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12 janvier 2012 4 12 /01 /janvier /2012 22:01
Marianne - Philippe Bilger - Blogueur associé | Jeudi 12 Janvier 2012 à 15:01

 

Le traitement par le Ministère public d'affaires très médiatisées n'aura pas renforcé la cote de confiance de l'institution auprès des citoyens. D'après Jean-Claude Marin, la nomination des juges du parquet par le Conseil supérieur de la magistrature pourrait arranger les choses. Le blogueur Philippe Bilger n'est pas de cet avis, car pour lui « le mal est fait ».



(Outils du juge - Wikimédia - Avjoska - cc)
(Outils du juge - Wikimédia - Avjoska - cc)
Jean-Claude Marin, procureur général près la Cour de cassation, est le magistrat le plus important de France après Vincent Lamanda, le premier président. Je ne suis pas persuadé qu'il ne soit pas au moins à égalité dans la perception judiciaire et pour l'esprit public, tant il a marqué de son empreinte l'actualité de ces dernières années en sa qualité de procureur de la République à Paris.

Le grand avantage de changer de fonction, d'obtenir une promotion infiniment méritée en ce qui le concerne au regard des rivaux qui s'opposaient à lui, est de renaître, dans la tradition française, comme neuf. En tout cas régénéré. Du passé il est fait table rase, et on a toute latitude pour évoquer l'avenir sans être vulgairement ramené à ses actes ou à ses abstentions d'avant.

D'autant plus que Jean-Claude Marin — Franck Johannès a raison de le souligner (Le Monde) — « parle rarement pour ne rien dire ». Qu'il ait envoyé « des flèches acérées » à Vincent Lamanda ne m'étonne pas, mais je voudrais surtout faire un sort à ce que Le Figaro appelle « un vibrant plaidoyer en faveur d'une réforme du mode de nomination des magistrats du parquet ».

Le Conseil supérieur de la magistrature « devrait avoir le dernier mot pour les nominations du parquet » comme il l'a pour les juges du siège. Jean-Claude Marin reprend là une proposition validée, semble-t-il, par une forte majorité du corps judiciaire, qui semble tenir pour rien le fait que le CSM, dans ses choix, n'inspire pas forcément une confiance absolue.

Le procureur général, plus lucide que beaucoup d'autres mais oublieux, souligne que cette réforme permettrait « de mettre un terme à ces soupçons, certes infondés, qui oblitèrent gravement toute réforme en profondeur de la procédure pénale. Ce que nos magistrats demandent, c'est simplement de bannir le doute insidieux qui pèse sur chacune de leurs décisions. »

« Morosité citoyenne et préoccupante justice »

En effet, le soupçon est la gangrène qui affecte, infecte, depuis 2007, le jugement des citoyens sur le rôle du Ministère public dans les affaires dites « sensibles ». Il s'agit moins de la réalité d'une dépendance — dont la preuve, pour l'officiel de la justice, n'a jamais été rapportée de manière incontestable — que d'un poison faisant douter et qui inspire méfiance et inquiétude. Sur le plan républicain, ce qui coule dans les veines judiciaires ne rassure pas pour la gestion des dossiers politiques.

Paradoxalement, il sera impossible de dissiper ce soupçon, alors que s'il ne s'était agi que d'un changement de structure pour créer une indépendance, on aurait pu espérer. Le diffus ne s'éradique pas. Jean-Claude Marin n'a pas été pour rien —avec notamment Clearstream et ses péripéties, le traitement réservé à Jacques Chirac — dans cette montée irrésistible du dénigrement et de l'aigreur. Le parquet de Nanterre y a mis également beaucoup du sien.

Le mal étant fait, il est habile aujourd'hui de le déplorer. Mais on aurait préféré qu'hier il fût évité. Jean-Claude Marin ne peut pas se laver l'esprit ni les mains d'une morosité citoyenne et d'une préoccupante justice auxquelles, avec d'autres, il n'est pas étranger.

Retrouvez Philippe Bilger sur son blog.

 

La justice du parquet n'inspire plus confiance
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12 janvier 2012 4 12 /01 /janvier /2012 21:50
Marianne - Variae - Blogueur associé | Mercredi 11 Janvier 2012 à 05:01
Le mythique « Casse-toi pauv'con » de Nicolas Sarkozy ne fait pas figure d'exception parmi les membres de son parti. Des « minables » ou « cloportes » de Copé aux « racailles » du président, petit tour d'horizon du meilleur de l'UMP par le blogueur – et partisan de François Hollande – Variae.



(Dessin de Louison)
(Dessin de Louison)
Alors que le sarkobashing est à la mode, toutes les attaques les plus basses sont tentées contre notre président. Parmi celles-ci, il y en a une qui m’indigne tout spécialement : celle selon laquelle le sarkozysme serait une non-pensée, un culte de la gesticulation, ne visant qu’à servir les copains et à faire diversion sur les turpitudes honteuses des proches du pouvoir.

Il n’y a rien de plus faux : le sarkozysme est au contraire une « véritable » vision du monde, puissante et féconde, sans équivalent dans le monde politique français. Pour fermer le bec aux critiques gauchistes, Variae vous propose ce jour de découvrir le volet sociologique de cette pensée, et notamment la catégorisation originale qu’elle propose de la société française.

Une catégorie structurante : les « minables »

Le « minable  » est un membre de la classe de base de la société française, qui regroupe environ 94% de la population. Cette appellation sous forme de clin d’œil ne doit pas être prise pour une forme de mépris : elle désigne simplement ces Français médiocres qui estiment que 5000 euros est un beau revenu mensuel.

Ils dévoilent ainsi leur petitesse, leur manque d’ambition, et leur inaptitude à participer à la dynamique de la France d’après. Ils doivent donc concentrer tout le poids de l’effort fiscal, pour laisser les mains libres aux 6% récents qui tirent littéralement notre pays et font qu’il ressemble quand même à quelque chose.

(Capture d'écran - Variae)
(Capture d'écran - Variae)

Le petit peuple des mers et des champs : les « descends un peu si t’es un homme » et les « pov’ cons »

Les besoins des minables ont beau être modestes, il leur faut malgré tout se sustenter. C’est le rôle des « descends un peu si t’es un homme » (les DUPSTEUH, pour simplifier), spécialistes du poisson, et des « pov’ cons », spécialistes du foin et des bêtes qui le mangent.

 

 

Comme ils n’ont pas un gros cerveau, ils ne sont jamais contents et parlent très mal au président quand il vient leur rendre visite, au bord de mer ou au salon de l’agriculture. Mais il les aime bien quand même, il est large d’esprit, le président.

 


Les inutiles : les « cancéreux de l’assistanat » [(c) Laurent Wauquiez]

Des « minables  » au assistés : non seulement ils se contentent de 5000 euros, mais pire encore, ils entendent les gagner sans rien faire, sur le dos de l’Etat et donc des pas minables. Il existe un traitement encore plus efficace que les rayons pour ce cancer particulier : le travail forcé gratuit.
(Une du Figaro - Variae)
(Une du Figaro - Variae)

Les méchants dangereux : les « racailles »

Les « racailles  » sont une catégorie à part de minables  : ils travaillent encore moins qu’eux, mais veulent plus de 5000 euros par mois, pour le dépenser en drogue et en survêtements trop larges ! Alors ils attaquent les petites grand-mères, les commissariats, et même parfois ils s’entretuent et on ne les voit même pas quand il fait noir, comme ils n’ont pas la peau très blanche.

Pour les combattre : quand ils sont petits, cours de morale et port de l’uniforme scolaire  ; quand ils sont grands, nettoyeur allemand à haute pression. Remarque : parfois la racaille s’assagit, mais ça ne vaut guère mieux : elle se laisse pousser la barbe et prend plusieurs femmes (on dit alors un « polygame »).

 

 

Les agents provocateurs : les « cloportes » et les « résidus »

Les « cloportes  » et les « résidus » – ou, comme ils se font appeler, les « militants de gauche » – sont des « minables  », « racailles » et autres « pov’ cons » qui non contents de ne servir à rien dans la France d’Après, font tout pour entraver sa bonne marche et perturber les réformes présidentielles.
Note : regarder ce qui se fait en Hongrie pour réduire leur capacité de nuire.

 

Face à un tel pays, on comprend mieux, finalement, pourquoi le président hésite à se représenter comme candidat.

Bonus spécial Variae : la carte de France de Nicolas Sarkozy

 

Des «minables», des «racailles», et des «assistés»: la France selon l'UMP

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11 janvier 2012 3 11 /01 /janvier /2012 15:02

 

LEMONDE.FR avec AFP | 11.01.12 | 14h16   •  Mis à jour le 11.01.12 | 14h53


 

 

Selon le préfet de Bucarest et des ONG la capitale roumaine compte environ 40 000 chiens errants.

Selon le préfet de Bucarest et des ONG la capitale roumaine compte environ 40 000 chiens errants.AP/SIMON DAWSON


La décision a fait la joie des défenseurs des animaux : la Cour constitutionnelle a jugé mercredi 11 janvier qu'une loi, adoptée en novembre, autorisant l'euthanasie des chiens errants violait la Constitution.

Le projet de loi avait été adopté en novembre par la Chambre des députés.  Après consultation des habitants, à travers des sondages d'opinion, des référendums locaux ou des réunions de comités de quartiers, il visait à autoriser l'euthanasie des quadrupèdes. A l'origine de ce projet de loi controversé dans un pays qui compte de nombreux défenseurs des animaux  : le Parti démocrate libéral, au pouvoir. Il justifiait sa démarche en évoquant une "prolifération des chiens errants dans les grandes villes" et une multiplication des victimes de morsures.

Dans cette chronique, le correspondant du Monde à Bucarest raconte la "guerre" que se livrent depuis dix ans dans la capitale partisans de l'euthananise et défenseurs des animaux. "Sous la férule de Ceausescu, la moitié de la capitale a été rasée pour faire place aux HLM socialistes. Du jour au lendemain, les Bucarestois ont dû abandonner leurs maisons, et leurs chiens se sont retrouvés dans la rue, où ils se sont multipliés sans aucun contrôle", explique le journaliste.

LES ONG POUR LA STÉRILISATION

Les chiffres invoqués par le gouvernement, soit 100 000 chiens errants et quelque 12 000 personnes mordues par an rien qu'à Bucarest, ont toutefois été contestés, y compris officiellement. En mai, le préfet de Bucarest, pourtant favorable à la loi,  et des ONG avaient indiqué que la capitale roumaine comptait en réalité environ 40 000 chiens errants.

Les magistrats avaient été saisis par plus d'une centaine de députés de l'opposition socio-démocrate et libérale, qui s'opposaient à l'euthanasie des chiens errants, dits également "chiens communautaires" en Roumanie. Les ONG de défense des animaux plaident pour une stérilisation massive des chiens et dénoncent l'"irresponsabilité" des hommes politiques. Selon ces organisations, près de 145 000 chiens errants aurient déjà été tués à Bucarest entre 2001 et fin 2007, avant que l'euthanasie soit interdite.

 

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11 janvier 2012 3 11 /01 /janvier /2012 14:23

LEMONDE | 11.01.12 | 10h46   •  Mis à jour le 11.01.12 | 10h46

 
 

 

Yannick Blanc, devant le préfecture de Paris en juillet 2006.

Yannick Blanc, devant le préfecture de Paris en juillet 2006.AFP/JEAN AYISSI


Un scandale sans précédent ébranle la Préfecture de police de Paris. Selon une enquête menée par Le Monde, l'Inspection générale des services (IGS), la "police des polices", a sciemment truqué, en 2007, une procédure portant sur un éventuel trafic de titres de séjour au service des affaires réservées. Cela afin de nuire, à l'approche de l'élection présidentielle, à Yannick Blanc, alors directeur de la police générale, à son adjoint Bruno Triquenaux et à Christian Massard, un policier affecté à la sécurité de l'ex-ministre de l'intérieur Daniel Vaillant. Trois hommes jugés trop éloignés du pouvoir sarkozyste, et très proches du Parti socialiste pour deux d'entre eux.

Au total, quatre fonctionnaires ont été injustement mis en examen, M. Blanc ayant "seulement" été placé en garde à vue. Tous les cinq ont été suspendus à la suite de cette affaire montée de toutes pièces – un "chantier", dans le jargon policier. Ils ont été innocentés en janvier 2011 par la cour d'appel de Paris. Et, désormais, la justice enquête sur… l'enquête de l'IGS. Quatre juges d'instruction parisiens mènent six enquêtes distinctes sur la "police des polices", par ailleurs épinglée dans l'affaire des fadettes du Monde. L'institution policière, déjà mise en cause dans les affaires Neyret et Carlton, est durablement déstabilisée.

Le préfet de police de Paris, Michel Gaudin, pilier du système sarkozyste, est visé par l’une des procédures. Il a été interrogé le 15 décembre 2011 en qualité de témoin assisté, un statut hybride entre celui de témoin simple et de mis en examen. Tout comme un autre préfet, ancien patron des renseignements généraux, Pascal Mailhos. Ils ont tous deux été les signataires des arrêtés de suspension visant les fonctionnaires injustement accusés. Il leur est notamment reproché de s’être appuyés sur des éléments judiciaires dont ils n’auraient pas dû avoir connaissance. Ils ont soutenu que des éléments concrets visant les agents des affaires réservées avaient été obtenus par l’IGS.

Ces derniers n’ont pas fait mystère, lors de leurs interrogatoires, des multiples services qui leur étaient demandés en tant que fonctionnaires délivrant des titres de séjour, et même des relations qu’ils entretenaient avec des demandeurs, allant parfois jusqu’à s’offrir mutuellement des présents. Sans jamais, comme l’a assuré la cour d’appel, avoir franchi la ligne jaune.

En toute discrétion, les magistrats, menant eux-mêmes les investigations, ont mis au jour de nombreuses irrégularités : plusieurs procès-verbaux ont été truqués, des retranscriptions d’écoutes téléphoniques caviardées, des déclarations déformées, sans parler des pressions sur des témoins… Jusqu’au patron de l’IGS, Claude Bard, qui ira tirer des chèques sur son compte personnel pour défrayer un "expert" venu de nulle part. Ils ont auditionné des témoins évoquant la "censure" à l’IGS, et la mainmise de la hiérarchie sur toutes les procédures. Au final, une incroyable série d’anomalies, d’autant plus choquantes qu’elles émanent du service censé contrôler la légalité des actes des policiers.

Les procédures ont été lancées par les multiples plaintes déposées par Me David Lepidi, l’avocat des fonctionnaires mis en cause à tort. Elles visent notamment des faits de "faux en écritures publiques" – un crime passible de la cour d’assises –, "violation du secret de l’instruction", "dénonciation calomnieuse" et autres "violences volontaires". Par ailleurs, Me Lepidi a saisi par courrier le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) du cas de la juge Michèle Ganascia, qui a procédé aux mises en examen injustifiées des quatre fonctionnaires sur la base de l’enquête tronquée de l’IGS.

Outre l’institution policière, l’affaire pourrait aussi se révéler embarrassante pour Nicolas Sarkozy, à l’époque ministre de l’intérieur puis président de la République. Dans une note du 1er mars 2010 destinée à la justice, Yannick Blanc expliquait qu’il ne faisait aucun doute que "seul le biais politique" permettait de comprendre pourquoi l’IGS s’était "ingéniée, contre toute vraisemblance, à [l’impliquer] et à impliquer Daniel Vaillant, via son officier de sécurité, dans une affaire de corruption et de trafic d’influence parfaitement imaginaire".

Lui aussi visé par la manipulation, le maire (PS) du 18e arrondissement de Paris et député Daniel Vaillant a résumé son sentiment dans un courrier adressé le 31 mars 2011 à l’ex-procureur général près la Cour de cassation, Jean-Louis Nadal : "En prononçant directement des non-lieux au bénéfice de tous les fonctionnaires mis en cause, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris a ramené cette affaire à sa dimension réelle, celle d’un montage policier destiné à complaire au pouvoir politique dans le contexte de l’élection présidentielle de 2007."

Gérard Davet et Fabrice Lhomme

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11 janvier 2012 3 11 /01 /janvier /2012 14:19

LEMONDE | 11.01.12 | 10h46   •  Mis à jour le 11.01.12 | 14h25

 
 

 

Les bâtiments de l'Inspection générale des services (IGS), à Paris, le 2 octobre 2011.

Les bâtiments de l'Inspection générale des services (IGS), à Paris, le 2 octobre 2011.Mousse/ABACA


Bureau des affaires réservées, 14 h 55, le 30 mai 2007, à la préfecture de police à Paris. La porte s'ouvre avec fracas. L'inspection générale des services (IGS), la "police des polices" débarque, provoquant la stupeur des employés. Zohra Medjkoune et Dominique Nicot, deux agents expérimentés du service, doivent quitter leur bureau, escortées par les enquêteurs de l'IGS. Deux jours et une longue garde à vue plus tard, elles sont mises en examen pour "corruption" et "trafic d'influence" par la juge Michèle Ganascia.

On les accuse d'avoir indûment délivré des titres de séjour. Trois autres personnes sont ciblées par l'IGS, qui se fonde sur des écoutes téléphoniques : Bruno Triquenaux, administrateur civil, chef du bureau des affaires réservées, Christian Massard, officier de sécurité de l'ancien ministre socialiste de l'intérieur Daniel Vaillant. Et Yannick Blanc, le patron de la police générale à Paris, connu pour ses sympathies à gauche. Gros émoi au sein de la préfecture, les fonctionnaires sont suspendus. Et vite oubliés.

Quatre ans et demi après, que reste-t-il de cette affaire? Rien. Toutes les charges sont tombées. Seul flotte un parfum de scandale. Les cinq fonctionnaires ont compris qu'ils avaient été l'objet d'une manipulation policière. Il fallait avoir la peau du soldat Blanc, par tous les moyens. Ils se sont retournés contre l'administration, ont saisi la justice, qui leur a donné raison. Balayée, l'enquête initiale. Place aux investigations sur l'IGS et ses méthodes douteuses.

>> Lire nos explications La police des polices, au cœur d'un scandale judiciaire

L'enquête de l'IGS avait débuté en janvier 2007. Et dès le 3 avril 2007, les policiers semblaient sûrs d'eux, assurant que M. Blanc était "parfaitement au courant de toutes les interventions et manœuvres de Mme Medjkoune". Quelques semaines plus tard, lors de leurs auditions, les suspects se défendent pourtant de toute implication dans le trafic de papiers, produisent des preuves, carnets de chèques, attestations, établissant qu'ils n'ont octroyé aucun passe-droit en échange de cadeaux. Rien n'y fait.

Dans une note adressée le 2 juin 2007 à Michel Gaudin, tout nouveau préfet de police nommé par Nicolas Sarkozy, le n°3 de l'IGS, Claude Bard, aujourd'hui directeur du service, se montre très ferme: "Mme Medjkoune a reconnu avoir permis, de sa propre initiative et sans contrôle de sa hiérarchie, l'attribution de plusieurs titres de séjour à des clients d'un individu (…) en contrepartie de cadeaux et de sommes d'argent". Mme Nicot a droit au même traitement. Ces accusations reprennent les termes d'une synthèse d'enquête, réalisée par l'IGS le 1er juin 2007 et adressée au magistrat instructeur. Les mises en examen ont été décidées sur la seule foi de ce document. Les deux femmes, le 7 juin 2007, font l'objet d'un arrêté de suspension, qui reprend exactement les arguments retenus dans l'enquête judiciaire par l'IGS. Pourtant, une procédure administrative ne peut se fonder sur des éléments judiciaires. Une anomalie de plus dans une affaire qui en est truffée…

LE FAUX RAPPORT DE SYNTHÈSE

Très curieusement, le 18 juillet 2007, MmeMedjkoune est visée par un second arrêté, signé par Michel Gaudin lui-même. Il y est cette fois ci simplement fait mention du fait que "Mme Medjkoune a été entendue" par l'IGS "sous le régime de la garde à vue". Il n'y a plus d'accusations précises. Encore moins d'aveux. Un revirement brutal, qui s'explique aujourd'hui… C'est que la synthèse présentée par l'IGS à la juge est mensongère. Le cas de Mme Nicot est emblématique. Celle-ci, selon la synthèse de police, aurait "reconnu avoir favorisé à l'insu de sa hiérarchie" la délivrance d'un titre de séjour. Que découvre MeDavid Lepidi, son avocat, en consultant les procès-verbaux de garde à vue de sa cliente? A la question d'un officier de police, elle répond, clairement: "cette intervention a été envoyée à M.Blanc". Sa hiérarchie avait donc été avisée, contrairement à ce que prétend la synthèse policière.

Autre élément révélateur, elle aurait, selon l'IGS, "reconnu être intervenue dans la régularisation du dossier" d'un ressortissant japonais. En garde à vue, Mme Nicot a pourtant contesté cette accusation, assurant même "qu'il y a eu une intervention du cabinet du préfet. Je pense que ce devait être M. Gaudin". Mieux, à en croire la synthèse policière, la fonctionnaire aurait "reconnu" avoir agi ainsi "sur l'intervention" d'un commerçant, Simon C., soupçonné d'être au cœur du trafic. Or, entendue en garde à vue, Mme Nicot a dit précisément le contraire, assurant n'avoir "jamais rien fait" en faveur de cet homme. Manifestement, les policiers n'ont pas relu leurs PV avant de rédiger leur compte rendu d'enquête… Les déclarations initiales de Mme Medjkoune ont subi le même sort, tronquées, gonflées dans le procès-verbal de synthèse.

C'est sur la base de ce document que les deux femmes ont pourtant été mises en examen, puis suspendues de leurs fonctions. Me Lepidi décide donc de saisir la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris, estimant que des "faux en écritures publiques" ont été commis sciemment par les enquêteurs de l'IGS.

Car, dans la foulée de la suspension de ses deux collaboratrices, l'adjoint de Yannick Blanc, Bruno Triquenaux, est lui aussi placé en garde à vue, le 19 décembre 2007. Un nouveau procès-verbal de synthèse est rédigé par l'IGS, encore une fois adressé à la juge Ganascia. On y lit, sous la plume du commandant Jean-Pierre Delcher: "Concernant Yannick Leblanc [Blanc]: l'analyse des 123 dossiers saisis à la police générale fait apparaître que de nombreuses régularisations ont été opérées avec son aval, sinon sur ses instructions, en détournant la législation en vigueur ou pour la convenance personnelle de ses collaborateurs".

Entendu le 18 mars 2010, en tant que partie civile, M. Blanc a rappelé: "Un mois après la date de ce procès-verbal de synthèse, j'ai été limogé". Saisie de l'affaire, la cour d'appel rend, le 25 janvier 2011, dans l'indifférence générale, une décision spectaculaire. "Dispenser des informations juridiques à des usagers ne saurait constituer une infraction pénale", relève le président Patrick Desmure, un magistrat expérimenté. La chambre de l'instruction ne "peut que s'étonner de l'ampleur des moyens procéduraux déployés", ajoute l'arrêt. Tant Mmes Nicot et Medjkoune que MM. Massard et Triquenaux sont totalement blanchis. Tous bénéficient de non-lieux, qui entérinent le fiasco judiciaire. Fait rarissime, la juge Ganascia est dessaisie, et c'est le juge Philippe Jourdan qui reprend l'enquête. Comment l'IGS a-t-elle pu commettre de telles fautes? Le magistrat n'est pas au bout de ses surprises.

LES ÉCOUTES FALSIFIÉES

Il va, notamment, se pencher sur les retranscriptions des écoutes téléphoniques réalisées par l'IGS. Au tout début des investigations, deux services, l'Unité de soutien aux investigations territoriales (USIT) et l'IGS opéraient les mêmes interceptions. Mais il semble que l'IGS ait choisi son camp. En effet, en écoutant les conversations du commerçant suspecté de vouloir corrompre des fonctionnaires, la police des polices note qu'il est de mèche avec des enquêteurs du 3e district de police judiciaire de Paris (DPJ). Simon C.promet à ses interlocuteurs, moyennant leur intervention pour faire sauter des contraventions, des produits de beauté, des portables… L'USIT relève, le 6 mars 2007 : "Vous aurez plein de produits de beauté pour toi et ta femme et pour Christophe et sa femme", lâche le suspect, en ligne avec un enquêteur du 3e DPJ. Réponse du policier, retranscrite par l'USIT: "OK ben, c'est sympa, ça roule." Dans la retranscription de l'IGS, la réponse du fonctionnaire a disparu, remplacée par un laconique: "N'intéresse pas l'affaire en cours." D'autres extraits très gênants pour le 3e DPJ sont ainsi caviardés. Or, il apparaît que des policiers du 3e DPJ se font fournir gratuitement du matériel téléphonique, qu'ils jouent les intermédiaires auprès de collègues pour rendre service au commerçant, etc.

Mais la cible de l'IGS, c'est le bureau des affaires réservées. Quitte à fabriquer des preuves. C'est ce qui ressort de l'audition, le 15septembre 2010, de Jean-Pierre Delcher, alors à l'IGS, aujourd'hui retraité. C'est lui qui est censé avoir signé le procès-verbal de synthèse mettant gravement en cause, le 19décembre 2007, Yannick Blanc. Que dit-il à la juge Jeanne Duyé, qui instruit la plainte de ce dernier? Que cette synthèse ne peut avoir été écrite qu'à partir de 23h45 puisqu'elle reprend les passages d'une audition réalisée tard dans la soirée.

Or, M. Delcher ne travaillait pas au-delà de 20heures, en raison d'une grave maladie. En conséquence, il ne peut avoir rédigé ce document. M.Delcher précise à la juge: "Pour ce qui est de la signature, ce n'est pas la mienne. Ce n'est même pas mon “gri-gri”. Ce n'est pas moi qui ai rédigé ce compte rendu. C'est monstrueux. J'ai l'impression que je me suis fait avoir…" Les magistrats enquêtent: qui a pu rédiger cette synthèse? "C'est un style rédactionnel de commissaire", pense savoir le policier. Qui rappelle la très forte hiérarchisation du service. "Les OPJ étaient totalement sous contrôle", avait déjà indiqué Pascal Collot, l'ancien adjoint de M. Delcher. "La phrase incriminant M. Blanc ne pouvait avoir été rédigée que sous le contrôle et avec l'approbation du directeur de l'IGS et de son adjoint, voire sous leur dictée", avait-il certifié à la magistrate. Isabelle Sablayrolles, une fonctionnaire de l'IGS, n'avait pas hésité à parler de "censure", expliquant que "tout était relu à la virgule près". Jusqu'au commissaire divisionnaire Daniel Jacquème, actuel n°2 de l'IGS, qui a eu cette réflexion troublante devant les juges, le 14avril 2010: "il fallait gérer politiquement la garde à vue de M. Blanc".

LE CARNET DE CHÈQUES DU PATRON DE L'IGS

Les juges remontent donc la chaîne hiérarchique. Après M.Jacquème, ils vont entendre, le 27avril 2011, Claude Bard, patron de l'IGS depuis juillet2010. En effet, au cours de leurs investigations, les magistrats ont relevé l'intervention à l'IGS, en juin2007, d'un attaché de la préfecture de Lyon, mandaté pour analyser les pièces saisies au service des affaires réservées. Tout sauf un expert assermenté du droit des étrangers.

Stéphane Béroud débarque à l'IGS le 21juin et le 31octobre 2007. C'est Claude Bard qui est allé le chercher, en province, sur les conseils d'un ami, Christophe Bay, un ancien de la PP, ex-directeur adjoint du cabinet de Brice Hortefeux au ministère de l'intérieur. Alors n°3 de l'IGS, Claude Bard va jusqu'à signer deux chèques de son compte personnel – de 230 puis 254,20euros – afin d'héberger "l'expert" dans un hôtel à Créteil et d'assurer son couvert. Du jamais vu. "Je sais qu'il s'est posé le problème de frais", s'est justifié devant les juges M. Bard. Il aurait simplement voulu faire preuve de "courtoisie et délicatesse" en défrayant l'attaché de préfecture.

M. Bard, qui vit cette affaire comme "un écorché vif", dit-il, se défend d'avoir jamais "été instrumentalisé dans un quelconque dossier". Et il assure: "Je suis stupéfait de voir qu'à l'inspection générale des services on pourrait faire un faux". M. Béroud, qui a eu l'obligeance, peut-être par retour de courtoisie, de rendre en 2007 un avis très négatif sur les initiatives prises par les proches de M. Blanc, parlant de "fait du prince", pense avoir pu faire l'objet d'une manipulation de l'IGS. Mais "à mon insu, peut-être", admet-il le 6 mai 2010 devant les magistrats.

PERQUISITION CHEZ DANIEL VAILLANT

Les magistrats tentent aussi de comprendre les raisons de la mise en cause de Christian Massard, ex-officier de sécurité de Daniel Vaillant. Ce commandant de police a eu droit à une longue garde à vue le 31 mai 2007. Il a dénoncé, depuis, des violences volontaires sur sa personne : le tutoiement qu'on lui a imposé, l'interrogatoire subi alors qu'il souffrait d'un cancer de l'œil, la non-observation par l'IGS des recommandations des médecins, qui avaient enjoint les policiers de l'amener à un nouvel examen médical, le 1er juin 2007… Pour ajouter à l'humiliation, on a même fait défiler son fils, pas encore majeur, devant sa cellule de garde à vue. Les magistrats ont enquêté sur la perquisition de son bureau, à la mairie du 18e arrondissement, le 31 mai 2007. Un Massard sans lacet, tenant son pantalon avec ses mains, honteux, planté devant son patron, le maire Daniel Vaillant. Les policiers ont déboulé sans s'annoncer dans le bureau de l'ancien ministre. Entendu le 15 janvier 2010, M. Vaillant a relaté au juge son souvenir d'un Massard "au bord des larmes (…) Ils n'ont pris aucune précaution". L'IGS ira même jusqu'à fouiller l'ordinateur du chef de cabinet de M. Vaillant, en pleine période électorale. "Le poste du chef de cabinet a été perquisitionné alors que les officiers de sécurité ne s'en servaient pas", a déclaré aux juges la secrétaire du maire.

Les magistrats ont aussi entendu, comme témoins assistés, les préfets Pascal Mailhos, ex-patron des RG, ancien secrétaire général adjoint du ministère de l'intérieur, et Michel Gaudin lui-même. Ils s'étonnent que MM. Gaudin et Mailhos aient pu avoir connaissance des éléments de la procédure judiciaire et suspendre sur cette base les fonctionnaires des affaires réservées. Le 1er mars 2011, des perquisitions menées par les juges place Beauvau ont permis de saisir les dossiers administratifs de MM. Triquenaux et Blanc. Ils contenaient des éléments judiciaires, au mépris de la séparation des pouvoirs.

Gérard Davet et Fabrice Lhomme


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10 janvier 2012 2 10 /01 /janvier /2012 13:16

LEMONDE.FR | 09.01.12 | 21h31   •  Mis à jour le 10.01.12 | 10h52

 
 

 

L'ancien footballeur et acteur, Eric Cantona, en décembre 2009.

L'ancien footballeur et acteur, Eric Cantona, en décembre 2009.AFP/MARTIN BUREAU


"Je cherche 500 signatures", lance l'ancienne star du football Eric Cantona, 45 ans, aujourd'hui acteur, en une du quotidien Libération, ce mardi 10 janvier. Lundi soir, la lettre qu'il a écrite aux maires de France afin d'obtenir les cinq cents signatures nécessaires à une candidature à l'élection présidentielle a été mise en ligne sur le site Internet du journal, entretenant savamment le suspens sur l'objectif de sa démarche : on ne trouvait ainsi nulle part de déclaration officielle de candidature.

Et pour cause : de candidature, il n'est pas question, comprend-on mardi matin à la lecture de l'article beaucoup plus détaillé publié dans le quotidien. Il s'agit en fait d'un joli coup médiatique pour relayer l'appel de la Fondation Abbé-Pierre à faire de la question du logement une priorité dans la campagne présidentielle.

"Si je me tourne vers vous, Madame, Monsieur le Maire, c'est pour requérir votre signature dans le cadre du débat politique dans lequel le pays s'engage", pouvait-on lire dans ce courrier, dans lequel il disait vouloir "porter un message simple mais clair ; un message de vérité mais de respect ; un message solidaire et puissant". Cette lettre, qui porte l'en-tête "Eric Cantona, citoyen engagé", renvoyait au site www.ericantona.fr, encore "en construction".

Mardi matin, le site n'est plus en construction : le lien renvoie directement vers le site www.mobilisationlogement2012.com, qui invite les internautes à signer une pétition proposée par la Fondation Abbé-Pierre, "Exigeons des candidats qu'ils s'engagent", qui s'articule en quatre points : "produire suffisamment de logements accessibles", "réguler les marchés et maîtriser le coût du logement", "moins d'injustice et plus de solidarité", "construire une ville équitable et durable : un impératif pour vivre ensemble".

100 000 SIGNATURES

"Que les responsables de l'UMP, du PS, du Parti de gauche ou des Verts se rassurent : on ne verra pas Cantona battre campagne de ville en ville, de meeting en meeting, précise Libération mardi matin. Sa vraie-fausse candidature vise juste à réveiller la campagne de 'mobilisation générale pour le logement' lancée en septembre par la Fondation Abbé-Pierre et Emmaüs, et à laquelle s'est joint plus récemment le Secours catholique."

La Fondation indique que 100 000 signatures ont déjà été recueillies en quelques semaines pour que les candidats fassent du logement un axe majeur de leurs projets. "Ces 100 000 signatures obtenues en quelques semaines avec peu de moyens prouvent que le problème du logement est devenu un problème de société, souligne dans Libération Patrick Doutreligne, délégué général de la Fondation Abbé-Pierre. La crise touche de plus en plus de catégories sociales. Or, jusqu'ici, en dépit de notre campagne, les candidats pressentis dans la course à l'Elysée s'expriment peu sur le sujet." D'où la nécessité de passer à autre chose. "Il fallait un aiguillon comme Eric Cantona pour redonner au logement la place qu'il mérite dans cette campagne."

Connu pour son franc-parler, imprévisible, l'ex-star de Manchester United avait créé un "buzz" inattendu fin 2010 en lançant sans prévenir un appel à retirer l'argent des banques. L'appel n'avait pas été suivi par les Français.

Lundi soir, un meeting "contre le logement cher", organisé par l'association Droit au logement (DAL) et la fondation Copernic, a rassemblé 1000 personnes au Théâtre du Rond-Point à Paris. Des syndicats, des artistes, et trois candidats à l'élection présidentielle : Eva Joly (EELV), Jean-Luc Mélenchon (Front de Gauche) et Philippe Poutou (NPA).

Le Monde.fr


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9 janvier 2012 1 09 /01 /janvier /2012 14:53

 

Les Indignés 2011 laisseront-ils la place aux Impliqués 2012 ? Si l'on en croit la ribambelle des voeux de nos politiques, cette année sera celle où "nous allons pouvoir changer de destin". Nouveau mot d'ordre à adopter sans attendre : impliquez-vous !



Copyright Reuters
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De la part des candidats de tous bords, l'heure est au refus de la fatalité. Idem dans le monde de l'entreprise : les salariés de SeaFrance ont pris en main leur destin, selon la formule de Nathalie Kosciusko-Morizet, eux qui ont décidé un projet de Scop pour sauver leur navire en liquidation judiciaire. "Demandez-vous non pas ce que votre pays peut faire pour vous. Demandez-vous ce que vous pouvez faire pour votre pays..." Les propos de John Kennedy, tenus le jour de son investiture le 20 janvier 1961, n'ont jamais été autant d'actualité.

En ce début d'année 2012, la tendance est à l'implication de chacun et de tous. Et pour cause. Si 2011 a été l'année des Indignés, elle a aussi été celle des Imprévus. De Fukushima aux révolutions arabes, en passant par la chute de Strauss-Kahn et la crise de l'euro, chaque épisode est venu bousculer des ordres établis que personne ne songeait à remettre en cause. Donnant par là l'occasion à des femmes et des hommes de se mettre en mouvement pour affronter des défis difficiles. "Nous devons aider cette société à reprendre confiance, lui donner envie d'elle-même", écrit Jean-Paul Delevoye, dans son dernier livre "Reprenons-nous", à paraître le 12 janvier. Pour le président du Conseil économique, social et environnemental, "cela ne se fera pas de l'extérieur, sans une implication personnelle. Cela nécessite d'entrer dans une logique qui n'est plus celle de la contrainte mais celle de l'accompagnement et de la valorisation. Nous ne devons pas considérer la société ou ses membres comme des adversaires mais chercher à les transformer en partenaires".

 

Ecouter pour mieux dialoguer

Essentiel désormais : la capacité à faire comprendre les enjeux, à partager les efforts, à susciter le débat, à communiquer, à mobiliser les bonnes volontés et les intelligences. Les cancérologues sont unanimes : mieux soigner les malades revient à les mobiliser, à faire en sorte qu'ils s'engagent. Plus ils participent à la lutte, mieux ils s'en sortent. "Dans les différents mandats que j'ai exercés, j'ai vu l'énergie que l'on peut mobiliser au service d'une cause, lorsqu'on écoute ceux qu'elle concerne, lorsqu'on dialogue avec eux, lorsqu'on leur fait confiance, lorsqu'on croise les compétences, lorsqu'on abandonne les préjugés et les idéologies", insiste Jean-Paul Delevoye.

Du côté des directions d'entreprises, s'impliquer, c'est donc commencer par écouter les salariés. Non pas juste une consultation formelle au travers des baromètres de satisfactions. Toutes les entreprises en ont aujourd'hui. Mais une écoute qui permette d'associer les individus dans des projets, d'élaborer les changements et non pas de "vendre" un énième plan stratégique. Encore faut-il renoncer au sentiment de supériorité qui prévaut chez la plupart des dirigeants. "Etre ministre ou être élu, ce n'est pas être au-dessus des autres, c'est simplement porter sur ses épaules davantage de responsabilités pour tous", rappelle Delevoye.

Qui dit sens de l'implication, dit aussi nouveaux indicateurs de performance. Comptabiliser aussi l'effort, la force du don de l'échange et du partage et non pas seulement les parts de marché. Les indicateurs d'hier ne peuvent plus donner les axes de croissance de demain. Souvent, les salariés ne demandent qu'une chose : pouvoir travailler mieux, de manière plus intéressante, plus investie. Si on les mobilise, si on leur fait confiance, ils sont à même de voir ce qui peut être amélioré.

 

L'humanisme en marche

Côté salarié, "la mission professionnelle ne se limite pas forcément à l'entreprise elle-même. Nous avons la mission qui consiste à répondre aux besoins d'autrui (les clients de l'entreprise) mais en tant que personne, nous avons également la mission qui consiste à nouer des relations amicales avec ceux qui travaillent à nos côtés et à développer et enrichir notre définition de poste", écrivent Nuria Chinchilla et Maruja Moragas dans "Maîtres de notre destin" (Editions Les Carnets de l'Info).

S'impliquer, c'est donc retrouver le goût de l'autre. Nombre de penseurs actuels s'accordent sur la formule de Roger-Maurice Bonnet : "le XXIème siècle sera humaniste ou ne sera pas." La seule manière de faire fructifier la richesse humaine est d'assurer le dialogue et l'écoute mutuelle. On commence à entrevoir que l'engagement et l'empathie seront nos sources de bonheur, plus que l'avoir, la consommation et le montant de notre compte en banque. "Cessons de nous comporter en consommateurs, revendiquons plutôt nos responsabilités", conclut Jean-Paul Delevoye. Façon de dire qu'il appartient à chacun d'inventer la vie que nous souhaitons... Tâche exigeante certes, mais désormais indispensable pour que 2012 donne forme à notre destin.

 

Sophie Péters - 09/01/2012, 15:17

 

 

http://www.latribune.fr/blogs/mieux-dans-mon-job/20120109trib000676611/2012-impliquez-vous-.html
blog - 09/01/2012 | 15:17
   
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9 janvier 2012 1 09 /01 /janvier /2012 14:20
| Par Louise Fessard

 

Denis Godard.  
Denis Godard.© DR

Un homme affirme avoir été violemment frappé, dans un commissariat parisien, par un policier agacé qu'il siffle «L'Internationale». Denis Godard, 47 ans, a déposé plainte le 6 janvier 2012 pour violences volontaires aggravées. Depuis son passage le même jour au commissariat du troisième arrondissement, il souffre d'une fracture du plancher de l'orbite (l'os sous l'œil) avec douze jours d'interruption temporaire du travail (ITT). La préfecture de police de Paris a indiqué lundi que l'inspection générale des services (IGS) avait été saisie.

Selon son témoignage recueilli dimanche par Mediapart, il a été interpellé en état d'ébriété rue Beaubourg à Paris, vendredi 6 janvier vers 5 heures du matin, par des policiers de la brigade anticriminalité, alors qu'il se trouvait avec deux de ses collègues, salariés de l'association Act-Up comme lui.

 

«Nous avions consommé de l'alcool, nous cherchions un taxi et Denis a accroché un scooter avec sa sacoche, on l'a relevé, mais les policiers n'ont rien voulu savoir et ont embarqué Denis», explique sa collègue Cécile Lhuillier, vice-présidente d'Acte Up. 

 

Amené au commissariat du troisième arrondissement, Denis Godard dit avoir été placé sur un banc dans un couloir bordé de cellules, en attendant l'examen médical de routine à l'Hôtel Dieu. «Je me suis mis à siffler l'Internationale, ce qui m'est passé par la tête, raconte-t-il. Un policier m'a dit qu'il fallait que j'arrête car "J'emmerdais tout le monde, ceux qui travaillaient et ceux qui dormaient".»


Denis Godard lui aurait demandé ce qu'il comptait faire pour l'arrêter et le policier lui aurait alors montré sa main.

 

«J'ai continué à siffler, poursuit-il. Le policier a fermé la porte donnant sur le hall du commissariat, ce qui fait que nous étions seuls, et il m'a frappé au visage, une seule fois et la main ouverte. Je lui ai dit qu'il n'avait qu'à continuer comme ça, car les choses se verraient. Il a répondu qu'il savait faire et avait l'habitude. Ensuite, ça s'est arrêté là, trois policiers sont arrivés pour m'emmener à l'Hôtel Dieu. Quand j'ai abordé le sujet, ils ont parlé d'autre chose. Et paradoxalement, j'étais persuadé que ça ne se voyait pas puisque le policier l'avait affirmé !» 

 

Après quelques heures en cellule de dégrisement, Denis Godard passe devant un officier de police judiciaire. «J'avais un coquard qui commençait à enfler, il a pris ma plainte, il semblait savoir de qu'il s'agissait, même si je ne connaissais pas le nom du policier», explique-t-il. Contacté dimanche soir, l'un des deux OPJ de service au commissariat du troisième n'était pas au courant des faits.

 

Denis Godard a été examiné samedi aux urgences médico-judiciaires de l'Hôtel Dieu.  «Les médecins étaient surpris par la violence du coup», explique-t-il. Il présente une fracture du plancher orbital et pourrait devoir subir une opération chirurgicale, car un nerf innervant la moitié du visage serait touché. «S'il est lésé, j'aurai un problème de sensibilité définitif pour la moitié du visage», précise-t-il.

 

Par ailleurs militant du NPA (mais ce militantisme, tout comme son emploi chez Act Up, qu'il n'avait pas mentionné aux policiers, n'ont, a priori, aucun lien avec les faits), Denis Godard se dit scandalisé qu'«un policier se sente suffisamment en situation d'impunité pour agir ainsi, dans un cas aussi anodin».

 

«Je suis un homme blanc, de nationalité française, âgé de 47 ans, que se passe-t-il quand ce sont de jeunes gens, arabes ou noirs, qui se font arrêter dans des situations plus chaudes ?», demande-t-il.

 

 

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9 janvier 2012 1 09 /01 /janvier /2012 14:09

 

Bonnes feuilles 09/01/2012 à 10h53

 

 

« La Voix de son maître » d'Augustin Scalbert (Nova)

 

Journaliste à Rue89, Augustin Scalbert publie le 11 janvier chez Nova éditions « La Voix de son maître », une enquête sur les rapports entre France Inter et le pouvoir politique depuis 1963.

Il y décrit notamment les rapports compliqués entre Nicolas Sarkozy et la station et revient sur la nomination de Philippe Val et l'éviction de l'humoriste Stéphane Guillon.

Le président de la République avait France Inter dans sa mire dès le début de la campagne pour la présidentielle de 2007. Nous publions ci-dessous un passage du livre d'Augustin, qui donne un bon aperçu des relations compliquées entre Sarkozy et la station.

Le contexte : le 9 octobre 2006, fraîchement nommé animateur de la tranche du matin, Nicolas Demorand interviewe le candidat Sarkozy. C'est pour lui un baptême du feu, et l'interview s'avère très rude : Sarkozy descend Demorand, faisant bizarrement allusion à ses diplômes (il est normalien) et l'opposant à la journaliste russe Anna Politkovskaïa, assassinée l'avant-veille.

« Vous êtes le contraire de cette journaliste russe courageuse qui voyait tout, donc vous ne voyez rien. »

Environ un mois plus tard, le ministre de l'Intérieur invite quelques personnes de la radio publique à déjeuner place Beauvau. Ici commence l'extrait que nous avons choisi. (Les intertitres et liens hypertextes sont de la rédaction de Rue89)

 »Patrice Bertin vient voir Nicolas Demorand, et lui dit qu'il est invité. Demorand refuse : « Je ne veux pas entrer dans ces trucs-là : tu rencontres quelqu'un hors contexte, et il va te taper sur l'épaule, te dire : “Machin, comment tu vas ? ” » Absent au déjeuner, Demorand va être omniprésent dans la conversation.

Il pleut à seaux quand la petite équipe de France Inter franchit la grille du ministère de l'Intérieur, en cette fin de matinée de novembre. Il y a là le directeur de la radio Frédéric Schlesinger, le directeur de la rédaction Patrice Bertin, le chef des informations Philippe Bardonnaud, la chef du service politique Hélène Jouan et le journaliste politique Jean-François Achilli, chargé de suivre la droite.

« Sarkozy était ivre de rage »

Hélène Jouan est une des bêtes noires de Sarkozy sur cette antenne depuis qu'elle a fait allusion, en 2005, à ses problèmes conjugaux. [...] « Sarkozy était ivre de rage », rapporte un journaliste politique d'Inter à l'époque. « Franck [Louvrier] et Jean-François [Achilli] ont essayé d'arrondir les angles, mais pour Sarkozy, c'est une sorte de péché originel. De là est née sa rancœur contre Hélène Jouan. » (Interrogé sur ce point, Franck Louvrier dément).

Après le changement de mode de nomination du PDG de Radio France et l'arrivée de Philippe Val à la direction de France Inter, personne ne donne très cher de la peau de celle que Frédéric Schlesinger a nommée entre-temps directrice de la rédaction d'Inter.

Un journaliste affirme que juste après l'arrivée de Philippe Val, celui-ci voulait limoger la patronne de la rédaction et lui proposer l'animation du 18-20. Face à la dégradation du climat, Hees et Val auraient renoncé. Hélène Jouan a finalement quitté son poste pour prendre la direction des magazines de la radio, en mai 2011, à sa demande.

Elle a été remplacée par un rédacteur en chef de France Info, Matthieu Aron. Hélène Jouan ne prendra pas trop la parole, pendant ce déjeuner de novembre 2006 place Beauvau. Pas plus que Jean-François Achilli, d'ailleurs. La petite troupe de France Inter patiente un peu dans un salon, puis Nicolas Sarkozy arrive. Plutôt sympa :

« Bonjour, bonjour… Pardon de vous avoir fait attendre. Comment ça va ? »

Dans la salle à manger, Sarkozy s'assied en face de Schlesinger, avec Bertin à sa droite. Jouan, Achilli, Bardonnaud et un conseiller du ministre complètent le tour de table. Les mets sont succulents, mais la première demi-heure est « pestilentielle », selon l'un des convives. Sarkozy attaque bille en tête sur « Christophe Hondelatte ». Ses invités le regardent avec des yeux ronds, puisque Hondelatte n'officie plus à France Inter depuis 2000. « Ça continue comme ça pendant tout le début du repas », relate un autre convive. « On aurait dit qu'il le faisait exprès. »

« Paraît qu'il est normalien ? »

Au bout d'un moment, Hélène Jouan interroge le ministre :

« Vous êtes sûr que vous parlez de Christophe Hondelatte ? Mais il n'est pas à France Inter.
– Oui, enfin, celui qui est intelligent, celui qui a fait Normale sup, c'est bien ça ?
– Ah non, c'est Nicolas Demorand.
– Eh bien il n'est pas au niveau, pas du tout au niveau de France Inter. Quand on entend des gens comme Elkabbach, ça, c'est des journalistes. Elkabbach, à 70 ans, il est meilleur que votre Demorand à 35. Paraît qu'il est normalien, mais il est pas au niveau, hein. »

Tour à tour, Schlesinger et Bertin défendent leur animateur :

« C'est normal, il pose des questions à l'américaine. Il a peut-être une marge de progression, mais il est brillant.
– Et vous êtes difficile à interviewer. »

Sarkozy continue, sur le même ton, à fustiger Demorand. Impossible de l'arrêter : un ton extrêmement méprisant, un mépris ironique, un feu nourri de critiques. Le déjeuner commence sur un mode tellement déplaisant que le patron de France Inter et celui de la rédaction s'interrogent du regard, l'air de dire :

« On s'en va ? Qu'est-ce qu'on fait ? »

Puis Schlesinger intervient à nouveau :

« Monsieur le ministre, tous les jours vous jugez vos collaborateurs, nous jugeons les nôtres. Nicolas Demorand est bon. Pour nous, c'était de la bonne radio. »

« De la bonne radio, peut-être »

Au total, une vingtaine de minutes sur Demorand. Puis, tout à coup, Sarkozy se détend :

« Après tout, vous avez peut-être raison. Oui, de la bonne radio, peut-être. »

Un coup de fil interrompt alors le ministre, qui s'absente pendant dix minutes. Selon ce qu'a appris par la suite un des journalistes présents, il s'agissait du président Chirac. Quand il revient, Sarkozy est un homme totalement différent, changé. Il est jovial :

« Bon, passons à autre chose. Et alors, les sondages, ça marche pas mal, non ? »

Et là, Nicolas Sarkozy dresse un tableau complet de l'état de la radio en France, avec une expertise et une précision qui bluffent ses invités. Décidément détendu, il pose sa main sur le bras de Patrice Bertin, lui donne du « Patrice », le tutoie. La conversation devient courtoise.

« On l'emmène partout, Jean-François »

Le ministre de l'Intérieur complimente Jean-François Achilli, avec qui il apprécie d'aller sur le terrain :

« On aime bien partir avec Jean-François, il est bien Jean-François, il ne dit jamais rien. On l'emmène partout, Jean-François. »

Ensuite, Sarkozy parle politique. De sa probable adversaire, Ségolène Royal, la reine des sondages à gauche. Puis, en précisant que c'est « off the record », il se lance sur l'affaire Clearstream, affirme que « les officines gaullistes ne sont pas mortes ». Il balance quelques phrases assassines sur Dominique de Villepin, sur Michèle Alliot-Marie et sur Patrick Ollier, son compagnon. « Sur MAM, c'était limite », raconte un des participants. « Le degré zéro de la politique. »

Le maître d'hôtel apporte le dessert. Un dessert léger, mais Sarkozy n'en prend pas : il mange un fromage blanc maigre. Dans la foulée, il avale une bonne dizaine de chocolats.

Au bout d'une heure trente, le ministre s'excuse : « Il faut que j'y aille. » Il raccompagne ses hôtes dans l'escalier. Amical, il leur tape sur l'épaule, et leur dit : « Ne m'en veuillez pas pour le début, hein. Chuis comme ça. »

En sortant, les cinq salariés de France Inter sont un peu sonnés. Dans la cour de Beauvau, la pluie bat toujours le pavé. Interrogé sur ce déjeuner, Franck Louvrier dit n'en avoir « aucun souvenir ». »

 

 

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8 janvier 2012 7 08 /01 /janvier /2012 15:35

 

L'actualité quotidienne de Nicolas Sarkozy

Rédigé par Juan Sarkofrance le Dimanche 8 Janvier 2012 à 05:01
Le clou du spectacle fut ce 600ème anniversaire de Jeanne d'Arc. Un machin incroyable qui clôturait une semaine riche en voeux et en polémiques.

On ne connaît pas avec certitude la date ni même l'année de naissance de Jeanne d'Arc. Un site catholique s'en inquiétait encore cette semaine. Mais Nicolas Sarkozy a l'habitude des hommages hors date. Il nous avait fait le coup l'an dernier avec le 100ème anniversaire de Georges Pompidou, célébré en grandes pompes... hors date.
244ème semaine de Sarkofrance: de la TVA sociale à Jeanne d'Arc, Sarkozy franchit le pas


Ce vendredi 6 janvier, jour de l'épiphanie, Nicolas Sarkozy n'était plus tout à fait le président d'une République laïque. Jeanne la Pucelle est bien sûr un symbole national qu'il est très opportun de célébrer à 107 jours du scrutin présidentiel. Elle eut d'ailleurs sa plaque commémorative à la mairie de Domrémy-la-Pucelle, puisqu'elle est devenue «l'incarnation des plus belles vertus françaises, du patriotisme », dixit notre Monarque.

Mais ce dernier avait aussi choisi de se recueillir seul dans l'église du village natal de Jeanne d'Arc. Le 22 décembre dernier déjà, il s'était distingué d'un dîner avec de jeunes prêtres catholiques, largement relayé par le Figaro.Nous fûmes fascinés par ce besoin soudain de générosité chrétienne. En janvier 2008, Nicolas Sarkozy expliquait certes déjà que « L'instituteur ne pourra jamais remplacer le pasteur ou le curé ». Mais durant l'été 2010, sa traque des Roms - ces gens du voyage souvent chrétien - avait heurté par son outrance indigne la quasi-totalité de la hiérarchie catholique. Depuis, le rétropédalage sarkozyen fut massif, les courbettes nombreuses.

Pour honorer Jeanne d'Arc, Sarkozy eut des grands mots, mais il était là pour de petites raisons : «Puissions-nous aussi continuer à penser à elle comme le symbole de notre unité et ne pas la laisser entre les mains de ceux qui voudraient s'en servir pour diviserIl ne pensait qu'au Front National. Il était accompagné de Gérard Longuet, ce ministre qui s'interrogeait sur le « corps traditionnel français », et de Patrick Buisson, son conseiller ès extrême droite si féru d'histoire. « En cette froide journée de janvier 1412, alors que la Meuse était prise par les glaces, une humble famille de laboureurs fêtait la naissance d'un cinquième enfant »... Buisson avait préparé un discours si lyrique... Sarkozy put évoquer Charles VI « emprisonné dans sa folie », « les voix de Jeanne », ou encore « la petite paysanne illettrée ».

Le lendemain, ce samedi, la frontiste Marine Le Pen s'exhibait à son tour. Jeanne d'Arc était un hochet à disputes.

La semaine avait presque bien commencé. Dimanche 1er janvier, Nicolas Sarkozy avait filé à Metz. Pour ses derniers voeux de mandature le Jour de l'An, il voulait éviter les photos sous les dorures élyséennes. A Metz, il annonça la TVA sociale (c'est-à-dire une augmentation de trois ou quatre points d'une TVA déjà à 19,6% en contrepartie d'une réduction des cotisations patronales). Enfin, presque. Vu le tollé et l'actualité sociale déjà chargée, ses perroquets expliquèrent deux jours plus tard que cette TVA anti-délocalisation n'était qu'une hypothèse de travail. Puis, mercredi, François Fillon assura que la mesure serait votée dès le mois prochain. Il parlait à un colloque sobrement dédié au « Nouveau Monde ». La chose était organisée par un sarkozyste pur jus... un certain Eric Besson.

Lundi, Nicolas Sarkozy avait un agenda officiel vide. Il aime se garder de la souplesse pour réagir. En début de journée, il lâcha à la presse qu'il avait convoqué une énorme réunion de travail avec un quart de son gouvernement pour « sauver » les emplois de Seafrance. Sarko le Zorro était de retour ! A l'issue de cet improbable meeting, notre Monarque avait la solution. Le transporteur maritime était en liquidation depuis la mi-novembre. Mais Nicolas Sarkozy avait choisi la veille d'une audition au tribunal de commerce pour se saisir du problème. Il demanda officiellement à la SNCF de prévoir de grosses indemnités de licenciement aux 880 salariés avant de liquider l'entreprise, afin que ces derniers puissent placer leur pécule de départ dans la SCOP proposée par quelques syndicalistes. Trois jours avant, son ministre des Transports Thierry Mariani expliquait que ce projet de SCOP n'était pas crédible... Mariani était énervé. Non seulement désavoué, il devait partir en fin de semaine en Chine pour labourer sa future circonscription de député des Français de l'étranger du coin.

Bref, le lendemain mardi, les porteurs du projet de SCOP refusèrent bien officiellement la proposition sarkozyenne qui n'était qu'un piège si grossier. Le même jour, Nicolas Sarkozy pensait déjà à autre chose. Il livrait ses voeux aux Armées, en se montrant dans une école navale de Bretagne, photographié les cheveux au vent secoués par les embrunts. Devant les militaires, Nicolas Sarkozy sombra dans un narcissisme assez habituel, en comparant ses décisions aux combats militaires: « Ce poids de la décision, je le porte... comme vous porterez vous-même l'angoisse du combat ». 


Deux jours après, un nouveau scandale troublait ce beau discours officiel. Quelques extraits d'un témoignage d'un terroriste d'Aqmi, la « filiale » d'Al Qaeda au Maghreb, recueilli en novembre dernier était publié par Libération. Ce dernier assura que l'un des deux otages français « a péri brûlé dans le 4x4, qui transportait de l'essence, à la suite des tirs qui l'ont touché. » La famille de l'un des décédés comprit que les soldats français, lors de la tentative de libération des deux otages français capturés au Niger, avaient reçu l'instruction de tuer les preneurs d'otages. Pas de sauver les otages. Nicolas Sarkozy avait donc fait son « devoir ». On eut la nausée. L'élection était-elle à ce prix ?

Lundi, le même quotidien Libération avait rappelé pourquoi Nicolas Sarkozy était bien évidemment au courant du montage fiscal mis en place pour assurer la déductibilité des commissions versées lors de la vente de sous-marins au Pakistan en 1994. Le Karachigate n'était pas terminé. Vendredi, une curieuse ristourne fiscale accordée en 2005 par un autre ministre du budget dénommé Jean-François Copé à un heureux contribuable grâce à l'intervention de Ziad Takieddine, ami de Copé, et « qui lui aurait été demandée par Nicolas Bazire » intéresse la police judiciaire. Fichtre ! Le Karachigate a permis de dévoiler d'incroyables relations... [Samedi, l'hebdomadaire Marianne publiait une enquête de Frédéric Martel]url:../../../Exclusif-Carla-Bruni-au-coeur-d-un-scandale-international_a214136.html sur les curieuses largesses financières de Carla Bruni-Sarkozy avec des fonds de la lutte contre le sida en faveur de l'un de ses amis... On s'intéressa aussi, enfin et à nouveau, à Guy Wildenstein, un proche ami de Nicolas Sarkozy objet de nombreuses attentions judiciaires.

Cette semaine, le candidat Sarkozy lâcha enfin quelques promesses, lors de ses voeux au monde de l'Education. La veille, ses sbires s'étaient déchaîné s contre François Hollande, prétextant des propos que le candidat aurait tenus en off, mais démentis par le journaliste auteur de la fuite. L'espace d'une semaine, Nadine Morano était devenue une star. Nombre de ministres passaient visiblement plus de temps à Tweeter qu'à bosser.

Aux enseignants, Sarkozy promit mercredi la réduction des moyens, la suppression du collège unique (avec moins de moyens ?) et une meilleure intégration de l'enseignement secondaire ... avec le monde de l'entreprise. Le candidat tentait d'imposer ses thèmes de campagne plutôt que de se voir imposer l'examen de son bilan. Il eut cette phrase malheureuse: « La plus grande des inégalités ne réside pas dans les écarts de richesse ».

Sarkozy reparla aussi de la taxe sur les transactions financières. A 107 jours du scrutin, Nicolas Sarkozy s'est dit qu'il était temps de la faire voter en France, même si ses partenaires européens ne suivaient pas. Il avait enfin mesuré la pauvreté de son bilan au G20.

Vendredi soir, il clôturait le colloque du Nouveau Monde: « la France doit anticiper les transformations du monde ».


Ami sarkozyste, tiens bon. Plus que 105 jours !
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