Ils avaient surpris l'Espagne, et le monde, en surgissant pour dénoncer la crise, la corruption et un chômage record. A l'occasion de leur 1er anniversaire, les "indignés" veulent reprendre la rue du 12 au 15 mai et contredire ainsi ceux qui prétendent qu'ils ont disparu.
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Sous le slogan "Nous ne sommes pas des marchandises aux mains des politiques et des banquiers", des manifestations sont convoquées dans environ 80 villes d'Espagne le 12 mai, dont Madrid et Barcelone. Des rassemblements sont également prévus hors des frontières espagnoles ce jour-là, surtout en Europe, aux Etats-Unis et en Amérique latine, sous le mot d'ordre "Unis pour un changement global".
En France, plusieurs manifestations sont également prévus. A Rennes, un rassemblement sous la forme d'un pique-nique est organisé à 11 h 30, place de la mairie, le 12 mai 2012. "Chacun amène son sandwich et sa boisson, et on se pose tous ensemble sur place ! En conformité avec la loi, cet apéro est bien entendu sans alcool dont la consommation sur la voie publique est interdit", indique un blog spécialement dédié à cet événement.
La carte des manifestations prévues dans le monde : ( Pour la visualiser, appuyer sur la touche "Ctrl" de votre clavier + cliquer gauche sur ce "link"
Quatre jours d'assemblées
A Madrid, les manifestants prévoient de poursuivre la mobilisation en organisant des assemblées thématiques tous les jours jusqu'au 15 mai, dont une "permanente" qui devrait s'installer sur la Puerta del Sol. C'est sur cette place, au coeur de la capitale, qu'avait éclos un campement il y a un an, véritable ville champignon surgie après une manifestation convoquée sur l'internet par un collectif de citoyens alors méconnu, Democracia Real Ya (DRY). Pendant un mois, cet amas de tentes et de bâches en plastique était devenu le symbole d'un ras-le-bol qui avait surpris un pays où, malgré la crise, le mécontentement s'était jusque-là peu exprimé.
Cette année, les autorités ont autorisé des rassemblements temporaires du 12 au 15 mai sur la Puerta del Sol. Mais la tension plane autour de l'éventualité que certains décident d'y camper. "Evidemment qu'il n'y aura pas de campements parce qu'ils sont illégaux", a mis en garde le ministre de l'Intérieur, Jorge Fernandez Diaz.
Les indignés moins visibles
Reste le doute pesant sur l'ampleur que prendra cette fois la mobilisation en Espagne. Le taux de chômage vient d'atteindre un nouveau record, avec un actif sur quatre (24,4%) sans emploi. Le gouvernement conservateur a présenté le budget le plus austère de son histoire et ordonné de lourdes coupes dans les secteurs sensibles de la santé et de l'éducation. Un terrain fertile, a priori, pour que l'anniversaire du mouvement soit un succès.
Mais à la différence d'il y a un an, les rues d'Espagne vibrent désormais presque chaque semaine au rythme de nombreuses manifestations convoquées par les syndicats contre la rigueur. Les "indignés" pourraient être noyés dans ce flot de mobilisations, d'autant qu'ils ont déjà perdu en visibilité.
Pas d'interlocuteurs identifiés
"Le mouvement est toujours là, mais il n'est plus dans la rue: il est sur l'internet, sur les réseaux sociaux", explique Noelia Moreno, 30 ans. "Faute d'avoir une tête visible, il s'est dilué aux yeux de l'opinion publique et des médias", admet cependant cette chômeuse qui s'était précipitée à Madrid depuis Pampelune (nord) le 16 mai, pour s'installer dans le campement improvisé.
Conscient de cette perte d'influence, une partie de DRY a décidé fin avril de créer une association. Mais le retour de bâton a été violent: les insultes ont fusé sur l'internet, d'autres "indignés" les accusant de trahison. "Une structure totalement horizontale n'était pas opérationnelle", a expliqué Fabio Gandara, jeune architecte et l'un des fondateurs de DRY, au journal El Mundo.
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