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14 décembre 2012 5 14 /12 /décembre /2012 22:57

 

Marianne - Vendredi 14 Décembre 2012 à 18:00

 

Magazine Marianne

 

Le Roosevelt français. Certains y croyaient. L'espoir aura duré 6 mois avant que Hollande ne dévoile sa vraie nature. De surprise, il n'y eut pas. Le président nouvellement élu a cédé face aux banques, à Merkel, aux multinationales et aux "pigeons". Cette semaine Marianne fait le récit de la capitulation de Hollande.

 

Cette semaine dans Marianne : «Hollande la capitulation»

« Mon véritable adversaire, c’est le monde de la finance » jurait le candidat Hollande. Patatras ! Six mois après son accession au pouvoir, Hollande a cédé face aux banques, face à l’Europe de Merkel, face aux multinationales. L‘annonce de la possibilité d’une nationalisation provisoire de Mittal aura à peine servi à gagner du temps et calmer les ouvriers d’ArcelorMittal. Guère plus. Le monde de la finance n’a plus d’adversaire. Hollande a cédé sans combattre. Marianne fait le récit de « la capitulation de Hollande ».

 

« Hollande en Algérie : voyage sous tensions ». François Hollande est attendu en Algérie, les 19 et 20 décembre, pour une visite d’Etat qui s’annonce délicate. Entre demande de repentance coloniale, divergences économiques et la question délicate de l’intervention au Mali, le président devra jouer serré. Un exercice de fumnanbulisme entre deux pays pour lesquels tout est affaire de symbole.  

 

Dix euros pour deux heures. C’est le prix d’une place de parking à Paris. Vingt millions de PV dressés qui rapportent à l’Etat 640 millions d’Etat. A ce tarif là, les opérateurs privés Vinci, ou Eiffage  entres autres se gavent et l’Etat encaisse. Un impôt de moins en moins déguisé et une manne sans limites pour les exploiteurs du sous-sol urbain. Marianne publie une longue enquête sur « le racket des parkings ».

 

Aspartame, huile de palme, pesticides, manipulations en laboratoire, arômes artificiels. L’alimentaire est le lieu de tous les mensonges. A quelques jours des fêtes, peut-être faudrait-il s’inquiéter du contenu de nos assiettes. Jamais la biologie et la chimie n’auront autant été mis à contribution pour faire « terroir ». C’est l’objectif des industriels du secteur, « faire terroir » sans jamais toucher la terre. Sans parler du goût, une variable d’ajustement à l’heure de l’uniformisation gustative, véritable pendant « gastronomique » de la mondialisation.  Marianne pose la question « Et maintenant, qu’est-ce qu’on mange ? »


 

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14 décembre 2012 5 14 /12 /décembre /2012 22:27

 

Médiapart - Blog - Les carnets libres d'Edwy Plenel

 

 

L'affaire Cahuzac illustre le scandale démocratique de la vérité. C'est ainsi qu'au lieu de discuter le fond de l'affaire – l'évasion et la fraude fiscales, l'éthique des fonctions publiques, etc. –, ceux que cette vérité dérange s'en prennent au messager, Mediapart. Un cas d'école pour une réflexion sur la démocratie et son écosystème.

Il se trouve en effet que, le jeudi 6 décembre, soit deux jours après nos premières révélations sur cette affaire, je donnais une conférence à Nantes, justement sur ce thème: La démocratie et son écosystème. Prévue de longue date, elle était organisée par l'Université permanente qu'anime et dirige, avec beaucoup d'énergie et un grand succès, Georges Fargeas au sein de l'Université de Nantes.

J'aime ces hasards improbables qui font qu'au surlendemain de révélations embarrassantes pour le gouvernement animé par Jean-Marc Ayrault, je sois amené à m'en expliquer dans la ville dont il fut longtemps le maire et sur laquelle il veille toujours de près. Sans compter que Nantes étant ma ville natale, celle de ma famille maternelle, je ne pouvais m'y dérober…

 

 

L'ampithéâtre était comble – autour de 700 personnes – et, porté par cette assistance aussi nombreuse qu'attentive, je me suis efforcé de resituer les enjeux démocratiques de notre travail professionnel. Le temps offert à la réflexion et à l'explication permet évidemment de mieux se faire comprendre que dans les formatages aujourd'hui adoptés par des médias, y compris de service public, trop souvent saisis par le diverstissement, son ironie moqueuse et sa superficialité oublieuse.

Dans l'intérêt de Mediapart, j'en joue volontiers le jeu, comme ce fut le cas, jeudi 13 décembre, sur France Inter face aux questions de Pascale Clark (c'est à écouter ici si vous l'avez manqué) qui, tel un cabri médiatique, répétait "les preuves! les preuves! les preuves!" sans vraiment prêter attention à toutes celles que je lui détaillais patiemment.

Mais, en ces temps où le flux, l'immédiateté et l'instantanéité, se conjuguent pour dévaloriser le travail journalistique et ses enjeux civiques, vous aurez compris que je préfère vous recommander de prendre le temps d'écouter cette conférence qui, outre l'affaire Cahuzac évoque aussi le débat sur Notre-Dame-des-Landes et, plus généralement, l'état actuel de notre vie publique. Elle fut suivie, durant une petite heure, d'un débat avec la salle dont ne rend cependant pas compte la vidéo, fort bien filmée, de l'Université permanente.

 

 

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13 décembre 2012 4 13 /12 /décembre /2012 21:48

 

Le Monde.fr avec AFP | 13.12.2012 à 20h15 • Mis à jour le 13.12.2012 à 20h58


 
Les chaînes américaines avaient un an pour se préparer à la mise en œuvre de la loi.

Le volume sonore des publicités à la télévision américaine est désormais le même que celui du programme qu'elles entourent, selon une nouvelle loi votée par le Congrès qui entre en vigueur jeudi 13 décembre.

Cette nouvelle règle de la loi CALM (Commercial Advertisement Loudness Mitigation Act) "exige que les publicités aient le même volume de son que les programmes qu'elles accompagnent", a indiqué la Commission fédérale des communications (FCC), pour qui "cette décision majeure élimine un des problèmes les plus persistants de l'âge de la télévision : les publicités bruyantes".

La FCC est chargée de faire appliquer la nouvelle réglementation qui concerne toutes les chaînes de télévision, traditionnelles, par câble ou satellite. La loi, adoptée l'an dernier, avait donné un an de répit aux chaînes pour prendre les dispositions nécessaires.

La FCC fait remarquer que le son amplifié des publicités à la télévision a "quasiment commencé dès les débuts de la télévision" et que c'est l'un des motifs majeurs de plaintes depuis 2002, quand a été ouvert un centre d'appels.

 

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12 décembre 2012 3 12 /12 /décembre /2012 22:41

 

Rue89 - Arrêt sur images 12/12/2012 à 09h53
Arretsurimages.net"
Daniel Schneidermann | Fondateur d'@rrêt sur images

 

 

 


Jérôme Cahuzac, le 10 décembre 2013 (BAZIZ CHIBANE/SIPA)

 

Allez directement à l’avenue de Breteuil ; ne passez pas par la case Genève ; vendez immédiatement votre clinique : au tour du Canard de se pourlécher sur une pleine page du vaudeville Cahuzac.

Entre les implants des quinquagénaires socialistes dans la clinique du cheveu, le divorce croustillant du ministre, son remariage-mystère avec la fille de la femme de Michel Drucker et l’escouade de privés à la Pétillon qui se bousculent dans les tavernes de Villeneuve-sur-Lot, comme on s’amuse !

Racontée par Match, par le JDD ou par Le Canard, l’affaire, il faut bien le dire, est autrement plus rigolote que narrée par le seul Mediapart. Pour un peu, ce ne serait pas la même affaire. Il faut dire que les premiers articles de Mediapart, les coquins, nous avaient bien caché son arrière-plan vaudevillesque, ne s’intéressant qu’au compte suisse.

Opération de diversion

Pour autant, la profusion des récits vaudevillesques n’est-elle qu’une opération de diversion, visant – schéma connu – à noyer l’essentiel (le ministre en charge de la lutte contre l’évasion fiscale est lui-même un évadé fiscal) sous un amoncellement de détails distrayants ? Oui et non.

L’apparition, comme au bain de révélateur, du portrait sociologique d’un ministre socialiste donne une image révélatrice du personnel politique hollando-ayraultien. Mais encore faudrait-il que ces détails ne masquent pas l’essentiel, qui se résume à une question simple : le ministre a-t-il été détenteur d’un compte en Suisse ?

Si la réponse est oui, sa démission immédiate s’impose. Et même dans le doute désormais semé, sa situation est intenable, comme nous l’écrivions ici dès lundi.

Pour en avoir le cœur net, l’administration fiscale devrait porter plainte. Et cette administration est dirigée par un nommé Cahuzac Jérôme, dont il est peu probable qu’il porte plainte contre l’ex-maire de Villeneuve-sur-Lot. La situation de conflit d’intérêts est donc patente, même si cet élément scénaristique, reconnaissons-le, se prête moins au vaudeville.

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10 décembre 2012 1 10 /12 /décembre /2012 16:32

 

 

Le Monde.fr | 10.12.2012 à 12h14 Par Rafaële Rivais

 
 
La pratique est courante sur les grandes artères. Sa légalisation ne concernerait que les deux files les plus à gauche de la chaussée.

Tous les jours, des motos se fraient un chemin entre les files de voitures sur le périphérique ou l'autoroute, surtout en région parisienne. Cette pratique est pourtant interdite, et les motards peuvent se faire verbaliser pour trois raisons, cumulables : non-respect de la distance de sécurité, dépassement par la droite, changement de file non justifié.

Cette pratique pourrait être légalisée, sous conditions, comme c'est déjà le cas en Belgique, aux Pays-Bas et en Autriche. C'est ce que préconise le rapport d'un préfet, Régis Guyot, remis vendredi 7 décembre au ministre de l'intérieur, Manuel Valls, et devant être soumis au Conseil national de la sécurité routière, en février.

Il y a longtemps que la Fédération française des motards en colère le demande : la remontée de files, qui permet d'éviter les embouteillages, génère peu d'accidents, comme l'a observé l'Institut français des sciences et technologies des transports, de l'aménagement et des réseaux (Ifsttar). Seuls 1 % des accidents mortels et 3,4 % des accidents corporels impliquant des motos ont eu lieu entre deux files, en 2009.

 

UNE PRATIQUE SOUS CONDITIONS

Mais les motards doivent faire preuve d'une grande vigilance. Onze d'entre eux, expérimentés, filmés et interrogés par les chercheurs de l'Ifsttar, entre août 2010 et août 2011, ont ainsi expliqué qu'avant de s'engager entre deux files, ils observent l'orientation des roues de la voiture qui les précède, ainsi que les gestes du conducteur, dont ils craignent un déboîtement intempestif. Ils essaient d'être visibles en activant leurs warnings (feux de détresse) ou en faisant des déplacements latéraux, et vérifient qu'ils ont bien été détectés en cherchant le regard du conducteur dans son rétroviseur.

Le rapport de M. Guyot recommande d'autoriser les deux-roues à remonter les files seulement sur les voies rapides urbaines, et non en ville. La circulation ne serait autorisée qu'entre les deux files les plus à gauche de la chaussée, et le différentiel de vitesse avec les voitures ne devrait pas dépasser 20 km/h. Les motos devraient utiliser le clignotant pour signaler un changement de file, mais il leur serait interdit de rouler avec les warnings ou les feux de route.

Rafaële Rivais

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10 décembre 2012 1 10 /12 /décembre /2012 16:14

 

 

 

 

Nathalie Kosciusko-Morizet, députée de l’Essonne et ancienne ministre de l’écologie, était l'invitée de l'émission “Tous politiques”, dimanche 9 décembre sur France Inter. Comme chaque semaine, les Décodeurs reviennent sur les déclarations de l'invité(e) de l'émission dont Le Monde est partenaire.

 

Nathalie Kosciusko-Morizet, le 14 novembre à Paris (AFP/Bertrand Guay)


  • L'augmentation du coût du MWh du futur EPR

Ce qu’elle a dit : au sujet du coût de l'électricité produite par l'EPR, "d'après les chiffres que j'ai vus, on sera autour de 70 euros au mégawatt-heure (MWh). Ça reste une énergie électrique relativement peu chère. Ce qui est moins cher, c'est (...) l'hydro-électricité, notamment avec des barrages qui sont amortis. Mais tous nos grands fleuves sont équipés. Ce qui est un tout petit peu plus cher, mais à peu près d'un prix équivalent, c'est l'éolien à terre, on-shore."

Pourquoi c’est plutôt faux : les chiffres que Nathalie Kosciusko-Morizet a "vus" sont un peu datés. Un rapport de la Cour des comptes sur "les coûts de la filière électronucléaire", publié en janvier, évoquait bien "un coût de production futur de Flamanville entre 70 et 90 euros par MWh, avec une durée de fonctionnement de soixante ans". Ce montant, déjà supérieur à celui de 46 euros évoqué au début du chantier de l’EPR, était valable pour une facture globale réévaluée autour de 6 milliards d’euros.

Sauf qu’EDF a annoncé le 3 décembre un nouveau surcoût de 2 milliards d’euros du chantier de Flamanville, pour une facture totale qui devrait s’élever (sauf nouvelle augmentation) autour de 8,5 milliards d’euros. Ce surcoût va entraîner une augmentation du coût de l’électricité produite. "Aujourd'hui, avec une construction chiffrée à 8,5 milliards d'euros, on se situe plutôt dans une fourchette de 100 à 120 euros le MWh et ce chiffre pourrait encore augmenter", a expliqué au Monde.fr Bernard Laponche, physicien et polytechnicien, qui a participé à l'élaboration des premières centrales nucléaires françaises en tant qu'ingénieur au Commissariat à l'énergie atomique (CEA). A titre de comparaison, le coût de production de l’électricité dans les centrales nucléaires "classiques" – mais qui approchent de leur fin de vie – a été évalué à 49,5 euros le MWh par la Cour des comptes dans son rapport de janvier.

A plus de 100 euros le MWh, l’électricité produite par l’EPR n’est pas beaucoup moins chère que celle produite par les autres sources d’énergie. Comme l’affirme Nathalie Kosciusko-Morizet, l’hydroélectricité est effectivement probablement la moins chère à produire, du fait de l’amortissement du coût (pourtant élevé) de construction des barrages sur le long terme. "Probablement", car EDF ne communique pas ce coût de production d’électricité. Il est toutefois estimé à 30 MW/h en moyenne.

Mais, contrairement à l’affirmation de NKM, il n’est pas certain que l’électricité produite par le futur EPR soit la moins chère après la source hydraulique, centrale nucléaire "classique" mise à part. Dans sa dernière synthèse publique des "coûts de référence de la production électrique", en septembre 2010, la Direction générale de l’énergie et du climat (DGEC) anticipait pour 2012 un coût de production de référence de 74 euros par MW/h pour l’éolien terrestre "on-shore". Soit bien moins que l’estimation de 100 à 120 euros le MWh pour l’EPR. L’éolien off-shore et le photovoltaïque, eux, relèvent encore d’un coût de production plus élevé (au minimum 120 euros le MW/h).


  • Suppressions de postes mais pas de licenciement à Florange

Ce qu’elle a dit : "Il y aura [à Florange] des suppressions de postes, sans licenciement. (...) Quand on a vu l'accord, on s'est rendu compte que les 180 millions d'euros annoncés par le gouvernement étaient en fait écrits à l'encre pas sympathique du tout. Parce que finalement, il n'y avait plus que 50 millions d'euros."

Pourquoi c’est vrai : l’accord conclu entre le gouvernement et ArcelorMittal, dont le contenu a été révélé par Le Monde le 4 décembre, prévoit la "mise sous cocon" des hauts fourneaux de l’usine de Florange – avant un très hypothétique redémarrage dans le cadre du projet de captage de CO2 Ulcos. Cela signifie la suppression des 629 postes qui en dépendaient. Mais à l’instar des déclarations de Jean-Marc Ayrault assurant qu’il n’y aurait "pas de plan social", l’accord prévoit le reclassement des 629 salariés "sur des bases exclusivement volontaires", avec "un dispositif de gestion des fins de carrière et sur la mobilité interne au site".

Les premières annonces après cet accord entre le gouvernement et ArcelorMittal faisaient état de 180 millions d’investissements par le sidérurgiste dans les cinq années à venir. Le détail de l’accord, lui, nuance largement ce montant : les "investissements stratégiques" ne représenteront que 53 millions d'euros, le reste étant "le flux d'investissements courants" et autres frais de maintenance.


  • Le rôle de Delphine Batho à Doha

Ce qu’elle a dit : ["Delphine Batho était à Doha.", lui dit un journaliste] "Non, ça lui a été retiré. Elle était à Doha comme accompagnatrice, mais elle n'était pas le responsable de la lutte contre le changement climatique. C'est Laurent Fabius, comme ministre des affaires étrangères, qui y était."

Pourquoi c’est plutôt faux : la France était représentée par trois membres du gouvernement lors de la conférence annuelle de l’ONU pour le climat, au Qatar : Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères, Delphine Batho, ministre de l’écologie, du développement durable et de l’énergie, et Pascal Canfin, ministre délégué chargé du développement. Il est vrai que c’est Laurent Fabius qui a prononcé le discours officiel de la France à la tribune le 6 décembre, indique le site de la conférence.

Il est toutefois exagéré de décrire Delphine Batho comme une simple "accompagnatrice" lors de ce sommet. Elle a notamment participé à une table ronde mercredi 5 décembre, réunissant les ministres concernés de chaque délégation et ouverte par le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon. Lors de cette réunion, "la ministre française a rappelé que les objectifs de réduction fixés volontairement par les différents pays parties à la Convention ne permettaient pas en l’état d’éviter un réchauffement climatique supérieur à 2°C", affirme un communiqué du ministère.


Alexandre Pouchard


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7 décembre 2012 5 07 /12 /décembre /2012 19:35
7 décembre 2012 à 17:03
Les proches et parents de Firmin Mahé, le 4 décembre au palais de justice de Paris.
Les proches et parents de Firmin Mahé, le 4 décembre au palais de justice de Paris. (Photo Francois Guillot. AFP)

Trois des quatre militaires français jugés pour le meurtre du criminel ivoirien présumé Firmin Mahé ont été condamnés à de la prison avec sursis. Un autre a été acquitté.

La cour d’assises de Paris a prononcé ce vendredi un acquittement et trois peines de prison avec sursis au procès des quatre militaires français jugés pour le meurtre en 2005 d’un criminel ivoirien présumé, Firmin Mahé.

Le colonel Eric Burgaud, qui avait transmis l’ordre de tuer Mahé, est condamné à cinq ans avec sursis, l’adjudant-chef Guy Raugel, qui l’a étouffé avec un sac plastique, à quatre ans avec sursis, le brigadier-chef Johannes Schnier, qui le maintenait, à un an avec sursis. Le brigadier Lianrifou Ben Youssouf, qui conduisait le véhicule blindé où se sont déroulés les faits, a été acquitté.

Le prononcé du verdict a été accueilli par des cris de protestation des Ivoiriens présents dans la salle. «Scandaleux», «honte à la France», ont-ils lancé. Ces condamnations sont inférieures aux réquisitions prises la veille par l’avocate générale, qui avait demandé respectivement cinq ans ferme, cinq ans dont trois ferme, deux à trois ans avec sursis et six mois avec sursis. Les réquisitions étaient néanmoins bien inférieures au maximum encouru pour un tel crime, soit 30 ans de réclusion, au vu du caractère «extraordinaire» de cette affaire impliquant des militaires.

A LIRE AUSSI L'honneur perdu d'un colonel

La cour a estimé que leur geste avait «gravement porté atteinte aux valeurs de la République», mais considéré que la «situation exceptionnelle» qui prévalait dans la région ivoirienne qu’ils étaient chargés de surveiller était «de nature à atténuer leur responsabilité».

Dans leurs dernières déclarations vendredi matin, les accusés avaient demandé à la cour clémence et compréhension pour «les difficultés rencontrées sur le terrain».

(AFP)

 

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7 décembre 2012 5 07 /12 /décembre /2012 18:54

 

Rue89 - « Intime conviction » 07/12/2012 à 12h04
Zineb Dryef | Journaliste Rue89
Mathieu Deslandes | Journaliste Rue89

 

Rémy Garnier, qui a alerté sa hiérarchie sur l’actuel ministre du Budget, assure à Rue89 que « d’autres preuves » prouveront l’existence d’un compte en Suisse.

 

 


Jérôme Cahuzac, lors d’une conférence de presse, à Paris, le 1er octobre 2012 (WITT/SIPA)


Rémy Garnier : « Je n’exclus pas l’innocence de Jérôme Cahuzac » (Capture d’écran du Parisien.fr)

Ce vendredi matin, au cabinet du ministre du Budget, on a lu Le Parisien-Aujourd’hui en France avec soulagement. Sous le titre « Je n’exclus pas l’innocence de Jérôme Cahuzac », Rémy Garnier, agent du fisc, auteur de la note qui avertissait sa hiérarchie que Cahuzac pouvait avoir détenu un compte en Suisse, se livre à ce qui ressemble à une défense du ministre.

Celui que ses collègues surnommaient « Columbo » se dit lassé et rappelle que sa note n’avait pu « ni confirmer ni infirmer l’information ».

Il assure au Parisien n’être « pas à l’origine des informations de Mediapart » et douter de l’existence d’un compte en Suisse ouvert par le ministre du Budget :

« Je n’exclus pas à 100% l’hypothèse de l’innocence de Jérôme Cahuzac. Si ce compte existe, le ministre aurait alors beaucoup à perdre. Je ressens un peu de compassion car cela m’attriste de voir un personnage aussi brillant malmené comme il l’est actuellement. »

C’est bizarre. Cela tranche avec la teneur de ses interventions précédentes. Nous passons donc un coup de fil à Rémy Garnier pour y voir clair. Il décroche immédiatement. « Depuis avant-hier matin, de 6h30 à 20 heures, je suis assailli par les journalistes. » Il semble épuisé.

L’agent du fisc évoque « d’autres preuves »

Le titre du Parisien l’étonne. « Faut pas voir ça comme ça. » Il reformule ce qu’il pense :

« Mon intime conviction est faite à 99% que les informations de Mediapart sont conformes à la vérité. »

Il évoque « des éléments accablants » et « d’autres preuves » de l’existence d’un compte en Suisse. « Tout ça sortira en son temps », promet-il. Rémy Garnier affirme avoir « la trace » de ces documents. Quelques minutes plus tard, il admet ne les avoir jamais vus mais assure :

« J’ai vu des gens faire état de ces faits de façon très sûre. »

Qui ? « Je ne peux pas le dire. » D’où pourraient sortir ces documents, alors ?

« Il y a plusieurs hypothèses. Notamment dans l’entourage du ministre. »

« Il n’y a rien de personnel »

Pendant quelques minutes, il s’énerve (« Jérôme Cahuzac est un imposteur, ce n’est pas un homme de gauche »), puis s’en excuse, et répète posément que son rapport n’était pas motivé par une vengeance personnelle.

En 1998, alors qu’il s’apprêtait à notifier un redressement fiscal à France Prune, coopérative lot-et-garonnaise, le député du coin, Jérôme Cahuzac, serait intervenu. Le redressement a finalement été annulé. Selon Garnier, c’est à cette époque-là qu’il a été mis au placard.

« Depuis, je suis en guerre contre l’administration fiscale, mais il n’y a rien de personnel. »

Rémy Garnier n’a eu « aucun contact avec Bercy » depuis le début de l’affaire.

« Ils savent que je ne suis pas une personne susceptible de plier sous une pression quelconque. »

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2 décembre 2012 7 02 /12 /décembre /2012 22:12

 

http://fabrice-nicolino.com/index.php/?p=1436

 

 

Cela fait un moment que je souhaite dire trois mots - finalement, ce sera bien plus - sur notre ministre de l’Intérieur Manuel Valls. Avant même l’intervention de ses flics à Notre-Dame-des-Landes, qui a fait des blessés par dizaines. Mais bien entendu, je n’aurais pas écrit ce qui suit sans cette déclaration à propos de l’aéroport de M.Ayrault : « Il est hors de question de laisser un kyste s’organiser, se mettre en place, de façon durable, avec la volonté de nuire avec des moyens parfois dangereux (…). Nous mettrons tout en œuvre pour que la loi soit respectée (…) pour que les travaux puissent avoir lieu ». Valls est un personnage digne d’un certain intérêt, et je vous renvoie pour commencer à un long article de la journaliste du Monde Ariane Chemin. Vous le trouverez au bas de mon papier, en intégralité, et je vous recommande vivement de le lire.

 

Laurent Mucchielli et le livre controuvé

Que dit-il ? En 1980, quand Valls n’avait que 18 ans, il était membre des Jeunes rocardiens. Bon, je sais que cela paraît incroyable. 18 ans, et rocardien : ce seul rapprochement me fait penser à une corde, au bout de laquelle se balancerait un pendu. Passons. À cette époque, Valls étudie à l’université parisienne de Tolbiac, où il rencontre deux jeunes très vieux qui deviendront des amis définitifs : Alain Bauer et Stéphane Fouks. Il me faut les présenter pour mieux comprendre ce qui n’est nullement une affaire personnelle.

Alain Bauer se présente et gagne aujourd’hui sa vie comme « consultant en sécurité ». Mais ce titre falot ne lui rend pas justice. Il a donc noué une amitié inébranlable avec Valls au début des années 80, et milité avec lui chez les Jeunes rocardiens. Est-il de gauche ? La certitude, c’est qu’il signe avec Xavier Raufer, en 1998, un Que sais-je ? (PUF) dont le titre est : Violences et insécurité urbaines. Non, je ne l’ai pas lu. Mais le sociologue Laurent Mucchielli, dont je sais le sérieux, a décortiqué ce texte (ici). Ma foi, cette critique glace le sang. Car de deux choses l’une : ou Mucchielli est un escroc, ou ce livre est un ramassis d’analyses controuvées, établies pour tenter de prouver que la gauche au pouvoir à partir de 1981 est la responsable d’une explosion de la délinquance.

 

Xavier Raufer et le 11 septembre 2001

Je précise que Xavier Raufer, grand expert devant l’Éternel, et toujours ami, en 2012, de Bauer, a marqué, si peu que ce soit, ma vie. Ancien militant de la droite fasciste, passé à la droite classique via les réseaux patronaux de la métallurgie (UIMM), il est depuis quinze ans l’un des spécialistes du terrorisme les plus invités. Et j’en  viens à moi. Nous sommes le 11 septembre 2001, chez moi, je viens de récupérer dans ma cave un poste de télévision antédiluvien, afin de voir comme tout le monde les tours du World Trade Center s’effondrer.

Je me branche sur France 2, et je découvre, parlant de l’événement, Xavier Raufer. Un pro. Un fin connaisseur. Ce qu’il dit est resté gravé : les attentats porteraient la marque du FPLP palestinien. Moi qui suis loin de valoir M.Raufer, je sursaute aussitôt. Car je sais cette hypothèse totalement absurde. Si le FPLP a bien détourné et cramé des avions, c’était vers 1970, dans un contexte qui n’a rien à voir. Puis, ce groupe laïc a une tradition d’extrême-gauche qui exclut radicalement des méthodes comme celle du 11 septembre. Enfin, il est sur le déclin et il est évident, je dis bien évident qu’il n’aurait pas eu la force et la logistique d’une telle opération. La seule conclusion, concernant Raufer, est qu’il est un bien curieux expert.

 

Alain Bauer et Nicolas Sarkozy

Revenons à Bauer. Après avoir quitté Tolbiac, et bientôt les rocardiens, il deviendra franc-maçon et Grand maître du Grand Orient de France. Et de droite ? Les mots n’ont aucun sens. Il copine avec Alliot-Marie ou Sarkozy depuis des lustres, au point d’avoir confié au journaliste de Mediapart Éric Incyan, en 2008 : « Nicolas Sarkozy m’en a parlé une seule fois [d’un poste de ministre ] de manière explicite, il y a plus d’un an. Il m’a dit que s’il était élu à la présidence de la République, il me prendrait dans son équipe gouvernementale pour m’occuper des questions de sécurité. » Mais dès 2006, alors qu’il n’est encore que ministre de l’Intérieur, Sarkozy le décore de l’Ordre national du mérite. Bien entendu, il convie à la cérémonie Stéphane Fouks et…Manuel Valls.

Quoi d’autre ? Plein de choses, mais je n’ai pas le temps, ni la place. En décembre 2008, Bauer remet à sa copine Alliot-Marie, devenue ministre de l’Intérieur, le rapport sur les fichiers de police qu’elle lui avait commandé. Mais cette année 2008 était aussi celle du début de l’Affaire Tarnac, du nom de ce hameau habité par des jeunes très ressemblants à ceux de Notre-Dame-des-Landes. On le sait, la police encabana Julien Coupat et Yldune Lévy pour un sabotage supposé d’une ligne de la SNCF. Je ne reviens pas sur le montage policier lui-même, désormais certain. Ce qu’on sait (un peu) moins, c’est qu’Alain Bauer a joué un rôle important dans les prodromes de cette sombre histoire. L’essentiel est rapporté dans le livre de David Dufresne, Tarnac, magasin général (Calmann-Lévy). Bauer, qui se prenait en la circonstance pour son ami Raufer en 2001, avait acheté, dès 2007, 40 exemplaires du livre appelé L’insurrection qui vient (éditions Hazan), signé par un mystérieux Comité invisible.

 

Alain Bauer et Julien Coupat

Invisible, mais pas pour Bauer. Pour lui, ce texte d’ultragauche annonçait probablement la réapparition d’un terrorisme de gauche, dans la lignée d’Action Directe. Bauer distribue les 40 livres achetés, et pas à n’importe qui. À des politiques de droite, dont certainement Alliot-Marie. À des journalistes connus. À des flics, dont le directeur de la police nationale Frédéric Péchenard, pote de toujours de Sarkozy. Nul ne peut, nul ne pourra peut-être savoir quel rôle ce militantisme aura joué dans le montage de Tarnac. Le certain, c’est que les flics considèrent bien vite Coupat comme l’auteur de L’insurrection qui vient. Et s’il a écrit cela, n’est-il pas cohérent de penser qu’il a pu mener des opérations de sabotage ?

Voilà pour Bauer. Passons plus rapidement sur Stéphane Fouks, dont je vous rappelle qu’il fait partie du trio de départ, avec Bauer et Valls. Donc, en 1980, le jeune vieux Fouks est rocardien. Il reste socialo un moment, puisqu’on le retrouve conseiller de différents ministres, dont Rocard à l’Agriculture. Mais le destin de Fouks, c’est la pub, dont je rappelle qu’elle est pour moi - après bien d’autres - l’industrie du mensonge. Fouks rencontre Séguéla, l’homme pour qui ne pas avoir de Rolex à 50 ans marque le désastre d’une vie, et finit par se faire une place centrale dans la fameuse agence RSCG, où il crée une filiale. Il foire lamentablement la communication de Jospin à la présidentielle de 2002, mais dans ce métier, c’est à croire que seul le présent immédiat compte. Il sera également le conseiller de l’ancien président ivoirien Gbagbo, du couple Ockrent-Kouchner quand ce dernier était accusé de joliesses, et conquiert l’oreille des grands patrons, conseillant près de la moitié du CAC 40. Sans oublier ses solides accointances chez Sarkozy. Ajoutons pour faire bon poids qu’il a promu et défendu l’image de DSK, faisant davantage pour ce merveilleux personnage que pour tout autre. On ne gagne pas à chaque fois, non.

Résumons : Manuel Valls, Alain Bauer, Stéphane Fouks sont comme frères. En 2010, sur le plateau de l’émission de Drucker Vivement Dimanche, consacrée à Valls, les trois apparaissent ensemble. Le 5 mai 2012, les mêmes fêtent leurs 150 ans - à eux trois - dans le restaurant parisien Drouant, dont les deux étages sont loués pour l’occasion. Se trouvent là des flics, de gauche et de droite, des chefs du renseignement, le patron de Veolia, tant d’autres. Peut-être est-il temps de parler de la Mnef, cette Mutuelle étudiante, vivier de copains et de coquins, tous en cheville avec notre grand, noble et valeureux parti socialiste.

 

Manuel Valls et la Mnef

Si vous voulez vous rafraîchir les idées sur les détournements de fric, les emplois fictifs, la crapulerie au détriment de la santé des étudiants, c’est ici. On retrouve dans cette arnaque massive deux courants, en réalité. Le PS, certes, mais aussi et d’abord la secte politique à laquelle a appartenu en secret Lionel Jospin, qui s’appelait jadis Organisation communiste internationaliste (OCI), menée par l’un des personnages les plus mystérieux de notre après-guerre, Pierre Lambert. Dans la Mnef, on retrouve un peu tout le monde. Spithakis, son patron, ancien lambertiste devenu socialiste, mais aussi les députés Cambadélis et Le Guen, et bien sûr DSK lui-même. Où se cache Valls dans le tableau ? Attention aux plaintes en diffamation, car Valls n’a pas, à la différence de 17 autres prévenus, été condamné. Il est donc innocent. Mais il n’est pas interdit de rappeler cette lettre de Manuel Valls envoyée le 21 décembre 1990 au président de la Mnef, Dominique Levêque (ici).

Deux choses sont très intéressantes. Un, elle est à en-tête du Premier ministre de l’époque, Michel Rocard. Valls est alors son conseiller à Matignon. S’il utilise ce papier officiel, c’est évidemment pour montrer qu’il agit ès-qualités, en service commandé. Deux, Valls y menace la Mnef de représailles si elle refuse d’admettre dans son conseil d’administration un certain Emmanuel Couet. Les deux faits réunis suggèrent assurément qu’il existe un lien de subordination inconnu entre le parti socialiste au pouvoir, et cette Mnef où circule tant d’argent. Ah ! j’allais oublier. Dans sa lettre, Manuel Valls précise que « depuis des années, nos relations [entre lui et la Mnef] sont basées sur la confiance et le respect des dispositions arrêtées en commun avec moi-même et Alain Bauer. » Car Bauer est là, lui aussi, qui dirigera l’une des filiales de la Mnef.

On notera à ce stade que Valls, qui n’est pas encore ministre des flics, n’a donc pas comparé les refusants de Notre-Dame-des-Landes à un « kyste » qu’il conviendrait par définition d’extirper (ici). En cette année 1990, il ne juge pas déshonorant cette amitié qu’on qualifiera d’appuyée avec des ruffians qui se révèleront, devant la justice, d’authentiques délinquants, dûment condamnés ensuite. Et l’ayant noté, on reviendra à l’article du Monde dont je vous parlais au début de ce si long pensum.

Ce sera ma conclusion : en cette fin 2012, Valls, Fouks et Bauer sont toujours unis par des liens fraternels, ce qui ne peut que tirer une larme. Qu’importe à Valls que son cher vieux Bauer soit au centre politique et moral du dispositif sécuritaire de la droite ! Il aime, voyez-vous. Citation de Valls en 2008, tirée du Monde : « Si Alain pense qu’être sarkozyste est utile et cohérent, il en a le droit. L’amitié transcende les clivages politiques (…). On se retrouve sur la sécurité et, globalement, on est toujours en phase. » Ajout de 2012 : « Je lui ai dit que je regrettais qu’il ait travaillé pour Sarko, car je ne peux plus le prendre dans mon cabinet. » Ce qui veut dire sans détour que Valls-la-grenade aurait aimé travailler avec Bauer place Beauvau, mais qu’il ne le peut pas. Le chef des flics se faisant aider par Alain Bauer, conseiller-en-chef de Sarkozy.

J’espère que vous goûterez cette farce autant que moi. Voilà dans quelles mains nous sommes. Voilà l’arrière-plan des 100 blessés de Notre-Dame-des-Landes.

———————————————— Ci-dessous, l’article du Monde———————————-

Valls, Bauer, Fouks : le pacte de Tolbiac
LE MONDE | 26.11.2012 Par Ariane Chemin

Les deux étages de Drouant, le restaurant parisien des prix Goncourt, place Gaillon, ont été privatisés. Un e-mail – avec annonce d’une cagnotte pour un cadeau commun – est parvenu à la bonne centaine d’invités conviés ce 5 mai 2012. Manuel Valls, Alain Bauer et Stéphane Fouks fêtent leurs 150 ans. Prudemment – et pour cause –, les spécialistes d’intelligence économique et les fonctionnaires de police ont noté le rendez-vous, puis effacé l’e-mail: “On ne sait jamais.”

Il y a là des patrons, des pontes du renseignement, des politiques, autant de cercles qui s’emmêlent tandis que sur les tablées le bon vin abolit les frontières. L’aréopage d’initiés digresse sur le rituel qui accompagne chacun de ces anniversaires, où les couches d’invités prospèrent et se sédimentent au fil des ans: c’est toujours un fraisier qui clôt le déjeuner. Le dessert préféré de “Baubau”, comme le ministre de l’intérieur et le coprésident d’Havas Worldwide continuent aujourd’hui d’appeler le consultant et ancien conseiller pour la sécurité de Nicolas Sarkozy, Alain Bauer.

Cette année, pourtant, la fête ne ressemble pas tout à fait à celle de Reims, l’an passé, ni aux précédentes. Alain Ducasse a fini par arriver mais il manque “Manuel”. In extremis, le porte-parole de la campagne du candidat socialiste a séché. Le lendemain, en effet, François Hollande joue sa place à l’Elysée, et Julien Dray vient de manquer de tout gâcher en invitant Dominique Strauss-Kahn, mis en examen pour proxénétisme, à son anniversaire à lui.

ASSEMBLÉE HÉTÉROCLITE

Les trois hommes sont trop copains pour ne pas savoir pardonner cette absence prudente; trop professionnels pour ne pas anticiper les risques d’une telle réunion. Que dirait-on d’agapes réunissant un futur ministre de gauche, le préfet de police de Paris, Michel Gaudin, homme lige de la droite, et… le porte-parole de l’UMP sur les questions de sécurité, Bruno Beschizza?

Les strauss-kahniens Jean-Marie Le Guen, Jean-Christophe Cambadélis, François Kalfon, Anne Hommel et Jean-Jacques Urvoas se rendent donc sans l’ami Valls chez Drouant retrouver les PDG invités par Stéphane Fouks. Antoine Frérot, le patron de Veolia, est venu avec son communicant Laurent Obadia –un intime d’Alexandre Djouhri, le mystérieux intermédiaire en cour sous la Sarkozye. Autour des nappes blanches, on trouve aussi tout le réseau policier d’Alain Bauer – son “canal historique”, dit l’un d’eux : le criminologue Xavier Raufer, formé à la droite extrême, le commissaire André-Michel Ventre, le secrétaire général du syndicat Alliance Jean-Claude Delage…

Les “frères” se saluent d’une table à l’autre : avec Philippe Guglielmi, pas moins de deux anciens grands maîtres du Grand Orient de France, que Alain Bauer a présidé de 2000 à 2003, sont du happening de Drouant. On offre des livres rares, des alcools forts millésimés. Les “anciens” de Tolbiac, les “copains d’avant”, ont aussi préparé pour chacun des hôtes un reportage photo : des clichés sépia qui racontent la genèse d’une amitié “de plus de trente ans”.

HAUT LIEU DE LA CONTESTATION

Tolbiac. La fameuse fac de béton brut construite cinq ans après Mai 68, que personne n’a jamais réussi à appeler Centre Pierre-Mendès-France, et où un prof nommé Robert Badinter eut droit à vingt minutes d’applaudissements quand son amphi apprit sa nomination au ministère de la justice. En cette toute fin des années Giscard où la politique se fait encore dans les facs, Tolbiac est devenue le haut lieu de la contestation contre la politique économique de Raymond Barre et la circulaire Bonnet hostile aux étudiants étrangers. C’est l’époque où le service militaire est encore la règle – un étudiant vient de descendre en rappel la façade de la fac pour taguer le slogan “Service à six mois”.

Pas un hasard si, une ou deux fois par semaine, les “grands frères” de ces jeunes gens qui tentent de jouer les prolongations de Mai 68 viennent faire un tour à Tolbiac. Il y a Julien Dray, pour quelques mois encore trotskiste de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), et Jean-Christophe Cambadélis, la tête d’affiche des lambertistes de l’Organisation communiste internationaliste (OCI), qui couvent les étudiants d’un œil efficace. Il y a aussi Jean-Marie Le Guen, ancien chef de la Jeunesse socialiste. Face à eux, un trio de trois garçons déjà inséparables qui, à 18ans, se sont trouvés et ne se lâcheront plus.

“Quand j’arrive à la fac en octobre 1980, je tombe sur un mec en cravate et un petit barbu”, se souvient Manuel Valls. Il est alors un jeune Catalan qui peste de ne pas pouvoir voter pour la présidentielle – il ne sera naturalisé français qu’en 1982 – et porte les mêmes cheveux drus et le même regard sombre qu’aujourd’hui. Le mec en cravate, c’est Alain Bauer. Il est le fils d’un marchand de textiles. Pour impressionner, il laisse dire qu’il est un descendant d’Otto Bauer, le grand marxiste autrichien du début du XXe siècle. Il porte déjà des costumes trois pièces qui enserrent des rondeurs de notable, et jette son loden vert sur ses épaules comme une cape. Il a adhéré au PS à 15 ans et fait partie des plus jeunes francs-maçons de France.

A Tolbiac, il retrouve le “petit barbu” déjà croisé au lycée Arago, à Paris: Stéphane Fouks. Ce fils d’un ancien communiste juif et résistant fut l’un des responsables d’une éphémère coordination lycéenne. Les trois garçons ont le même âge. Bauer potasse le droit constit’. Fouks veut s’orienter vers les sciences politiques. Valls a choisi l’histoire.

“BUVEURS DE CAMOMILLE”

Tous les trois, surtout, sont rocardiens. Rocardiens? Le mot désigne une espèce rare à l’époque. “Des gens en costume, alors que nous on est en blousons de cuir, prêts à dégainer les manches de pioche de nos sacs marins achetés aux puces, se souvient le journaliste Serge Faubert, alors au service d’ordre de la LCR – l’homme qui a descendu la façade de la fac en rappel. Ils étaient comme des buveurs de camomille à une fête de la bière. Pour nous les socialistes étaient des sociaux-traîtres, alors l’aile droite du parti…” A l’époque, l’étiquette veut surtout dire qu’on se méfie de ce Mitterrand qu’adulent Le Guen et ses amis et – point commun avec les lambertistes – qu’on vomit les “cocos”.

“On était déjà très sociaux-démocrates, pas très refaiseurs de monde, se souvient Alain Bauer. L’autogestion, on n’y croyait pas nous-mêmes. Notre référence, c’était Mendès France, pas Lénine ou Trotski.” Pendant que L’Echo des cocos d’éco se félicite des nationalisations à 100% et de la rupture avec le capitalisme promises par François Mitterrand, “SF”, “MV” et “AB” s’indignent dans le Rosé de Tolbiac, une feuille ronéotypée qui sent bon l’alcool à brûler, du passé de travailleur volontaire en Allemagne de Georges Marchais ou de la destruction d’un foyer d’immigrés à Vitry.

“Nous étions les sabras du rocardisme”, sourit Fouks, le plus militant des trois. Pour le trio, Michel Rocard n’est pas seulement l’homme du “parler vrai”. “Pas encore ce type incompréhensible que les Guignols mettront en boîte”, comme dit Valls dans un excellent livre d’entretiens (Pour en finir avec le vieux socialisme… et être enfin de gauche!) menés en 2008 chez Robert Laffont par le journaliste Claude Askolovitch – un autre convive de Drouant. L’ex-leader du PSU est le champion qui doit les emmener au sommet.

“NETTOYER LA FAC DES GAUCHISTES”

Curieuse ambiance et étranges alliances qui se nouent en ce début des années 1980. “On ne se méfie pas d’eux, alors que les rocardiens n’avaient qu’une mission: nettoyer la fac des gauchistes en faisant alliance avec les lambertistes, raconte Serge Faubert, imposer les socialistes à Tolbiac sous l’étiquette d’un nouveau syndicat, fondé en 1980, l’UNEF-ID”, “indépendante et démocratique”, chargée de concurrencer l’UNEF dirigée par le PC.

“Entre nous, les vieux rocardiens, nous disions en rigolant: “Ces trois-là, on a intérêt à bien les former, au moins, le jour où ils nous assassineront, ils feront ça proprement!”", raconte le constitutionnaliste Guy Carcassonne. “Nous étions idéologiquement des rocardiens, et politiquement des mitterrandistes”, confirme Fouks. Prêts à tout, y compris à accepter de devenir les paravents de ces lambertistes sulfureux.

UNEF-ID, conseil d’administration de la MNEF, la mutuelle étudiante qui finira par briser les socialistes qui l’ont approchée de trop près, clubs rocardiens: le trio est partout. Les lambertistes de l’UNEF-ID aident Alain Bauer – que “Camba” présentera ensuite à Pierre Lambert, le dirigeant de l’OCI et le pape caché de toute cette histoire – à devenir, en 1982, vice-président de Paris-I-Tolbiac.

“Quand on a vu Bauer arriver à la fac avec sa voiture et son chauffeur, on s’est dit que, là, il avait des réseaux qu’on n’aurait jamais, même à 50 ans”, soupire un adversaire d’alors. En remerciement du coup de pouce, Alain Bauer fait confier – discret hold-up – la gestion de la cafet’ de la fac (une mine d’or dans ce 13e arrondissement étudiant) à un homme tout de cuir noir vêtu : Bernard Rayard, autre lambertiste officiel, plus sûrement joueur de poker et homme d’affaires.

“CHACUN UNE TÂCHE”

Premiers coups politiques. Premier succès. Déjà, au sein du trio, les zones d’influence se dessinent. Julien Dray jure que l’anecdote est vraie. “J’arrive un jour à la cafet’ de Tolbiac, confie le conseiller régional socialiste. J’ai le triumvirat en face de moi. Je dis à Bauer qu’on va bosser ensemble dans l’UNEF-ID, que je vais coordonner tout ça. Bauer se lance dans les confidences: “Moi, je rêve un jour d’être grand maître.” Fouks prend la parole à son tour: “Moi, je ne veux pas forcément faire de la politique mon métier; j’aime la communication.” Valls prend la parole le dernier: “Moi, j’aime la France, j’aimerais bien devenir président de la République. Mais pour ça, avant, il faut que je sois français.”" Le pacte secret…

“Chacun des trois avait déjà un morpho-type: communicant, agitateur politique, et, au choix, flic ou homme de réseaux”, résume “Camba”. “Aux Jeunesses socialistes, ils ont chacun une tâche, confirme Jean-Claude Petitdemange, le patron de l’appareil rocardien, qui couve le trio : Manuel, la politique et la vie publique ; Bauer, la tactique et les manœuvres d’appareil ; Stéphane, la communication. Stéphane pensait d’ailleurs à l’époque à créer sa petite boîte, mais je l’avais mis en contact avec Jacques Pilhan [gourou de la comm’ politique] qui cherchait quelqu’un…”

Dès 1985, aux Arcs, en Savoie, pour les journées des Jeunes rocardiens, l’étudiant déploie son savoir-faire. “Stéphane me remplissait les salles avec 500 ou 1000 personnes. Tout était fait au cordeau”, raconte Petitdemange. Lors du mouvement de l’hiver 1986 contre la loi Devaquet sur l’université, ils se partagent de nouveau le travail. A Bauer, les contacts avec la préfecture de police afin d’éviter les dérapages. “Alain était notre ministre de l’intérieur”, sourit Fouks. “Il était comme un poisson dans l’eau. C’est tout juste s’il ne faisait pas estafette lui-même”, ajoute “Camba”. Il noue ainsi des contacts avec les renseignements généraux, alors dirigés par Philippe Massoni, emballé par cet interlocuteur étudiant si respectueux de l’ordre. Ou avec Jean-Marc Berlioz, le nouveau “M. Sécurité” de Renault, ex-conseiller de Sarkozy et futur convive du “dîner chez Drouant”…

La politique est un monde plus cruel que celui des affaires. Pendant que Stéphane Fouks invente la communication politique et institutionnelle chez EuroRSCG et évite de se montrer trop regardant sur ses clients en Afrique ou en Europe de l’Est, tandis qu’Alain Bauer, surfant sur le développement des polices municipales, se lance dans l’ingénierie sécuritaire et la vidéosurveillance à Vitrolles (Bouches-du-Rhône), Manuel Valls, atypique licencié d’histoire dans un monde d’énarques, gravit les marches du pouvoir.

Avant le congrès du PS de Lille, en 1987, le trio est convoqué par Petitdemange. “J’ai une place au comité directeur, à vous de choisir qui y va.” D’après Bauer – mais aussi Fouks –, le trio met le poste aux voix : trois bulletins secrets pour Valls – le futur député de l’Essonne a voté pour lui-même. “Ils sont revenus en me disant : ce sera Manuel”, raconte Petitdemange.

“Tout ça est une légende absolue inventée par Alain”, soupire aujourd’hui le locataire de la place Beauvau. A un quart de siècle de distance, la “légende” peut en effet devenir politiquement encombrante pour un ministre ambitieux. Car la donne a changé. Fouks, qui voyait déjà son champion DSK à l’Elysée, a accueilli avec une grimace l’outsider Hollande et s’est trouvé fragilisé cet été chez Havas. Quant à Bauer, il a purement et simplement basculé à droite en… 2007.

“Si Alain pense qu’être sarkozyste est utile et cohérent, il en a le droit, balayait Valls il y a quatre ans. L’amitié transcende les clivages politiques (…). On se retrouve sur la sécurité et, globalement, on est toujours en phase.” Aujourd’hui, le ministre précise: “Je lui ai dit que je regrettais qu’il ait travaillé pour Sarko, car je ne peux plus le prendre dans mon cabinet.”

Qu’importe l’organigramme. Le criminologue est toujours là, au bout du fil ou dans le bureau du ministre, pour livrer les derniers chiffres de la délinquance, son avis sur le terrorisme, les quartiers nord de Marseille, le danger islamiste, la mafia en Corse. Toujours vigilant, aussi, pour protéger le réseau, qu’il s’est constitué sous la droite, des purges, dont la place Beauvau a, de fait, été épargnée. Quant à Fouks, l’autre “plus proche ami”, il reste prêt à surveiller l’opinion, peaufiner son image, commander un “quali” ou tester les discours du ministre: avant le congrès annuel de l’USM à Toulouse, cet automne, il l’a fait sur des magistrats.

AMITIÉ DURABLE

“Dans un monde politique qui revendique l’amateurisme comme une vertu, nous voulons être un îlot de professionnalisme”, confie non sans ironie l’un des membres du trio. Dans les couloirs de Tolbiac, ils ont appris l’essentiel. “Le parcours de Manuel s’est fait autour de ce logiciel découvert à la fac: à 18 ans, nous avons compris qu’on peut être minoritaire dans les amphis et majoritaire dans les urnes, que notre rapport de force dans l’opinion était plus important que dans l’appareil”, dit Stéphane Fouks.

“A notre fausse fraternité militante, trois mecs d’un pragmatisme consommé ont préféré l’amitié durable”, convient aujourd’hui Serge Faubert. Trois inséparables qui mettent depuis trente-deux ans connaissances et réseaux au pot commun. Un exemple ? Depuis juin, Bruno Beschizza, porte-parole de l’UMP sur la sécurité, est chargé de répliquer à chaque “coup” ou annonce de Manuel Valls. Alors, il rappelle à chacun – que peut-il dire d’autre ? – que “le ministre est de gauche”, à défaut d’avoir autre chose à lui reprocher. La mansuétude de l’élu UMP doit peut-être aussi à d’autres détails. Alain Bauer a gentiment accepté il y a quelques années de devenir le parrain de l’un de ses enfants. Malgré l’alternance, Valls lui a gardé un bureau place Beauvau. Et Fouks a trinqué avec lui chez Drouant.

Il y a eu Génération 1 - Les années de rêve, de Patrick Rotman et Hervé Hamon, et Génération 2 - Les années de poudre, au Seuil (2008). Et puis plus rien. Rien sur ceux qui ont vécu Mai 68 par procuration. “Personne n’a raconté la suite de l’histoire, note Julien Dray, à part peut-être Olivier Assayas.”

Dans Après Mai, d’Olivier Assayas, qui vient de sortir au cinéma, les lycéens sont trop jeunes pour avoir grimpé sur les barricades de la rue Soufflot, et, de la guerre du Vietnam, ils n’ont connu que les derniers moments. Mais ceux qui, après eux encore, ont voté pour la première fois en 1981 ? Quid de cette “génération Kaboul” ou “Pologne”, effarée par l’entrée des Soviétiques en Afghanistan, en 1979, et par l’état de siège décrété par le général Jaruzelski fin 1981, déboussolée par la rupture de l’union de la gauche et sa défaite aux législatives en 1978 ?

Leur saga pourrait prendre place vers 1980 à Tolbiac (Paris-I), dans le 13e arrondissement. Plus précisément dans le fameux amphi N, où une génération, à commencer par Manuel Valls, s’est initiée aux “prises de parole” devant un bon millier d’auditeurs et à l’art de retourner une salle. En cette année 2012, Tolbiac se révèle la pouponnière des “patrons” de la gauche d’aujourd’hui. Parmi tous ceux qui s’y sont formés, pas moins d’un ministre, donc, et deux dirigeants de formation politique : Pierre Laurent, patron du Parti communiste, étudiant en sciences éco de 1977 à 1979, et Harlem Désir, nouveau chef du PS, de deux ans son cadet, formé à la philo par les cadors de l’althussérisme de Tolbiac.

“L’EFFERVESCENCE ÉTAIT PERMANENTE”

“Anars, lambertistes, communistes, liguards, socialistes, pablistes, autonomes… C’est simple : il y avait tout. L’ambiance était super-idéologique. Nous étions une gauche de résistance”, se rappelle le premier secrétaire du PS. “Chaque organisation tenait une table dans le hall, l’effervescence était permanente, se souvient aussi Pierre Laurent. Pour la législative de 1978, l’UEC avait organisé un face-à-face entre Philippe Herzog et Paul Quilès, candidats dans le 13e. L’amphi N débordait…”
Tout avait pourtant été fait pour empêcher Tolbiac de devenir un nid d’agitateurs, comme Nanterre ou Jussieu. Un grand bâtiment avec des tours – il fallait caser 13000 étudiants sur un triangle de 4 500 m2 –, une fosse, des ascenseurs… “Une fac transparente où les locaux syndicaux avaient vue sur la cafet’,et où les couloirs étaient en pente, sans doute pour faciliter l’accès des flics”, raconte le journaliste Serge Faubert. “Des sols recouverts de galets où les filles se prenaient les talons, conçus pour qu’on ne s’y rassemble pas trop”, ajoute Patrick Cohen, militant de l’UNEF devenu la voix des matinales de France Inter.

Si Nanterre 68 symbolise le primat de l’extrême gauche dans les années 1970, Tolbiac 80 raconte le renouveau du PS grâce au syndicalisme étudiant et la revanche des vaincus de Mai 68. C’est au début de l’ère Mitterrand que plusieurs figures de la LCR de Tolbiac adhèrent au PS derrière Julien Dray : Stéphane Rozès, un temps secrétaire de section de Daniel Vaillant avant de quitter la politique pour les sondages, le journaliste Didier François, alias “Rocky”, l’une des vedettes de l’amphi N, ou encore la sénatrice Laurence Rossignol.

Les lambertistes de Tolbiac, comme Marc Rozenblat, lunettes fumées et sang chaud, rejoignent à leur tour le PS derrière Jean-Christophe Cambadélis en 1986. C’est à Tolbiac enfin que se développe un “collectif autonome” fasciné par les groupes armés allemands ou italiens. Mais tous, d’Harlem Désir à Pierre Laurent en passant par Manuel Valls, finiront par quitter la fac sans croiser l’étudiante sage et discrète qui se lancera ensuite dans une carrière de première dame : Valérie Massonneau, future Trierweiler.

 

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29 novembre 2012 4 29 /11 /novembre /2012 18:13

 

Rue89 - En images

  29/11/2012 à 14h45

 

 

Camille Polloni | Journaliste Rue89

Dix prévenus comparaissent à partir de ce jeudi après-midi à Paris pour leur participation supposée à la surveillance illégale d’Olivier Besancenot en 2007 et 2008. Il s’agira pour le tribunal de démêler la chaîne des responsabilités et d’établir qui, parmi ces personnes, a franchi les limites de la loi.

La star de ce procès, c’est Antoine Di Zazzo, le patron de SMP Technologies, fabricant du Taser. Colérique, le procès facile (il en a perdu un contre Rue89), il ne supporte pas qu’on mette en cause ses technologies. Quand en 2007, le porte-parole de la LCR clame au « Grand Journal » que le Taser a fait « des dizaines de morts aux Etats-Unis », Antoine Di Zazzo est agacé.

Un cabinet de détectives


Olivier Besancenot, à un metting du NPA à Toulouse, le 17 avril 2012 (LANCELOT FREDERIC/SIPA)

Dès ce moment, les versions divergent. Le patron de SMP Technologies affirme que pour assigner Olivier Besancenot en diffamation – ce qu’il a fait, et Besancenot a été relaxé – il avait besoin de son adresse postale. Il demande alors au cabinet de détectives privés Dussaucy-Batana de « loger » le facteur trotskiste.

Pour Antoine Di Zazzo, l’affaire s’arrête là. Il a payé pour l’adresse. Les actes supplémentaires visant à connaître en détail la vie de Besancenot, pendant plusieurs mois, ne le concernent pas : ce sont les détectives qui ont fait du zèle. Ou qui ont monté « un traquenard » pour le faire tomber.

Les détectives, eux, ne comptent pas porter seuls le chapeau. Ils chargent Di Zazzo, « véritable donneur d’ordres » de toutes ces recherches selon l’accusation. Un rapport de surveillance sur Olivier Besancenot et ses proches, courant d’octobre 2007 à janvier 2008, a été saisi au siège de SMP Technologies, semblant accréditer cette version des faits.

La Porsche Cayenne invisible

Sur le banc des prévenus, outre Monsieur Taser, Gérard Dussaucy et Sophie Batana, se retrouvent plusieurs personnages qui témoignent du lien trouble entre policiers, fonctionnaires retraités et renseignement privé :

  • les détectives privés auraient eux-même sous-traité une partie de la mission à d’autres détectives, le cabinet Arcole (deux anciens policiers) ;
  • pour recueillir des données bancaires, fiscales et automobiles (confidentielles) sur Olivier Besancenot, les prévenus auraient traité avec un agent des impôts, un policier affecté aux douanes et un ancien du même service, un policier détaché au Crédit Lyonnais et un brigadier-major de Mantes-la-Jolie. (Voir le schéma.)

Comme l’écrit Mediapart, « l’affaire Besancenot vient donc rappeler la persistance de liens incestueux entre barbouzes reconvertis et policiers en activité ».

Dans quel but ? Discréditer l’ancien chef de file de la LCR en révélant des contradictions entre son personnage public et son train de vie avantageux. Les limiers n’ont rien trouvé, alors qu’ils rêvaient d’une Porsche Cayenne.

Malheureusement pour eux, Olivier Besancenot a appris qu’il était espionné grâce à un journaliste de L’Express, puis porté plainte. Aujourd’hui, il déplore que « tout le monde se renvoie la balle ».

Les prévenus sont poursuivis pour « complicité de violation de secret professionnel, accès frauduleux à un système de données et détournement de finalités de données », en tant qu’auteurs ou complices des faits.

 

 


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