth Aharonoth, des sources policières ont confirmé que les usagers palestiniens refusant de monter à bord des nouveaux bus ne seraient pas exclus, tout en ajoutant que leurs forces "feront de leur mieux pour exécuter la décision ministérielle".

Le récent témoignage de la militante israélienne Ofra Yeshua-Lyth, membre de l'ONG Machsom Watch et passagère du bus 286 entre Tel-Aviv et la Cisjordanie, sonne comme un mauvais présage : "L'officier de police, le sergent major Shai Zecharia, a arrêté le bus à une station. Les soldats ont alors ordonné aux Palestiniens de descendre", raconte-t-elle au quotidien Haaretz. "La première chose qu'ils ont faite a été de collecter leurs cartes d'identité. Un par un, les Palestiniens ont été sommés de quitter la station de bus et de rejoindre à pied le point de contrôle Azzun Atma, qui se trouvait à 2,5 km de l'interconnexion Shaar Shomron." Pour seule explication, l'officier de police leur a lancé : "Vous n'êtes pas autorisés [à voyager] sur l'autoroute 5. Vous devriez voyager dans des vans spéciaux, pas sur des bus israéliens."

 

Source : www.lepoint.fr

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19 mai 2013 7 19 /05 /mai /2013 15:46

 

Le Monde.fr

 19.05.2013 à 17h36

 

 
 
Des militaires israéliens découpent la clôture de la colonie de Homesh, en Cisjordanie, le 23 août 2005.

Des villageois Palestiniens vont pouvoir de nouveau accéder à leurs terres, situées sur l'emplacement d'une colonie sauvage israélienne évacuée en 2005 en Cisjordanie, a annoncé dimanche 19 mai l'organisation israélienne de défense des droits de l'homme Yesh Din.

Selon cette organisation, qui avait déposé un recours devant la Cour suprême au nom des propriétaires du village palestinien de Bourka, au nord de Naplouse, l'Etat annoncé à la cour sa décision "d'annuler l'ordre de saisie de la terre sur laquelle la colonie était construite".

La terre avait été confisquée pour des "raisons de sécurité" en 1978 sans que ne soit jamais établie la base militaire prévue au départ, précise Yesh Din. "A la place, la colonie de Homesh a été construite illégalement. Après son évacuation en 2005, la zone est devenue zone militaire fermée interdite aux Israéliens, mais l'ordre de saisie (pour raisons de sécurité) n'a pas été révoqué", précise le communiqué. "Nous savons que l'ordre de saisie va être annulé (...) C'est un long processus, mais si l'Etat l'a dit à la Cour Suprême il ne reviendra probablement pas sur sa décision", a déclaré Reut Mor, la porte-parole de Yesh Din.

La colonie de Homesh avait été évacuée en août 2005, ainsi que trois autres colonies du nord de la Cisjordanie, dans le cadre de l'évacuation de toutes les colonies et bases militaires israéliennes de la bande de Gaza. "Nous savons malheureusement d'expérience que même lorsque Israël reconnaît la propriété privée des Palestiniens sur la terre, cela ne veut pas dire qu'il leur permet d'y accéder", a-t-elle ajouté.

 

 

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9 mai 2013 4 09 /05 /mai /2013 20:41

 

 

Monde - le 9 Mai 2013

 

Selon l'agence de presse Belga, la banque franco-belge Dexia continue de soutenir, via sa filiale israélienne, la colonisation de la Palestine par Israël.

La plate-forme "Palestine occupée - Dexia impliquée", qui dénonce depuis 2008 les liens entre le groupe bancaire franco-belge Dexia et le financement des colonies israéliennes dans les territoires palestiniens occupés, dit avoir obtenu de nouveaux documents "qui mettent à nu de nouveaux liens entre Dexia et l'occupation" alors que l'ancien président de Dexia, Jean-Luc Dehaene avait affirmé en 2011, que depuis 2010, il n'y avait plus de nouveaux contrats conclus avec l'État hébreu. Cette affirmation a également été confirmée par le nouveau président Karel De Boeck.

Il s'agit, selon la plate-forme, d'un protocole dans lequel Dexia Israël se porte garant auprès du ministère israélien de la Défense pour qu'il puisse mettre en place un projet dans une colonie ou encore d'un protocole dans lequel Dexia Israël propose d'accorder un prêt à la colonie Ariel, une des plus importantes colonies israéliennes en Cisjordanie.

La plate-forme "Palestine occupée - Dexia impliquée", souligne qu'"aujourd'hui, le gouvernement belge (actionnaire majoritaire de Dexia) ne peut plus se cacher. Soit il estime que l'occupation de la Palestine par Israël est inacceptable et il intervient, soit il soutient Israël dans le développement d'une occupation internationalement condamnée!"

Active dans le financement des collectivités locales, Dexia Israël est une filiale de Dexia Crédit Local, filiale française du groupe Dexia. Le groupe franco-belge souhaite se défaire de Dexia Israël depuis des années selon Belga.

  • Lire aussi :

Colonisation : Netanyahu souffle le chaud et le froid

Colonisations: Netanyahu persiste malgré l'appel de l'ONU

Israël est-il au-dessus des lois ?

 

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9 mai 2013 4 09 /05 /mai /2013 19:52

 

 

Le Monde.fr avec AFP | 09.05.2013 à 08h49 • Mis à jour le 09.05.2013 à 11h32

 


 

 

Israël donne le feu vert à la construction de 296 logements dans une colnie en Cisjordanie

 

Le gouvernement israélien souffle le chaud et le froid à propos de la colonisation dans les territoires palestiniens. Alors que l'Etat hébreu vient de donner le feu vert à la construction de 296 logements dans la colonie de Beit El, près de Ramallah en Cisjordanie, une radio militaire israélienne annonçait mardi que le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, avait ordonné l'arrêt des appels d'offres pour la construction de nouvelles habitations dans les colonies juives en Cisjordanie.

"L'administration militaire a donné son feu vert pour 296 logements à Beit El, mais il ne s'agit que de la première étape d'un processus avant que la construction commence sur le terrain", a affirmé à l'AFP le porte-parole militaire. Selon ce dernier, la construction de ces logements s'inscrit dans le cadre d'un accord intervenu en juin 2012 avec des colons qui s'étaient installés sans autorisation dans des logements du quartier d'Oulpana à Beit El. Ces colons avaient accepté de quitter les lieux sans opposition en échange de la promesse de construire quelque 300 logements pour eux.

 

UN DISCOURS À GÉOMÉTRIE VARIABLE

Une décision contradictoire avec la demande adressée par M. Nétanyahou au ministre du logement, Uri Ariel, mardi 8 mai, de geler des constructions dans les colonies, pour ne pas entraver les efforts américains de relance de négociations avec les Palestiniens. La radio avait  précisé que la décision de M. Nétanyahou de geler les appels d'offres était liée aux efforts entrepris par le président américain, Barack Obama, et le secrétaire d'Etat, John Kerry, pour relancer les négociations israélo-palestiniennes, bloquées depuis septembre 2010.

L'Autorité palestinienne a accusé Israël de "saboter" les efforts américains pour relancer le processus de paix.

 

Lire (éditions abonnés) : Israéliens et Palestiniens veulent décrisper leurs relations avec Washington


 Interrogée par l'AFP, Hagit Ofran, de La Paix maintenant, une ONG israélienne opposée à la colonisation, a dénoncé les constructions à Beit El. "Cette initiative prouve que Nétanyahou trompe tout le monde. D'un côté il laisse croire qu'il freine la colonisation et de l'autre il autorise le lancement d'un énorme projet de construction", a affirmé Hagit Ofran.

Aux yeux de la communauté internationale, toutes les colonies sont illégales, qu'elles aient ou non été autorisées par le gouvernement. Plus de 360 000 colons israéliens vivent en Cisjordanie occupée et quelque 200 000 dans des quartiers de colonisation à Jérusalem-Est occupée et annexée.

 

Lire également : En Israël, Nétanyahou a dû beaucoup céder à ses alliés


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10 mars 2013 7 10 /03 /mars /2013 15:51

 

 

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6 mars 2013 3 06 /03 /mars /2013 14:43

 

 

Rue89 - Télé 05/03/2013 à 13h05
Pierre Haski | Cofondateur Rue89

 


Les six anciens patrons du Shin Bet de « The Gatekeepers »

 

C’est un passage exceptionnel de l’autre côté du miroir, dans la tête de six hommes qui ont eu à connaître, et à agir brutalement, au cœur du conflit israélo-palestinien. Ces anciens patrons du Shin Bet, le service de renseignement israélien chargé de la lutte antiterroriste, se livrent avec une déconcertante franchise dans un documentaire diffusé ce mardi soir sur Arte.

Le documentaire, signé Dror Moreh, sélectionné pour les Oscars, montre des hommes qui admettent avoir ordonné des assassinats ciblés, avoir opéré des rafles, et même avoir torturé pour obtenir des informations afin d’empêcher des attentats.

 

 

Extrait de The Gatekeepers

Mais, surtout, « The Gatekeepers », c’est l’histoire d’un pays qui, depuis sa victoire historique de la « Guerre des six jours » de juin 1967, n’en finit pas de chercher des réponses sécuritaires à des questions politiques.

C’est la principale leçon de ces entretiens fascinants avec ces hommes qui ont dirigé le Shin Bet entre 1980 et 2011. Maîtres d’une action de renseignement et d’action de plus en plus sophistiquée et de plus en plus efficace, ils expriment, chacun à leur manière, un pessimisme de la raison.

« On ne fait pas la paix avec des méthodes militaires »

L’un d’eux exprime tout simplement la leçon d’une vie dans la guerre de l’ombre :

« On ne fait pas la paix avec des méthodes militaires. La paix repose sur des relations de confiance. Avec les Palestiniens, ça ne devrait pas être si difficile à construire. »

Prononcé par toute autre personne qu’un ancien patron du Shin Bet, un tel propos pourrait être aisément balayé d’un revers de manche. On a affaire ici à des hommes qui ont été confrontés à la vie et à la mort tout au long de leur carrière.


Ami Ayalon, l’un des six ex-patrons du Shin Bet de « The gatekeepers » (AP/SIPA)

Et, à contre courant de ce que pense la majorité des Israéliens, si l’on prend pour référence les dernières élections, ils estiment qu’il faut « parler avec tout le monde », y compris le Hamas ou le Jihad islamique, « et même [le président iranien] Ahmadinejad », dit l’un d’eux.

Pour en arriver là, ils sont passés par une lutte à mort avec leurs ennemis, d’abord le Fatah de Yasser Arafat jusqu’aux accords d’Oslo de 1993, puis les islamistes du Hamas ou du Jihad islamique jusqu’à aujourd’hui.

  • Ils ont constaté les limites des assassinats ciblés qu’ils ont eux-mêmes ordonnés – c’est immoral et en plus c’est « inefficace », dit Ami Ayalon, l’un des plus impressionnants ;
  • ils se sont confrontés aux questions éthiques de la guerre de l’ombre, de la torture, de l’arbitraire ;
  • ils ont constaté le vide de la pensée politique, la lâcheté des dirigeants qui refusent d’assumer leurs erreurs, et la transformation de la lutte antiterroriste comme une fin en soi.

Assassinats entre juifs

Parmi les aspects les plus inquiétants de ce documentaire, l’épisode de l’assassinat du premier ministre Yitzhak Rabin par un extrémiste juif en 1995, qui a pris le Shin Bet par surprise, et qui fait dire à l’un de ses anciens patrons qu’il y aura d’autres assassinats politiques entre juifs si, un jour, Israël choisit de se retirer des territoires occupés palestiniens.

Et cette stupéfiante conclusion d’un de ces ex-patrons de la lutte antiterroriste, à qui l’auteur lit une phrase prophétique du philosophe Yeshayahou Leibowitz, qui avait prédit dès 1967 qu’en choisissant l’occupation et la colonisation après sa victoire, Israël perdrait son âme et irait au désastre.

L’un des anciens chefs du Shin Bet réfléchit, et dit qu’il est d’accord « avec chaque mot » prononcé par ce philosophe, aujourd’hui disparu, longtemps considéré comme un affreux gauchiste. Il ajoute, avec le sourire :

« Quand tu quittes le Shin Bet, tu deviens un peu gauchiste... »

Comme l’armée allemande...

Mais sur un mode plus sombre, plus tragique au regard de l’histoire, l’un de ces anciens patrons de la lutte antiterroriste va jusqu’à comparer l’armée israélienne à... l’armée allemande, non pas dans son traitement des juifs, mais dans son rapport aux peuples occupés en Pologne, Tchécoslovaquie ou Belgique.

Ce message n’est pas audible aujourd’hui pour la plupart des Israéliens qui ont choisi les partis qui leur promettent la sécurité plutôt que la paix. Ce qui fait dire à l’un de ces hommes de l’ombre :

« Ça me rend malade, le futur est sombre, l’avenir noir. »

Le titre anglais « The Gatekeepers » a été bizarrement traduit en français : « Israël confidentiel », comme un vulgaire thriller, alors que l’idée est plutôt celle des « Gardiens du temple », qui sonnent l’alarme mais que personne n’écoute.

 

 

                                                                                  **************************

 

 

Cadeau : « The Gatekeepers », docu choc sur les services secrets israéliens, en intégralité

 

Rue89 - Publié le : 06/03/2013 à 15h20

 

 

 

 

Pierre Haski, notre directeur a présenté ce documentaire dans un article mis en ligne mardi, jour de la diffusion sur Arte.

« C’est un passage exceptionnel de l’autre côté du miroir, dans la tête de six hommes qui ont eu à connaître, et à agir brutalement, au cœur du conflit israélo-palestinien. Ces anciens patrons du Shin Bet, le service de renseignement israélien chargé de la lutte antiterroriste, se livrent avec une déconcertante franchise.

Le documentaire, signé Dror Moreh, sélectionné pour les Oscars, montre des hommes qui admettent avoir ordonné des assassinats ciblés, avoir opéré des rafles, et même avoir torturé pour obtenir des informations afin d’empêcher des attentats. »

Un excellente audience pour Arte : 931.000 téléspectateurs, 3,7% de part d’audience. Merci à la chaîne franco-allemande de permettre sa diffusion sur Internet.

 

 

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4 mars 2013 1 04 /03 /mars /2013 15:30

 

Médiapart - Blog

Dr. Sabri Saidam et Avraham Burg lors du colloque au Sénat 
Dr. Sabri Saidam et Avraham Burg lors du colloque au Sénat© © Thomas Haley


« L’histoire n’a jamais toléré qu’une occupation dure éternellement,  l’histoire ne fera pas une exception pour Israël. » Dr. Sabri Saidam.


 

Avec ses deux invités de marque : Avraham Burg, ancien président de la Knesset et défenseur acharné de la paix, et Sabri Saidam, membre du Conseil révolutionnaire du Fatah, universitaire et conseiller auprès du Président Mahmoud Abbas, la salle Clemenceau au Sénat était comble pour cette journée d’information divisée en trois tables rondes : l’obstacle à la paix à cause de la colonisation ; l’implication des organisations syndicales dans le recherche d’une paix juste et durable où plusieurs syndicalistes Européens ont fait part de leurs efforts respectifs à imposer l’étiquetage des produits provenant des colonies israéliennes ; et l’urgence de voir la solution à deux Etats se réaliser.

 

Une minute de silence en hommage à Stéphane Hessel. 
Une minute de silence en hommage à Stéphane Hessel.© © Thomas Haley

La sénatrice, Esther Benbassa, qui est également historienne et spécialiste de l’histoire du peuple juif a ouvert la séance en exhortant l’Europe de cesser sa culpabilité pour la Shoah. Elle estime que ce sentiment de culpabilité des Européens empêche la paix aujourd’hui en Israël/Palestine et qu’il faut dire à Israël « ça suffit ! ». Elle exhorta tout le monde, Juifs, Israéliens, et Palestiniens, de cesser la compétition des mémoires de souffrances. Les juifs ont leur Holocauste, les Palestiniens ont leur Nakba et comme remarqua Avraham Burg, cette compétition des tragédies collectives, sans faire de comparaison, est finalement déshumanisante et empêche l’empathie. « Nous devons reconnaître la tragédie de l’autre et la respecter, sinon, la paix est impossible. » 

 

Dror Etkes et la Sénatrice Esther Benbassa sur la colonisation. 
Dror Etkes et la Sénatrice Esther Benbassa sur la colonisation.© Thomas Haley

Lors de la première table ronde, Dror Etkes, inlassable activiste pour la paix en Israël et spécialiste sur la colonisation, montra, cartes à l’appuie, les méthodes utilisés par l’état  d’occuper la territoire palestinienne. Il décrit un système à deux « voies » qu’utilise l’état pour saisir les terres palestiniennes : l’une « légale », par exemple l’établissement d’un terrain militaire, et l’autre « illégale » par exemple les implantations « sauvages ». Mais, en effet, ces deux voies sont organiquement liées, ce sont les deux faces d’une même politique de confiscation. Il pense que ce système à deux voies existe parce que, pour l’instant, l’évolution de l’état d’Israël n’est pas encore arrêtée. Il se demande si l’état juif deviendra une ethnocratie juive ou une démocratie juive ?

 

Elias Sanbar, Ambassadeur de Palestine auprès de l'UNESCO. 
Elias Sanbar, Ambassadeur de Palestine auprès de l'UNESCO.© Thomas Haley
Dror Etkes & Elias Sanbar sur l'importance de Jérusalem pour les Palestiniens. 
Dror Etkes & Elias Sanbar sur l'importance de Jérusalem pour les Palestiniens.© Thomas Haley

La ministre de télécommunications en Palestine, Safa Nasser Eldin, parla des difficultés de développer les télécommunications en Palestine à cause des restrictions sur la construction des infrastructures de télécommunications palestiniennes ainsi que le contrôle des fréquences par l’état d’Israël. Les operateurs palestiniens sont désavantagés par rapport des sociétés israéliennes. Madame Safa dénonça le soutien qu’apporte France Télécom - Orange à la société Israélienne, Partner, qui dispose de 176 antennes et relais sur des terres palestiniennes et qui bénéficie de l’interdiction faite par l’armée israélienne aux opérateurs palestiniens d’installer leurs antennes dans 60% de la Cisjordanie ainsi limitant leur accès au marché local. Selon l’AFPS et la ministre, l’activité de Partner est en contravention du droit international et les Conventions de Genève. Ils demandent à France Télécom de rompre son accord avec Partner car, selon eux, la société française se rend complice de la colonisation israélienne.

 

Robert Kissous de l'AFPS montre la carte de la campagne pour dénoncer la complicité d'Orange dans les territoires occupés. 
Robert Kissous de l'AFPS montre la carte de la campagne pour dénoncer la complicité d'Orange dans les territoires occupés.© Thomas Haley

Lors de la deuxième table ronde sur l’engagement des organisations syndicales Européennes, Ben Moxham, représentant du Trades Union Congress (TUC) raconta la « grass roots » campagne en 2009 qui obligea le parlement Britannique d’émettre une directive d’étiquetage permettant les consommateurs de distinguer entre les produits palestiniens et des produits provenant des colonies israéliennes en Palestine. Selon le rapport, Trading Away Peace, (http://www.fidh.org/IMG/pdf/trading_away_peace) l’Union Européenne importe environs 15 fois plus de produits des colonies israéliennes que des produits Palestiniens, malgré sa position très claire sur l’illégalité des colonies dans les territoires occupés. Selon Monsieur Moxham, le Royaume Uni et le Danemark sont les deux pays européens les plus en avant dans leurs engagements dans ce domaine. Ils aimeraient voir les autres membres de l’UE adopter des mesures semblables. La CGT et TUC ont annoncé leur accord sur un appel commun qu’ils espèrent pouvoir étendre à tous les organisations syndicales pour que les pays européens prennent des mesures concrètes contre la colonisation israélienne ; notamment l’interdiction des produits des colonies dans chacun des pays européens ; la non-admissibilité des entreprises produisant dans les colonies à tous les protocoles et programmes de coopération européens ; et la suspension de l’accord d’association UE-Israël. 

 

Avraham Burg: "Le droit de vote est un droit intangible au peuple palestinien. Ils doivent le demander." 
Avraham Burg: "Le droit de vote est un droit intangible au peuple palestinien. Ils doivent le demander."© Thomas Haley

 

La solution à deux états – est-elle morte ?

On sent que Sabri Saidam est fatigué, une fatigue de frustrations accumulées depuis des années. La douce sonorité de son accent palestinien ne cache pas la fatigue et sa désillusionnement : « attendre…attendre…attendre…on nous dit toujours qu’il faut attendre…nous sommes tellement fatigué d’attendre…ça fait 20 ans que nous attendons. » Il nous parle d’un sondage récent où 62% des jeunes palestiniens sondés disent de ne plus croire à la viabilité d’un état palestinien. Le Dr. Saidam déverse les chiffres que l’on entends chaque fois pour décrire la colonisation : plus de 500,000 colons israéliens qui vivent au-delà de la ligne verte de ’67 dans plus de 200 colonies en Cisjordanie et Jérusalem Est ; dans la vallée du Jourdain, 87% de la population est palestinienne avec seulement 6% de terres cultivables tandis que la population israélienne n’est que 13% avec 86% de terres cultivables ; 1L d’eau pour chaque palestinien par jour contre 8L d’eau pour chaque israélien ; 33% de la population palestinienne est sous la seuil de pauvreté ; etc. etc.

 

Dr. Sabri Saidam: "Nous sommes fatigués d'attendre, nous attendons depuis 20 ans." 
Dr. Sabri Saidam: "Nous sommes fatigués d'attendre, nous attendons depuis 20 ans."© Thomas Haley

Avraham Burg, parlent avec force et assurance, il dit qu’il est de la même tribu que son ami Sabri Saidam. Ils sont de la tribu de ceux qui veulent la paix. L’autre tribu, ceux qui ne veulent pas la paix, est également composé de juifs et arabes, « la majorité des deux peuples a été pris en otage par les extrémistes » dit-il. Ces deux amis sont venus en France pour empresser sur les Européens l’urgence de sauver la solution à deux états avant qu’il ne soit pas trop tard. Certains observateurs disent qu’elle est déjà morte. « Notre région est très connu pour les résurrections, n’enterrons pas trop tôt la solution à deux états, dit Avraham Burg. Cependant, n’en parlons plus du processus, nous avons parlé assez du processus, à croire que nous aimons le processus et pas la paix. »

Quoi qu’il advienne de la solution à deux états, Burg préconise que chaque homme et femme, juif ou arabe, qui habite entre la Méditerranée et le Jourdain, et quelque soit sa religion, ait les mêmes droits ; que chacun puisse voter et avoir une voie pour déterminer son future. « Nous devons laisser à coté la discussion de la collectivité et passer à l’individu » dit-il. 

La demande de voter, relève d’un droit basic de chaque homme et femme. Ce n’est pas un « cadeau » que les israéliens donnent aux palestiniens mais un droit, intangible à tous les peuples, et puisse que les Israéliens aiment tant la démocratie, ils leurs serait difficile de la refuser aux palestiniens. Avraham Burg sait que c’est une idée utopique, mais d’une symbolique énorme. 

 

Serge Grossvak est concerné par le drame palestinien car il affecte aussi les juifs dans leur identité.  
Serge Grossvak est concerné par le drame palestinien car il affecte aussi les juifs dans leur identité. © Thomas Haley
Jean-Claude Lefort, President de l'AFPS. 
Jean-Claude Lefort, President de l'AFPS.© Thomas Haley

 

 

Dans sa conclusion de la journée, Jean-Claude Lefort, Président de l’Association France Palestine Solidarité, demande que la France reconnaisse l’état de Palestine unilatéralement. Il rappel que la France a reconnu Israël le 24 janvier, 1949, soit près de 4 mois avant l’admission de ce pays à l’ONU qui a eu lieu le 11 mai 1949. Il s’étonne que la France ne reconnaitrait pas la Palestine 65 ans plus tard alors que cet Etat vient d’être admis comme Etat non membre à l’ONU ?!

Le commentaire le plus recommandé

Merci de briser le silence sur cet apartheid qu'endurent les Palestiniens. Les faits parlent d'eux-mêmes, comme le montre clairement  votre texte :

"dans la vallée du Jourdain, 87% de la population est palestinienne avec seulement 6% de terres cultivables tandis que la population israélienne n’est que 13% avec 86% de terres cultivables ; 1L d’eau pour chaque palestinien par jour contre 8L d’eau pour chaque israélien ; 33% de la population palestinienne est sous la seuil de pauvreté ; etc. etc."

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13 janvier 2013 7 13 /01 /janvier /2013 17:55

 

 

Le village de tentes, Bab al-Shams, près de Jérusalem, en zone occupée

 

  - le 13 Janvier 2013

 

 

Les militants palestiniens d'un campement dressé sur le site d'un projet de colonisation juive particulièrement controversé en Cisjordanie occupée, évacué tôt dimanche par la police israélienne, ont assuré qu'ils entendaient poursuivre leur "combat".

Ce n'est "pas la fin du combat populaire, il continuera de façon puissante", a déclaré le Comité de coordination de lutte populaire, à l'origine de l'initiative. Des centaines de policiers israéliens ont évacué tôt dimanche le village de tentes appelé Bab al-Shams (la Porte du Soleil) de près de 250 militants palestiniens installés depuis deux jours sur le site du projet E1, entre la Cisjordanie et Jérusalem-Est occupées.

 

 

Les activistes palestiniens avaient dressé ce camp dans le cadre d'une résistance non violente aux implantations et à l'occupation israéliennes. Le campement se voulait une réplique des colonies sauvages israéliennes. "Même si nous avons été expulsés, notre force est évidente car la police a dû recourir à des centaines et des centaines d'hommes des forces spéciales", ont précisé les organisateurs, ajoutant que six militants avaient été blessés par les policiers pendant l'expulsion.

Samedi soir, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, en pleine campagne électorale, avait ordonné aux forces de sécurité d'expulser immédiatement les militants palestiniens. Dans des documents remis aux médias, le gouvernement avait estimé que si le campement était autorisé à se poursuivre, il y avait un risque que des colons israéliens de droite, parmi lesquels des "extrémistes", décident d'organiser des contre-manifestations sur le site, ce qui pourrait déclencher des violences.

Le projet E1 relierait l'implantation israélienne de Maalé Adoumim à des quartiers de colonisation juive à Jérusalem-Est et couperait en deux la Cisjordanie, compromettant la viabilité d'un Etat palestinien. La communauté internationale considère illégales toutes les colonies israéliennes et ne reconnaît pas l'annexion en 1967 de Jérusalem-Est, où les Palestiniens veulent établir la capitale de l'Etat auquel ils aspirent.

 

 

  • Lire aussi :

Israël légalise trois colonies sauvages
Hisham Sharabati, juriste palestinien, travaillant pour Al Haq, ONG au statut consultatif auprès de l’ONU : "Israël utilise les ressources naturelles des territoires occupés pour les intérêts exclusifs 
des colons et de la colonisation"
Paris, Londres et Washington demandent à Israël de revenir sur son projet de colonies

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