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11 mai 2012 5 11 /05 /mai /2012 15:11

Il n’aura échappé à personne que Maryse Joissains-Masini, maire UMP d’Aix en Provence, a demandé au Conseil constitutionnel d’annuler la présidentielle. François Hollande, c’est un « danger pour la République« , vous vous rendez-compte, « cet homme n’a jamais fait la démonstration qu’il ait réussi quelque chose dans sa vie« .

Il faut comprendre ici la puissance de l’analyse de Maryse Joissains-Masini qui, si elle n’a pas fait HEC ou l’ENA comme François Hollande, a par contre été guichetière à la Sécurité sociale – option géostratégies et prospectives économiques internationales – avant de devenir avocate, comme notre cher futur ex-président sauveur Nicolas.

Maryse est une femme de conviction, pas comme son communiste de père qui fut garde du corps de Maurice Thorez. Son expérience en matière d’annulation d’élection a de quoi faire trembler François Hollande : son époux, Alain Joissains, a en effet été élu maire d’Aix-en-Provence le 29 juin 1978 après une annulation de l’élection par le Conseil d’État. Puis une seconde annulation l’a fait réélire dès le 1er tour. On voit ici que dans la famille Joissains, l’expérience des annulations d’élections ne date pas d’hier. S’il existait un diplôme en annulations électorales, les Joissains-Masini seraient au bas mot maîtres de conférences.

Grâce à Alain Joissains maire d’Aix en Provence, halte au gaspillage, stop l’assistanat ! Il coupe les subventions du Relais, un centre culturel créé en 1971 et nomme l’ultra-libéral Gérard Bramoullé aux finances de la communauté d’agglomérations et de la technopole.

Passons sur les calomnies parues dans le Canard enchaîné en janvier 1983 qui révèlent que monsieur le maire son mari aurait financé une partie de la villa du papa de Maryse sur les hauteurs de Saint-Antonin sur-Bayon avec l’argent de la municipalité, ce ne sont comme d’habitude dans ce Canard déchainé que calomnies, billevesées, complots, machinations et autres lynchages politico-médiatiques.

Bon d’accord, Alain est condamné en appel à deux ans de prison avec sursis pour recel, mais comme le dit Maryse, il est hors de question de laisser les gens de culture dépenser inconsidérément l’argent du contribuable, n’en déplaise au rapport de ces calomniateurs de la chambre régionale des comptes qui font état de la mauvais gestion de la ville.

Grâce à un un savant jeu de chaises musicales qui ferait passer Taratata pour une soirée à la salle des fêtes de Brie-sur-Yvette, c’est désormais Maryse qui se présente aux municipales d’Aix en Provence. Sa victoire en 2001 est un véritable ras-de-marée puisqu’elle est élue avec 50,61 % des suffrages, ce qui lui permet par ailleurs de recruter un directeur de cabinet du maire hors-pair : son mari. Et afin de se consacrer exclusivement à Aix, elle devient également député en 2002, puis est réélue en 2007.

Son époux Alain partira finalement en retraite bien méritée en 2008, suite à l’annulation de son contrat par le tribunal administratif de Marseille pour rémunération excessive.

Le 8 juin 2009, le Conseil d’État invalide l’élection 2008 de Maryse à la mairie, au motif : « d’imputations injurieuses et diffamatoires mettant en cause la vie privée ou la probité des membres de cette liste, propos et insinuations inadmissibles ayant pu fausser le résultat du scrutin », suite à la découverte d’un tract anonyme dans lequel le candidat du Modem François-Xavier de Peretti et deux adjoints au maire UMP étaient qualifiés de « gay pride ».

Tout le monde l’aura compris, Maryse est une femme dont la probité et l’intégrité n’ont d’égales que la rigueur et l’honnêteté intellectuelle, le tout complété d’une expérience à nulle autre pareille en matière d’annulation d’élections. Je serais François Hollande, j’y réfléchirais à deux fois avant de refuser de démissionner illico presto pronto. Et s’il recouvre la raison devant les arguments imparables et implacables de Maryse, ce que nous ne pouvons que souhaiter, je propose que sur le champ, il lui laisse la place à la tête du pays.

Maryse, présidente !

Ça ça aurait de la gueule.

 

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9 mai 2012 3 09 /05 /mai /2012 22:29

 

Rue89 - Tribune 09/05/2012 à 10h00
Albert Herszkowicz | Memorial98
Il semble que Nicolas Sarkozy tienne à soigner sa sortie de scène. Après avoir mené une campagne entièrement tournée vers des thèmes nationalistes et xénophobes, après avoir proclamé que le Front national est un parti démocratique et républicain, il tente maintenant de prendre de la hauteur. Cela annonce sans doute des plans de futur retour.

Ainsi il a invité François Hollande à présider avec lui la cérémonie du 8 mai commémorant la défaite du nazisme en 1945, comme le veut d’ailleurs la tradition constante de la présidentielle qui se tient toujours début mai.

Or Sarkozy lui-même a au contraire boycotté la cérémonie du 8 mai 2007, alors qu’il venait d’être élu. Il pestait alors contre la « repentance » qu’il avait dénoncée tout au long de sa campagne, notamment à propos de la collaboration des autorités pétainistes avec les nazis et aussi à propos des crimes de la colonisation.

Il ne voulait donc pas se retrouver le 8 mai au côté de Chirac, qui avait quant à lui reconnu, dans un discours historique en 1995 la responsabilité des autorités françaises dans la déportation.

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8 mai 2012 2 08 /05 /mai /2012 11:44

 

LE MONDE | 08.05.2012 à 10h46 • Mis à jour le 08.05.2012 à 10h53

Par Gérard Davet et Fabrice Lhomme

 
 
Nicolas Sarkozy.

Pour Nicolas Sarkozy, la perspective est particulièrement désagréable : lui qui avait tant tenu à marquer sa différence avec un Jacques Chirac cerné par les juges risque à son tour, une fois son immunité présidentielle arrivée à son terme - un mois après la fin de son mandat, soit le 15 juin à minuit -, d'être convoqué par des magistrats. Redevenu justiciable ordinaire, M. Sarkozy s'expose en effet, dans les procédures où son nom est cité, à des convocations auxquelles il aurait à répondre en qualité de témoin, de témoin assisté, voire de mis en examen.

Dans la seconde partie de son quinquennat, l'actuel chef de l'Etat a déjà été éclaboussé par plusieurs enquêtes judiciaires qui ont provoqué la mise en cause de nombre de ses proches. Ainsi, dans l'affaire dite des "fadettes", le patron du contre-espionnage Bernard Squarcini et le procureur de Nanterre Philippe Courroye sont poursuivis pour avoir cherché à identifier les sources des journalistes du Monde coupables d'avoir publié des informations gênantes pour le pouvoir dans l'affaire Bettencourt.

> Lire "Les contre-vérités de Sarkozy sur les "fadettes" des journalistes"

Amis de longue date du président, Thierry Gaubert et Nicolas Bazire sont quant à eux mis en examen dans le volet financier de l'affaire de l'attentat de Karachi - dont on commémore le dixième anniversaire, mardi 8 mai. Quant à Eric Woerth, il a subi le même sort dans le cadre de l'affaire Bettencourt. Ces deux derniers dossiers sont ceux dans lesquels M. Sarkozy ne devrait a priori pas échapper à une convocation.

  • L'affaire Bettencourt, la plus menaçante à court terme

Dans le volet politique du dossier Bettencourt, instruit à Bordeaux, le président sortant est soupçonné d'avoir été financé illégalement par le couple de milliardaires lors de sa campagne présidentielle de 2007. L'ancienne comptable des Bettencourt, Claire Thibout, a déclaré avoir remis à Patrice de Maistre, alors gestionnaire de fortune, 50000 euros en espèces. Une somme, à en croire Mme Thibout, destinée à Eric Woerth, trésorier de la campagne de M. Sarkozy.
Dans le même dossier, le chef de l'Etat est, plus directement, accusé d'être venu chercher - comme d'autres hommes politiques - de l'argent liquide au domicile de Liliane et André Bettencourt.

> Voir "Le feuilleton Bettencourt en images"

La juge de Nanterre Isabelle Prévost-Desprez, relatant les dessous du supplément d'information qu'elle eut à conduire, a provoqué un tollé en révélant en août 2011 dans le livre Sarko m'a tuer (éd. Stock) qu'un témoin avait confié à sa greffière: "J'ai vu des remises d'espèces à Sarkozy, mais je ne pouvais pas le dire sur procès-verbal." Ses déclarations fracassantes lui ont valu d'être dessaisie du volet "abus de faiblesse" du dossier et une convocation dans le bureau du juge bordelais Jean-Michel Gentil, qui gère désormais les différents aspects de l'affaire.

Le magistrat, qui souhaiterait boucler rapidement son dossier, ne pourra faire l'économie d'une audition de M.Sarkozy, d'autant que d'autres témoignages ou documents ont également évoqué d'éventuelles remises de fonds au profit de l'ancien maire de Neuilly.

Dans une ordonnance du 22 mars, le juge Gentil écrit d'ailleurs, à propos de retraits d'espèces suspects de février et avril 2007 : "Il convient de noter que des témoins attestent d'une visite du ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy, au domicile des Bettencourt pendant la campagne électorale de 2007, que des investigations sont donc nécessaires s'agissant de ces premières remises de 2007."

  • L'affaire de Karachi, l'ombre du président sortant

Dans l'affaire de Karachi, le juge Renaud Van Ruymbeke qui instruit le volet financier de l'affaire, attend avec impatience les explications de l'actuel chef de l'Etat. Si pour le moment le magistrat n'a pas réuni à l'encontre de l'ancien maire de Neuilly suffisamment d'éléments justifiant une éventuelle mise en examen, son ombre plane sur cette sombre histoire de vente d'armes.

> Voir "Comprendre l'affaire Karachi en trois minutes"

Le juge semble considérer que les contrats Agosta (la vente de sous-marins au Pakistan) et Sawari II (la cession de frégates à l'Arabie saoudite), conclus en 1994, pourraient avoir donné lieu au versement de rétrocommissions au profit de la campagne présidentielle du premier ministre Edouard Balladur, en 1995. Or, à cette époque, M. Sarkozy était non seulement un acteur de premier plan de la campagne, dont il était le porte-parole, mais il était surtout ministre du budget - qui joue un rôle clé dans les contrats d'armement.

A ce titre, il a notamment validé la création d'une société au Luxembourg, Heine, par où ont transité des commissions suspectes. En janvier2010, la police luxembourgeoise a conclu que les accords sur la création de Heine "semblaient venir directement de M. le premier ministre Balladur et de M. le ministre des finances Nicolas Sarkozy".

Par ailleurs, l'enquête a confirmé la très grande proximité de l'intermédiaire Ziad Takieddine, au cœur des soupçons de redistribution occulte d'argent, avec l'entourage de M. Sarkozy, Claude Guéant, Jean-François Copé et Brice Hortefeux notamment.

Gérard Davet et Fabrice Lhomme

 

 

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8 mai 2012 2 08 /05 /mai /2012 11:21
Artisans du Monde
Bonjour,

Dans le cadre de la Quinzaine du commerce équitable, nous serons
cette année présents le SAMEDI 12 MAI  toute la journée,  
place aux Herbes à Nîmes.

Le même jour, de 14 à 19 heures, un stand de dégustation se tiendra
devant la boutique de la rue Jean Reboul.

Pour ces deux initiatives, nous avons besoin de vous !

D'une part pour tenir le stand de la place aux Herbes à un moment
de la journée, d'autre part pour réaliser un plat sucré avec des
produits AdM à offrir lors de la dégustation.

5 rue Jean Reboul
30900 NIMES
04 66 21 83 72
http://admgard.free.fr

Ouverture :
Lundi, de 15 h à 19 heures

du mardi au jeudi,
de 9 h 30 à 13 heures
et de 15 h à 19 heures
vendredi et samedi
de 9 h 30 à 19 heures
fermeture dimanche et lundi matin


A vos agendas et à vos fourneaux !

Pour confirmer votre contribution, contactez Gaelle par mail 
gaellegaland@yahoo.fr ou laissez un message à la boutique.

Merci d'avance et à bientôt.


Rappel : notre Assemblée générale a lieu ce samedi 5 mai à 14 h au Foyer Albaric.
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7 mai 2012 1 07 /05 /mai /2012 14:21
| Par Laurent Mauduit


Dans les ultimes turbulences de la campagne présidentielle, François Hollande a commis une erreur. Une erreur vénielle, dont personne ne lui tiendra rigueur ! Invité au « Grand Journal » de Canal +, vendredi 4 mai, il a attribué à Léon Blum une phrase qui n’est pas de lui. Mais puisque la citation risque de peser lourd dans les semaines qui viennent ; puisqu’elle risque de marquer la destinée de celui qui est élu président de la République ; et puisqu’elle est la preuve, de sa part, de lucidité, sans doute n’est-il pas inutile de s’y arrêter.

Ce 4 mai, François Hollande est donc l’invité de la chaîne cryptée. Et une journaliste lui demande quelle phrase lui viendra à l’esprit ce dimanche 6 mai au soir, s’il est élu. Le candidat socialiste donne d’abord une première réponse, qui est la formule utilisée par François Mitterrand au soir de sa victoire, le 10 mai 1981 : « Quelle histoire ! » Et puis il poursuit : « Et puis il y a une autre phrase qui est celle que l’on prête à Léon Blum quand il est appelé au gouvernement du pays : “Les ennuis commencent”. »

C’est à visionner sur la vidéo ci-dessous, à partir de 18’09’’ :

 


 

 

Prié par les journalistes de Canal+ d’imaginer ce que pourraient être les Unes du Figaro et de Libération le lundi 7 mai, s’il a gagné la présidentielle, François Hollande prend sur-le-champ le stylo et inscrit, dans le cas du premier quotidien, une formule voisine : « Les difficultés, c’est maintenant ! »

Et pourtant, non ! Pour être précis, la célèbre formule, la voici : « Enfin, les difficultés commencent ! » Son auteur n’est pas Léon Blum (1872-1950) mais un député socialiste du Nord, Alexandre Bracke-Desrousseaux (1861-1955), éphémère maire de Lille et fils d’un employé aux contributions de la même ville, chansonnier à ses heures, Alexandre Desrousseaux (1820-1892), qui connut son heure de gloire pour avoir écrit la chanson Le P’tit Quinquin.

 

 
© Velvet

« Enfin, les difficultés commencent ! » Dans l’histoire de la gauche, la célèbre formule lancée le 10 mai 1936 par Alexandre Bracke-Desrousseaux, prend, en fait, des résonances multiples. Du Front populaire jusqu’à la victoire de Lionel Jospin en 1997, en passant par la Libération et bien évidemment 1981, son évocation charrie des sentiments contradictoires. Selon les époques, elle est tantôt teintée d’espoir, tantôt empreinte d’inquiétudes ou d’appréhensions, quand ce n’est pas les deux à la fois.

Les doutes intimes de Léon Blum

Il n’est donc pas inutile de faire ce va-et-vient entre ces passés multiples de la gauche et aujourd’hui. Car on aura tôt fait de mesurer que rarement, sans doute, la sentence n’aura été aussi appropriée qu’aujourd’hui. D’un côté, une volonté profonde de changement ; de l’autre, des marchés financiers qui chercheront à dicter leur loi, envers et contre tout, et qui soumettront très vite François Hollande à l’épreuve. La formule est d’une brûlante actualité. Et le vainqueur le sait à l’évidence mieux que quiconque.

 

Alexandre Bracke-Desrousseaux 
Alexandre Bracke-Desrousseaux

Quand Alexandre Bracke-Desrousseaux, premier traducteur en France des œuvres de Rosa Luxembourg, lance sa formule, sans doute a-t-il tout cela à la fois à l’esprit : il ramasse alors le formidable espoir de la gauche, qui vient, quelques jours auparavant, le 3 mai 1936, de remporter une victoire historique, celle qui va déboucher sur la formation du gouvernement de Front populaire, mais aussi le pressentiment des obstacles formidables qui l’attendent, au plan intérieur comme au plan extérieur. Oui, il y a tout cela, en même temps : le rêve d’un autre monde, la peur du chaos qui vient.

Quand, ce 10 mai 1936, il prend la parole devant le Conseil national de la SFIO, Alexandre Bracke-Desrousseaux, qui fut longtemps professeur de grec à l’École normale supérieure et qui eut, comme Lucien Herr (1864-1926), Léon Blum comme élève, résume dans son allocution de clôture on peut la consulter sur le site de l’Office universitaire de recherche socialiste, telle qu’elle fut rens le Populaire du lendemain ce que beaucoup de ses camarades à l’époque pensent déjà, ce rêve voilé, cette angoisproduite dase maîtrisée :

« Camarades, le conseil national va prendre fin. C’est un vétéran qui a connu quelques heures importantes dans l’histoire du mouvement socialiste en France, dans l’histoire socialiste au parlement et dans le monde qui vous parle. Vous, qui êtes ici aujourd’hui, vous pourrez dire dans les années qui vont venir – et pour beaucoup d’entre vous, durant de fort nombreuses années : “J’étais à ce conseil national qui a donné à la France la preuve que le Parti socialiste est décidé à donner suite au mandat qu’il a reçu du suffrage universel, à donner suite au mandat qu’il a reçu du Front populaire qu’il a tant contribué à créer”.

« Je le disais à un délégué d’un parti étranger : “Enfin, les difficultés commencent pour nous !” (Vifs appl.) Ces difficultés, nous les avions appelées, espérées, nous les avions entrevues aussi, nous, les vieux. Une ère nouvelle s’ouvre pour notre parti. Il n’y a pas parmi nous d’homme qui ne se déclare prêt – devant le monde entier s’il le faut – à prendre toutes ses responsabilités pour que la réalisation du commencement de la bataille – car ce n’est qu’un commencement ! – soit opérée dans des conditions qui rendront efficace la préparation de la société que nous construisons pour le monde du travail. »


 

Si cette formule passe à la postérité, c’est de fait qu’elle résume l’époque et ses paradoxes. D’abord, l’espoir que fait naître dans le pays la victoire du Front populaire, celui qu’exprime le socialiste de gauche Marceau Pivert, avec sa formidable  apostrophe « Tout est possible ! ». Et exactement dans le même temps, la crainte qui affleure déjà des échecs à venir, et plus encore de la barbarie qui gagne du terrain et contre laquelle le trotskiste Victor Serge, avec d’autres, sonnent le tocsin, avec cette autre apostrophe célèbre « S'il est minuit dans le siècle ».

Ce 10 mai 1936, Alexandre Bracke-Desrousseaux n’est d’ailleurs pas le seul à souffler le chaud et le froid. Exactement le même jour, Léon Blum, un peu moins d’un mois avant qu’il ne devienne, le 4 juin, président du Conseil, prononce lui aussi un discours stupéfiant – on en trouve trace ici sur le site dédié au centenaire du Parti socialiste – dans lequel il exprime des doutes encore plus personnels, presque intimes :

« Je ne sais pas si j'ai les qualités d'un chef dans une bataille aussi difficile : je ne peux pas le savoir, pas plus exactement qu'aucun de vous. C'est une épreuve que vous ferez sur moi et que je ferai sur moi-même. Mais il y a quelque chose qui ne me manquera jamais, c'est la résolution, c'est le courage et c'est la fidélité… Je veux vous dire encore que je ne me présente pas à vous aujourd'hui comme un homme déjà accablé d'avance sous le poids des charges et des responsabilités, bien que, croyez-le, je les connaisse. »

La vidéo ci-dessous retrace un autre moment de ce même discours :

 

Pour voir la vidéo, appuyer sur la touche "Ctrl" de votre clavier + cliquer gauche sur ce "link"

 

La « parenthèse » de la rigueur qui ne s'est jamais refermée

« Enfin, les difficultés commencent ! » La gauche, qui a longtemps aimé cultiver son histoire, s’est donc remémorée périodiquement l’adage célèbre. En certaines circonstances, la sentence de Bracke-Desrousseaux est très présente dans les esprits ; mais en d’autres, elle est reléguée au second plan, sinon même presque oubliée. Et cela n’est évidemment pas indifférent : on peut y déceler la part de rêve portée par les socialistes ; ou alors la part de résignation ou de fatalisme…


 

Ainsi en 1981, l’heure n’est pas à commémorer le réalisme de Bracke-Desrousseaux. C’est l’espoir qui domine : l’espoir de chasser Giscard, l’espoir plus encore de « changer la vie » – selon la formule empruntée par les socialistes à Arthur Rimbaud en titre de leur programme de gouvernement élaboré en 1972, un an après le Congrès d’Epinay. C’est l’espoir de changer le monde. Même si, à l’époque, la conjoncture mondiale joue contre eux, et si la politique de relance va heurter de plein fouet le mur de la contrainte extérieure, le Parti socialiste ne pense pas aux difficultés qui viennent – ou fait mine de ne pas y penser.

La rédaction de Mediapart a consacré l'an passé à cette période un livre collectif auquel on peut se référer : Les 110 propositions – 1981-2011 – Manuel critique à l'usage des citoyens qui rêvent encore de changer la vie. Cet ouvrage avait été présenté sur notre site dans cet article : Mediapart invite à débattre des formidables leçons de 1981. Pour commémorer à notre façon les trente ans du 10 mai 1981, Mediapart avait également organisé, le lundi 2 mai 2011 à la Maison des métallos, à Paris, un débat en présence d'Arnaud Montebourg et de François Hollande (lire Hollande ou Montebourg, deux façons de changer la politique). L'intervention de ce dernier peut être redécouverte dans la vidéo ci-dessous :

 

On connaît quoi qu'il en soit l’histoire : ce n’est que le 29 novembre 1981, plus de six mois donc après le 10 mai, que, enfin, les premières « difficultés commencent ». C’est le ministre des finances de l’époque, Jacques Delors – le père de Martine Aubry – qui les annoncent en préconisant une « pause » dans l’annonce des réformes. Et quelques mois plus tard, le couperet tombe, autrement plus violemment : en juin 1982, un premier plan d’austérité est annoncé, suivi par un second, plus draconien encore, en mars 1983.

La vidéo ci-dessous, en date du 25 mars 1983, résume l’intervention de Jacques Delors, présentant ce dernier plan d’austérité :


(Pour voir la vidéo, appuyer sur la touche "Ctrl" de votre clavier + cliquer gauche sur ce "link"

 

 

En quelque sorte, Bracke-Desrousseaux ne fait pas partie de l’imaginaire socialiste de cette année 1981. Mais très vite, l’espoir s’estompe. Et s’ouvre alors une « parenthèse », celle de la rigueur – la formule est de Lionel Jospin –, qui en vérité ne se refermera jamais.

En 1997, lors de la victoire de Lionel Jospin, Bracke-Desrousseaux n’est guère plus exhumé de la mémoire socialiste. En vérité, la gauche, grâce à Lionel Jospin, s’est si subitement rétablie de sa défaite historique de 1993, qu’elle est la première surprise d’une victoire arrachée à l’occasion d’élections législatives imprévues, provoquées par la malencontreuse dissolution de Jacques Chirac. Le retour aux affaires est si rapide qu’il n’est donc pas porté par une vague d’espoir. Il n’empêche, Bracke-Desrousseaux sommeille dans l’inconscient jospinien et, très vite, il se manifeste.

Car c’est le paradoxe du bilan de Lionel Jospin : s’il a le mérite d’offrir une nouvelle doctrine aux socialistes, ébranlés qu’ils ont été par les dérives libérales des années Bérégovoy, s’il ouvre une nouvelle perspective à gauche, il trébuche très vite sur les premières difficultés, à peine nommé premier ministre. Dans les semaines qui précèdent les élections législatives, Lionel Jospin n’a pas de mots assez durs pour critiquer le pacte de stabilité européen – c’est du « super Maastricht », s’indigne-t-il. De même, il promet que France Télécom restera à 100 % public, et tance un dignitaire socialiste qui prône tout de même une « respiration » du secteur public, c’est-à-dire des ouvertures de capital au privé – il s’agit d’un certain… François Hollande.

Mais sitôt les élections passées, les difficultés commencent. Ou plus précisément, les premiers reniements : de peur d’une crise européenne, le pacte de stabilité est approuvé par le tout nouveau gouvernement de gauche. Et la privatisation de France Télécom est bientôt mise en chantier.

En quelque sorte, Lionel Jospin surprend à deux reprises : pour l’autorité et l’intelligence qu’il manifeste dans les années 1995-1997 dans le redressement moral et doctrinal de la gauche ; pour l’empressement qu’il manifeste ensuite à céder à la pression du nouveau capitalisme qui est en train à l’époque de se mettre en place.

D'un côté le peuple, de l'autre les marchés

C’est à ce titre que la gauche de François Hollande, celle qui vient de gagner l’élection présidentielle, est dans une configuration nouvelle. Une configuration plutôt voisine de celle de 1936, et assez différente de celles de 1981 ou de 1997. En clair, c’est le grand retour d’Alexandre Bracke-Desrousseaux : cette victoire socialiste de 2012 porte tout à la fois un immense espoir ; mais elle est aussi teintée d’une part d’inquiétude. Avec, à la clef, une interrogation qui est dans tous les esprits : si d’aventure la crise se creuse, si les marchés financiers s’en prennent à la France après avoir mis à genoux les peuples du Portugal, d’Espagne et surtout de Grèce, de quel côté François Hollande tomberait-il ?

L’espoir, on le connaît : c’est celui que suscite la fin d’une présidence qui a abîmé la France, qui a creusé d’insupportables inégalités au profit des plus riches et au détriment des plus pauvres. C’est la joie d’en finir avec les années Sarkozy, avec ce régime qui a joué des peurs les plus troubles, qui a alimenté les haines, jusqu’à courir derrière les thèses les plus insupportables de l’extrême droite, contraires aux valeurs de la République. C’est cette joie communicative qui a commencé à se manifester dès dimanche soir à Paris, dans les rues, à la Bastille, et dans tant d’autres villes de province.

Mais 2012 n’est pas 1981. Il y a entre les deux… oui, le spectre d’Alexandre Bracke-Desrousseaux. Car à la différence du premier septennat de François Mitterrand, le quinquennat qui va commencer avec François Hollande est aussi marqué, tout de suite, d’une inquiétude. Non pas que l’on en vienne à penser que le nouveau chef de l’État pourrait être enclin, sitôt élu, à renier ses engagements. Non ! Qu’on l’apprécie ou non, on ne peut guère douter de sa rectitude. Sans doute sera-t-il exactement ce qu’il a dit : réformiste, sans excès.

Mais il faut bien prendre la mesure des difficultés qui l'attendent : elles sont immenses. Depuis que la crise de la dette s’est creusée en Europe, mettant à genoux les pays les uns après les autres, la Grèce d’abord, et puis l’Espagne et le Portugal, c’est une gravissime confrontation qui est à l’œuvre. Avec d’un côté, des démocraties de plus en plus malades, qui demandent des sacrifices de plus en plus lourds à leurs peuples. Et de l’autre, des marchés financiers, qui n’entendent pas perdre la main, qui se moquent des exigences du suffrage uiversel.

C’est cela la première des confrontations à laquelle François Hollande devra faire face. C’est cela la principale des interrogations que sa victoire soulève : si d’aventure les marchés financiers veulent engager un troisième tour financier, aura-t-il l’énergie de leur résister ? Aura-t-il la force de rester fidèle au mandat que le peuple lui a donné ?

La confrontation n’est certes pas de même nature que celle suggérée par la formule d’Alexandre Bracke-Desrousseaux. Alors, les dangers sont immenses. Sur fond de montée nazisme et du fascisme, c’est l’avancée vers la guerre qui se dessine ; et la gauche, elle, est en piteux état ; si piteux état qu’un gouvernement de Front populaire finira, ultérieurement, par voter les pleins pouvoirs à Pétain.

Aujourd’hui, la confrontation est différente. C’est d’abord celle qui met face-à-face les peuples européens aux marchés financiers. Mais les enjeux démocratiques sont-ils si différents ? C’est le fil de continuité qui transparaît entre la victoire du Front populaire et celle de François Hollande : elles sont intervenues, l’une comme l’autre, dans un contexte historique de tourmente.

D’où cette interrogation : François Hollande saura-t-il déjouer les difficultés qui s’annoncent ? Saura-t-il en appeler au peuple pour mater enfin les marchés financiers ? Au soir de sa victoire, c’est l’histoire qui commence…

 

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7 mai 2012 1 07 /05 /mai /2012 14:01
| Par Mathieu Magnaudeix et Mathilde Mathieu

 

A minuit quarante, François Hollande monte enfin sur la scène. Juste débarqué de son fief corrézien de Tulle, le président est venu fêter sa victoire à la Bastille. L'ombre du François Mitterrand de 1981 est là. Hollande lui rend d'ailleurs un vibrant hommage dans un bref discours, où il salue également d'une voix plus enrouée que jamais le « peuple de France » et la « jeune génération ». Présente en masse ce dimanche soir, la « jeune génération » entonne d'ailleurs une Marseillaise à gorge déployée.

 

 

 

 

La foule acclame le nouveau président. Mais c'est surtout l'immense bonheur d'avoir dégagé Nicolas Sarkozy qui rend les visages radieux. « Sarkozy c'est fini ! » dit l'un. « Sarkozy au Kärcher, à l'Anpe, au trou ! », hurle une autre qui danse sur place.

 

 

François Hollande place de la Bastille 
François Hollande place de la Bastille© Mathieu Magnaudeix
 

« On a viré Sarko et sa putain de bande !» lâche dans un rugissement un étudiant à Sciences-Po Paris   de 22 ans. C'était sa première présidentielle. Il a voté Poutou au premier tour, pour « la voie libertaire » qu'il représente, et Hollande ce dimanche. Il n'est pas béat pour autant. « Je suis content qu'il soit élu, mais je n'en attends rien, dit-il. Je n'aime pas ses propos sur l'immigration que je trouve scandaleux. » 

 

 

Manon et David chantent la Marseillaise 
Manon et David chantent la Marseillaise© Mathieu Magnaudeix
 

Parmi ses amis, tous ne sont pas aussi sévères. « Hollande incarne des valeurs plus humaines que Sarkozy », dit Manon Chaigneau, étudiante en lettres. « La campagne m'a même redonné goût à la politique alors que ces dernières années, je m'en étais plutôt détournée, ajoute Fanny Cardin, 22 ans, qui fait des études de cinéma. Pour nous 81, c'était un mythe. » « De ce quinquennat, on retiendra la très grande vulgarité, résume Bastien Suteau, le quatrième du groupe, inscrit en fac de géo à Rennes. J'attends maintenant plus de réflexion. » Il a voté Hollande dès le premier tour.

 

 

 

Au métro Bastille, dimanche soir© DR

En 2007, Bastien avait tout juste 18 ans quand Ségolène Royal a perdu. Comme lui, ils sont nombreux à vivre cette soirée comme une revanche. « Depuis que j'ai vingt ans, je vis avec Sarkozy, j'avais honte de dire que j'étais français », se réjouit Loïc, fonctionnaire territorial à Strasbourg. Il a aujourd'hui 25 ans, l'âge de ses parents en 1981. « Le changement de Hollande, c'est pas la promesse mitterrandienne de changer la vie, c'est sûr. Tout n'est pas possible, on le sait. Mais il y a peut-être plus de beauté dans la lucidité. »

 

 

 
© Thomas Haley
 

Pour voir les 28 photos grand format de Thomas Haley, cliquer ici

La foule est plutôt jeune, les visages de toutes les origines – des Blancs, des Noirs, des Arabes. On danse, on chante, souvent sur le dos de l'ancien président. On trépigne beaucoup, aussi : toute la soirée, il fut bien difficile de se frayer un chemin parmi les rangs, très compacts. 

« Ça y est, on l’a dégagé ! »

 

 
© Mathieu Magnaudeix
 

Dès 19 heures, la place de la Bastille était pleine comme un œuf. Alors que les estimations circulent de téléphone en téléphone, l'optimisme est général. A chacun son sésame de la victoire : une rose à la main, un drapeau tricolore, ou bien celui du PS, du Front de gauche, du PCF ou d'Europe Ecologie-Les Verts. Sarah, 25 ans, est venue avec « la famille et des amis ». « Il y a un climat de ras-le-bol. Je travaille à l'hôpital et tous les jours je vois la casse du service public », dit cette sympathisante socialiste. « Cinq ans c'est long ! lâche Wadly Oxima, fonctionnaire en région parisienne. Sarkozy n'a pas tout fait mal mais il m'a écœuré par sa pratique du pouvoir. On n'était pas vraiment en démocratie. » « «La clique va partir. On va retrouver la grandeur de la France », espère Nelly Venturini, 68 ans, une rose à la main. « Casse-toi de chez nous », « François président », scandent les curieux juchés sur le Génie au centre de la place.

 

 

Wadly Oxima et sa copine, Audrey Martin 
Wadly Oxima et sa copine, Audrey Martin© Mathieu Magnaudeix
 

A l'annonce officielle des résultats à 20 heures, ils sont déjà des milliers rassemblés en rangs serrés face aux deux écrans géants. Grand cri de joie, fumigènes et « pop » des bouteilles de champagne qu'on débouche quand apparaît le visage d'Hollande. « Sarkozy à la retraite ! » entend-on dans la foule, déchaînée. Certains laissent couler des larmes d'émotion. « Ça y est, on l’a dégagé ! se réjouit Maurine. Cette Antillaise, auxiliaire de vie auprès des personnes âgées, exulte. « Nos personnes âgées, elles n’en pouvaient plus de Sarkozy. Pendant qu’il augmentait son salaire de 170 %, les petites vieilles, elles coupaient leur steack en quatre ! Elles payaient leur motte de beurre 1,10 euro. Sarkozy en avait rien à foutre ! »

 

 

Maurine avec une amie, aux anges 
Maurine avec une amie, aux anges© Mathilde Mathieu
 

Sur l'écran géant, on voit des images de militants UMP en pleurs. Ils sont copieusement hués. Jean-François Copé apparaît à la télé sur France-2 : « Au bûcher! », crie un petit groupe. La ministre Morano suscite les sifflets, à peine moins que lorsque c'est Nicolas Sarkozy qui prend la parole en direct de la Mutualité. « Jamais je ne pourrai vous rendre ce que vous m'avez donné ! » dit l'ancien président à ses partisans. « Tout ce que tu nous a pris, oui ! » hurle une jeune femme. Encore une fois, l'air est saturé de pressants « Casse-toi ! » « Sarko facho », ou « dehors le raciste! ».

Nadia et Zeineb, 22 ans, en Licence et Master à la Sorbonne, sont venues de Torcy (Seine-et-Marne) avec un drapeau français, « pas tant pour soutenir François Hollande que pour fêter la fin du sarkozysme ». « La victoire de ce soir, c'est l'espoir de retrouver une certaine cohésion sociale, lancent ces jeunes femmes, de confession musulmane – l'une d'elles porte un voile. Sarkozy, c’était la stigmatisation permanente. » Etudiante en droit fiscal, Zeineb ne « croit pas à une véritable révolution fiscale, pas plus qu'à une renégociation profonde des traités européens », mais elle « sait », pour sûr, que « monter les Français les uns contre les autres, c'est fini ».

 

Zeineb et Nadia, 22 ans 
Zeineb et Nadia, 22 ans© Mathilde Mathieu
 
« L'écart avec Sarkozy est assez décevant »

 

23h30. Foule compacte à la Bastille. 
23h30. Foule compacte à la Bastille.© Mathieu Magnaudeix
 

Certes, les visages sont radieux, et beaucoup n'auraient raté cette soirée pour rien au monde. Surtout pas Olivier Palduplin, 42 ans, et son compagnon Philippe, 52 ans. « On a eu le changement ! Pour moi, ça ne changera pas beaucoup de choses. Mais les étrangers vont pouvoir voter dans notre pays aux municipales, et c'est normal puisqu'ils paient des impôts. Les couples qui s'aiment vont pouvoir se marier s'ils le désirent. Nous, on est ensemble depuis 13 ans et on ne l'envisage pas. Mais c'est bien que tout le monde ait les mêmes droits en France. »

 

© Mathieu Magnaudeix

 

Mais en début de soirée, la liesse est loin d'être générale, tandis que les mêmes clips de campagne repassent en boucle, ce qui n'aide pas à mettre l'ambiance. « C'est normal, dit Maud, mandataire judiciaire de 25 ans qui a voté Hollande après avoir donné son vote à Jean-Luc Mélenchon au 1er tour. L'écart avec Nicolas Sarkozy est assez décevant. Et puis on sait que le mandat va être mauvais, en tout cas difficile. Dans cinq ans, la droite risque de repasser. » A ses côtés, une élève avocate de 25 ans, a voté Hollande pour faire « barrage à la politique xénophobe » de Nicolas Sarkozy. Elle aussi avait voté Mélenchon. « Hollande, c'est à contrecœur », dit-elle. Pour certains partisans de Mélenchon croisés dans le défilé, Hollande ne survivra d'ailleurs pas à un quinquennat. « Dans cinq ans, on le vire », dit l'un d'eux.

Etudiant en relations internationales, militant Europe Ecologie-Les Verts, Lucas estime plutôt que « c’est aussi la victoire des écologistes. J’espère qu’ils auront une place dans le gouvernement ». Il voit déjà Cécile Duflot ministre, et Eva Joly  « à la tête d’un Commissariat de lutte contre l’évasion fiscale ». D'ores et déjà, le nouveau président se voit rappeler ses silences de campagne par Act-Up, dont une vingtaine de militants sont présents. « On est ravis de pouvoir fêter la fin de l'ère Sarkozy, explique la vice-présidente de l'association de lutte contre le sida, Cécile Lhuillier. Mais sur les franchises médicales, l'accès aux soins post-mortem, le droit au séjour pour les étrangers malades, les putes, on a trouvé Hollande frileux. On est là pour faire savoir qu'il va falloir se mettre au boulot tout de suite. On sera là pour le lui rappeler. » Leur pancarte porte un message clair : « Le changement, ça doit être vraiment maintenant », avec le mot “vraiment” en lettres rouges.

 

 
© Mathilde Mathieu
 

Il faudra les chanteurs Noah et Yaël Naim, puis le ballet des politiques (de Ségolène Royal, très applaudie, à Jean-Marc Ayrault, en passant par Cécile Duflot ou encore Manuel Valls, improbable maître de cérémonie survolté en costard-cravate) pour réchauffer l'ambiance avant l'arrivée d'Hollande, clou de la soirée.

Sitôt son discours fini, les rangs se desserrent bien vite, les manifestants de la Bastille partent se coucher. « Laissez passer les vrais travailleurs », disent plusieurs d'entre eux en riant, référence au « vrai travail » de Nicolas Sarkozy. Boulevard Beaumarchais, un groupe de jeunes entame une fiesta improvisée sous un abribus.

Aux terrasses des cafés, entre Bastille et République, on fait durer la joie de ce dimanche attendu depuis longtemps. Des klaxons résonnent. Juste une nuit pour savourer la victoire. Sans trop d'illusions. Mais en y croyant quand même un peu.

 

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7 mai 2012 1 07 /05 /mai /2012 13:31

 

UN MORATOIRE SUR LES EXPULSIONS MAINTENANT,
PRELUDE A UNE PROFONDE EVOLUTION:

 http://www.educationsansfrontieres.org/article42778.html

CP_Post_6_mai_2012
CP_Post_6_mai_2012.doc

Le Réseau Education sans frontières (RESF) se félicite de la défaite de Nicolas Sarkozy dont l'histoire retiendra qu'en dix années, de l'Intérieur à l'Elysée, il a emprisonné en centre de rétention plus d'un million d'hommes, de femmes et d'enfants étrangers sans papiers et en a expulsé de deux à trois cent mille. Il est à son tour expulsé de l'Elysée. Bon débarras.

Son successeur a affirmé vouloir mener "une autre politique migratoire fondée sur des règles transparentes, stables et justes (...) et conduite dans le respect de la dignité de tous les êtres humains qui sont sur notre territoire" (courrier au RESF et à l'OEE du 20 février 2012 http://www.educationsansfrontieres.org/article41771.html) .

Même si ses engagements ont été limités et prudents, cette volonté du Président Hollande devrait marquer une rupture avec la xénophobie d'Etat, se traduire par un profond réexamen du code de séjour des étrangers et des demandeurs d'asile (CESEDA) et permettre de répondre aux exigences minimum qui ont été portées par le RESF et par les militants et élus de gauche sous les quinquennats de Chirac et de Sarkozy :

* Conformément aux engagements écrits pris par le candidat Hollande (courrier au RESF et à l'OEE du 20 février 2012 http://www.educationsansfrontieres.org/article41771.html ), le placement en rétention des mineurs devra être interdit, la gratuité de l'AME rétablie, la liste des pays dits sûrs supprimée, le droit d'asile pleinement restauré.

* De même les parents d'enfants scolarisés ou les sans papiers ayant un travail déclaré ou au noir devront être régularisés, conformément aux engagements pris par le Parti Socialiste et plusieurs fois évoqués par le candidat.

* Même si, de façon incompréhensible, cet aspect de la question ne figure pas dans le programme du Parti Socialiste ni dans celui de son candidat, le RESF maintient son exigence de la régularisation des jeunes majeurs scolarisés, sauf à souhaiter voir les élèves des lycées des jeunes concernés défiler par centaines sous Hollande comme ils l'ont si souvent fait sous Sarkozy avec la solidarité de militants et d'élus des partis de gauche, dont le Parti Socialiste.

* Le démembrement des familles (l'expulsion d'un père ou d'une mère tandis que le conjoint et les enfants restent en France), mesure inhumaine s'il en est, devra être interdit.

* Les taxes prohibitives perçues sur la délivrance des titres de séjour doivent être réduites, ramenées, par exemples à celles exigées pour la délivrance d'un passeport français (80 €)

* L'accueil des étrangers, y compris ceux en situation régulière, est actuellement organisé dans certaines préfectures dans des conditions dégradantes. Il convient d'y remédier très rapidement.

Ces mesures, et celles concernant les autres catégories de sans papiers devront être prises au plus vite. Nous avons cependant conscience de la difficulté à décider et à organiser ces dispositifs en quelques jours.

Aussi nous semble-t-il indispensable et urgent que le président de la République prenne dès son entrée en fonction une mesure forte, à la fois symbolique, et qui concrétise aux yeux de tous que les promesses électorales ne sont pas du vent : un moratoire sur les expulsions.

L'expulsion est, en effet, une mesure d'une extrême gravité, propre à mettre en cause la vie, l'avenir, de ceux sur lesquels elle s'abat. C'est tout à la fois une arrestation impromptue, une garde à vue, un emprisonnement (jusqu'à 45 jours !), la perte de son travail, de son logement, la spoliation des biens accumulés, la rupture définitive avec son milieu, ses amis, sa famille et une humiliation dont on ne se remet pas : le pays qu'on avait choisi vous rejette et vous dépose, parfois dans la tenue dans laquelle vous avez été arrêté, à la queue de l'avion, sur le tarmac d'un aéroport ou rien ni personne ne vous attend.

La volonté exprimée par le président d'une "une autre politique migratoire" respectant "la dignité de tous les êtres humains" impose la refonte du CESEDA. Il serait dès lors inacceptable que des hommes, des femmes, des enfants soient expulsés sur la base de textes hérités du sarkozysme et promis à la corbeille très vite.
Décréter un moratoire sur les expulsions est une mesure conservatoire à laquelle le nouveau pouvoir ne saurait se dérober.


Le changement, c'est maintenant


Site National RESF: http://www.educationsansfrontieres.org/


Blog RESF30: http://lewebpedagogique.com/resf30/
Pour s'inscrire à la liste de diffusion RESF30 Info: http://listes.rezo.net/mailman/listinfo/resf30-info
Nouveau: Twitter RESF30: https://twitter.com/#!/RESF30

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5 mai 2012 6 05 /05 /mai /2012 17:30

 

 

Le Monde.fr | 04.05.2012 à 14h23

Par Philippe Zarifian , professeur des universités

 
 

La campagne menée par Nicolas Sarkozy aura, dès le départ, été caractérisée par sa violence et sa brutalité, utilisant tous les moyens qui pouvaient faire mal à l'ennemi, saper son moral, le détruire. Et on ne comprend rien à cette campagne si on ne l'associe pas à un régime de guerre, volontairement instauré comme tel par le candidat-président.

C'est incontestablement le théoricien d'ultra-droite Carl Schmitt, qui aura le mieux caractérisé ce qu'est un régime de guerre, qui, pour lui, existait de façon latente derrière tout état politique "normal".

Pour comprendre l'essence du politique, disait-il, il faut toujours partir des situations exceptionnelles, des états d'exception.

Car c'est à l'occasion de ces situations (la nécessité de mener une guerre) que s'exprime de manière la plus pure et significative l'essence de la souveraineté de l'Etat : le monopole de la décision. La situation exceptionnelle, selon Schmitt, est tout autre chose qu'un chaos ou une anarchie. Elle appelle et définit un ordre, mais qui ne relève pas du droit, de l'application d'une quelconque norme juridique (qui ne peut "régler" que les situations normales, normalisables).

En situation d'exception, la décision du souverain devient absolue au sens propre du terme.
Jamais l'analyse d'un fonctionnement politico- étatique normal, régulé par des normes de droit et de démocratie, ne permettra de comprendre ce qui se produit en situation événementielle, lorsque surgit l'exception.

Le cas normal ne prouve rien. L'exception prouve tout. Elle ne fait pas que confirmer la règle. La règle ne vit que par l'exception. Avec l'exception, le pur rapport de force brise la carapace d'une mécanique juridico-bureaucratique figée dans la répétition. La situation d'exception n'est pas un choix ou une préférence. Elle s'impose d'elle-même, et impose la prise de décision volontaire. Et tout devient application d'une volonté, volonté de mener la guerre par tous les moyens possibles, de détruire l'ennemi.

On pourra aisément remarquer que, dans le discours de Nicolas Sarkozy, il n'a jamais été question de démocratie. Quel que soit le thème abordé, l'immigration, la crise, la question du travail, la défense de la France, etc., tout a été présenté comme si nous vivions dans une situation d'urgence, un véritable état d'exception justement, avec dramatisation volontaire. Et dans cet état, on ne peut utiliser valablement que la volonté d'un leader et la conduite d'une guerre, qui n'est pas que verbale (c'est Guéant qui, depuis plusieurs mois, la mène dans la pratique, avec les pouvoirs d'un ministre de l'intérieur).

Qu'est-ce alors que la politique pour Nicolas Sarkozy ? La politique a pour caractère spécifique d'opposer ami et ennemi. C'est en cela, et en cela seulement qu'elle est politique, et se distingue de toute autre forme d'activité humaine Toutes les notions, vocables, concepts vraiment politiques convergent vers un antagonisme concret, ils sont liés à une situation dont la logique ultime est cette confrontation. On pourra voir là aussi, si on reprend chacun des thèmes mis en avant par Sarkozy, qu'il trace à chaque fois cette ligne de démarcation entre ennemis et amis. Même sur la question du travail : l'ennemi, ce sont les syndicats, les travailleurs planqués et privilégiés, tous les corps intermédiaires et tous les compromis qui ont donné figure à l'Etat-Social. Les amis, ce sont les plus démunis, ceux qui travaillent sans protection juridique ou syndicale.

Dans cette campagne, Nicolas Sarkozy ne s'est jamais préoccupé du fond de ce qu'il disait. Il a d'ailleurs accumulé les positions contraires. Sa seule préoccupation, à chaque fois, à chaque conjoncture, a été : est-ce que cela me permet de porter un coup à l'ennemi et de rallier des "amis" ? C'était sa seule véritable question. Il est devenu brusquement un ardent défenseur de la Nation, un sévère critique de l'Union Européenne, voire quelqu'un d'hostile à la mondialisation. Tout cela pour gagner les voix du FN, et plus largement de tous ceux qui pensent pâtir de l'ouverture de la France au monde qui l'entoure. Dans d'autres circonstances, il aurait tout aussi bien pu défendre une position favorable à la mondialisation. Il l'a fait par le passé...

La question est alors : est-ce que Nicolas Sarkozy n'a aucun projet, aucune conviction, ne défend aucun intérêt ? Non, bien sûr. Il défend un projet tout à fait cohérent avec la politique de la terre brulée, de la dramatisation et de la guerre. Son projet est simple : faire table rase de tout ce qui empêche les riches et les puissants de s'imposer par le pur rapport de force, en utilisant, comme simple masse de manœuvre, la plèbe, la foule des exclus et des souffrants. La force avant tout. Et une force qui, spontanément, profite aux plus puissants, à une caste minoritaire, qui sont ses " vrais amis ". Et au passage, soutenir le système économique dominant, le capitalisme sous sa forme actuelle, qui s'impose de lui-même malgré et dans sa crise.

 

Philippe Zarifian , professeur des universités

 

 

 

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4 mai 2012 5 04 /05 /mai /2012 15:21

 

 

Actualité | Après BFMTV jeudi 3 mai à Toulon et Mediapart le 1er mai au Trocadéro, d'autres journalistes confirment avoir été pris pour cible dans les meetings de l'UMP. Enquête.

 

Le 04/05/2012 à 01h34 - Mis à jour le 04/05/2012 à 15h49
Emmanuelle Anizon

C’est compliqué d’écrire ça, à quelques heures d’une élection présidentielle, alors qu’on veut éviter tout militantisme politique, et qu’on fuit les caricatures. Mais voilà : ça débloque total, du côté UMP. Dans les meetings de Sarkozy, depuis quelques semaines, les journalistes sont devenus des cibles. Des militants leur bloquent le passage, les insultent, et, depuis quelques jours, osent même les attaques physiques. Sans que l'UMP s'en excuse officiellement. Jeudi 3 mai, à la fin du meeting de Toulon, Ruth Elkrief, sur BFMTV, fait son direct. Autour d’elle, on entend du bruit. « L’atmosphère est assez désagréable tout autour de nous, finit-elle par avouer face à la caméra, avec un sourire contraint. Des militants nous agressent et nous prennent à parti, et sont assez méchants ». Elle essaie de continuer à sourire, crispée. Prend à témoin le reporter Thierry Arnaud, qui l’accompagne. Celui-ci, la voix couverte par les insultes, tente d’expliquer que, en effet, depuis que Nicolas Sarkozy a dénoncé le système médiatique dans un discours... La scène s’arrête là. Coupée, elle ne montrera pas les bouteilles d'eau et les crachats lancés au visage des deux journalistes. Ni ne permettra d'entendre les « vendus » et « collabos » criés.

 

 

Meetings UMP : les témoignages des journalistes agressés

Actualité | Après BFMTV jeudi 3 mai à Toulon et Mediapart le 1er mai au Trocadéro, d'autres journalistes confirment avoir été pris pour cible dans les meetings de l'UMP. Enquête.

Le 04/05/2012 à 01h34 - Mis à jour le 04/05/2012 à 15h49
Emmanuelle Anizon

C’est compliqué d’écrire ça, à quelques heures d’une élection présidentielle, alors qu’on veut éviter tout militantisme politique, et qu’on fuit les caricatures. Mais voilà : ça débloque total, du côté UMP. Dans les meetings de Sarkozy, depuis quelques semaines, les journalistes sont devenus des cibles. Des militants leur bloquent le passage, les insultent, et, depuis quelques jours, osent même les attaques physiques. Sans que l'UMP s'en excuse officiellement. Jeudi 3 mai, à la fin du meeting de Toulon, Ruth Elkrief, sur BFMTV, fait son direct. Autour d’elle, on entend du bruit. « L’atmosphère est assez désagréable tout autour de nous, finit-elle par avouer face à la caméra, avec un sourire contraint. Des militants nous agressent et nous prennent à parti, et sont assez méchants ». Elle essaie de continuer à sourire, crispée. Prend à témoin le reporter Thierry Arnaud, qui l’accompagne. Celui-ci, la voix couverte par les insultes, tente d’expliquer que, en effet, depuis que Nicolas Sarkozy a dénoncé le système médiatique dans un discours... La scène s’arrête là. Coupée, elle ne montrera pas les bouteilles d'eau et les crachats lancés au visage des deux journalistes. Ni ne permettra d'entendre les « vendus » et « collabos » criés.

 

Le soir-même, dans un tweet, Ruth Elkrief écrit :

 

 

Rien de grave ? Si, c’est grave. Parce qu’effectivement, l’incident découle d’un « discours irresponsable sur les médias ». Celui de Nicolas Sarkozy (relayé par certains de ses lieutenants), qui, depuis l’entre-deux tours, sentant le vent tourner, multiplie les attaques contre ces journalistes qui « n’ont hésité devant aucun coup, devant aucune manipulation » (Saint-Cyr sur Loire , 23 avril), et dénonce le « terrorisme du système médiatique » (Longjumeau, 24 avril). C’est grave, parce que l’incident de Toulon n’est pas un cas isolé. Le 1er mai, Marine Turchi, jeune journaliste de Médiapart, se trouve place du Trocadéro, au meeting de Nicolas Sarkozy. Un groupe de huit personnes la prend à parti. « Ah c’est Mediapart ! », « Qu’est ce que vous faites là ? », « Vous n’avez pas honte ? » « Sale gauchiste ! ». Elle essaie de discuter, argumente, réussit à calmer le jeu, tente de s’éclipser. C’est alors qu’un homme d’une soixantaine d’années lui arrache violemment son badge de journaliste, en lui blessant le cou « C’est Mediapart, ils sont là, ils sont là ! ». La jeune journaliste prend son agresseur en photo, le menace de porter plainte s’il continue, réussit à s’extraire. Un homme de la sécurité de l'UMP la prend alors en charge et lui indique le commissariat.

Marine Turchi a porté plainte : « Je ne pouvais pas laisser passer ça, dit-elle, encore secouée, quelques heures après les événements. Depuis que Nicolas Sarkozy attaque les médias, on sent trop la tension monter ». Une bascule qu’elle analyse le soir-même de son agression, sur le site de Mediapart. Ce jour-là, mardi 1er mai, sur Twitter, d’autres journalistes (Inrockuptibles, 20 minutes...) attestent de la tension de la journée. Michel Soudais, de Politis, raconte même avoir croisé une autre journaliste agressée :

 

 

Cette mystérieuse journaliste, c’est Geneviève de Cazaux, ex-TF1... et ex candidate UMP aux législatives de 2002, qui nous confirme avoir été plus que bousculée : « J’essayais de traverser la foule, on m’a arraché mon badge « presse », tiré les cheveux par poignées, quelqu’un m’a rouée de coups dans le dos.. C’était un groupe de retraités avec une handicapée ! ». Après « trente-cinq ans métier », la routarde du journalisme politique n’en revient toujours pas : « C’est des pratiques qu’on pouvait rencontrer au FN... mais pas à l’UMP ! Je n’ai jamais vu ça ! ». Elle n’a pas souhaité porter plainte.

 

Notre profession n’a pas la cote, on le sait. Les journalistes votent majoritairement à gauche, on le dit. Mais soyons clairs : il n’est pas question ici de droite ou de gauche. Mediapart est de gauche, pas BFMTV. Geneviève de Cazaux n’a rien d’une trotskiste. Pas plus que Lise Barcellini, journaliste à France 24, qui a envoyé cette semaine un mail à sa direction, racontant les cris « journalistes vendus », les militants l’empêchant volontairement d’entrer dans un meeting : « Je me suis sentie agressée, oppressée, et mon cœur battait à toute allure ». Au téléphone, elle nous confirme que « le plus souvent, ces militants agressifs - heureusement très minoritaires - ne savent même pas pour qui on travaille ». Peu importe le média. Ce sont les journalistes dans l’exercice de leur fonction, qui sont visés. Dans ce que celle-ci a de symbolique. Ce matin, vendredi 4 mai, Nicolas Sarkozy se disait « désolé » sur Europe 1, mais expliquait aussi comprendre « l'exaspération » des militants. Exaspération de la fin de campagne, d'une possible défaite, sûrement. Mais pas seulement. Si ces militants UMP ont franchi la barrière que seuls franchissaient jusqu’ici ceux de l’extrême droite (et encore, il y a quelques années), c'est aussi parce qu'ils ont entendu cette drôle de petite musique que leur joue leur leader. Malsaine, anti-républicaine. Inexcusable.

 

http://www.telerama.fr/medias/meeting-ump-les-temoignages-de-journalistes-agresses-se-multiplient,81091.php#xtor=RSS-18

 

 

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3 mai 2012 4 03 /05 /mai /2012 14:21
| Par Antoine Perraud

 

En courant après le Front national, avec une violence redoublée à partir des résultats du premier tour de l'élection présidentielle, Nicolas Sarkozy confirme son tropisme islamophobe. Il a utilisé son bouc émissaire de prédilection, Tariq Ramadan, pour en faire un soutien forcément gênant de François Hollande. Le bobard fut démenti par l'un (Ramadan) comme par l'autre (Hollande).

Tariq Ramadan est diabolisé. Certains observateurs lui dénient la qualité d'intellectuel, avec cette indécrottable certitude occidentale – des rudiments d'histoire suffiraient pourtant à la pulvériser – qu'“intellectuel musulman” ne peut être qu'un antonyme. D'autres commentateurs lui accordent systématiquement une sorte d'épithète homérique : « Intellectuel controversé ». Tariq Ramadan a pourtant des choses à nous dire. Ce n'est pas parce qu'il pourrait, sait-on jamais, se satisfaire d'une forme de théocratie qui sacrifierait la démocratie sur l'autel de l'islam, si une telle occurrence se présentait, ce n'est donc pas parce qu'il suscite une forme entretenue de soupçon quant à un avenir incertain, qu'il faudrait refuser de l'entendre à propos de notre présent si pesant...

Mediapart avait déjà donné la parole à Tariq Ramadan l'an dernier. Il est persona non grata dans les médias. Il est unanimement décrié sans que personne ait pris la peine, par exemple, de lire son dernier essai paru en novembre : L'Islam et le réveil arabe (Presses du Châtelet). Il a pris le parti d'en rire en publiant sur son site une tribune ironique appelant, pour le compromettre, à voter Sarkozy. Mais l'heure n'est sans doute pas au sourire distancié, alors que la France se refuse, une fois de plus, à souffrir en son sein une religion minoritaire et vivace, sans qu'aucune leçon du passé ait été tirée – à propos des persécutions contre juifs et protestants...

Nous redonnons donc la parole à Tariq Ramadan.

 

Qu’est-ce qui vous semble à l’œuvre dans nos sociétés ?


 

Les problèmes sont si complexes, la crise économique et sociale si profonde, que pour éviter le sujet nous assistons à la production et à l’instrumentalisation d’un nouveau racisme marqué par l’islamophobie. C’est un phénomène profond, qui tient d’une vaste surdité collective touchant certains milieux européens : en Suisse, où j’habite, avec l’UDC de Christoph Blocher, mais aussi en Allemagne ou en Espagne, se diffuse un populisme dangereux, fondé sur une crise d’identité. L’UMP et le PS m’apparaissent comme deux partis qui démissionnent face aux fureurs populistes, tout comme face aux préoccupations sociales.

Les mettez-vous dans le même sac ?

Tous deux cèdent à cette diversion stratégique qui se développe sous nos yeux. Le PS ne pose pas de questions frontales, n'évite pas toujours la surenchère, s’avère certes un peu moins populiste que l’UMP, mais cherche aussi à gagner les voix de l’extrême droite. Il a, lui aussi, déserté la politique proprement dite, au profit de cette politique émotionnelle qui impose aujourd’hui sa tension.

Comment analysez-vous une telle sidération ?

Il s’agit d’une peur alimentée par des contradictions que seule une “France forte”, comme dirait notre ami, pourrait dépasser. Mais la France est fragile et accumule les contradictions au lieu de les assumer. La crise économique révèle chaque jour à quel point la France est instable par rapport à ses prétentions, incapable de prendre part aux mutations en cours, semée par l’Allemagne, bientôt cantonnée, nous annonce-t-on, aux destins espagnols et grecs. Ce n’est évidemment pas sans conséquence sur la perception de soi. Marine Le Pen joue sur le besoin de se recentrer qu’éprouvent beaucoup de Français, avec un discours qui fait mouche : nous nous sommes perdus dans l’euro, nous nous retrouverons dans le franc…

Votre prisme semble terriblement économique !

Attendez ! Les contradictions se conjuguent sur trois axes. Le deuxième touche aux discours incantatoires mais désormais inaudibles et inopérants de la France sur les Lumières, sur l’ouverture, sur la démocratie. Il y a un fossé phénoménal entre cette célébration rhétorique et la frilosité, la peur, le repli, le refus de l’immigration, le rêve de frontières interdisant l’accueil de l’autre et du différent. Voilà de quoi est faite la réalité. Quant à la laïcité à la française, espace de neutralité accueillante dans sa philosophie originelle, elle est aujourd’hui devenue un espace de fermeté qui exclut…

Or, et c’est la troisième contradiction, la France qui prétend entrer en résistance contre les cultures étrangères connaît la nécessité de leur présence. Sans jeunesse provenant de l'étranger, la France ne survivrait pas. Elle ne saurait se sauver en se fermant comme une huître et le sait bien, au fond d’elle-même… Confrontés à une telle situation, les responsables politiques, au lieu de faire face, s’enfoncent dans la gestion des peurs.

 

Votre propos ressemble au diagnostic naguère posé par l’Occident sur les nations arabo-musulmanes, complexées d’avoir manqué le train de l’histoire…

Il y a des symptômes identiques, entre divers pays, au nord comme au sud, englués dans des contradictions qui signalent une crise de civilisation. Mais le populisme occidental, non seulement en Europe mais en Amérique du Nord voire en Australie, procède d’une spécificité qui lui est propre : la stupeur de constater la fin – au profit de l’Asie – d’un pouvoir unilatéral. Et c’est au moment où s’impose la réciprocité dans les rapports internationaux, que l’Occident détecte la désintégration du mythe de son homogénéité culturelle : une telle perception a un siècle de retard et ne tient plus.

En France, il faut enfin admettre que l’unité de la République ne saurait se fonder sur l’uniformité culturelle, mais bien sur la diversité de et dans la nation. Et à ce stade, pendant que Nicolas Sarkozy court après un Front national qu’il a remis en selle à coup de débat funeste sur « l’identité nationale», le Parti socialiste se montre dans l’incapacité de proposer la moindre alternative.

Vous faites un constat de la démocratie assez accablant…

Ce n’est pas la démocratie que j’accable, mais les élites politiques incapables d’être à la hauteur des aspirations des peuples dont elles sont les mandataires. Je suis un démocrate, je défends les principes de la démocratie, mais pas le processus à l’œuvre sous nos yeux. Les responsables occidentaux ne connaissent pas les peuples qu’ils sont censés administrer. Ceux-ci se sont diversifiés à un point que ceux-là n’imaginent pas. Il faudrait donc que l’élite politique commence, elle aussi, à se bigarrer pour commencer à comprendre de quoi il retourne...

Enfin et surtout, les classes dirigeantes ne peuvent pas chanter sur tous les tons qu’il faut séparer le politique du religieux (ce qui me semble juste), tout en subissant de plein fouet, sans un commentaire indigné, la non séparation du politique et de l’économique ! C’est ainsi que les peuples se retrouvent gouvernés par des technocrates, au plus grand mépris des structures démocratiques escamotées. Et on ne devrait pas être choqué par un tel mouvement, anti-démocratique par excellence…

En un tel contexte, quel discours adressez-vous aux acteurs des « printemps arabes » ?

Le réveil arabe a soulevé une espérance qui mérite d’être ainsi encouragée : l’Occident a raison sur les principes mais tort sur les modèles ; à vous, donc, de trouver votre propre voie démocratique.

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