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16 mars 2016 3 16 /03 /mars /2016 14:04

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

Notre-Dame-des-Landes: le référendum de Valls attise les exaspérations
16 mars 2016 | Par Jade Lindgaard
 
 
 

Manuel Valls annonce l’organisation pour le mois de juin d'une consultation limitée au département de la Loire-Atlantique. Mais le gouvernement va devoir bricoler une nouvelle ordonnance en détournant sa propre loi, et alimente les désaccords entre acteurs locaux.

Manuel Valls a créé la surprise en annonçant, mardi matin sur RMC, l’organisation d’un référendum sur le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes « avant l’été, au mois de juin », et dans le seul département de la Loire-Atlantique « parce que c’est le département qui est le plus concerné par l’impact écologique » et car « l’enquête publique a eu lieu sur le département ». Le premier ministre a ajouté qu'à ses yeux « il faut faire simple. Le département de la Loire-Atlantique est le plus à même de pouvoir se prononcer sur le transfert [de l'aéroport – ndlr] vers Notre-Dame-des-Landes ».  

C’est François Hollande qui le premier avait déclaré, le 11 février, lors du remaniement ministériel et quelques semaines après une importante manifestation à Nantes contre le projet qui avait réuni entre 7 200 et 20 000 participants, souhaiter la tenue d’un référendum « pour savoir ce que veut la population » d’ici octobre.

Depuis, il est apparu que l’annonce présidentielle était impossible à mettre en œuvre en l’état actuel du droit. Depuis 2003, la loi permet d’organiser des référendums locaux à caractère décisionnel. Mais il est juridiquement impossible de demander à des populations locales de prendre des décisions sur des mesures de niveau national. Or la déclaration d’utilité publique de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes a été émise par l’État, également signataire du contrat de concession avec Aéroport du Grand Ouest (AGO), la filiale du groupe Vinci qui a remporté l’appel d’offres.

Tous les regards se sont alors tournés vers la loi Macron, qui offre la possibilité à l’État de recourir à des ordonnances pour « réformer les procédures destinées à assurer l'information et la participation du public à l'élaboration de projets » (en son article 106). Cette disposition doit permettre la tenue de consultations des citoyens pour avis sur des dossiers relevant de la compétence de l’État, et à impact environnemental (lignes à grande vitesse, lignes à haute tension, centres commerciaux…). Le problème, c’est que la loi pour la croissance ne prévoit que des situations de « concertation préalable ».

Or l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes a fait l’objet de plusieurs décisions administratives, à commencer par sa DUP en 2008. La loi Macron ne le concerne donc pas a priori. Le 16 février, un projet d’ordonnance de « démocratisation du dialogue environnemental » a été adopté par le Conseil national de la transition écologique (CNTE), un organe consultatif réunissant ONG, syndicats, collectivités territoriales et représentants de l’État, sans mention du cas de l’aéroport du Grand Ouest.

Dans ces conditions, quel type de consultation le gouvernement pense-t-il pouvoir organiser d’ici trois mois ? Selon nos informations, il prépare une nouvelle ordonnance afin de créer le cadre juridique qui lui manque. En toute logique, elle devrait s’appuyer sur la loi Macron, puisqu’il ne semble pas possible de faire voter une nouvelle loi ad hoc avant l’été. Mais comment faire pour qu’une ordonnance concerne un projet déjà autorisé, alors que la loi qui la justifie restreint son champ d’application aux projets non encore décidés ?

« Cela supposerait d’interpréter la loi Macron de manière extrêmement large », analyse l’avocat Arnaud Gossement, spécialisé en droit de l’environnement. L’ordonnance pourrait être contestée devant le Conseil d’État. Mais les recours ne sont pas suspensifs, et pourraient ne pas être jugés avant un an, soit bien après la tenue du référendum. « Les ordonnances privent le Parlement d’un débat, ajoute Arnaud Gossement, elles limitent la démocratie. »

S’il choisit cette voie, il suffit au gouvernement de soumettre le projet d’ordonnance au Conseil d’État – dont l’avis est consultatif – et au CNTE - elle est à l'odre du jour de la séance du 24 mars- , puis d’ouvrir une consultation publique. Dès qu’elle sera publiée au Journal officiel, elle aura un effet en droit, précise Arnaud Gossement. Le Parlement devra in fine la ratifier, mais rien n'empêche de le solliciter après la tenue du référendum. Ce serait peu démocratique, mais parfaitement légal.

 

Manifestants contre l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, le 9 janvier 2016 (JL). Manifestants contre l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, le 9 janvier 2016 (JL).
 

Le choix de limiter la consultation aux habitants de Loire-Atlantique fait l’objet de multiples contestations. Pour Ronan Dantec, sénateur EELV, qui prône depuis des mois la solution d’un référendum local : « Six présidents de département avaient demandé à être associés à cette consultation, l'ancien président socialiste de la région avait lui-même défendu le périmètre des deux régions Bretagne – Pays de la Loire. Manuel Valls a donc choisi le périmètre de la Loire-Atlantique au mépris des demandes des élus concernés, le déni démocratique est manifeste. Le périmètre n'étant pas pertinent, le résultat ne le sera guère plus. » À ses yeux : « En annonçant ce matin une consultation en juin, limitée à la Loire-Atlantique, alors que le président de la République a évoqué un projet “vital pour le Grand Ouest”, le premier ministre vient de saborder cette démarche, la seule pourtant probablement à même d'éviter un désastre humain et politique. »

 

À la tête du département du Morbihan, François Goulard propose aux conseils départementaux voisins d’organiser leur propre consultation en même temps que le référendum officiel. La Bretagne contribue à hauteur de 25 % des financements du projet d’aéroport. Le syndicat mixte du projet regroupe 22 collectivités territoriales et établissements publics, dont les régions Bretagne et Pays de la Loire, les départements d’Ille-et-Vilaine, Morbihan, Mayenne, et Maine-et-Loire, en plus de la Loire-Atlantique.

« C’est le degré zéro de la démocratie participative ! C’est scandaleux », proteste Benoît Hartmann, porte-parole de France Nature Environnement, ONG à laquelle appartenait Rémi Fraisse, le jeune homme tué par les gendarmes lors d’une manifestation contre le barrage de Sivens (Tarn) en octobre 2014. C’est à la suite de ce drame que l’exécutif avait annoncé une réforme de la démocratie environnementale, qui a débouché sur une commission et un rapport, dont les recommandations sont très partiellement mises en œuvre par les ordonnances de la loi Macron.

Florence Denis-Pasquier, juriste de FNE, pointe une erreur dans le discours de Manuel Valls : les enquêtes publiques ne sont pas restreintes aux riverains. « Tous les citoyens français et même de l’Union européenne ont le droit d’y participer. Il est faux de prétendre qu’elles ne concernent que les voisins des projets étudiés. Or Notre-Dame-des-Landes est un problème au minimum de niveau national. »

Autre problème : la consultation sur l’aéroport pourrait s’entrechoquer avec l’enquête publique que l’État va devoir ouvrir au sujet du schéma de cohérence territoriale sur Nantes et Saint-Nazaire. La France a décidé de présenter ce document d’urbanisme à l’Union européenne pour tenter de se sortir du pré-contentieux initié sur Notre-Dame-des-Landes, comme l’a révélé le Canard enchaîné. Or il doit faire l’objet d’une consultation obligatoire du public. Pour FNE, « la consultation citoyenne risque de fragiliser l’enquête publique sur le SCOT. C’est un tel bricolage que cela peut tourner à la catastrophe démocratique et environnementale ».

Qui pourrait organiser la consultation, si elle avait quand même lieu, malgré ce bricolage juridique ? D’après la loi, l’organisation en reviendrait au ministère compétent. Mais tout le monde sait que la ministre de l’environnement et des transports, Ségolène Royal, n’est pas favorable au projet d’aéroport et sceptique sur la pertinence d’une consultation de ce type. La Commission nationale du débat public (CNDP), opératrice habituelle des débats publics, n’avait pas été saisie du dossier Notre-Dame-des-Landes mardi soir. « Nous n’avons reçu aucune demande du gouvernement au sujet de Notre-Dame-des-Landes », déclare son président, Christian Leyrit.

Conçue pour apaiser les discordes et trouver des voies de sortie pacifiques aux conflits locaux, la démocratie environnementale revue par Manuel Valls attise au contraire l’exaspération des acteurs du dossier. Pendant toute la journée, entre pro et anti-aéroports, les insultes ont fusé sur les réseaux sociaux.

 

 

 

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

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13 mars 2016 7 13 /03 /mars /2016 17:40

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

Notre-Dame-des-Landes : vers un référendum en juin
13 mars 2016 | Par La rédaction de Mediapart
 
 
 

Si rien n'est encore officiel, le référendum consultation pourrait avoir lieu les 19 ou 26 juin prochains, selon des indiscrétions faites à France Inter.

Si rien n'est encore officiel, le référendum-consultation pourrait avoir lieu les 19 ou 26 juin prochains, selon des indiscrétions faites à France Inter. Et la question serait : « Êtes-vous pour ou contre le transfert de l'aéroport Nantes-Atlantique à Notre-Dame-des-Landes ? » Et seuls les électeurs inscrits en Loire-Atlantique pourraient y participer.


Matignon, comme l'ancien maire de Nantes Jean-Marc Ayrault (PS, aujourd'hui ministre des affaires étrangères), favorable au projet, plaidaient pour ce périmètre restreint, face à la ministre de l'environnement Ségolène Royal, partant du principe que ce nouvel aéroport allait structurer tout le centre-ouest. Comme elle, les présidents LR, UDI et divers droite des quatre départements voisins (Maine-et-Loire, Mayenne, Morbihan et Vendée) demandent la consultation de leur population.

Les écologistes, opposés à l'aéroport, estiment, eux, que les Pays de la Loire et toute la Bretagne devraient y participer. 

Manuel Valls a déjà annoncé que, « si le oui l'emporte », les travaux, suspendus depuis 2012, reprendront en octobre. 

Un sondage, réalisé début mars pour Europe 1 et iTélé, en Loire-Atlantique montrait que les habitants du département étaient plutôt favorables à la construction de ce nouvel aéroport.

La suite à lire ici *Ou ci-dessous

 

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

                                                                          *********************

 

 

Source : http://www.franceinter.fr

 

 

Notre-Dame-des-Landes : le référendum, un véritable casse-tête juridique
 
 
 

un référendum pour Notre Dame des landes © SEBASTIEN SALOM-GOMIS/SIPA - 2016

 

L'échéance fixée par Manuel Valls pour le référendum arrive à grand pas. Aucune information officielle ne filtre, mais selon plusieurs indiscrétions, le périmètre de la consultation est arrêté.

 

Les modalités du référendum local sur le projet de Notre-Dame-des-Landes souhaité par François Hollande ne sont toujours pas connues. Pourtant, l'échéance fixée par Manuel Valls arrive à grands pas. Le 16 février, le Premier ministre déclarait: " les modalités précises seront établies d'ici un mois au plus". Tout le monde s'accorde pour dire qu'il s'agit d'un véritable casse-tête juridique. Pour l'instant, aucune information officielle ne filtre, mais officieusement, certaines pistes semblent se dessiner.

 

Selon plusieurs indiscrétions, le périmètre de la consultation est arrêté : seuls les électeurs de Loire Atlantique seraient invités à se prononcer sur la question de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes. C'est le périmètre défendu par le Premier ministre Manuel Valls alors que la ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal, comme les présidents des quatre départements voisins préfèrent une consultation élargie.

 

 

Le scrutin devrait se dérouler avant l'été, le 19 ou le 26 juin. Et la question posée devrait être :

êtes-vous pour ou contre le transfert de l'aéroport de Nantes Atlantique à Notre Dame des Landes ?

 

Les services des différents ministères planchent encore sur le dossier. Car pour que l'Etat puisse organiser le référendum, il faut faire évoluer la loi, rédiger une ordonnance. Le texte serait  en cours de finalisation; un alinéa qui signifierait en substance que "si malgré les différentes autorisations obtenues par un projet il reste une  forte opposition sur le terrain, l'Etat pourrait décider de recourir à une consultation populaire".

 

Par France Inter avec, Anne Patinec, | 12 Mars 2016 à 08:00
 
 
 
 
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2 mars 2016 3 02 /03 /mars /2016 18:17

 

Source : http://www.bastamag.net

 

 

Mobilisation

« Il n’y aura jamais d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes ! »

par

 

 

 

 

Plus le gouvernement durcit le ton, plus le mouvement d’opposition à l’aéroport de Notre-dame-des-Landes se renforce, malgré l’annonce d’un référendum local. Ce samedi 27 février, entre 15 000 et 60 000 personnes se sont retrouvées à Notre-dame-des-Landes, là où les travaux sont censés commencer dans... deux semaines. Trois mois après la tenue de la conférence internationale sur le climat, et en pleine crise du modèle agricole, les manifestants dénoncent les incohérences de François Hollande. Reportage.

Il faisait beau ce samedi à Notre-dame-des-Landes, et la foule était dense : plus de 60 000 personnes selon les organisateurs (15 000 selon la Préfecture), se sont retrouvées sur la quatre-voies qui relie Rennes à Nantes, à la lisière ouest de la zone pressentie pour le futur aéroport. Ils manifestaient pour l’arrêt des menaces d’expulsion, l’abandon du projet d’aéroport et l’avenir de la « zone à défendre » [1].

Partis dans la matinée à vélo, en tracteurs ou à pieds, les manifestants se sont retrouvés vers 13h « à hauteur du barreau routier censé être construit un jour pour rejoindre rejoindre l’aéroport », explique Chantal Roullaud, membre de l’Acipa, le collectif qui regroupe les opposants au projet. Affairée à vendre des autocollants derrière la table de l’association, elle ré-ajuste son écharpe et son bonnet : le vent est pinçant. À quelques pas, une cuisine roulante propose de la soupe chaude « faîte avec amour et avec des légumes de la Zad ». D’autres camions et bétaillères proposent à manger, des bières, et du vin chaud. Familles et amis sortent leur thermos et leur pique-niques, les enfants soulèvent les capotes des petites charrettes à vélo où ils étaient blottis, des musiciens se mettent à jouer ensemble.

 

Contrer l’état d’urgence

Venus des quatre coins de la France – près de 70 cars se sont déplacés depuis Lille, Paris, Marseille ou Toulouse –, les manifestants ont reçu des messages de soutien d’Allemagne, d’Italie, de Turquie, de Belgique, de Grande-Bretagne, du Québec... Sylvie, Edwige et Isabelle arrivent de Bourgogne. C’est la troisième fois qu’elles traversent le pays pour venir soutenir les opposants à l’aéroport. « NDDL cristallise énormément de colères, estime Sylvie. Nous sommes indignées face à l’écart de plus en plus grand entre les discours et les actes. On organise la conférence sur le climat puis on construit un aéroport ? On parle de sauver l’agriculture et on veut démolir une zone que des gens veulent continuer à cultiver ? » « Être là, c’est aussi une façon de contrer l’état d’urgence, qui menace de devenir permanent », ajoute Edwige. Et qui peut rendre facilement illégal tout rassemblement.

 

 

Accrochés aux sac-à-dos, aux tracteurs ou poussettes, des centaines de drapeaux « aéroport non ! » flottent au milieu de la marche, où se baladent aussi des clowns, des musiciens, quelques représentants politiques d’Europe écologie - les verts, du Parti de gauche ou du Nouveau parti anticapitaliste, et d’autres mouvements de lutte contre les grands projets inutiles. « Il y a beaucoup de solidarité entres le mouvements d’opposition aux grands projets inutiles, se réjouit Johan, membre de la lutte contre le projet d’enfouissement de déchets nucléaires à Bure dans la Meuse. Nous sommes là aujourd’hui pour soutenir la lutte de Notre-dame-des-Landes. C’est aussi l’occasion de discuter avec des gens qui ne nous connaissent pas. Quand on parle de Bure, les gens baissent la tête, comme si notre cas était désespéré. Mais nous, on pense qu’on va gagner ! » Les membres de la coordination qui ont organisé la grande mobilisation de ce samedi 27 février affichent la même détermination : « Celles et ceux qui habitent et cultivent la Zad ne la quitteront pas ! Il n’y aura jamais d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes ! » ont-ils répété à la tribune [2]. Un bidon géant a été hissé par la foule, à trois mètres au-dessus du sol pour faire office de « vigie », en cas de manœuvres policières.

 

« Les gens sont là pour sauver des terres agricoles »

« Tout ce monde, cela fait vraiment plaisir », se réjouit Sylvain Fresneau, qui fait partie des agriculteurs sommés d’évacuer leur ferme le 25 janvier dernier. « C’est un message important pour l’État, pour le projet d’aéroport mais aussi pour le dossier agricole. Les gens sont là pour sauver des terres agricoles, où sont installés des petits élevages. On entend dire qu’il faut sauver les haies, pratiquer la polyculture : c’est exactement ce qu’on fait ici. Pourquoi démolir tout cela en prétendant vouloir le reconstruire ailleurs ? »

 

 

En fin de journée, alors que l’on plie les drapeaux, et que les bétaillères ramènent les piétons vers leurs véhicules, quelques manifestants échangent à propos du référendum. Annoncé par François Hollande le 11 février, il prévoit pour le moment de consulter uniquement les habitants de Loire-Atlantique. « Il y avait ici des citoyens de tout le pays , dit l’un d’eux. Comment peut-on envisager de ne consulter que les habitants d’un département ? » Pour Thibault, rencontré à l’heure du pique-nique, « tout le monde est concerné, tout le pays, voire même, toute la planète... » Il sera difficile pour le gouvernement d’ignorer cette massive et festive manifestation. Quant aux premiers travaux de défrichage, ils sont censés commencer avant la mi-mars, à l’endroit même où s’est tenu le rassemblement...

Nolwenn Weiler

 


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18 février 2016 4 18 /02 /février /2016 17:28

 

Source : http://reporterre.net

 

 

Vous êtes salarié de Vinci, pourquoi êtes-vous contre les expulsions à Notre-Dame-des-Landes ?

17 février 2016 / par Marie Astier (Reporterre)
 

 

Francis Lemasson est secrétaire du syndicat CGT au siège de la société Vinci, à Rueil-Malmaison. Les syndicats CGT du groupe Vinci viennent de prendre une position critique sur le projet d’aéroport.

 

Dans une déclaration publiée le 15 février, le collectif des syndicats CGT du groupe Vinci ont pris position sur le projet d’aéroport Notre-Dame-des-Landes. Ils s’opposent aux expulsions des habitants de la Zad, demandent une étude indépendant sur l’aéroport existant de Nantes, et dénoncent la "criminalisation du mouvement social".

Ils ajoutent : « En tant que salariés de VINCI, nous refusons d’être associés en quoi que ce soit aux basses œuvres d’AGO, filiale du Groupe, qui entend faire ses profits grâce à la politique de privatisation des services publics développée par le gouvernement, politique que la CGT a toujours dénoncé. »

- Télécharger la déclaration :

PDF - 194.1 ko

- Ecouter Francis Lemasson :


Lire aussi : Notre-Dame-des-Landes : fin du procès, décision au 25 janvier



Documents disponibles

  Sans titre   Sans titre

 

 

Source : http://reporterre.net

 

 

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17 février 2016 3 17 /02 /février /2016 14:37

 

Source : http://www.bastamag.net

 

 

Grands chantiers

De Notre-Dame-des-Landes à Roybon, des grands projets créateurs d’emplois ou fauteurs de chômage ?

par

 

 

Les créations d’emploi servent d’argument ultime aux promoteurs des grands projets jugés « inutiles et imposés » par leurs détracteurs. Le nouvel aéroport de Notre-Dame-des-Landes, la ligne à grande vitesse Lyon-Turin, les centres commerciaux géants en Île-de-France, ou encore le Center Parcs de Roybon en Isère, seraient un moyen de lutter contre le chômage. Focalisé sur la quantité d’emplois créés, le débat occulte certaines questions incontournables, comme le devenir des terres agricoles, la qualité et la durabilité des emplois de demain, mais aussi et surtout la pertinence d’un modèle économique à bout de souffle. Basta ! s’est penché sur la réalité des chiffres avancés.

Dans un contexte de chômage de masse, le nombre d’emplois créés est souvent le premier argument dans les plaidoiries des promoteurs de grands projets contestés, qualifiés d’« inutiles et imposés » par leurs opposants. C’est le cas à Notre-Dame-des-Landes, où l’État et son prestataire, le géant du BTP Vinci, tiennent, plus que jamais, à installer un nouvel aéroport. Également en Isère, où Pierre & Vacances projette la construction d’un Center Parcs en pleine zone humide. Ou encore à Gonesse, en région parisienne, cible d’un projet immobilier pharaonique du groupe Auchan. Et en Savoie pour la future ligne à grande vitesse (LGV) entre Lyon et Turin. Face aux critiques et aux coûts exorbitants de ces projets, le nombre d’emplois qu’ils sont censés générer sert souvent d’argument ultime à leurs défenseurs.

La taille hors norme de ces infrastructures destinées au transport, au commerce ou aux loisirs de masse facilite il est vrai les effets d’annonce, quitte à revoir les chiffres à la baisse sous le feu des critiques déployées par leurs adversaires, au fur et à mesure que ces derniers s’approprient les dossiers et constituent leur propre expertise. Données artificiellement gonflées, emplois précaires et sous-rémunérés, destruction d’emplois chez les concurrents du même secteur..., de Notre-Dame-des-Landes à Roybon, les subterfuges dénoncés sont nombreux. Et mettent à mal la vision de grandes infrastructures nécessairement favorables au développement économique et à l’emploi. Travail illégal ou emploi de travailleurs détachés très bon marché sont monnaie courante sur ces grands chantiers, comme l’a déjà illustré ce qui s’est produit pour la construction du réacteur nucléaire EPR à Flamanville (lire notre reportage « Comment Bouygues exploite ses salariés du nucléaire »).

À Notre-Dame-des-Landes, un impact incertain sur l’économie locale

Le projet d’installation d’un nouvel aéroport à Notre-Dame-des-Landes (NDDL), en Loire-Atlantique, est un cas emblématique. Aéroports du Grand Ouest (AGO), la filiale de Vinci censée construire et exploiter l’aéroport, avance le chiffre de 5,4 millions d’heures de travail mobilisées pour réaliser le chantier. Présenté de cette manière, cela paraît beaucoup. Les opposants ont traduit les chiffres de Vinci en équivalent temps plein : 750 emplois, si l’on estime la durée des travaux à quatre ans. Des emplois provisoires, puisque limités à la durée du chantier, potentiellement précaires et mal rémunérés, d’autant plus si le recours à la sous-traitance ou au travail détaché s’avère important.

Autre facette du débat : l’impact de l’aéroport sur le dynamisme économique de la région. Un argument largement spéculatif, difficile voire impossible à démontrer, comme le reconnaît à demi-mot le rapport de la « commission du dialogue », remis le 9 avril 2013 à Jean-Marc Ayrault, alors Premier ministre [1]. Ce qui est certain, en revanche, c’est que la construction de l’aéroport en plein bocage, sur 1 220 hectares, condamnerait des emplois agricoles. D’après la commission, qui relativise cet impact, 40 exploitations seraient touchées. Le nouvel aéroport aurait également un impact sur l’activité de ceux de Rennes et d’Angers, déjà bien à la peine.

Un aéroport low-cost ?

L’argument des emplois directement créés sur le site du nouvel aéroport peine également à convaincre. « Chaque million de passagers supplémentaire génère en moyenne 600 nouveaux emplois directs », explique volontiers AGO. Ce ratio est calculé à partir du fonctionnement de l’actuel aéroport de Nantes-Atlantique, qui devra donc fermer. Or, « si le trafic progresse, le nombre d’emplois augmentera, que ce soit à Notre-Dame-des-Landes ou à Nantes-Atlantique », relèvent les opposants. Comme alternative au projet, ces derniers réclament, études à l’appui, une modernisation de l’actuel aéroport, opération selon eux plus adaptée et bien moins coûteuse.

Surtout, les opposants mettent le doigt sur une contradiction épineuse. Censée générer des emplois, la dernière mouture du projet d’aérogare s’avère en fait sous-dimensionnée par rapport à l’infrastructure actuelle. Exemple : tandis que les halls d’arrivées et de départs occupent 4 200 mètres carrés à Nantes-Atlantique, ils s’étaleront sur 2 600 mètres carrés sur le nouvel emplacement. « L’aéroport a été pensé pour réduire le nombre d’emplois, avec moins de passerelles d’embarquement, moins de guichets d’enregistrement, relèvent les opposants. Sa conception le rapproche d’un aéroport low cost. » Pour eux, le nombre d’emplois créés par million de passagers y serait plus proche des 250 que des 600 avancé. Autant d’arguments qui pèseront dans le débat en cas de référendum sur le projet.

 

À Roybon, emplois précaires et salaires de misère

À Roybon, en Isère, c’est un autre projet d’envergure qui suscite une forte opposition, jusqu’à entraîner la création d’une nouvelle « zone à défendre » (ZAD), depuis fin 2014. En cause ? Le groupe Pierre & Vacances, 1,18 milliard d’euros de chiffre d’affaires annuel, veut y implanter un Center Parc : 200 hectares et 1 000 cottages, au cœur du bois des Avenières, en pleine zone humide (lire notre article « Subventions indécentes, destruction de l’environnement, précarité de l’emploi : un “Center Parc” suscite la colère »). Largement soutenu par la collectivité, à hauteur de 113 millions d’euros d’après les calculs de l’association Pour Chambaran sans Center Parcs (PCSCP), le projet doit entraîner l’embauche de 700 personnes pour faire tourner les installations, dont une bulle tropicale de 9 000 mètres cubes « à 29 degrés toute l’année ».

Sauf qu’une grande partie des emplois s’annoncent précaires et très mal payés. Temps partiel oblige, les 700 embauches équivaudraient à 468 emplois à temps plein, dont 48 % dans le secteur du nettoyage. Une étude est souvent citée par les opposants. Menée en 2011 par l’INSEE Lorraine, elle passe au crible le Center Parc des Trois-Forêts (près de Metz), pionner du genre. « Si le nombre d’emplois créés est important, note l’institut de recherche, un sur quatre est en CDD et, surtout, les salaires offerts sont faibles. […] 60 % touchent le Smic horaire, dont près de la moitié seulement 319 euros par mois, du fait d’un contrat de travail hebdomadaire de neuf heures. […] Au final, seuls 6 % des salariés touchent un salaire supérieur de 20 % au Smic. »

240 000 euros d’argent public par emploi créé

À Roybon, la durabilité des emplois est aussi sujette à caution. La santé financière de Pierre & Vacances, déficitaire sur les quatre dernières années, paraît précaire. Crise oblige, les activités touristiques sont mises à mal par une baisse de la demande. Solution trouvée par l’entreprise : compenser le manque à gagner des activités touristiques par les bénéfices de sa filiale immobilière chargée de la construction et de la revente des cottages à des particuliers ou à des investisseurs qui les relouent ensuite à Pierre & Vacances ! Ce sont les marges réalisées dans l’immobilier, combinées aux généreuses subventions et niches fiscales dont bénéficie le groupe, qui tirent aujourd’hui son activité.

Pour combien de temps encore ? Pierre & Vacances semble engagé dans une fuite en avant : pour compenser le déficit des activités traditionnelles et se maintenir hors de l’eau, le groupe est condamné à une extension de son offre immobilière, c’est-à-dire à la construction de nouveaux Center Parcs. En attendant, à Roybon, suite à l’action des opposants, le projet est provisoirement suspendu. Le 16 juillet 2015, le tribunal administratif de Grenoble a invalidé l’arrêté préfectoral autorisant la destruction de la zone humide. Pierre & Vacances a fait appel de cette décision. Avec 240 000 euros d’argent public pour chaque emploi créé, pas très surprenant ! [2]

Europa City, ou la course au gigantisme

Sur le triangle de Gonesse, dans le Val-d’Oise, c’est le dernier grand espace agricole de la périphérie parisienne qui menace d’être bétonné au nom du développement économique. À l’horizon 2022, Immochan, filiale du groupe Auchan, compte y installer Europa City, un gigantesque complexe de 80 hectares, comptant pas moins de cinq cents boutiques, dix hôtels, un pôle culturel, un cirque, un parc à thème, et même une piste de ski d’intérieur ! Ici, outre les travaux de construction, on promet la bagatelle de 11 500 emplois directs et de 6 000 emplois indirects. De quoi faire saliver de nombreux élus locaux, du député-maire de Gonesse Jean-Pierre Blazy (PS) jusqu’au conseil régional d’Île-de-France.

Le nombre d’emplois créés a-t-il été surestimé par les promoteurs du projet, Immochan et l’Établissement public d’aménagement de la Plaine de France (EPA-PDF) ? Plus que sur les chiffres avancés, le débat porte sur le risque de destruction du tissu économique préexistant. Le projet va-t-il créer des emplois, ou les déplacer en les concentrant sur un site de plus grande taille, augmentant les temps de transport des salariés et des clients ? À ce jour, le projet n’inclut pas d’hypermarché, mais les commerces y occuperont 230 000 mètres carrés. Pour ses partisans, sa vocation internationale et la diversité de son offre, en particulier sur le plan culturel, le positionnent sur un créneau distinct des complexes voisins.

La question est décisive, car, à proximité immédiate de la zone concernée, de grands centres commerciaux se livrent déjà une à concurrence effrénée. À quelques centaines de mètres du triangle de Gonesse, O’Parinor, sur la commune d’Aulnay-sous-Bois, compte déjà 200 boutiques, dont un hypermarché Carrefour. Le complexe a fait peau neuve il y a deux ans, mis sous pression par l’ouverture en 2013 d’un autre grand temple de la consommation, Aéroville, en bordure de l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, c’est-à-dire à dix minutes de Gonesse. Bref, dans les parages, bonjour les embouteillages ! Ces grands complexes pourront-ils cohabiter, et leurs emplois, perdurer ?

Les terres et les emplois agricoles, victimes collatérales des grands projets

Dans la famille des grands projets inutiles, la ligne à grande vitesse (LGV) Lyon-Turin est souvent présentée comme la sœur jumelle de Notre-Dame-des-Landes. Pour son ancienneté d’abord : initié par François Mitterrand, le projet remonte au début des années 1990. Mais aussi pour un coût faramineux au regard d’une utilité discutée : au moins 26 milliards d’euros, dont 11 milliards dépensés par l’État français ! Le tout pour gagner une ou deux heures sur un trajet entre Paris et Milan [3]. Au prix, ici encore, d’un « impact important sur l’agriculture », comme le reconnaissait en 2012 une commission d’enquête publique, concluant cependant à l’utilité du projet.

Sur le dossier Lyon-Turin, l’emploi figure pourtant en bonne place dans les arguments utilisés. Louis Besson (PS), ancien maire de Chambéry et grand artisan du projet, promettait 10 000 emplois pour la réalisation des travaux. Un chiffre manifestement peu réaliste : les bénéfices attendus ont depuis été revus à la baisse, autour de 3 000 emplois créés, et même, plus récemment, à 2 000 ! La calculatrice des défenseurs de la LGV a-t-elle connu des ratés ? Pour Daniel Ibanez, opposant historique au projet, il s’agit là encore d’une présentation optimiste : « 2 000 emplois, c’est au plus fort du chantier, c’est-à-dire s’ils construisent quatre ou cinq tronçons en même temps ! »

 

Les grands projets contre l’emploi ?

De Notre-Dame-des-Landes à Roybon, ces grands projets, au nom de la compétitivité et d’un modèle de développement tourné vers l’international – au mépris de l’impératif de réduction des émissions de CO2 – centralisent les activités sur de grosses infrastructures consommatrices de terres, tout en les concentrant sur un nombre d’opérateurs de plus en plus réduit. L’emploi peut-il en sortir gagnant ? La ferme des Mille Vaches, dans la Somme, constitue le contre-exemple parfait. Véritable usine tournée vers la recherche d’une rentabilité économique optimale, la ferme industrielle doit employer 18 salariés [4], quand un nombre équivalent d’animaux répartis sur plusieurs fermes de plus petite taille ferait vivre environ 40 personnes. Question progrès social et répartition du travail, on a vu mieux !

Alors, création d’emplois, ou « destruction créatrice » aboutissant à leur réaffectation – en nombre parfois plus restreint – sur des infrastructures générant des emplois intensifs et mal rémunérés ? La technicité du débat sur la création d’emplois dans les grands projets escamote des questions essentielles pour sortir de la crise écologique et sociale : comment protéger les terres et promouvoir une agriculture réellement écologique ? Comment développer des emplois durables et de qualité ? Que voulons-nous produire, et de quelles ressources disposons-nous pour le faire ? Après les promesses de la COP21, c’est la pertinence même de notre modèle de société qui est questionnée par les grands projets inutiles.

 

@Thomas_Clerget

Photo : © Myriam Thiébaud / Basta !

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12 février 2016 5 12 /02 /février /2016 19:01

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

Notre-Dame-des-Landes: la fausse solution du référendum local
12 février 2016 | Par Jade Lindgaard
 
 
 

Hollande annonce un référendum local « pour savoir ce que veut la population » sur le projet contesté d'aéroport. Mais il est juridiquement impossible de revenir localement sur une décision nationale. Opposants et partisans se montrent circonspects.

Sortir du bourbier de Notre-Dame-des-Landes : c’était l’un des enjeux du retour au gouvernement des écologistes. Comment résoudre ce qui est devenu le conflit environnemental le plus obstiné et le plus mobilisateur du quinquennat de François Hollande ? Jeudi soir, le chef de l’État a annoncé l’organisation d’un référendum local « pour savoir ce que veut la population » d’ici octobre. Dans une apparente contradiction, il a affirmé que « les travaux doivent commencer en octobre » et en même temps que si la réponse au référendum est non, « l’État en tirera les conséquences ». À l’inverse, si c’est oui, la construction d’un nouvel aéroport dans la campagne nantaise ne pourra plus être contestée. « À un moment, il faut prendre une décision », a-t-il expliqué.

L’Élysée n’a apporté aucune précision sur les conditions de tenue de ce référendum jeudi soir. Quel périmètre géographique : le département de Loire-Atlantique, premier concerné ? Les régions Pays de la Loire et Bretagne, qui financent toutes les deux le projet ? Les cinq départements de la zone de chalandise (Morbihan, Ille-et-Vilaine, Vendée, Maine-et-Loire, Loire-Atlantique) ? Et quelle question poser aux électeurs ? Or la réponse à la consultation dépendra de la méthode de son organisation.

 

Départ de manifestation à Notre-Dame-des-Landes, au petit matin du 9 janvier 2016 (JL). Départ de manifestation à Notre-Dame-des-Landes, au petit matin du 9 janvier 2016 (JL).

 

Présidente du Comité des élus contre l’aéroport, et ancienne conseillère générale de Loire-Atlantique, Françoise Verchère se dit « atterrée » par l’annonce du référendum local. « C’est le prototype de la fausse bonne idée. Si on organisait un référendum aujourd’hui, il tournerait à "pour ou contre la ZAD". » Entendus par Alain Richard lors de sa mission sur la modernisation de la démocratie participative en 2015, à la suite de la mort de Rémi Fraisse lors d’une manifestation contre le barrage de Sivens, des associations d’opposants aux « grands projets inutiles et imposés » s’étaient dites « circonspectes » sur l’idée d’un référendum.

« Le périmètre, la formulation de la question (pour ou contre un projet ou bien un choix entre plusieurs solutions ?), le temps de l'information de la population, les moyens matériels et financiers donnés aux parties présentes, tout peut être sujet à débat... et à manipulation », ont-elles écrit dans leur plateforme. À leurs yeux, « la France n'a pas la culture de la "votation citoyenne" contrairement à la Suisse. Dès lors, proposer un référendum in fine n’est-ce pas surtout révélateur d'un sérieux déficit de concertation et de débat en amont ? ».

Depuis la déclaration d’utilité publique du projet d’aéroport en 2008, de nombreuses failles du dossier ont été révélées par des opposants : oubli de nombreuses espèces protégées sur les 1 200 hectares de la zone d’aménagement différé (documenté par les naturalistes en lutte), douteux calculs de la DGAC sur les avantages financiers générés par le nouvel aérogare, contradiction avec les objectifs d’action contre le dérèglement climatique actés par la loi de transition énergétique et l’accord de Paris sur le climat. Ségolène Royal vient de commander une mission d’expertise sur le sujet, chargée pour la première fois d’étudier la faisabilité d’une amélioration de l’aéroport existant de Nantes-Atlantique. Pour Françoise Verchère, « que l’exécutif ne soit pas capable de comprendre qu’à un moment il faut arrêter ce projet démontre une dérive intellectuelle ».

Depuis 2003, la loi permet d’organiser des référendums locaux à caractère décisionnel. Mais « il est juridiquement impossible de demander à des populations locales de prendre des décisions sur des mesures de niveau national », explique l’avocat Arnaud Gossement, spécialiste en droit environnemental (voir ici son billet de blog sur le sujet). Or la déclaration d’utilité publique de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes est émise par l’État. Elle ne peut donc être remise en cause par un vote local.

« C’est une foire d’empoigne »

L’autre option envisageable est le recours à une consultation locale, permise par le code général des collectivités locales. Mais elle ne peut recueillir qu’un avis consultatif – l’ancien ministre de l’écologie Philippe Martin a ainsi organisé une consultation dans le Gers sur les OGM. Là encore, le résultat d’une telle consultation dépendrait en grande partie de son niveau d’organisation territoriale. Plus on s’éloigne de Notre-Dame-des-Landes, plus les arguments économiques en faveur du nouvel aéroport pourraient remporter d’adhésion. Les socialistes locaux disent avoir organisé une enquête d’opinion sur le projet d’aéroport, en Loire-Atlantique, au résultat favorable au chantier. Mais le sondage n’a jamais été rendu public.

En faveur du projet, les collectivités territoriales seraient-elles les mieux placées pour organiser cette consultation ? Avec quelle garantie de neutralité dans l’information du public ? Et qui rédigera le vœu soumis au vote des citoyens ? Par ailleurs, si les électeurs votaient contre le projet, cela ne suffirait pas à remettre en cause le contrat de concession remporté par Aéroport du Grand Ouest, filiale du groupe Vinci. « C’est une foire d’empoigne » qui pourrait durer des mois, résume Arnaud Gossement, qui juge a priori l’échéance d’octobre difficile à tenir.

 

C’est au contraire « un signal positif d’apaisement » selon le sénateur EELV Ronan Dantec, qui milite depuis des mois pour la tenue d’un référendum local. « Mais il faut des conditions : respecter les règles du jeu, la neutralité de l’usage de l’argent public dans l’information des citoyens, la contre-expertise que les opposants réclament et en confier l’organisation à la Commission nationale du débat public ». Pour échapper au fait qu'il est impossible de re-décider localement d’une décision nationale, il compte sur un projet d’ordonnance du cabinet d’Emmanuel Macron permettant à l’État de consulter les citoyens locaux. Mais dans son état actuel d’écriture, il ne concerne que les projets non encore décidés. Il faudrait donc en revoir l’écriture pour qu’il s’applique au dossier de l’Aéroport du Grand Ouest. Il doit être présenté au Conseil national de la transition écologique le 16 février.

Une autre option consisterait à organiser une conférence de consensus, avait défendu en 2014 Matthieu Orphelin, alors vice-président de la région Pays de la Loire : « Ces processus sont adaptés pour produire un avis collectif sur des sujets très controversés. La méthode a fait ses preuves à l’étranger et est même utilisée en France sur les sujets médicaux. » Ce serait une manière de mettre en œuvre les principes de démocratie participative chère à la ministre de l’environnement (son ministère ayant été renommé ainsi lors de ce remaniement), Ségolène Royal.

Pour Bruneau Retailleau, président (Les Républicains) de la région Pays de la Loire : « Alors que toutes les procédures ont été scrupuleusement respectées et que la justice s'est prononcée favorablement sur le transfert de l'aéroport, à travers plus de 150 décisions, le président de la République renonce à décider. » Il dénonce « un marchandage » pour l'entrée des écologistes au gouvernement. Délégué général des Ailes pour l’Ouest, association des pro-aéroports, Marc Bouchery préfère attendre de connaître « le périmètre, la question et le porteur » du référendum mais se dit « serein sur la démarche ».

Les élus socialistes locaux, favorables à l’aéroport, réservent un accueil mitigé à l’annonce de François Hollande : « Nous prenons acte de la décision du président de la République de soumettre à un référendum le projet de transfert de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Ce n'était pas notre option, écrivent Philippe Grosvalet (président du conseil départemental), Johanna Rolland (maire de Nantes) et David Samzun (maire de Saint-Nazaire). Nous avons toujours clairement indiqué notre position. Ce transfert est une chance et une opportunité pour l'attractivité et le développement de la métropole nantaise, la Loire-Atlantique, la région Pays de la Loire et tout le Grand-Ouest. »

De son côté, la fondation Nicols Hulot (FNH) se dit « prudente » : « Les modalités du référendum devront obligatoirement être définies en accord avec l'ensemble des parties prenantes. La FNH souhaite notamment l’implication des régions Bretagne et Pays de la Loire et la mise à disposition auprès du public d’une nouvelle étude sérieuse des alternatives possibles. Sans un consensus sur son périmètre, sur la question posée et le contenu du dossier d'information, l'exercice souffrira des mêmes problèmes de légitimité que le projet existant. » Tout juste nommé au ministère de l'aménagement du territoire, Jean-Michel Baylet a déclaré : « Je pense que ce projet est utile à cette région et même utile à la France car pas trop loin de Paris quand même, et que nous avons besoin d'un nouvel aéroport. »

Encore une fois, l’exécutif échoue à trancher dans le dossier de Notre-Dame-des-Landes et tente une opération de déminage risquée car entachée de soupçons de partialité et de manipulations. Pendant ce temps, les exploitants de quatre fermes et les habitants de trois logements situés en divers points de la ZAD sont sous le coup d’une décision d’expulsion. Ils doivent quitter leur lieu de vie d’ici mars. Une nouvelle manifestation d’opposition à l’aéroport est prévue le 27 février.

 

 

 

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

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11 février 2016 4 11 /02 /février /2016 20:49

 

Source : http://reporterre.net

 

 

A Toulouse, des activistes ont lancé une campagne contre Vinci

11 février 2016 / Marine Vlahovic (Reporterre)
 


 

À Toulouse, les partisans de la Zad ont décidé de mener la vie dure au champion du béton depuis qu’il a demandé l’expulsion des habitants de Notre-Dame-des-Landes. Occupations de bureaux, opérations de péages et parkings gratuits... les pistes sont ouvertes.

 

- Toulouse, correspondance

Le rendez-vous était resté secret jusqu’au dernier moment. Ce mercredi 27 janvier, une trentaine de personnes se rejoignent à deux pas du Capitole, dans le centre de Toulouse. Au quatrième étage d’un immeuble anonyme, se trouvent les bureaux de Vinci Immobilier et d’Indigo (ex Vinci-Park). Une banderole « Vinci nous ruine, ruinons Vinci » est déployée à la hâte sur le seuil, tandis qu’une poignée de manifestants se rue dans le hall d’entrée. Munis d’ardoises en carton, en référence aux pénalités demandées par Vinci aux paysans et habitants historiques de Notre-Dame-des-Landes, ils s’allongent à même le sol pour barrer le passage, tout en crayonnant leurs slogans. « On est bien ici, on pourrait rester des années ! » s’esclaffe une militante. Tracts à la main, Fatima décide de grimper les étages pour visiter les bureaux de Vinci. Elle sonne à plusieurs reprises à la porte. Sans succès. Prévenus grâce aux caméras de la cage d’escalier, les employés se sont claquemurés. Fatima se résigne mais sans déception. Elle en est certaine : les collectifs Zad de Haute-Garonne et du Tarn, qui ont organisé l’action, reviendront.

 

 

À plus de 600 km du bocage nantais, les militants qui ont participé de près ou de loin à la lutte contre le barrage de Sivens (Tarn) ont décidé de mener des actions non-violentes de basse intensité contre Vinci, le promoteur du projet d’aéroport contesté à Notre-Dame-des-Landes. « C’est une évidence », explique Jean-Claude. « Le centre névralgique est à Nantes, certes, mais il faut décentraliser la mobilisation sur le territoire. Notre-Dame-des-Landes est une problématique nationale, voire internationale ! » s’exclame-t-il. Dans la rue bondée, le slogan « Vinci dégage, résistance et sabotage » hurlé à tue-tête perturbe l’après-midi ensoleillée des passants aux bras chargés de sacs.

 

 « Ils veulent juste bâtir, bâtir, bâtir pour se faire du fric ! »

Un grand sourire accroché aux lèvres, « Camille » arrête les badauds pour échanger quelques mots. « Vous avez raison, il y en a ras-le bol de ces grandes entreprises qui mettent la main sur tout ! » s’écrie Marianne, une Toulousaine aux cheveux grisonnants devant le manifestant qui reste bouche bée. « On m’avait dit que cette action serait un grand moment de solitude, mais finalement les gens réagissent et sont de notre côté », confie-t-il. Axel, un lycéen rigolard, met la main à pâte en distribuant des tracts. « Virer des familles, c’est dégueulasse, ça pourrait très bien m’arriver à moi ou à vous demain », commente-t-il. Saïda, employée d’un institut de sondage installé dans le même immeuble que Vinci, fulmine : « C’est honteux, cette décision du tribunal. Que Vinci ait osé demander mille euros par jour de pénalités à des paysans et des familles, ça dépasse l’entendement. Dans quel monde on vit, là ? Ils veulent juste bâtir, bâtir, bâtir pour se faire du fric ! » vitupère-t-elle.

 

 

À quelques mètres, un petit groupe de CRS nonchalants observent la scène. Lunettes de soleil sur le nez, un policier confirme qu’on ne leur a pas donné l’ordre d’intervenir. Après une heure d’occupation, les manifestants décident de lever le camp. Les autres bureaux de Vinci à Toulouse ont baissé leurs rideaux par mesure de précaution. « Vinci ne va pas s’en tirer comme ça, souffle un opposant au projet d’aéroport. Dans les semaines qui viennent, ils vont entendre parler de nous. »

D’autant plus qu’à Toulouse, le géant de la construction, qui est aussi le premier opérateur européen de concessions d’infrastructures de transport, fait grincer des dents. En novembre dernier, Vinci-Park s’est rebaptisé Indigo en toute discrétion. Ce nouveau nom est censé faire « référence à la septième couleur de l’arc-en-ciel, un bleu violet très profond, que Léonard de Vinci définissait comme la couleur du lointain, de l’infini et du futur ». Une opération de « blue-washing » qui semble réussir au leader mondial du stationnement payant dans la ville rose. Le 20 janvier dernier, Indigo a raflé le contrat de concessions de plusieurs parkings toulousains, avec en prime la construction de milliers de places dans le cadre de l’aménagement du centre-ville. Présentée comme une « bonne affaire » par Jean-Luc Moudenc, le maire (Les Républicains) de Toulouse...

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : http://reporterre.net

 

 

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9 février 2016 2 09 /02 /février /2016 16:49

 

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Les curieux calculs de l’Etat pour justifier l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes
8 février 2016 | Par Jade Lindgaard
 
 
 

Selon l’aviation civile, l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes ferait économiser 911 millions d’euros à ses passagers. Selon les élus opposés au projet, cette estimation est une imposture.

La Direction générale de l’aviation civile (DGAC) est à l’origine du plus improbable des feuilletons, conjuguant opacité administrative et élucubrations arithmétiques. Il concerne le calcul des coûts et des avantages générés par le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes. Depuis dix ans, l’État affirme que la construction d’un aéroport dans la campagne périphérique de Nantes rapporterait bien plus d’argent qu’il n’en coûterait.

A priori surprenante, cette affirmation est quantifiée dans le dossier d’enquête publique datant de 2006, sur la base notamment d’une estimation réalisée par le bureau d’études JLR Conseils. Selon cette étude socioéconomique, le gain de temps de trajet pour les usagers qui voyageraient à partir de Notre-Dame-des-Landes équivaut à un bénéfice de 911 millions d’euros. La somme est si importante qu’elle écrase la contestation et est brandie depuis des années par les partisans du projet pour en justifier la pertinence.

 

Les calculs de la DGAC sur Notre-Dame-des-Landes selon les opposants au projet. Les calculs de la DGAC sur Notre-Dame-des-Landes selon les opposants au projet.

 

Le problème, c’est que jusqu’à présent, personne n’avait réussi à savoir comment le bureau d’études s’y était pris pour obtenir ce chiffre. Le collectif des élus contre l’aéroport, le CéDpa, a saisi la Commission d’accès aux documents administratifs (CADA) pour obtenir les détails du calcul. La CADA lui a donné raison, le 30 juillet 2015. Après des mois d’attente, plusieurs échanges de lettres avec le cabinet de Ségolène Royal, le dépôt d’un recours devant le tribunal administratif et deux envois du ministère de l’écologie, les requérants ont fini par recevoir plusieurs documents relatifs au calcul.

Selon le CéDpa, ils sont truffés d’incohérences, d’erreurs et de contradictions, à tel point que pour Françoise Verchère, sa présidente, il s’agit d’un « magnifique montage » et de « science-fiction aéronautique ». Selon la DGAC, le trafic sur Nantes sera plafonné pour réduire les nuisances sonores (56 000 mouvements commerciaux en 2019, un chiffre très sous-estimé selon l’atelier citoyen qui a contre-expertisé le dossier de déclaration d’utilité publique). Les passagers qui ne pourront plus décoller de Nantes se reporteront sur les autres aéroports de la région. Cette perte de temps a un coût, calculé en temps aérien virtuel supplémentaire.

À l’inverse, si l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes se construit, le passager qui aurait dû sinon prendre l’avion par exemple à La Rochelle, économisera 2 h 30 d’avion, soit l’équivalent de 150 euros. Chaque aérogare se trouve ainsi affectée d’un coefficient de handicap. « Comment ont-ils calculé ces handicaps ? D’où viennent-ils ? La DGAC ne l’a jamais expliqué et cela ne figure pas dans l’enquête publique. C’est très choquant », réagit Françoise Verchère.

En multipliant le nombre de passagers estimés dans les décennies à venir (jusqu’en 2042) par l’argent ainsi « économisé », on obtient 911 millions d’euros. Une logique soutient ce raisonnement, mais sur la base de chiffres hypothétiques et donc contestables. Pour le CéDpa, c’est tout simplement « une imposture »

« Le report vers des aéroports régionaux est totalement théorique et le mode de calcul du gain aérien très étonnant, analyse Françoise Verchère. On comprend mieux que, depuis le début, la DGAC n'ait pas clairement expliqué cette  hypothèse. Elle relève de la science-fiction, ne sert qu’à obtenir au final un "gain de temps de trajet" suffisamment élevé pour justifier le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. On nage en plein délire ! »

Le mystère des 911 millions d’euros n’est pas pour autant résolu. Selon la DGAC, le total des bénéfices du gain de temps « air » atteint 700 millions d’euros. L’économie en temps de train pour aller et partir de l’aéroport Notre-Dame-des-Landes se chiffrerait en sus à 200 millions d’euros. Pourquoi ? Sur la base de quel calcul ? Rien ne l’explique dans les documents communiqués par l’administration. Contactée par Mediapart, la DGAC n’a pas réagi à ces critiques.

 

 

 

 

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

 

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7 février 2016 7 07 /02 /février /2016 18:30

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

Notre-Dame-des-Landes: bienvenue chez les dingues
6 février 2016 | Par Jade Lindgaard
 
 
 

Les contradictions permanentes du gouvernement sur la construction de l’aéroport du Grand Ouest ont un effet délétère sur la vie politique locale. En rendant impossible l’échange d’arguments rationnels, elles détruisent les conditions du débat démocratique.

Il était une fois une peuplade étrange. Ils étaient parlementaires, ministres, chef du gouvernement et président de la République. Ils exerçaient le pouvoir au plus haut niveau et prenaient des décisions graves et historiques pour leur pays : partir en guerre contre des groupes armés dans des pays étrangers, instaurer l’état d’urgence, exonérer d’une partie de leurs impôts les grands groupes industriels en échange de créations d’emplois.

Mais ils n’arrivaient pas à savoir s’ils voulaient ou non construire un aéroport de province.

Bienvenue dans la France de 2016.

Huit ans après la déclaration d’utilité publique du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, à une trentaine de kilomètres de Nantes, en Loire-Atlantique ; 42 ans après la création d’une zone d’aménagement différé par arrêté préfectoral, on ne sait toujours pas si la plateforme aéroportuaire sortira du sol. Quelques semaines après la clôture de la COP21, le sommet sur le climat, le gouvernement de Manuel Valls se contredit à un rythme ahurissant sur le sujet.

 

zad-2013 zad-2013


Dimanche 31 janvier, Ségolène Royal, ministre de l’écologie et des transports, doublement en charge du dossier, déclare lors de l’émission C Politique : « C’est un projet qui remonte à plus de 15 ans. Entretemps des choses ont changé. Il y a des légitimités qu’il faut peut-être revisiter. Il y avait beaucoup de confrontations, de tensions, de violences au motif qu’il y avait des solutions alternatives qui n’avaient pas été vues. C’est maintenant devenu un grand principe démocratique depuis les conférences environnementales, j’ai demandé à mon inspection générale de mettre à plat, de voir s’il y avait des projets alternatifs ou complémentaires. De toute façon la situation est bloquée. On ne fera pas d’évacuation par la force, ça je peux vous le dire. C’est impossible. Il n’y aura pas d’évacuation par la force. Ce n’est pas possible. On ne va pas finir dans une guerre civile à Notre-Dame-des-Landes. Il va falloir reconstruire intelligemment des solutions. Quelles sont les grandes stratégies aéroportuaires dans l’ouest de la France ? Est-ce qu’il y a des choses qu’on peut faire ? Des aéroports qu’on peut mettre en réseau ? De toute façon, il n’y aura pas de travaux tant que les contentieux ne sont pas terminés. Il y a un contentieux européen. Les réponses ne sont pas totalement apportées par les collectivités locales qui doivent reprendre les schémas locaux. »

Le verbatim de cette déclaration est instructif. Les propos de Ségolène Royal sont complets, précis et déroulent un raisonnement logique. Ils diagnostiquent un blocage du dossier : impossible de construire l’aéroport tant que la ZAD est occupée par 200 à 300 personnes et que localement les manifestations réunissent plusieurs dizaines de milliers de personnes. Ils formulent aussi une piste de sortie de crise : réexaminer les alternatives au chantier. L’expression de la ministre présente donc les apparences d’une position officielle du gouvernement.

En fait, pas du tout.

Interrogé dans la foulée sur la portée des annonces de Ségolène Royal, l’Élysée renvoie vers Matignon, qui refuse de « commenter » les déclarations de la ministre de l’écologie. Pourquoi ? La réponse arrive mardi 2 février, par l’intermédiaire de Jean-Marie Le Guen, secrétaire d’État aux relations avec le Parlement, qui déclare devant le Sénat lors des questions au gouvernement – un lieu où la parole de l’exécutif l’engage : « Je peux vous le dire. L’automne prochain sera le moment décisif pour l’engagement effectif des travaux. Je suis heureux de vous apporter cette information, ou plus exactement, de vous la confirmer. Toutes les procédures nécessaires auront été mises en œuvre et l’ensemble des conditions seront satisfaites. »

 

De son côté, le ministère de l’écologie confirme le lancement de sa mission d’inspection, mais ne précise pas s’il compte réaliser de nouvelles auditions ou synthétiser les nombreux rapports existants. Un rapport doit être rendu d’ici deux mois. Mercredi 3 février, Ségolène Royal confirme ses propos lors de la matinale de France Inter. Qui croire ?

À Nantes et aux alentours, partisans et opposants du projet d’aéroport en sont réduits à regarder tourner la girouette gouvernementale, épuisés et de plus en plus exaspérés. La Région des Pays de la Loire, présidée par le Républicain Bruno Retailleau qui a conduit une partie de sa campagne électorale contre la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, lance une pétition pour l’expulsion immédiate de la zone (10 000 signatures affichées samedi midi). Manifestement, le dialogue institutionnel avec les représentants de l’État ne fonctionne plus.
 

Publicité publiée dans les journaux du groupe Ouest France. Publicité publiée dans les journaux du groupe Ouest France.
 

La maire PS de Nantes, Johanna Rolland, héritière politique de Jean-Marc Ayrault, ancien premier ministre de François Hollande, cosigne une lettre à l’Élysée avec Bruno Retailleau (LR) et le président socialiste du département, Philippe Grosvalet, le suppliant de « trancher le débat dans la clarté » en faveur de la construction de l’aéroport, pour en finir avec « les exactions » subies par les riverains de la ZAD – sous-entendu, du fait des militants anti-aéroports. À leurs yeux, l’aérogare est « un équipement essentiel, reconnu d’utilité publique, dont la réalisation vise à améliorer l’attractivité et la connexion européenne et internationale des territoires de l’Ouest de la France ».

La confusion politique est à son comble puisque droite et gauche en viennent à tenir le même discours, tandis que l’agressivité des échanges croît. Dans les journaux du groupe Ouest France, vendredi 5 février, la Région s’est offert un encart publicitaire proclamant : « Exigeons l’évacuation de la ZAD », et appelant à signer la pétition initiée par Bruno Retailleau. Résultat : l’intersyndicale des journaux de la Loire (CFDT Ouest France, SNJ/Ouest France, Le Courrier de l’Ouest, Le Maine Libre et Sud/Presse Océan) proteste publiquement contre ce « message clivant et provoquant sur le sujet délicat du projet d’aéroport ». Et dénonce « la confusion des genres, la mise en cause de l’indépendance des journalistes et le danger qu’elle leur fait désormais courir physiquement ». Selon eux, « l’amalgame et la confusion que provoque cette publication payante du conseil régional se confirment dès ce jour sur les réseaux sociaux et lors des appels téléphoniques dans les rédactions ». Petite victoire des journalistes : ils ont obtenu que le message du conseil régional soit présenté comme une « publicité » et non un « publi-communiqué ».

 

Sur place, l’affaire fait grand bruit et suscite des réactions en dehors des rédactions directement concernées. Le Club de la presse Nantes Atlantique a lui aussi pris la parole pour « réaffirmer son soutien aux journalistes des médias concernés » et dénoncer « les multiples pressions que ces journalistes subissent depuis beaucoup trop longtemps sur ce sujet, pressions qui ne font que montrer le peu d’attachement aux principes démocratiques de ceux qui en sont à l’origine ».

Bilan des courses : les relations entre élus locaux, médias et État sont exécrables, les occupants de la ZAD deviennent un point de fixation obsessionnelle des discours sécuritaires instrumentalisés par la droite et la gauche locale. Les familles dont la justice vient de décider l’expulsion de la ZAD vivent une catastrophe personnelle.

Et plus personne ne s’interroge sur le bien-fondé du projet d’aéroport, alors que c’était le sujet rêvé pour la France de l’après-COP21 : comment repenser un projet de développement local et d’attractivité territoriale, sans saccager une des plus grandes zones humides du pays avec une machine à émettre des gaz à effet de serre. Les atermoiements de la puissance publique ont un effet délétère sur la vie politique et militante locale. En rendant impossible l’échange serein d’arguments rationnels et contradictoires, ils détruisent les conditions du débat démocratique.

 

 

 

 

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

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5 février 2016 5 05 /02 /février /2016 21:17

 

Info reçue par mail

 

 

" Concrétisation d'une proposition émise à la VACHERIT le mardi 26 janvier 2016" :


"L'aéroport de Notre-Dame-des-Landes est emblématique de deux choix de  société opposés, d'un coté, des politiciens animés d'une hystérie de  progrès et de croissance infinie, ruineuse, de l'autre des citoyens cherchant à promouvoir une société au service du peuple, économe, heureuse.

 C'est le combat de l'irresponsabilité contre la sagesse.

 C'est le combat de politiciens hors la loi contre des Citoyens respectueux de la loi.

 En effet la loi sur l'eau de 1992 interdit de détruire les zones humides, celle de Notre-Dame- des-Landes ne peut être détruite parcequ'elle est incompensable du fait de son étendue.

  Dans ce conflit, les politiciens gonflés de leur puissance ont choisi de combler d'argent VINCI, aux dépens du peuple que l'on ruine.
  Face à ce drame des Citoyens s'insurgent ,se révoltent depuis des années.
  Ce combat mené par ceux que l'on appelle " les historiques ", est devenu le combat des JUSTES contre la corruption.
  Une composante de ce combat, les Zadistes, jeunes idéalistes, sont en pointe de la lutte, ils s'exposent à la répression avec courage.
  La génération des anciens, consciente d'avoir contribuée à la mise en place d'un système politique dévoyé, doit réparation aux générations présentes et futures.
   Ainsi, ayant observé la jeunesse toujours en première ligne au combat, elle se doit d'y prendre une plus grande part.
  L'imminence d'une attaque suivie de l'expulsion de la ZAD, demande un renforcement de l'opposition.
  Dans l'espérance que la sagesse l'emporte, qu'il faut montrer sa force pour ne pas avoir à s'en servir, les anciens décident d'afficher leur détermination à empêcher tout commencement de travaux à NDDL.
  En conséquence ils s'affichent comme une force de dissuasion, en photo, cocktails molotof à la main.
  Ces armes ne pourront être  utilisées qu'en dernier recours, lorsque les hordes policières du pouvoir envahiront la ZAD pour détruire par la violence les lieux de vie et de travail des familles.
  Ces armes ne seront pas utilisé contre les personnes, mais  contre les engins mécaniques de destruction, après semonce de ne pas détruire et de se  retirer.

   CENT anciens lancent un avertissement aux gouvernants d'abandonner le projet néfaste d'aéroport de NDDL."

 

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