Le torchon brûle entre Nicolas Sarkozy et The Financial Times. Une guerre ouverte assez insolite qui a commencé lundi, quand le quotidien économique britannique, très lu dans les salles de marchés, a salué dans un éditorial (accès payant) la prise de position de François Hollande en faveur de l'adoption d'une stratégie de croissance en Europe. Le socialiste pourra compter sur "un nombre croissant de politiciens" favorables à ce véritable renversement de stratégie, se félicitait le FT, qui appelle les Européens à augmenter les investissements, dans une logique keynésienne de relance par la demande.
La réponse de Nicolas Sarkozy ne s'est pas fait attendre. Jeudi soir, sur le plateau de "Des paroles et des actes", le président-candidat a répliqué en dénonçant les positions économiques libérales du quotidien britannique. "Ils ne sont pas d'accord avec moi, ça me réjouit beaucoup figurez-vous, parce que je ne suis pas d'accord avec eux", a tancé Nicolas Sarkozy. "Le 'FT', comme on dit dans les milieux informés, a toujours défendu le modèle anglo-saxon, considérant que les Français étaient incorrigibles et que nous ferions bien mieux de nous aligner sur le modèle anglo-saxon", a-t-il poursuivi. "Le FT estime depuis des années que la solution pour le monde c'est qu'il n'y ait pas de lois (...), je pense exactement le contraire", a-t-il insisté, avant de reprendre une dernière fois : "Le FT nous explique qu'il faut faire exactement comme la Grande-Bretagne, qui est dans une situation économique bien pire que la France. Donc j'accepte bien volontiers qu'on nous donne des leçons, mais pas eux, et pas comme ça !" a conclu M. Sarkozy.
La rédaction britannique semble avoir bien reçu le message. Vendredi, un court article intitulé "Eh bien, nous ne t'aimons pas non plus, Sarko" est publié sur le site du Financial Times. Le journaliste se contente de reprendre les déclarations du président-candidat et de les traduire en anglais. Dans un court paragraphe, il ironise ensuite : "L'économie française est tellement solide au regard du président qu'il a mis en garde les Français cette semaine contre un scénario 'à la grecque' si son rival socialiste était élu." Avant d'ajouter lapidairement "qu'aucun sondage depuis des mois n'a donné Sarkozy vainqueur".