essonneinfo.fr - 3 mai 2012 | Auteur Frédéric Baud
Société. Ils étaient à Rungis lundi matin et dormaient devant la gare de Massy-Palaiseau le soir, avant de rejoindre la manifestation du 1er Mai le lendemain. Les Indignés réunis pour la Marche des banlieues ont prévu de faire le tour de la périphérie parisienne d’ici le 12 mai, anniversaire de la naissance du mouvement en Espagne l’année dernière.
- Photo : le campement des Indignés à Massy. (© FB/EI)
Ils sont partis le 14 avril dernier de Saint Denis. Venu de toute la banlieue, de la capitale ou encore de Bayonne, de Strasbourg et de Nice, le groupe de marcheurs indignés qui fait actuellement le tour de la banlieue parisienne était lundi en Essonne. Une trentaine de marcheurs, âgés de 18 à 60 ans se sont ainsi réveillés à Rungis avant de traverser Thiais et d’y faire une assemblée populaire (lire le reportage de 94 Citoyens sur la marche dans le Val-de-Marne). « Après s’être réunis dans le centre-ville, on a organisé une assemblée générale, raconte Mathilde. L’entre-deux-tours de la présidentielle est propice pour interpeller les gens sur les sujets que l’on porte. » C’est ensuite à Massy-Palaiseau que se sont retrouvés les marcheurs où ils ont passé la nuit en face de la gare. Sur le gazon d’une école maternelle, chacun a mis la main à la pâte afin de bâtir un « coin sympa » pour reprendre des forces.
Si au vu des effectifs, sérieusement diminués depuis l’année dernière dans leurs rangs, on peut avoir des doutes sur l’impact d’une telle marche sur « les consciences », les marches populaires qui se multiplient partout en France et en Europe sont de réelles expériences de vie en communauté. Pour la première fois dans l’histoire de ce type de mouvement, la vie à plusieurs s’organise et s’articule autour de la contestation au jour le jour. Entre l’apprentissage de la vie en groupe et la tentative de réinventer un militantisme nouveau détaché des codes et des travers de l’engagement syndical et partisan, certains indignés vivent depuis le 15 mai dernier de la contestation et du refus « du système ». Teuf, traveller’s depuis quelques années, a rejoint le mouvement depuis quatre mois : « Je venais de Mulhouse et j’ai rencontré les Indignés à Strasbourg lors d’une action. On est ensuite montés à Paris en marchant et après la Marche des banlieues, on partira à Barcelone. On était deux en arrivant sur la capitale et on repartira à dix. »
L’exemple de Teuf est assez représentatif. Si le mouvement des Indignés se donne encore des ambitions globales en lançant des mots d’ordre de rassemblements internationaux comme le 12 mai prochain pour l’anniversaire du mouvement, c’est bien la multiplication de petits groupes réunis en marches populaires et engagés dans une fuite en avant, une marginalisation volontaire et en opposition frontale avec le mode de vie dominant, qui sont aujourd’hui la veine du mouvement. A moins que le retour du beau temps et les appels aux rassemblements ne fassent ressortir les milliers d’indignés qu’on avait pu voir à Paris ou à Bruxelles en septembre et octobre dernier. Réponse le 12 mai.