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26 mars 2012 1 26 /03 /mars /2012 12:04
Côté pile et côté face 26/03/2012 à 11h53
Infosignalée par
un internaute

Publiquement, Nicolas Sarkozy ne cesse d'insister : il ne faut pas faire de récupération politique du drame de Toulouse. Mercredi dernier, l'UMP s'était empressé de publier deux communiqués de presse pour critiquer Marine Le Pen et François Hollande, accusés de profiter de la tragédie pour servir leur candidature.

Et sur France Info, ce lundi matin, le président de la République, qui s'était voulu si digne la semaine dernière, a combattu les amalgames faits par le FN.

Un e-mail adressé par Sarkozy lui-même

Mais il n'y a pas que la sphère publique. Nous avons reçu plusieurs courriers de lecteurs vivant à l'étranger qui se plaignent d'avoir eu ces derniers jours un drôle de cadeau dans leur boîte mail. Un courrier électronique adressé par Nicolas Sarkozy lui-même (nicolassarkozy@campagne.lafranceforte.fr) intitulé :

« La France est une grande démocratie qui ne cédera à aucune menace. »


Capture d'écran de l'e-mail de Nicolas Sarkozy reçu par les Français de l'étranger

Comme nous vous l'avions expliqué, la méthode n'a rien d'illicite : un candidat peut profiter des listes électroniques des résidents à l'étranger pour leur écrire.

Sauf que la teneur de l'e-mail est en contradiction totale avec les paroles du Président-candidat.

Dans ce message, le Président est plutôt du genre à vanter sa dignité :

« Un assassin a voulu, selon ses propres mots, “ mettre la France à genoux ” en enlevant la vie de trois enfants, de quatre militaires et d'un enseignant.

Comme vous le savez, j'ai immédiatement interrompu ma participation à la campagne présidentielle pour assumer pleinement mon devoir de président de la République et de chef des armées.

Je me suis rendu le jour même à Toulouse pour être aux côtés des enfants, des familles des victimes et pour donner au ministre de l'Intérieur et aux forces de sécurité les instructions les plus fermes pour identifier et retrouver l'auteur de ces actes monstrueux. »

« Si les Français me font confiance... »

Ça continue de rouler des mécaniques, comme si le président de la République était censé remplacer les journaux auprès des Français de l'étranger :

« J'ai réuni, ensemble, en signe d'unité nationale, des représentants de la communauté juive et du culte musulman.

Une minute de silence a été organisée dans toutes les écoles de France à la mémoire de ces enfants martyrisés et des mesures drastiques ont été prises pour lutter contre les propagateurs de haine et de violence, des mesures que je ferai immédiatement voter en mai, si les Français me font confiance. »

Là, c'est le candidat qui prend la parole, non ? Après l'évocation de son hommage aux hommes du raid, ce n'est d'ailleurs plus que lui, et plus le Président, qui s'exprime :

« Aujourd'hui, si nous ne pouvons et ne devons rien oublier, la campagne présidentielle a repris ses droits. Je me suis rendu jeudi, à Strasbourg, pour parler des valeurs morales qui sont le fondement de notre nation et de notre République.

Vendredi, j'étais avec Jean-Louis Borloo à Valenciennes, ville métamorphosée par la rénovation urbaine, pour annoncer un nouveau plan pour désenclaver nos quartiers et transformer la vie de leurs habitants. Hier encore, à Rueil-Malmaison, j'ai défendu mon projet d'une France forte dans une Europe forte, de la production et de l'emploi.

Mes chers amis, il nous reste un mois pour bâtir la plus formidable aventure, un mois pour bousculer toutes les certitudes. Aidez-moi à construire la France forte, à faire triompher nos idées, nos valeurs, notre idéal. J'ai besoin de vous. »

Nos lecteurs se plaignent de la confusion des rôles

Cinq ou six de nos lecteurs se plaignent de ce qu'ils qualifient de « propagande », d'une confusion entre le rôle de Président et de candidat. D'autant qu'ils ne reçoivent jamais ce genre de messages de la part des autres candidats. Gaëtan, qui vit aux Pays-Bas :

« J'ai reçu des invitations pour des meetings du PS, des communications d'Europe Ecologie, mais il s'agissait le plus souvent de soutenir un candidat aux législatives, et dans un format plus classique de tract politique. Des e-mails comme celui de Nicolas Sarkozy, seulement Nicolas Sarkozy en envoie. »

 

 

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24 mars 2012 6 24 /03 /mars /2012 22:43
Libération - Aujourd'hui à 19h28
Deux candidats de gauche à la présidentielle, Eva Joly et Jean-Luc Mélenchon, ont participé samedi à Paris à un rassemblement en faveur de l'euthanasie organisée par l'association ADMD qui veut susciter le débat sur cette question durant la campagne électorale.

L'Association pour le droit à mourir dans la dignité (ADMD) qui revendique 48.000 adhérents, a réuni près de 2.000 personnes pour un meeting au Cirque d'hiver afin de réclamer une "loi d'ultime liberté" pour légaliser "l'aide active à mourir".

Pratiquement au même moment, l'association anti-euthanasie Alliance Vita a rassemblé sur l'esplanade du Trocadéro 500 militants déguisés en "clowns tristes" pour dire "non à l'euthanasie" et "oui aux soins palliatifs".

"Nous sommes très préoccupés par la pression exercée par l'ADMD sur la campagne électorale", a expliqué à l'AFP le Dr Xavier Mirabel, président de cette association qui milite parallèlement pour "une alternative à l'avortement".

Le rassemblement de l'ADMD en faveur de l'euthanasie a démarré par une intervention du maire socialiste de Paris, Bertrand Delanoë, soutien de longue date à cette cause.

"Je milite pour qu'on puisse exercer son droit à mourir dignement. C'est un des droits fondamentaux" a-t-il déclaré à la tribune du Cirque d'hiver à laquelle tous les candidats à la présidentielle avaient été conviés.

Mais seuls deux candidats ont répondu personnellement à l'invitation : l'écologiste Eva Joly et le candidat du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, tandis que Nicolas Sarkozy était représenté par le député européen Philippe Juvin et François Hollande par la députée George Pau-Langevin.

M. Mélenchon a souligné de son "attachement connu de longue date" au droit à à "décider d'éteindre soi-même la lumière" tandis que Mme Joly a indiqué vouloir "aller au delà de la loi Leonetti" qui encadre la fin de vie, pour instaurer "une aide active à mourir" strictement encadrée.

Jean-Luc Romero, président de l'ADMD et conseiller régional PS d'Ile-de-France a estimé que l'association avait "réussi son pari : faire en sorte que la question de l'euthanasie fasse débat" durant la campagne électorale.

Campagne choc

Avant ce rassemblement, l'ADMD a mené une campagne choc, ciblant Nicolas Sarkozy, Marine Le Pen et François Bayrou, les trois candidats opposés à une évolution de la loi Leonetti.

Cette loi qui interdit l'acharnement thérapeutique et autorise l'administration par les médecins de doses massives de morphine pour soulager, avec comme "effet secondaire d'abréger la vie", ne va pas assez loin, selon l'ADMD.

Le candidat socialiste, François Hollande, s'est déclaré partisan d'une évolution, pour instaurer dans "des conditions précises et strictes" une "assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité".

Jean Leonetti, l'auteur de la loi, a critiqué la position de M. Hollande : "une vraie rupture" qui consiste à "légaliser l'euthanasie". "L'acte médical ne peut être un acte de tuer. Quand une société accepte de donner la mort aux plus vulnérables, même à leur demande, elle va à l'encontre du principe même du droit à la vie qui est le fondement de nos valeurs", a souligné M. Leonetti dans une tribune publiée vendredi dans Libération.

De même, pour l'Alliance Vita, "la mise en oeuvre" de la mesure de François Hollande "ferait basculer la France dans un régime de défiance entre soignants et soignés". "Le fait qu'un soignant puisse provoquer délibérément, en toute légalité la mort" serait une "terrible régression", selon l'association.

(AFP)

 

 

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24 mars 2012 6 24 /03 /mars /2012 22:15
| Par Edwy Plenel

L’affaire Mohamed Merah est un fiasco pour le pouvoir en place. Fiasco de sa politique sécuritaire comme de sa politique tout court : la première impuissante à prévenir la dérive d’un déséquilibré connu de ses services policiers, la seconde incapable de mobiliser les alertes des diverses administrations qui l’avaient croisé. Plus essentiellement, c’est un fiasco de cette politique de la peur qui distingue le sarkozysme, dont la virulence angoissante masque la profonde inefficacité.

Ni rire ni pleurer, mais comprendre. Enoncée par Baruch Spinoza, cette exigence est celle de la raison. C’est celle de l’esprit des Lumières et de l’humanisme de la Renaissance. Celle d’une pensée qui ne cède pas aux passions tristes de la haine et de la violence. Face à des actes terrifiants comme ceux de Mohamed Merah qui, a priori, nous semblent incompréhensibles tellement ils blessent notre humanité, comprendre ne signifie évidemment pas excuser, mais apprendre pour faire en sorte que cela ne se reproduise pas. Apprendre pour prévenir. Apprendre, y compris de l’inhumanité de l’homme.

Le sarkozysme ne l’entend pas ainsi. Le président-candidat et son parti, l’UMP, rêvent de mettre en congé la démocratie et, avec elle, l’intelligence. Plus de questions dérangeantes, plus de réflexions stimulantes, plus de débats utiles, plus de critiques constructives. Rien d’autre qu’un silence général avec une seule voix autorisée, celle du pouvoir, d’un pouvoir réduit à son essence policière. Loin d’une décence due aux familles des victimes, la suspension momentanée de dans un montage vidéo qui se retourne contre son propos, l la campagne électorale se révèle une stratégie politicienne : faire taire les oppositions. À tel point que,e parti présidentiel juge indécentes les déclarations pourtant avisées, réfléchies et posées de François Bayrou, François Hollande, Eva Joly et Jean-Luc Mélenchon sur les enseignements des tueries de Toulouse et Montauban.

À la raison qui réfléchit de façon dépassionnée, Nicolas Sarkozy préfère cette déraison d’État qu’il n’a cessé de cultiver, jouant des passions, exploitant les émotions, usant des registres de l’excès et de l’irrationnel. Ainsi, jeudi 22 mars à Strasbourg, s’est-il empressé de désigner une barbarie qui nous serait étrangère, « un monstre », a-t-il asséné avant d’interdire tout commentaire, à la manière d’un tabou moral : « Lui chercher la plus petite excuse serait une faute morale impardonnable. Mettre en cause la société, montrer du doigt la France, la politique, les institutions, c’est indigne ». Il ne faudrait donc se poser aucune question sur le climat de tension qu’ont alimenté des idéologies potentiellement meurtrières qui font le tri entre les hommes, leurs humanités, leurs religions et leurs civilisations (lire ici mon analyse) ? Ni sur une société française malmenée, déchirée et divisée, travaillée par l’injustice, l’exclusion et l’indifférence, au point de laisser sans secours des enfants perdus, égarés par leur désespoir (lire là le parti pris de François Bonnet) ?

Ces grands moulinets en forme d’interdits de Nicolas Sarkozy s’accompagnent de propositions aussi liberticides qu’irréalistes. Face à la dérive criminelle d’un seul – cette « autoradicalisation salafiste atypique », qui résume l’itinéraire du tueur, selon le procureur de la République –, le président-candidat n’hésite pas à désigner comme boucs émissaires la circulation des idées et celle des hommes. Faisant fi des principes constitutionnels fondamentaux garantissant la liberté de penser et de s’exprimer, il propose de punir pénalement « la consultation de sites Internet qui appellent à la haine et à la violence », ainsi que « toute personne se rendant à l’étranger pour y suivre des travaux d’endoctrinement à des idéologies conduisant au terrorisme ». Si ces propositions se concrétisaient, elles signifieraient la naissance d’une législation d’exception qui criminaliserait les opinions jugées dangereuses par le pouvoir.

L'affaire Merah, une cascade de loupés et de ratés

Mais cette fuite en avant, affolée et précipitée, masque mal un immense embarras. Car autant dire tout net ce que, par précaution gestionnaire ou prudence électorale, les responsables politiques n’osent pas dire trop haut alors qu’ils le pensent tout bas : de bout en bout, cette histoire dramatique est un immense fiasco. Un fiasco sans étiquette politique qui met en cause nombre d’administrations, de services, de professions, de métiers – tout ce tissu de responsabilités et de compétences qui, quand elles fonctionnent de façon harmonieuse, font tenir debout la société, la protègent et la sécurisent. Mais un fiasco particulièrement accablant pour celui qui, depuis dix ans et sa nomination en 2002 au ministère de l’intérieur, prétend incarner la sécurité des Français en faisant de la « culture du résultat » son principe cardinal.

Quand on les récapitule, les « failles » spontanément évoquées par le ministre des affaires étrangères, Alain Juppé (lire ici notre article), se révèlent des gouffres dont la béance laisse pendantes d’immenses questions. En guise de résultats en effet, une cascade de loupés et de ratés, d’occasions manquées et d’alertes vaines. Avant sa dérive criminelle, Mohamed Merah fut donc un client très régulier de la justice des mineurs, un délinquant emprisonné à plusieurs reprises, un suicidaire hospitalisé et expertisé par un psychiatre, un jeune à la dérive menaçant des voisins et des voisines au nom de l’extrémisme religieux.

Mais ce fut aussi un drôle de touriste au Pakistan et en Afghanistan, tout récemment puisque durant ces deux dernières années, 2010 et 2011, à une époque et dans des régions en guerre où les routards ne sont plus de saison. Et ce fut surtout un voyageur repéré par les forces américaines en Afghanistan qui l’ont renvoyé illico en France ; une recrue terroriste potentielle fichée par les services anti-terroristes internationaux, notamment américains, qui l’avaient interdit de vol sur leurs compagnies et vers leur destination ; bref, un profil chargé et signalé comme il n’en existe guère plus de quelques dizaines dans les fichiers de l’anti-terrorisme français concernant les jeunes nationaux pouvant basculer dans l’action violente.

Et il faudrait accepter sans débat, sans commission d’enquête indépendante, sans interpellation publique légitime, comme si c’était la faute à pas de chance, que cet individu n’ait pas été surveillé de plus près ? Alors même qu’il était repéré et traité par la DCRI, ce « FBI à la française », créé depuis 2007 pour professionnaliser le « renseignement intérieur », dont un fonctionnaire l’avait même entendu de façon informelle à l’automne 2011 ? À ce fiasco de départ, celui de la DCRI qui est le plus lourd de conséquences tant la prévention des crimes est la plus efficace des polices, s’en est ajouté un deuxième : une enquête de police judiciaire qui n’a pas réussi à empêcher la tuerie dans l’école juive de Toulouse, faute d’avoir su exploiter plus rapidement les deux pistes datant du premier meurtre, celui du 11 mars, à Toulouse toujours – une annonce consultée sur Internet et un scooter de marque Yamaha.

Hélas, le croisement de ces deux éléments et du profil de Mohamed Merah n’est intervenu que le mardi 20 mars, au lendemain de la tuerie antisémite et alors que le tueur avait déjà sept cadavres à son passif. Mais il faut croire que, dans cette mauvaise série policière dont la société française a fait les frais, le fiasco devait être général. Car le final fut la malheureuse démonstration par une unité d’élite, le RAID, en théorie spécialisée dans la neutralisation de forcenés, de son impuissance à maîtriser et interpeller vivant un seul individu dont l’armement ne faisait pourtant pas le poids. Avec cette information ultime qui fait encore plus désordre : l’autopsie du corps de Mohamed Merah a montré qu’il était criblé de balles, malgré le gilet pare-balles qu’il portait, avec vingt-deux impacts sur les bras et les jambes, sans compter le tir mortel à la tête.

Politisation et privatisation de la police nationale

Dans un tel enchaînement de dysfonctionnements en cascade, l’explication par la supposée incompétence individuelle des policiers concernés ne tient pas. Trop de services impliqués, trop de métiers différents, trop de spécialités requises. Il faut plutôt la chercher du côté du mélange des genres entre police et politique dont l’effet est toujours désastreux, réussissant à affaiblir, éroder et entraver le professionnalisme des meilleurs. Car depuis maintenant dix bonnes années, Nicolas Sarkozy a fait de la police nationale son domaine réservé, flattant ses responsables, promouvant ses fidèles, imposant une conception presque prétorienne de l’institution, comme si elle était sa chose, son bouclier, son vivier. Au point de se camper lui-même, durant la crise toulousaine, en ministre de l’intérieur depuis le palais de l’Elysée tandis que le ministre en exercice était promu chef d’enquête sur place, au grand dam de la justice, de ses principes comme de ses hommes, et, plus essentiellement, de la séparation des pouvoirs.

Depuis son élection à la présidence, ses deux principaux fidèles, Brice Hortefeux de 2009 à 2011, puis Claude Guéant depuis 2011, ont été nommés à la tête du ministère de l’intéreur. Le directeur général de la police nationale, Frédéric Péchenard, est un ami d’enfance du chef de l’État. Bernard Squarcini, le patron de la DCRI, nouvellement créée par la fusion des RG et de la DST et placée à l’abri du secret défense, est un policier des Renseignements généraux qui a lié sa carrière à une fidélité manifeste à Nicolas Sarkozy. Sous cette présidence, plusieurs hauts responsables policiers sont devenus préfets de la République en récompense de leur allégeance, de la Seine-Saint-Denis à l’Isère, en passant par la zone de défense de Paris. Parmi eux, l’un des anciens chefs du RAID, unité choyée par l’ex-maire de Neuilly depuis une prise d’otages dans une maternelle, en 1993, dont l’auteur, qui s’était fait connaître sous le surnom de “Human Bomb”, fut tué par les policiers lors de l’assaut.

Totalement hors norme et sans précédent, la gestion élyséenne des tueries de Montauban et Toulouse a montré sans fard la politique qui a inspiré cette patiente et systématique prise de contrôle de l’institution policière. Politisation et privatisation en sont les deux ressorts. Une hiérarchie policière soumise à un exécutif réduit à la seule présidence de la République, docile et dévouée, sans distance ni réserve. Une imbrication néfaste des compétences professionnelles et des calculs politiciens, mélange des genres qui produit inévitablement soit des retards ou des fiascos, soit des transgressions illégitimes, voire illégales, comme dans le cas de l’espionnage policier des journalistes de l’affaire Bettencourt pour connaître leurs sources. Bref, la politisation que la police nationale avait eu bien des difficultés et mis beaucoup de temps à conjurer dans les années 1980 après les années de l’après-1968 et l’époque de Raymond Marcellin est de retour.

Qui en douterait après la mise en avant de Claude Guéant, et de lui seul, sur la piste du criminel à Toulouse, le ministre de l’intérieur et bras droit du chef de l’Etat éclipsant, au mépris du code de procédure pénale, l’autorité judiciaire, non seulement sa présence mais sa légitimité ? Qui en douterait encore en voyant les patrons de la DCRI (dans Le Monde) et du RAID (dans Le Figaro) monter au créneau de concert, avec l’aval et en soutien de leur ministre, pour tenter de justifier leurs échecs (prévenir le crime, interpeller le criminel) dans une opération de communication qui ne souffre guère la contradiction ? Dans toute démocratie adulte – c’est le cas notamment de la Grande-Bretagne –, une enquête indépendante serait menée pour établir les responsabilités afin de remédier aux dysfonctionnements apparus. Quant à la culture du résultat tant vantée par Nicolas Sarkozy, elle a déjà sanctionné, pour des loupés bien moindres, des hauts fonctionnaires qui n’avaient pas été au rendez-vous des attentes présidentielles.

Il faut donc croire que ces responsables policiers le sont, eux. Sans doute parce qu’au delà de leur allégeance, ils sont les maillons d’un dispositif supposé assurer cette politique de la peur dont le sarkozysme a fait son fonds de commerce depuis le retour ministériel de son héros en 2002. « Ayez peur, et je m’occupe du reste » : cette politique parie sur l’insécurité plutôt qu’elle n’y remédie. Elle l’agite, l’entretient, l’utilise, l’exploite, l’excite, etc. Tout l’inverse d’une politique de concorde nationale et de sécurité publique, celle que résume cette ancienne dénomination républicaine du policier de base en uniforme : gardien de la paix. La politique de la peur est angoissante, parce que cette angoisse lui laisse le champ libre. Elle est virulente, parce que cette violence lui fournit ses prétextes. Et elle ne cesse d’attendre son occasion, crise, crime, fait divers, attentat, etc., pour entraîner l’opinion dans un tourbillon de rodomontades autoritaires et de régressions démocratiques.

Mais ce que montre la séquence toulousaine autour de l’affaire Merah, c’est qu’elle est foncièrement inefficace. Les peurs qu’elle ne cesse d’agiter lui reviennent en boomerang, et elle s’avère incapable de protéger la société de leurs impacts, dégâts et déchirements. Aussi faut-il souhaiter, à quelques semaines d’une élection décisive où l’alternance nécessaire et l’alternative souhaitable sont en jeu, que cette démonstration fasse son chemin dans toute la société française. Pour en finir avec la peur et la politique qui parie sur elle, cette politique éminemment dangereuse parce qu’elle ne résout rien et aggrave tout. Et pour prendre le temps d’apaiser la société française, en la réconciliant avec elle-même, c’est-à-dire avec les siens, de tous âges, de toutes conditions, de tous lieux, de toutes origines.

Relever la France, ce serait alors lui redonner de la tenue et de la hauteur, de la confiance et de la sérénité, de la solidarité et de la générosité. Est-il besoin d’ajouter que cette ambition est celle d’une République radicalement démocratique et sociale ?

 

 

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21 mars 2012 3 21 /03 /mars /2012 15:57

Médiapart  - 21 03 12

 

Le candidat Sarkozy se plaît à raconter que les réformes portées par ses gouvernements se sont déroulées sans heurts ni véritables contestations. Ces 47 photos de Nathanaël Charbonnier, journaliste à France-Info et photographe à ses heures (lire son entretien en bas de la page), vont rafraîchir la mémoire du Président. Elles ont toutes été prises dans des cortèges parisiens, au fil du quinquennat.

 

2008 : le Tibet, les services publics, les suppressions de poste dans l'éducation...

© Nathanaël Charbonnier

18 mars 2008. A Paris, devant l’ambassade de Chine, des Tibétains protestent contre la répression au Tibet avant la tenue des Jeux olympiques à Pékin. Après avoir laissé entendre qu'il pourrait boycotter la cérémonie d'ouverture, Nicolas Sarkozy y assistera en août.

© Nathanaël Charbonnier

28 mars 2008. 30 000 personnes handicapées venues de toute la France se retrouvent place de la République sous le nom de «Ni pauvre ni soumis» pour demander une revalorisation de leurs allocations.

© Nathanaël Charbonnier

1er avril 2008. Manifestation de lycéens boulevard Montparnasse à Paris pour protester contre les suppressions de postes dans l'Education nationale. Durant le quinquennat, plus de 60 000 postes ont disparu.

© Nathanaël Charbonnier

15 avril 2008. Nouvelle manifestation de lycéens et collégiens contre le manque de moyens dans l’Education nationale.

© Nathanaël Charbonnier

17 juin 2008. Place de la République, à Paris, manifestation dans le cadre d’une journée d’action pour la défense des retraites et des 35 heures.

© Nathanaël Charbonnier

23 octobre 2008. Devant le Palais de justice de Paris, des avocats et des magistrats protestent contre la politique du « tout sécuritaire » de la ministre de la Justice, Rachida Dati. Ils l'accusent de vouloir porter atteinte à l'indépendance de la justice.

© Nathanaël Charbonnier

25 novembre 2008. Paris, rassemblement au pied de la tour Eiffel des personnels de l’audiovisuel pour la défense du service public.

© Nathanaël Charbonnier

18 décembre 2008. Devant les jardins du Luxembourg, à Paris, manifestation lycéenne contre les suppressions de postes à l’Education nationale.

2009: Le pouvoir d'achat, la crise, le chômage, la vie chère en Outre-mer, les Conti...

© Nathanaël Charbonnier

29 janvier 2009. A Paris, grande manifestation place de la Bastille pour les salaires, le pouvoir d’achat et l’emploi.

© Nathanaël Charbonnier

5 février 2009. Devant la faculté de Jussieu, des étudiants et des chercheurs demandent le retrait du décret sur le statut des universités. La loi LRU ("libertés et responsabilités des universités" appelée aussi loi d'autonomie des universités) a été promulguée le 10 août 2007.

© Nathanaël Charbonnier

16 février 2009. A Paris, place de Clichy, rassemblement en soutien des populations d'outre-mer en lutte contre la vie chère. A l'appel du collectif LKP, une grève générale dans les Dom-Tom a été lancée le 20 janvier. Le 18 février 2009, le syndicaliste Jacques Bino sera tué à Pointe-à-Pitre.

© Nathanaël Charbonnier

19 fevrier 2009. Paris, place d’Italie, mobilisation des enseignants et lycéens contre les suppressions de postes à l’Education nationale.

© Nathanaël Charbonnier

15 mars 2009. Mobilisation place de la République à l'initiative du DAL (Droit au logement) pour protester contre les problèmes de logement.

© Nathanaël Charbonnier

17 octobre 2009. A l’appel de la CGT Goodyear et Continental, des manifestants se rassemblent place de la Bourse à Paris pour protester contre les licenciements boursiers et la répression syndicale. En avril 2009, le syndicaliste Xavier Matthieu avait été condamné pour avoir participé avec des ouvriers de Continental au saccage de la sous-préfecture de Compiègne.

© Nathanaël Charbonnier

17 octobre 2009. Manifestation des salariés de l’automobile.

© Nathanaël Charbonnier

24 novembre 2009. Boulevard Montparnasse, nouvelle manifestation de lycéens et enseignants pour protester contre les suppressions de postes.

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24 novembre 2009. Devant le Sénat, pour la défense du service public en France.

© Nathanaël Charbonnier

29 novembre 2009. Au détour de l'un des nombreux rassemblements de sans-papiers demandant une régularisation de leur situation.

© Nathanaël Charbonnier

5 décembre 2009. Depuis la place Stalingrad, marche des chômeurs pour l’emploi.

2010: la réforme des retraites, l'indépendance de la justice, les sans-papier...

 

© Nathanaël Charbonnier
10 février 2010. Rassemblement devant le Palais de justice de Paris pour l’indépendance de la justice et en soutien au magistrat du tribunal de grande instance de Nantes mis en cause par le président de la République dans l’affaire du meurtre de Laëtitia à Pornic.
© Nathanaël Charbonnier

24 février 2010. Rassemblement devant l’Assemblée nationale de retraités demandant une revalorisation de leurs pensions.

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27 mars 2010. Première édition du No Sarkozy Day avec une défilé entre République et Bastille. Cette initiative, organisée le même jour dans toute la France, s'inspire du No Berlusconi Day italien.

© Nathanaël Charbonnier

29 mars 2010. Devant le Louvre, des artistes réclament davantage de subventions pour la culture.

© Nathanaël Charbonnier

6 mai 2010. Place de la République. Des artistes se sont joints au cortège contre la réforme des retraites.

© Nathanaël Charbonnier

15 juin 2010. Vers Montparnasse, manifestation contre la réforme des retraites.

© Nathanaël Charbonnier

15 juin 2010. Manifestation contre la réforme des retraites.

© Nathanaël Charbonnier

7 septembre 2010. Contre la réforme des retraites entre Bastille et République.

© Nathanaël Charbonnier

23 septembre 2010. Place de la République, contre la réforme des retraites.

© Nathanaël Charbonnier

2 octobre 2010. De plus en plus de manifestants contre le projet de réforme des retraites.

© Nathanaël Charbonnier

11 octobre 2010. Les lycéens se joignent au mouvement contre les suppressions de postes dans l’Education nationale.

© Nathanaël Charbonnier

28 octobre 2010. Paris, boulevard Saint-Martin. Toujours contre le projet de réforme des retraites.

© Nathanaël Charbonnier

28 octobre 2010. Place de la République, contre la réforme des retraites. La loi a été définitivement adoptée par le Sénat le 26 octobre, puis par l'Assemblée nationale le 27 octobre, avant d'être validée par le Conseil constitutionnel le 9 novembre 2010.

2011: contre le racisme d'Etat, le nucléaire ou l'exploitation du gaz de schiste, les indignés...

 

© Nathanaël Charbonnier
29 mars 2011. Place Saint-Michel, nouvelle action des personnels de la justice en faveur de l’indépendance de la justice.
© Nathanaël Charbonnier

2 avril 2011. Devant la Grande Mosquée, en signe de protestation contre les propos du ministre Claude Guéant sur les prières de rue.

© Nathanaël Charbonnier

10 mai 2011. Les écologistes défilent devant l’Assemblée nationale pour s’opposer à l’exploitation du gaz de schiste en France.

© Nathanaël Charbonnier

11 juin 2011. Trois mois après la catastrophe de Fukushima au Japon, les anti-nucléaires défilent entre République et Hôtel-de-ville.

© Nathanaël Charbonnier

14 juillet 2011. Paris, place de la Bastille. Première manifestation nationale des indignés.

© Nathanaël Charbonnier

14 juillet 2011. Paris, place de la Bastille. Première manifestation nationale des indignés.

© Nathanaël Charbonnier

25 juillet 2011. Rassemblement sur la passerelle de Solférino, à l'initiative du DAL, pour demander des logements décents.

© Nathanaël Charbonnier

2 août 2011. Toujours à l'initiative de Droit au logement (DAL), manifestation devant le ministère du logement du Samu social. Le personnel du Samu social est en grève pour dénoncer les restrictions budgétaires décidées par l'Etat.

© Nathanaël Charbonnier

27 août 2011. Place de la République, en mémoire du quinzième anniversaire de l’évacuation de sans-papiers de l’église Saint-Bernard, à Paris.

© Nathanaël Charbonnier

4 octobre 2011. Les sages-femmes réclament une meilleure reconnaissance de leur diplôme.

© natha

10 décembre 2011. Depuis la place de Clichy, marche nationale des indignés.

© Nathanaël Charbonnier

13 décembre 2011. Rassemblement devant l’Assemblée nationale pour protester contre le nouveau plan de rigueur présenté par le gouvernement Fillon.

2012: en soutien aux étudiants étrangers, contre le nouveau traité européen...

© Nathanaël Charbonnier

12 février 2012. La circulaire Guéant du 31 mai 2011 restreint l'accueil des étudiants étrangers. Manifestation devant l’Hôtel de ville de Paris de certains d'entre eux.

© Nathanaël Charbonnier

25 février 2012. Rassemblement des Anonymous place de la Bastille pour protester contre la loi de l’ACTA (Anti-Counterfeiting Trade Agreement) tentant de réglementer les droits d'auteur sur Internet en restreignant les possibilités de partage.

© Nathanaël Charbonnier
29 février 2012. Contre la crise et le nouveau traité européen, Paris, manifestation place de la République contre la crise et le mécanisme de stabilité européen.

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Un quinquennat de Français dans la rue
par Nathanael Charbonnier, journaliste à France Info.

Si je ne devais retenir qu’une seule manifestation parmi les dizaines
que j’ai eu la chance de pouvoir couvrir avec mon appareil photo, je
sais celle que je citerais sans hésiter. En effet, je me souviens
encore de ce jour de 2009, où près de 30 000 manifestants avaient
marché dans les rues de Paris. Ce jour-là, des personnes handicapées,
venant de toute la France, s’étaient retrouvées pour une grande
démonstration afin de demander une revalorisation de leurs
allocations. Ces dernières se situant largement en dessous du seuil de
pauvreté.

Je me souviens encore de ce défilé inédit. La marche était éprouvante
pour certains, notamment pour les personnes obligées d’avancer en
s’appuyant avec difficultés sur leurs béquilles. Je revois très
distinctement ces visages fiers d’avoir traversé tout le pays pour
simplement demander un peu de respect et de considération. Cette
manifestation était celle des « Ni pauvre, ni soumis ».

Je me rappelle aussi, qu’étrangement, ce rendez-vous qui se voulait
national n’avait trouvé que peu de relais dans les médias. Quelques
images le soir à la télévision, quelques lignes dans certains
journaux, mais rien à la hauteur de l’énergie et de la cause défendue.

Si je ne devais garder en mémoire qu’une seule manifestation parmi les
dizaines que j’ai eu la chance de pouvoir photographier, je sais que
je parlerais de celle-là. De cette manifestation du  29 mars 2008,
que j’avais décidé de suivre, un peu par hasard, et qui quatre ans
plus tard continue de m’émouvoir. J’aime penser qu’aujourd’hui encore,
grâce à la diffusion d’une seule photo de cette journée particulière,
le combat des « ni pauvre ni soumis » continue de vivre et de
résonner ainsi bien au-delà du temps.

Nathanaël Charbonnier a aussi illustré Tapages nocturnes, le roman des indignés publié en feuilleton sur Mediapart en décembre dernier.

 


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20 mars 2012 2 20 /03 /mars /2012 13:43
| Par Edwy Plenel

 

Une haine meurtrière défie désormais la France, sa République et sa campagne présidentielle. Précédée des meurtres de militaires à Toulouse et Montauban auxquels elle serait reliée, la tuerie antisémite de Toulouse est peut-être l’œuvre d’un fou. Mais, dans ce cas, sa folie est d’époque. D’une époque où l’on s’habitue à diviser l’humanité plutôt qu’à la rassembler, où l’on attise les violences plutôt que d’apaiser la société. Et c’est cette folie qu’il importe de conjurer d’urgence, en convoquant la raison contre la peur et la fraternité contre la haine.

« Un dieu rôde derrière le fait divers », a un jour écrit Roland Barthes, pour souligner sa force énigmatique, ravageuse et irrationnelle, qui nous désarçonne tant nous nous sentons impuissants à le déchiffrer. Mais ce dieu du fait divers est aussi bien un diable, capable de faire basculer nos destins en nous plongeant dans l’aveuglement et l’effroi, rompant les amarres de la raison pour les flots d’une déraison apeurée. Depuis les terrifiants assassinats ayant visé les enfants et les enseignants d’un établissement scolaire juif toulousain, ce diable s’est invité dans la campagne présidentielle sous l’apparence d’un tueur de sang-froid, casqué et motorisé.

Il faut espérer qu’enquêtes policières et instructions judiciaires réussissent à éclairer au plus vite l’énigme de ces meurtres dont ont été victimes trois enfants et un adulte parce qu’ils étaient juifs, ainsi que quatre militaires qui, outre leur uniforme, avaient en commun de témoigner de la diversité de notre peuple, par leurs origines maghrébine ou antillaise – le quatrième étant toujours entre la vie et la mort. Sommes-nous bien en présence des actes d’un individu isolé, comme le laissent supposer les premières constatations ? A-t-il agi par antisémitisme d’un côté et, de l’autre, par détestation d’une armée française engagée en Afghanistan face à un peuple musulman ? Ou bien agit-il par racisme dans les deux cas, contre l’école juive et contre les militaires, comme le suggère l’évocation par Le Point d’une piste néo-nazie ?

A ce stade, nous n’en savons rien. Mais, quelle que soit l’hypothèse retenue, nous pressentons qu’une haine inextinguible est au ressort de ces meurtres. Ce tueur est peut-être un fou solitaire, sans autre motivation que la folie criminelle qui l’habite. Malgré l’horreur de ses actes, peut-être n’est-il qu’un spécimen isolé d’une humanité perdue au point de nier l’humanité elle-même, un assassin dont les crimes n’ont d’autre signification que sa folie. Mais peut-être est-il aussi un fou d’idéologie, un fou saisi par ces passions meurtrières qui, ces dernières années, n’ont cessé de travailler notre modernité, diffusées et alimentées par les tenants des guerres d’identités, chocs de civilisations et affrontements de religions.

Passion républicaine contre politique de la peur

Dans leurs dérèglements de l’ordinaire quotidien, les faits divers révèlent les malaises profonds des sociétés. Ce qu’elles mijotent à petit feu, ce qu’elles macèrent en silence, ce qu’elles laissent suppurer. Qu’il se croie djihadiste, ou néo-nazi, ou rien du tout, fou de sa folie personnelle ou fou d’idéologies meurtrières, l’assassin de Toulouse et Montauban nous renvoie en miroir les déraisons auxquelles nous nous sommes habitués, dans la banalité d’une vie publique dégradée où violences et divisions, transgressions et discriminations ont trop souvent droit de cité.

Ces crimes nous sont insupportables et, en même temps, nous devons admettre qu’ils ne nous sont pas étrangers. Car ils sont ceux d’une époque et d’un pays, les nôtres, où l’on s’est par trop habitué à ces discours, ces paroles et, parfois, ces actes qui mettent en exergue tout ce qui différencie les êtres humains, les divise et les éloigne les uns des autres, plutôt que ce qui les rapproche, leurs ressemblances partagées ainsi que leurs communes conditions. Où l’on s’est accoutumé, sans réagir outre mesure, à entendre souligner ce qui distingue plutôt que ce qui rassemble.

Il est temps de nous ressaisir et, sous le choc de l’émotion, de retrouver le chemin d’une concorde républicaine en lieu et place de cette guerre de tous contre tous qui fermente sous l’aigreur de la déraison politique à l’œuvre ces temps derniers – identité nationale contre origine étrangère, civilisations supérieures contre religions inférieures, racines chrétiennes contre invasion musulmane, etc. Oui, temps de nous rappeler, en lui donnant une nouvelle jeunesse, ardente et communicative, que la République, dans son idéal d’égalité démocratique et sociale, est supposée ne faire aucune distinction selon l’origine, l’apparence ou la religion.

Sinon le pire est à craindre. Dans une démocratie fragile, doutant d’elle-même, travaillée par l’incertitude et bousculée en son sommet, des actes insensés comme ceux de Toulouse et Montauban sont de potentiels accélérateurs de régressions. Par-delà les motivations de leurs auteurs, ils font toujours la politique de la peur. De ceux qui parient sur la peur et la haine, agitent l’une contre l’autre et prétendent rassurer en inquiétant. « Ayez peur, et nous nous occupons du reste ! » disent-ils en fondant tous leurs espoirs sur cette démobilisation démocratique.

A nous tous de leur répondre, par la raison mobilisatrice de nos passions républicaines. De celles qui rassemblent, confortent et unissent cette humanité universelle d’hommes et de femmes libres et égaux en droit, tout simplement parce qu’ils sont nés tels

 

 

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20 mars 2012 2 20 /03 /mars /2012 13:12

LE MONDE | 20.03.2012 à 12h36

Par Gilles Van Kote

 

C'est l'histoire d'un verre d'eau pas tout à fait plein. Tout dépend de quel point de vue l'on considère les résultats de l'enquête de l'UFC (Union fédérale des consommateurs)-Que Choisir sur la qualité de l'eau potable en France, présentée mardi 20 mars. Faut-il se réjouir du fait que "97,5% des Français ont accès tout au long de l'année à une eau de bonne qualité" ? Ou s'inquiéter pour les autres, ces 1 760 000 personnes qui reçoivent une eau non conforme ?

L'UFC-Que Choisir, qui s'est basée sur les résultats d'analyses publiés par le ministère de la santé, a pris le parti de considérer comme "non conforme" l'eau d'une commune dont au moins un quart des analyses effectuées en deux ans ont montré qu'elle se trouvait au-dessus des limites réglementaires pour un des six critères retenus : la qualité bactériologique, la teneur en aluminium (les sels d'aluminium sont utilisés pour rendre l'eau plus limpide), la radioactivité (d'origine naturelle), la présence de résidus de pesticides, le taux de nitrates, et la teneur en sélénium, élément présent dans la croûte terrestre que l'on retrouve dans l'eau issue des nappes phréatiques.

CONTRÔLES TROP PEU FRÉQUENTS

Premier constat, plutôt rassurant. "Quasiment aucune pollution n'est relevée dans les grandes villes ou les villes de taille moyenne", selon l'enquête. Les 2 747 communes où des dépassements de normes ont été relevés comptent en moyenne 500 habitants. L'étude met cela sur le compte de contrôles trop peu fréquents pour "assurer le suivi minimal requis". Quatre villes de plus de 20 000 habitants distribuent cependant une eau contenant trop de résidus de pesticides : Sens (Yonne), Lisieux (Calvados), Firminy (Loire) et Bourgoin-Jallieu (Isère).

L'étude confirme que l'agriculture est bien aujourd'hui la principale responsable de la pollution des eaux : 69% des cas relevés lui sont attribuables, 27% revenant à des défauts de traitement de l'eau et 4% à la radioactivité naturelle. René Lalement, de l'Office national de l'eau et des milieux aquatiques (Onema), avoue ne pas être surpris : "Le problème vient de la récurrence de facteurs qui n'ont pas été traités depuis des années."

A eux seuls, les pesticides - et en particulier l'atrazine (désormais interdit mais qui persiste longtemps dans l'environnement) - sont responsables de 60% des cas de pollution d'origine agricole. Près de 700 000 personnes sont concernées, essentiellement dans le Bassin parisien, le Nord, la vallée du Rhône et le Sud-Ouest.

RÉFORMES DE L'EAU ET DES PRATIQUES AGRICOLES

Curieusement, la pollution de l'eau aux nitrates ne touche pas la Bretagne, où des mesures de protection ont été prises "sous la pression des associations et des consommateurs bretons", estime l'UFC-Que Choisir. Quant au sélénium, on en retrouve principalement dans les zones de fort prélèvement agricole, où il faut aller puiser dans les eaux souterraines.
 

"Il y a péril en la demeure si l'on poursuit un mode de production agricole, la monoculture intensive, qui récidive en permanence", prévient Alain Bazot, le président de l'association de consommateurs. L'étude relève que la baisse du volume de pesticides utilisés en France est compensée par le recours à des molécules plus puissantes et donc plus polluantes, et que le recul de l'utilisation des nitrates est très modéré.

Les auteurs regrettent que "bien qu'ils soient majoritairement à l'origine de ces pollutions, les agriculteurs ne financent pas le coût des impacts négatifs de leurs pratiques sur l'environnement" et que l'application de ce principe du "pollueur pas payeur" alourdisse de 6,6% à 11,8% la facture d'eau des consommateurs, qui doivent payer pour la "potabilisation".

L'UFC-Que Choisir appelle donc à une réforme de la politique de l'eau et à une réforme profonde des pratiques agricoles. "Il y a une fuite en avant, comme quand l'on préfère abandonner un captage pollué pour aller chercher d'autres ressources plutôt que de traiter la pollution à la source", note Alain Bazot. Des chiffres publiés en février par la direction générale de la santé viennent d'illustrer ce propos : sur 4 811 captages abandonnés entre 1998 et 2008 en France, 41% l'ont été en raison de la mauvaise qualité de l'eau.

>> Naviguez sur la carte de France interactive de l'association UFC-Que choisir.

Gilles Van Kote

Paris garde son réseau d'eau non potable Le Conseil de Paris a décidé, lundi 19 mars, de maintenir le réseau d'eau non potable de la capitale en le reconfigurant. Héritage du XIXe siècle, ce réseau de 1 700 km, aussi long que le réseau d'eau potable, sert au nettoyage des rues, au curage des égouts et à l'alimentation des bassins des parcs parisiens. La question de son abandon était posée, car sa consommation n'a cessé de diminuer depuis 1950, pour se fixer à 50 millions de m3 par an. Certains des sept réservoirs d'eau non potable seront supprimés mais le réseau sera utilisé pour de nouveaux usages comme l'arrosage des trottoirs lors des canicules pour faire tomber la température.

 

 

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19 mars 2012 1 19 /03 /mars /2012 14:23

 

Marianne - Rédigé par Juan Sarkofrance le Lundi 19 Mars 2012 à 08:50

 

Pour ses 25 ans, M6 nous avait fait un cadeau. La chaîne s'était offert Nicolas Sarkozy. Le candidat sortant était l'invité de Capital, dimanche 18 mars, une émission qui se révéla étonnante.

Après le fiasco médiatique de vendredi dernier, cette soirée fut quasiment exemplaire.

 

Le jour où NicolasSarkozy sombra sur M6.


 
Le premier reportage montra une famille qui vivait à 4 euros près. Tout y passa: l'endettement pour se loger, le coût des transports publics, l'envolée des prix de l'eau, le manque d'enseignants dans l'école publique et les conséquences de la suppression de la carte scolaire.  Un second reportage traitait de la surcharge des hôpitaux. Voici Capital qui nous décrivait les ravages de la réforme hospitalière. Un nouveau coup dur.  Un autre reportage figurait un certain Frédéric qui s'endettait pour se refaire les dents. Sarkozy grinçait des dents en direct. Un quatrième reportage traitait du chômage des seniors. Des quinqua témoignaient de l'absence d'offres d'emploi. On vit aussi un avocat d'affaires détailler les bonus particuliers d'un patron en cours de recrutement.

Face à cette avalanche de mauvaises nouvelles, diffusées en direct et à une heure de grande écoute, Nicolas Sarkozy sombra littéralement. Le candidat sortant parut désemparé. C'en était gênant.

Florilège.

1. Le candidat sortant commença par s'agacer du nombre de normes. Et il promit, juré craché, que s'il était réélu, il supprimerait deux normes chaque fois qu'une nouvelle serait créée. Après la boulimie législative des 10 ou 5 dernières années, l'annonce avait de quoi surprendre. Ce n'était plus une volte-face mais une abdication !

2. Sur l'éducation, Nicolas Sarkozy expliqua qu'il proposait des heures supplémentaires pour les enseignants. Mais rien d'obligatoire, s'étonna le journaliste. Non, reconnut le candidat. Sarkozy dériva sur l'immigration qui, selon lui, était l'une des sources du problème de l'école, et qu'il y avait trop d'élèves à l'école. On croyait rêver. « Vous placeriez votre enfant dans une école publique ?» Sarkozy refusa de répondre.

3. Sur la santé, le candidat sombra. « En France, se soigner est gratuit ». Il oubliait que 5 millions de Français n'avaient pas de mutuelles complémentaires. Quand le journaliste Thomas Sotto lui demanda s'il ne fallait pas jouer sur les tarifs médicaux, le monarque répond à côté, tout en expliquant que les médecins ne gagnaient que 23 euros par consultation.A Thomas Sotto qui lui demanda s'il comptait forcer les médecins à s'installer dans les déserts médicaux, le candidat répondit: « Vous iriez voir un médecin qu'on a forcé à aller à Morlaix?» Il venait de perdre les faveurs du Finistère.

4. Confronté au reportage sur ce commercial contraint de se refaire une dent pourrie, Sarkozy eut cette réponse étonnante: « Franchement, est-ce que vous croyez que le moment est venu à l'annonce de dépenses nouvelles ?»  Et d'ajouter : « Il faut bien comprendre que notre assurance maladie est en déficit. » Le journaliste Thomas Sotto était interloqué. Sarkozy évoqua d'autres soins jugés plus prioritaires, comme le cancer et Alzeihmer. Il faudrait réduire les soins dentaires au profit de la lutte contre le cancer, s'interrogea Sotto.  « Mais certains malades ont besoin des deux soins, pour les dents et contre le cancer » répondit Sarkozy. Devant notre poste, nous étions tétanisés.

5. Sur le chômage, la bataille de chiffres fut réglée en quelques secondes, au profit de Thomas Sotto, il y avait bien un million d'inscrits supplémentaires à Pôle emploi. Mais Sarkozy expliqua que les chômeurs de catégories B et C n'étaient pas vraiment des chômeurs puisqu'ils travaillaient à temps partiel.

6. A propos des seniors, Nicolas Sarkozy pensait avoir la réponse à un reportage encore une fois accusateur: « Depuis 2007, il y a 520.000 seniors de plus au travail.» C'était faux. Sarkozy parlait d'actifs. Certains, nombreux, étaient inscrits au chômage. Il pensait aussi avoir l'annonce du jour: il proposa l'exonération de charges sociales pour toute embauche de personne au chômage de plus de 55 ans embauchée en CDI ou en CDD de plus de 6 mois, une idée partiellement pompée chez... François Hollande.

Nous avions compris. Si Nicolas Sarkozy tardait tant à présenter son programme, c'est il attendait de recopier les mesures des autres candidats, de gauche comme d'extrême droite.

7. Quelle solution pour le chômage qui explose ? Thomas Sotto lança un reportage sur la surcharge de Pôle Emploi, surtout dans les quartiers populaires. Je pensais à mon épouseOn a augmenté de 3000 le nombre de salariés de pôle emploi. » s'excusa Sarkozy, mal en point. C'était faux. Il n'avait augmenté que de 1.850 CDD les effectifs de Pôle emploi, début 2009 et sous la pression des manifestations. Puis de 1.000 CDD nouveaux annoncés le 18 janvier dernier. Mais Sarkozy avait la formule: la formation. « Il faut former ». Le journaliste s'inquiète: « Il est où le stock d'emplois après la formation ? » #Sarkopipo répond: « Ben partout ».

On a compris que le candidat sortant envisageait de récupérer une fraction du budget de formation professionnelle pour les chômeurs, mais sans préciser combien. Tout cela restait flou, bien flou.

8. En fin d'émission, Sarkozy fut interpellé par un jeune patron qui venait de créer son restaurant. Le candidat sortant se félicita de la baisse de TVA sur cette activité. Le patron n'en parlait pas. Pour aider les PME, Sarkozy dégaina trois propositions: « Je vous annonce ce soir que nous allons demander à Oseo d'avancer le crédit d'impôt-recherche. » Ah... C'était tout. Puis, il promit d'obliger les grands groupes « d'emmener des PME avec eux à l'export ». C'était bien flou. Et enfin, pour les PME, il allait « supprimer le privilège du Trésor Public.» Accorder aux banques une priorité de remboursement des créances en cas de faillite sur le trésor public, quelle mesure !  Pour enfoncer son point, il rappela sa menace, l'un des ultimatums nombreux qu'il avait lancé à l'Europe depuis 6 jours: « j'ai donné un an à l'EUROPE pour donner la priorité aux PME.» « L'Europe à 27 ? » s'étonna Sotto... A Berlin, Merkel devait trembler...

9. Séquence Fouquet's, un reportage s'attarda sur ces bonus de patron qui ne connaissent pas la crise. « Mais ils n'ont pas été interdits, les Golden parachutes ? » s'inquiéta Thomas Sotto. Sarkozy s'embrouilla « Mais si si » Mais non, mais non. Un peu plus tard, Sarkozy rempile, et oublie de tacler les abus: « Les actions gratuites, c'est pas ce qui me choque le plus ». Sur Twitter, même Jean-Michel Aphati de RTL s'agaçait: « 12 millions d'euros d'actions gratuites à un PDG dans une entreprise ne choquent pas N.»  Le journaliste insista sur la fiscalité, et notamment la proposition de Sarkozy de taxer les exilés fiscaux: « Ils perdent la nationalité, les exilés fiscaux ? »... Le candidat sortant écarquilla les yeux: « ben non ».

10. Beaucoup de dépenses, mais peu de recettes. Sarkozy rappela ses deux seules idées du moment: taxer d'un impôt minimum les grands groupes du CAC40, sans plus de précision. Et taxer les exilés fiscaux. « Mais c'est symbolique tout ça ! » s'étonna le journaliste. Sarkozy masquait.

11. Le quasi-coup de grâce était pour la fin, sur les prévisions de croissance: « vous êtes plus optimiste que François Hollande » demanda Sotto.  « C'est votre référence » répondit, méchant, le candidat sortant.

La soirée était gâchée.

 

 

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19 mars 2012 1 19 /03 /mars /2012 14:07
yetiblog.org
Publié le 19/03/2012 à 11h01

La prise de la Bastille dimanche. (Le Yéti/Rue89)

 

Marrant comme l'approche de grands évènements politiques exacerbe les passions, déclenche des querelles incendiaires jusque dans les familles les plus unies. La prise de la Bastille organisée avec succès par le Front de Gauche dimanche ne pouvait que soulever l'exaltation des controverses et des vents contraires.

Mon passager de covoiturage, Sacha, croupier en casino, avait les nerfs à fleur de peau.

« Je n'en peux plus. Il faut vraiment que les choses changent. Mais dans ma famille, je suis le seul à voter Mélenchon. Un de mes frères est pro-UMP, un autre partisan de Hollande... »

« L'échantillon représentatif » de sœur Zineb

Je l'ai consolé avec le ton patelin de l'aîné revenu de tout. Jusqu'à ce que le soir je retrouve ma famille à moi, celle de ma petite Rue89. Zineb Dryef, ma « sœur de rédaction », avait signé en une le compte-rendu de l'évènement.

Et, ô surprise, elle y interviewait un « échantillon représentatif » de six manifestants... dont seuls deux déclaraient vouloir voter Mélenchon ! Les quatre autres (trois pro-Hollande, un Vert) étant juste « venus vibrer » et « voir en vrai ce grand tribun ». Bref, tout de la sortie dominicale à la foire foraine.

Je l'aime bien Zineb. Mais là je trouve que ma sœurette y a été un peu fort. Ainsi donc, selon son « échantillon représentatif », seul un tiers des quelques 120 000 personnes (selon les organisateurs) venues défiler étaient vraiment des partisans du Front de Gauche. Encore heureux que Sacha le croupier n'ait pas amené ses frères !

Quelques manifestants néophytes

C'est drôle, pendant la manif, j'ai eu la même idée que ma « sœur ». Trouver des manifestants qui n'étaient ni militants, ni habitués de ce genre de démonstration de masse, mais suffisamment convaincus pour venir participer à la teuf, parfois de très loin. Résultats totalement différents, comme si nos deux Bastille n'étaient pas de la même planète.

Amélie, arrivée en car du Calvados, se présentait en indignée de chez indignés.

« Il y en a marre ! Je n'attends rien des politiques. Mais au moins, Mélenchon, lui, je pense qu'il ne nous enverra pas les CRS quand on fera la Révolution ! »


Philippe venu du Doubs pour voir Jean-Luc Mélenchon. (Le Yéti/Rue89)

 

Philippe, sonorisateur venu du Doubs avec son amie et deux copains, a réellement découvert le candidat du Front de gauche en sonorisant son meeting de Besançon le 24 janvier dernier. Au point de se décider à faire à ses frais plus de 800 kilomètres aller-retour, huit heures et des poussières de voyage, pour deux ou trois heures de soutien.


Marie à la Bastille, dimanche. (Le Yéti/Rue89)

 

Marie et son amie Elsa, élèves en soins infirmiers, ne sont pas des habituées de mouvements politiques – ça se voit à la confection improbable de leur panneau « venceremos » ! – mais veulent un autre monde que celui-ci, dominé par « la folie de l'argent », sans avenir pour les jeunes comme elles. Ce n'est pas tant le candidat Mélenchon qui les intéresse que son programme.

« Pas tout, hein ! Mais il faut faire un choix et pour nous, c'est celui de Mélenchon. »

Une manifestation résolument pour

Ah, Zineb ma frangine, si jamais tu cherches un autre sujet pour tes articles, il y avait une autre chose remarquable dans cette manifestation. Et qui la distinguait des grands raouts syndicaux, comme ceux sur les retraites par exemple.

Cette originale prise de la Bastille par les gens du Front de Gauche était presque exclusivement une manifestation pour, pas un baroud d'honneur désespéré contre. Dans une atmosphère bon enfant, quasi familiale. Où l'on se demandait qui, de certains commentateurs perfides ou de vieux militants blanchis sous le harnais, sortaient vraiment de la naphtaline.

Tout au long de l'interminable défilé, je n'ai presque pas entendu de slogan anti-Sarko, ou anti-Le Pen, juste une immense aspiration festive à un monde nouveau. Que le candidat Mélenchon, du haut de sa tribune s'efforça de mettre en propositions concrètes dans un discours de 25 minutes aux accents solennels et gaulliens.

 

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17 mars 2012 6 17 /03 /mars /2012 18:54

La campagne de Philippe Poutou se présente comme celle d'un ouvrier en campagne, dans un monde aux codes exclusifs. La volonté du NPA ne conduit-elle pas au contraire à l'élaboration d'un "produit" politique prétendûment pur ?

Je reproduis ci-dessous un commentaire d'un fil de discussion sur le blog de Philippe Corcuff :

 

J'ai beaucoup de respect pour les amis du NPA. Je travaille avec eux en Limousin et ils apportent leur contribution sans rechigner à notre succès collectif de Limousin Terre de Gauche.

J'apprécie l'apport singulier et rafraichissant de Philippe Corcuff à notre réflexion collective.

Je n'ai rien contre le candidat Philippe Poutou mais je pense que cette "intuition politique" là , aurait eu toute sa place dans le pot commun d'une candidature unitaire sous la bannière du Front de Gauche.

Cette évidence pour moi et pour de nombreux militants que je croise éviterait un certain nombre de raccourcis et notamment celui de la mise sur un même plan de défenseurs de l'ordre établi et de la catégorie des professionnels de la politique pris dans un grand tout qui finit par rimer à rien.

Mettre à égalité comme symptômes d'un même mal, les défenseurs zélés de l'ordre capitaliste et les tenants d'un savoir faire politique de gauche et d'une force pour porter la belle parole du peuple de gauche est incompréhensible.

Forcer le trait pour faire cette démonstration peut conduire à l'outrance en direction de Jean-Luc Mélenchon et  mettre le candidat du NPA dans l'impasse, dans une quête "donquichottesque" d'un espace politique introuvable.

Une impasse pour aujourd'hui et pour demain car quel est le contour du rassemblement anticrise appelé de ses voeux par le NPA. Toutes les forces organisées dehors !! Tous les élus (et donc ayant reçu validation populaire quelquepart tout de même) dehors, trop professionnels!!

La question de l'insupportable délégation de pouvoir doit se traiter. Elle se règle par le refus de la ligne politique solitaire toute puissante avant tout. Elle se règle par la recherche de points d'équilibres entre partenaires d'accord sur l'essentiel, faire pièce au système actuel d'exploitation. La recherche de points d'accord programmatiques ne signifie pas la recherche du plus petit dénominateur commun mais la mise en commun des intelligences collectives dans l'élaboration de quelquechose qui les dépasse toutes. C'est cela l'essence même d'une démarche révolutionnaire. Sans dépassement de ce que l'on est dans la construction d'un projet émancipateur, on ne peut espérer un dépassement de la situation telle qu'elle est. Dans la révolution, la face invisible devient visible, ce que nous ne savons pas de nous mêmes se fait jour dans le processus. Il ne peut il y avoir là que quelquechose de collectif, tendu vers un objectif commun.

Ce n'est malheureusement pas la stratégie choisie par le NPA qui a préféré la recherche certes exigeante mais solitaire d'une orientation et d'un candidat pour la porter.

 

 

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17 mars 2012 6 17 /03 /mars /2012 18:48
 
© Photothèque Rouge/MILO

Le candidat du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) à l'élection présidentielle, Philippe Poutou, a déposé ce matin au Conseil constitutionnel les 572 signatures d'élus, qui lui permettent de participer au scrutin. Au même moment, l'auteur-compositeur et interprète Georges Moustaki lui apportait son soutien dans une tribune publiée par le Huffington Post.

La campagne du NPA aura finalement lieu. 572 signatures, c'est mieux qu'en 2002 et en 2007, quand la candidature d'Olivier Besancenot n'avait été rendu possible que grâce au soutien instrumental et de dernière minute d'élus du Parti socialiste, puis de l'UMP. Il se murmure même que cette fois le député Serge Letchimy, président du Parti progressite martiniquais (PPM) d'Aimé Césaire, qui s'est récemment fait remarquer par une salutaire charge anti-raciste et anti-coloniale contre le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, aurait accordé son paraphe, à l'instar de quelques élus du PPM.

Arrachées par plusieurs centaines de militants issus de tous les courants du NPA dans un contexte particulièrement difficile, tant sur le plan médiatique et sondagier marqué par la sur-exposition des "grands" candidats et de la "dynamique" de la campagne de Jean-Luc Mélenchon à gauche de la gauche (qui s'est imposée jusqu'à Mediapart, où la rédaction a décidé de privilégier depuis plusieurs semaine et limitativement quatre candidats), que sur le plan interne, où la direction de la minorité du parti anticapitaliste (Gauche anticapitaliste) apparaît déterminée à ne pas laisser la campagne - qu'elle qualifie de "faute politique grave" - être menée à bien, ces signatures constituent une première victoire pour le NPA, qui peut désormais concourir à l'élection et bénéficier d'ici quelques jours de l'égalité des temps de parole, le mur des parrainages, "premier tour administratif", selon Philippe Poutou et Olivier Besancenot, ayant été franchi. Tous les obstacles ne sont, cependant, pas levés, puisque balayant d'un revers de main l'appel à l'unité du parti et à la raison lancé par Olivier Besancenot, Christine Poupin, Alain Krivine  et François Sabado, la Gauche anticapitaliste pourrait ce week-end appeler à voter pour le candidat du Front de Gauche à l'élection présidentielle, puis quitter le NPA d'ici quelques semaines, non sans avoir pris soin de lui faire les poches et de le délester - sans manifestement  respecter les principes et les procédures démocratiques en vigueur au sein de l'organisation anticapitaliste - de 850 000 euros (dont 150 000 devraient revenir à la Gauche unitaire, tendance de la Ligue communiste révolutionnaire qui a rejoint le Front de Gauche au moment de la création du NPA).

Le soutien apporté ce matin à Philippe Poutou par Georges Moustaki sonne comme une deuxième bonne nouvelle pour le parti anticapitaliste et vient  ensoleiller quelque peu son ciel, qui, à défaut de lui tomber totalement sur la tête, peine à s'éclaircir. L'artiste aux "sympathies de gauche" et dont la "sensibilité se rapproche des libertaires, des grévistes" qualifie Jean-Luc Mélenchon de "très bon" mais de "cabotin" avant de marquer sa nette préférence pour le candidat du NPA : "Dans cette présidentielle, s'il y a un candidat dont les arguments m'interpellent, dans le sens où sa parole me touche, c'est Philippe Poutou. Il a l'air perdu dans l'univers politicien. Il le dit lui-même qu'il ne sera pas élu, mais il tient à cette tribune pour que le monde ouvrier ait voix au chapitre. Et je trouve cela attendrissant, oui c'est le terme qui convient selon moi. De surcroît, je trouve ses revendications radicales et justes. J'aimais bien Olivier Besancenot en 2002. Il avait du charisme et de la conviction. Mais je trouve Philippe Poutou plus émouvant. Il est d'apparence plus fragile. D'apparence seulement".

Poutou, Letchimy, Moustaki : l'occasion de rappeler l'organisation ce samedi 17 mars 2012, à  Paris, d'une marche anti-coloniale et anti-raciste, à l'appel d'une centaine d'associations, de syndicats et de partis politiques. Cette marche "contre le racisme et les idéologies d’exclusion, pour en finir avec le colonialisme partout dans le monde, pour l’auto-détermination et l’indépendance des peuples en lutte, pour les libertés individuelles et collectives et pour l’amitié et la solidarité avec les peuples en lutte" s'élancera de Barbès à 14 heures pour rejoindre la place de la République. République, dont on espère que le candidat du Front de Gauche à l'élection présidentielle, qui organise de son côté une marche sur la Bastille le lendemain, 18 mars 2012, date anniversaire du début du soulèvement de la Commune de Paris et de la signature des accords d'Evian, saura rappeler non seulement les pages glorieuses, mais également les heures sombres, qui continuent de peser lourdement sur les épaules de nombre de nos concitoyens, d'ailleurs ou d'ici.

 

 

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