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1 décembre 2011 4 01 /12 /décembre /2011 16:07

Le 2 décembre, Mediapart ouvre ses portes... numériques

 

Vendredi, de 0h00 à minuit, le site est exceptionnellement ouvert à tous. Pour sa première journée portes ouvertes numériques, Mediapart organise une série de rendez-vous avec ses lecteurs et... futurs lecteurs, auxquels une offre spéciale sera proposée.

Le 2 décembre, c'est la date du lancement du pré-site de Mediapart. c'était il y a a quatre ans, en 2007, quelques mois avant le lancement du journal, le 16 mars 2008.

Tout au long de la journée, une conversation permanente (sous forme de liveblog) permettra aux internautes de poser des questions à l'équipe qui fait, au jour le jour, Mediapart: journalistes, équipes techniques et marketing se relaieront pour leur répondre. Quatre débats, diffusés en direct et en vidéo, rythmeront les échanges:


- la crise financière
(à midi) avec Mathieu Magnaudeix, Laurent Mauduit et Martine Orange, animé par Michel de Pracontal,


- la campagne présidentielle de 2012
(à 16 heures) autour de Stéphane Alliès, Lénaïg Bredoux, François Bonnet et Valentine Oberti (animé par Graham Tearse, journaliste britannique, éditeur des pages Mediapart English),


- la presse en ligne indépendante
(à 17 heures) avec Edwy Plenel et François Bonnet face à Daniel Schneiderman (Arrêt sur images),


- l'investigation (à 20 heures) autour de Fabrice Arfi, Michel Deléan, Louise Fessard et Karl Laske (animé par Frédéric Bonnaud, animateur sur Le Mouv'). Ces quatre débats seront «live-blogués» sur le site et retransmis en vidéo sur Dailymotion (voir plus bas le programme complet).

Nous ressortirons quelques curiosités des archives, et un film inédit vous fera découvrir les coulisses du journal.

A 19h30, la Parisienne Libérée enchaînera quelques morceaux pour un apéro-concert numérique. 

Vous pouvez d'ores et déjà poster vos questions en remplissant le formulaire ci-dessous : * (voir sur le site Médiapart)

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1 décembre 2011 4 01 /12 /décembre /2011 12:27

 

Serial hackers 01/12/2011 à 11h23
Rue89
 

Capture d'écran du document publié par Team Poison

Un groupe de hackers, dénommé Team Poison, a publié mardi en début de matinée environ 800 adresses e-mail et mots de passe appartenant à des membres du programme des Nations unies pour le développement (Pnud), une agence de l'ONU – Rue89 a choisi de ne pas mettre de lien vers le site d'origine, de partage de documents, ni vers leurs reproductions.

Ces données ont été diffusées sur une plateforme de publication en ligne fréquemment utilisée par les hackers et concernent de nombreux membres du Pnud : des responsables de programmes nationaux et locaux, mais aussi des universitaires ou des membres de l'OMS (Organisation mondiale de la santé) ou de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques).

Le fichier contenant les adresses et les mots de passe n'était plus accessible au moment de la publication de cet article.

« L'ONU est une arnaque »

Le groupe de hackers Team Poison, proche du célèbre collectif des Anonymous, a accompagné cette fuite d'une revendication, dans la rhétorique habituelle des hackers de cette mouvance :

« L'ONU est devenue une bête qui doit être stoppée ou apprivoisée. L'ONU est une arnaque. Son commandement est utilisé pour légitimer la barbarie de l'élite capitaliste. »

Le Pnud a lancé une nouvelle version de son site, encore en version « bêta » (en version d'essai) : il est possible que les hackers aient profité d'une vulnérabilité liée à ce déploiement. Par ailleurs, de nombreuses adresses, dont leurs dernières apparitions sur Internet remontent au début des années 2000, ne semblent plus être utilisées.

Un porte-parole du Pnud, cité par la BBC a expliqué penser qu'un « vieux serveur, contenant des données anciennes » avait été piraté :

« Nous avons trouvé le serveur incriminé et l'avons mis hors ligne. Ce serveur remonte à 2007, il n'y avait plus de mots de passe actifs pour ces comptes e-mail. »

Des hackers chevronnés

La Team Poison n'en est pas à son coup d'essai. Lors des émeutes récentes en Grande-Bretagne, le groupe de hackers avait ciblé le fabricant de téléphone BlackBerry lorsque la compagnie canadienne avait offert son aide à la police.

Ce collectif pourrait également être à l'origine du piratage de la page Facebook de Nicolas Sarkozy où avait été annoncé en janvier dernier qu'il ne serait pas candidat à sa succession.

En septembre, un membre du collectif s'en était pris aux sites des villes de Bordeaux, Rennes et Tours.

Enfin, au début du mois, la Team Poison a publié une série d'e-mails et de mots de passe appartenant à des fonctionnaires du ministère de la défense britannique, mais aussi de fonctionnaires australiens, autrichiens ou fidjiens.

Opération « Robin des bois »

Cette nouvelle publication des adresses et des mots de passe de certains fonctionnaires de l'ONU intervient alors que la Team Poison vient de lancer une opération appelée « Operation Robin Hood » (opération Robin des bois).

Cette action, qui a fait son apparition par le biais d'une vidéo YouTube postée le 26 novembre, vise les banques et défend les « Indignés » américains.

Sur la page Facebook du collectif Team Poison, un de ses membres souligne que le piratage des données du Pnud n'a rien à voir avec cette opération.

Une vidéo de l'opération « Robin Hood »
*Note perso : (vidéo déjà publiée hier sur le blog à 16h11 sous le titre "Anonymous et pirates menacent les banques")

Sous la vidéo, on peut lire :

« Nous voulons rendre l'argent à ceux qui ont été abusés par le système et notamment ceux qui ont été atteints par nos banques. […] Nous vengerons tous ceux qui ont été lâchés par les banques et à qui elles ont volé. »

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30 novembre 2011 3 30 /11 /novembre /2011 13:51

LEMONDE.FR Avec AFP | 30.11.11 | 13h14   •  Mis à jour le 30.11.11 | 13h26

 
 

 

Manifestation de Greenpeace devant l'ambassade du Brésil à Mexico, mardi 29 novembre.

Manifestation de Greenpeace devant l'ambassade du Brésil à Mexico, mardi 29 novembre.REUTERS/STRINGER/MEXICO

Le rythme de la déforestation s'est accéléré sur la planète depuis l'an 2000, avec la perte de 6,4 millions d'hectares par an, a déploré dans un rapport paru mercredi l'Organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation (Food and Agriculture Organization – FAO –, en anglais). En s'appuyant sur les techniques d'imagerie satellitaire les plus récentes, la FAO a constaté qu'entre 1990 et 2000, environ 4,1 millions d'hectares de forêts disparaissaient chaque année et que la moyenne avait grimpé à 6,4 millions entre 2000 et 2005.

"La déforestation prive des millions de personnes de biens et de services forestiers cruciaux pour la sécurité alimentaire, le bien-être économique et la santé de l'environnement", a souligné Eduardo Rojas-Briales, sous-directeur général de la FAO responsable du département des forêts. Les chiffres montrent que "la planète a perdu en moyenne 4,9 millions d'hectares de forêt par an, soit près de 10 hectares de forêt par minute" entre 1990 et 2005. Selon la FAO, ce phénomène est dû en grande partie à la conversion de forêts tropicales en surfaces agricoles cultivables en particulier en Amérique du Sud et en Afrique.

Autre enseignement, la nouvelle étude montre que "les pertes nettes de couvert forestier, partiellement compensées par le reboisement ou l'expansion naturelle" ont représenté au total 72,9 millions d'hectares sur quinze ans, 32 % de moins qu'une précédente estimation (107,4 millions d'hectares). La FAO a souligné que les chiffres diffèrent de l'évaluation des ressources forestières mondiales effectuée en 2010, car ils sont "basés sur des données satellitaires à haute résolution". En 2010, la FAO avait pour l'essentiel compilé des rapports par pays utilisant une grande variété de sources.

LES FORÊTS TROPICALES PARTICULIÈREMENT TOUCHÉES

La Russie, le Brésil, le Canada, les Etats-Unis, la Chine, l'Australie, la République démocratique du Congo, l'Indonésie, le Pérou et l'Inde restent les pays les plus boisés du monde, les cinq premiers concentrant plus de la moitié du total des forêts existant sur Terre. "Nous avons constaté que le plus fort taux de déforestation a touché les forêts tropicales" d'Amérique du Sud et d'Afrique entre 1990 et 2005, a souligné M. Gerrand. En revanche, l'Asie connaît une tendance inverse et a été la "seule région à afficher des gains nets dans l'utilisation des terres forestières entre 1990 et 2005". Car "les plantations extensives qui ont été signalées par plusieurs pays d'Asie [principalement la Chine] ont dépassé le chiffre des superficies boisées perdues", selon l'expert.

La FAO a préparé son rapport pendant quatre ans et avec l'aide de plus de 200 chercheurs de 102 pays qui ont notamment analysé les images satellitaires de l'agence aéronautique et spatiale des Etats-Unis (NASA) et de l'United States Geological Survey (USGS). En 2005, les forêts couvraient environ 30,3 % des surfaces émergées de la planète, représentant au total 3,69 milliards d'hectares.

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29 novembre 2011 2 29 /11 /novembre /2011 15:02

ouest-france.fr - mardi 29 novembre 2011

 

En 1971, l'armée française veut agrandir son camp d'entraînement du Larzac. Cent trois paysans s'y opposent. En 1981, le pot de terre l'emporte sur le pot de fer. Le Larzac est presque une fable. Et il fallait bien un film pour raconter tout ça et souffler les quarante bougies du début de ce long combat. Tous au Larzac ! est sur nos écrans.

Ils ont quitté le Causse à 7 h, vendredi. Léon Maillé s'est mis au volant et les quatre dames ont sorti les aiguilles, les pelotes de laine et la langue à parlotte : « On a pris l'habitude de tricoter depuis les années soixante-dix dans les réunions. On en a fait des écharpes, hein, Léon ? »

Sept heures plus tard, la voiture immatriculée dans l'Aveyron s'est garée à Mayenne, pas loin du cinéma Vox où les attendait une salle pleine comme un oeuf, bruissante comme les salles d'avant-première, amicale, ravie de revoir jouée cette bonne farce du Larzac.

Car les gens du plateau de Rouergue suivent leur film comme s'il sortait d'eux-mêmes. C'est le cas pour les passagères de Léon, Marlizette Tarlier et Michèle Vincent, chevilles ouvrières de la grande jacquerie. Pareil pour Anne-Marie Letort et sa fille Solveig, les Mayennaises embarquées de loin dans la lutte et qui ont fini par élire domicile là-bas. Il y eut en France plus de 150 comités Larzac infatigables et têtus. Beaucoup perdurent. Les quatre-vingts copies du documentaire ont du réseau, comme on dit.

Et ce film, à l'image de l'histoire qui l'a inspiré, comme le Roquefort qui affine dans les caves de là-bas, a du caractère et du style. Neuf grands témoins racontent le basculement de leur vie un jour de 1971 quand Michel Debré, ministre de la Défense, annonce à la télévision que le camp des soldats sera agrandi et chassera les paysans du plateau.

De quoi s'est nourrie cette longue guérilla ? « D'une extraordinaire innocence », ramasse Michel Courtin. Michèle Vincent, l'ancienne bibliothécaire de Millau, relève trois ingrédients majeurs : « On a été totalement solidaires, absolument non violents. Et surtout très drôles. » Pierre Burguière cite un ancien, un sage, le père Paloc qui disait : « Le Larzac, tant qu'on l'aura sous les pieds, ils ne peuvent pas nous l'enlever. » Élémentaire.

Le dixième personnage du film, d'ailleurs, c'est le Larzac lui-même. Une vraie vedette : ses roches claires qui affleurent, son vent qui caresse les herbages, ses hameaux trapus en pierre de cailloux, ses troupeaux de brebis qui dessinent inlassablement des traces laineuses dans la minéralité des choses. C'est un pays sage de paysans.

« Solidaires, drôleset non violents »

Et c'est une terre qui vient aussi (un peu) de l'Ouest : l'immense figure de Bernard Lambert, le paysan travailleur de Loire-Atlantique, crève l'écran. Il allume la fusée de la popularisation en 1973, à l'occasion du premier rassemblement international où convergèrent les ouvriers de chez Lip, des cohortes de gauchistes, de militants catholiques, de démocrates convaincus, de pèlerins mystiques, d'utopistes rêveurs : « Notre histoire, c'est celle de la porosité des idées », insiste Michèle Vincent.

Ce pays a tracé un sillon sans fin. De ce plateau farouche, nous viennent les faucheurs d'OGM d'aujourd'hui, les altermondialistes, les croisés de la malbouffe et tous les fantassins des solidarités un peu radicales. Aujourd'hui, le Larzac est à la pointe du combat contre les gaz de schiste. Michèle : « Comme pour le camp militaire, ils ont commis la même erreur de nous l'annoncer à la télé, sans prendre la peine de venir nous le dire en face. Ils n'ont rien compris en quarante ans. Ils sont vraiment trop cons. »

Dans les salles, on entend les gens se moucher dans des mouchoirs en papier. C'est un film si simple, si drôle et tellement digne qu'il vous pique parfois les yeux. Il remue. Il a été présenté au dernier festival de Cannes. Tout notre petit monde avait loué des smokings pour l'occasion. « Mais un quart d'heure avant la montée des marches, on manifestait sur la Croisette contre les gaz de schiste », rappelle Léon.

Ce film, les gens du Larzac iront partout le défendre, l'accompagner, renouer de vieilles amitiés nées dans le siècle d'avant. Cette semaine, le merveilleux, cocasse et infatigable Léon Maillé se rend à Calais pour animer un débat : « Je n'irai pas plus loin. Je ne parle pas l'anglais. »

Sacré Léon. « Mis en garde à vue » par le réalisateur comme il dit, il est comme passé à confesse : « Avant 1971, j'étais normal, je votais à droite, j'allais à la messe. » Il a beaucoup changé. Et est resté un peu « tel que ». Pour rallier Calais, il a affrété un fourgon. Un fourgon bourré d'habits pour les réfugiés de Sangatte. Il aime son prochain et son lointain, Léon. Le Larzac lui a appris tout ça. Il est le Larzac.

François SIMON.
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29 novembre 2011 2 29 /11 /novembre /2011 14:13

Le ministre de l'intérieur, Claude Guéant, était sur RTL mardi 29 novembre. L'occasion pour lui de marteler l'efficacité de l'action policière en France, alors que le bilan de M. Sarkozy et de l'actuelle majorité sur la sécurité est contesté. Et quitte à travestir une nouvelle fois la réalité. Décodage en forme de piqure de rappel.

 

 

"Je suis à peu près certain que cette année, pour la neuvième année consécutive, la délinquance va reculer dans notre pays"

Neuf ans de baisse de la délinquance, depuis 2002, le chiffre est très souvent martelé par le ministre de l'intérieur et par le gouvernement. Et il est généralement aussitôt contesté, pour plusieurs raisons, qu'il n'est pas inutile de rappeler à nouveau.

La 'baisse de la délinquance" dont parle le ministre a déjà été maintes et maintes fois évoquée par lui ou ses prédecesseurs. M. Hortefeux avait même utilisé un tableau pour la prouver :

Selon ce chiffre officiel, après avoir augmenté de 17,8% de 1997 à 2002, la délinquance serait depuis en baisse constante chaque année. Pourtant, à chaque fois, la même triple erreur est faite : il s'agit d'une baisse statistique, d'un indicateur agrégant des phénomènes divers, et qui n'est pas considéré comme fiable par les statisticiens officiels de la question.

- Des statistiques dont la collecte pose question. Pour affirmer que la délinquance baisse, M. Guéant s'appuie sur les statistiques policières, qui enregistrent les "faits constatés", donc les procédures policières en cours. Première illusion : ce que décrit le ministre, c'est la baisse des statistiques officielles, pas de la délinquance elle-même.

Depuis 2002 et la mise en place d'une "politique du chiffre", la statistique policière est très dépendante des pressions exercées par leur hiérarchie sur policiers et gendarmes. Le Monde reproduisait récemment une note d'un général de la gendarmerie, montrant bien de quelle manière l'activité policière est tributaire de la politique décidée au ministère. Du reste, d'anciens gradés de la police ont raconté par le menu les différentes méthodes utilisées pour faire monter ou baisser telle ou telle catégorie de faits constatés : recours à la main courante, requalification d'un délit en contravention... Les méthodes ne manquent pas.

Au final, donc, ces statistiques disent plus l'activité et les priorités des forces de l'ordre qu'elles n'indiquent réellement l'évolution de la délinquance.Autre point à rappeler : la comparaison "depuis 9 ans" n'a que peu de rigueur scientifique. Les méthodes de comptage ont changé avec la mise en place par Nicolas Sarkozy de l'Observatoire national de la délinquance, en 2002. Comparer l'année 2000 avec l'année 2011 n'a donc pas grand sens.

- Une agrégation de faits différents, par essence non pertinente. Même en s'en tenant à ces statistiques, la notion de baisse "générale" ne veut rien dire. Le chiffre retenu par le ministre, rappelait la Cour des comptes dans un rapport de juillet, est celui de "l’agrégat de délinquance générale, correspondant à la totalisation des 107 index de l’état 4001, c’est-à-dire à l’ensemble des faits de délinquance non routière, enregistrés en France métropolitaine par les services de police et de gendarmerie".

En clair, ce chiffre agrège des faits qui n'ont rien à voir entre eux, et vont des vols d'outils de jardinage aux meurtres en passant par les vols avec violence, les délits routiers ou les agressions sexuelles.

Depuis 2002, l'observatoire national de la délinquance et de la réponse pénale (ONDRP) a pour mission de produire des statistiques fiables sur la délinquance. Créé par Nicolas Sarkozy, dirigé par Alain Bauer, un proche du chef de l'Etat, on ne peut pas l'accuser de chercher à s'opposer à la politique menée par M. Guéant. En janvier 2010, voici ce que précisait l'ONDRP à propos de l'agrégat de délinquance général :

"Il n’est pas un chiffre utile dans l’analyse des phénomènes de délinquance.Son utilisation comme chiffre unique, surtout lorsqu’il est assimilé à "la délinquance", est une simplification grossière qui induit en erreur. Le projet même de mesurer en un seul chiffre "magique" la délinquance est  illusoire, surtout si on s’en tient à la seule délinquance enregistrée sans tenir compte de données de victimation".

En clair donc, les "fabriquants" des statistiques de la délinquance disent eux-même de manière catégorique que l'indicateur que retient le ministre ne signifie rien. Année après année, le gouvernement continue pourtant d'affirmer que la '"délinquance est en baisse" sur la base de cette compilation de faits constatés.

Même en conservant ces seuls "faits constatés", il suffit de distinguer simplement, comme le fait l'Insee, atteinte aux biens, atteinte aux personnes et infractions financières, même compte tenu des problèmes de méthodes dans leur collecte, pour nuancer ce bilan : si les atteintes aux biens (vols, cambriolages, dégradations  baisse), les atteintes volontaires à l'intégrité physique, elles, sont en hausse lente, mais constante, depuis 1996. Selon ces chiffres officiels et contestables, les atteintes volontaires à l'intégrité physique sont ainsi passées de 5,4 à 7,3 pour mille entre 2000 et 200

"Des enquêtes de victimation qui ne disent pas la même chose. Pour sortir du biais de la statistique policière, la recherche scientifique a développé des enquêtes "de victimation" : un questionnaire adressé à plusieurs dizaines de milliers de personnes pour savoir si elles se disent victime d'une atteinte à leurs biens ou leur personne.

Or la dernière mouture de l'enquête, menée par l'Insee et l'ONDRP, tend à nuancer fortement les propos du ministre, notamment pour la baisse des atteintes aux biens. Selon cette enquête, les Français ont déclaré avoir subit 4 millions de vols avec violence, contre 1,5 million enregistrés dans les statistiques officielles de police. Ce chiffre est surtout en hausse, de 0,2 points par rapport à 2008, même si les vols sans violence sont en baisse.En revanche, c'est le sentiment d'insécurité qui a tendance à augmenter légèrement depuis 2008, 20,6% des personnes interrogées déclarant se sentir "parfois en insécurité".

Au final, donc, affirmer que "la délinquance est en baisse depuis 9 ans" s'avère donc plutôt faux, hors d'une statistique officielle et globale sans grande pertinence. Si les atteintes aux biens tendent en partie à baisser, y compris dans les enquêtes de victimation, la violence et les atteintes aux personnes, elles, sont en hausse selon des statistiques policières qu'il faut éviter de surestimer. Et les enquêtes "de victimation" mesurent quant à elles un sentiment d'insécurité qui tend, lui, à augmenter.

Samuel Laurent

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27 novembre 2011 7 27 /11 /novembre /2011 12:30
Rue89 - Tribune 26/11/2011 à 17h28

M. et Mme Patricot

Parents d'un enfant handicapé
 

Pour ce couple à la recherche d'un centre pour leur fils polyhandicapé, l'Etat peut profiter de l'engouement du public pour mieux livrer les familles à elles-mêmes.

Nous, parents d'un jeune homme polyhandicapé et sourd, avons obtenu, il y a quelques jours, une audience auprès d'un membre du cabinet de Monsieur Dominique Baudis, Défenseur des droits.

Nous étions reçus suite à un courrier que nous avions envoyé dénonçant le manque de structure d'accueil pour les jeunes polyhandicapés sourds, mais aussi le manque d'accompagnement des familles.

Après un entretien d'une heure et quart, nous avons compris que nous n'avions rien à faire là, que des droits, nous n'en avions pas.

En effet, la démonstration a été faite sous nos yeux d'un désengagement assumé et volontaire de l'Etat sur les questions du handicap. Voici ce que nous avons entendu : que nous étions seuls responsables – voir coupable – de ce jeune homme handicapé.

Nous avons entendu que dans les années 80, les mères des handicapés ne travaillaient pas et montaient les structures d'accueil nécessaires car, à cette époque, les parents étaient plus entreprenants. Ce qui était sous-entendu, c'est que nous ne faisons rien, et que nous attendons tout des autres (voir de l'Etat).

La langue des signes moins pratiquée

Certes, cela ne nous a pas vraiment étonnés. Depuis deux ans, nous cherchons un lieu d'accueil susceptible de recevoir notre fils. Il n'y a aucune place nulle part (et, en plus, la langue des signes est rarement pratiquée dans les centres de jour pour polyhandicapés).

Depuis deux ans, nous sommes témoins du désengagement progressif de l'Etat et d'un désintérêt de tous les politiques pour la question. Les crédits disparaissent ou, mieux, sont transférés vers des causes plus lucratives que le handicap : la vieillesse ou la maladie d'Alzheimer.

D'ailleurs, à l'occasion de la primaire socialiste, nous avons adressé un courrier à tous les candidats et à des dizaines de députés de gauche comme de droite... Ce courrier n'a reçu aucune réponse.

A la fin de l'entretien, et alors que nous allions partir, notre interlocutrice nous a tendu un article du quotidien Aujourd'hui sur le succès du film « Intouchables ». C'est sur cela que nous nous sommes quittés.

Ce film est un merveilleux filtre de la réalité

L'engouement pour ce film, qui sert même de modèle dans les plus hautes sphères de l'Etat, pose quelques questions que nous voudrions aborder ici.

Pourquoi ce film a-t-il autant de succès ? Avançons quelques hypothèses.

Tout d'abord le film raconte l'histoire d'un homme riche, travaillant dans le luxe, qui se retrouve arrêté dans sa course et paraplégique. Le public adore. Il peut s'identifier, se dire que cela peut arriver à tout le monde...

Inutile de vous dire que jamais ce film n'aurait pas eu autant de succès si l'handicapé l'avait été de naissance (ça, ça n'arrive qu'aux autres).

Ensuite il est riche, donc il peut se payer l'aidant qu'il veut, celui qui le fera vibrer et lui permettra toutes les folies dont il rêve. Là aussi, sa richesse plaît, elle soulage. Car, qui voudrait voir ou savoir que les handicapés sont, dans la réalité, maintenus en dessous du seuil de pauvreté ?

Pour conclure, il nous semble, sans pour autant nier le plaisir que certains peuvent y prendre, que ce film est un merveilleux filtre de la réalité. Une ode aux « soignants-naturels » que l'Etat rêve de voir proliférer pour mieux se désengager. Un filtre qui donne bonne conscience et qui permet au spectateur de ne pas voir ce qui se trame en coulisse.

Car, même si le film raconte une partie d'une histoire vraie (j'imagine que cet homme a souffert, même si cela n'est guère montré) la réalité d'un très grand nombre de personnes handicapées est tout autre : précarisation, absence de structure d'accueil, isolation, dépression.

 

 

« Intouchables », un monde irréel pour une France fatiguée

Le battle Rue89 - Causeur 10/11/2011 à 09h00
Redchef Rue89

 

Inspiré d'une histoire vraie, ce conte moderne, interprété par François Cluzet et Omar Sy, remporte un grand succès dans les salles de l'Hexagone.

« Intouchables » est une excellente comédie. J'ai ri, j'ai apprécié le jeu des acteurs, la drôlerie d'Omar Sy, et la tendresse qu'elle déverse à grands flots sur les spectateurs... J'en suis ressorti heureux. Mais tout en m'interrogeant : pourquoi ce film marche-t-il si bien, au point d'être applaudi dans les salles ? Déjà près de deux millions d'entrées ! Quelle corde touche-t-il donc dans la France de 2011 ?

Rue89 - Causeur, le Battle : septième round

Chaque semaine pendant la campagne, Yahoo confronte les éditos de Rue89 et Causeur sur un même thème. Cette semaine, Pascal Riché contre Elisabeth Lévy répondent à la question : peut-on toucher à « Intouchables » ?

 

L'explication ne saute en effet pas aux yeux. Il s'agit d'une comédie simple, avec une vague toile de fond sociale : l'histoire d'une amitié entre un « jeune chômeur des banlieues » (Omar Sy, du « Service après-vente des émissions » de Canal +, plus si jeune, en fait) et un quinqua milliardaire tétraplégique (François Cluzet, impeccable dans le film).

Le tétraplégique et le paralysé social sont deux parias, chacun à leur manière : intouchables, donc, et évidemment touchants. Le jeune Driss a connu une réalité dure (abandon par ses parents, trafic de drogue, prison...) mais c'est du bon pain. On ne sait pas trop comment l'autre, Philippe, est devenu ultra-riche – probablement un héritier – mais c'est un type ouvert et épris de liberté.

Histoire vraie et conte de fées

Tout cela ne tient pas debout, évidemment. Mais la ruse des réalisateurs Eric Toledano et Olivier Nakache, c'est d'avoir bâti ce scénario sur une histoire vraie. Impossible de crier à la caricature, pensez ! Cette histoire a vraiment eu lieu entre Philippe Pozzo di Borgo, ancien directeur des champagnes Pommery et Abdel Sellou, un ex-délinquant élevé dans une cité en banlieue.

En réalité, si ce film plaît tant, c'est parce qu'il présente une histoire aussi éloignée que possible de notre réalité concrète. Elle se passe dans un univers parallèle : un monde qui n'existe pas.

Il y a certes une crise, qui ressemble à la nôtre, mais elle est simplifiée, caricaturée, sublimée. Il y a certes des classes (avec des très-très riches et des très-très pauvres), mais ne cherchez pas de lutte les confrontant...

La vie chez Philippe le riche est douce et enviable : chacun des employés de maison est plutôt sympa. Le spectateur, finalement, y est bien. On sourit, lové dans cet univers ouaté.

Le jeune Driss, employé par l'autre, ne se révolte jamais (le vol d'un œuf de Fabergé, qu'il rendra, n'est qu'un larcin atavique). Il apprécie la douceur de la baignoire en nacre et se contente de se moquer tendrement du bourgeois et de ses codes culturels. Ouvert, ce dernier le prend très bien. On est dans un conte de fée.

Le parler « cash » de Driss

A y repenser, les « comédies sociales » à succès, ces temps-ci, sortent de la même matrice : on confronte deux faux mondes sociaux qui s'ignorent habituellement, et ce « choc » se passe merveilleusement. C'est « Bienvenue chez les Ch'tis » de Dany Boon (le monde des Ch'tis est pour le coup sans classes, sans entreprises privées, sans modernité... complètement fantasmé) ; c'est encore « Les Femmes du 6e étage » de Philippe Le Guay (où un riche, joué par Fabrice Luchini, retrouve le goût de la vie au contact de femmes de ménage espagnoles)...

Dans ces mondes parallèles, tout le monde est gentil, ce qui permet de se parler franchement, un vrai luxe. Qui dans le monde réel peut parler « cash » sans susciter agressivité ou dégoût ?

Dans « Intouchables », Driss parle cette langue magique qu'est le « non-politiquement correct », et cela fait tellement de bien. Par exemple, nous sommes (moi compris) ravis d'entendre Driss dire que telle femme est « bonne », ou se moquer des handicapés bavant du Téléthon ou encore hurler de rire, au début d'un opéra ( »Der Freischütz »), en découvrant un arbre qui chante (et en allemand).

L'espoir timide de Philippe

La France d'aujourd'hui, pour rire, n'a besoin de rien d'autre. Cette France qui applaudit aux « Intouchables » est fatiguée. Elle se désintéresse des « Indignés » qui tentent d'occuper La Défense. Aux « primaires citoyennes », elle choisit de voter « gauche molle ».

C'est une France à l'image de Philippe, le tétraplégique du film : immobile, impuissante, vieillissante. Et accrochée au rêve improbable qu'un jour, quelqu'un ou quelque chose viendra sans brutalité la réveiller.

 

 

 

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26 novembre 2011 6 26 /11 /novembre /2011 18:31
Marianne - Benoît Duteurtre - Marianne | Samedi 26 Novembre 2011 à 16:01
Jusqu'ici l'un des plus puissants au monde, le réseau culturel français est partout en charpie. Coupes budgétaires drastiques, mise en place chaotique du nouvel Institut français sur fond de guéguerres sarkozystes, l'avenir paraît bien sombre pour notre rayonnement international.



L'élégant Quai d'Orsay, à deux pas de l'Assemblée nationale, est un ministère de première importance. Politiquement s'entend, car la voix de la France, pour se faire entendre, ne dispose que d'un modeste carnet de chèques : à peine 1 % du budget de l'Etat, moins que les Anciens Combattants ! Pis encore, ce ministère se voit soumis depuis dix ans à une politique de restriction particulièrement sévère. Le faste des réunions internationales est une chose souvent dotée de budgets spéciaux et pilotée directement par l'Elysée. L'action de terrain en est une autre, comme en témoigne la cure d'amaigrissement imposée au «réseau culturel français». Cet ensemble de moyens destinés à promouvoir la culture française reste aujourd'hui le premier au monde, avec ses 161 services de coopération et d'action culturelle, ses 132 centres et instituts culturels, sans oublier les 445 Alliances françaises. Mais la révision générale des politiques publiques (RGPP) a des conséquences très concrètes : fermeture de centres culturels jugés secondaires, suppressions de postes, regroupements des institutions existantes... Autant de coupes qui permettront, c'est juré, de rayonner davantage avec moins de moyens !

Il fut peut-être un temps rêvé où la France n'avait pas besoin de politique culturelle extérieure, parce que sa langue ou sa littérature s'exportaient «naturellement» - comme celles des Etats-Unis aujourd'hui. Mais ce que nous croyons naturel est souvent le fruit d'une politique avisée. Les Etats-Unis furent parmi les premiers à réfléchir à l'importance de la culture : ce softpower dont l'expansion, en pleine guerre froide, mettait même à contribution les services secrets. La France, lorsqu'elle était une grande puissance, s'était attachée elle aussi à créer des instruments de diffusion culturelle. Dès 1918, l'éminent pianiste Alfred Cortot prenait la direction d'un service destiné à promouvoir la création artistique au-delà des frontières. Au cours des décennies suivantes, l'Association française d'action artistique (Afaa), sous la double tutelle des ministères de la Culture et des Affaires étrangères, a soutenu financièrement quantité de tournées d'orchestres, d'opéras ou d'expositions d'arts plastiques. En 2000, elle a fusionné avec d'autres institutions sous le nom de Culturesfrance, qui est chargé des mêmes missions.

Mais la diffusion de la culture française s'appuie également sur les très nombreux centres et instituts culturels rattachés aux ambassades, un peu partout dans le monde. Ces établissements sont de véritables maisons de la culture, avec leurs saisons de spectacles, leurs médiathèques, leurs expositions. Présents dans les capitales et dans les villes de moindre importance, ils forment avec les Alliances françaises (qui s'attachent plus particulièrement à l'enseignement de la langue) un réseau sans équivalent par son maillage planétaire. Leur ambition dans le domaine artistique est également plus marquée que celle de leurs homologues allemand (Goethe-Institut) ou anglais (British Council).

Lakis Proguidis, écrivain grec installé en France, se rappelle les heures glorieuses des instituts français dans son pays : «Ils ont joué un rôle considérable, non seulement sous la dictature, en permettant à de grandes figures comme Iannis Xenakis ou Cornelius Castoriadis d'obtenir des bourses d'études, mais encore jusqu'à la fin des années 80. A Athènes, comme dans les petites villes, ces lieux représentaient une ouverture sur le monde par leurs spectacles, leurs festivals de cinéma. La France était "le" pays de la culture, et c'est cela qui nous a donné envie d'apprendre cette langue plutôt qu'une autre. Aujourd'hui, malheureusement, beaucoup de centres ont fermé. Et, dans ceux qui restent, une place croissante revient à l'actualité, avec ses vedettes en tournée de promotion.» Un témoignage qu'on retrouve, presque à l'identique, chez nombre de Tchèques ou de Polonais.
Tout n'était certes pas rose dans cet appareil culturel d'Etat. Les services du ministère des Affaires étrangères ont agi, parfois, comme les relais caricaturaux d'un certain art officiel. Il fallait posséder la «carte» du chic parisien pour bénéficier du soutien généreux de l'Afaa, à l'image des Arts florissants de William Christie, systématiquement aidés dans leurs tournées quand nombre d'autres compagnies baroques restaient sur la touche. Les bureaux du livre des ambassades étaient par ailleurs souvent confiés à de jeunes étudiants en lettres, pleins de certitudes sur la «bonne littérature» - celle qu'il fallait soutenir à tout prix, quand bien même elle pouvait paraître touffue et inexportable !

Notre pays sait également nourrir de vaines querelles entre ceux qui devraient poursuivre le même objectif. Il n'est pas rare, à New York, d'entendre les employés des services culturels ironiser sur les programmes ringards de l'Alliance française, quelques rues plus bas... Enfin, la répartition des pouvoirs n'est pas toujours simple entre les conseillers culturels des ambassades et les directeurs de centre culturel désireux d'affirmer leur autonomie.

Baisse des effectifs
Face à ces questions récurrentes, l'arrivée de Nicolas Sarkozy à l'Elysée et celle de Bernard Kouchner au Quai d'Orsay ont donné lieu à une soudaine ardeur de réforme. Simple effet d'annonce ? Culturesfrance, regroupé avec d'autres institutions, s'est transformé en 2010 pour devenir l'Institut français, dirigé par Xavier Darcos et conçu pour devenir progressivement la principale vitrine de la culture française à l'étranger. L'ancien ministre de l'Education insiste volontiers sur ses compétences nouvelles, comme la formation du personnel des institutions culturelles. Il souhaite favoriser la diffusion du «débat d'idées». Il affirme également être là «pour exporter, mais aussi pour importer, en découvrant des talents à l'étranger».

Pour autant, cet organisme est encore loin de faire autorité. Comme l'explique un ambassadeur de France : «Qu'on le veuille ou non, tout passe par les ambassades. C'est nous qui avons la connaissance de chaque pays et de ses besoins spécifiques.» A propos des réformes en cours, il ajoute : «Le vrai problème, c'est que la culture, au Quai d'Orsay, n'a jamais représenté un grand enjeu ; on le voit au petit nombre de diplomates de carrière qui dirigent des centres culturels. Pourtant, dans beaucoup de pays, la culture reste l'une des plus sûres valeurs françaises.»

Dans ce domaine, les décalages entre la communication politique et la réalité du terrain sont flagrants. Tandis qu'on lance solennellement l'Institut français, en regroupant des moyens déjà existants, les finances continuent à exercer leur pression. La dotation des ambassades est, dans beaucoup de pays, en chute libre. Mais ces coupes s'accompagnent d'un vocabulaire néolibéral prônant la «lisibilité», la «fusion» et les «économies d'échelle».

Parmi les principales mesures - avec pour objectif déclaré la baisse des effectifs - figurent le regroupement des postes de conseiller culturel et de directeur d'institut, la fermeture d'établissements dans les villes petites et moyennes, la fusion avec les Alliances françaises partout où il y a doublon et l'appel massif au personnel «sous contrat local» (donc beaucoup moins coûteux). En Allemagne, plus de la moitié des centres culturels français ont fermé depuis dix ans. Curieux signal en plein rapprochement politique franco-allemand ! Tout est fait également pour favoriser l'autofinancement, sur le modèle des PME. L'ambassade d'Italie a mis en location ses prestigieux salons du palais Farnese. Dans certains pays, la vente pure et simple des biens de la République est au programme.

Concentration
Une autre tendance consiste à concentrer l'énergie et les moyens sur les «grands» pays émergents - entendez ceux qui représentent des enjeux économiques considérables, comme la Chine et l'Inde. Dans ces territoires, la France ouvre de nouveaux centres culturels... au détriment du tiers-monde. Il devient également fréquent d'entendre l'administration se réclamer de modèles extérieurs, comme celui du British Council - pourtant principalement dévolu à l'apprentissage de la langue. Il est vrai que l'enseignement du français est une activité rentable, notamment à travers les 400 000 élèves des Alliances françaises.

L'obsession de la «bonne gestion» offre-t-elle une réponse à toutes les questions ? L'Europe, où l'on a fermé de nombreux centres culturels, n'est-elle pas précisément le lieu où les peuples ont besoin de se connaître, au lieu de s'unir uniquement par le biais de la crise économique et de la culture mainstream ?

En juillet 2010, dans le Monde, Alain Juppé cosignait avec Hubert Védrine une tribune dénonçant l'affaiblissement des moyens du Quai d'Orsay. Quelques mois après sa nomination aux Affaires étrangères, il aura tout juste obtenu... un ralentissement de la baisse qui se poursuit. Ces restrictions ne bouleversent évidemment pas la population française, soumise à trop de préoccupations immédiates pour s'alarmer de la disparition d'une bibliothèque en Allemagne ou d'un centre culturel en Afrique sub-saharienne. Les autorités budgétaires peuvent donc continuer à dénoncer une administration «pléthorique», à l'image de la fonction publique tout entière. Dans son récent ouvrage Bug Made In France (Gallimard), Olivier Poivre d'Arvor insiste également sur les enjeux de la révolution technologique qui bouleverse les modes de diffusion culturelle et rend un peu désuettes les méthodes de nos vieilles institutions tricolores.
Pourtant, au bout du compte, ce sont surtout deux idées de la France qui s'affrontent. D'un côté, le discours récurrent de ceux qui s'agacent chaque fois que ce pays prétend rester une puissance culturelle - quand la mondialisation démontre chaque jour le contraire et appelle seulement au pragmatisme. De l'autre, ceux qui croient que la «civilisation française» peut encore incarner quelque chose, au moment où la Chine développe son propre réseau d'instituts Confucius (déjà près de 300 dans 90 pays) et où l'Espagne, avec ses instituts Cervantès, semble à nouveau croire à son influence. Ne pouvons-nous pas faire aussi bien, sinon mieux, en misant sur ce domaine ? Il faudrait pour cela ne pas réformer pour réformer, ni agir dans la précipitation qui menace, plus que jamais, à quelques mois de l'élection présidentielle.
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25 novembre 2011 5 25 /11 /novembre /2011 22:11

 

Les Compsférences 
« La culture, c'est ce qui relie les savoirs et les féconde » Edgar Morin
 
Commission culture de Comps
 
 
L'insécurité :
fantasmes et réalités
 
 
Conférence de Laurent Mucchielli
 Sociologue, Directeur de recherches au CNRS, Professeur à l'Université de Provence
 
 
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Mercredi 30 novembre 2011 à 20 h 00
 
Salle polyvalente de Comps
 
 
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Laurent Mucchielli :
 
 
Laurent MUCCHIELLI est sociologue, directeur de recherches au CNRS, membre du Laboratoire Méditerranéen de Sociologie (LAMES, Aix-en-Provence), après avoir travaillé et dirigé pendant des années le principal centre de recherches français sur les questions pénales : le Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales (CESDIP, en région parisienne).
 
Il travaille sur les questions de délinquance, de police et de justice depuis de nombreuses années.
 
Il a créé en 2011 et dirige l'Observatoire Régional de la Délinquance et des Contextes Sociaux (ORDCS) en région PACA.
 
Il est l'auteur ou co-auteur de nombreux articles et ouvrages parmi lesquels Le scandale des « tournantes ». Dérives médiatiques et contre-enquête sociologique (La Découverte, 2005), Gendarmes et voleurs. De l'évolution de la délinquance aux défis du métier (L'Harmattan, 2007, direction), Les bandes de jeunes, des Blousons noirs à nos jours (La Découverte, 2007, codirection), La frénésie sécuritaire. Retour à l’ordre et nouveau contrôle social (La Découverte, 2008, direction), Histoire de l’homicide en Europe, du Moyen Age à nos jours (La Découverte, 2009, avec Pieter Spierenburg), La violence des jeunes en question (Champ Social, 2009, avec Véronique Le Goaziou), La violence politique en Europe. Etat des lieux (La Découverte, 2010, avec Xavier Crettiez), État d’Émeutes, État d’Exception : retour à la question centrale des périphéries (Presses de l’Université de Perpignan, 2011, avec Jean-Louis Olive et David Giband).
 
Il vient de publier (sortie le 3 novembre) : L’invention de la violence. Des peurs, des chiffres, des faits (Fayard, 2011).
 
Il est enfin le fondateur et le rédacteur en chef du site Internet Délinquance, justice et autres questions de société, ainsi que l'animateur d'un blog sur le site internet de Le Monde.
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25 novembre 2011 5 25 /11 /novembre /2011 18:52

LEMONDE.FR | 25.11.11 | 09h22   •  Mis à jour le 25.11.11 | 11h28

 
 

 

L'ex-présidente du Chili, Michelle Bachelet, aujourd'hui à la tête de l'agence ONU femmes, le 15 septembre 2010, à Valparaiso (Chili).

L'ex-présidente du Chili, Michelle Bachelet, aujourd'hui à la tête de l'agence ONU femmes, le 15 septembre 2010, à Valparaiso (Chili).REUTERS/ELISEO FERNANDEZ


Un peu plus d'un an après avoir pris la tête de l'agence ONU Femmes, dédiée à l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes, l'ancienne présidente du Chili, Michelle Bachelet, exhorte les gouvernements, à l'occasion de la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes célébrée le 25 novembre, à faire preuve d'une plus grande volonté politique.

La lutte contre la violence à l'égard des femmes est l'une des quatre priorités d'ONU Femmes. Quel bilan dressez-vous aujourd'hui ?

D'importants progrès ont été accomplis ces dernières années. Pas moins de 125 des 193 pays membres de l'Organisation des Nations unies (ONU) interdisent aujourd'hui la violence conjugale, 89 pénalisent l'excision, et la violence sexuelle en période de conflit est depuis trois ans qualifiée par le Conseil de sécurité de crime de guerre ou de crime contre l'humanité. La Convention européenne pour prévenir et combattre la violence à l'égard des femmes, signée en mai à Istanbul, marque aussi un tournant de par les objectifs spécifiques qu'elle s'est fixés en matière de prévention, de protection des victimes et de poursuite des auteurs. Mais d'énormes défis restent à relever. Plus de 600 millions de femmes vivent dans des pays où la violence conjugale n'est pas pénalisée. Quant aux nouvelles législations créées en faveur de la protection des femmes, elles ne sont pas toujours mises en œuvre, faute de ressources financières ou humaines. La violence contre les femmes est l'une des violations des droits de l'homme les plus répandues dans le monde, mais elle reste l'un des crimes les moins poursuivis.

Que préconisez-vous ?

La violence contre les femmes n'est pas une affaire de femmes ni une affaire privée. C'est un fléau qui affecte toutes les sociétés sans distinction, riches ou pauvres, et dont les coûts pèsent sur les économies nationales. Rien qu'au niveau du Conseil de l'Europe, les dépenses engagées, notamment en termes d'assistance médicale, s'élèvent à plus de trois milliards d'euros par an. Il est temps pour les gouvernements de faire preuve de volonté politique et d'agir. Je propose un programme de seize mesures, axé sur trois priorités : la prévention, la protection et l'accès à des services essentiels. Parmi ces mesures, qui vont de la ratification de traités à la traduction des coupables en justice, la sensibilisation des hommes et des garçons est cruciale, car nous ne pourrons atteindre la "tolérance zéro" sans leur soutien.

Quels sont les moyens d'action d'ONU Femmes ?

Nous sommes actifs dans 78 pays. En Afghanistan, où les pays donateurs financent de nombreux projets, nous avons 82 personnes. En République démocratique du Congo, qui a été le théâtre de viols massifs, nous n'avons que cinq personnes, mais nous sommes en phase d'expansion. Nous ne pourrons jamais être présents sur tout le territoire, nous devons doter la population civile de moyens de communication, la maintenir en contact avec les Casques bleus, lesquels ont besoin d'être mobiles, mais les hélicoptères manquent. Notre action pâtit de carences budgétaires. Le Fonds d'affectation spéciale de l'ONU pour l'élimination de la violence contre les femmes s'est vu allouer 17 millions de dollars cette année pour 22 initiatives dans 34 pays, y compris et pour la première fois en Irak et au Soudan du Sud, mais les demandes de financement étaient de 200 millions de dollars.

Quel est votre regard sur le printemps arabe et son possible impact sur les droits des femmes ?

Je pense que la démocratie, quoi qu'il arrive, vaut toujours mieux qu'un régime autoritaire. En Tunisie, un parti islamiste modéré l'a emporté, on est en droit d'espérer des avancées. En Egypte, où se joue une révolution politique et de justice sociale, la cause des femmes n'a pas encore sa place, mais le processus de démocratisation leur permettra de faire entendre leurs voix. Mon message aux acteurs de ces révolutions est celui-ci : la démocratie n'est pas qu'une affaire de droit de vote ou de liberté d'association, elle est aussi la garantie d'une représentation dans toute la diversité de la population et d'une protection des droits de tous et de toutes.

Propos recueillis par Alexandra Geneste

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25 novembre 2011 5 25 /11 /novembre /2011 18:47

LEMONDE.FR avec AFP | 25.11.11 | 11h20   •  Mis à jour le 25.11.11 | 12h46

 
 

 

Un ouvrier devant des conteneurs dans le port de Djibouti, le 12 novembre 2006.

Un ouvrier devant des conteneurs dans le port de Djibouti, le 12 novembre 2006.AFP PHOTO/MARCO LONGARI


La note est salée. Le géant Total a été condamné à 200 millions d'euros de dommages et intérêts ainsi qu'à 4 millions d'euros d'amende par un tribunal de Djibouti dans une affaire de pollution maritime.

Informé de cette condamnation le 17 novembre, Total a fait appel deux jours plus tard devant la chambre correctionnelle du tribunal de première instance de Djibouti, a précisé un porte-parole de Total.

Les faits concernent une pollution pétrolière du port de Djibouti qui remonte à 1997, résultat d'une fuite dans un vieil oléoduc. "Il y a eu des poursuites pénales pour faits de pollution contre nos deux filiales à Djibouti, Total Djibouti et Total Marketing Djibouti", a expliqué le porte-parole.

Chacune des deux sociétés a été condamnée "à 2 millions d'euros d'amende et 100 millions de dommages et intérêt", a-t-il précisé, sans vouloir faire plus de commentaire sur le fond.

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