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12 octobre 2012 5 12 /10 /octobre /2012 17:59

 

Lire aussi

Comme l’annonçait Mediapart le 28 septembre, le juge Jean-Michel Gentil vérifie méticuleusement les rendez-vous discrets qui ont eu lieu entre Nicolas Sarkozy et Philippe Courroye pendant l’affaire Bettencourt (lire ici). Le soupçon étant que l’alors président de la République ait demandé au procureur de Nanterre d’étouffer une affaire qui menaçait d’être embarrassante pour lui-même, ainsi que pour ses proches et pour son parti.

Dans son édition du 13 octobre, Le Monde publie des éléments qui accréditent et renforcent ces soupçons. Selon le quotidien, Philippe Courroye a été cuisiné, lors de son audition du 2 octobre à Bordeaux, sur huit rendez-vous à l’Élysée, de septembre 2008 à mars 2011 (lire ici, contenu payant). Or ces entretiens en tête-à-tête sont très proches de plusieurs moments clés de l’affaire Bettencourt, dont les investigations étaient alors contenues dans le cadre d’une enquête préliminaire dirigée par le procureur de Nanterre.

 

Philippe Courroye 
Philippe Courroye

 

L'existence de ces discrets tête-à-tête a été dénichée par le juge Gentil dans les agendas (2007-2011) et les courriels saisis le 3 juillet lors de la perquisition effectuée dans les bureaux et au domicile de Nicolas Sarkozy. Des rendez-vous parfois confirmés par courriel, et souvent inscrits uniquement dans l'agenda privé de Nicolas Sarkozy.

Par ailleurs, comme l’annonçait Mediapart le 30 septembre (lire ici), le juge Gentil et ses collègues s’intéressent à d’autres rencontres entre le chef de l'État, ses deux conseillers justice successifs, Patrick Ouart et Jean-Pierre Picca, et son avocat, Thierry Herzog, à des moments clés de l'affaire.

Reste à savoir si les juges de Bordeaux, qui se sont heurtés aux dénégations outrées du procureur Courroye, souhaiteront demander ou non un réquisitoire supplétif pour « entrave à la justice »  au parquet de Bordeaux.

Lors de son audition, le procureur Courroye a notamment déclaré ceci : « Je connais Nicolas Sarkozy depuis une douzaine d'années, j'ai fait sa connaissance à titre privé par des relations communes », a-t-il indiqué. « Je le vois depuis une à trois fois par an pour évoquer des sujets généraux et institutionnels. Ce sont des rencontres privées. (...) Je ne dirais pas que nous avons des relations amicales, mais personnelles. Pour moi, l'amitié correspond à la définition d'Aristote, “une seule âme en deux corps”, ce qui n'est pas le cas de figure », a-t-il ajouté.

 

Nicolas Sarkozy  
Nicolas Sarkozy

 

« Mes relations avec Nicolas Sarkozy n'ont jamais porté sur aucune affaire que je traitais », a protesté Philippe Courroye, ajoutant même spontanément : « Je vais être plus précis, M. Nicolas Sarkozy ne m'a jamais parlé du financement de sa campagne et je ne lui en ai jamais parlé ».

Après parution du Monde, ce vendredi après-midi, l'ex-procureur Courroye, muté depuis peu, a annoncé au Figaro qu’il déposera plainte lundi prochain, à Bordeaux, pour "violation du secret de l’instruction et recel".

Quant à une éventuelle convocation à Bordeaux de Nicolas Sarkozy, des rumeurs contradictoires courent sur les intentions du juge Gentil.

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12 octobre 2012 5 12 /10 /octobre /2012 17:54

 

 

LE MONDE | 12.10.2012 à 10h37 • Mis à jour le 12.10.2012 à 14h20

Par Gérard Davet et Fabrice Lhomme

 
Les juges d'instruction de Bordeaux ont interrogé Philippe Courroye sur ses liens avec Nicolas Sarkozy.

Le procès-verbal pourrait faire date. Une journée entière, l'un des magistrats les plus célèbres de France, Philippe Courroye, a dû répondre aux questions insistantes, parfois même humiliantes, de deux de ses collègues : les juges d'instruction de Bordeaux l'ont contraint à s'expliquer sur sa conduite de la procédure Bettencourt et sur ses liens avec l'ex-chef de l'Etat, Nicolas Sarkozy.

Interrogé en qualité de témoin, le 2 octobre, par Cécile Ramonatxo et Valérie Noël, qui enquêtent avec Jean-Michel Gentil sur les abus de faiblesse commis au préjudice de Liliane Bettencourt, M. Courroye, procureur de Nanterre entre 2007 et 2012, a été sommé de rendre des comptes. L'ex-juge d'instruction n'a guère apprécié... Après avoir déploré d'avoir été convoqué via "une citation à comparaître par huissier", alors qu'il aurait été "plus courtois et plus simple de [le] contacter directement", M. Courroye a lâché : "Je ne suis pas là pour justifier la position du parquet de Nanterre sur telle ou telle décision au jour le jour." C'est pourtant précisément ce qu'il lui a fallu faire.

Celui qui est, depuis août, avocat général à la cour d'appel de Paris a d'abord dû s'expliquer sur ses liens avec M. Sarkozy. "Je connais Nicolas Sarkozy depuis une douzaine d'années, j'ai fait sa connaissance à titre privé par des relations communes", a-t-il indiqué. "Je le vois depuis une à trois fois par an pour évoquer des sujets généraux et institutionnels. Ce sont des rencontres privées. (...) Je ne dirais pas que nous avons des relations amicales, mais personnelles. Pour moi, l'amitié correspond à la définition d'Aristote, 'une seule âme en deux corps', ce qui n'est pas le cas de figure", a-t-il ajouté.

Il y a aussi ses relations avec Patrick Ouart et Jean-Pierre Picca, conseillers justice de M. Sarkozy à l'Elysée entre 2007 et 2012... Les juges lui expliquent avoir "constaté que différents événements ou certaines phases de 'l'affaire Bettencourt' se superposaient ou concordaient avec des contacts ou des réunions" entre lui-même et MM. Ouart et Picca, voire Me Thierry Herzog, l'avocat de l'ancien président.

"Il n'a jamais été question de cette affaire dans mes rencontres avec M. Sarkozy, M. Ouart ou M. Picca", a contesté l'ancien procureur. Il a par ailleurs mis en doute, à plusieurs reprises, l'existence de visites à l'Elysée pourtant répertoriées sur les agendas présidentiels sous les initiales 'Ph C' : "Je ne sais pas si je suis le 'Ph C' qui figure sur l'agenda, il y en a peut-être d'autres." Piqué, l'orgueilleux magistrat s'est défendu par antiphrases: "Vous n'imaginez pas M. Nicolas Sarkozy ou M. Ouart m'interroger sur des affaires que je pouvais traiter.Vous m'imaginez encore moins moi-même répondant à des questions sur ces affaires ou prenant des 'instructions'. Le penser serait même outrageant." Cela semble pourtant le cas, à en croire les questions des juges.

 

"JE NE SUIS PAS LE SEUL HAUT MAGISTRAT QUE LE PRÉSIDENT A DÉCORÉ"

"Mes relations avec Nicolas Sarkozy n'ont jamais porté sur aucune affaire que je traitais", a protesté M. Courroye, ajoutant même spontanément : "Je vais être plus précis, M. Nicolas Sarkozy ne m'a jamais parlé du financement de sa campagne et je ne lui en ai jamais parlé." Pourtant, les juges semblent postuler que l'attitude du parquet de Nanterre a évolué dans la gestion du dossier Bettencourt à partir du moment où celui-ci a menacé d'éclabousser M. Sarkozy. Elles notent ainsi cruellement, à propos de son attitude dans la procédure, en juin 2009 : "A cette époque-là, il semble que vous agissiez de votre initiative." Encore plus sévères, elles stigmatisent le peu d'entrain manifesté par le parquet à partir de juin 2010 (et la révélation des enregistrements pirates effectués chez Liliane Bettencourt) pour suivre la piste du financement politique illicite, notamment les retraits en espèces pour plusieurs millions d'euros effectués à Genève via le gestionnaire de fortune de Mme Bettencourt, Patrice de Maistre.

"Nous sommes étonnées que ces remises de fonds effectuées par Me René Merkt [un notaire] à Liliane Bettencourt à la demande de Patrice de Maistre n'apparaissent pas dans les investigations que vous avez effectuées en Suisse. (...) Comment expliquez-vous que vous ayez 'omis', 'occulté', ces remises d'argent ?", ont ainsi lancé les juges. "Je suis surpris de ce que vous dites parce que je crois que si, au contraire, il y a une phase rapide et concrète, ce sont les investigations que j'ai effectuées en Suisse", a plaidé M. Courroye.

Les questions suivantes, évoquant un nouveau rendez-vous – "à l'évidence discret" notent les juges – avec M. Sarkozy, en septembre 2010, sont lourdes de sous-entendus: "Comment se fait-il que le procureur de Nanterre se déplace en personne [à Genève] dans le cadre d'une affaire qui une fois encore et en tout cas à ce stade et en façade ne concerne que des particuliers ? Pourquoi ce rendez-vous avec Nicolas Sarkozy avant votre départ pour la Suisse ?" "Je suis allé moi-même en Suisse parce que je connaissais le magistrat suisse et cela pouvait faire aller les choses plus vite", s'est défendu le magistrat, contraint de s'expliquer aussi sur sa décoration le 24 avril 2009 de l'ordre national du Mérite. "Qui vous a remis cette distinction ?", ont lancé les juges. "Le président de la République", a-t-il lâché.

Ce jour-là, Nicolas Sarkozy l'avait présenté comme son "ami" et avait déclaré : "On nous reproche de nous connaître, mais cela ne l'a pas empêché de faire son métier ni moi le mien." Aux juges, M. Courroye a tenu à préciser : "Je ne suis pas le seul haut magistrat que le président a décoré. J'ai souvenir qu'il a décoré des hauts magistrats du siège ainsi qu'une collègue de l'instruction."

Gérard Davet et Fabrice Lhomme

 

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11 octobre 2012 4 11 /10 /octobre /2012 18:51

 


Nawal El Saadawi 
Nawal El Saadawi© KL / 3Ufer

 

 

Sans la Prix Nobel 2011 Tawakkol Karman et son magnifique discours d’ouverture du Forum et sans la Prix Nord-Sud 2004, l’ecrivain egyptienne Nawal El Saadawi (photo), le premier Forum Mondial de la Démocratie aurait pu devenir un bide. Et si la grande majorité des participants a demandé à la fin de ce Forum une nouvelle édition améliorée en 2013, ce n’est pas grâce à l'engagement des organisateurs, mais grâce à l'attitude de ces deux femmes de courage qui luttent, chaqu'une à sa manière, pour la démocratie dans leur pays et dans le monde. Les exigences formulées par ces deux femmes exceptionnelles à la communauté internationale et à ce Forum en particulier, devraient servir comme feuille de route pour l’édition 2013.

      Les absents ont toujours tort. La journée de clôture avait quelque chose de gênant. Si on avait compris lors de l’inauguration officielle lundi que le gouvernement français n’avait pas beaucoup de considération pour cette manifestation, en se faisant remarquer par l’absence du Président, du Premier Ministre et du Ministre des Affaires Etrangères, les participants et le public étaient surpris jeudi lors de la cérémonie de clôture de constater que le maître des lieux, le Secrétaire Général du Conseil de l’Europe Thorbjørn Jagland, avait visiblement mieux à faire que de perdre son temps à ce Forum, tout comme la mairie de Strasbourg qui brillait autant par son absence que la Région Alsace, sans parler de la Préfecture ou de l’état français. Si de nombreuses erreurs avaient été commises en amont et pendant ce Forum, il n’avait toutefois pas mérité un tel désaveu par ses organisateurs, la ville-hôte et l’état français.

      Pas de résultat. Le premier Forum Mondial de la Démocratie n’a donné aucun résultat tangible. Aucune résolution, pas d’Appel de Strasbourg. Explication donnée par Jean-Louis Laurens (Directeur politique du Conseil d'Europe) qui présidait en l'absence de tout le monde cette séance de clôture : «On a du constater que les participants venants de 120 pays des cinq continents étaient trop différents...» Il aura donc fallu quatre jours aux organisateurs pour constater que dans le monde, nous ne sommes pas tous pareils. Quelqu’un aurait peut être du leur dire avant... Cette faible justification prouve que les organisateurs n’avaient pas écouté la Yéménite Tawakkol Karman en séance d’ouverture de ce Forum : «Il faut admettre que la démocratie puisse prendre différentes formes dans le monde, ce qu’il convient de tolérer. De là découle le besoin de définir des standards communs et de créer les organisations internationales capables de veiller à leur mise en oeuvre.» Cette mission était pourtant claire.

      En effet, si les participants du monde entier ont identifié de nombreuses différences pendant les ateliers et les discussions dans les couloirs, ils ont également découvert des points communs, exactement ce que la Prix Nobel de la Paix Tawakkol Karman appelle les «standards communs» : élections libres, droit à la justice, droit à une vie en dignité etc. – avec un minimum de clairvoyance et de bonne volonté, il aurait été facile d’en distiller un premier jeu de standards communs et de les mettre dans une «Résolution de Strasbourg», pour créer dans le cadre de ce Forum, un groupe de travail chargé de définir les prochains standards à préparer pour le prochain Forum Mondial de la Démocratie. Si on avait écouté un peu les participants au lieu de les bombarder avec un défilé de «has beens», cette première édition de ce Forum aurait déjà pu envoyer un message fort dans le monde entier.

      De nombreuses critiques. «Trop d’intervenants officiels», «pas assez de participation citoyenne», «mauvaise communication avant et pendant le Forum», «pas de résultat tangible», «pas de représentants indigènes qui pourtant, souffrent de génocides dans le monde», «ne pas réléguer les citoyens dans un programme OFF» - lors de la dernière séance, les participants venus du monde entier ont exprimé de nombreuses critiques et d’idées pour améliorer ce Forum. Après la remarquable intervention de l’Egyptienne Nawal El Saadawi, qui demandait, entre autres, la remise en question des systèmes économiques et d’éducation dans le monde, tout en passant un message d’espoir vraiment fort, les participants étaient unanimes – il faut absolument organiser un deuxième Forum Mondial de la Démocratie en 2013, toujours à Strasbourg.

      Ce n’est qu’en 2013 qu’on saura si le premier Forum Mondial de la Démocratie aura été un succès. Car l’idée d’organiser un tel Forum est exellente et la formule a le potentiel de devenir un élément déclencheur pour une nouvelle approche démocratique dans le monde entier. Tout dépendra de la capacité des organisateurs de se remettre en question, de corriger les erreurs de la première édition et de définir des objectifs qui doivent impérativement dépasser le «on passera une belle semaine ensemble». Et, autre impératif, les organisateurs et l’état français doivent réellement s’engager lors de l’édition 2013. Leur absence lors des réunions d’ouverture et de clôture constituait un désaveu incompréhensible pour cette manifestation. Il serait judicieux de se mettre toute de suite au travail en associant les forces vives à la préparation d’une édition 2013, plus courageuse, plus axée sur des résultats. Et quand on parle de «forces vives», on ne pense certainement pas à cette pleïade de responsables d’avant-hier qui ont squatté les podiums, mais à ceux qui veulent vraiment lutter pour une démocratie mondiale plus humaine.

      Toutefois, et malgré toutes les critiques justifiées, il fallait oser ce premier Forum Mondial de la Démocratie. Si l’édition 2013 s’améliore sensiblement, la voie sera libre pour un rendez-vous annuel de la plus haute importance. Si par contre, l’édition 2013 devait ressembler à celle de 2012, il n’y aura pas d’édition 2014. Et, aussi paradoxal que cela puisse paraître, bravo pour une première assez ratée – cette première pourra constituer le point de départ pour une belle aventure. Alors, au travail – le monde attend d’être sauvé !

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11 octobre 2012 4 11 /10 /octobre /2012 16:19

 

Banc d’essai 11/10/2012 à 07h58

Mathieu Deslandes | Journaliste Rue89

 

Même si la plupart des socialistes de notre connaissance avouent ne lire les motions qu’en diagonale, à Rue89, on ne s’est pas démontés devant ces 185 pages plus ou moins digestes. On les a étudiées.

Un vote clé

Ce jeudi, entre 17 heures et 22 heures, les militants socialistes doivent choisir entre cinq motions. Le résultat de leur vote est important : il indique le poids des différentes sensibilités et servira à attribuer les postes au sein du parti. Les premiers signataires des deux motions arrivées en tête peuvent devenir premier secrétaire. La place est déjà promise à Harlem Désir, qui emmène la motion-rouleau compresseur voulue par Martine Aubry et Jean-Marc Ayrault.

Parce qu’elle disent quelque chose de la manière dont les militants du parti au pouvoir voient leur rôle et les attentes de la société.

Figure imposée cette année : l’hommage à François Hollande. Il y a quelques autres constantes :

  • le vif désir que le parti « ouvre en grand ses portes et ses fenêtres » ;
  • qu’il considère les adhérents « comme une richesse » et non comme de « bons petits soldats » ;
  • s’intègre mieux au sein du PSE (le parti socialiste européen) ;
  • et que des primaires soient organisées avant la plupart des scrutins.

L’intérêt principal réside évidemment dans les différences entre les textes. Les voici.

1 La motion la plus creuse

Motion 1 : « Mobiliser les Français pour réussir le changement » (29 pages)

 

Premier signataire : Harlem Désir, premier secrétaire du PS par intérim, député européen.


Avatar Twitter de @harlemdesir

Cri de ralliement :

« Nous refusons cette malédiction qui voudrait que la gauche en France soit élue, gouverne, mais ne confirme pas [...]Il est vital pour la gauche de poursuivre le cycle vertueux des victoires électorales. »

Impression de lecture : sentiment d’avaler une piscine d’eau tiède dans laquelle auraient été versés des somnifères.

Les idées qui restent :

  • en Europe, des règles de concurrence qui n’empêchent plus la constitution de grands champions européens et qui protègent les services publics ;
  • « des consultations publiques par Internet, pour soumettre nos propositions aux Français » ;
  • un « Laboratoire des territoires » pour mutualiser les bonnes pratiques.

Phrases bientôt cultes :

« En République, la véritable agence de notation, c’est le suffrage universel. »

« L’élection de François Hollande [...] nous invite à prolonger pour le consolider le fil du socialisme démocratique, celui que tissa Jaurès et que prolongèrent Léon Blum, François Mitterrand, Lionel Jospin et des générations de militants volontaires et généreux. »

« Plus que jamais, le parti socialiste doit être porteur et apporteur d’idées. »

2 La motion la plus « esprit de la primaire »

Motion 2 : « Question de principes » (23 pages)

 

Première signataire : Juliette Méadel, conseillère municipale à Paris.


Avatar Twitter de @jmeadel

Cri de ralliement :

« Comme bien des militants, nous ne nous reconnaissons plus dans les luttes d’appareil, la cooptation, les querelles d’ego. Nous refusons les certitudes et le déni de la réalité.

Notre conviction est que la gauche ne pourra réussir si elle ne se donne pas pour ambition de se renouveler, de changer ses pratiques politiques, de démocratiser le fonctionnement de ses organisations pour mieux aborder de front les grands enjeux et les grandes réflexions politiques d’aujourd’hui et de demain. »

Impression de lecture : un soupçon de démagogie, mais les débats du moment sont là. Une motion qui s’adresse presque plus aux sympathisants mobilisés pendant la primaire qu’aux militants.

Les idées qui restent :

  • un référendum sur le nucléaire ;
  • une première tranche de consommation énergétique gratuite ;
  • « un impôt européen qui donne à l’Union européenne la capacité financière d’accompagner les investissements structurants » – il pourrait « prendre la forme d’une contribution carbone imposée aux frontières de l’Union » ;
  • une réflexion nationale sur l’échelle des rémunérations ;
  • reconnaissance du vote blanc ;
  • reconnaissance du référendum d’initiative populaire (100 000 signataires) ;
  • élection au suffrage universel direct des élus d’intercommunalités  ;
  • implantation du siège du PS dans un quartier populaire de la capitale ;
  • chaque adhérent d’un parti de la gauche européenne qui réside en France doit pouvoir devenir membre de droit du PS.

Phrase bientôt culte :

« Les socialistes doivent proposer le chemin pour que la patrie des droits de l’homme devienne aussi celle des droits de la femme. »

3 La motion la plus rouge

Motion 3 : « Maintenant la gauche » (41 pages)

 

Premier signataire : Emmanuel Maurel, vice-président du conseil régional d’Ile-de-France.


Avatar Twitter de @emmanuelmaurel

Cri de ralliement :

« Nous voulons une gauche libre dans le débat et dans l’action. »

Impression de lecture : à certains moments, on a l’impression de lire une plateforme revendicative de 1995 ; à d’autres que Nicolas Sarkozy est toujours président de la République. C’est plein de formules toutes faites et de catéchisme gaucho.

Les idées qui restent :

  • une rémunération forfaitaire des médecins pour sortir du seul mode de rémunération à l’acte et développer les enjeux de la prévention ;
  • indexation des minima sociaux sur le Smic ;
  • un « serpent fiscal européen » pour stopper la concurrence fiscale et sociale, avec un taux plafond de TVA, un taux plancher d’imposition des sociétés, une obligation de déclarer revenus et bénéfices réalisés dans les paradis fiscaux, une harmonisation des règles et procédures dans la lutte contre l’évasion fiscale ;
  • revalorisation du budget européen par la création d’impôts européens ;
  • des heures supplémentaires uniquement « ponctuelles et imprévisibles » (« Un milliard d’heures supplémentaires ne sont pas déclarées, pas majorées, pas payées : elles correspondent à 600 000 emplois »).

Phrase bientôt culte :

« Le Parlement doit redevenir ce qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être : le cœur battant de la démocratie. »

4 La motion la plus ébouriffante

Motion 4 : « Oser. Plus loin, plus vite » (58 pages)

 

Premier signataire : Stéphane Hessel.


Stéphane Hessel (Audrey Cerdan/Rue89)

Cri de ralliement :

« On peut retrouver l’équilibre des finances publiques sans politiques d’austérité. »

Impression de lecture : des graphiques économiques pour faire sérieux, Roosevelt cité une douzaine de fois, de la pédagogie, un hymne à l’audace. Wow.

Les idées qui restent :

  • généralisation des systèmes semblables au KurzArbeit. (« Le KurzArbeit ? Au lieu de licencier 20 % des effectifs, une entreprise qui voit baisser son chiffre d’affaires de 20 % va baisser son temps de travail de 20 % et garder tous les salariés. Le salaire baisse mais l’État maintient l’essentiel du revenu », ce qui « revient moins cher » que de « financer un chômeur ») ;
  • prolongation de l’indemnisation des salariés au chômage ;
  • travaux de mise aux normes thermiques obligatoires avant de vendre ou louer un bien immobilier ;
  • instauration d’un système entièrement parlementaire pour gouverner l’UE ;
  • déploiement de « l’Internet de l’énergie » (« la mise en réseau de tous les bâtiments [...] permettra de réguler le flux d’électricité en fonction des pics de consommation, des conditions météorologiques ou du type d’appareil électroménager. »)
  • plus aucune commande publique à une entreprise qui a des filiales dans les paradis fiscaux ;
  • pour favoriser l’esprit démocratique : développement, « dès les bancs de l’école », du goût pour la coopération plutôt que pour la compétition ; dans les collèges et les lycées, participation des élèves à certaines décisions ; droit de vote des salariés dans les conseils d’administration des entreprises.

Phrases bientôt cultes :

« Ce n’est pas en améliorant la bougie qu’on a inventé l’ampoule électrique. »

« Il faut en finir avec les faux débats : si l’on intègre les gains de productivité colossaux réalisés dans toutes nos économies depuis quarante ans, le débat n’est plus “pour ou contre la RTT ?” mais plutôt “quelle RTT ?”. RTT organisée par le marché (précarité, stress et concurrence permanente) ou RTT organisée par le débat, le référendum et la négociation ? »

5 La motion la plus socialo-socialiste

Motion 5 : « Toulouse, mon congrès » (34 pages)

 

Première signataire : Constance Blanchard, conseillère nationale du PS.


Avatar Twitter de @constblanchard

Cri de ralliement :

« Tout nouvel adhérent doit être accueilli comme une chance et non comme une menace de trouble à l’équilibre des forces en présence. »

Impression à la lecture : pas mal d’idées, des propositions sur tous les grands thèmes, un intérêt marqué pour les règles de fonctionnement internes au parti.

Les idées qui restent :

  • droit de vote à 15 ans pour les élections locales ;
  • nouveau mode d’élection des députés : dans 250 circonscriptions, élection en même temps d’un homme et d’une femme, plus instauration d’une dose de proportionnelle pour un contingent de 77 députés ;
  • un congé parental rénové et réparti de façon égale entre les parents ;
  • une « mutuelle énergétique » pour limiter les prix de l’énergie pour les foyers les plus modestes lors des pics ;
  • des pénalités financières pour les entreprises qui ne respectent pas la parité dans leur encadrement ;
  • interdiction des créneaux réservés aux femmes dans les équipements municipaux « qui, loin de leur permettre de profiter d’un loisir, les enferment » ;
  • interdiction du « nomadisme électoral » ;
  • adhésion facilitée pour les militants syndicaux et associatifs  ;
  • participation des militants des autres partis de la majorité à certaines réunions et certains votes du PS (« C’est en ayant un temps d’avance que nous construirons un jour le parti de toute la gauche démocratique ») ;
  • « S’il est constaté que de nouveaux militants ne sont pas contactés, et ce de manière répétée, le bureau fédéral pourra aller jusqu’à démettre un secrétaire de fonction de ses fonctions. »

Phrases bientôt cultes :

« Le non-cumul agite le Parti comme la nuée, l’orage ! »

« Il est grand temps de quitter la logique de l’adoubement pour découvrir les chemins de la responsabilité. »

Sans oublier l’inévitable anaphore :

« Moi, militant-e socialiste, je veux un parti ouvert. Moi, militant-e socialiste, je veux un parti responsable. Moi, militant-e socialiste, je veux un parti qui respecte ses militants. Moi, militant-e socialiste, je veux un parti ancré socialement. Moi, militant-e socialiste, je veux un parti qui débat. »

MERCI RIVERAINS ! Pierrestrato
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4 octobre 2012 4 04 /10 /octobre /2012 17:33

 

Marianne - Rédigé par Frédéric Ploquin le Jeudi 4 Octobre 2012 à 19:00

 

Dans les quartiers Nord de Marseille, les flics de la BAC partaient parfois en expédition comme des voyous. Mission : dépouiller les dealers. Du jamais vu en France à cette échelle.

 

Exclusif : pourquoi l’affaire de la BAC Nord de Marseille fait trembler Beauvau
Le scandale qui secoue la police marseillaise risque de marquer pour longtemps la police nationale. 
L’affaire est hors norme pour plusieurs raisons, et d’abord à cause du nombre de fonctionnaires concernés : pas loin de la moitié des effectifs de la brigade anti criminalité chargé des quartiers Nord de la cité phocéenne, soit une trentaine de personne. 
Elle est aussi hors norme dans la forme. Ces gardiens de la paix ne sont pas seulement soupçonnés de s’être nourris sur la bête, autrement dit d’avoir prélevé ici et là une liasse de billes dans la poche des dealers, quelques barrettes de shit ou un bijou de temps en temps. Ils sont soupçonnés d’avoir monté de véritables razzias dans les cités, visages dissimulés sous des cagoules, façon braqueurs, et battes de base-ball en main. Bons connaisseurs de cers quartiers, ils savaient à quelles portes frapper pour trouver de la came ou de l’argent. 

Dans ces territoires perdus de la République que sont les quartiers Nord de Marseille, les « cow-boys » de la BAC avaient inventé une police éloignée de tous les canons habituels. Une police peu républicaine, comme si le terrain avait déteint sur eux, à moins que ce ne soit le contraire.

L’affaire surprend enfin par la durée : ces pratiques étaient apparemment répandues depuis des années. Pire, elles étaient connus de beaucoup. Il aurait suffi d’écouter ceux qui demandaient leur mutation aussitôt arrivés sur place pour prendre la mesure de la situation. Aucun responsable hiérarchique ne l’a fait. Pourquoi ? C’est la question que se pose aujourd’hui le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls. Une question à laquelle un commissaire passé par Marseille offre un début de réponse : « Aucun de nous ne voulait prendre le risque d’aller regarder sous le tapis, de crainte de voir son nom associé à une sale histoire ». 

Le dernier responsable de la sécurité publique à Marseille, Pascal Lalle, en poste dans la ville pendant 4 ans, avait bien mené un début d’enquête. Mais selon ses dires, il n’avait obtenu aucune preuve. Affaire classée, donc, jusqu’à ce que s’en mêle le nouveau préfet délégué à la police, Alain Gardère. Nommé par Claude Guéant au mois de septembre 2011, il s’empare du dossier et saisit l’inspection générale des services. 
Depuis, grand ménage oblige, Pascal Lalle a été promu directeur central de la sécurité publique et Alain Gardère a été recasé à l’aéroport de Roissy. Les successeurs, au premier rang desquels le Préfet Jean-Paul Bonnetain, auront-ils les effectifs suffisants pour redresser la barre ? La probable mise sur la touche d’une bonne partie des effectifs de la BAC pourrait bien compromettre la mission.
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4 octobre 2012 4 04 /10 /octobre /2012 17:14

 

 Le Grand entretien 04/10/2012 à 12h35

Mathieu Deslandes | Journaliste Rue89

 

 


Philippe Corcuff à Lyon, septembre 2012 (Mathieu Deslandes/Rue89)

 

Le sociologue Philippe Corcuff connaît bien les gauches : voilà 35 ans qu’il y milite. Il a quitté le PS pour le Mouvement des citoyens puis les Verts, d’où il a fui vers la LCR devenue NPA. Déçu une fois de plus, il pourrait finir par rejoindre la Fédération anarchiste. Il fréquente aussi Attac et le syndicat SUD Education.

Resté connecté à tous les milieux militants qu’il a pu traverser, il s’alarme depuis des mois de l’abrutissement intellectuel dans lequel ils sont plongés. Il en a tiré un petit livre, « La Gauche est-elle en état de mort cérébrale ? » (éd. Textuel), en librairie cette semaine.

Dans son bureau de l’Institut d’études politiques de Lyon, il décrit le cadre mental de la « gauche hollandaise », celui des « gauches de la gauche », et leurs pathologies intellectuelles. Il explique pourquoi les think tanks sont un échec, pourquoi les « Indignés » portent un espoir, milite pour que la politique s’inspire du rap et qu’elle ose enfin expérimenter.

 

 

Rue89 : Quel a été le rôle joué par les idées dans la reconquête du pouvoir par la gauche ?


Philippe Corcuff : Un schéma s’est installé, lié à une certaine lecture simplifiée du penseur marxiste Antonio Gramsci : c’est l’idée que la conquête du pouvoir politique passait au préalable par une hégémonie culturelle ou intellectuelle.

Je formule l’hypothèse inverse dans la situation actuelle : c’est au moment où la gauche était en état de décomposition intellectuelle qu’elle a gagné électoralement.

 

Le « rêve français » de François Hollande, c’était quoi, alors ?


 On confond idées et slogans marketing. Les idées, ça a à voir avec du travail intellectuel. Dans la tradition de la gauche, c’est interroger les préjugés, critiquer les lieux communs, prendre de la distance à l’égard des évidences de l’immédiateté, reformuler, mettre en relation différentes dimensions... Ce qui existe de moins en moins.

On a plutôt affaire à des fatras d’idées empilées les unes sur les autres, mais tout ça n’est guère travaillé. Et les publicitaires font émerger de tout cela quelques slogans lisses et consensuels.

 

Depuis quand la gauche est-elle dans cet état de mort cérébrale, comme vous dites ?


 C’est le fruit de plusieurs évolutions emmêlées.

  • Il y a d’abord un mouvement continu de professionnalisation politique, où la ressource intellectuelle est de moins en moins valorisée. Exemple typique : il y a quelques années, Pierre Moscovici, qui avait une image d’intellectuel, est allé expliquer à Libération qu’il était un homme d’appareil. Comme s« il valait mieux apparaître comme un apparatchik que comme un intello !
  • Il y a ensuite le mouvement de technocratisation. Les énarques ont pris de plus en plus de poids dans la définition de ce qu’est la politique. Ils occupent à la fois les postes de hauts fonctionnaires, les principaux postes politiques, et aussi une part du pouvoir économique. Là s’est forgée une vision très particulière, très fragmentée. On découpe ainsi dans la réalité des cases dites “techniques” : “l’immigration”, “l’emploi”, “le déficit budgétaire”, “la délinquance”... On segmente les problèmes sans établir de rapports entre eux. On examine des petits bouts de tuyauterie de machineries sociales dont on ignore la globalité.
  • Ensuite, aucun cadre globalisant n’est venu remplacer le marxisme en déclin à partir du début des années 80. Je ne regrette pas le poids trop exclusif des références marxistes dans les années 50-70, mais la globalisation qu’elles apportaient.
  • Dernier élément : ce que l’historien François Hartog appelle “le présentisme”. Les sociétés traditionnelles avaient pour référence le passé, les sociétés modernes (au sens des Lumières) étaient tournées vers l’avenir via le progrès, et aujourd’hui une sorte de présent perpétuel a remplacé tout ça, sans point d’appui ni dans le passé ni dans l’avenir pour juger de ce qui arrive. De fait, la politique devient de plus en plus une marionnette de l’immédiateté.

Pourquoi c’est grave ?


C’est grave par rapport à l’histoire de la gauche, qui consistait à se battre à la fois pour la justice et pour la vérité. Le monde a survécu à la disparition des dinosaures, la gauche peut survivre à la disparition du travail intellectuel en son sein, mais ce serait dommage, en tant qu’appauvrissement de la définition même de ce que l’on appelle la gauche.

 

Tous les think tanks qui ont pullulé n’ont pas créé de matière à penser ?


Ils sont restés dans un domaine limité de l’intellectualité : celui segmenté de l’expertise et de la logique programmatique. Ils ont élaboré des “réponses aux problèmes” de l’école, de l’immigration, du déficit budgétaire... sans jamais se demander pourquoi l’immigration ou le déficit budgétaire sont considérés justement comme des “problèmes”, ni réfléchir au cadre social global dans lequel cela se situe.

Cela n’a guère permis à la gauche de réélaborer ce que je nomme les “logiciels” de la critique sociale et de l’émancipation, c’est-à-dire les façons de formuler les problèmes avant même de réfléchir aux réponses.

 

Comment définiriez-vous le cadre intellectuel de la gauche de gouvernement ?


Même si les socialistes français n’ont jamais accepté le mot, leur cadre intellectuel est plutôt social-libéral. Le sociologue Anthony Giddens, l’intellectuel phare de la troisième voie britannique défendue par Tony Blair, l’a bien théorisé :

  • il y avait la vieille social-démocratie qui défendait l’Etat social ;
  • il y a eu Thatcher, avec le néolibéralisme remettant en cause l’Etat social ;
  • et il y aurait le social-libéralisme, qui serait entre les deux.

Cette gauche hollandaise considère que la mondialisation néolibérale et le recul de l’Etat social sont irrémédiables. Elle se contente d’aménagements sociétaux justes mais limités (comme le mariage homosexuel) et d’aménagement sociaux à la marge (l’allocation de rentrée scolaire...). Hollande a la particularité de défendre les effectifs de l’Education nationale et un peu ceux de la police et de la justice, mais le reste des services publics est dans une logique de dégraissage néolibérale.

Comme ce cadre n’est pas complètement assumable, il y a des écarts entre les discours et les actes.

 

Comment définiriez-vous le cadre intellectuel des gauches de la gauche ?


C’est ce que j’appelle de manière provocatrice “la pensée Monde diplo’”. Je ne vise pas particulièrement le mensuel Le Monde diplomatique, qui a été un des rares à résister au tournant néolibéral de 1983. Mais ça fait 30 ans. Et, peu à peu, se sont routinisés des schémas assez manichéens.

Il y aurait le mal (le marché, l’individualisme) et le bien (l’Etat, le collectif et de plus en plus la nation avec le thème de “la démondialisation”). Et le combat du bien et du mal tombe du côté du mal à cause des méchants médias qui aliènent et abrutissent tous les gens – sauf ceux qui tiennent ce discours, évidemment, qui sont préservés comme par opération du Saint-Esprit !

C’est moins l’indignation ou l’engagement qui caractérisent “la pensée Monde diplo’” que la déploration. Les automatismes simplifiés de cette doxa critique ont des échos au Front de Gauche, à Attac, au NPA – où je suis militant –, dans la gauche du PS, chez les écologistes... et surtout parmi nombre de sympathisants critiques.

C’est une pensée au final paralysante, qui entrave aujourd’hui le travail de reconstruction intellectuelle des gauches. Par exemple, elle s’en tient trop à la double croyance que les choses iront mieux quand on se sera débarrassé de “l’individualisme” et des “médias dominants”.

Mais se trouve à l’œuvre dans ce cas une des manifestations d’une pathologie intellectuelle transversale aux gauches : l’essentialisme, c’est-à-dire voir le monde à travers des essences, des entités homogènes et stables. On dit “les musulmans”, “l’Europe”, “les médias”, “l’Amérique”, “Israël”, “le Venezuela”...

On refuse de voir qu’il y a dans la réalité des contradictions, des logiques plus ou moins diversifiées, des résistances, des transformations. Le livre d’Alain Badiou sur Sarkozy était typiquement essentialiste : il a fait du sarkozysme une essence intemporelle, un “transcendantal pétainiste”.

 


Philippe Corcuff à Lyon, septembre 2012 (Mathieu Deslandes/Rue89)

 

Comment êtes-vous arrivé à la conclusion que les théories du complot sont également une caractéristique transversale des pensées de gauche ?


En ce qui concerne l’analyse des médias et des relations internationales, je me suis rendu compte qu’il y avait des schémas très présents dans les milieux militants et sympathisants de gauche en totale contradiction avec les schémas des sciences sociales dans ces domaines.

Dans le cadre conspirationniste, le principal de ce qui arrive est le fruit de manipulations conscientes et cachées de quelques élites. Or tout ce que m’ont appris les sciences sociales, depuis Marx jusqu’à Bourdieu, c’est plutôt les contraintes des structures impersonnelles.

Le capitalisme, c’est Matrix ou Skynet dans “Terminator” : une machinerie impersonnelle qui contraint et domine peu à peu le monde. Il n’y a pas de pilote dans la machine, personne ne la contrôle complètement : on l’a vu lors de la crise des subprimes, certains de ceux qui croyaient être les pilotes ont été éliminés, d’autres ont sauvé leur peau de justesse... Ce n’est pas parce que certains profitent du système qu’ils le contrôlent.

Là on est en face, comme l’essentialisme, d’une pathologie intellectuelle importante à gauche.

 

Il y en a d’autres ?


Une vision implicite hante les gauches : c’est le passage subreptice du verbe pronominal “s’émanciper” au verbe transitif “émanciper”.

La plupart de ceux qui s’expriment publiquement à gauche semblent plutôt de prime abord pour l’auto-émancipation des opprimés, mais sont souvent léninistes : une avant-garde éclairée (antilibérale, anticapitaliste, laïque, féministe...) est supposée ramener de la caverne vers la lumière la masse des gens qui serait complètement aliénée par les médias, le travail, la consommation et/ou l’islam.

Ces gens abrutis par le travail, ces femmes voilées abruties par le patriarcat, ces prostituées aux griffes de leur maquereau, moi, prophète féministe, je vais les amener à la lumière...

 

Comment s’en sort-on ?


Les partis politiques ont de moins en moins de rapports pour se vivifier avec les mouvements sociaux – cela interrogerait l’hégémonie de la vision technocratique – ou avec les intellectuels critiques.

Quand ils sont en quête d’idées, ils choisissent soit des technocrates supposés être spécialistes de tel ou tel domaine, soit les intellectuels médiatiques – les Alain Minc, Jacques Attali, BHL, Caroline Fourest... – c’est-à-dire ceux qui parlent de tout avec aplomb sans savoir grand-chose sur rien.

Les universités populaires alternatives constituent des expériences intéressantes, mais se présentent plus comme des lieux de diffusion de ressources critiques que d’élaboration.

Les groupes comme le conseil scientifique d’Attac et la fondation Copernic fournissent de la contre-expertise utile face aux scénarios technocratiques, mais ils risquent ce faisant de rester prisonniers d’une vision segmentée des choses.

Il y a aussi des revues intéressantes (Multitudes, Vacarme, ContreTemps, Agone, Réfractions, EcoRev’, La Revue des livres...), mais elles ont du mal à éviter l’enfermement intellectualiste. Il y a eu des liens avec les milieux militants – entre Vacarme et Act Up, entre Multitudes et la coordination des intermittents et précaires d’Ile-de-France, entre ContreTemps et le NPA – mais les interactions les plus productives n’ont duré qu’un temps.

Je sens aussi une forte attente du “grand penseur”. Je ne pense pas que ce soit très bon dans une perspective démocratique. Quelques grands intellectuels ont pu (comme Foucault, Bourdieu, etc.) et pourront jouer une certain rôle, mais ce n’est pas pour moi le principal : les logiciels de la gauche ne peuvent pas être réinventés seulement par une caste d’intellectuels professionnels.

Je rêve de clubs où pourraient dialoguer des militants des mouvements sociaux, des chercheurs, des gens présents dans les organisations politiques et dans les milieux artistiques – et où pourraient se développer des idées renouvelées à partir d’un rapport critique aux traditions héritées.

 

Le mouvement des “Indignés” aurait pu revivifier intellectuellement la gauche, non ?


C’est un peu le cas en Espagne et aux Etats-Unis : il y a une amorce de réélaboration intellectuelle de ce qu’est la gauche et qui associe des milieux militants nouveaux et des milieux intellectuels et culturels.

 

Mais y a-t-il des ébauches de concepts ? Ou est-ce simplement l’union de catégories qui ne travaillaient pas ensemble jusqu’à présent ?


La vision de la société autour du clivage 1%/99% a permis de faire converger des gens concernés par les problèmes de logement, des syndicalistes, des militants des minorités, des théoriciens du genre ou des rapports postcoloniaux, des marxistes, des écologistes, des artistes…

Il y a là une marmite favorable à l’émergence de quelque chose croisant l’ancien et le nouveau. Une revue théorique est ainsi issue d’“Occupy” : Tidal. On y trouve des textes de Judith Butler et d’autres. Ils ont commencé à faire “à chaud” ce que je rêvais tout à l’heure de faire “à froid” quand je parlais d’un club.

 

Les gauches françaises sont-elles plus paresseuses que les gauches étrangères ?


Contrairement à l’Allemagne et aux Etats-Unis, la gauche en France manque de culture expérimentale. C’est lié à la valorisation de la politique comme combat (ceux qui pensent que la politique, c’est avant tout d’avoir des couilles présidentielles ou révolutionnaires) et au centralisme étatique. On essaye moins ici et maintenant d’autres façons de vivre, de travailler, de décider, de penser... Il y a quelques expériences comme Lip et après on passe beaucoup de temps à en parler.

Plutôt que de s’enfoncer dans la déploration et le ressentiment de “la pensée Monde diplo’” (“c’est la faute à l’individualisme, aux médias, à Bilderberg, à la Trilatérale...”), il faudrait se lancer dans l’aventure d’autres pratiques sociales, politiques et intellectuelles.

On me dit : “Tes histoires d’expérimentation, c’est bon pour les bobos.” Mais les gens qui ont fait émerger les idées de conscience de classe et de mouvement ouvrier entre 1830 et 1848 en France, ils étaient dans une situation bien plus misérable qu’aujourd’hui.

Il suffit parfois de dispositifs tout simples pour se remettre à agir et à penser. Par exemple, dans un atelier de l’Université populaire de Lyon, j’ai donné à lire deux textes : un de Michel Onfray, un de Bernard-Henri Lévy. J’ai fait discuter les gens : 100% ont dégommé le texte signé BHL. Mais j’avais changé les signatures... C’est un petit exercice qui montre la difficulté en pratique de “penser par soi-même”.

 

Vous écrivez qu’il faudrait puiser dans le polar et le rap pour inventer de nouveaux langages politiques. En quoi est-ce autre chose que du gadget ?


Alors qu’on est dans des sociétés individualistes où les gens sont fortement attachés à leur individualité, la majorité des groupes de gauche ont des réponses principalement collectives. C’est ce que j’appelle l’hégémonie à gauche du “logiciel collectiviste”.

Pourtant une des sources importantes d’anticapitalisme aujourd’hui se trouve dans les intimités rêveuses et blessées des personnes. Je m’en suis rendu compte en faisant une étude de réception de la série télévisée américaine “Ally McBeal” sur une centaine de téléspectatrices. Souvent, le sommet de l’épanouissement de soi est vécu sous la forme d’un amour ou d’une amitié débarrassée des lois de l’intérêt – donc des valeurs anticapitalistes.

Dans les textes de rap de Keny Arkana, Casey ou La Rumeur, on voit justement des gens qui nous parlent d’oppression sociale en même temps que de vécu individuel. Il faudrait que le langage politique parvienne à associer ainsi les cadres collectifs et les subjectivités individuelles.

 

C’était un peu le discours de Martine Aubry sur le “care”...


Le problème, c’est qu’elle en a fait un usage marketing : elle en a parlé un peu parce que ça faisait chic et puis on est passé à autre chose.

Ceci dit, les travaux autour du care, auxquels participe mon amie la philosophe Sandra Laugier, sont assez passionnants : ils associent notamment des dimensions affectives et personnelles à la question de la protection sociale.

Mais il faudrait que les philosophes qui s’intéressent au care, des politiques, des travailleurs sociaux, des syndicalistes et des militants féministes puissent réfléchir ensemble.

Il est important de bien distinguer le réarrimage des gauches au travail intellectuel des scintillements superficiels des modes successives ou du marketing politicien.

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28 septembre 2012 5 28 /09 /septembre /2012 15:12

 

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Jeudi 27 septembre, vers 19h30, une cinquantaine d'habitants des quartiers Nord de Marseille ont organisé l'évacuation et l'incendie des restes d'un campement de Roms, qui s'étaient installés sur un terrain vague à proximité de la cité des Créneaux, quatre jours plus tôt. Ils leur attribuaient des cambriolages près du terrain vague. Le matin, ils s'étaient rendus à la mairie et à la préfecture pour demander l'expulsion des Roms, sans résultat. Ils avaient informé notamment une élue des quartiers Nord de leur intention de passer à l'acte si les Roms ne quittaient pas les environs de la cité des Créneaux, dans le 15e arrondissement de la ville.

Arrivée sur les lieux, la police a constaté les faits, a séparé la trentaine d'habitants mécontents et les familles roms, sans relever d'infraction.

Environ 35 personnes étaient installées dans ce campement, selon Caroline Godard, membre de l'association Rencontres Tsiganes, qui s'est dite « effarée » par cette affaire. Sandrine Lebaume, responsable locale de Médecins du monde, pour sa part, parle d'une « conséquence logique » de la campagne d'expulsion menée durant l'été, et qui a fait monter la tension d'un cran autour de cette communauté. Elle rappelle également que deux incidents similaires ont déjà eu lieu en 2010 et 2011 : « Les Roms sont la cible d'agressions verbales et physiques permanentes à Marseille. À coups de batte de baseball et de cocktails Molotov, on leur signifie “qu'on ne veut d'eux nulle part” », affirme la militante, qui évoque « une guerre entre les pauvres ». Pierre Dharréville, secrétaire départemental du PCF 13, affirme en écho que c'est « la crise qui engendre la barbarie » entre les populations les plus défavorisées.

Le président de la Ligue des droits de l'homme des Bouches-du-Rhône a fait part de son émotion et dit « craindre le pire pour la suite ». Bernard Eynaud n'hésite pas à établir un parallèle clair entre cette affaire et les « ratonnades » qu'a pu connaître la ville par le passé. « Cela fait dix ans que l'on alerte sur la situation de ces 2 000 personnes qui vivent dans la misère sur le département, une goutte d'eau par rapport à ses deux millions d'habitants », regrette Bernard Eynaud, qui dénonce l'immobilisme  des pouvoirs publics : « Entre la politique de l'autruche et celle du harcèlement, on est dans un entre-deux qui ne satisfait personne. » Fathi Bouaroua , délégué regional de la Fondation Abbé Pierre estime que c'est l'impuissance des pouvoirs publics qui a poussé les riverains à bout : « Les gens disent que l'Etat ne fait rien et ils passent directement à l'action, analyse-t-il. Cette situation fait deux victimes : les Roms, qui ont désormais peur pour leur sécurité, et les populations défavorisées qui se trouvent confrontées à une dégradation de leur environnement. La situation est plus que tendue partout dans la ville. »

Dans une interview au Figaro.fr , Samia Ghali, la sénatrice et maire PS des 15e et 16e arrondissements de Marseille, avoue « comprendre l'exaspération des habitants » qui l'ont interpellée jeudi matin, avant de passer à l'action : « Ils m'ont dit leur ras-le-bol des vols et des excréments partout. J'ai interpellé la police et le bailleur de cette cité qui est quasiment vide car elle va être démolie », explique-t-elle. L'élue dit avoir appelé la police dès qu'elle a été informée des événements : « Elle m'a répondu que désormais, elle ne pouvait pas intervenir sans autorisation du préfet. » Un contre-temps qui expliquerait l'arrivée tardive des forces de l'ordre sur les lieux : « C'est quand la situation menaçait de dégénérer parce que les riverains voulaient faire partir les Roms que la police est venue, sans doute appelée par les Roms eux-mêmes. C'est la police qui a fait partir les Roms car ils étaient en situation dangereuse », explique-t-elle.

« Cela se reproduira », n'hésite pas à affirmer Samia Ghali. Comme Cendrine Labaume de Médecins du monde, elle se souvient des précédents. Notamment d'une « véritable chasse aux Roms » dans le 15e arrondissement de Marseille, il y a un an. Les habitants d'un campement situé à proximité d'une école étaient alors soupçonnés d'enlever des enfants pour faire du trafic d'organes. 

L'élue réclame une action rapide du maire de Marseille, qui doit donner des terrains aux Roms, « mais pas au milieu des cités. Les habitants de ces quartiers sont en difficulté. Ils ne veulent pas qu'on leur en rajoute ».

La préfecture des Bouches-du-Rhône, quant à elle, a diffusé ce vendredi matin un communiqué pour le moins alambiqué dont voici un large extrait : « Vers 19 heures, les forces de police saisies par un riverain et un membre de la communauté Roms sont intervenues sur un différend opposant un groupe d'une trentaine de personnes résidant dans le quartier des Créneaux (Saint-Louis, 15ème), dont une majorité de jeunes et les occupants d'un campement illicite, issus de la communauté Roms. Les forces de police se sont déplacées très rapidement sur les lieux et se sont interposées pour éviter tout incident. Aucune violence n'a été constatée sur place, ni plainte déposée à ce stade. Les occupants du campement (40 adultes et 15 enfants), ont indiqué spontanément vouloir quitter les lieux, ce qu'ils ont fait sans délai sous la protection policière, abandonnant sur place les logements de fortune, ainsi que leurs détritus et divers meubles et encombrants. Vers 22 heures, la salle de commandement de la DDSP a été informée d’ un incendie déclaré dans le 15ème arrondissement. Un équipage dépêché sur place constatait qu'une surface d’environ 5 m2 sur l’emprise du campement abandonné présente les traces d'un incendie et comporte une carcasse de réfrigérateur et divers encombrants calcinés. Il est à noter que les services d'incendie (BMPM) n'ont été saisis d’aucune demande d’intervention. »

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25 septembre 2012 2 25 /09 /septembre /2012 17:38

 

 

Le Monde.fr | 25.09.2012 à 11h03 • Mis à jour le 25.09.2012 à 12h12

Par Patrick Roger

 

L'Hémicycle de l'Assemblée nationale.

Si la discussion du projet de loi en faveur du logement, lundi 24 septembre à l'Assemblée nationale, a donné lieu à un véritable débat politique confrontant deux orientations en matière de logement social, elle n'a pas été exempte de dérapages.

Présents en début de séance, siégeant comme à leur habitude à l'extrême droite au dernier rang de l'Hémicyle, Gilbert Collard et Marion Maréchal-Le Pen, les deux élus du Front national, ne sont pas intervenus dans la discussion générale.

"PROBLÈME D'INTÉGRATION"

Mais c'est Philippe Meunier, député (UMP) du Rhône et membre de la Droite populaire, qui a fait bondir la gauche en tenant des propos que n'auraient pas reniés ceux qui, à ce moment-là, avaient déserté l'Hémicycle. Dans son intervention, il a fustigé "l'idéologie et le dogmatisme" de ce projet de loi, qui relève notamment de 20 % à 25 % l'objectif de logement social par commune et multiplie par cinq les pénalités qu'encourent les contrevenantes.

"Vous êtes dans une logique punitive à l'égard de tous ceux qui ne rentrent pas dans votre moule collectiviste", s'est exclamé le député, accusant la gauche de vouloir "créer des parcs de logements sociaux pour mieux avoir sous votre contrôle les personnes qui en bénéficient". "Vous délirez !", a sursauté le député écologiste François de Rugy.

M. Meunier n'en a pas plus été perturbé. "Vous êtes-vous au moins une fois posé la question de savoir pourquoi il y a un si fort rejet des logements sociaux de la part des Français ?", a-t-il lancé à l'adresse du gouvernement, apportant lui-même la réponse : "C'est uniquement parce que ceux-ci sont très souvent attribués d'abord à des ressortissants étrangers qui ont un véritable problème d'intégration au corps social français." Cette fois, de tous les bancs de la gauche se sont élevées les protestations. Tandis que Julien Aubert, député (UMP) du Vaucluse, approuvait fortement son collègue.

"VOUS DEVRIEZ CHANGER DE GROUPE"

Tançant "les bobos qui se permettent de nous faire la morale à tout bout de champ", M. Meunier a poursuivi sans se démonter son réquisitoire. "Au lieu d'accroître massivement le nombre d'étrangers autorisés à résider sur notre territoire, vous feriez mieux de vous occuper de nos compatriotes qui attendent un logement depuis des mois, voire des années, et qui se font doubler par ceux qui viennent d'arriver." Un registre puisé directement aux sources frontistes.

Avant de porter l'estocade finale. "Ce ne sont pas le matraquage fiscal des classes moyennes, le simulacre de mariage homosexuel et cette trahison envers la France que constitue le droit de vote des étrangers qui vous redonneront la majorité que vous avez perdue", a conclu M. Meunier, dénonçant un projet "néfaste pour mon pays, la France".

"Vous devriez changer de groupe et siéger un peu plus haut, tout à fait à la droite de l'Hémicycle. Ce serait plus clair", a fait remarquer Jean-Marc Germain, député (PS) des Hauts-de-Seine. Sur les bancs de l'UMP, l'orateur Meunier a été applaudi.

Patrick Roger

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25 septembre 2012 2 25 /09 /septembre /2012 16:29

 

Libération - 24 septembre 2012 à 17:23
Les députés EE-LV assument leur opposition au traité européen


Cécile Duflot (au centre) et Barbara Pompili (à gauche) posent avec les députés d'Europe Ecologie-les Verts (EELV) devant l'Assemblée nationale.
Cécile Duflot (au centre) et Barbara Pompili (à gauche) posent avec les députés d'Europe Ecologie-les Verts (EELV) devant l'Assemblée nationale. (Photo Kenzo Tribouillard. AFP)

Enquête En s'opposant sur la question du traité européen, Europe Ecologie-les Verts menace-t-il la cohésion gouvernementale ? Les députés revendiquent leur droit à s'opposer dans ce débat.

Par QUENTIN LAURENT

 

Ce pourrait être la question d'un sondage auquel politiques et médias tentent de répondre en boucle depuis ce week-end. Europe Ecologie-Les Verts est-il en train de a) mettre à mal le gouvernement ; b) fragiliser la majorité ; c) revendiquer son indépendance et faire vivre le débat autour d’un sujet polémique ou d) faire n’importe quoi...? La question est posée, mais les réponses divergent depuis la réunion samedi du conseil national d’EELV qui, à plus de 70%, s’est exprimé contre le vote du traité européen.

Au PS, certains accusent les alliés écolo de porter un coup à l’alliance politique scellée entre les deux partis. Lundi matin, la porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem appelait les écologistes à la «solidarité gouvernementale» . Alors que Cécile Duflot, ministre du Logement, est restée pour l'instant discrète, le ministre écologiste délégué au Développement, Pascal Canfin, a appelé de son côté les élus de son parti à ne pas s’opposer au traité. Même la droite a décidé de s’en mêler. Interrogé dimanche sur la question, François Fillon estimait ne pas voir «comment les écologistes pourraient rester au gouvernement» après le vote de samedi. Ce lundi après-midi, Matignon a cependant indiqué que «la question de la participation» des ministres écologistes «ne se pose pas» et exclut leur départ du gouvernement.

De quoi conforter la majorité des députés EELV, qui défendent ardemment le droit de s’opposer sur la question du traité sans remettre en cause leur participation au gouvernement ni l’appartenance à la majorité présidentielle.

«Héritage du passé»

«Ce traité, c’est un héritage du passé», défend Barbara Pompili, co-présidente du groupe écolo à l’Assemblée. Pour la députée de la Somme comme pour la plupart de ses camarades, le traité européen tel qu’il est signé est l’oeuvre de Nicolas Sarkozy et n’engage pas les écologistes.

«On reconnait les efforts de François Hollande sur la question mais le traité qu’il dénonçait pendant la campagne est resté le même», renchérit de son côté Sergio Coronado, député des Français de l’étranger. Avant de poursuivre: «La question européenne n’a pas fait l’objet d’un accord entre PS et EELV.» Et c’est bien là la principale ligne de défense des écologistes. Ils ont signé un accord avec leurs alliés socialistes, mais jamais celui-ci n’a inclu le traité européen.

«Valls, on ne lui demande pas de démissionner»

Quant à l’éventuelle démission de Cécile Duflot et Pascal Canfin du gouvernement, elle est balayée par tous d’un revers de la manche. Au nom du droit à débattre,  même au sein d’une majorité. Pour François de Rugy, député de Loire-Atlantique, les ministres écologistes «sont beaucoup plus modérés dans leur expression que certains de leurs collègues socialistes à qui on ne demande pas s’ils vont démissionner». Denis Baupin, vice-président EELV de l’Assemblée, abonde: «Moi je suis pour le débat. Regardez Manuel Valls sur le vote des étrangers, on ne lui demande pourtant pas de démissionner. C’est une majorité pluraliste, il y a du débat. Moi je suis contre le garde à vous.» Le ministre de l’Intérieur socialiste est d’ailleurs cité en exemple par tous les députés interrogés sur la question de la démission des écolos du gouvernement.

Pour Denis Baupin, le vote des députés EELV n’est d'ailleurs pas le coeur du problème. «Je vous fais le pari qu’il y aura plus de députés PS contre que de député EELV, note-t-il. Le vrai problème avec ce traité, pour la majorité, c’est le vote des députés socialistes.»

«Ni torture, ni menace»

Parmi les 17 députés du groupe écologistes, une poignée pourrait cependant voter en faveur du traité. Parmi eux, Christophe Cavard, ancien communiste et député du Gard, qui estime qu’il est nécessaire de signer le traité «à cause de la gravité de la situation en Europe, et pour que l’Allemagne envisage de jouer la carte de la solidarité européenne», en acceptant notamment de soutenir les pays comme l’Espagne ou l’Italie dont l’état est critique.

Les députés EELV vont aborder la question mardi en réunion de groupe. «On va tendre vers une position de groupe, après, il n’y aura ni torture, ni menace sur le vote», explique Sergio Coronado. Barbara Pompili se veut moins optimiste et doute, elle, «qu’on puisse aboutir à une décision commune». «Mais ce n’est pas possible de faire comme si le parti n'avait pas voté à 70% contre ce traité», conclut la porte-parole, elle-même personnellement opposée au vote du traité.

 

 

 

                                                                    *****************************************************

 

 

Silvain Pastor, ex-futur député écologiste (qui n'aurait pas voté la confiance au gouvernement et bien sûr pas non plus la ratification du "Pacte budgétaire")

 

 

Pour info. Et pour mémoire, un lien un brin cocasse

Charivari anti-Cavard-Placé le 30-03-12 à Nîmes par les militants

 

 

 

 

                                                                                ********************************

 

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24 septembre 2012 1 24 /09 /septembre /2012 16:49

 

 Vérité(s) 24/09/2012 à 15h32

Pascal Riché | Redchef Rue89

 

 


Gilbert Collard à l’Assemblée nationale, le 26 juin 2012 (ERIC FEFERBERG/AFP)

 

Maître Gilbert Collard, l’autoproclamé « casse-couilles démocratique », adore la corrida. Le 21 septembre, le député apparenté FN du Gard l’a répété au micro de Jean-Jacques Bourdin (RMC et BFM-TV), s’enflammant pour ce « magnifique rituel », cette « danse sublime entre la vie et la mort ».

Il en appelait au respect de cette tradition multiséculaire. « Je ne peux pas mettre un tableau chez moi », se plaignait le casse-couilles, dont la femme et les deux filles sont anticorrida : « Je suis une vraie victime du mouvement anticorrida », plaisantait-il.

La plaidoirie procorrida de Gilbert Collard

Il n’en a pas toujours été ainsi. L’Alliance anticorrida a eu la cruauté de nous envoyer le message « d’affection » que le député leur a opportunément envoyé le 13 juin 2012, à la veille du deuxième tour des législatives, en réponse à l’appel lancé par ces militants à voter pour les candidats qui se prononceraient contre ladite « danse sublime ».

Le voici :

« Sujet : Re : Législatives et appel au vote.

Date : Wed, 13 Jun 2012 13 : 52 : 05 +0200

De : COLLARD gilbertcollard@xxxxx.com

Pour : APASG apasg30@xxxxxx.com

Ma femme, mes deux filles sont contre la corrida et je dois dire que la dégradation de ce “spectacle” me motive pour vous soutenir.

Affectueusement Vive la France

GC Envoyé de mon iPhone »

Gilbert Collard adore répéter qu’il tient un discours de vérité. Visiblement, sur ce dossier si sensible pour son électorat, il aime tellement la vérité qu’il en a plusieurs.

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