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22 novembre 2012 4 22 /11 /novembre /2012 18:59

 

 

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Au départ, il y a deux voix. Une voix grave, qui articule et parle fort. Une voix qui commande. C’est celle de Patrice de Maistre, gestionnaire de fortune. Et puis il y a une petite voix, qui tremble, hésite et se perd dans des propos incohérents. Il s’agit de celle de Liliane Bettencourt, l’héritière de l’empire L’Oréal, une vieille dame aussi riche que sourde. Ils se parlent tous les jours, se disent la plupart du temps des choses sans conséquence et, soudain, échangent quelques secrets qui vont faire trembler la République. Ils ne le savent pas mais leurs conversations sont enregistrées. C’est ainsi que tout a commencé : par un dictaphone.

 

 
© Reuters

 

L’affaire Bettencourt, ce « Watergate français » selon l’expression du New York Times, qui vaut ce jeudi une convocation de l’ancien président Nicolas Sarkozy devant un juge « aux fins de mise en examen », est d’abord l’histoire de mots volés. Vingt et une heures de conversations secrètes, surprises entre mai 2009 et mai 2010 par le petit dictaphone numérique d’un majordome, Pascal Bonnefoy, dans la maison de Neuilly-sur-Seine de Mme Bettencourt.

C’est à l’origine l’acte clandestin, déloyal et assumé, d’un employé de maison qui veut prouver à la police que des rapaces s’accaparent une partie de la fortune de sa patronne. Mais le majordome lui-même ne pouvait se douter qu’il serait le déclencheur d’un cataclysme politico-financier qui amènera trente et un mois plus tard l’ancien chef de l’État à devoir répondre aux questions désagréables d’un juge nommé Gentil.

L’ironie du sort veut que l’affaire Bettencourt a été, entre 2008 et 2010, un dossier dont Mediapart s'est désintéressé, parce qu'alors simple chronique judiciaire mondaine entre une mère et sa fille se déchirant autour d’un dandy scandaleux, le photographe et romancier François-Marie Banier. Une plainte avait été déposée fin 2007 – Mediapart est né le 16 mars 2008 – par la fille, Françoise Bettencourt-Meyers. Elle accuse Banier d’avoir profité de la faiblesse psychologique de sa mère pour la dépouiller d’un milliard d’euros. Le parquet de Nanterre est saisi, la brigade financière enquête. Plusieurs articles paraissent dans la presse sur ce Clochemerle en draps de soie.

Puis vint juin 2010. Dans le courant du mois, Mediapart apprend qu’il y a une affaire dans l’affaire, comme il existe parfois une pièce cachée derrière la bibliothèque d’un manoir. Les informations s’arrachent alors par bribes, rien n’arrive sur un plateau : les policiers auraient reçu des documents compromettants politiquement ; non, il s’agit de bandes pirates ; en fait, un majordome aurait enregistré les conversations d’affaires de Liliane Bettencourt…

Quand Mediapart obtient finalement la copie intégrale des vingt et une heures d’enregistrements du majordome, ceux-ci sont déjà entre les mains de nombreuses personnes, au parquet de Nanterre, à la brigade financière, à la chancellerie, chez certains avocats. À l’Élysée ?

 

L. Bettencourt 
L. Bettencourt© Reuters

 

Il a fallu deux jours et deux nuits sans sommeil pour “défricher” les enregistrements. Savoir qui est qui. Comprendre qui dit quoi. Et, surtout, s’assurer que tout est vrai, qu’une forgerie est impossible. Une vieille source, ancien agent du contre-espionnage français, spécialisé un temps dans les écoutes, nous aide à y voir clair : pour s’assurer de l’absence d’un montage audio, il faut, pendant l’écoute, exacerber les aigus afin de “pousser” le souffle de la bande. S’il n’y a pas de coupure, alors les risques de montage sont faibles, nous dit l’ancienne barbouze.

Certaines voix enregistrées clandestinement sont par ailleurs connues, plus ou moins. Celle de Liliane Bettencourt – on vérifie. Celle de Georges Kiejman, son avocat – on vérifie. Celle de François-Marie Banier – on vérifie. Puis vient la confirmation : une source, placée dans l’appareil d’État de l’époque, informée du dossier, nous assure de l’authenticité des bandes.

« Comme par hasard »

Le matériau est désormais exploitable, en théorie. Il est extraordinaire et dérangeant à la fois. Que recèle-t-il ? Un malaise et une excitation, des anecdotes sans intérêt et des informations explosives. Sur les vingt et une heures d’enregistrement, l’essentiel des mots échangés sont, de fait, pauvres en intérêt public.

Seulement voilà, parfois, surgissent des témoignages d’une force journalistique inédite : Liliane Bettencourt, la femme la plus riche d’Europe, fraude le fisc à grande échelle grâce à des comptes en Suisse où dorment 78 millions d’euros ; le ministre et trésorier de l’UMP Éric Woerth, dont la femme Florence travaille au service de l’héritière de L’Oréal, se trouve au cœur d’un conflit d’intérêts au parfum de trafic d’influence ; des soupçons naissent sur le financement de l’UMP et de Nicolas Sarkozy ; l’Élysée est intervenu directement pour faire interrompre l’enquête judiciaire diligentée par la fille Bettencourt…

C’est le Watergate au pays de Balzac. Il faut écouter les bandes, les écouter encore. Chaque fichier audio fait l’objet d’une note manuscrite, avec des time-code très artisanaux (exemple ci-dessous). Les moments clés sont répertoriés, les phrases importantes recopiées mot à mot. Il faut tout dater. Et tout recommencer pour être sûr, pour ne pas être pris en défaut. L’opération est répétée à plusieurs reprises.

 

Notes réalisées à partir des enregistrements clandestins du majordome. 
Notes réalisées à partir des enregistrements clandestins du majordome.© DR

 

L’article n’est pas encore prêt, mais il prend forme. La rédaction de Mediapart est alors réunie et informée du scoop en préparation. Une discussion collective a lieu. Peut-on utiliser un tel matériau ? La réponse est oui, à la condition d’expurger du traitement éditorial des bandes, déjà entre les mains de la police, toute référence à la vie privée. Les avocats de Mediapart abondent. Cacher ces informations aurait été une faute journalistique difficilement pardonnable.

 

E. Woerth 
E. Woerth© Reuters

 

Tous les protagonistes de l’affaire sont contactés. Rares sont ceux qui veulent répondre. Georges Kiejman, l’avocat de Mme Bettencourt, prend alors l’affaire à la rigolade – c’est moins le cas depuis... Le premier article est finalement publié dans la nuit du 15 au 16 juin 2010 sous le titre « Sarkozy, Woerth, fraude fiscale : les secrets volés de l’affaire Bettencourt ». L’affaire est lancée. L’attachée de presse d’Éric Woerth s’étonne : « Comme par hasard, vous sortez cela le jour de la présentation de la réforme des retraites. Comme par hasard. »

Nous nous attendions à faire l’ouverture du 20 heures et des matinales. Il n’en fut rien. Les jours passent et les démentis se multiplient. Mediapart décide alors, cinq jours après son premier article, de passer un cran au-dessus. Il nous faut prouver la véracité des faits avancés.

Nous publions des extraits soigneusement choisis des enregistrements clandestins. L’effet de stupeur est total. Là, l’affaire s’emballe. La France entend comment quelques-uns, milliardaires, gestionnaires de fortune ou politiques, s’affranchissent ensemble et dans le secret de la règle commune, parfois même de la loi. Pour la première fois, le public découvre, oreilles en pointe, le huis clos des arrangements inavouables.

Mais l’agenda présidentiel, déjà bousculé par nos révélations et celles qui s’ensuivent de nos confrères, explose littéralement deux semaines plus tard. Cela se passe le 6 juillet, à six heures du matin. Mediapart publie le témoignage de l’ex-comptable des Bettencourt, Claire Thibout. L’ancienne comptable raconte par le menu le ballet des enveloppes kraft bourrées d’argent liquide qui circulent au sein de la maison Bettencourt. Elle cite les noms de Woerth et Sarkozy et parle d’un possible financement occulte de la campagne présidentielle de 2007.

 

La riposte de l'Élysée

 

C. Guéant 
C. Guéant© Reuters

 

Ce matin-là, l’incendie Bettencourt s’installe durablement à l’Élysée. Nicolas Sarkozy est réveillé par son conseiller en communication, Franck Louvrier, sur le mode « Houston, on a un problème ». À 11 heures, une réunion de crise est organisée dans le bureau de Claude Guéant, alors secrétaire général de la présidence. La garde rapprochée du président y participe, dont le ministre Christian Estrosi. Objet : fixer les éléments de langage pour nuire à Mediapart. L’un des participants à la réunion, rapportera Le Point quelques jours plus tard, propose de comparer « Plenel à Goebbels ».

Le lendemain, le 7 juillet, à la sortie d’un meeting au Raincy (Seine-Saint-Denis), le patron de l’UMP de l’époque, Xavier Bertrand, dénonce devant les micros et caméras les « méthodes fascistes » de Mediapart. Le “la” d’une forme d’hystérie d’État – puisqu’il faut bien nommer les choses – est donné. Plusieurs membres du gouvernement se relaient sans relâche dans les médias pour dénoncer Mediapart, comparé ici au « pire de la presse des années 30 », là à un journal « hitléro-trotskiste ». Sur le plateau de l’émission Ça vous regarde, sur LCP, le député Éric Raoult me traite de « collabo ».

Le président en personne entre dans la danse. Le 7 juillet, devant les députés du Nouveau Centre qu’il reçoit à l’Élysée, Nicolas Sarkozy s’en prend au travail de Mediapart et tout particulièrement à son directeur, Edwy Plenel : « Au niveau déontologie, c'est inimaginable. Mais ça va lui retomber sur la tête. » Puis le 12 juillet, le chef de l’État, interrogé dans les jardins de l’Élysée par le journaliste de France-2 David Pujadas, dénonce « une calomnie ». « C’est une honte », tranche-t-il, l’air grave.

 

Nicolas Sarkozy et Philippe Courroye 
Nicolas Sarkozy et Philippe Courroye© Reuters

 

L’Élysée imagine avoir gagné la partie. Tout est sous contrôle. L’enquête judiciaire née des révélations de Mediapart est entre des mains sûres, agiles et protectrices, d’un procureur ami, Philippe Courroye. Celui-ci se rend à chaque moment clé de sa vraie-fausse investigation à l’Élysée pour y rencontrer en personne Nicolas Sarkozy, comme l’a rapporté Le Monde.

Le procureur Courroye, lui-même cité à de nombreuses reprises dans les enregistrements du majordome, déploie en effet beaucoup d’énergie à ne surtout rien découvrir. Il fait, en revanche, vivre un calvaire judiciaire au principal témoin gênant, la comptable, entendue plus d’une dizaine de fois en quelques jours, mise sous pression, poussée à démentir telle ou telle affirmation. Elle ne craquera pas.

Pendant ce temps, début octobre, une épidémie de cambriolages frappe Paris. La rédaction de Mediapart est visitée, la copie des enregistrements du majordome y est dérobée. Le domicile d’un journaliste du Monde et le bureau d’un confrère du Point qui enquêtent sur l’affaire sont également cambriolés.

À Nanterre, c’est la guerre des hermines. Le tribunal s’entredéchire autour de l’affaire Bettencourt, entre une juge indépendante (Isabelle Prévost-Desprez) et un procureur aux ordres (Philippe Courroye). Fin octobre, le couperet tombe. Le procureur Courroye est dessaisi du dossier. Il s’en émeut au micro d’Europe 1 et compare, modeste, son enquête à une « symphonie inachevée ». L’affaire est finalement dépaysée à Bordeaux, où les juges d’instruction Jean-Michel Gentil, Cécile Ramonaxto et Valérie Noël reprennent le dossier à zéro. À partir de là, tout est devenu possible.

 

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22 novembre 2012 4 22 /11 /novembre /2012 18:51

 

 

Le Monde.fr avec AFP et Reuters | 22.11.2012 à 07h27 • Mis à jour le 22.11.2012 à 10h25

 

Nicolas Sarkozy le 24 octobre 2012 à Paris.

 

 

L'ancien président de la République Nicolas Sarkozy est arrivé au palais de justice de Bordeaux, jeudi 22 novembre, pour être entendu par les juges Jean-Michel Gentil, Cécile Ramonatxo et Valérie Noël dans le volet "abus de faiblesse" de l'affaire Bettencourt.

Les trois magistrats bordelais soupçonnent un financement occulte par Liliane Bettencourt de la campagne présidentielle du candidat UMP en 2007 dans des proportions dépassant le seuil légal autorisé de 7 500 euros par personne et par an, sans que la milliardaire ait pu donner un consentement éclairé à ces dons.

  • L'argent des Bettencourt a-t-il pu contribuer à financer illégalement la campagne présidentielle de 2007 ?

  Les juges bordelais s'interrogent sur sept rapatriements d'argent en liquide des Bettencourt depuis la Suisse, de 2007 à 2009, pour un montant total de 4 millions d'euros. Mis en examen pour "abus de faiblesse, abus de biens sociaux et escroquerie aggravée" et placé en détention provisoire durant plusieurs mois, Patrice de Maistre, le gestionnaire de fortune des Bettencourt avait déclaré avoir remis l'argent liquide au couple et ignorer ce qu'il en avait fait. Sur ces sept retraits, deux de 400 000 euros avaient notamment eu lieu en février et en avril 2007, au moment de la campagne présidentielle.

Claire Thibout, l'ancienne comptable des Bettencourt a par ailleurs affirmé que Patrice Demaistre lui avait demandé de mettre à sa disposition 150 000 euros en liquide pour l'ex-ministre du budget Eric Woerth, alors trésorier de la campagne de Nicolas Sarkozy. Au lendemain de cette remise, Patrice de Maistre rencontrait Eric Woerth dans un café. Mis en examen, l'ancien trésorier de la campagne 2007 de Nicolas Sarkozy, Eric Woerth, a nié ces accusations.

Un carnet -saisi par la justice- du photographe François-Marie Banier, ancien proche de la milliardaire, prête ces mots à Liliane Bettencourt en 2007 : "De Maistre m'a dit que Sarkozy avait encore demandé de l'argent".

  • Que répond Nicolas Sarkozy sur ce point ?
Veuillez Flash Player pour la vidéo

Nicolas Sarkozy s'était défendu, le 3 avril 2012, sur le plateau de Canal + de tout financement électoral illégal de sa campagne présidentielle de 2007 , qualifiant cette affaire de "boule puante".
 

"Je voudrais dire une chose sur les comptes de ma campagne de 2007 (...) ils n'ont été contestés par personne. La commission des comptes de campagne a certifié ces comptes en disant : 'il n'y a pas un centime dont on se demande d'où il vient, il n'y a pas une dépense dont on se demande par qui elle a été financée'", avait-il déclaré, ajoutant :  "Pourquoi voulez-vous qu'il y ait un financement illégal alors même que recettes et dépenses ont été contrôlées millimètre par millimètre et qu'il n'y a pas l'ombre d'une contestation ?"

  • Nicolas Sarkozy a-t-il lui même rendu personnellement visite aux Bettencourt ?

Réagissant le 3 avril 2012 sur le plateau de Canal + aux informations de L'Express faisant état d'une visite chez les Bettencourt, Nicolas Sarkozy avait indiqué qu'il était "bien sûr" possible qu'il ait rencontré André Bettencourt, le mari de Liliane Bettencourt, en février 2007.

"Sur André Bettencourt, j'étais vingt ans maire de Neuilly, ils habitaient Neuilly, il a été sénateur pendant que j'étais député, il était dans la majorité, la même que la mienne, jusqu'à présent M. Bettencourt c'était un délinquant ? Ce pauvre homme qui est mort depuis des années", avait-il réagi. "Je ne sais pas ce que je faisais il y a cinq ans", avait-il ajouté. "La question c'est : 'Est-ce que vous auriez pu rencontrer André Bettencourt ?' Bien sûr. Quel est le problème, quelle est l'histoire, quelle est l'information ?"

En juin, peu de temps avant la perquisition menée dans ses bureaux et à son domicile en juillet, Nicolas Sarkozy a fait adresser une copie de son agenda 2007 aux juges, accompagnée d'une lettre de Me Thierry Herzog, son avocat, destinée à démontrer l'impossibilité matérielle des visites au domicile des Bettencourt début 2007, à l'exception de la visite du 24 février.

  • Nicolas Sarkozy a-t-il fait pression sur le juge Courroye ?

Les juges bordelais veulent également savoir à quelles occasions et pour quels motifs Nicolas Sarkozy a rencontré Philippe Courroye, le procureur de Nanterre alors en charge des investigations lancées après la plainte pour abus de faiblesse de Françoise Bettencourt-Meyers, la fille de Liliane Bettencourt.

D'après les agendas et courriels de Nicolas Sarkozy saisis le 3 juillet dans les bureaux et au domicile de Nicolas Sarkozy, celui-ci avait reçu Philippe Courroye au moins à huit reprises à l'Elysée. Contestant la réalité de certaines de ces rencontres, l'ex-procureur de Nanterre avait estimé lors de son audition le 2 octobre par les juges bordelais qu' "il n' a jamais été question de cette affaire dans [ses] rencontres avec M. Sarkozy". 

Plusieurs proches de Nicolas Sarkozy (l'avocat Thierry Herzog, l'ancien secrétaire général de l'Elysée Xavier Musca et son ex-conseiller pour la justice Patrick Ouart) ont également été entendus comme témoins à propos d'éventuelles pressions qui auraient été exercés sur la justice.

Lire : Affaire Bettencourt : les rendez-vous secrets de Nicolas Sarkozy

  • Que risque Nicolas Sarkozy ?

L'ancien président de la République sera au minimum témoin assisté (personne mise en cause au cours d'une instruction judiciaire, mais à qui il n'est pas directement reproché la commission d'une infraction), voire mis en examen si les magistrats estiment avoir réuni à son encontre des "indices graves et concordants", qu'il ait commis une infraction. Selon Le Figaro, Nicolas Sarkozy "s'estime inattaquable sur ce dossier, mais il sait qu'une mise en examen est possible" 

Jusqu'au 15 juin 2012, Nicolas Sarkozy était protégé par l'immunité présidentielle. Une perquisition a eu lieu le 3 juillet à son domicile à Paris et dans les bureaux mis à sa disposition.

C'est la deuxième fois depuis le début de la Ve République en 1958 qu'un ancien président français est convoqué par un juge, après Jacques Chirac, condamné le 15 décembre 2011 à deux ans de prison avec sursis dans deux affaires d'emplois fictifs de la mairie de Paris

  • Le nom de Nicolas Sarkozy apparaît-il dans d'autres affaires ?

Nicolas Sarkozy peut être entendu comme témoin dans le volet financier du dossier relatif à l'attentat anti-français de Karachi au Pakistan en 2002, visant une supposée corruption dans le cadre du financement de la campagne présidentielle d'Edouard Balladur en 1995.

Lire (édition abonnés) : Affaire de Karachi : les juges visent l'entourage de Nicolas Sarkozy

Une procédure visant les sondages d'opinion commandés par Patrick Buisson, son proche conseiller à l'Elysée,  est toujours en cours.  La Cour de cassation doit prendre sa décision le 19 décembre.

 

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21 novembre 2012 3 21 /11 /novembre /2012 15:59

 

Rue89 -  Cyberbaston 21/11/2012 à 16h53




Un homme devant un ordinateur (Audrey Cerdan/Rue89)

 

L’internaute lambda pense souvent que l’association pare-feu + antivirus suffit à assurer la protection de ses données numériques. Mais les hackers utilisent également des stratégies s’appuyant sur des erreurs humaines pour accéder à des informations sensibles : coordonnées bancaires, adresses, documents.

Le « phishing » (hameçonnage) en fait partie. Ce stratagème, utilisé traditionnellement à l’encontre de particuliers, commence à être mis en place pour des organismes publics, comme le révèle L’Express dans un article qui relate une cyberattaque d’origine américaine sur l’Elysée datant de mai 2012. En voici le mode opératoire, étape par étape.

 

1 - Repérer des employés de l’Elysée

 

Pour le grand public, les pirates se cantonnent à envoyer des e-mails en masse à des adresses glanées sur Internet en se faisant passer pour des grandes compagnies ou des banques et inciter les victimes à fournir volontairement leurs informations bancaires.

Dans le cas d’une administration d’Etat comme la présidence de la République, le pirate effectue un travail préalable de repérage. Il identifie des employés de l’Elysée.

Aujourd’hui, rien de plus facile grâce aux réseaux sociaux professionnels. On peut par exemple lister sur le site LinkedIn les personnes travaillant au palais de l’Elysée. Il n’y a plus qu’à choisir.

 

2 - Entrer en contact via Facebook

 

Après avoir déterminé une cible disposant d’un compte Facebook (il s’appellera dans notre exemple Sébastien), notre hacker sélectionne une personne du même service que la victime ne disposant pas d’un compte Facebook (elle s’appellera Diane).

Par l’intermédiaire d’un compte Facebook fictif fraîchement créé, le pirate entre en contact avec la cible : la pseudo « Diane » ajoute Sébastien parmi ses « amis ». La proximité induite par le réseau social cumulée à la relation de travail supposée entre les deux internautes empêchent la victime de soupçonner la manœuvre.

 

3 - Préparer un site de phishing

 

Intranet
Il s’agit d’un réseau utilisant les mêmes fonctions qu’Internet (IP) mais à l’intérieur d’une entreprise ou d’une organisation. On peut le comparer à un réseau internet local.

Pendant ce temps-là, le hacker aura pris soin de mettre en ligne un site imitant le vrai portail intranet de l’Elysée avec une adresse quasi-identique (une lettre en plus ou en moins dans l’URL).

Cette page web proposera de renseigner un identifiant et un mot de passe pour accéder à l’Intranet. En réalité, le site est programmé pour enregistrer les informations et afficher une page d’erreur.

 

4 - Inciter la victime à se rendre sur le site

 

Suivant la fonction et le statut de la personne dont l’identité a été usurpée, via un message sur Facebook, le pirate prétexte une raison pour pousser la cible à se rendre sur l’Intranet.

Diane explique à Sébastien qu’un nouveau mode de connexion à partir d’Internet est désormais possible. Elle lui fournit un lien vers ce « nouveau » portail de connexion.

Curieux à l’idée de découvrir cette nouveauté, Sébastien se rend sur le site et y entre ses identifiants. Voyant une page d’erreur s’afficher, il revient vers Diane pour lui expliquer que le système n’est visiblement pas encore opérationnel. Diane s’excuse, le pirate jubile.

 

5 - Infecter le réseau

 

Une fois les codes de Sébastien récupérés, notre pirate accède à l’Intranet de l’Elysée. A partir de ce moment, il lui suffit d’y introduire un « ver ». En général, il s’agit de documents dont l’ouverture déclenche l’infection de l’ordinateur sur lequel il a été ouvert.

C’est ce qu’affirme L’Express : l’Intranet de l’Elysée aurait été infecté par un vers similaire au virus Flame soupçonné d’avoir été utilisé par les Etats-Unis et Israël à partir de 2007 pour espionner l’Iran, la Syrie, le Soudan et l’Arabie saoudite.

Selon Vitaly Kamluk, un employé de l’antivirus Kaspersky interrogé par L’Express, ce code malveillant permet de « collecter des fichiers, de réaliser des captures d’écran et même d’activer le microphone d’un PC. »

 

6 - Récupérer les données exfiltrées

 

Ultime étape : récupérer les données. Flame fait ainsi transiter les informations via une multitude de serveurs aux quatre coins du monde. Ce système permet en théorie d’empêcher de remonter jusqu’au pirate.

Une fois les données récupérées, il ne reste que deux options :

  • récupérer la prime de fin de mission si le hacker est à la solde d’un gouvernement ou d’une entreprise ;
  • vendre ces informations aux enchères si le pirate travaille en freelance.
Une évolution des méthodes de piratage

L’utilisation du phishing et le piratage d’organismes publics, pris à part, ne sont pas des phénomènes récents. En revanche, Nicolas Caproni, consultant en sécurité des systèmes d’information chez BSSI (cabinet de conseil), considère que la technique de phishing via Facebook représente une « méthode originale et différente » :

« Normalement, les hackers envoient des pièces jointes piégées (contenant des “malwares”) à des adresses e-mail recupérées sur le site de l’institution visée. C’était d’ailleurs le cas pour Bercy en 2011. »

A défaut de découvrir les failles de systèmes informatiques de plus en plus complexes, les hackers s’emploient donc désormais à exploiter les erreurs humaines pour accéder aux données sensibles des institutions publiques.


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21 novembre 2012 3 21 /11 /novembre /2012 15:52

 

 

Le Monde.fr | 20.11.2012 à 21h24

 

 

Les ordinateurs des proches conseillers du président auraient été fouillés par des agents américains, selon "L'Express".

Selon L'Express, l'Elysée aurait été victime d'une intrusion informatique, au début du mois de mai. Les ordinateurs des "proches conseillers de Nicolas Sarkozy" et du secrétaire général Xavier Musca auraient été affectés, menant au vol de notes secrètes et de plans stratégiques. L'intrusion aurait été menée avec une technique classique dans le vol de données bancaires, le phishing ("l'hameçonnage").

Les pirates auraient ainsi créé des comptes Facebook singeant ceux d'amis de personnes ciblées de l'Elysée. Ces comptes, une fois amis avec les employés, auraient simplement envoyé un lien vers une page imitant l'intranet de l'Elysée, où ils étaient invités à entrer leurs identifiants de connexion. Une fois les identifiants confidentiels récupérés, les pirates ont pu introduire sur le réseau du Château – par un moyen non précisé – un virus à même de récupérer documents et données personnelles sur les ordinateurs infectés.

Le virus aurait été repéré à cause des communications avec les serveurs Internet des pirates, qui le contrôlaient, difficiles à identifier à cause du passage par des relais. Le virus, lui, était presque connu : son code ressemblait fortement à Flame, repéré en début d'année et considéré comme l'un des logiciels malveillants les plus sophistiqués au monde. Ce virus serait créé par les Etats-Unis et Israël, selon certains spécialistes, et utilisé pour des actions ciblées, notamment au Moyen-Orient. Cette ressemblance a mené les enquêteurs à soupçonner un proche allié, les Etats-Unis, de cette intrusion. Contactée, l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information, qui aurait mené l'enquête, n'a pas souhaité commenter l'information de L'Express.

 

 

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19 novembre 2012 1 19 /11 /novembre /2012 18:30

 

                                                                                                                                                                                                                          Lire aussi

L'institut Civitas, proche des catholiques intégristes, appelait à manifester dimanche 18 novembre après-midi à Paris contre le projet de loi ouvrant le mariage et l'adoption aux homosexuels, décrié par plus 100 000 manifestants samedi (lire notre reportage Contre le mariage pour tous, le défilé des droites).

La manifestation «contre l'homofolie», avec soutanes et croix chrétiennes, a réuni plusieurs milliers de personnes, issues de toutes les constellations de l'extrême droite. Plusieurs personnalités du FN avaient également fait le déplacement. 

En marge du cortège, les Femen, célèbres militantes féministes ukrainiennes, ont été molestées et injuriées par des manifestants. La journaliste Caroline Fourest, reconnue dans le cortège par des manifestants, a elle aussi été prise à partie.

«Une dizaine de militantes des Femen avaient décidé de faire une protestation pacifique et drôle, d’arriver habillées en nonnes avec des slogans humoristiques, et quand elles se sont avancées vers les manifestants, des types les ont pris en chasse, déchaînés», a-t-elle raconté à l'AFP. «J’ai été tabassée d’abord parce que je filmais, ils m’ont mise à terre, mon bonnet est tombé, là ils m’ont reconnue et ils m’ont poursuivie, insultée et retabassée.» D'autres journalistes ont eux aussi été molestés. Les Femen et Caroline Fourest ont été brièvement arrêtées, puis relâchées.

 

 

 

Les Femen, dimanche 18 novembre 
Les Femen, dimanche 18 novembre© Mathieu Magnaudeix

Par la voix du premier secrétaire Harlem Désir, le PS a condamné l'agression. La ministre des droits des femmes Najat Vallaud-Belkacem s'est dit sur Twitter «profondément choquée».

Vers 15h30, plusieurs centaines de manifestants partisans de l'égalité des droits se sont réunis un peu plus loin place Saint-Michel. «We are family!», scandait une banderole. «Lâchez-nous le sexe!», disait une autre. «Tous égaux, homos hétéros!», ont lancé les participants, alors qu'un grande mobilisation pour le mariage et l'adoption est prévue le 16 décembre.

 

Les anti-Civitas, place Saint-Michel 
Les anti-Civitas, place Saint-Michel© Mathieu Magnaudeix

 

                                                                                 **********************

 

Une journaliste tabassée par des opposants au mariage homosexuel
19-11-2012

La journaliste française, militante féministe, Caroline Fourest se fait tabasser à terre par des manifestants contre le mariage homosexuel à Paris le 18 novembre 2012. Une manifestation à l'appel du mouvement Civitas proche des catholiques radicaux.

 


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19 novembre 2012 1 19 /11 /novembre /2012 18:16

 

Chronique MediaPorte: seul Tiberi sauvera la démocratie à l'UMP

 

 


Cette semaine, dans sa chronique du lundi pour Mediapart, Didier Porte revient sur l'élection du président de l'UMP de ce dimanche 18 novembre 2012. Vous êtes invité à l'enregistrement de cette chronique, tous les lundis au "138", 138 rue du Faubourg Saint Antoine, 75012 Paris. Entrée libre et gratuite.
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15 novembre 2012 4 15 /11 /novembre /2012 19:50

 

 

 

Stéophane Gatignon rencontre le député MoDem des Pyrénées-Atlantiques Jean Lassalle (MEHDI FEDOUACH / AFP)

 

Stéphane Gatignon a été entendu. Il arrête sa grève de la faim. Le maire de Sevran (Seine-Saint-Denis) a été reçu à Matignon dans la soirée de mercredi. Un signe que le gouvernement était très soucieux du mouvement de protestation entamé voici six jours par l'élu devant l'assemblée nationale. M. Gatignon préparait une manifestation samedi pour appuyer ses revendications de crédits d'urgence. Il doit annoncer la fin de sa grève de la faim jeudi matin avec le sourire.

L'élu d'Europe Ecologie-Les Verts a en effet gagné la partie : il y aura bien des crédits spécifiques pour les villes "les plus pauvres des plus pauvres". François Lamy a annoncé jeudi que l’augmentation des dotations de péréquation de l’Etat sera "fléchée" sur les communes les plus pauvres des 100 villes de banlieue dites prioritaires, c'est à dire ciblées par la politique de la ville. Moins d'une cinquantaine de ville devraient bénéficier de ce coupe de pouce, parmi lesquelles Sevran. François Lamy précise que le dispositif reste "transitoire" en attendant qu’un nouveau mécanisme de péréquation intercommunal soit présenté en janvier 2013.

 

Grève de la faim payante

"C'est un bon compromis pour tout le monde", souffle le maire de Sevran. C'est surtout une porte de sortie enfin tournée à une action qui gênait de plus en plus le gouvernement. L'élu de banlieue a ainsi obtenu un appui financier substantiel. Il bénéficiera pleinement de l'augmentation des dotations attribuées aux banlieues avec 9,2 millions d’euros de Dotation de solidarité urbaine (plus un million), 5 millions de dotation venant du fonds de solidarité régional (plus 500 000 euros) et une part de l'augmentation de la Dotation de développement urbain. Au total, Sevran devrait recevoir cinq millions supplémentaires assure le cabinet du maire. Soit la somme qu'il réclamait depuis des semaines pour boucler son budget 2013.

Au-delà des sommes arrachées au gouvernement, Stéphane Gatignon a surtout réussi à mettre sous les projecteurs les difficultés des banlieues pauvres. En focalisant l'attention médiatique sur le sujet, il peut se targuer d'avoir infléchi les discussions parlementaires sur les finances des collectivités locales. La méthode employée - la grève de la faim- a été amplement commentée et critiquée. Elle s'est avérée payante.

Sylvia Zappi


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11 novembre 2012 7 11 /11 /novembre /2012 18:33

 

Rue89 - paradis 10/11/2012 à 17h58
Pierre Haski | Cofondateur Rue89

                                                                                                                                                                                                                             Il y a 527 Français qui ont peut-être des soucis à se faire. 527 résidents français qui disposent d’un compte bancaire dans l’île de Jersey, célèbre paradis fiscal, et qui figurent sur une liste de plus de 8 000 comptes tombée entre les mains d’un « whistle blower », un lanceur d’alerte.

Ces comptes ont été ouverts à la banque britannique HSBC à Jersey, et les autorités fiscales britanniques ont ouvert une enquête sur la base des informations transmises par ce lanceur d’alerte anonyme, selon le quotidien conservateur Daily Telegraph de vendredi. La HSBC, plus grande banque britannique, est déjà sérieusement mise en cause aux Etats-Unis pour des pratiques douteuses.

L’île anglo-normande de Jersey est autonome et possède ses propres systèmes financiers, juridiques et judiciaires.

James Blunt et Sir Mark Thatcher

Selon le quotidien, qui est visiblement bien informé sur ce dossier, ce sont quelque 4 000 comptes britanniques qui intéressent les services de Sa Majesté, et parmi eux, figurent :

  • un trafiquant de drogue en fuite au Venezuela,
  • un homme accusé d’avoir eu plus de 300 armes à feu chez lui en Grande-Bretagne,
  • trois banquiers accusés de fraude,
  • un escroc informatique réputé...

Sur la liste figurent également le chanteur James Blunt et Sir Mark Thatcher, le fils de l’ancien Premier ministre.

L’administration fiscale britannique a confirmé l’information :

« Nous pouvons confirmer que nous avons reçu les données et que nous les étudions. Nous recevons des informations provenant de nombreuses sources dont nous nous servons pour nous assurer que les règles fiscales sont respectées. »

Et si l’on en croit le Daily Telegraph, le lanceur d’alerte dispose d’informations sur plus de 4 000 autres comptes, 527 appartenant à des personnes domiciliées en France, 602 en Israël, 333 en Espagne, 117 aux Etats-Unis...

Où est la liste ?

On ignore si les autorités fiscales britanniques disposent de l’ensemble des données, ou seulement celles qui concernent leurs ressortissants. Dans un cas comme dans l’autre, ces listes intéressent évidemment les autorités fiscales des pays concernés qui pourront soit utiliser les mécanismes de coopération entre gouvernements européens, soit tenter de les obtenir de ce lanceur d’alerte anonyme.

Le journaliste d’investigation David Leloup nous rappelle qu’en 2008, quand l’affaire LGT a éclaté (un DVD des clients d’une banque du Liechtenstein vendu aux services secrets allemands, qui l’ont ensuite transmis au fisc allemand), la France a demandé la sous-liste contenant les clients français au fisc allemand, en vertu d’un tel accord bilatéral signé avec Berlin.

Les listes de détenteurs de comptes offshore, pour la plupart non déclarés dans leur pays d’origine, se retrouvent régulièrement au cœur de l’actualité. Elles sont la hantise des fraudeurs du fisc,

Tout récemment, en Grèce, un journaliste d’investigation, Costas Vaxevanis, a été arrêté et jugé en urgence pour avoir publié dans le magazine Hot Doc la « liste Lagarde » contenant les noms de citoyens grecs pratiquant l’évasion fiscale en Suisse. Il a été acquitté. La liste Lagarde avait été transmise aux autorités grecques par la ministre des Finances française d’alors, mais le journaliste s’est décidé à la publier deux ans après pour protester contre l’inaction des autorités.

 


Une enseigne HSBC, à Londres, le 5 novembre 2012 (London News Pictures/REX/SIPA)

 

Les Etats sont parfois prêts à payer pour obtenir de telles listes, mais il ne semble pas que cela ait été le cas dans l’affaire de Jersey.

Nul doute en tous cas que Bercy, par ces temps de disette fiscale et de menaces de fuite des riches dans les pays moins taxés, ne détesterait pas agiter la menace de redressement auprès de ceux qui avaient cru bénéficier de la discrétion d’une banque britannique dans un paradis fiscal.

Les lanceurs d’alerte

C’est compter sans ce phénomène croissant des « whistle blowers » qui sont le principal frein à la corruption, comme le souligne l’association française Anticor de lutte contre la corruption.

Anticor fête justement ses dix ans ce samedi et devait remettre son prix du lanceur d’alerte à l’ex-maire adjoint écologiste de Grenoble, Raymond Avrillier, déjà connu pour avoir provoqué la mise en examen d’Alain Carignon en 1994, et qui est cette fois récompensé pour avoir révélé l’affaire des sondages de l’Elysée sous la présidence de Nicolas Sarkozy.

Un joyeux anniversaire et un prix que ne partageront pas les 527 Français de la liste de Jersey.

MERCI RIVERAINS ! Pierrestrato
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6 novembre 2012 2 06 /11 /novembre /2012 17:57

 

liberation.fr

6 novembre 2012 à 16:41

Martine Aubry, à la Rochelle, en août dernier.
Martine Aubry, à la Rochelle, en août dernier. (Photo Stéphane Mahe. Reuters)

décryptage L'ex-patronne du PS est convoquée cet après-midi pour une probable mise en examen dans l'affaire de l'amiante. Une histoire qui mêle administration, santé publique et politique.

Par PASCALE NIVELLE, ELIANE PATRIARCA

 

 

L'ex-patronne du PS Martine Aubry est convoquée ce mardi après-midi pour une probable mise en examen dans l'affaire de l'amiante. Une histoire qui mêle administration, santé publique et politique. Que reproche la juge Marie-Odile Bertella-Geffroy à l’administration française, et en particulier à Martine Aubry, qui fut directrice des relations du Travail (DRT) au ministère du Travail, de 1984 à 1987 ? Décryptage.

L’inertie française

La France n’a pris qu’en 1977 les première mesures de précaution en faveur des travailleurs. Soit 46 ans après le Royaume-Uni, 31 ans après les Etats-Unis, et 13 après la réunion de la Conférence internationale sur les risques liés à l’amiante, à New-York en 1964, où le pneumologue Irving Selikoff présenta une étude accablante sur les cancers de l’amiante. Pour la première fois, un taux maximum d’empoussièrement est préconisé. Selon Martine Aubry, chacun au ministère du Travail - où elle travaillait déjà- se sentait fier, et jugeait les travailleurs «protégés» par ce décret, qu'elle jugeait en avance sur les autres législations.

A la DRT, sept ans plus tard, elle restait persuadée que la France était à l’avant-garde de la protection face à l’amiante. Ce décret a suivi ce qu’elle appelle «la première alerte» : une lettre du Pr Jean Bignon, pneumologue, au Premier ministre Raymond Barre, pour prévenir des dangers de l’amiante et de la désinformation pratiquée par les industriels. «Actuellement, la France est le seul pays du monde occidental à ne pas avoir de réglementation pour l’utilisation industrielle de l’amiante», écrit Bignon début 1977. (...) «Les responsables de cette industrie semblent adopter les normes internationales de moins de 2 fibres/cm3 d’air. Cependant, il faut rappeler que de telles normes ont été établies pour protéger les travailleurs contre l’asbestose (fibrose pulmonaire), mais qu’elles sont sûrement insuffisantes comme protection vis-à-vis du cancer.» Pourtant, le décret adopté dans la foulée par la France va retenir cette valeur limite, recommandée par les industriels, dont on sait déjà qu’elle ne protégera pas du cancer...

Des alertes ignorées par la France

Martine Aubry estime que le ministère du Travail a fait son boulot avec ce décret de 1977, et qu’aucune nouvelle alerte sanitaire ne s’est produite ensuite jusqu’en 1994, et donc y compris durant les presque trois années qu’elle a passées à la DRT. C’est vrai : la nécessité d’interdire l’amiante n’apparaîtra en France qu’en 1994, à la suite de l'étude du scientifique britannique Julian Peto, qui montrait que même une seule exposition de courte durée à l’amiante pouvait provoquer un cancer du poumon ou un mésothéliome (cancer de la plèvre spécifique de l’amiante). A partir de là, les pouvoirs publics se mobilisent et l’amiante est définitivement interdit à compter du 1er janvier 1997. En 2004, le Conseil d’Etat a pointé la responsabilité de l’Etat pour défaut de réglementation spécifique à l’amiante, avant 1977, et pour son caractère tardif et insuffisant après cette date.

Pour autant, il y avait des raisons de s’alarmer bien avant. Depuis les années 1960, de nombreux cas de mésothéliomes avaient déjà été recensés dans la population vivant à proximité des mines, des usines d’amiante ou au contact des travailleurs (comme, par exemple, les épouses qui lavaient les bleus de travail de leur maris). Dès 1978, le Parlement européen avait adopté une résolution dans laquelle est recommandé «un maximum d’efforts pour développer des produits de remplacement sûrs pour l’amiante» et lorsque ces produits seront disponibles, de supprimer progressivement la fibre cancérigène.

La juge reproche justement aux services de l’Etat d’avoir traîné à lancer ces recherches. Faux, réplique pour sa défense Martine Aubry : deux mois après sa nomination à la DRT, une étude sur les produits de substitution a été confiée au Pr Bignon. Son rapport a été rendu en juin 1985, et une circulaire a paru trois mois plus tard, demandant aux inspecteurs du travail de «regarder la prévention des cancers d’origine professionnelle comme une priorité». Mais aucun produit de substitution n’est évoqué dans ce texte.

Il leur est reproché également d’avoir tardé à transposer la directive européenne de 1983 renforçant les mesures de protection : la France ne l’a traduite qu’en 1987. Martine Aubry et ses collègues mis en examen, fournissent le calendrier de leur travail, de 1985 à la signature par le ministre. «Cette directive reprenait pour l’essentiel les dispositions du décret de 1977, les travailleurs étaient donc protégés pendant cette période», disent-ils en substance. Ils soulignent que la France a été le quatrième pays européen à adopter la directive.

En Europe, d’autre pays n’ont pas attendu cette directive. Dès 1970, l’Allemagne a signé un accord volontaire avec l’industrie pour parvenir, en dix ans, à l’abandon de l’amiante. La Suisse et le Danemark l’ont interdit dès 1986 et l’Italie dès 1992. En France, il faudra attendre fin 1996 pour que soit interdite la fibre assassine.

Le CPA ou «le faux nez des industriels»

Ce Comité Permanent de l’amiante (CPA) est au coeur du dossier. «Lieu informel d’informations réciproques», selon la défense, c’est, disent les spécialistes du dossier, l’officine de lobbying où tout s’est décidé, de 1982 à 1996.

En 2005, un rapport d’information sénatorial attribue l’inertie de l’Etat au CPA. Une structure composée de scientifiques, comme les pneumologues Jean Bignon et Patrick Brochard (mis en examen lui aussi), de représentants des industriels, mais aussi des syndicats et des ministères concernés (Travail, Industrie, Santé). Martine Aubry assure n’avoir jamais entendu parler du CPA, même si son bras droit, Jean-Luc Pasquier, y siégeait.

«Modèle de lobbying, de communication et de manipulation», selon le rapport du Sénat, le CPA «a su exploiter en l’absence de l’Etat, de pseudo incertitudes scientifiques qui pourtant étaient levées, pour la plupart par la littérature anglosaxonne la plus sérieuse de l'époque». Pour les sénateurs, le CPA a réussi à «créer l’illusion du dialogue social», et à étouffer toute vélléité de réglementer plus sévèrement l’usage du magic mineral . Selon Martine Aubry, le Comité n’aurait pas pesé sur les décisions. «Rien, aucun fait, aucune présomption de fait ne laisse penser que l’existence de ces réunions a influé sur le contenu ou retardé une réglementation sur l’amiante.» Selon elle, c’est «au sein du Conseil supérieur de la prévention des risques professionnels qu'était sollicité l’avis des partenaires sociaux et des scientifiques sur la définition des politiques de prévention.»

L'écran de fumée de l'«usage contrôlé»

«Le ministère du travail n’a pas compris que le CPA n'était rien d’autre que le faux nez des industriels», assène le rapport sénatorial en 2005. Le CPA aurait «enfumé» pouvoirs publics et syndicats, notamment en répandant le mythe de l'«usage contrôlé de l’amiante». Pour résumer : il suffisait d’encadrer la manipulation de l’amiante, de doter les ateliers d’aspirateurs à poussière et les ouvriers de masques pour pouvoir le travailler sans risques. Les scientifiques siégeant au Comité ignoraient visiblement tout des risques réels et de l’existence de matériaux de substitution : «A l'époque, il avait été dit [...] que l’industrie ne pouvait se passer de l’amiante, aucune solution de remplacement n'étant disponible. Aussi le comité se demandait-il s’il était possible de travailler avec de l’amiante tout en protégeant au maximum les populations exposées», a témoigné le professeur Brochard devant la mission d’information sénatoriale.

Un exemple parmi d’autres de la stupéfiante capacité de manipulation du CPA : En 1986, l’Environmental Protection Agency (EPA), l’agence de l’environnement américaine, propose d’interdire aux Etats-Unis l’usage de l’amiante. Levée de boucliers des industriels américains, immédiatement relayés par leurs homologues en Europe. Illico, comme le montrent les comptes-rendus des réunions, le CPA s’interroge sur la manière de réagir à l'étude américaine, dont «les conclusions sont tellement incertaines qu’on ne peut leur accorder de crédibilité». Le CPA rédige une note d’orientation qui accompagne le rapport de son groupe de travail scientifique. Et transmet tous ces documents aux ministres français de l’Industrie, du Travail, de la Santé et de l’Environnement afin qu’ils les remettent à... l’EPA et au gouvernement américain. L’Etat français se fait alors courroie de transmission au service du lobby de l’amiante.

 

 

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5 novembre 2012 1 05 /11 /novembre /2012 19:18

 

Polémique 04/11/2012 à 20h05
François Krug | Journaliste Rue89

 

 

L’extradition de la militante basque Aurore Martin en Espagne embarrasse le gouvernement. Manuel Valls tente de convaincre qu’elle a été arrêtée par hasard. Christiane Taubira assure que l’extradition était ensuite inévitable. Quant à François Hollande, il préférerait oublier le « principe de clémence » qu’il défendait l’année dernière.

1 Manuel Valls plaide l’arrestation par hasard

 

Un ministre de l’Intérieur de gauche refusant catégoriquement qu’on lui attribue l’arrestation d’une suspecte qui avait échappé à son prédécesseur de droite ? La situation a de quoi étonner.

Aurore Martin et ses soutiens avaient en effet ridiculisé Claude Guéant. Le 21 juin 2011, à Bayonne, des policiers antiterroristes avaient tenté d’interpeller la jeune femme, sortie de sa clandestinité. Une soixantaine de militants les avaient fait battre en retraite.

Aurore Martin a finalement été arrêtée ce jeudi à Mauléon (Pyrénées-Atlantiques). Un pur hasard, assure Manuel Valls dans un entretien à Sud Ouest ce dimanche :

« [Elle] a été arrêtée lors d’un contrôle routier, habituel en cette période de vacances. Un gendarme lui a demandé son permis, qu’elle n’avait pas avec elle. Il lui a demandé son identité, qu’elle a déclinée. Son nom figurait au fichier des personnes recherchées, et elle a été interpellée sans opposer de résistance. »

Les soutiens d’Aurore Martin ne croient pas à cette version des faits, évoquant au contraire « une opération préparée, réfléchie, anticipée par Manuel Valls ». Selon eux, « il y avait jeudi autour de Mauléon plusieurs dispositifs de gendarmerie pour l’empêcher de sortir de la ville ».

Dans la foulée, Aurore Martin a été extradée en Espagne, dans le cadre d’un mandat d’arrêt européen controversé, mais validé en décembre 2010 par la Cour de cassation française. Là encore, Manuel Valls assure ne pas avoir joué le moindre role :

« Je n’ai eu à prendre aucune décision. Si j’étais intervenu, j’aurais pu être accusé à juste titre de violation des règles fondamentales de séparation des pouvoirs. »

2 Christiane Taubira se réfugie derrière le droit

 

Avant Manuel Valls, c’est Christiane Taubira qui avait tenté d’étouffer la polémique. Et de se dédouaner. Samedi, la ministre de la Justice avait expliqué dans un communiqué :

« [...] La remise de Mme Martin à la justice espagnole s’est opérée dans le strict cadre du mandat d’arrêt européen [...]. Le mandat d’arrêt européen est une opération de juge à juge, les autorités gouvernementales n’intervenant plus. »

C’est justement ce fameux mandat d’arrêt européen qui alimente la polémique. Même le Front national s’en mêle. Dans un communiqué, Marine Le Pen s’insurgeait vendredi :

« En aucun cas, un gouvernement français ne doit extrader ses nationaux. »

Le gouvernement avait-il le choix ? En juin 2010, la cour d’appel de Pau avait rejeté un premier mandat visant Aurore Martin, insuffisamment motivé. Elle avait en revanche validé le second, six mois plus tard. Sa décision avait été ensuite approuvée par la Cour de cassation puis la Cour européenne des droits de l’homme.

La justice française n’avait pas retenu l’argument d’Aurore Martin, qui s’estime victime d’une procédure politique. Selon le Code pénal, la France peut en effet refuser d’exécuter un mandat d’arrêt europeen, notamment, « s’il est établi que ledit mandat d’arrêt a été émis dans le but de poursuivre ou de condamner une personne en raison [...] de ses opinions politiques ».

Interrogé par LeMonde.fr, Henri Labayle, professeur de droit à l’université de Pau, résume :

« A partir du moment où [Aurore Martin] est arrêtée et que les voies de recours ont été épuisées, la remise aux autorités espagnoles est une procédure dépolitisée qui se fait de juge à juge [...]. Si un ministre s’y était opposé, il l’aurait fait en contrariété des règles de l’Union européenne. »

3 Quand le candidat François Hollande évoquait la « clémence »

 

Les soutiens d’Aurore Martin le rappellent : lorsqu’il était candidat à la primaire socialiste, François Hollande avait évoqué « un principe de clémence à faire respecter » dans ce dossier. Le président de la République l’aurait-il oublié ?

Ses propos étaient en fait très prudents, selon l’enregistrement mis en ligne par Bixente Vrignon, journaliste à France Bleu Pays basque. François Hollande, en vacances dans la région, avait été interrogé par la radio le 27 juillet 2011, plus d’un mois après la réapparition publique d’Aurore Martin et son arrestation ratée :

« Il y a une justice, il y a des règles de droit, et en même temps, il faut les appliquer à bon escient. Et dès lors qu’elle s’est rendue d’elle-même, je pense qu’il y avait un principe de clémence à faire respecter [...].

C’est-à-dire regarder en bonne intelligence avec nos amis espagnols, parce qu’il y a des règles entre nos deux pays, de voir ce qu’il est possible de faire. Donc, ce que devraient faire les autorités françaises, c’est plutôt chercher une solution. »

François Hollande n’avait donc pas exclu de manière explicite le transfert d’Aurore Martin en Espagne. Les dirigeants socialistes, eux, étaient restés discrets. Au PS, seule la fédération des Pyrénées-Atlantiques avaient ouvertement apporté son soutien à la militante de Batasuna.

 

MERCI RIVERAINS ! Pierrestrato
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