A l’encontre des Indignés présents à Paris du 17 au 22 septembre, l’Etat français a décidé de frapper fort.
Après avoir envoyé ses représentants de l’Ordre interpeler de manière violente les Indignados et les Indignés sur les trottoirs de St Germain à Paris dans la soirée du 19 septembre, puis une nouvelle fois le 21 septembre place de la Bourse, l’Etat représenté par la procureure de la République Laurence Dané, a sorti une artillerie judiciaire plutôt lourde ce lundi 31 octobre au matin à la 29e chambre du tribunal correctionnel de Paris.
La sévérité des peines requises sont apparues non seulement disproportionnées, mais également injustifiées à différents observateurs.
Comment faut-il comprendre une telle attitude, que certains déjà sont enclins à interpréter comme une véritable « déclaration de guerre » ?
Est-elle le résultat d’une réaction de panique du gouvernement traduisant sa peur d’Indignés non-violents ? Cela peut au premier regard apparaitre surprenant, même si l’on ne peut exclure une telle hypothèse au vu des évènements violents qui se déroulent en Grèce, des mobilisations spectaculaires espagnoles, des déstabilisations institutionnelles générées par les Indignés anglais, de l’ampleur des répercussions de l’occupation de Wall Street ; entre autres évènements.
Mais peut-être faut-il y voir la volonté de continuer à étouffer dans l’œuf, quitte à tomber de manière plus ou moins assumée dans l’outrance, toute tentative d’expression de l’indignation en France, et notamment à Paris. En somme un message fort adressé aux indignés parisiens et français qui appellent à occuper la Défense à partir du 4 novembre.http://www.occuponsladefense.net/
Pourtant une telle option est manifestement très risquée. Tout d’abord parce que chaque mesure d’intimidation ou de violence policière s’est jusqu’à présent soldée par un regain de détermination des Indignés que ce soit à Paris, ou encore à Bruxelles. Ensuite parce que les partis politiques de Gauche, notamment le NPA et EELV, dont les candidats aux présidentielles monopolisent actuellement les studios de télévision et de radio, multiplient les déclarations de sympathie en direction des Indignés.
Et pourtant il faut bien constater que la décision d’une éventuelle spirale de l’oppression semble avoir été prise, accompagnée d’une tentative d’escamotage et de diversion médiatique sur le thème de l’insécurité en banlieue. En effet ce n’est évidemment pas un hasard si Claude Guéant, actuel Ministre de l’Intérieur, a fait la une des JT après s’être déplacé ce même lundi 31 au matin à St-Ouen pour annoncer qu’il allait « nettoyer » les quartiers de leurs dealers de drogue.
Sur la foi de ces observations il n’est peut-être pas abusif de penser que nous entrons de la part du gouvernement dans une phase préoccupante de radicalisation. Comme à l’époque de la réforme des retraites, les signes d’intimidation alors adressées aux dirigeants syndicaux produiront-elles le même effet sur la détermination des Indignés ?
Pour ceux et celles qui souhaiteraient prendre le temps d’une connaissance plus précise des évènements, revenons plus en détail sur les faits :
Le lundi 19 septembre au soir, soit deux jours après la grande manifestation officielle qui s’était déroulée le samedi 17 dans l’après-midi de la Cité Universitaire à la place de la Bastille, emmenée par les Indignés venus à pied par trois routes différentes de Madrid, Toulouse et Barcelone, une première intervention policière a lieu boulevard St Germain.
Un des marcheurs relate les faits en ces termes : « Vers 19H00 tous les marcheurs se sont mis en route, sans bloquer la circulation et en marchant sur les trottoirs. Le déplacement se voyait festif et en chanson comme à l'habitude. Un premier cordon de police est venu s'interposer devant les marcheurs pour bloquer le passage dans le quartier de Saint-Germain. Les coups de matraques et le gaz lacrymogène ont commencé à tomber sans sommation sur ceux qui tentaient d'avancer sur la voie publique, et le groupe s'est retrouvé encerclé au niveau du 139 boulevard St Germain, la police signifiant que tous allaient être soumis à un contrôle d'identité sous le motif de manifestation illégale.
Face au refus de faire le contrôle sur place, tous se sont assis et liés sur place en forme de protestation. Le sitting est resté non-violent et pacifique comme à l'habitude. La violence démesurée employée par la police (qui est censée protéger et servir le citoyen) sur les marcheurs pris en étau reste incompréhensible. Un des marcheurs est resté inconscient de nombreuse minutes, sans aucune aide des forces de l'ordre qui était plus préoccupés à éloigner les passants choqués par une telle démonstration de violence. Malgré les coups de pied, de genou, insultes, utilisation de gaz directement dans les yeux, tous ont résisté plus de deux heures avant d'être conduits dans différents commissariats pour y effectuer le fameux contrôle d'identité. Trois blessés ont été également évacués vers l'hôpital. »
Le 21 septembre, après avoir été brinqueballés depuis leur arrivée le 17 dans divers points de Paris et de sa banlieue proche, les Indignés quittent Bercy. Notre marcheur raconte : « Vers la fin d'après midi, les marcheurs ont quitté Bercy, en file indienne et en silence pour répondre aux violences policières qui avaient eu lieu deux jours plus tôt. Le signal envoyé était fort, il ne s'agissait pas d'une manifestation mais bien d'un déplacement vers un autre lieu devant les passants surpris devant ce cortège. Pendant ce temps à Notre Dame, 3 camions de police et un autobus attendaient les indignés. Un appel à la presse avait été fait pour Notre Dame, mais au vu des circonstances d'accueil plus que probables sur place, et ayant toujours à l'esprit les événements du 19 septembre, les marcheurs ont décidé de tenir l'assemblée Place de la Bourse.
Les indignés se sont assis par terre devant l'édifice de France Presse juste à coté de la Bourse. Très vite les gendarmes sont arrivés sur place et les ont encerclés. L'assemblée a quand même commencé sans prêter attention au large dispositif qui était en train de se mettre en place autour. De plus en plus de policiers ont commencé à arriver, mais aussi des citoyens et des caméras. Un streaming a été mis en place pour permettre de suivre ce qu'il se passait en temps réel.
Une première personne a été interpellée pour motif de manifestation illégale et emmenée pour un contrôle d'identité. Les indignés sur place se sont donc mis à résister pacifiquement demandant la libération de leur compagnon. Les gendarmes ont donc commencé à interpeler toutes les personnes qui étaient encerclées, parfois avec violence. Un blessé a été constaté, les pompiers n'ont pu intervenir pour le secourir, empêchés par les forces de l'ordre.
Les indignés semble avoir été interpellés par une brigade spéciale chargée de la sécurité du territoire. On leur reproche de ne pas avoir respecté deux lois : la loi du port du voile, et une nouvelle loi interdisant aux gens de s'assoir pour prier dans les lieux publics. Ceci est bien la preuve que les autorités ne savent pas quoi inventer pour empêcher le bon déroulement de la marche à Paris.
Les indignés sont un collectif pacifiste et non-violent et ont organisés beaucoup de manifestations et d'assemblées sans vandalisme et violence depuis le début du mouvement. Les indignés ne prient pas, ils s'assoient sur les places publiques pour discuter et échanger des idées. Les indignés ne se cachent pas et n'ont rien à cacher. Leurs déguisements ne comportent aucun signe religieux. »
Voilà donc les faits présentés par l’un des protagonistes. Que s’est-il ensuite passé dans ce fameux bus dont la « détérioration » a valu à 11 Indignés d’être poursuivis devant la 29e chambre correctionnelle ? Apparemment certains d’entre eux ayant appuyé la paume de leurs mains sur les vitres du bus ont descellé l’une d’entre elles, ce qui semble en dire long sur l’état d’entretien des véhicules de la Police…
La municipalité de Londres a annoncé mardi qu'elle suspendait son action légale pour contraindre les militants anticapitalistes à lever leur camp sur le parvis de la cathédrale Saint-Paul, en plein coeur de la City à Londres.
La municipalité a expliqué qu'après la décision des responsables de la cathédrale de se retirer de la procédure, elle avait décidé "d'appuyer sur le bouton pause" en vue de "travailler à une solution mesurée".
Il s'agit d'une "question de jours, et non de semaines", a toutefois précisé la municipalité, promettant une nouvelle annonce mercredi midi.
Dans un premier temps, la municipalité, qui gère le district de la "City" de Londres, avait annoncé une démarche devant la justice pour obtenir le démontage des tentes sous 48 heures.
"Nous avons l'intention de leur faire parvenir une lettre leur demandant d'enlever leurs tentes", avait indiqué mardi matin une porte-parole de la ville.
Mardi soir, la municipalité précisait que la lettre d'injonction "n'avait pas été remise" aux manifestants et que la situation serait "revue" le lendemain.
Les responsables de la Cathédrale St-Paul, profondément marqués par la démission de trois de leurs membres, dont leur doyen, ont choisi de ne pas se joindre à la procédure de la municipalité, préférant trouver "une solution pacifique".
D'abord bien accueilli par la hiérarchie de la cathédrale, le campement s'est étendu au fil des jours, passant de 70 à 200 tentes. Ce qui a contraint St-Paul à fermer ses portes aux visiteurs le 21 octobre pour quelques jours pour "des raisons de sécurité et d'hygiène", une première depuis la Seconde Guerre mondiale.
Les responsables de la cathédrale ont alors demandé aux militants de partir. Mais ceux-ci semblent déterminés à rester sur le site, situé dans un quartier symbolique de la finance mondiale.
"Le moral ici est très bon. Nous allons nous battre, nous n'allons pas abandonner", a assuré Don Court, un étudiant de 22 ans.
La ministre de l'Intérieur Theresa May a demandé aux responsables de la cathédrale, la municipalité et la police de "travailler ensemble pour s'assurer que les manifestants partent le plus vite possible".
L'Eglise anglicane s'est divisée sur l'attitude à adopter à l'égard des campeurs qui gênent l'accès à la cathédrale, un des hauts lieux religieux et touristiques du pays. Le manque à gagner a été estimé à 16.000 livres (18.300 euros) par jour de fermeture, l'entrée pour les touristes étant payante.
Trois responsables de la cathédrale ont démissionné, dont Graeme Knowles, le doyen, critiqué pour sa gestion de la crise et pour avoir demandé le départ des manifestants.
Le campement est apparu le 15 octobre, à l'initiative de manifestants inspirés par "Occupy Wall Street" à New York.
Prenezun pays plutôt rural, sans réserves minières si possible. Vérifiez bien qu’il ait une ferme solidarité familiale et villageoise, des services publics proches du peuple (c’est un signe de fraîcheur).
Organisezdes élections, mettez à sa tête une, voire deux familles de politiciens héréditaires. Une c’est plus simple mais deux permet d’alterner opportunément, une présentation attrayante c’est aussi le secret d’un bon plat. Choisissez les bien véreux.
Placezce pays dans une union douanière et politique assez vague au départ, mélangez légèrement les comptes, on y arrive sans peine surtout si l’on peut se procurer des mixers financiers de bonne qualité (On en trouve de très bons chez Goldman et Sachs, rue du Mur à New-York).
Garnissezle plat abondamment, mettez-y tout ce que vous pouvez. Ce n’est pas toujours aisé, puisqu’il faut un peuple plutôt frugal au départ mais c’est bien là l’art de la cuisine. De grands jeux sportifs, des ventes d’armes sophistiquées ou de systèmes informatiques compliqués et inefficients, sont d’excellentes idées mais il y en a d’autres, faites preuve de créativité. Veillez soigneusement à assurer l’impunité des vendeurs par des lois adéquates.
Laissezmijoter quelques temps tout en faisant évoluer lentement les règles de l’union douanière et politique. Brouillez le tout soigneusement au fur et à mesure.
Quand la sauce prendmodifiez rapidement les règles de l’union douanière et politique. Elle doit se figer en zone monétaire à règles strictes et contraignantes. Normalement l’agriculture est déjà ruinée, les habitants désolidarisés, les familles dispersées aux quatre vents.
Pendant la cuissonveillez à bien arroser en permanence et généreusement de larges rasades d’emprunts à gros taux. Ne mégottez pas, c’est la sauce qui fait le plat.
Emincez soigneusementles salaires, saupoudrez généreusement de taxes.
Il reste à retirerles services publics, mais pas trop vite ni trop tôt pour éviter un goût de lacrymogène trop prononcé.
Quand la dette déborde, c’est prêt, il ne reste plus qu’à se servir à la louche et finir de déguster à la petite cuillère.
Accompagnezd’un bon rézina bien frais.
Bon appétit
Mon truc :il faut au départ un peuple pas trop gras, élevé au soleil et au grand air. Stressé pendant l’élevage il devient trop coriace. S’il a une jeunesse bien diplômée inutilisée ce sera encore plus goûteux ! Avant de servir, dressez soigneusement la police, si vous avez bien mitonné les taux de chômage vous trouverez sans peine dans le plat des gens prêts à faire n’importe quoi.
Tasers et Flash-ball égailleront agréablement les convives, pensez-y !
Plus d’un Européen sur dix est au chômage. C’est une première. C’est surtout la démonstration que les crises financières sont d’abord des crises sociales, avec des drames humains, des plans de rigueur imposés par la gravité des dettes et des déficits mais difficiles à accepter par les populations.
Se révoltent-elles pour autant ? Oui et non. Dans les pays les plus touchés par la crise, des mouvements d’Indignés manifestent en marge des partis et des syndicats. Ils s’inspirent du livre de Stéphane Hessel, ancien résistant, qui a pris la plume pour dénoncer ce système commandé par les marchés. En France, Hessel est un succès de librairie. L’indignation s’exprime dans les sondages et le web. Pas dans la rue. Aux États-Unis, les 300 ou 400 Indignés de « Occupy Wall Street » s’agitent de façon spectaculaire devant la bourse new-yorkaise, mais pas massivement. Quelques Indignés s’inviteront au sommet du G20, jeudi et vendredi à Cannes, qui réunira les grandes puissances de la planète autour d’un thème principal : la crise.
La crise dope la mobilisation des Indignés à travers le monde
Tout est parti de l’Espagne autour du 15 mai : les « Indignados » de la Puerta del sol, à Madrid, s’étaient retrouvés des milliers à camper pour protester contre la mainmise de la finance sur le monde. À part le calendrier, rien à voir avec le Printemps arabe : si quelques dictateurs du Maghreb sont tombés en quelques mois, à l’approche du G20, la rue occidentale grogne toujours.
Samedi, c’est à Tel-Aviv, en Israël, que des dizaines de milliers de manifestants ont repris leur marche contre la vie chère, le coût du logement, notamment. Une question qui avait mis 500 000 Israéliens « Indignés » dans la rue, début septembre.
En Europe, après Madrid, Rome et Athènes ont lancé les « Indignés » à l’international. Dans ces trois pays de la zone euro les plus touchés par la crise, le dernier rendez-vous a été particulièrement suivi, chaque mauvaise nouvelle sur les salaires ou les retraites entraînant des milliers de personnes dans la rue. Mais le 15 octobre, c’était « leur » jour. Mondial. Des marches étaient prévues dans 71 pays et… 719 villes, surtout occidentales.
Après le sud de l’Europe, c’est à Londres, Berlin ou encore Francfort, devant le siège de la Banque centrale européenne, que les dernières grandes marches ont eu lieu, réunissant systématiquement des dizaines ou centaines de milliers de personnes. Et, plus surprenant, dans un pays peu enclin aux manifestations publiques, à New York : les Indignés se sont installés devant Wall Street, le siège de la bourse, pour protester contre l’argent-roi.
Signe des temps ? Aujourd’hui, des banques coopératives allemandes se sont offert une page de publicité illustrée par une marche des Indignés, prônant la proximité, l’économie réelle, l’humanité et la participation citoyenne.
La Ville de Québec suit de près l'évolution du campement des indignés au jardin Saint-Roch. Pour l'instant, rien ne l'inquiète.
« Nous continuons de tolérer l'occupation du parc, soutient Jacques Perron, porte-parole de la Ville de Québec. On suit la situation au jour le jour. »
M. Perron revenait lui-même du jardin Saint-Roch, lorsque Le Journal l'a joint en début d'après-midi hier. Ce dernier a fait savoir que les policiers et le préventionniste du Service des incendies s'y rendent aussi régulièrement.
Ce week-end, les occupants du parc ont commencé à construire une structure de bois qui servira de cuisine.
Un bon Samaritain a aussi fait don d'une tente prospecteur dans laquelle un poêle à bois sera installé. Une seconde tente du même genre devrait être érigée sous peu. « Ça nous permettra de se tenir au chaud cet hiver », lance Michaël Blanchette, membre d'Occupons Québec qui compte bien braver le froid.
La Ville ne voit pas de problème avec ces installations. « Normalement, toute construction permanente est interdite. Pour l'instant, de ce que j'ai vu, ce n'est pas permanent », explique Jacques Perron.
Itinérance
Pour le moment, le problème que doivent gérer les indignés sont les itinérants. Plusieurs ont essayé de se dénicher une place auprès des occupants. « On est allé voir la Maison Lauberivière et Point de repères pour savoir ce qu'on devait faire. C'est que si on dit oui à un, ça n'aura pas de fin », souligne Michaël Blanchette, qui laisse toutefois savoir que quelques itinérants vivent parmi les indignés.
Occupons Québec prend part à un mouvement mondial qui a démarré à New York. Les indignés de partout sur le globe dénoncent le fait que les riches, qui représentent 1 % de la population, décident pour les 99 % autres.
Nous vous remercions d´avoir été présents au procès des onze « indignés ».
Ce lundi 31 octobre, neuf « indignés » ont comparu devant le TGI de Paris pour « dégradation ou détérioration du bien d´autrui commise en réunion ».
Le procureur a requis cent jours d´amende à cinq euros par jour pour chaque personne mise en cause et trois mois de prison ferme pour l´une d´entre elles, pour la simple désolidarisation d’une vitre de fourgon de police.
Des déclarations corroborées par un témoin indiquent que la vitre était déjà décollée.
De plus, deux prévenus ne sont jamais montés dans ce fourgon.
L´avocat a souligné la disproportion de la peine requise au vu du manque de preuves matérielles et de l´absence de preuve d´élément moral : rien ne prouve qu´il y ait eu dégradation et encore moins intention de détérioration. L´avocat explique qu´une personne s´est appuyée involontairement sur la vitre après avoir trébuché et rappelle que le doute doit en tout état de cause bénéficier aux prévenus.
Nous vous invitons à vous rendre au Tribunal de Grande Instance le 14 novembre 2011 à 9 heures à la vingt neuvième chambre correctionnelle pour le rendu du délibéré ainsi qu´à la conférence de presse de 15 heures.
20Minutes.fr - Créé le 31/10/2011 à 15h53 -- Mis à jour le 31/10/2011 à 15h56
Des Indignés se sont rassemblés Place Général De Gaulle, à Marseille, le 15 Octobre 2011. Karine Villalonga/SIPA
INTERVIEW - Professeur d'anthropologie à Paris VIII, Alain Bertho* explique pour 20Minutes pourquoi le mouvement des Indignés a du mal à prendre en France...
Ce serait parce que le discours des indignés pourrait avoir un débouché politique avec certains hommes politiques, comme Arnaud Montebourg ou Jean-Luc Mélenchon que le mouvement est moins fort? Je ne pense pas qu’il faut parler de débouché politique. Ce n’est pas ce que cherchent ces mobilisations qui portent une méfiance profonde à l’égard vis-à-vis du système politique et des partis. La lutte contre la corruption des partis et des pouvoirs est le point n°1 de l’appel des Indignados espagnols. Il y a parfois un écho des positions de ce mouvement chez certains hommes politiques. Mais je crains que cela ne reste qu’un écho. En France, il faut peut-être donner rendez-vous au mouvement des Indignés en septembre 2012.
Ce qui est paradoxal, c’est que la France a une tradition contestataire… Les nombreux mouvements de protestations et d’émeutes dans le monde concernent pour l’essentiel des jeunes, qui sont face à l’absence de revenus, de travail et d’avenir. Dans certains pays, la jeunesse entière se retrouve à un moment réunie ensemble autour d’un mouvement de protestation, et agrège ensuite des gens très différents. Ça a été le cas dans la révolte tunisienne et même en Grèce. Dans le nord de l’Europe, du moins en Angleterre ou en France, c’est plutôt chacun dans son coin. Les étudiants et les jeunes universitaires d’un côté et les jeunes des quartiers populaires de l’autre. Chacun des mouvements se confronte au pouvoir mais ne se sent pas concernés par les revendications de l’autre. Ça a été le cas en 2005, où il y a eu les émeutes en banlieues et ensuite le fort mouvement de protestation contre le CPE. Les deux mouvements ne se sont d’ailleurs pas très bien entendus. Cet situation pèse: le mouvement des Indignés ne trouve pas d’écho en banlieue alors qu’objectivement, il aurait toute les raison d’en avoir. Pourtant, si on est attentif, il n’y a pas une semaine où il n’y a pas de signes de révolte. La tension comme la désillusion est permanente. Mais quand les deux jeunesses sont séparées, le passage à un mouvement qui mobilise de l’espoir est plus compliqué.
Comment ces deux jeunesses peuvent-elles se rejoindre? Tout cela est très mystérieux. De tels événements peuvent survenir, sans que l’on sache comment. Lors des manifestations contre les retraites en octobre 2010, j’ai pu observer un début de synergie au moment du mouvement lycéen en banlieue parisienne, à Lyon, dans le Nord... Difficile de savoir où cela en est aujourd’hui. Ce qui est sûr c’est que lors des deux derniers grands mouvements de protestation, contre la réforme des universités et la réforme des retraites, des millions de gens ont fait l’expérience d’un Etat qui ne négocie pas. Ils étaient face à un mur et qui a pu dire qu’ils faisaient bien de manifester car «c’est ça la démocratie» mais que cela ne changerait rien aux décisions gouvernementales. Des défaites comme celles-là se digèrent doucement. Les plus jeunes en tireront sans doute des conséquences.
Y-a-t-il des points communs entre tous les mouvements de protestations, aux Etats-Unis, en Israël, en Espagne, en Grèce, en France, au Sénégal? Le premier point commun c’est la jeunesse, qui vit une situation grave comme rarement atteint ces deux derniers siècles. Il y a un désarroi planétaire et une absence totale de réponse idéologique. C’est «no future» au niveau économique, au niveau écologique et au niveau politique. Alors qu’il y a plus de jeunes, plus citadins et qu’ils sont plutôt plus éduqués que leur aînés. Cela donne des explosions un peu partout, sous des formes différentes. Les émeutes sont en croissance constante depuis 10 ans, il y en a des centaines tous les ans. Cette année un seuil a été passé: les mots et les idées de la révolte circulent, ce qui n’était pas le cas avant. Les révolutions arabes traversent la Méditerranée et prennent une autre forme, reviennent puis traversent l’Atlantique jusqu’à Wall Street.
Quelle est la particularité de ce mouvement? Il y a 10 ans, les altermondialistes se battaient contre une sorte de «gouvernement mondialisé». Aujourd’hui, ceux qui protestent ont le sentiment que tout se décide à une autre échelle, celle des banques et de la finance. Mais qu’il y a une articulation avec les gouvernements locaux, il y a donc un ancrage national possible de la mobilisation. Il y a enfin une idée qui monte: cette mobilisation- là, celle de l’exigence de «démocratie réelle», de prise en compte de la réalité de la situation et de la parole des gens, ne passe ni par la course au pouvoir, ni par les organisations qui s’y consacrent, les partis. Une autre conception de la politique se cherche, en rupture avec deux siècles de démocratie partisane et représentative, en phase avec l’époque et ses enjeux.
Les postiers du monde au premier rang indignés et du mouvement nous sommes 99%, ils sont 1 %
les images parlent
Le mouvement des “indignés” espagnols, italiens et grecs, le mouvements “Occupy Wall Street” devenu “Occupy the World”, des révoltés chiliens, qui secoue une centaine de pays dans le monde compte de plus en plus de travailleurs et leurs syndicats, les Postiers y sont souvent et de plus en plus, sur leurs revendications et par ce qu'ils partagent du refus du règne de la bourgeoisie.
un cortège de postiers rejoint le mouvement Occupy Toronto au Canada pour appuyer ce mouvement et faire valoir ses revendications
Les postiers canadiens ont connu ces derniers mois une bataille très rude avec lockout, ils sont toujours debout
Vancouver,
les postiers en lutte canadiens étaient là à la frontière entre le Canada et les USA pour soutenir la bataille qui a lieu de l'autre coté, aux USA, à Portland
Postiers “indignés” US
Occupy Tulsa at the Postal Worker's Union Rally 10/7
New York
C'est Occupy Wall Street qui est venu soutenir les Postiers de New York en lutte
Postal Union, Syndicat des postiers à un des rassemblements du mouvement occupy America contre les banquiers et les plus riches
Rappel du mouvement Save the Postal Service à Portland depuis des mois maintenant
Les "indignés" espagnols bravent les interdictions
AFP
Théâtre de leurs plus grands rassemblements, la Puerta del Sol tombe sous le coup de cette nouvelle définition, tout comme plusieurs autres places proches, également investies à plusieurs reprises par le mouvement pacifique.
Les "indignés" espagnols ont lancé plusieurs appels à manifester à Madrid avant les élections du 20 novembre, décidés à défier une interdiction décrétée par les autorités durant la campagne et frappant plus de 100 lieux de la capitale, dont la symbolique Puerta del Sol.
Sous le mot d'ordre "Changement de modèle, maintenant", ils préparent une manifestation le 13 novembre dans le centre de la capitale, pour la "défense du service public, de la participation citoyenne et pour condamner la corruption et la spéculation urbanistique", ont-ils indiqué dans un communiqué.
Sur les réseaux sociaux Twitter et Facebook, les "indignés" tentent en outre de mobiliser pour un rassemblement qui se tiendrait le 19 novembre sur la place de la Puerta del Sol, à la veille des législatives, soit une journée dite de "réflexion" en Espagne, où les manifestations sont interdites.
Une mobilisation semblable avait rassemblé des dizaines de milliers de personnes sur la même place à la veille des élections régionales du 22 mai, pour dénoncer les conséquences de la crise économique et exprimer leur désaveu des grands partis politiques.
En les définissant comme des "lieux publics réservés à la réalisation gratuite d'actes de campagne", le comité électoral chargé de veiller au bon déroulement de la campagne a interdit de fait les rassemblements entre le 4 et le 19 novembre sur les places emblématiques du mouvement, apparu le 15 mai à une semaine des élections régionales.
Théâtre de leurs plus grands rassemblements, la Puerta del Sol tombe sous le coup de cette nouvelle définition, tout comme plusieurs autres places proches, également investies à plusieurs reprises par le mouvement pacifique.
La décision de la commission électorale est "contradictoire" dans le cadre d'une campagne, dénoncent les "indignés" dans un communiqué: "les citoyens doivent certes écouter les messages des partis, mais c'est aussi le moment pour les partis d'écouter les citoyens dont, nous le craignons, ils sont tant éloignés."
LCI - le 31 octobre 2011 à 14h17 , mis à jour le 31 octobre 2011 à 14h22
Onze personnes comparaissaient lundi matin devant le tribunal correctionnel de Paris, au cours d'une audience pour le moins étrange : la police, qui les accusait d'avoir décollé la vitre d'un fourgon en marge d'une manifestation des "Indignés", ne s'est pas déplacée et n'a pas envoyé d'avocat.
Audience surréaliste lundi matin devant la 29e chambre du tribunal correctionnel de Paris, où onze "Indignés" comparaissaient pour avoir "décollé" la vitre d'un fourgon de police. "La justice n'a-t-elle rien d'autre à faire que de renvoyer 11 personnes pour une vitre décollée ?" s'est interloqué l'avocat des prévenus, Me Joseph Breham. "La police elle-même, a-t-il poursuivi, n'ose pas dire que cette vitre aurait été brisée !" Aucun avocat ne s'est présenté lundi pour défendre la thèse policière. Neuf "Indignés" ont répondu à la convocation du tribunal : trois femmes et six hommes, tous Français à l'exception d'une Vénézuélienne vivant en Espagne. Deux des prévenus, dont une certaine Séverine, étaient absents.
Les faits remontent au 19 septembre. Ce mercredi-là, après une manifestation, des "Indignés" font l'objet d'un contrôle d'identité et sont embarqués dans des cars de police. Selon les "Indignés" jugés lundi, la vitre du fourgon, qui tenait mal, ne s'est pas brisée, mais s'est tout simplement décollée quand certains d'entre eux se sont appuyés dessus, sans aucune violence.
Une situation qui aurait "dégénéré"
La procureure Laurence Dané a décrit un tout autre scénario. La situation aurait "dégénéré" et les prévenus qui pénétraient dans le fourgon auraient "poussé cette vitre de leurs mains dans une action collective et concertée". Elle a requis trois mois de prison ferme contre Séverine, qui a reconnu avoir posé ses mains sur la fameuse vitre, et qui a déjà quatre condamnations à son casier pour conduite en état d'ivresse et/ou violences. Une peine de 100 jours-amende à cinq euros (soit 500 euros d'amende) a été requise contre les autres.
Me Breham a fait remarquer au tribunal que la procureure n'avait "pas été capable de nous dire qui était dans cette chaîne" qui aurait abouti au "décollement" de la vitre. "On ne sait pas qui a poussé, si tant est que quelqu'un ait poussé !" Or "le doute profite aux mis en cause". D'autant, a-t-il rappelé, qu'il est établi que deux prévenus n'étaient pas dans le fourgon. Et pour cause, l'un d'eux était à quelques kilomètres de là, chez son médecin! Quant à Séverine qui "a eu l'honnêteté de dire qu'elle a appuyé sur la vitre, on la condamnerait à trois mois pour un joint défectueux ?" s'est étranglé l'avocat, avant de pointer "le ridicule de la situation".