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6 février 2012 1 06 /02 /février /2012 12:34
Lundi 6 Février 2012
Jeudi 2 février, le Président de la République se déplaçait sur un chantier du bâtiment avant un discours sur sa politique du logement.

Le déplacement avait été décidé suite à l'allocution multi-diffusée du dimanche précédent. Une soudaine vague de froid frappait le pays dont l'Ile-de-France. Le ratage médiatique fut complet, et presque incroyable quand on connaît les moyens et l'énergie dédiés à l'opération par les services de l'Elysée.
Sarkozy avec des ouvriers du bâtiment: autopsie d'un ratage médiatique


 
Nicolas Sarkozy avait refusé de reporter le déplacement malgré le froid. Il était arrivé en hélicoptère... sans rire (l'Essonne est en Ile-de-France pour celles et ceux qui ne le sauraient pas). La veille, La Fondation Abbé Pierre avait publié son 17ème rapport sur le mal-logement. La visite tombait à propos. Il fallait aussi faire de la pédagogie sur la énième proposition confuse en faveur du logement: dimanche, le Monarque avait promis d'assouolir de 30% les surfaces constructibles.
 
Jeudi, les premières images et videos d'un Nicolas Sarkozy souriant au milieu d'ouvriers multi-couleurs sont rapidement relayés par les médias. On entend un candidat présumé refuser de répondre à un employé du chantier sur son éventuelle candidature. la boutade ne dupe personne. Les photos sont nombreuses, presqu'autant que les participants au chantier. Nicolas Sarkozy put croiser près d'une centaine d'employés.
 
Assez rapidement, sur Twitter puis dans leurs médias respectifs, les journalistes accrédités relèvent la manipulation. Pour le Monde, Arnaud Leparmentier s'agace des habituelles et donc prévisibles petites phrases sans intérêt dans un article publié le soir même et titré « La visite bien orchestrée de Sarkozy pour revendre sa "France de propriétaires " ». On est déjà surpris que le Monarque ait pu visiter un chantier un jour de grand froid. Les ouvriers présents étaient donc présents par courtoisie républicaine. On leur avait demandé de faire semblant de travailler. Ils portaient des casques et leur tenue de travail. Pire, Nicolas Sarkozy insista lourdement sur la température qui, normalement, les empêchait d'être présent:
 
Le lendemain, il y a pire. Europe 1 révèle, témoignages d'employés du chantier à l'appui, que les communicants de Nicolas Sarkozy avaient demandé davantage d'ouvriers. L'entreprise avait dû rameuter des employés d'autres sites et des fournisseurs. Le spectacle était complet: on avait même des figurants.

"Ils voulaient plus de monde autour de Nicolas Sarkozy". Un cadre du chantier de Mennecy, dans l'Essonne, qu'a visité jeudi le chef de l'Etat, s'est confié anonymement à Europe 1. Selon lui, l'Elysée aurait organisé dans les moindres détails ce déplacement, allant jusqu'à demander de doubler les effectifs le temps du passage du président.

A L'Elysée, on était furax. L'opération était plantée. Vendredi, l'affaire s'emballe. Le Nouvel Obs (à 8h50), Ouest France, La Nouvelle République, La Voix du Nord, et quelques dizaines d'autres encore.
 
Dans la journée, l'Elysée dément avoir voulu gonfler les effectifs du chantier: « C'est  n'importe quoi ! ». La justification est drôle: « tous les ouvriers présents étaient  concernés par le chantier, l'entreprise les avait conviés ». Conviés par -8 degrés... Ouarf !
 
Un conseiller élyséen fut même « ulcéré », rapporte Nathalie Schuck du Parisien, des réactions médiatiques négatives. « C’est fou de croire qu’on fait de la mise en scène! Oui, c’est organisé, oui on dit aux gens : Attention, le président vient, mais on n’embauche personne! »...
 
Sans rire, c'est fou.
 
Il manquait une explication: mais pourquoi donc des ouvriers étaient-ils sur un chantier alors que le code du travail aurait du les y empêcher d'y travailler ? Mais pourquoi donc Nicolas Sarkozy ne portait-il pas de casque ce jeudi ?
 
Mais pourquoi ?

 

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5 février 2012 7 05 /02 /février /2012 15:17
| Par Marine Turchi

C'est un tournant dans une campagne présidentielle, qui, jusque-là, n'avait pas ouvertement franchi la ligne jaune. En une semaine, le FN et l'UMP ont renoué avec leurs vieilles habitudes sans hésiter à la piétiner.

Samedi 4 février, devant 300 jeunes de l'association étudiante (très à droite) UNI, réunis pour un colloque à l'Assemblée nationale, Claude Guéant a lancé : «contrairement à ce que dit l'idéologie relativiste de gauche, pour nous, toutes les civilisations ne se valent pas» (lire notre récit sur ces réunions à huis clos). Dans le discours, le ministre de l'intérieur appelle à «protéger notre civilisation». «Celles qui défendent l'humanité nous paraissent plus avancées que celles qui la nient», argumente-t-il, ajoutant : «celles qui défendent la liberté, l'égalité et la fraternité, nous paraissent supérieures à celles qui acceptent la tyrannie, la minorité des femmes, la haine sociale ou ethnique».

Des propos qui ont déclenché de nombreuses réactions d'indignation à gauche. «La provocation pitoyable d'un ministre réduit à rabatteur de voix FN», a dénoncé le socialiste Harlem Désir. Claude Guéant, lui, «ne regrette pas». Sur RTL, dimanche matin, il a même persisté et signé :

 

 

Ce discours nous replonge dans le débat sur l'identité nationale, organisé par feu le ministère de l'immigration et de l'identité nationale, fin 2009, et qui s'était transformé en défouloir raciste. L'intitulé du colloque de l'UNI était d'ailleurs très clair: «Vaincre pour la France». A quatre-vingts jours de l'élection présidentielle, l'UMP tente donc de remobiliser la frange droitière de son électorat.

En témoigne cet autre «épisode» de la semaine: la stigmatisation des «étrangers» sur le site du parti présidentiel, qui invite les internautes à répondre à des «questions de la semaine» à la formulation effarante. Exemple: «Pour lutter plus efficacement contre les actes de délinquance commis par une frange de la population qui a fait de la violation de la loi pénale son mode habituel de vie, doit-on expulser les étrangers auteurs de tels faits?» (voir notre article). Comment ne pas évoquer aussi cette phrase lâchée par le chef de l'Etat lui-même, jeudi, sur un chantier, dans l'Essonne? «Cela change du pays, quand il fait moins 8», a-t-il lancé en s'adressant à un travailleur noir.

Si l'UMP se radicalise, c'est évidemment parce qu'elle est en difficulté (lire nos analyses ici et ). Mais c'est aussi parce que le Front national lui a, cette semaine, libéré un espace. En effet, en participant le week-end dernier à un bal de l'extrême droite en Autriche (lire notre récit), Marine Le Pen a renoué avec les habitudes de son père. Les avait-elle vraiment abandonnées? La présidente du FN n'a d'ailleurs pas désavoué Jean-Marie Le Pen, qui s'est fendu à cette occasion d'une énième provocation: «J'ai moi-même assisté à cette magnifique manifestation qui retrace d'ailleurs le Vienne du XIXe siècle, c'est Strauss, sans Kahn, si vous voulez», a-t-il lancé sur France-3. «Un trait d'humour», a-t-elle commenté.

SOS Racisme a dénoncé un «bal immonde pour nostalgiques du IIIe Reich», le Front de gauche une «VRP de la haine en week-end» et le Modem un «bal tragique» qui fait «tomber le masque» de la candidate frontiste. L'Union des étudiants juifs de France (UEJF) s'est «s'inquiétée du silence de la société civile et de la classe politique». Le PS a très tardivement réagi. L'UMP, elle, s'est bien gardé de le faire. Et pour cause: le parti présidentiel a opté pour une triple stratégie: ne pas taper trop fort sur Marine Le Pen, chasser sur ses terres et obliger le PS à se positionner sur ces questions (lire notre enquête sur la riposte au FN).

Un cadre de l'UMP l'a d'ailleurs formulé ainsi à Mediapart: «A l’UMP, on n’a pas intérêt à donner l’impression que notre adversaire c’est le FN, ni à lui donner de l’importance. Son électorat est volatil, on en aura besoin au second tour, il ne faut pas le braquer.» Il faut «en parler, mais pas trop abondamment. On tape fréquemment sur son projet, mais en restant sur l’économie et le social. On n’a pas intérêt à parler des autres thématiques (immigration, peine de mort, etc.), on a peur d’être moins audible.»

«Que la France reste la France»

Dans ses interventions d’ailleurs, Nicolas Sarkozy ne cite jamais la présidente du FN, mais accumule clins d’œil et appels du pied à ses électeurs. Quand il célèbre les six cents ans de la naissance de Jeanne d’Arc. Ou lors de ses vœux aux forces économiques, le 19 janvier, lorsqu’il évoque «ceux qui souffrent» et se «tourn(ent) vers celui qui crie le plus fort, non pas parce qu'il a la solution, mais parce que, au moins, il exprime une colère». «Dans un pays en difficultés, celui qui crie le plus fort est souvent le plus entendu», a-t-il redit sur huit chaînes, le 29 janvier. Ou encore quand, ce même 29 janvier, il envoie Gérard Longuet à Perpignan inaugurer hier matin le centre de documentation des Français d'Algérie à Perpignan (lire ici), où ce dernier chantera à plein poumons «Le chant des Africains» (devenu celui de l'OAS).

Mediapart n'a eu de cesse de raconter ce virage d'une partie de l'UMP (retrouvez notre dossier complet sous l'onglet «Prolonger»). Cette UMP au pouvoir devenue une droite extrême et extrêmisée, flirtant avec le Front national (lire notre enquête). «Lepénisation», le mot a été lâché, à gauche, mais aussi à droite, par Yves Jégo, proche de Borloo. Combien de parlementaires, de (anciens) ministres, d'élus locaux ont dénoncé une «course après le Front national»? (comme Hervé Gaymard, Jean-Pierre Raffarin, Rama Yade, Dominique de Villepin, etc). Pendant le débat sur l'identité nationale (novembre 2009-février 2010), pendant celui sur l'islam (mars 2011), ou encore lors dans la séquence qui a suivi le discours sur Grenoble (juillet 2010) et la circulaire sur les Roms.

Dans la perspective de la présidentielle, Nicolas Sarkozy joue sur deux registres, comme nous l'écrivions déjà en septembre dernier: d'une part le président qui «rassure» et «protège» dans la crise, d'autre part celui qui agite les peurs. Cette dernière tâche est assurée par son bras droit Claude Guéant, aidé en cela par le collectif de députés de la Droite Populaire.

L'arrivée au ministère de l'intérieur de Claude Guéant a sonné le début d'une surenchère, qui n'a rien d'une série de dérapages incontrôlés (lire notre article «Claude Guéant, porte-drapeau des thèses de l'extrême droite» et notre enquête sur cinq ans de «mots du FN dans la bouche de l'UMP»). Le 20 décembre encore, le ministre de l'intérieur avait annoncé des «mesures spécifiques» contre «la délinquance étrangère», promettant qu'un texte «sera déposé avant l'élection» présidentielle. En un an, il a fait du modèle d'assimilation des immigrés le credo du gouvernement (lire l'analyse de Carine Fouteau). Le 11 décembre, il réclame des immigrés «gentils» et «polis», demandait qu'ils respectent «l'art de vivre français».

Le 29 novembre, il répète: «Pour que l'intégration se fasse (...), il faut qu'il y ait moins d'immigrés accueillis chaque année.» Deux jours plus tôt, il explique que la France accueille chaque année 200.000 étrangers et que c'est «trop». Il va jusqu'à reprendre la comparaison favorite de Marine Le Pen: «C'est l'équivalent d'une ville comme Rennes». Le 17 novembre, il estime que «les immigrés que nous accueillons doivent adopter nos coutumes» et demande que les étrangers naturalisés signent une «charte des droits et devoirs du citoyen français», à partir du 1er janvier 2012.

Dès mars 2011, Claude Guéant avait montré la voie à suivre à l'UMP. «Les Français, à force d'immigration incontrôlée, ont parfois le sentiment de ne plus être chez eux, ou bien ils ont le sentiment de voir des pratiques qui s'imposent à eux et qui ne correspondent pas aux règles de notre vie sociale», explique ce jour-là Claude Guéant (vidéo ci-dessous à 7 minutes). Marine Le Pen applaudit et lui offre «une carte d'adhérent de prestige», elle qui évoque constamment «le sentiment que l'on se sent dépossédé de notre pays» (voir notre vidéo).

 

 

Dérapage du ministre? Non, une variante de son entretien de la veille dans Le Monde: les Français «veulent que la France reste la France» et «que les nouveaux arrivés adoptent le mode de vie qui est le leur, ils veulent que leur mode de vie soit respecté». Ces phrases, il les répétera le 3 juillet, le 22 octobre, le 17 novembre. Le 4 avril, il avait également soutenu que «l'accroissement du nombre des fidèles de cette religion, un certain nombre de comportements, posent problème.»

Le parti présidentiel a embrayé. Tout l'automne, UMP et FN se sont d'ailleurs livré à une surenchère contre le vote des étrangers aux élections locales. Marc-Philippe Daubresse, secrétaire général adjoint du parti - et pourtant centriste - avait alors promis de mener une «grande campagne de mobilisation» sur cette question, «contraire à nos valeurs».

«Lepénisation», le mot est réfuté par les principaux intéressés. «Je n'ai rien à voir avec le Front National, rien de commun avec le FN»; «Jamais je n'aurai les théories, les thèses folles du Front national», s'est justifié Claude Guéant tout l'hiver. Son axe de défense est inchangé: la majorité des Français réclamerait cette politique.  «Il y a beaucoup de Français en attente de sécurité et de maîtrise de l'immigration. (...) Je parle de l'immigration parce que c'est un sujet qui préoccupe beaucoup les Français», dit-il encore le 29 novembre sur RTL. «Les Français attendent», «les Français veulent», répète-t-il. Que place le ministre derrière cette notion «les Français»? En décembre, il a donné quelques éléments de réponse, sur France 5: «Si des électeurs du Front national trouvent que je réponds à leurs attentes, j'en suis content».


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5 février 2012 7 05 /02 /février /2012 15:02

 

realpolitik 05/02/2012 à 12h54
Pierre Haski | Cofondateur Rue89

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Le double veto russe et chinois sauve Assad pour le moment (par Hexie Farm)

 

Bienvenue au monde de la realpolitik, où le jeu des grandes puissances émergentes n'a rien à envier au cynisme dont ont fait preuve, historiquement, les maîtres du monde d'hier. Ce monde s'est dessiné sous nos yeux samedi soir, au Conseil de sécurité de l'ONU, avec le double véto chinois et russe à une résolution sur la Syrie.

Le double véto a tué le texte sur les massacres syriens pourtant soutenue par les treize autres membres de la plus haute instance des Nations Unies.

Le projet de résolution soutenait le plan de la Ligue arabe qui prévoit la mise à l'écart du président syrien Bachar al Assad, et dénonçait les violations des droits de l'homme commises par le régime syrien.

Susan Rice, l'ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU, a eu des mots très durs pour Pékin et Moscou lors du débat du Conseil de sécurité sur la Syrie :

« Ils (les dirigeants russes et chinois) auront sur les mains toute effusion de sang supplémentaire ».

Cet échec diplomatique prive la communauté internationale de tout levier légal pour peser sur la situation intérieure en Syrie, qui a vu une accélération de l'ampleur des massacres ces derniers jours, avec l'emploi d'armes lourdes contre les manifestants à Homs, ou le déploiement de chars dans les environs de Damas.

Pourquoi la Chine et la Russie prennent-elles le risque d'apparaître ainsi comme les protectrices d'un dictateur qui cherche à écraser sans merci son peuple qui demande inlassablement son départ depuis des mois ? La réponse est double :

1 Le rapport de force international

 

Il y près d'un an, le 18 mars 2011, le Conseil de sécurité de l'ONU adoptait par dix voix sur quinze, sans vote négatif ni véto, la résolution 1973 qui autorisait le recours à la force contre le régime du colonel Kadhafi en Libye.

On connait la suite, six mois plus tard, Tripoli tombait entre les mains des rebelles soutenus et armés par l'Otan, et Kadhafi, un vieil ami despotique de Moscou, était achevé après sa capture.

Vu de Pékin et Moscou, les Occidentaux les ont roulés dans la farine, utilisant une résolution destinée à « protéger les populations civiles » pour renverser un régime légal et reconnu. A aucun moment, en effet, la résolution 1973 que Pékin et Moscou ont laissé passer sans véto, n'autorisaient l'armement des rebelles, ou le rôle plus actif qu'il n'a été admis, des armées étrangères dans le renversement du pouvoir de Kadhafi.

Ce marché de dupes de 2011, qui a donné à l'Otan une de ses plus éclatantes victoires militaires de son histoire, sans la moindre victime dans ses rangs, sert de leçons aux dirigeants chinois et russes qui continuent d'observer la planète en termes de rapports de force.

Ils ont marqué samedi leur refus de voir se répéter, un an plus tard, le même scénario avec une résolution aux apparences anodines, mais qui ouvrait la voie à une ingérence bien plus grande dans les affaires intérieures d'un Etat souverain, vieux « client » de Moscou de surcroit dans le cas des Russes. La question des massacres n'intervenant que très secondairement dans l'analyse de la situation.

Ainsi émerge le nouveau rapport de force international, dans lequel les Occidentaux ont perdu leur influence dominante, et dans lequel les émergents, comme la Chine, longtemps un acteur passif, ou la Russie qui retrouve progressivement ses marques de l'époque soviétique, se posent en acteurs majeurs d'un jeu biaisé.

2 Le refus de l'ingérence

 

« N'autorise pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu'on te fasse » : c'est en quelque sorte le principe qui dicte la brutalité du véto chinois et russe au projet de résolution en Russie.

Qu'on se place un instant du point de vue des dirigeants chinois. Ceux-ci sont actuellement confrontés à une vague de protestations au Tibet, qui a vu plus d'une dizaines de moines s'immoler, des protestations se terminer dans le sang comme récemment au Sichuan...

C'est avec cette grille de lecture que Pékin dissèque les projets de résolution à l'ONU : ne pas créer de précédents qui puissent se retourner contre elle, si demain, l'Inde et quelques autres pays décidaient de demander au Conseil de sécurité de « protéger » les populations civiles des zones tibétaines ou ouigour de la République populaire.

Le rasisonnement s'applique autant à la Russie qui est impliquée dans plusieurs conflits internes ou sur ses marches, comme la Tchétchénie, l'Ingouchie, Ossétie...

La caractéristique commune de ces deux pays est l'absence de poids de l'opinion publique sur la politique étrangère lointaine. Autant, dans le cas de la Chine, les dirigeants doivent tenir compte des sensibilités de leur population s'agissant du Japon, ou même, on l'a vu récemment, de l'aide économique éventuelle au renflouement de l'Europe, autant un mouvement de révolte dans un pays inconnu (pour eux) comme la Syrie ne suscite aucune sympathie naturelle en l'absence d'information indépendante.

D'autant que les révolutions tunisienne et égyptienne ont suscité pas mal de nervosité à Pékin où le mot « jasmin » a été censuré sur internet, et de maladroits appels à faire de la Chine le « domino » suivant dans la liste ont provoqué une vague de répression dans les milieux dissidents.

En Russie, ces événements coincident avec un réveil inattendu de l'opposition et de la société civile, à l'occasion des élections législatives de décembre.

Moscou et les grandes villes ont connu des manifestations populaires sans précédent depuis la fin de l'URSS, prenant pour cible Vladimir Poutine et son retour annoncé à la présidence de la Russie après l'intermède Medvedev. Poutine a ouvertement accusé les Américains d'être derrière ces protestations qui pouvaient préfigurer une tentative de « révolution de couleur » comme en Ukraine, Géorgie, Moldavie etc.

L'élection présidentielle russe du 4 mars, dans moins d'un mois, justifie amplement le raidissement diplomatique de Moscou : pas de cadeau.

Le prix à payer pour Pékin et Moscou ne sera pas tant en interne -seuls les opposants convaincus et politisés seront choqués- que dans les opinions publiques occidentales et arabes, abreuvées d'images des massacres de Syrie, et qui ne comprendront pas que ces deux grands pays se rangent du côté du bourreau. La Chine et la Russie peuvent vivre avec cette impopularité-là.

Manif samedi devant le Consulat russe à Lyon
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3 février 2012 5 03 /02 /février /2012 16:51
| Par La rédaction de Mediapart

La radio Europe 1 révèle ce vendredi matin que la visite de Nicolas Sarkozy jeudi dans l'Essonne, sur un chantier de construction à Mennecy, a été fabriquée par la communication de l'Elysée.

Un cadre du chantier raconte en effet que la communication présidentielle voulait «plus de monde autour de Nicolas Sarkozy». Du coup, les effectifs ont été doublés, passant de 60 à 120. Des ouvriers venant d'autres chantiers ont été réquisitionnés : fournisseurs, partenaires, chefs de chantier et «parfois même des inconnus travaillant à l'autre bout du département», précise Europe 1.

Les ouvriers, vrais comme faux, ont en outre été obligés de faire semblant de travailler. En raison de la température, tout travail aurait en effet dû être interdit ce jour-là. «D'ailleurs, dès la fin de la visite, tous les ouvriers sont rentrés chez eux», ajoute la radio.

L'explication donnée par l'Elysée vaut son pesant d'or : «Nous avons simplement voulu donner la possibilité d'être présents, à tous ceux qui ont, par le passé, ou auraient à l'avenir à travailler sur ce chantier.»

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3 février 2012 5 03 /02 /février /2012 14:04

 

« Ils en ont parlé » 02/02/2012 à 18h41
Mathieu Deslandes | Journaliste Rue89
La menace d'un nouveau 21 Avril n'y fera rien : ils ne cèderont pas à la pression du vote utile. Ces électeurs de tous âges nous expliquent pourquoi.

Des manifestants anti-Le Pen après le premier tour de la présidentielle, le 22 avril 2002 (Jacky Naegelen/Reuters)

 

Ils n'en peuvent plus. Dès qu'ils discutent de la présidentielle, il se trouve toujours un collègue, une demi-sœur ou « les médias » pour leur faire la morale et les encourager à voter « utile ». C'est-à-dire François Hollande, quand on est un électeur de gauche – même si les autres candidats ont tellement intégré cette injonction qu'ils prétendent tous que « le vrai vote utile », c'est eux.

« Utile » ? « Quand on m'en parle, je réponds : le vote utile, je me torche avec », raconte Alex, 38 ans, producteur à Paris. Olivier, 48 ans, un gérant d'Arras que seul Nicolas Hulot avait réussi à enthousiasmer, vomit cette « obligation des bien-pensants ». Et quand Maxime, 57 ans, entend cette expression, il « ne [se] sen[t] plus en démocratie ». Eleveur dans le Limousin, il supplie :

« Ne me forcez pas la main ! »

« Je n'irai pas sauver la République »

Ces trois hommes constatent autour d'eux que la pression en faveur du vote utile émane souvent « des jeunes ».

Une question d'expérience ? Si Sophie, 18 ans, explique que le vote utile lui semble « malheureusement nécessaire pour pouvoir voter à gauche au deuxième tour », Christine, 55 ans, estime qu'elle a passé l'âge de sacrifier sa liberté : « Je voterai comme je veux. » Mélenchon, « probablement ».

Mais le bon critère n'est sans doute pas tant l'âge que le degré de politisation. Pierre, 26 ans, enseignant qui milite à Sud, refuse ce qui lui apparaît comme une « négation de la démocratie, le renoncement à toutes ses aspirations pour la logique du moins pire ». Il dit :

« Si le FN et l'UMP sont au deuxième tour, je ne me déplacerai même pas. Que l'on ne compte pas sur moi pour soutenir un parti qui s'acharne à détruire la vie de millions de travailleurs, qui méprise jusqu'à la notion même de vote – je pense à l'épisode du traité de Lisbonne – et qui s'affiche ouvertement xénophobe.

Non, je n'irai pas sauver la République car il y a bien longtemps que celle-ci ne sauve plus grand monde, excepté ses élites. »

« On a voté Chirac en se bouchant le nez »

Journaliste à Paris, Henri, 30 ans, est d'accord : « Le vote utile, c'est une manière de fermer le débat politique. Ça empêche la discussion sur les sujets de fond en mettant une forme de pression. » Lui a donné sa voix à José Bové en 2007, à Arnaud Montebourg à la primaire socialiste.

Certains ont eu l'impression de s'être déjà deux fois fait « voler » leur vote. En 2002, évidemment. Et en 2007, animés par la peur ou la culpabilité rétrospective. Nicolas, documentaliste :

« Mes copains ont voté Chirac en se bouchant le nez et cinq ans plus tard, Royal en serrant les dents. Ça nous arrachait la gueule, elle représentait tout ce qu'on détestait. Et elle s'est vautrée. »

Il explique qu'il ne veut pas se faire avoir trois fois. Le 22 avril, il votera « à gauche de la gauche ». Selon ses convictions. Même détermination chez Bernard. Cet ingénieur arlésien à la retraite a choisi un « vote utile pour la France », François Bayrou.

Sélection des candidats par les sondages

On les invite à soutenir Hollande pour être sûrs de « battre Sarko » ? Ils rêvent d'un vote d'adhésion, pas d'un choix par défaut. Et se désolent que l'élection la plus importante soit celle où ils s'expriment avec le moins de sincérité.

Il y a chez eux la volonté de prendre la promesse démocratique au pied de la lettre. Ils soulignent que les appels au vote utile découlent d'une présélection des candidats « par les instituts de sondage et les médias ».

Ils considèrent qu'on ne peut pas proclamer que des candidats sont libres de se présenter et que les électeurs sont vraiment libres d'exercer leur choix si l'on accepte d'entrer dans ce jeu-là.

« Prétendre que des choix sont inutiles révèle un mépris pour les options alternatives qui me fout les nerfs », s'énerve Thierry, un VRP lyonnais de 49 ans. Pour lui, tout cela relève d'une « escroquerie intellectuelle et politique ».

Si l'on va au bout de cette logique, autant supprimer le premier tour, suggère Cédric, doctorant en mathématiques appliquées. Car à quoi sert-il, « sinon à justifier les subventions aux petits partis, tout en légitimant les grands, dont on en vient à oublier d'où leur vient cette légitimité » ?

« La seule solution trouvée par les socialistes »

Frédéric Sawicki, professeur de science politique à Paris-I, rappelle :

« Certes, l'argument avait été utilisé en 1981 pour expliquer aux électeurs communistes que seul le candidat socialiste avait des chances de battre Giscard.

Mais l'importance prise ces dernières années par le thème du vote utile est aussi le signe de la perte de part de marché des deux partis dominants. »

C'est « la seule solution trouvée par les socialistes pour tenter d'obtenir des votes de l'extrême gauche », regrette ainsi Clémentine, 25 ans, assistante d'éducation :

« Plutôt que d'évoquer des propositions convaincantes, ils préfèrent nous rappeler que si ce n'est pas eux, ce sera la droite et que notre choix se résume à cela. »

Et nul doute que l'on retrouvera le discours symétrique chez les responsables de l'UMP s'ils ne parviennent pas à négocier avant l'élection le retrait des « petits » candidats de droite. Jean-Michel, 25 ans, ne l'a pas attendu pour proclamer : « Je voterai utile. Pour Nicolas Sarkozy. »

 

 

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1 février 2012 3 01 /02 /février /2012 14:45
Laureline Dupont - Marianne | Mercredi 1 Février 2012 à 15:03
Pour la première fois de son histoire, Marianne2 souhaite rendre hommage au chef de l’Etat. Le président-candidat nous a surpris en formulant pour la presse française des vœux acerbes, incisifs, à la limite de l’humiliation. Pour une fois, personne ne pourra lui reprocher d’avoir dragué les journalistes en vue des élections.



Devant le Château, ce mardi 31 janvier, 600 journalistes se bousculent pour pénétrer les premiers dans la salle des Fêtes de l’Elysée. Très peu d’anonymes (très peu de jeunes donc) et beaucoup de grands patrons, directeurs de rédaction et éditorialistes de choc (beaucoup de plus de 55 ans en somme) venus courtiser leur président bien-aimé. Au premier rang devant la tribune, Jean-Pierre Elkkabach et Olivier Mazerolles trépignent d’impatience à l’idée de voir, d’entendre, de toucher qui sait, Nicolas Sarkozy. 
 
Pourtant, la cérémonie a bien failli ne pas voir lieu, dixit le monarque en personne : « Je voudrais dire que j’ai hésité avant de vous présenter mes vœux. » Par crainte que des petits malins lui posent les questions qui fâchent sur les écoutes de journalistes dans l’affaire Bettencourt ou sur la manipulation des médias lors de son voyage en Guyane ? Pas du tout. Les tergiversations du président tournaient autour d’une question nettement plus terre-à-terre : « Quand on présente des vœux, est-ce qu’on est sûr de recevoir les mêmes en retour ? » Ah, pauvre Sarkozy. Lui qui rêve encore que la presse l’idolâtre ne sait plus quoi faire pour obtenir un soupçon de clémence de la part de ces sacrés journalistes. Seul Serge Dassault, droit comme un « i » devant le pupitre du chef de l’Etat, tient encore ses troupes. Quoique... Ce cabochard d’Alexis Brézet, rédacteur en chef du Figaro Magazine, a quand même trouvé le moyen de consacrer tout un dossier à François Bayrou. Inédit. Si même la Pravda ne chante plus les louanges du régime...

Infidélité

« Je ne voyais pas dans le couple que nous formons les stigmates d’un divorce. […] Je vois bien vos tentatives pour me remplacer, pour voir de nouveaux horizons. » Sourire narquois de Sarkozy, ravi de se payer le luxe de jeter leurs si peu nobles penchants adultérins à la figure de ces centaines de journalistes venus l’écouter religieusement après cinq ans de mandat.
La presse, femme instable, volage, indisciplinée ? Douteuse métaphore dans la bouche de celui qui a mobilisé six chaînes de télévision pour son intervention dominicale, malgré les cris d'orfraie poussés par l'opposition. A moins que la masse médiatique ne soit, dans l’esprit du monarque, qu’une fille de joie que l’on sonne selon son humeur et ses envies... « Avec l’expérience, on se dit que tous ces sentiments n’ont pas leur place entre les politiques et les journalistes, je dirais même que le mot sentiment est déplacé. » Message reçu.

Prédiction

Quant à l’avenir de ces journaux désobéissants, Nicolas Sarkozy l’imagine sombre. « Vous verrez les réseaux sociaux s’emparer de la sphère politique, chacun devient un média à part entière », jubile-t-il avant de lancer, giscardien, : « Vous n’avez plus le monopole de l’information, vous n’avez plus le monopole des médias. » Jubilatoire pour celui qui se sent si maltraité par cette presse pour laquelle il a pourtant débloqué « 580 millions d’aides supplémentaires », comme il l'a encore rappelé ce 31 janvier. Preuve de sa bienveillance à l’égard de sa vieille maîtresse ou tentative désespérée d'exercer une pression sur un organe qui se sentirait redevable parce que dépendant de son bon vouloir ?  
 
Après une conclusion en forme de prophétie – « La presse écrite est à la presse ce que les usines sont à l’économie : les premières à disparaître »-, le chef de l’Etat a rendu un bref hommage aux 106 journalistes décédés cette année dans le monde. Avant de retrouver son cynisme en ironisant sur « le bonheur d’exercer le pouvoir dans un pays où il sort autant d’ouvrages sur le président que de premiers romans ». Fin du discours, applaudissements de la salle, comme si les journalistes redemandaient de nouveaux sceaux d'opprobe. Pas de questions-réponses. Seuls quelques privilégiés auront droit à des bribes de « off » car aux yeux de Sarkozy, les journalistes ne sont jamais meilleurs que quand on leur dicte leurs articles. Pardon, quand on les « aide » à travailler....
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1 février 2012 3 01 /02 /février /2012 14:20

 

La bande du ciné 01/02/2012 à 12h51
Pierre Haski | Cofondateur Rue89
 

Badia a 20 ans et une philosophie personnelle décoiffante :

« Je ne vole pas, je me rembourse. Je ne cambriole pas, je récupère. Je ne trafique pas, je commerce. Je ne me prostitue pas, je m'invite. Je ne mens pas. Je suis déjà ce que je serai. Je suis juste en avance sur la vérité : la mienne ! »

Bienvenue à Tanger, pas la ville mythifiée par Paul Bowles. Non, l'envers de ce décor romantique : la zone franche et ses ouvrières en batterie, tête de pont de la mondialisation, sas de toutes les migrations, internes et externes, cul-de-sac de beaucoup de rêves.

« Sur la planche », le premier film de fiction de la réalisatrice marocaine Leïla Kilani, présenté l'an dernier à Cannes dans le cadre de la Quinzaine des réalisateurs, vous emmène à un rythme éperdu dans les pas de quatre jeunes filles qui refusent la voie qui leur a été tracée.

Comment échapper à l'univers chaplinesque (celui des « Temps modernes ») de la zone franche, avec ses barbelés et ses vigiles, ses usines géantes et l'univers répétitif des cadences infernales ?

Les héroïnes de « Sur la planche » volent un peu, trafiquent un peu, séduisent un peu, organisent un monde fait de petites combines et de grands risques. Elles ont l'énergie désespérée de celles qui refusent leur condition et leur déterminisme de femmes, de provinciales, d'ouvrières.

Les révolutions arabes ne sont pas loin

Ce film, sur le mode du thriller social, décoiffe, dérange, fascine. Et, même s'il n'en parle absolument pas, il accompagne incontestablement la vague de fond des révolutions arabes. On y retrouve le mal-être d'une génération, l'insertion dans la mondialisation par son pire aspect, avec cette monstrueuse zone franche, l'absence de tabous et la détention de tous les codes de la communication moderne...

Badia et ses amies ne sont pas des révolutionnaires au sens politique du terme. Mais la frontière entre leur refus de se contenter de ce que la société leur offre et le passage à l'acte de la révolution est mince. Dans le film, elles ne la franchissent pas, se contentant de la subversion de leur comportement. A voir, assurément, pour comprendre ce qui se joue aujourd'hui de l'autre côté de la Méditerranée.

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31 janvier 2012 2 31 /01 /janvier /2012 14:39

LEMONDE.FR | 31.01.12 | 10h07

 
 

 

Pour construire une maison de 100 mètres carrés de surface habitable, il faut désormais obtenir un permis de construire de 110, 120 voire 130 mètres carrés.

Pour construire une maison de 100 mètres carrés de surface habitable, il faut désormais obtenir un permis de construire de 110, 120 voire 130 mètres carrés.AFP


Séduisante sur le papier, la proposition de M. Sarkozy d'augmenter de 30 % le coefficient d'occupation des sols (COS) voit sa portée limitée par un décret portant sur le calcul des surfaces habitables, paru le 29 décembre 2011 et qui doit entrer en vigueur le 1er mars.

Concrètement, ce décret modifie le calcul de l'emprise au sol des maisons individuelles : il faut désormais inclure tout ce qui dépasse du bâtiment, c'est-à-dire les garages sous abri, les débords de toiture (quatre-vingts centimètres en montagne contre vingt centimètres à Paris), les pergolas, les terrasses couvertes, etc. "Autant de mètres carrés qu'on n'était pas obligés de déclarer auparavant et qui viennent réduire la surface réellement dévolue au logement de nos clients", se désole Patrick Vandromme, PDG de Maisons France Confort, le premier constructeur français de maisons individuelles (570 millions d'euros de chiffre d'affaires).

Autrement dit, pour construire une maison de 100 mètres carrés de surface habitable, il faut désormais obtenir un permis de construire de 110, 120 voire 130 mètres carrés, selon la configuration du projet. Augmenter le COS de 30 %, comme le préconise M. Sarkozy, permettra donc peu ou prou de revenir à la situation antérieure pour les maisons individuelles, mais aucunement de booster l'offre de logement.

Cédric Pietralunga

 


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31 janvier 2012 2 31 /01 /janvier /2012 12:47

 

LEMONDE | 31.01.12 | 11h25   •  Mis à jour le 31.01.12 | 11h52

 
 

 

En France, le groupe Anonymous revendique le blocage de plusieurs sites officiels : il s'oppose à toute régulation d'internet - ici, le 10 décembre 2011 à Paris.

En France, le groupe Anonymous revendique le blocage de plusieurs sites officiels : il s'oppose à toute régulation d'internet - ici, le 10 décembre 2011 à Paris.AFP/FRED DUFOUR


Blocages de sites institutionnels, divulgation de données concernant des policiers, mais aussi manifestations à visage couvert dans les rues de grandes villes françaises, samedi 28 et dimanche 29 janvier. Ces dernières semaines, les "hacktivistes" – contraction des mots "hackers" et "activistes" – d'Anonymous multiplient les actions d'éclat, particulièrement en France. Dimanche, ils revendiquaient le blocage du site du ministère de l'intérieur consacré à l'immigration. Mardi 31 janvier, c'est le site de la Révision générale des politiques publiques (RGPP) qu'ils ont piraté.

Qui sont les Anonymous? Derrière le masque qui est l'un de leurs symboles, c'est un mouvement aux multiples visages. Décentralisé, sans hiérarchie établie, Anonymous ne ressemble à aucun autre collectif de militants. Il n'est pas organisé en parti ou association, ni même en groupe se réunissant régulièrement. Tout un chacun peut se déclarer Anonymous, participer à une opération ponctuelle, parler en son nom – sans que ses propos n'engagent les autres internautes manifestant sous la même bannière.

 

"NOUS SOMMES LÉGION"

Les Anonymous défendent la liberté d'expression et la transparence, celle des entreprises et des Etats. Ils revendiquent le droit à la vie privée, le droit de s'exprimer sans entraves, et sont opposés à toute régulation du Web, vu comme le dernier espace de liberté réelle. Apparus pour la première fois en 2008, dans le cadre d'un mouvement de contestation contre l'Eglise de scientologie, ils ont adopté certains codes : le masque du révolutionnaire anglais Guy Fawkes, popularisé par le film V pour vendetta, mais aussi une rhétorique insistant sur le caractère mouvant et insaisissable du mouvement, comme le "Nous sommes légion" emprunté à la Bible.

Informel, le mouvement regroupe tous types de militants. En France, plusieurs personnes soupçonnées d'avoir participé à des actions d'Anonymous ont été arrêtées ces derniers mois: un adolescent de 15 ans, il y a un an, et, jeudi 26 janvier, un militant de la décroissance, soupçonné d'avoir participé au blocage du site Internet d'EDF en avril et juin 2011. Mis en examen pour "entente en vue de l'entrave au fonctionnement d'un système de traitement automatisé des données" et placé sous contrôle judiciaire, il nie toute participation aux fait qui lui sont reprochés.

Décidées collectivement sur des canaux de discussion en ligne, les actions d'Anonymous revêtent le plus souvent la forme d'"attaques par déni de service", une technique consistant à saturer un site Web en multipliant les requêtes. Après la fermeture du site de téléchargement direct Megaupload, le 19 janvier, le collectif a lancé des attaques de ce type contre le FBI, ou les sites d'artistes et de maisons de disques. Autant d'attaques ciblées très efficaces car tout un chacun peut y prendre part, en téléchargeant le logiciel, baptisé "LOIC" (pour "Low Orbit Ion Cannon"), sans grande connaissance technique. Anonymous a également utilisé récemment un nouvel outil tirant parti de la viralité des réseaux sociaux comme Twitter.

En France, le site de l'Elysée a aussi été détourné. Dans la barre d'adresse du site apparaissaient des messages comme "We are legion!"; "Sarkozy le peuple aura ta peau" ou "Megaupload". Le président de la République, Nicolas Sarkozy, avait été l'un des premiers à se féliciter de la fermeture du site de téléchargement.

DONNÉES PERSONNELLES

Mais si les Anonymous sont, pour la première fois en France, descendus dans la rue dans plusieurs villes ce week-end, c'est surtout pour protester contre la signature par l'Union européenne de l'accord commercial anti-contrefaçon (ACTA), qui vise les marchandises mais aussi le téléchargement illégal– un texte qu'ils jugent liberticide.

La contestation contre ce texte a également justifié, pour un ou des membres d'Anonymous, une attaque contre le site du syndicat Unité SGP-police FO (premier syndicat de gardiens de la paix). "Actuellement, Internet est une plate-forme mondiale pour le peuple et la liberté d'expression: il est inconcevable que cet outil soit muselé. Internet est aujourd'hui un support d'expression pour toute la planète", explique le collectif dans un communiqué. "Pour que vous compreniez l'importance de la vie privée et de la liberté, en représailles aux basses méthodes de l'Etat, nous vous divulguons les informations confidentielles de 541 policiers", poursuit-il. Une liste contenant les coordonnées et des informations personnelles de 500 délégués syndicaux circule depuis sur Internet. Violer la vie privée pour mieux la défendre?

Laurent Checola et Damien Leloup

 


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29 janvier 2012 7 29 /01 /janvier /2012 12:24

 

Le Monde - 28.01 | 10h02

 

Dans une école de Sucy-en-Brie, Laurence Russo a ajouté une matière inédite à son enseignement : "la transmission du rêve". Du 9 au 19 février, elle emmènera ses élèves de CM2 au Québec.

 

 

24 janvier 2012

L’institutrice et les petits citoyens du monde

 

Plus tard, bien plus tard, homme fait, femme arrivée, adulte calé dans sa vie, on se retourne sur son enfance. Et on se rappelle, on ne sait pourquoi, de cet instituteur. Son nom, son visage, sa voix, simplement un tic ou une scène, reviennent en mémoire. Pourquoi celui-là, pourquoi maintenant? On découvre alors tout ce qu'on lui doit, à ce maître ou à cette maîtresse, à quel point il ou elle a compté dans notre développement personnel. On aimerait le revoir. Mais qu’est-il  devenu, depuis si longtemps ? En retraite, sans doute. On en restera souvent à ce regret. L’instituteur n’en saura rien: c'est son travail, son sacerdoce, de planter profond des germes qu'il ne verra pas éclore.

A l’école primaire des Bruyères, les vingt-cinq élèves de CM2b ont bien le temps de la nostalgie, des "si j'avais su". Ils sont pour l’heure dans l’excitation des valises. Du 9 au 19 février, ils partiront, loin, plus loin qu'ils ne sont jamais allés. Au Québec.

 

Du 9 au 19 février, les élèves de Laurence Russo partent au Québec. ©Antonin Sabot / Le Monde.fr

 

Laurence Russo les guidera dans ce qu’il faut bien appeler un voyage initiatique. Depuis plus de vingt ans qu’elle enseigne, cette professeure des écoles pourrait ânonner le programme de l’Education nationale, étaler son magistère au tableau noir, trôner sur son estrade, rabâcher les leçons. Bref, "je pourrais être tranquille dans ma classe. Mais ce n’est pas ma façon de concevoir ce métier".

Laurence Russo a donc ajouté une matière inédite à son enseignement : "La transmission du rêve".

Cette science inexacte, cette discipline impalpable, impossible à noter, ses élèves vont la découvrir dans le Nouveau Monde. Sur l’île d’Orléans, près de la ville de Québec, et à Tadoussac, vers l’embouchure du fleuve Saint-Laurent, les enfants iront de découverte en découverte. Loin des buildings de Montréal, ils rencontreront les Indiens Micmacs et Hurons qui leur parleront de leur culture et de leur rapport à la nature. Ils suivront des trappeurs qui leur enseigneront les secrets de la vie en plein air. Ils feront du chien de traîneaux, des marches avec des raquettes. Ils étudieront la vie des baleines qui fréquentent les eaux du Saint-Laurent, apprendront à reconnaître la faune et la flore. Aimeront ou n'aimeront pas la roborative poutine...

 

"Le Québec devient mon axe pédagogique", explique Laurence Russo. ©Antonin Sabot / Le Monde.fr

 

Ils partageront surtout la vie de gamins de leur âge, des petits Québécois, un peu semblables, un peu différents. Depuis septembre, les élèves échangent déjà régulièrement par visioconférence.

Heureux qui, comme Ulysse... Tout cela fleure bon l’aventure, mieux l'école buissonnière, les vacances volées mais c’est en fait le très sérieux fil conducteur de l’année scolaire. "Le Québec devient mon axe pédagogique, explique Laurence Russo. Toute l’année, on va inventer ensemble autour de ce thème." Il n’y a qu’à voir les cartes et les photos sur les murs de la classe pour le comprendre : la plupart des matières, jusqu’à la grammaire, vont être empreintes du Canada.

Au retour, un travail de décryptage est prévu qui les mènera jusqu'aux grandes vacances.

L’idée est née en 2008. Les textes pédagogiques du ministère encouragent l’organisation de voyages à l’étranger. Eh bien soit ! ils iront, décide Laurence Russo. Mais pas à Londres ou Knokke-Le-Zoute. "J’ai toujours aimé les projets particuliers." Ce sera donc le Canada.

"Je n’ai rencontré sur mon chemin que des gens enthousiasmés par mon projet", assure l’instigatrice avec une diplomatie qui devrait lui valoir les palmes académiques. Dans les faits, elle a parfois dû affronter le scepticisme. "On me prenait pour une hurluberlue." Il lui faudra plus d'un an pour monter son premier voyage, convaincre des deux côtés de l’Atlantique. Elle obtient l’approbation de l’Education nationale et trouve des collègues québécois prêts à partager l’expérience, comme Jean-François Lanoue, directeur de l’école Saint-Joseph, à Tadoussac.

 

"Je n’ai rencontré sur mon chemin que des gens enthousiasmés par mon projet", assure Laurence Russo. ©Antonin Sabot / Le Monde.fr

 

Le Québec, c’est beau mais "c’est loin et c’est cher". Le voyage coûte 1500 euros par enfant. Sans être pauvre, le quartier des Bruyères ne roule pas forcément sur l'or: c'est une zone pavillonnaire plutôt de classes moyennes. "La mairie donne une subvention, le reste il faut le gagner."

Les enfants doivent trouver les deniers. Ils vendent des objets lors des brocantes ou sur le marché de Noël ou organisent une soirée Casino. Chaque fin de journée, à l’heure du goûter, ils jouent les boulangers, distribuent des pains au chocolat à leur camarades, grattant ainsi euro après euro. "Ils apprennent à être solidaires, acteurs de leur projet, explique Laurence Russo. Ils doivent se débrouiller, avoir des idées."

Les familles peuvent participer au projet au sein d'une association, Envol’moi, qui sert notamment de structure juridique pour recueillir les dons, les subventions et un peu de sponsoring d’entreprises. Cela permet d’amortir le coût du séjour même si les parents doivent mettre au bout les quelques centaines d’euros qui manquent.

Le sacrifice financier est important mais rares sont ceux qui ne le consentent pas. Infimes ceux qui ne surmontent pas leurs angoisses pour laisser partir leur fils ou leur fille. "Certains sont inquiets, bien sûr,  explique Laurence Russo. Pas facile de lâcher son petit bout à 6000 kilomètres de la maison."

Pour l’institutrice aussi, cela constitue "une sacrée responsabilité". Il faut oser, en ces temps procéduriers, assumer un tel transbordement. "Je comprends que certains enseignants, notamment plus jeunes, ne veuillent pas prendre ce genre de risque." 

Les élèves s'investissent à fond et vendent des pains au chocolat pour financer une partie du voyage. ©Antonin Sabot / Le Monde.fr

 

Pourquoi cet investissement? Le projet de Laurence Russo a été récemment primé par l’Education nationale. Mais son ambition va bien au-delà d'une récompense personnelle. Bien au-delà d'une sortie pédagogique pas banale. La professeure des écoles entend "former des petits citoyens tolérants, ouverts sur le monde".

Les intéressés mesurent-ils l’enjeu ? Pour l’heure, ils savourent surtout leur chance. "C’est bien d’aller là-bas", sait Lisa. "C’est un voyage que je ne ferai peut-être qu’une fois dans ma vie", se dit Lucie.

Les élèves de Laurence Russo se souviendront de cette balade, des belles rencontres et du froid qui pinçait les joues. Plus tard, bien plus tard, ils appréhenderont sans doute plus complètement l’enjeu de ce voyage, en mesureront l'importance. Se rappelleront-ils alors de cette institutrice un peu inconsciente qui voulait leur ouvrir des horizons nouveaux et les embarqua un jour sur un vol d’Air Canada ?

 

 

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