Le chef des services d'incendie de vancouver, John McKearney, a visité vendredi le campement des Indignés. © PC/DARRYL DYCK Les villes de Québec, London, Vancouver et Victoria ont exigé le démantèlement des campements des indignés érigés au cours des dernières semaines. D'un océan à l'autre, les autorités municipales avancent plus ou moins les mêmes arguments, liés à des questions de sécurité et de salubrité publiques.
Dans la Vieille Capitale, où les indignés occupent la place de l'Université du Québec, à côté du jardin Saint-Roch, la municipalité leur a ordonné samedi de retirer les toiles de plastique pour des raisons de sécurité. Les campeurs ont obtempéré dans la journée de dimanche.
Un lieu public n'est pas un endroit pour camper, fait remarquer l'administration du maire Régis Labeaume.
Lors de l'inspection des lieux, vendredi après-midi, « il y avait également du carton sur place et un abribus était également occupé », a indiqué Jacques Perron, un porte-parole de la ville. « Ce qui doit servir aux citoyens doit être accessible pour eux », a-t-il ajouté, rappelant qu'un rapport dressé par les pompiers indiquait qu'un incendie avait eu lieu mardi dernier dans le campement et qu'il aurait pu avoir des « conséquences désastreuses ».
Le porte-parole a indiqué que la municipalité n'était pas contre l'idée que des manifestants occupent quotidiennement la place de l'Université du Québec, mais qu'il ne s'agissait pas d'un endroit pour camper.
« La liberté de parole sur une place publique, c'est un droit reconnu et la Ville n'a pas de problème avec ça », a souligné Jacques Perron. « Qu'ils s'expriment, avec des affiches, ça ne pose aucun problème. Toutefois, le camping et l'expression d'une opinion, c'est deux choses. »
À London, en Ontario, les autorités municipales ont demandé officiellement à la quarantaine de manifestants anticapitalistes qui campent depuis deux semaines dans un parc du centre-ville de quitter les lieux.
Le maire de London, Joe Fontana, indique que le mouvement ne respecte pas le règlement municipal, qui interdit à qui que ce soit de passer la nuit dans un parc
Sureté et fêtes de Noël
La capitale de la Colombie-Britannique, Victoria, a suivi l'exemple de Québec. Les services municipaux ont lancé dimanche un ultimatum aux indignés établis au Centennial Square. Ils ont jusqu'à lundi midi pour lever le camp, la ville voulant dans la foulée installer les décorations de Noël.
La municipalité « apprécierait » que les occupants quittent le terrain afin de laisser place aux préparatifs pour l'illumination annuelle du séquoia qui s'y trouve, indique la note émise par la ville. Tenir des manifestations et installer des tentes au Centennial Square sans permis contreviennent aux règlements municipaux, y ajoute-t-on.
À Vancouver, où une jeune femme a été retrouvée morte dans l'une des tentes samedi après-midi, les responsables municipaux espèrent pouvoir négocier avec les campeurs pour organiser leur départ du site.
« Je crois que la protestation sur des enjeux très importants, qui nous interpellent tous, est minée par le campement et les questions autour du droit de camper dans un endroit public, ce qui est vraiment malheureux. » — le maire de Vancouver, Gregor Robertson
« L'occupation des lieux ne peut se poursuivre », a répété la directrice de Vancouver City, Penny Ballem. « Compte tenu du fait qu'il y a eu un mort sur les lieux, une mort tragique qui, je crois, a choqué tout le monde, nous devons mettre un terme au campement de la manifestation, qui met en péril la vie des gens », a-t-elle soutenu devant l'Hôtel de Ville.
Le maire Gregor Robertson avait déjà indiqué dans un communiqué qu'il ne lancerait pas d'intervention, à moins qu'il y ait des risques pour la santé et la sécurité des protestataires. « Bien que le site ne présentait pas de problèmes au départ, ses installations se sont détériorées au point où il y a plusieurs risques imminents pour la sécurité des occupants », a-t-il affirmé.
Sur l'autre rive du Canada, les dizaines de manifestants qui campaient devant l'Hôtel de Ville d'Halifax se sont affairés dimanche à nettoyer le site. Ils seront temporairement déménagés dans le parc Victoria d'ici mardi afin de laisser la place aux festivités du Jour du Souvenir. Le principal monument commémoratif de guerre est situé sur la place publique Grand Parade, en face de l'hôtel de ville.
Les manifestants affirment qu'ils seront de retour le 12 novembre.
Le maire d'Halifax Peter Kelly a déclaré qu'il était satisfait de voir les participants quitter temporairement la place. Il est toutefois resté vague sur ce qu'il adviendrait des protestataires lorsqu'ils tenteront de revenir sur la place de la mairie.
La Ville de Montréal ne compte pas demander le démantèlement du campement des indignés. © Maxime Coutiè Montréal laisse faireMalgré les incidents survenus ailleurs au Canada, Montréal a confirmé dimanche sa politique de tolérance. La municipalité
n'exigera pas des protestataires qu'ils quittent le square Victoria, si tant est qu'ils se conforment au règles de sécurité en matière d'incendie.
« Les militants ont toujours respecté les demandes pour améliorer la sécurité du camp et aucun incident majeur n'y a été rapporté », a expliqué Gonzalo Nunez, un porte-parole de la ville. Le campement, qui affiche complet, est inspecté quotidiennement, a-t-il signalé.
Ailleurs dans le monde
Aux États-Unis, une vingtaine de contestataires d'Occupons Wall Street à New York, ainsi qu'une vingtaine d'autres à Atlanta, ont été arrêtés en fin de semaine lors de manifestations anticapitalistes visant à dénoncer la cupidité des grandes banques.
Ces arrestations surviennent alors que le climat s'est tendu entre les indignés et le maire de New York Michael Bloomberg. Certains manifestants craignent d'être expulsés du parc Zucotti, près du quartier des affaires de Wall Street, où ils campent depuis le 17 septembre dernier.
Les organisateurs d'Occupons Atlanta nourrissent les mêmes inquiétudes. Ils n'entendent cependant pas quitter les lieux et comptent continuer à camper au parc Woodruff.
Des protestataires ont été arrêtés partout au pays dans les dernières semaines. Les plus importantes confrontations entre les manifestants et les forces de l'ordre sont survenues à Oakland, en Californie, où deux vétérans de la guerre en Irak ont été blessés.
À Paris, près de 150 indignés étaient rassemblés dimanche soir dans le quartier d'affaires. Une quarantaine d'entre eux voulaient passer une nouvelle nuit au pied de la Grande Arche. Certains indignés ont affirmé que la police leur avait intimé l'ordre de quitter les lieux avant lundi matin, 7 h. Une information qui n'a pas été confirmée de source préfectorale.