Pierre Maudet lâche l’affaire. Minorisé au sein de l’exécutif de la Ville de Genève, le maire a décidé de ne plus s’occuper du cas des indignés. Hier, il souhaitait faire évacuer le camp des Bastions dans l’après-midi contre l’avis des autres membres du Conseil administratif, réunis pour leur séance hebdomadaire. Du côté du mouvement, la nouvelle a filtré prématurément via un appel de la Mairie. De quoi leur donner des sueurs froides. Ils s’attendaient à voir la police et la voirie arriver à 14h.
En réalité, Pierre Maudet n’a pas réussi à imposer son point de vue. Ses quatre collègues de gauche ont décidé de permettre aux indignés de continuer leur occupation sans restriction de périmètre et de durée. Pour marquer son désaccord, le maire souhaite se dessaisir du dossier.
Les occupants sont dans le collimateur du magistrat depuis un certain temps. Ce dernier constate une «réelle dégradation du site tant d’un point de vue sécuritaire qu’au niveau de la salubrité». A sa demande, les campeurs affirment avoir promis lundi de redimensionner le camp afin qu’il se rapproche davantage d’une plate-forme démocratique que d’un camping.
D’après un membre, les déménagements ont commencé aussitôt. Hier, la partie su camp située en contrebas n’était cependant pas encore totalement vidée. Le mouvement attendait son AG d’hier soir pour décider de la nouvelle structure. Et d’assurer que Pierre Maudet en était prévenu.
Vraisemblablement, le maire attendait d’eux qu’ils se restreignent dans de plus brefs délais à une occupation de jour limitée à l’accueil, la tente de réunion et au tipi. «Malgré les bonnes intentions théoriques des délégués, aucun changement n’a été constaté, dit un communiqué de la Mairie. Ce qui n’est pas tolérable compte tenu de l’occupation illicite du domaine public par ce mouvement.» Le conseiller administratif a toutefois admis que la demande d’autorisation a été déposée dans les délais. Mais «sans personne de référence, ni date de fin du mouvement, ni même un but».
Dans l’imbroglio général, le conseiller administratif Rémy Pagani a repris en mains le dossier, provisoirement. Hier soir, il devait se rendre à l’assemblée générale pour discuter des problèmes de salubrité, à l’invitation du mouvement.