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9 décembre 2011 5 09 /12 /décembre /2011 14:05

LE PLUS. Le Sénat examine ce jeudi la proposition de loi donnant aux étrangers hors-Union européenne le droit de vote aux élections municipales. Ali El Baz, un Marocain vivant en France depuis 1975, défend farouchement cette disposition, tout en regrettant de perdre une part de sa dignité en "mendiant un droit naturel".

Ali El Baz

> Par Ali El Baz Citoyen sans droit de vote

Le Nouvel Observateur - Edité et parrainé par Hélène Decommer

Je suis arrivé en France en 1975, à 23 ans. J'ai aujourd'hui 60 ans et je ne peux toujours pas voter. Je suis las de lutter pour ce droit de vote comme je le fais depuis 30 ans, las de le revendiquer. J'ai l'impression de mendier un droit qui m'est dû.

 

Carte d'électeur, image d'illustration (THIERRY ZOCCOLAN/AFP) 

Carte d'électeur, image d'illustration (THIERRY ZOCCOLAN/AFP)

 

J'ai l'habitude de mettre en parallèle le droit de vote des étrangers avec leur droit d'association. A mon arrivée en France, j'ai commencé à militer au sein de l'Association des travailleurs maghrébins de France. Le décret-loi portant sur le statut particulier (discriminatoire) des associations étrangères et associations composées d'étrangers était encore en vigueur et ce n'est qu'en 1981 que j'ai pu voter au sein d'une association et être élu administrateur. Pour la première fois, c'était possible.

 

Deux ans plus tard, en 1983, Jacques Delors - alors maire de Clichy-la-Garenne, où je réside – initie une mission locale pour l'emploi. Je suis désigné pour faire partie des administrateurs, en raison de ma bonne connaissance du terrain et de mon travail associatif.

 

J'ai ressenti à travers ces deux événements l'honneur et la responsabilité qui m'étaient attribués. Mais pour le droit de vote, c'est toujours niet.

 

Diminué dans mon rôle d'adulte


Ce qui me tue, c'est que les ressortissants de l'Union européenne puissent voter en France. C'est la preuve que l'excuse "nationalité = droit de vote" n'est pas valable. Un Lituanien qui habite depuis six mois dans la même ville que moi peux voter, moi pas, pourtant aucun de nous n'a la nationalité française. C'est ma réponse aux politiques qui osent nous dire "vous n'avez qu'à prendre la nationalité française". Demandez la même chose aux Européens ! Cet état de fait est pour moi une double discrimination.

 

J'ai deux enfants de 19 et 25 ans qui peuvent voter. Nous parlons de politique, je leur donne mon point de vue, mais je n'ai pas envie de voter par procuration, à travers eux. J'aimerais pouvoir faire mon choix par les urnes, comme tout citoyen. Je me sens diminué dans mon rôle de père et d'adulte : ce sont mes enfants qui votent, comme les adultes.

 

Pourtant les devoirs des adultes, je les sens bien quand je paie mes impôts sur le revenu, la taxe foncière, la taxe d'habitation, etc.

 

L'impression d'être instrumentalisé


Je ne comprends pas qu'on refuse d'accorder à des individus qui vivent en France depuis des années ou des décennies la possibilité de s'exprimer démocratiquement sur la gestion de leur ville. Car on ne parle ici que d'échelon local ! Personnellement je serais encore plus ambitieux en visant une expression sur la gestion du pays, mais nous n'en sommes pas là.

 

Aux Pays-Bas, les étrangers extra-européens peuvent voter depuis 1983 aux élections locales et ça n'a pas bouleversé les choses. J'ai des amis qui vivent là-bas et votent, idem pour ceux qui résident en Belgique. Mes fils votent. Mes frères, au Maroc, votent. Moi je suis un Marocain vivant en France depuis plus de trente ans mais je ne peux ni voter dans mon pays d'origine (il faut obligatoirement habiter sur place), ni voter dans l'Hexagone. Je suis le dindon de la farce.

 

J'ai l'impression d'être instrumentalisé par la classe politique, qui ressort à chaque échéance électorale ou presque la question du droit de vote des étrangers extracommunautaires. La gauche promet quand elle est dans l'opposition, mais ne fait rien une fois au pouvoir.

 

Cette crispation autour du vote des étrangers occulte d'autres enjeux plus importants aujourd'hui, comme le chômage et la crise. Je suis ravi que les politiques s'intéressent à moi, c'est le moment choisi qui m'inquiète. Si c'est pour placer les étrangers au cœur de la campagne présidentielle, ce n'est pas la peine.

 

 

Propos recueillis par Hélène Decommer

 

 

A lire aussi sur le Plus :

Droit de vote des étrangers : et si la gauche retrouvait le sens des priorités ?

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9 décembre 2011 5 09 /12 /décembre /2011 13:17

LEMONDE | 08.12.11 | 15h23   •  Mis à jour le 08.12.11 | 17h59

 
 

 

La machine climatique s'emballe : les négociateurs restent sourds aux alertes des scientifiques et de la société civile.

La machine climatique s'emballe : les négociateurs restent sourds aux alertes des scientifiques et de la société civile.AP/Torsten Blackwood

Durban (Afrique du Sud) Envoyée spéciale - La machine climatique s'emballe. Le temps qu'il reste pour éviter que le réchauffement ne prenne une tournure dramatique se resserre. Mais la pression de l'urgence - si forte avant la Conférence de Copenhague de 2009 - ne semble plus du tout peser sur le processus de négociations de la 17e Conférence des Nations unies sur le climat, à Durban, en Afrique du Sud. Cela en dépit des appels répétés des représentants des petites îles et des pays les plus vulnérables, pour qui la menace climatique est déjà une réalité.

Mercredi 7 décembre au matin, le texte remis aux ministres sur l'état d'avancement des discussions faisait encore 130 pages, toutes largement "crochetées", c'est-à-dire non approuvées. Or les négociateurs évaluent en moyenne à une heure le temps nécessaire pour trouver un compromis sur une ligne...

Pour tenter d'avancer, la présidence sud-africaine a opté pour de grands conseils informels, prenant modèle sur les indabas pratiqués au moment des négociations sur la sortie de l'apartheid. Faut-il en être rassuré ? Les Sud-Africains ont en tout cas affirmé qu'ils joueraient leur rôle de "chef".

Un projet d'accord n'est pas attendu avant la clôture de la conférence, vendredi 9 décembre. Toutes les options restent à ce stade ouvertes, même si c'est toujours autour de la proposition européenne que chaque pays se détermine. A savoir un nouvel engagement dans le protocole de Kyoto - qui expire en 2012 -, à condition que soit adoptée une feuille de route conduisant à un traité contraignant, qui implique tous les grands pays émetteurs à l'horizon 2020.

La commissaire européenne, Connie Hedegaard, a cependant rappelé, mercredi, qu'il y a d'autres "sujets incontournables" sur lesquels les Etats devront se prononcer avant la fin de la conférence. A commencer par les engagements indispensables pour combler le retard pris dans l'effort qui doit être fait pour limiter le réchauffement à 2 0C. "Nous ne pouvons pas quitter Durban sans avoir progressé sur ce sujet", a averti la commissaire européenne.

Un récent rapport du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) a confirmé que les promesses faites en 2009 ne représentent que 60 % des efforts à réaliser pour contenir la hausse moyenne des températures en dessous de 2 0C, objectif recommandé par le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (Giec).

La trajectoire actuelle des émissions mondiales de gaz à effet de serre, selon que les promesses seront bien ou mal honorées, conduit vers un réchauffement compris entre 2,5 et 5 0C, prévient le PNUE. L'Agence internationale de l'énergie (AIE) a elle aussi mis en garde contre le risque d'une hausse des températures de 6 0C, si les gouvernements ne redressent pas le cap avant 2017.

L'Union européenne (UE) voudrait que soit au moins pris acte, à Durban, du "fossé"existant avec l'engagement pris à Copenhague de "réduire les émissions de gaz à effet de serre de façon à contenir la hausse moyenne des températures en dessous des 2 0C". Les Etats-Unis s'y refusent. Interpellé sur le sujet lors d'une conférence de presse, l'envoyé spécial américain, Todd Stern, a expliqué : "La limite des 2 0C est un objectif sérieux pour guider notre action, mais qu'il ne peut à lui seul déterminer les objectifs nationaux."

Les Etats-Unis ne sont pas les seuls à ne pas vouloir remettre sur la table ce sujet épineux.L'UE elle-même n'a, du reste, toujours pas décidé de porter son objectif de réduction d'émissions de 20 % à 30 % d'ici à 2020. "Les négociateurs sont déconnectés du monde. Ils ignorent ce qui se passe dehors, la récurrence des sécheresses, les inondations, les tempêtes extrêmes", a dénoncé Samantha Smith, du Fonds mondial pour la nature (WWF), faisant écho au sentiment partagé par les représentants de la société civile présents en Afrique du Sud. "Si les pays ne veulent pas relever le niveau de leurs engagements à Durban, ils doivent au moins nous dire quand ils vont le faire, a-t-elle exhorté. Attendre après 2020 est irresponsable."

Laurence Caramel

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9 décembre 2011 5 09 /12 /décembre /2011 12:52

LEMONDE.FR | 09.12.11 | 11h41   •  Mis à jour le 09.12.11 | 12h15

 
 

Le Sénat a adopté jeudi 8 décembre au soir par 173 voix contre 166 la proposition de loi de la majorité de gauche accordant le droit de vote aux municipales aux étrangers non communautaires. L'examen de cette mesure a déclenché les foudres de la droite, lors d'un long débat houleux. Fait exceptionnel, c'est le premier ministre François Fillon, en personne, qui est venu réaffirmer la vive opposition du gouvernement et de la majorité à ce texte.

>> Lire le récit : Droit de vote des étrangers : récit d'un vote au Sénat acquis de justesse

 


 

La mesure votée n'a pourtant qu'une valeur symbolique puisqu'elle n'a aucune chance d'être adoptée dans l'immédiat, sous cette législature. Ayant été amendé, ce texte constitutionnel devra en effet retourner à l'Assemblée nationale pour être voté. Celle-ci étant majoritairement à droite, le texte n'a aucune chance d'être accepté.

Mais le circuit parlementaire ne serait pas terminé pour autant, les députés n'ayant pas le dernier mot pour ce type de texte. En cas de désaccord, il repartira... à nouveau pour le Sénat. S'il est un jour adopté par le Parlement, il devra ensuite être transféré au chef de l'Etat, qui le soumettra à référendum ou le gardera dans un tiroir.

"DÉTOURNEMENT DE PROCÉDURE"

En faisant voter ce texte, la nouvelle majorité de gauche du Sénat a voulu imprimer sa marque politique en inscrivant à son agenda cette mesure qui constituait la 80e des 101 propositions du programme de François Mitterrand et n'avait pu voir le jour du fait de l'opposition du Sénat de droite. La gauche a repris la proposition de loi adoptée par l'Assemblée nationale le 2 mai 2000, sous Lionel Jospin, et que le Sénat, à majorité de droite, avait toujours refusé d'examiner.

L'exécutif a d'ailleurs remis en cause le fait que le Sénat puisse être saisi de ce texte onze ans après avoir été adopté par une Assemblée nationale de gauche sans que le Sénat, alors à droite et passé historiquement à gauche en septembre, n'ait jusque-là suivi. Nicolas Sarkozy a dénoncé un "détournement de procédure", selon Le Figaro. "Cette initiative n'a (...) plus le moindre lien avec la représentation nationale actuelle, ce qui pose un problème au regard de la clarté démocratique", a renchérit François Fillon, jeudi.

Cette mesure symbolique qui, le plus souvent, ne bouleverse pas en profondeur les équilibres politiques locaux, ne permet pas de participer comme grand électeur aux sénatoriales ni d'être élu au poste de maire, contrairement à ce qu'avait affirmé le ministre de l'intérieur, Claude Guéant, avant de revenir sur son argument erroné. Les étrangers pourraient seulement être élus conseillers municipaux.

Une loi organique décidera des modalités d'application, notamment la durée de résidence requise. Les sénateurs socialistes souhaiteraient que cette durée minimale soit fixée à cinq ans, ce qui concernerait près de 1,8 million de personnes.

Le Monde.fr

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9 décembre 2011 5 09 /12 /décembre /2011 12:44

LEMONDE.FR avec AFP | 09.12.11 | 12h40

 

Le ministre de l'intérieur a confirmé, vendredi 9 décembre, à Arras, dans le Pas-de-Calais, le "renforcement des moyens" en armes et en boucliers pare-balles, principalement au bénéfice des brigades anticriminalité (BAC).

Le ministre concluait le congrès statutaire du Syndicat national des officiers de police (SNOP, majoritaire), lors duquel Jean-Marc Bailleul en a été élu secrétaire général. Il a annoncé l'octroi de cent cinquante fusils à pompe et six cents boucliers balistiques souples – un bouclier pare-balles à déplier en cas d'attaque, qui protège la quasi-totalité du corps au contraire d'un simple gilet. Ces accessoires "seront principalement affectés aux BAC et prioritairement à Marseille d'ici à la fin de l'année", avait précisé la direction générale de la police judiciaire, jeudi.

DÉSACCORDS SUR LES FUSILS À POMPE

Les armes, a indiqué le ministre, devront permettre aux policiers de "se sentir mieux en sécurité" et devront être utilisées "en légitime défense". M. Guéant a aussi répété que mille véhicules de "plus que l'an passé" allaient être affectés à la police en 2012.

Cette mesure ne fait pourtant pas l'unanimité parmi les policiers. "Les problèmes de fond [ne seront] pas réglés avec des fusils à pompe", a déclaré mercredi 7 décembre le syndicat Unité police SGP-FO. Son secrétaire général, Nicolas Comte, dénonce la "baisse des effectifs" dans la police et demande "de mettre fin à la RGPP", la révision générale des politiques publiques, dont il dénonce régulièrement les effets.

Alliance, deuxième syndicat de gardiens de la paix, avait quant à lui demandé lundi que les policiers des BAC, dont l'un a succombé à ses blessures après une fusillade à Vitrolles (Bouches-du-Rhône) fin novembre, soient "à nouveau dotés" collectivement "de fusils à pompe", afin de "faire face aux armes de très gros calibre des délinquants", selon le secrétaire général adjoint du syndicat, Frédéric Lagache.

DÉMÉNAGEMENT DU 36, QUAI DES ORFÈVRES

Par ailleurs, lors de son discours aux officiers de police, M. Guéant s'est félicité du rattachement de la gendarmerie à l'intérieur depuis 2009, les "coopérations (avec la police) se font de façon spontanée" et "naturellement", a-t-il dit.

En 2012, a-t-il également rappelé, 131 millions d'euros vont être débloqués pour le futur déménagement du siège de la police judiciaire parisienne – le célèbre 36, quai des Orfèvres – dans quelques années sur le site des Batignolles, à Paris (17e arrondissement), où doit également s'installer le palais de justice. "Le 36", comme on surnomme le siège de la PJ, immortalisé par le commissaire Maigret, restera un lieu public, où devrait s'installer "une antenne d'Interpol", a-t-il annoncé.

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7 décembre 2011 3 07 /12 /décembre /2011 22:56

Le Monde - 07 décembre 2011


Photo non datée du champion cycliste français Jacques Anquetil. AFP

La scène se déroule près de Saint-Brieuc, dans les Côtes-d'Armor, rapporte le quotidien breton, Ouest-France. Un groupe d'une vingtaine de cyclistes roule tranquillement, dimanche, sur les routes aux abords d'Hillion quand trois flashs crépitent. Il capte un excès de vitesse de 20 km/h sur une route limitée à 50 km/h.

L'un des cyclistes raconte l'instant de gloire. "La première photo, c’est notre leader, casque vert. La deuxième, un chauffeur de bus, un chirurgien et moi, retourné, l’air ébahi. La troisième, nos glorieux anciens qui, aussi loin que remontent leurs souvenirs vélocipédiques, ne s’étaient jamais fait pincer en excès de vitesse."

Si le coureur cycliste témoigne, c'est "pour plaider la cause des copains". "[Car] on n’était certainement pas en excès de vitesse", dit-il. Le radar aurait simplement dysfonctionné. Au contraire de celui qui a flashé le désormais célèbre Capman, dont la vidéo a été consultée un million de fois sur YouTube, à la sortie d'un pont limité à 50 km/h, à Belfort.

 

 

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7 décembre 2011 3 07 /12 /décembre /2011 22:45

LEMONDE.FR avec AFP | 07.12.11 | 15h36   •  Mis à jour le 07.12.11 | 16h11

 
 

La moitié des eaux des bassins Rhône-Méditerranée et Corse sont en mauvais état écologique en raison de la pollution par les pesticides et de l'aménagement excessif des rivières (barrages, digues…), selon l'agence régionale de l'eau. "Des efforts sensibles seront nécessaires dans les années à venir pour garantir un bon état des eaux, dans un contexte de changement climatique où la ressource en eau risque de se raréfier", conclut le rapport 2010 de l'agence de l'eau Rhône-Méditerranée et Corse, un établissement public dépendant du ministère de l'écologie.

Selon ce rapport – le premier dans son genre pour l'agence publique –, 51 % des rivières affichent un bon état écologique, permettant en particulier "le maintien des communautés aquatiques, floristiques et faunistiques". C'est un peu mieux que l'ensemble de la France, qui plafonne à 45 %. Mais on est "loin des 66 % fixés à l'horizon 2015 par le Grenelle de l'environnement", note l'agence, qui a effectué près de 3 millions d'analyses dans quelque 1 500 stations.

DU ROUNDUP DANS TROIS COURS D'EAU SUR QUATRE

"Les pesticides restent l'ennemi numéro un de la qualité des rivières, en particulier le glyphosate, substance active de l'herbicide Roundup, qui se retrouve dans les trois quarts des cours d'eau", dans des quantités parfois non négligeables, souligne le directeur de l'agence, Martin Guespereau.

Vente sur Internet, achat dans des pays frontaliers ou fonds de stocks : les pesticides interdits d'usage depuis plusieurs années – comme les triazines, des désherbants – se retrouvent aussi dans 60 % des rivières, ce qui prouve un usage récent et illicite. Vu le temps que mettent les pesticides à se dégrader, les nappes sont aussi trop souvent "contaminées au-delà des normes de qualité requises".

Les grands cours d'eau – Rhône, Saône et Doubs – sont contaminés aussi par nombre d'hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP). Des PCB – molécule utilisée comme isolant électrique, dangereux pour la santé – ont été retrouvés dans deux cours d'eau à Aix-les-Bains (Savoie). On trouve aussi des métaux, comme le cuivre à l'aval de zones urbaines et industrielles ou de secteurs viticoles.

DIGUES ET BARRAGES CONTRE POISSONS

Autre message fort et "nouveau", selon M. Guespereau : les deux tiers des rivières en mauvais état écologique sont celles qui ont subi des altérations physiques : débit modifié, seuils ou barrages qui bloquent la circulation des poissons et des sédiments, digues trop étroites qui diminuent les possibilités de reproduction de certaines espèces…

"On a encore beaucoup d'endroits où les responsables voient encore la rivière comme un tuyau d'eau qu'il faut rectifier pour qu'il envoie les crues le plus vite possible en aval", dit M. Guespereau. "On perd toute la valeur que les rivières apportent en termes d'épuration, en se dilatant ou se rétractant en fonction des saisons." "La vie a besoin de ces rythmes", dit le directeur de l'agence, citant notamment le brochet, qui "a besoin des crues pour se nourrir dans les herbes inondées".

Les stations où l'état de l'eau est moyen, voire mauvais, sont principalement situées "sur les cours d'eau nord-alpins impactés par l'énergie hydraulique, dans les zones où prédomine l'agriculture intensive" et dans celles fortement urbanisées, comme le pourtour de la Méditerranée, selon le rapport.

L'agence note cependant quelques progrès pour la qualité chimique de l'eau, particulièrement la division par dix des concentrations en ammonium, grâce à l'amélioration des stations d'épuration.

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6 décembre 2011 2 06 /12 /décembre /2011 14:08

Le Monde - 05 décembre 2011

Si Nicolas Sarkozy a trouvé l'action de Greenpeace "assez irresponsable", d'autres membres de son propre camp ont eu des mots plus durs.

"La gendarmerie aurait du abattre les terroristes de #greenpeace ! Ils ne meritent pas de traitements particuliers…" a ainsi estimé dans un message posté sur Twitter, le porte-parole des Jeunes Populaires (UMP) du Loiret, Maxime Buizard.

De quoi enflammer la Toile où les messages indignés se sont multipliés mais aussi Greenpeace ou même l'UMP, obligée de désavouer son militant.

Interrogé par Libération.fr, la porte-parole de Greenpeace, Adélaïde Colin, a ainsi réagi en affirmant que "nos intentions et nos actions sont fondamentalement non violentes. Elles s’inscrivent dans une tradition de désobéissance civile que visiblement ce monsieur n’a pas compris".

Le jeune homme n'a pas pu non plus compter sur son propre camp qui par la voix de Benjamin Lancar, patron des Jeunes pop, a indiqué qu'il était mis fin à ses fonctions.

Les excuses de Maxime Buizard postée sur Twitter un peu plus tard dans la journée et dans lesquels il "regrette profondément" son tweet n'auront donc pas suffi à calmer l'indignation suscitée par ses propos.

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5 décembre 2011 1 05 /12 /décembre /2011 13:38

Enquête | LEMONDE.FR | 05.12.11 | 10h45   •  Mis à jour le 05.12.11 | 13h54

 
 

 

Le procureur de Nanterre, Philippe Courroye, est soupçonné d'avoir supervisé la surveillance téléphonique, au cœur de l'affaire Bettencourt, de journalistes du "Monde".

Le procureur de Nanterre, Philippe Courroye, est soupçonné d'avoir supervisé la surveillance téléphonique, au cœur de l'affaire Bettencourt, de journalistes du "Monde".AFP/JOEL SAGET

Lorsque le patron lui a demandé de venir immédiatement dans son bureau, Patrick Nieto, commandant de police à l’inspection générale des services (IGS), la police des polices, a bien senti, le 9 septembre 2010, qu'il se passait quelque chose. Le boulot du commandant, c’est les fadettes. Les factures téléphoniques détaillées, il en avale toute la journée : il est chef de brigade depuis trois ans et contrôle les procédures de ses enquêteurs avant de les transmettre à la justice. Mais dès que l’affaire est sensible, c'est lui qui prend les choses en main.

Le commissaire divisionnaire Daniel Jacquème, directeur adjoint de l’IGS, a fermé la porte et lui a tendu un soit-transmis, une note du parquet de Nanterre. Le commandant a jeté un œil à la signature, Marie-Christine Daubigney, la procureur adjointe. Elle avait l’honneur de le prier "d’obtenir par voie de réquisitions de toute personne, de tout établissement ou organisme privé ou public ou de toute administration publique, les documents intéressant l’enquête".

Elle y avait joint une plainte de Georges Kiejman, l’ex-avocat de Liliane Bettencourt, qui s’indignait d’une violation du secret professionnel après un article du Monde du 2 septembre 2010 titré "Les policiers à la recherche des petits papiers de Mme Bettencourt". Le procureur de Nanterre lui-même a demandé au divisionnaire de mettre la main sur les fadettes de Gérard Davet et Jacques Follorou, auteurs de l’article.

C’est cette enquête, conduite en toute illégalité par le procureur Courroye, que la cour d’appel de Bordeaux a annulé le 5 mai. La Cour de cassation dira, mardi 6 décembre, si elle confirme sa décision, mais se dessine en creux, dans le travail policier, la routine d’un espionnage des sources des journalistes mais aussi de la vie privée de tout un chacun. Les fadettes, conviendra le commandant Nieto au juge, "c'est un peu notre pain quotidien".

ENQUÊTE SUR ISABELLE PRÉVOST-DESPREZ

Les policiers de l’IGS ne sont pas nés de la dernière pluie et n’ignoraient rien de la sourde guerre qu’entretiennent le procureur Philippe Courroye et la présidente de la 15e chambre du tribunal de Nanterre, Isabelle Prévost-Desprez. On leur demandait en somme d’habiller une enquête sur la magistrate, par un long détour sur les sources des journalistes, sur le fondement juridique d’une plainte déposée fort à propos.

Philippe Courroye savait évidemment que l’un des auteurs de l’article, Jacques Follorou, avait des liens d’amitié avec Isabelle Prévost-Desprez, avec qui il avait co-signé un livre, Une juge à abattre (Fayard), quatre mois avant que le procureur s’intéresse aux fadettes.

Le commandant a noté sur un bout de papier le numéro de téléphone de Gérard Davet, l’autre signataire de l’article, que lui a donné le parquet de Nanterre. Il a bien compris qu’il ne lui servirait qu’à trouver celui de Follorou, pour confondre ensuite la magistrate. Le commandant a senti qu’il marchait sur des œufs. Le patron lui a d’ailleurs demandé "de travailler discrètement" et de faire vite, il fallait rendre la procédure avant le 30 octobre ; il devait rendre compte tous les jours des avancées de l’enquête.  

"Comment pouvez-vous être certain que les interceptions que vous sollicitiez n’étaient pas illégales ?", lui a demandé la juge Sylvia Zimmermann après la plainte déposée par Le Monde. "C’est quand même M. Courroye, qui est procureur du deuxième tribunal de grande instance de France, ancien juge d’instruction, qui me les a demandées, a répondu le policier. Je pensais que le parquet de Nanterre savait ce qu’il faisait."

LA CORVÉE DES FADETTES

Le commandant s’est mis aussitôt au travail. Il lui a fallu un mois pour rassembler un dossier de 700 pages, où sont minutieusement explorés les contacts des journalistes, les coups de fil de leurs enfants, de leurs parents, de leurs amis. On trouve de tout dans les fadettes. Les adresses des gens, leur date de naissance et parfois jusqu’à leur numéro de compte bancaire, ou l’heure à laquelle ils se réveillent le matin avec leur téléphone portable. Une entrée par effraction dans la vie privée de chacun, dans une parfaite discrétion.

Evidemment, éplucher des fadettes n’est pas un boulot totalement exaltant. Ce ne sont que des listes et des listes innombrables de numéros ; c’est comme l’annuaire, disait Desproges, on tourne trois pages et on décroche. Le commandant Nieto, en homme avisé, commence par résumer l’entretien avec son chef dans un procès-verbal où il relève soigneusement, pour se couvrir en cas de pépin, que "monsieur le procureur de la République nous demande de procéder aux investigations techniques sur les téléphones de messieurs Davet et Follorou", du 23 juillet au 2 septembre 2010, date de parution de l’article.

Ensuite, il fait comme tout le monde, il tape le nom des journalistes dans Google, et note que Gérard Davet est né le 25 août 1966, précision nécessaire pour les réquisitions aux opérateurs téléphoniques. Jacques Follorou lui donne un peu plus de fil à retordre, il lui faut consulter le fichier national des automobiles (FNA) – mais le journaliste n’a pas de voiture. Il essaie le fichier national des permis de conduire (FNPC) pour apprendre qu’il a vu le jour le 11 novembre 1967.

LES SMS DE LINDA

Le commandant Nieto a le numéro professionnel de Gérard Davet, mais se dit astucieusement que le journaliste a peut-être un autre téléphone. Il faut faire le tour des opérateurs pour leur poser la question, et les réquisitions sont toujours un peu fastidieuses. "Prions et requérons monsieur le directeur de Bouygues Télécom de bien vouloir nous faire connaître si une ou plusieurs lignes téléphoniques sont ouvertes au nom de Gérard Davet", tape le policier à midi. La réponse arrive trois heures plus tard : "recherche infructueuse". Même chose pour Orange. SFR sera le bon : l’IGS a désormais le numéro de téléphone personnel de Gérard Davet.

Le commandant réclame à SFR le lendemain la liste des appels reçus et émis du 23 juillet 2010 au 1erseptembre inclus. La réponse arrive par mail trois jours plus tard : 1 450 appels pour le mois d’août, dont 1 000 SMS. Le policier se dit, fichtre, le journaliste doit avoir un sacré forfait. Il reçoit aussitôt 42 feuillets de tableaux à 9 colonnes, qui recensent les appels, les SMS ou MMS envoyés ou reçus, le numéro de téléphone du suspect, celui de son correspondant, éventuellement celui d’un troisième interlocuteur, la date, l’heure, la durée de la communication, la cellule (la borne téléphonique utilisée) et le numéro IMEI du téléphone, c’est-à-dire l’International Mobile Equipment Identity, le numéro unique de chaque portable – pour connaître le sien, il suffit de taper sur son clavier *#06#. Les listings ne sont pas totalement complets, il manque çà et là un numéro de correspondant, une durée ou le numéro de la cellule, mais enfin il y a de quoi faire.

Le commandant relève et classe les numéros appelés. Il faut ensuite de nouvelles réquisitions, opérateur par opérateur, pour identifier les titulaires des lignes: c’est fait le 14 septembre. C’est un plaisir de travailler avec Bouygues : non seulement l’opérateur donne le nom et l’adresse du titulaire de la ligne, mais aussi sa date de naissance et son numéro de compte bancaire. Le policier note sans broncher que la femme de Gérard Davet est avocate, et fait donc théoriquement partie d’une profession protégée, ça n’empêche pas de livrer son compte bancaire, évidemment à son insu.

Le commandant vérifie ensuite dans le fichier des fonctionnaires qu’il n’y a pas un policier parmi eux, éventuel auteur des fuites. Il relève surtout que le journaliste a appelé bien souvent une certaine Linda, 142 fois pour un mois d’août, c’est louche. Une brève vérification sur Facebook lui permet de surcroît de découvrir que c’est une jeune étudiante. L’enquête n’a pas été plus loin : le téléphone était en fait celui de la fille de Gérard, c’est évidemment le papa qui avait pris l’abonnement à son nom, et l’adolescente de 14 ans a appelé sa copine tout l’été. Les parents de Linda seront heureux d’apprendre que leur fille figure désormais dans les procès-verbaux de la police des polices.

Le numéro professionnel de Gérard Davet est chez Orange, qui envoie 30 pages de listings, soit 116 numéros appelants ou appelés, d’un peu tous les opérateurs. Le commandant écrit à tous et récupère une liste de noms. Il y a un peu de tout. Des avocats célèbres – dont Me Kiejman, à l’origine de la procédure – nombre de journalistes, des magistrats, des policiers de haut rang, le cabinet du ministre de l’intérieur et la présidence de la République.

Il manque beaucoup de numéros de téléphone lorsque des SMS ont été envoyés, c’est agaçant. Gérard Davet a reçu "plusieurs centaines de SMS", note le policier et il n’a qu’une petite trentaine de numéros. Il appelle Orange pour savoir s’il y a moyen d’obtenir la liste complète, une aimable opératrice lui répond que malheureusement "la déperdition de l’information en matière de SMS est conséquente". Tant pis.

Le commissaire Jacquème rend compte presque chaque semaine au parquet de Nanterre. "La ligne du téléphone portable professionnelle de M. Davet permet de constater de nombreux contacts avec des journalistes et des avocats", écrit le divisionnaire. Il en profite pour demander au procureur à quoi correspond l’un des coups de fil au tribunal de Nanterre. Philippe Courroye lui répond que c’est celui du secrétaire général.

"Ce qui me choque le plus, explique Gérard Davet, c’est qu’ils ont vu tout de suite que je n’avais pas de contact avec la juge Prévost-Desprez. Et ça ne les a pas empêché de faire un environnement très large de ma famille proche, de mes contacts, de mes amis, d’identifier les copains de ma fille et de trouver leurs coordonnées personnelles."

OÙ EST FOLLOROU ?

Mais le commandant Nieto n’a toujours pas mis la main sur le numéro de Jacques Follorou, et on est déjà le 20 septembre. Le journaliste a un téléphone prêté par Le Monde, qui n’est donc pas à son nom. Le policier a remarqué que quatre lignes du Monde avaient appelé Gérard Davet, dont l’une peut-être "est susceptible d’être utilisée par Jacques Follorou". Le procureur ordonne «de solliciter les fadettes" de ces quatre numéros qu’il sait pertinemment venir du journal, quatre autres personnes qui n’ont probablement rien à voir avec l’affaire.

Le commandant demande à Orange les fadettes de ces quatre numéros, 19 pages pour l’un d’entre eux, 4 seulement pour chacun des autres – "mentionnons que les numéros susceptibles d’intéresser l’enquête seront identifiés", note l’officier.

Le premier numéro a échangé plusieurs appels le 1erseptembre avec Gérard Davet, et le policier a le sentiment d’avoir enfin trouvé le numéro de Jacques Follorou. Il a appelé plein de gens, un avocat, une banque, le ministère des affaires étrangères, l’Assemblée nationale ou le Conseil d'Etat. Le policier s’interroge sur un numéro qui revient souvent, et demande à Colt Telecom, une société de télécommunications pour les entreprises, de lui faire connaître l’identité du titulaire du numéro 01 57 28 20 00. Colt ne connaît pas. Nous, si. C’est le standard du Monde.

Le commandant s’aperçoit de sa bévue le 1er octobre : "au vu des interlocuteurs identifiés", la ligne n’était pas celle de Jacques Follorou, mais celle de Raphaëlle Bacqué, "chef du service politique au journal Le Monde". Elle l’a été, elle est en fait grand reporter et a d’ailleurs signé un portrait de Philippe Courroye resté sur l’estomac du magistrat. La police a ainsi épluché les contacts de la journaliste par erreur, regardé quand elle appelait son mari, le collège de ses enfants, sa banque… Deux autres numéros du Monde, qui ne sont pas utilisés, n’ont pas été identifiés. Le dernier est celui d’Elise Vincent, chargée de l’immigration au journal, dont les policiers ont lu les fadettes, mais sans éplucher ses contacts.

LE COUP DU STIC

En faisant le tour des opérateurs, le commandant Nieto découvre que Jacques Follorou a ouvert une ligne chez Orange le 14 juillet 2010, à son adresse parisienne. Manque de chance : il n’a passé ni reçu aucun appel du 23 juillet au 1er septembre et le policier fait chou blanc. L’affaire devient agaçante. Le commandant prend alors les grands moyens : il décide de consulter le STIC, le système de traitement des infractions constatées, énorme fichier qui comptait 6,2 millions de personnes au 1erdécembre 2010, à la fois des auteurs et des victimes. Il découvre que Jacques Follorou a porté plainte, cinq ans auparavant, pour dégradations de véhicule. Et il a laissé son adresse et son numéro de téléphone…

L’épisode en dit d’ailleurs long sur la fiabilité du fichier, le journaliste n’a pas de voiture et encore moins de véhicule dégradé : il a manqué de se faire écraser avec sa fille en traversant une rue et avait laissé une main courante au commissariat du 6e arrrondissement de Paris.

En tout cas, le commandant détient ce qu’il cherchait – le numéro de Jacques Follorou – moyennant un détournement de finalité de fichier : il constate avec satisfaction qu’il a appelé Gérard Davet le 31 août pendant 387 secondes. Il suffit ensuite de demander les fadettes à Orange, qui fournit 82 copieuses pages de listing. Beaucoup de sources du journalistes sont là, des avocats, des magistrats, le secrétariat général du gouvernement, des ambassades, Médecins sans frontières, des journalistes, des amis, ses enfants, le ministère de l’intérieur…

Le policier annexe paisiblement les coordonnées de la patronne du club d’équitation, à Ouessant, où sa fille fait du cheval l’été, la patronne du magasin de location de vélo et même le numéro du taxi de la gare. Le commandant passe 40 noms au fichier du personnel de la préfecture de police, dont une forte proportion de journalistes du Monde, pour en déduire qu’aucun "n’est fonctionnaire de police".

Le commandant en revanche ne s’attarde pas une seconde sur les numéros de portables des directions centrales de la police judiciaire ou du renseignement intérieur : il ne serait sans doute pas très bon pour sa carrière de noter en procédure les noms du gratin de la police. "On laisse de côté des gens qui pourraient être des sources, s’indigne Jacques Follorou, et on s’intéresse à la mère de mes enfants ou à leur monitrice d’équitation. Ça prouve bien que toute cette enquête n’est qu’un habillage, une dépense en pure perte d’argent public."

L'IGS A BIEN SENTI QU’IL SE PASSAIT QUELQUE CHOSE

Le commandant a effectivement trouvé ce qu’il cherchait depuis le début : le numéro d’Isabelle Prévost-Desprez, l’ennemie jurée du procureur Courroye. Le policier fait la liste des SMS échangés entre la magistrate et le journaliste, il y a le jour et l’heure, mais pas le contenu, et parfois le nombre de caractères, une cinquantaine en moyenne, c’est-à dire très peu et en tout cas pas de quoi résumer un procès-verbal: le plus long fait 160 caractères, le plus court 3, sans doute un smiley.

Le journaliste et la magistrate ont échangé 57 SMS entre le 23 juillet et le 2 septembre. "J’ai des relations amicales avec Isabelle Prévost-Desprez, convient Jacques Follorou, oui, on s’est envoyé des SMS, on le fait d’ailleurs toujours aujourd’hui."

Marie-Christine Daubigney, la procureur-adjointe, franchit le 30 septembre une étape supplémentaire, et demande à l’IGS d’obtenir le contenu de ces messages : si certains doutent que les fadettes soient comparables aux écoutes, ce n’est pas le cas de la magistrate. Le commandant en fait la demande le jour-même, Orange répond que ce n’est pas techniquement possible.

L’enquête est close le 6 octobre. Daniel Jacquème et Patrick Nieto ont été la porter en mains propres, si l’on peut dire, au procureur Courroye et à Mme Daubigney. "Vous ont-ils fait des réflexions ?", demande la juge Zimmermann au commandant. "Ils nous ont juste dit, 'très bien, merci'."

http://libertes.blog.lemonde.fr/

Franck Johannès

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3 décembre 2011 6 03 /12 /décembre /2011 19:21

 

Le grand entretien 03/12/2011 à 17h30
 Augustin Scalbert Journaliste Rue89


 

Pendant quinze mois, l'anthropologue Didier Fassin a pu suivre des policiers en région parisienne. Son constat est accablant. Grand entretien.

 


Didier Fassin (Andrea Kane)

Anthropologue, sociologue et médecin, Didier Fassin est une des figures des sciences humaines en France. Directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), il est aussi professeur à l'université de Princeton, aux Etats-Unis.

Le document qu'il vient de publier aux éditions du Seuil est exceptionnel. « La Force de l'ordre : une anthropologie de la police des quartiers » est une enquête menée durant quinze mois, en deux fois, entre mai 2005 et juin 2007, dans un commissariat d'Ile-de-France, qu'il ne nomme pas.

En juin 2007, l'administration lui retire l'autorisation qui lui avait été donnée. Mais la matière récoltée était suffisante. Ses observations sont dérangeantes : racisme ou provocations gratuites des policiers, dans un univers où deux camps (jeunes et policiers) s'observent et se mesurent, avec l'avantage de la loi pour les seconds.

Le constat de Didier Fassin n'est pas « antiflics » comme une lecture rapide de son livre pourrait le laisser croire ; parmi les policiers se dessine la lassitude d'une profession pressée par le pouvoir politique de « faire du chiffre ».

Pour les habitants des quartiers de banlieue, le travail de cette police visible n'a pour effet que d'exacerber la tension.

Rue89 : Votre enquête porte surtout sur une brigade anticriminalité (BAC). Quand vous décrivez la journée-type de cette unité spécialisée dans les flagrants délits, vous notez que seul 10% à 20% du temps est réservé à des interventions sur appel de la population.

Didier Fassin : D'abord, mon travail n'a pas porté uniquement sur les brigades anticriminalité. Il a porté plus largement sur l'ensemble de l'activité d'un commissariat d'une grande circonscription de la région parisienne. J'ai eu l'occasion de suivre le travail de plusieurs unités, principalement celles qui interviennent sur le terrain au titre de la sécurité publique. Pour simplifier, il y a deux types de patrouilles :

  • celles qui sont immédiatement visibles, car elles ont des véhicules sérigraphiés et des policiers en uniformes ;
  • et celles de la BAC, qui sont composées de fonctionnaires en civil dans des voitures banalisées.

Intervention de policiers de la BAC lors d'une manifestation contre le CPE, Lille, le 18 mars 2006 (Pascal Rossignol)

J'ai plus travaillé avec ces BAC, car c'étaient celles qui avaient les contacts les plus fréquents et les plus rudes avec la population, une chose que je voulais comprendre.

Pour ce qui est de l'inaction, c'est le cas de la plupart des brigades du genre dans le monde. Des études extrêmement précises ont été réalisées aux Etats-Unis, qui montrent que le temps consacré véritablement à répondre aux demandes des habitants et à intervenir sur des situations de délits ou de crimes représente une toute petite partie de l'activité.

« Un décalage entre l'image de la police et la réalité »

L'observation que je fais, c'est celle d'un décalage entre l'image de policiers toujours sur le terrain et la réalité. Pour autant, il ne s'agit pas de suggérer que les policiers ne travaillent pas : ils ne peuvent pas produire plus de délits qu'il n'y en a d'accessibles. Un vol de téléphone portable, c'est un acte extrêmement rapide, et même la brigade la plus rapide n'arrive quasiment jamais à temps pour attraper le voleur.

Les policiers se plaignent souvent de n'avoir eu qu'un ou deux appels pendant une nuit, pour des faits mineurs, alors qu'ils apprennent le lendemain qu'un cambriolage ou qu'un crime a été commis, sur lequel ils ne sont pas intervenus.

Cette inaction, qui génère de l'ennui, a deux conséquences :

  • le moindre événement prend une dimension extraordinaire, au sens littéral, c'est-à-dire que même sur un fait mineur, on va avoir une intervention de l'ensemble des unités disponibles sur le terrain, puisqu'il ne se passe pas grand-chose. Du point de vue des habitants, c'est assez saisissant, puisqu'ils peuvent voir une dizaine de voitures avec leurs sirènes et leurs gyrophares intervenir dans leur quartier ;
  • les policiers doivent s'occuper, aller au contact de la population. Et ce contact se fait essentiellement au moyen de contrôles d'identité, accompagnés de fouilles. Le contrôle d'identité est ce qui leur permet, ensuite, de répondre à la demande de la politique actuelle, depuis 2002, qui est une demande de chiffres et notamment d'objectifs quantifiés d'interpellations. Ces contrôles permettent de réaliser des actes supplémentaires, surtout des « ILE », infractions à la législation sur les étrangers, et des « ILS », infractions à la législation sur les stupéfiants.

« L'ennui des policiers explique le harcèlement de certaines populations »

On voit donc que l'ennui devient un élément explicatif, aussi bien de l'excès de certaines interventions, que du harcèlement de certaines populations.

Citant un habitant d'une cité, vous dites que les contrôles d'identité visant toujours les mêmes personnes n'affectent nullement les activités illicites, mais font monter la tension.

Les contrôles ciblés sur l'apparence physique, les pressions exercées sur des quartiers ou des territoires, il est évident que ça crée des tensions. Et les gens, qui sont plutôt demandeurs d'intervention des forces de police quand il y a des jeunes qui font du bruit ou qu'ils ont connaissance de trafics, sont souvent choqués par le caractère brutal, indifférencié et finalement contre-productif de l'action de la police.

Il y a plusieurs services de police, et certains font un travail de fond qui est efficace, par exemple pour démanteler des trafics de stupéfiants. Mais les policiers dont je parle, qui sont ceux que voient les habitants, ont une productivité faible du point de vue de la réduction de la délinquance. En revanche, ils génèrent de la tension par leur type d'intervention, à la fois en ciblant certaines populations, et aussi en usant de manières de faire particulièrement rudes et humiliantes.

« Ils doivent montrer qu'ils n'ont pas peur »


« La Force de l'ordre : une anthropologie de la police des quartiers » de Didier Fassin, éd. Seuil, octobre 2011

Vous écrivez que les pratiques de la BAC sont « nettement plus rugueuses et provocatrices » que celles des policiers en tenue, pourquoi ?

C'est la mission qu'on leur a confiée, et c'est aussi le style qu'ils se donnent. Leur mission n'est pas seulement de faire du flagrant délit, c'est aussi de montrer qu'ils sont ceux qui n'ont pas peur, qui sont capables d'aller au contact de façon physique – un haut fonctionnaire les qualifiait de « pêchus ».

Vous racontez une provocation dont vous avez été témoin. Un collégien d'origine africaine marche sur un trottoir, son cartable au dos. Une voiture de la BAC le suit en roulant au pas, pendant qu'un des policiers le couvre d'insultes racistes. Après quelques instants, le collégien dit : « Mais laissez-moi tranquille ! » Les policiers sortent et veulent l'arrêter, apparemment pour outrage, jusqu'à ce qu'une habitante du quartier intervienne...

D'une manière générale, les provocations individuelles comme celle-ci sont fréquentes, en voiture ou pendant les interpellations. Des mots blessants, des gestes brutaux, des bousculades, voire des insultes. Au point que c'est un des apprentissages qu'on reçoit quand on est adolescent dans les cités, les parents leur enjoignent : « Ne répondez pas aux provocations des policiers. »

Quand on dit ça, les gens s'insurgent en disant que les jeunes eux-mêmes provoquent les policiers. Les provocations existent, bien sûr, mais dans des conditions très différentes : en relation individuelle, jamais un jeune ne provoquera un policier, car c'est aller au devant de graves ennuis. Alors que la nuit, de loin, un groupe d'adolescents peut narguer des policiers, voire leur jeter des projectiles.

La banalité des provocations policières

Les provocations existent donc des deux côtés. Mais on peut quand même s'étonner qu'elles soient aussi banales de la part de ceux qui représentent l'autorité publique.

Vous notez que quasiment les seuls individus à réagir de manière insolente aux contrôles d'identité sont issus des classes moyennes ou supérieures. Pourquoi ?

Les gens des classes moyennes en général, et les jeunes en particulier, sont assez rarement contrôlés. Lorsqu'ils le sont, ils vont demander des comptes, essayer de savoir pourquoi on les contrôle.

Les jeunes des quartiers populaires savent très bien qu'on les contrôle, le plus souvent, non pas parce qu'on risquerait de trouver quelque chose (car ils font bien attention de ne rien avoir sur eux), mais parce que c'est un moyen de leur imposer une forme de contrôle social.

Ces jeunes, notamment ceux qui appartiennent aux minorités d'origines subsaharienne et maghrébine, sont extrêmement souvent contrôlés et sujets à des fouilles aux corps. Ils apprennent très vite qu'ils vont être soumis à ces contrôles. Ils savent également qu'ils n'ont aucun moyen d'aller contre ces pratiques, injustifiées et d'ailleurs assez souvent illégales au regard du code de procédure pénale. Ils savent enfin que la moindre protestation peut donner lieu à un outrage ou à une rébellion, dont le coût s'avérerait très élevé en termes de sanction pénale.

Il faut savoir que les outrages et rébellions sont un moyen pour les policiers d'anticiper une plainte pour violence policière. Si la victime dépose plainte, ce sera la parole du policier contre celle du plaignant – dans la plupart des cas, un jeune. Or, les magistrats ont très largement tendance à considérer que ce sont les policiers qui disent la vérité.

L'« outrage et rébellion », outil de contrôle social

L'outrage et rébellion est ainsi un outil de contrôle social particulièrement fort, puisqu'il permet de renverser la question des violences. Du reste, les officiers et les commissaires savent très bien qu'un gardien de la paix qui « fait » souvent des outrages et rébellions doit être particulièrement suivi, car c'est quelqu'un de violent. Il y a des policiers qui n'en ont jamais, ce qui traduit la qualité de leur relation avec les gens, et d'autres qui en ont énormément, et qui sont aussi ceux qui sont le plus convoqués par la commission de discipline.

Donc la hiérarchie sanctionne ?

Elle est tout à fait consciente de ce que je viens de décrire, elle est donc vigilante. Cela dit, les sanctions sont extrêmement rares. Par exemple, pour quelqu'un qui aura eu un certain nombre de rappels en raison de plaintes pour violences, ce sera, dans le pire des cas, de le passer d'une équipe de nuit à une équipe de jour. Il est exceptionnel que les sanctions aillent au-delà.

Vous constatez aussi un racisme affiché, avec un poster du Front national épinglé sur un mur du commissariat, ou des T-shirts de policiers en service siglés « 7-3-2 », pour 732, date à laquelle Charles Martel a battu les Arabes à Poitiers. Parmi les réactions à votre livre, des hauts fonctionnaires et syndicalistes policiers ont affirmé que ce racisme est « exceptionnel ». En convenez-vous ? Et au-delà, était-il pertinent d'effectuer votre enquête dans une brigade entièrement masculine et blanche, dont un responsable, dites-vous, était ouvertement raciste ?

La forme la plus banale de dénégation que j'aie entendue, y compris dans la circonscription où j'ai travaillé, c'est de dire « bien sûr, nous savons qu'il y a des policiers racistes ou violents, comme il y a du racisme et de la violence dans la société en général, mais c'est l'exception et non la règle ». On me disait aussi qu'il y a probablement moins de racisme dans la police que dans la population en général.

C'est un argument classique pour démonter des éléments de preuve.

Donc vous n'en convenez pas ?

Dans la mesure où il n'y a pas d'autre étude prolongée sur des BAC, il n'y a pas d'élément de comparaison.

« Le racisme n'est pas exceptionnel »

Mais je dirais que cela n'est certainement pas exceptionnel, pour les raisons suivantes :

  • un certain nombre de personnalités que j'ai pu rencontrer (représentants syndicaux, hauts fonctionnaires...) m'ont confirmé que ce que je voyais était des choses qu'ils connaissaient, et qu'un certain nombre d'entre eux essayaient d'ailleurs de lutter contre ces pratiques. Il suffit d'ailleurs de voir un certain nombre de faits divers dans lesquels sont impliquées ces brigades pour voir que cela ne relève pas de l'exception. Cela étant, je sais que toutes les BAC de France n'ont pas les mêmes affinités avec les groupes d'extrême droite qu'un certain nombre des membres de celle avec laquelle j'ai travaillé ;
  • il faut bien comprendre qu'il y a des logiques plus générales, des logiques de fond, qui ne peuvent donc pas relever de l'exception. Les missions confiées à ces unités spéciales, le traitement spécial dont elles bénéficient, l'autonomie qu'on leur laisse. Mais aussi le recrutement de leurs effectifs, qui concerne des hommes (exceptionnellement des femmes) qui seront amenés à avoir une vision dure de l'ordre public. Quant aux opinions politiques, on le voit dans nombre d'études internationales sur ces polices, en Angleterre ou au Royaume-Uni par exemple : les policiers sont nettement plus conservateurs que la population en général.

Quel est l'effet du recrutement (géographique, sociologique) des policiers sur leur manière de travailler ?

Les études qui ont été réalisées montrent que 80% des policiers viennent soit de zones rurales, soit de petites et moyennes villes de province. Autrement dit, 80% n'ont pas d'expérience du milieu urbain, des grandes agglomérations. Or, la première affectation des jeunes recrues qui sortent de l'école nationale de police est dans les banlieues, car ces postes ne sont pas très prisés.

« Un décalage ethnique et racial avec la population »

Il y a donc un décalage entre la population et la police en termes ethnique et racial. Les policiers sont majoritairement blancs, même si c'est un peu en train de se corriger ces dernières années, à la suite des efforts faits pour diversifier le recrutement.

Mais le problème me paraît plus complexe qu'une question ethnico-raciale. En réalité, je crois que c'est surtout une question de socialisation. C'est-à-dire où est-ce qu'on a été quand on était enfant ? Dans quelle école on est allé ? Avec qui on jouait au foot ? Qui on avait comme copains ?

Sur le terrain, j'ai pu constater une très grande différence entre des policiers qui avaient grandi dans les quartiers populaires de grandes villes, qui n'avaient pas de préjugés particuliers vis-à-vis des jeunes de banlieue, à l'inverse des policiers qui découvraient la banlieue. Ces derniers ont une image très homogène de territoires qui leurs semblent hostiles, de populations qui leurs paraissent ennemies. Alors qu'il y a dans ces quartiers, comme partout, une très grande diversité de profils.

MERCI RIVERAINS ! Coquille, Marlene
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1 décembre 2011 4 01 /12 /décembre /2011 16:18
Le discours de Toulon du 25 septembre 2008 fut emblématique de la présidence Sarkozy à plus d'un titre: une diversion, une rupture et un échec.


Une diversion

Rendons grâce à Nicolas Sarkozy sur un point au moins: le discours de Toulon avait d'abord permis de masquer 10 longs jours d'immobilismependant lesquels Nicolas Sarkozy était resté sans voix face à un effondrement financier et boursier qu'il ne comprenait pas. Longtemps, les communicants de Nicolas Sarkozy se sont fichus de nous, en réécrivant l'histoire d'un Monarque français à la pointe de la riposte contre la Grande Tourmente, dès les premiers instants. C'était faux. Nicolas Sarkozy n'avait rien compris.
 
Quelques mois auparavant, alors que la crise des « subprimes» frappait déjà les Etats-Unis de plein fouet, Nicolas Sarkozy, candidat puis président, s'échinait à vanter le tout-crédit. Quand les premiers établissements américains font faillite d...
Lire la suite sur : Sarkofrance, chez Marianne2.

 

L'actualité quotidienne de Nicolas Sarkozy

 

Il l'a préparé, ce discours. Henri Guaino y planche depuis lundi. Il paraît que ce sera l'un des discours marquants du quinquennat. Comme en 2008. A l'époque, Nicolas Sarkozy était venu au Zénith de Toulon le 25 septembre. 10 longs jours après la disparition de la banque Lehman Brothers et le premier crash boursier. Trois ans plus tard, il y retourne. La démarche est curieuse. Pourquoi donc ce remake de l'un des plus détestables souvenirs de la mandature Sarkozy ?

Le discours de Toulon du 25 septembre 2008 fut emblématique de la présidence Sarkozy à plus d'un titre: une diversion, une rupture et un échec.
2008-2011: Sarkozy à Toulon, mauvais remake.


 
Une diversion
Rendons grâce à Nicolas Sarkozy sur un point au moins: le discours de Toulon avait d'abord permis de masquer 10 longs jours d'immobilisme pendant lesquels Nicolas Sarkozy était resté sans voix face à un effondrement financier et boursier qu'il ne comprenait pas. Longtemps, les communicants de Nicolas Sarkozy se sont fichus de nous, en réécrivant l'histoire d'un Monarque français à la pointe de la riposte contre la Grande Tourmente, dès les premiers instants. C'était faux. Nicolas Sarkozy n'avait rien compris.
 
Quelques mois auparavant, alors que la crise des « subprimes » frappait déjà les Etats-Unis de plein fouet, Nicolas Sarkozy, candidat puis président, s'échinait à vanter le tout-crédit. Quand les premiers établissements américains font faillite durant l'été 2007, la Sarkofrance ne réagit pas. Christine Lagarde nous promet toujours un grande croissance. Six mois plus tard, dès avril 2008, l'emploi intérimaire s'effondre. Les CDD échus viennent grossir les rangs des chômeurs. La défiscalisation des heures sup' avait accéléré la dégradation de l'emploi. 
 
Ce jour-là, le 25 septembre 2008, Nicolas Sarkozy avait donc réservé le zénith comme pour un vieux concert de Johnny Halliday. Il lisait le texte de son discours avec attention, le teint quasi-blafard, les épaules tressautant trop régulièrement. 
 
En septembre 2008, quelques jours après la disparition de Lehman Brothers (le 15), c'est Gordon Brown, le premier ministre britannique du moment, qui fit comprendre à ses collègues européens, et Sarkozy le premier, combien l'économie risquait en fait d'un gigantesque credit crunch, un resserrement généralisé du crédit aux entreprises. Les banques ne se faisaient plus confiance les unes aux autres.
 
Une rupture
Le discours de Toulon fut aussi une rupture. Il symbolisa même la « rupture dans la rupture », le coup d'arrêt à nombre de réformes iniques. Sarkozy avait déjà beaucoup fait, notamment en matière économique et fiscal avec son « paquet TEPA » : défiscalisation partielle des heures supplémentaires et des intérêts d'emprunts, suppression des droits de succession pour les plus riches, renforcement du bouclier fiscal pour les grandes fortunes, etc. Mais sa feuille de route était encore longue.


A Toulon, Sarkozy dut endosser un costume imprévu : celui du régulateur et du protecteur. Il se transforma en « Sarko le Gaucho ». Il voulait sanctionner « les responsables de ce naufrage », « au moins financièrement ». Mieux, « le marché tout puissant, c'est fini ». Mais attention, « Renouer avec le collectivisme (...) serait une erreur historique ». La France aurait-elle un jour connu le « collectivisme » ? Finalement, les méchants traders ne subirent qu'une modeste et indolore taxe. Et trois ans plus tard, ils pouvaient tous nous narguer et nous menacer. Nicolas Sarkozy ne jugeait plus que par le Triple A de trois agences de notation. La réalité fut cruelle pour le petit Monarque.
 
Le Monarque nous livra une histoire, sa vision des causes de nos tourments du moment: quelques traders et banquiers auraient abusé du système capitaliste. Il fallait rétablir la confiance dans le système, et, croyez donc le candidat Nicolas:  « On ne rétablira pas la confiance en mentant ». Sans rire ? Trois ans plus tard, les marchés n'ont plus confiance. Sarkozy aurait-il menti ?
 
Un échec
Mais surtout, ce premier discours de Toulon n'a débouché sur rien. Avec le recul, le décalage entre cette nouvelle salve de promesses péremptoires et la réalité des résultats obtenus est terrible. Le bilan est loin d'être fameux.
 
Certes, Sarkozy promit que l'Etat se porterait garant de l'épargne des particuliers. Et la garantie fut effectivement portée à 100.000 euros par compte. Sarkozy suivait tous ses collègues européens qui avaient déjà annoncé de similaires garanties, allant même, parfois, jusqu'à nationaliser leurs banques défaillantes.
 
Mais en réalité, le discours de Toulon fut très pauvre en annonces ou vision.
 
1. Le Monarque promit d'encadrer les parachutes dorés, pas de les interdire. Il promit également de réguler le mode de rémunération des dirigeants des banques. Rien de plus. Plus tard, son soutien aux banques sans contre-parties autre que des agios le privèrent de tout levier. Il fallut attendre janvier 2010 pour que Christine Lagarde nous promette une taxe sur les bonus bancaires , finalement bien modeste (moins de 400 millions d'euros) et temporaire. 
 
2. A l'international, Sarkozy oeuvra pour que les paradis fiscaux... changent de nom. En France, 18 mois après le discours de Toulon, la Cour des Comptes s'inquiète que les banques françaises ainsi aidées n'aient finalement pas davantage prêté aux entreprises.
 
3. Il proposa de généraliser les stock-options au plus grand nombre de salariés, alors que les Bourses s'effondraient. Cette mesure ne fut jamais appliquée. 
 
4. Il répéta surtout qu'il ne changerait pas de politique, pas d'austérité évidemment. Sarkozy pressentait-il que la dizaine de milliards d'euros annuels qu'il venait de cramer en inutiles cadeaux devait être remise en cause ? Il mentit. Nous eûmes droit à des micro-plans de rigueur à répétition, le plus souvent à sens unique.
 
5. Sarkozy se limita à quelques rappels bien étroits: « Je n'accepterai pas des hausses des impôts et des taxes qui réduiraient le pouvoir d'achat des Français. Mon objectif est de rendre du pouvoir d'achat aux Français, non de leur en prendre ». Trois ans plus tard, on sourit. Sarkozy a créé une quarantaine de nouvelles taxes. Rien que ça.
 
6. Autre et maigre annonce de l'époque, la réduction du nombre de fonctionnaires se poursuivra. Pour le coup, il a tenu cette promesse. Nicolas Sarkozy avait simplement oublié de nous préciser que l'économie budgétaire serait quasi-nulle... 
 
Toulon est une terre de promesses... non tenues.
 
Les vraies raisons
Si Sarkozy vient à Toulon, ce jeudi, discourir sur l'Europe et la crise, c'est pour s'afficher président au travail, comme il y a trois ans. Depuis quelques jours, une sale musique le dérange dans les médias: Sarkozy se planque, se cache mais se montre. Il n'est pas candidat, mais il fait campagne. Il ne se dévoile pas, de peur de prendre des coups et de justifier son bilan. C'est un candidat en fuite.
 
Il était déjà revenu depuis à Toulon. Mais ce premier jeudi de décembre 2011, il fallait nous faire croire que l'intervention serait « historique » ou « marquante ». Le Figaro s'y est attelé dès mardi: « Ce jeudi, Nicolas Sarkozy prononcera à Toulon un deuxième discours sur la crise et l'Europe, trois ans après le discours de Toulon, devenu depuis l'une des références du quinquennat ».
 
La crise s'est aggravée. Le Monarque veut nous faire croire qu'il reste ce président protecteur dans la tourmente, équilibré dans l'action. Il fallait l'écouter, dès mardi, devant quelques agriculteurs silencieux. Son immodestie l'aveuglait encore. 
 
Il n'est plus qu'une marionnette allemande. Pour ce nouveau discours à Toulon, il espérait convaincre Angela Merkel d'une énième nouvel accord franco-allemande. Les Bourses s'en fichent. Elles étaient euphoriques pour quelque heures depuis qu'un consortium de banques centrales occidentales s'étaient décidées à « matcher » la spéculation conte l'euro. Certains se sont refaits.
 
Ses plans de rigueur et autres déclarations ne convainquent plus. Il a oublié le chômage au détriment du chômage, qui progresse. Le candidat du travail n'est plus que le président des agences.

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    sur le terrain de Caveirac

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et venez partager ce lieu avec nous !



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