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4 juillet 2015 6 04 /07 /juillet /2015 14:21

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

Hollande refuse l'asile à Assange, une décision critiquée

|  Par Lénaïg Bredoux et Mathieu Magnaudeix

 

 

 

Une heure à peine après la parution d'une lettre de Julian Assange dans Le Monde, l'Élysée a rejeté fermement toute possibilité d'asile en France pour le fondateur de WikiLeaks. Une décision sans surprise, critiquée à droite comme à gauche.

 

François Hollande n'a rien voulu entendre. Malgré les divers appels à accorder l'asile à Julian Assange depuis les nouvelles révélations sur les écoutes de la NSA, l'Élysée a rejeté fermement vendredi toute possibilité de séjour en France pour le fondateur de WikiLeaks. Une décision critiquée à droite comme à gauche. 

 

Dans une tribune publiée jeudi sur Mediapart, des personnalités comme Edgar Morin, Jacques Audiard, Eva Joly, Thomas Piketty, Éric Cantona, Romain Gavras ou Vincent Cassel s'adressaient à la France et estimaient que « les révélations de WikiLeaks donnent à ses plus hauts représentants l’opportunité de laver l’humiliation subie et, ce faisant, de réaffirmer les valeurs de la France et sa souveraineté, en accordant sa protection à Julian Assange et Edward Snowden ». Une pétition en ligne a également été lancée. Dans la foulée, Julian Assange a signé une lettre ouverte à François Hollande dans Le Monde pour le convaincre de lui accorder l'asile. Peine perdue.

Sur Twitter, l'association SOS-Racisme s'est étonnée de la rapidité avec laquelle l'Élysée a répondu au fondateur de WikiLeaks et de la bizarrerie de la procédure (lire notre article) :

 

Erythréens, yéménites, syriens,… tous sont heureux d'apprendre que met désormais 58 mn pour examiner les demandes d'asile

 

Dans un communiqué publié vendredi, Europe-Écologie Les Verts (EELV) se dit « scandalisé de la réponse – aussi immédiate que laconique – apportée par le président de la République à la demande de protection formulée par Julien Assange ». « La rapidité de la réponse constitue en soi un terrible aveu de faiblesse qui rappelle tristement l’interception illégale de l’avion du président bolivien par les autorités françaises qui craignaient que Snowden soit réfugié à l’intérieur. (...) Le rejet de la demande d’asile de Julien Assange est une atteinte claire et profonde aux valeurs de notre République, tant la situation qu’il subit est indigne et les risques de persécutions qu’il encourt sont réels et nombreux », poursuit le parti écologiste, qui appelle François Hollande à « revenir sur cette décision et à mettre enfin en œuvre les principes qui ont fondé le rayonnement moral de la France depuis des siècles : la justice, l’équité, et la protection des plus faibles. »

La députée européenne Eva Joly a quant à elle fait le lien avec l'actualité grecque :

 

Non-assistance à la Grèce en danger, refus d'accueillir . La France de Hollande voit ses valeurs rétrécir chaque jour

 

Isabelle Attard, députée et ancienne militante d'EELV, a redit sur Twitter vendredi qu'il fallait accorder l'asile à Assange. « Je suis scandalisée que les lanceurs d'alerte qui prennent des risques pour nous aider soient traités comme des criminels ! », explique-t-elle.

 

Je soutiens la demande d'asile en France de Julian . Et vous ? IA

 
 

Au Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon est du même avis.

Au PS, la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann (aile gauche) et les députés Arnaud Leroy et Yann Galut font partie de ceux qui sont favorables à ce que Julian Assange trouve asile en France :

 

La France doit accueillir J. Assange qui le demande. Protéger lanceurs d'alerte et liberté. Ne pas céder aux pressions US. Rétorsion NS

 

À droite, Thierry Mariani (LR, ex-UMP) partage le même point de vue :

 

Oui ! et doivent avoir l'asile politique dans notre pays.

Le fondateur de demande l'asile à la France. Lui accorder serait ENFIN le début d'une réaction sérieuse face à l'espionnage US !!

 
 

Même chose pour le FN Florian Philippot :

Un imbroglio judiciaire : les États-Unis et les plaintes pour viol en Suède

L'Élysée peut toujours se cacher derrière la situation juridique complexe de Julian Assange. Si le rédacteur en chef de WikiLeaks est bien dans le viseur des États-Unis depuis que son site a publié, au printemps 2010, les documents de l’armée américaine fournis par Chelsea Manning, la justice suédoise réclame aussi son extradition pour une affaire d'agression sexuelle et de viol.

Au mois d’août 2010, alors que WikiLeaks est au sommet de sa popularité, deux jeunes femmes suédoises déposent plainte contre Julian Assange. Lors de relations sexuelles au départ consenties, il lui est notamment reproché d'avoir refusé d'utiliser un préservatif, ou de l'avoir retiré sans prévenir, des faits qui, en Suède, peuvent relever du viol. Julian Assange se trouve alors en Grande-Bretagne, à qui la Suède demande son extradition. Au terme de deux années de bataille juridique, il finit par se réfugier, le 19 juin 2012, dans les locaux de l’ambassade de l’Équateur à Londres et demande l’asile à ce pays. Il y est depuis toujours bloqué, menacé d’être interpellé dès qu’il passera la porte de l’ambassade.

 

Julian Assange

Julian Assange © Reuters

 

Julian Assange ne nie pas avoir eu des relations sexuelles avec ses deux accusatrices, mais dément avoir retiré son préservatif sans leur consentement. Selon ses défenseurs, c’est la police qui aurait fortement incité les deux femmes à déposer plainte. WikiLeaks affirme en effet que cette procédure est téléguidée par les États-Unis afin d’obtenir l’extradition de Julian Assange dès qu’il sera arrivé en Suède. Celui-ci s’est d’ailleurs dit prêt à se présenter devant la justice, à la condition que les autorités suédoises s’engagent à ne pas le transférer vers un autre pays. Ce qu’elles ont refusé au nom de l’indépendance de la justice.

Le problème est que, pour l’instant, Julian Assange n’est officiellement inculpé d’aucune charge, ni aux États-Unis ni en Suède. Pour être formellement inculpé, il devrait être auditionné par la procureur en charge de l’enquête. Mais celle-ci s’est jusqu’à présent refusée à faire le voyage jusqu’à Londres, malgré les demandes répétées de WikiLeaks et le feu vert des autorités britanniques. « Elle devait venir à Londres le 17 ou le 18 juin dernier, mais elle n’a entamé ses démarches auprès de l’ambassade que trois jours avant, affirme Juan Branco, conseiller juridique de WikiLeaks. Ce qui est bien entendu bien trop tard. Elle a prétendu une erreur technique. Mais ce que nous constatons, c’est en fait un double langage. »

De leurs côtés, les États-Unis se gardent bien d’annoncer l’ouverture officielle d’une enquête qui ne ferait que confirmer les craintes des avocats d’Assange. Celle-ci semble pourtant bien être une réalité. Au cours d'une conférence de presse organisée au mois de janvier à Genève, l'équipe juridique de WikiLeaks, menée par le juge espagnol Baltazar Garzon, a présenté des emails montrant que Google collaborait avec la justice américaine en lui fournissant des données sur certains membres de WikiLeaks. Le 9 juin dernier, le hacker et journaliste Jacob Appelbaum, qui a par ailleurs travaillé avec WikiLeaks, a révélé que Google avait été obligé de transmettre ses données personnelles aux autorités afin d’alimenter le dossier d’inculpation de Julian Assange par un grand jury. « Jusqu’à présent, lorsque nous affirmions que les États-Unis faisaient tout pour obtenir de la Suède l’extradition de Julian Assange, on nous traitait de complotistes. Aujourd’hui, nous savons que c’est vrai », estime Juan Branco.

Mais cet imbroglio juridique pourrait bientôt se débloquer. « Au mois d’août, trois des quatre charges dont Julian Assange est accusé vont être prescrites », explique Juan Branco. « Il ne restera que la plus lourde, "viol mineur", pour laquelle il risque jusqu’à 10 ans de prison. Il y a une grande chance pour que l’ensemble du dossier soit clos. En effet, à cette occasion, l’ensemble de l’affaire sera réexaminée, un nouveau mandat d’arrêt devra être délivré, et il faudra le justifier. Or, il n’y a eu dans ce dossier aucun acte d’enquête depuis 2010. » Selon le conseiller juridique, « le parquet sait que ce dossier est vide et cherche en fait une porte de sortie tout en gardant la tête haute ».

Si les poursuites sont abandonnées contre lui en Suède, rien ne dit pourtant que la France, qui ne veut pas froisser les États-Unis, reviendrait sur sa position de ne pas accorder l'asile. Quant à Edward Snowden, lui aussi à l'origine de très nombreuses révélations sur l'espionnage mis en place par la NSA, il est toujours bloqué en Russie. La France lui avait refusé, il y a deux ans, un sauf-conduit qui lui aurait permis de déposer une demande d'asile en bonne et due forme.

 

 

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

 

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2 juillet 2015 4 02 /07 /juillet /2015 16:37

 

Info reçue par mail

 

Salut camarades

 

Pour info (et en comptant sur votre indulgence) petit montage vidéo (très amateur je le conçois) sur notre semaine militante gardoise placée sous le signe de l'antifascisme :
 

 
Jérém (Solidaires 30)
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1 juillet 2015 3 01 /07 /juillet /2015 13:35

 

 

Source : http://www.marianne.net/pericolegasse

 

 

L'Europe est morte, vive l'Europe !

 

Périco Légasse

 

Ayant viré au cauchemar voici que le rêve part en fumée. On a beau le prendre dans tous les sens, et même si l’on colmate la brèche grecque cette fois-ci, personne n’est dupe, c’est fini. Le moment est donc venu de se détourner des soins palliatifs qui prolongent artificiellement Eurokenstein pour envisager autre chose. Les perdants laisseront-ils la place ou vont-t-ils s’enfermer un peu plus dans la Bastille de leurs échecs cumulés ?
 
Giannis Papanikos/AP/SIPA
 

Un simple instant de recul et deux doses de hauteur, au vu et au su des causes de la crise grecque, indiquent manifestement que cette Europe-là est morte. Cette Europe des marchés, si chère à Jacques Delors, à José Manuel Barroso, à Jean-Claude Junker (spécialiste de l’évasion fiscale des multinationales installées au Luxembourg), et à tous ceux qui ont affirmé que le dogme monétarisme devait apporter l’équilibre économique à une opération aussi complexe que l’union de près de 20 Etats européens soumis aux aléas d’une devise unique, n’est plus.

Malgré les colmatages, les rafistolages, les bas de contention et autres extincteurs imaginés par la Commission européenne pour convaincre les opinions publiques que l’UE est un processus irréversible et infaillible, la grande idée de Jean Monnet et Robert Schumann fait penser à ces fusées saturées de technologies dernier cri dont le lancement en grandes pompes finit par un feu d’artifice retentissant sous les applaudissements d’une foule ne pouvant imaginer que le bijou interstellaire vient en fait d’exploser.

Et les gesticulations pathétiques de nos leaders politiques, répétant à satiété que le drame grec n’est qu’un accident de parcours provoqué par une mauvaise application de la doxa bruxelloise, nous rappelle ces marxistes sincères expliquant, la main sur le cœur, que le goulag était un dévoiement du système soviétique mais en aucun cas sa finalité objective. Pas de mauvais outils, que de mauvais ouvriers…

Il sera toujours temps de se demander, dans vingt ou trente ans, comment des esprits lucides ont seulement pu y croire, et comment, lorsque des peuples ont pu manifester un doute sur l’efficacité du projet, comme les Français en mai 2005, le camp du bien leur répondait : « Circulez y a rien à voir, la subtilité des enjeux vous dépasse ». Toute interrogation relève de la dérive populiste puisque la bête immonde s’appelle désormais Syriza.

A ce propos, Madame Lagarde et Monsieur Moscovici peuvent-ils prendre le temps de nous expliquer, avec leurs mots justes et précis, pourquoi la masse des économistes géniaux et des gouvernants visionnaires qui, depuis 40 ans, nous annoncent, à grands renforts de démonstrations scientifiques, que cette Europe-là est la seule issue viable pour notre continent, n’arrive pas à avoir raison ? C’est fâcheux, à la fin, cette obstination des faits. Chaque année qui passe confirme un peu plus l’effarante faillite du concept mais plus le roi est nu et plus on explique à la petite fille qu’elle est devenue folle…

Certains en riront, d’autres en pleureront, sur le cadavre de tous ceux qui auront payé la facture finale, c’est-à-dire les plus défavorisés. Qu’importe, le bien-être de la plèbe n’est pas la priorité de la Banque centrale européenne et encore moins celle du Fond monétaire international, dont la seule mission n’aura été, finalement, que la protection d’un système bancaire vicié venu se refaire une santé sur le dos du contribuable après une partie de poker menteur perdue.

L’urgence n’est donc plus de savoir si l’on prolonge les soins de cette Europe en pré phase terminale, on devrait dire « vincent lambertisée », mais à quel moment les élites qui nous ont conduit dans ce mur accepteront de reconnaître leurs torts ? Auront-ils l’élégance de laisser la place aux bâtisseurs d’une vraie Europe où règneront enfin les valeurs de l’entreprise et du savoir dans une cohérence politique ayant l’humanité pour ambition première ou leur faudra-t-il une rupture ? S’il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre, leur échec nous encourage plus que jamais à persévérer.

 

 

Source : http://www.marianne.net/pericolegasse

 

 

 

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30 juin 2015 2 30 /06 /juin /2015 20:27

 

Source : https://oulaviesauvage.wordpress.com

 

« Au regard de la situation en Grèce, et à la suite de la rupture des négociations par l’Eurogroupe, Podemos souhaite communiquer ce qui suit:

 

1. Lundi dernier, le gouvernement grec a présenté à l’Eurogroupe une proposition d’accord qui comprenait un grand nombre de concessions et a été saluée par l’ensemble des prêteurs comme une proposition raisonnable et viable. Dans les jours qui ont suivi, cependant, les créanciers internationaux, emmenés par le FMI, ont finalement rejeté la proposition du gouvernement grec de taxer les secteurs les plus riches de la société, de restructurer la dette et de mettre en œuvre un programme d’investissement pour relancer l’économie. Au lieu de cela, ils lui ont demandé d’augmenter la TVA sur les services de base et la nourriture et ont exigé des coupes supplémentaires sur les retraites et les salaires. Dans leur effort visant à démontrer qu’il n’existe pas d’alternative aux politiques d’austérité, les créanciers ne semblent accepter que l’argent des pauvres et s’évertuent à imposer la même logique et les mêmes mesures que celles qui ont conduit le pays à une catastrophe humanitaire. L’économie grecque est asphyxiée. Continuer de l’asphyxier est l’exact opposé de ce qui doit être fait.

 

2. Face à une telle extorsion et un tel chantage, le gouvernement grec a réagi à l’ultimatum de manière exemplaire: en appelant le peuple à se prononcer démocratiquement et souverainement sur son avenir. Contrairement aux gouvernements espagnols de 2011 et de 2012, le gouvernement hellénique a refusé de violer le mandat populaire issu des élections de janvier. Les tentatives visant à contraindre, intimider et influencer ce vote de la part de pouvoirs non élus et en particulier de la Banque Centrale Européenne ― qui s’emploie à étouffer le système financier grec afin d’influencer le résultat de la consultation ― constituent une violation flagrante et inacceptable du principe démocratique. Ce que nous disons, c’est que l’Europe sans démocratie n’est pas l’Europe: tous les démocrates doivent aujourd’hui unir leurs voix pour dénoncer cette ingérence et ces pressions insupportables. La démocratie ne peut aller de pair avec le fait de laisser des pouvoirs non élus gouverner et décider pour nous. Il en va de la démocratie même.

 

3. Par leur intransigeance, les créanciers ont démontré qu’ils ne se préoccupaient nullement de résoudre la crise de la dette grecque ; leur but est bien plutôt de soumettre et de renverser un gouvernement démocratiquement élu afin de démontrer qu’il n’existe pas d’alternative aux politiques d’austérité. Leur aveuglement est tel qu’ils s’apprêtent à mettre en péril l’intégrité et la stabilité du système financier et le projet européen lui-même en exposant celui-ci à des attaques spéculatives dont le prix sera également payé par les citoyens d’autres pays. Nous le disons une fois de plus: c’est eux qui seront à blâmer, eux qui porteront la responsabilité des conséquences de ce désastre.

 

4. Syriza n’a pas créé l’énorme crise économique qui affecte la Grèce. Ce sont les gouvernements de la Nouvelle Démocratie et du PASOK, les amis de notre Parti Populaire et de notre PSOE, qui ont falsifié les données et les comptes, remis la souveraineté du pays entre les mains de la Troïka et laissé à Syriza un désastre économique et social qu’il est impératif et urgent d’inverser.

 

5. De nombreuses personnalités internationales ont d’ores et déjà pris leurs distances avec le dogmatisme des créanciers. Des centaines de milliers de personnes à travers le monde ont exprimé leur solidarité avec le peuple grec dans sa défense du principe démocratique. Nous exigeons que le gouvernement espagnol et les institutions européennes respectent la souveraineté et la dignité du peuple grec et garantissent en conséquence que le référendum se déroule dans des conditions de liberté et de pleine régularité. La volonté démocratique et les droits fondamentaux du peuple grec, qui ont été systématiquement bafoués durant les longues années d’austérité, doivent être respectés.

 

Il y a en Europe deux camps opposés: celui de l’austérité et celui de la démocratie, celui du gouvernement du peuple et celui du gouvernement des marchés et de leurs pouvoirs non élus. Nous nous tenons fermement du côté de la démocratie. Nous nous tenons fermement aux côtés du peuple grec. »

 

Source :

http://podemos.info/in-view-of-the-situation-in-greece-and-following-the-breakdown-in-the-negotiations-by-the-eurogroup-podemos-wishes-to-communicate-the-following/

Traduit de l’anglais par Dimitris Alexakis

 

 

Source : https://oulaviesauvage.wordpress.com

 

 

*Images ajoutées le 1er juillet 2015 issues de l'article de Bastamag http://www.bastamag.net/Podemos-Nous-nous-tenons-fermement-aux-cotes-du-peuple-grec 

 

 

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29 juin 2015 1 29 /06 /juin /2015 16:54

 

 

Source : http://www.bastamag.net

 

 

Protection sociale

Comment en finir avec l’image du bénéficiaire du RSA fainéant et fraudeur

par

 

 

 

 

Une ancienne salariée d’une Caisse d’allocation familiale, Leila, s’élève contre les idées reçues sur les bénéficiaires du RSA et les discours culpabilisant chômeurs et travailleurs pauvres. Et en a fait une conférence gesticulée, « Je vais tout CAF’ter ». Cette culpabilisation, ajoutée à la complexité d’un dispositif mal adapté, décourage des dizaines de milliers de bénéficiaires potentiels à faire valoir leur droit à cette protection sociale minimaliste. Leila rappelle aussi que la fraude au RSA, c’est environ 60 millions d’euros, dont la grande majorité est récupérée, « alors que la fraude aux cotisations patronales représente 20 milliards d’euros par an ». Entretien.

Cet article a initialement été publié dans la revue Transrural initiatives.

 

Transrural initiatives : Comment est née l’idée de cette conférence gesticulée sur le thème des politiques sociales ?

Leila  : J’ai travaillé dans une Caisse d’allocations familiales (Caf) où j’ai vu que les politiques sociales comme le Revenu de solidarité active (RSA) n’étaient pas adaptées à leurs publics. Cela provient en partie d’une volonté politique. D’un système qui décourage les bénéficiaires potentiels. J’ai été exaspérée par les discours culpabilisants sur ceux qui n’auraient pas envie de travailler ou qui profiteraient du RSA. La fraude au RSA, c’est environ 60 millions d’euros par an. 80 % à 90 % de ce montant est récupéré par les services de la Caf suite à des contrôles. Alors que le non recours au RSA, c’est 5,3 milliards d’euros non-redistribués ! Cette conférence gesticulée était pour moi l’occasion de déconstruire cette image du bénéficiaire du RSA fainéant et fraudeur [Pour une personne seule sans revenus, le RSA s’élève à 499 €/mois, ndlr].

 

Pourquoi avoir choisi cette forme d’expression et comment avez-vous construit cette conférence ?

Le grand public devrait connaître le fonctionnement de la Caf, du RSA et les raisons du non-recours. L’idée, c’est de mettre à disposition de tous, de manière accessible, les connaissances issues de recherches. Mais on n’a pas le temps de développer une critique construite dans un sujet de trente secondes à la télévision et tous les gens n’aiment pas lire. La conférence gesticulée permet de toucher un public plus large. Il y a aussi l’idée de mélanger un savoir froid et un savoir chaud, avec des situations vécues et des expériences, pour impliquer le public, rendre le sujet amusant. J’ai suivi une formation de douze jours avec la coopérative Vent Debout.

On a fait un travail collectif sur la dimension politique, la mise en scène, le processus de création… Chacun est venu avec son projet mais s’est nourri des idées des autres. J’étais venue parler du RSA. Mais on nous a dit de nous poser la question : « Contre quoi avez-vous envie de vous battre ? ». J’ai donc décidé de parler aussi des violences faites aux femmes et de la protection sociale en général. C’est grâce à des dispositifs comme les crèches que l’on a favorisé l’égalité homme-femme. Cela a aussi permis de replacer le rôle joué par les Caf dans l’histoire, plus globale, des politiques sociales et du combat pour les droits des femmes.

 

Sur quoi se base votre critique du RSA ?

Dans la conférence, j’essaye de donner des éléments de compréhension en partant d’une analyse des politiques publiques. À qui le dispositif est-il destiné, quel problème doit-il résoudre ? Comment cherche-t-il a le résoudre ? Quelle représentation du monde cela véhicule- t-il ? Le RSA est destiné aux personnes qui n’ont pas de revenus et aux travailleurs pauvres. Officiellement, il doit permettre de réduire la pauvreté et inciter ceux qui ne gagnent pas assez d’argent à la reprise d’un emploi. Sauf qu’on sait bien qu’il n’y a pas assez d’emplois pour tout le monde. Avec le RSA, on est dans une politique où le responsable de la situation est le bénéficiaire de l’aide. C’était différent avec le RMI, où l’on considérait l’État responsable, car il n’arrivait pas à proposer un travail à tous.

 

 

Comment le système favorise-t-il, concrètement, le non-recours au RSA ?

Il y a environ 50 % de non-recours, de gens qui auraient le droit au RSA mais ne l’utilisent pas. On peut distinguer trois causes principales. La première, c’est le dispositif du RSA en lui-même : il a été conçu pour aider les travailleurs pauvres qui ont donc presque tous des revenus instables, saisonniers ou précaires. À un certain moment ils ont droit au RSA, à d’autres moments non. Or, après quatre mois où l’on n’est plus éligible au RSA, la Caf efface les dossiers et il faut refaire une demande. Il y a aussi la complexité, les conditions d’éligibilité sont obscures et on ne sait jamais vraiment si on a le droit au RSA, pour quel montant, pendant combien de temps et comment faire pour l’avoir. Tout cela est prévu par la loi qui a créé un système très complexe qui au final est excluant.

La seconde cause de non-recours est liée à la mise en œuvre du RSA par la Caf qui ne facilite pas suffisamment l’accès au droit. Le dispositif est peu connu et la campagne destinée à informer spécifiquement les travailleurs pauvres sur le RSA a été annulée à cause de la « crise » et de la surcharge de travail des Caf. Surtout, la Caf est soumise à un système de management avec des indicateurs de gestion, comme le fait de recevoir 90 % des bénéficiaires en moins de 20 minutes. Si on avait communiqué sur le dispositif, les Caf auraient eu plus de monde et n’auraient pas atteint leurs objectifs. Certains n’auraient pas eu de primes. Le pire, c’est qu’on croise les données pour la lutte contre la fraude mais qu’on ne fait rien contre le non-recours.

 

Une partie du non-recours n’est-elle pas aussi liée à la perception que les gens ont du dispositif ?

Oui. Certains jugent le dispositif trop complexe ; d’autres ont peur de devoir rembourser un trop-perçu ou de perdre du temps pour rien. Dans les milieux ruraux on voit aussi que la distance pour rejoindre une Caf, parfois deux heures aller-retour, ou les horaires d’ouverture dissuadent certaines personnes. Il y a aussi des aspects psychologiques ou politiques. Certains ne se voient pas comme des travailleurs pauvres, d’autres ne veulent pas dépendre de l’État ou alors, estiment que toucher de l’argent sans rien faire rend fainéant. Ce qui me choque, c’est que certains pourraient bénéficier du RSA et ne le demande pas car ils méprisent ceux qui le font. Ils ont intégré ce discours culpabilisant des politiques. Ils n’ont pas de conscience de classe. C’est vraiment dingue d’entendre des travailleurs pauvres expliquer cela alors que la fraude aux cotisations patronales représente 20 milliards d’euros par an. Tout cela provient d’une volonté politique, mais les médias sont aussi responsables.

 

La conclusion, c’est qu’il faut changer le RSA ?

À la fin de la conférence, je propose plusieurs pistes de réflexion. Une solution serait de mettre en place une automatisation des droits sociaux. La deuxième est l’instauration d’une revenu minimum de base qui suppose de changer toute la politique sociale. J’invite aussi le spectateur à se questionner et à suivre ses propres démarches de construction critique. On étudie très peu le fonctionnement de la protection sociale et on peut se demander à qui profite notre ignorance.

Propos recueillis par Fabrice Bugnot (Transrural initiatives)

Photo : CC William Hamon (manifestation pour un revenu d’existence à Marseille).

- Article initialement publié par le magazine Transrural initiatives. Voir sa présentation sur notre page partenaires.

- Dessin issu du « manuel anti-idées reçues » d’ATD Quart-Monde.

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26 juin 2015 5 26 /06 /juin /2015 21:20

 

 

Débattre Appel d’Amiens

« Être paysan, c’est vouloir être libre, travailler au rythme des saisons, travailler avec la nature »

par

 

 

 

 

« Pour beaucoup d’entre nous, l’autonomie du paysan n’est plus qu’un rêve, et la prolétarisation du métier se confirme. » Le texte est lu par des paysans le 17 juin 2015, à Amiens, à l’issue du procès en appel des neuf militants de la Confédération paysanne poursuivis pour des actions menées contre l’usine des 1000 vaches, en Picardie. Dans l’attente du jugement, le 16 septembre, le syndicat dénonce un libéralisme qui « se nourrit aussi de nos utopies, qui les avale et les recrache, pour mieux avancer ». Si les alternatives qui se multiplient partout sur le territoire contribuent à bâtir d’autres mondes, le changement passe aussi par un engagement collectif, énonce l’appel d’Amiens.

Nous sommes paysans… Être paysan, c’est vouloir être libre, travailler au rythme des saisons, travailler avec la nature, les animaux… Être paysan, c’est se voir confier cette noble tâche : produire pour l’alimentation de tous ! Alors, partout dans le monde, des centaines de millions de paysans produisent de la nourriture, en lien avec leurs territoires... et ils en sont fiers !

Ces dernières décennies, nous, paysans des pays riches, avons commencé à perdre quelques fragments de notre métier, à perdre surtout de l’autonomie. La banque permet l’emprunt, mais impose aussi les options de production. Les industriels fournissent matériel, semences et produits de traitement, parfois nécessaires mais qui enchaînent les paysans à une recherche infinie de rendement. Les grandes chaînes de distribution assurent la commercialisation des produits – elles imposent aussi le prix payé aux paysans et obligent à produire du volume pour assurer un revenu. Beaucoup de lois et de réglementations ont accompagné cette mise en dépendance du métier de paysan.

 

« L’autonomie du paysan n’est plus qu’un rêve »

Tout se passe comme si le paysan mettait sa force de travail à disposition d’employeurs puissants, souvent invisibles, et impitoyables. Pour beaucoup d’entre nous, l’autonomie du paysan n’est plus qu’un rêve, et la prolétarisation du métier se confirme. Cette évolution s’accélère aujourd’hui, brutalement : usines à vaches, serres géantes à tomates, énormes surfaces de production de céréales… Avec ces gigantesques entreprises qui créent une pression maximale sur les paysans et qui accaparent les terres, il y a une réelle volonté d’industrialiser l’agriculture !

Les acteurs de l’agro-industrie ont d’abord investi à leur profit les outils d’amont et d’aval, souvent créés et mis en place par les paysans. Ils s’emparent maintenant du cœur même de notre métier : la production. Ils veulent appliquer les mêmes logiques industrielles : concentration, mise en situation de monopole, recherche du coût de production toujours plus bas, à n’importe quel prix, les travailleuses et travailleurs comme variable d’ajustement… Effroyable logique qui pense pouvoir s’affranchir de la moindre considération pour ceux qui en sont victimes !

 

Une nourriture qui n’a plus de lien avec la terre

L’industrialisation de l’agriculture, de la bouffe abondante et bon marché prétend être l’assurance d’une alimentation suffisante pour l’humanité, avec ce qu’elle impose comme coûts sociaux, écologiques et climatiques ! Elle est surtout la réponse cynique à la paupérisation des populations par les politiques libérales, et le meilleur moyen de mieux les ponctionner par les loyers, les transports, ou les marchandises à obsolescence programmée... C’est l’intolérable réalité d’une nourriture qui n’a plus de lien avec la terre, qui n’est que production artificielle imposée par les logiques standardisantes du business et du commerce international, pure destruction du mode alimentaire des peuples, totale négation du principe de souveraineté alimentaire, de la liberté de chacun de choisir son alimentation.

On nous place sous la dépendance alimentaire de quelques grands groupes industriels et financiers, assurant ainsi notre soumission. Car c’est aussi leur domination politique qui est en jeu, telle qu’elle se manifeste déjà dans les accords de libre-échange actuellement négociés par l’UE avec l’Afrique de l’Ouest, les États-Unis ou le Canada. Nous ne pouvons pas laisser faire, nous soumettre à cet ordre des choses, comme si tout cela était l’ordre inéluctable de l’évolution de l’humanité ! En n’agissant pas, nous nous rendrions coupables, nous deviendrions complices de ceux qui régissent le monde à leur unique profit. Nous avons le devoir de nous remettre en question, de tout remettre en question !

 

« Donnons-nous les moyens de l’espoir ! »

Alors oui, il faut agir. Les alternatives se multiplient, partout, elles essaiment sur cette envie qui bouillonne de dire NON, de faire autrement. Elles sont l’image de ce que nous pouvons devenir, elles font vivre l’espoir qu’une autre société est possible. Alors rejoignons-les, agissons chez nous, partout, au quotidien, sans relâche. Donnons-nous les moyens de l’espoir ! Mais cela ne suffira pas… Le libéralisme se nourrit aussi de nos utopies, il les avale et les recrache, pour mieux avancer. Notre engagement doit être collectif, il doit être politique ! Les attaques quotidiennes sur nos espoirs ne doivent pas parvenir à nous faire baisser les bras ! L’histoire récente est pleine de victoires, ne l’oublions pas ! On peut gagner !

Alors attachons-nous à nos causes communes. Nous, paysans, battons-nous pour notre autonomie et nos savoir-faire. Nous paysans, avec vous tous, citoyens, luttons contre l’industrialisation de l’agriculture qui veut nous balayer. Nous tous, citoyens, pas seulement consommateurs, revendiquons le choix de notre alimentation. Nous tous, citoyens, refusons de brader notre démocratie à la surveillance généralisée et au bon vouloir des multinationales. Réinventons notre engagement politique. Prenons conscience que nous avons le pouvoir, exerçons-le ensemble !

Texte de la Confédération paysanne

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26 juin 2015 5 26 /06 /juin /2015 20:45

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

Migrants: la solidarité citoyenne prend corps en Europe

|  Par Carine Fouteau et Stefano Liberti

 

 

 

Pendant que les dirigeants européens, réunis à Bruxelles, mégotent sur la dose d’aide à apporter aux réfugiés syriens et érythréens, les leçons d’entraide naissent des Européens eux-mêmes qui croisent ces exilés en route vers le Nord, à Paris comme à Rome. Cet article est publié en français dans Mediapart et en italien dans le journal Internazionale.

Lors du sommet européen qui se tient les jeudi 25 et vendredi 26 juin à Bruxelles pour apporter des réponses au drame migratoire qui se déroule aux portes et à l’intérieur de l’Europe, les dirigeants des États membres de l’UE parleront beaucoup de « solidarité » et de « responsabilité », d’« efforts partagés » et de « politique soutenable ». Ils savent que le monde les regarde gérer l’une des plus graves crises humanitaires et politiques du début du XXIe siècle : les guerres et la répression en Syrie, en Irak, en Érythrée, en Libye et ailleurs jettent sur les routes des centaines de milliers de réfugiés fuyant les bombes ou l’emprisonnement.

La misère et le désir d’évoluer continuent de pousser toujours plus d’exilés à affronter d’innombrables dangers au péril de leur vie : la traversée du désert (48 corps ont récemment été retrouvés dans le Sahara au Niger), l’enfermement en Libye, les tractations des trafiquants, le passage en Méditerranée. Depuis le début de l’année, plus de 100 000 personnes ont débarqué sur le vieux continent par ce chemin (54 000 en Italie et 48 000 en Grèce), selon le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), contre 219 000 pour l’ensemble de l’année 2014. C'était déjà trois fois plus que le précédent pic de 70 000 observé en 2011 à la suite du « printemps arabe ». Depuis janvier 2015, au moins 1 865 hommes, femmes et enfants sont morts ou ont disparu en mer. Au moins 22 000 depuis quinze ans, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Face à cette tragédie, il sera nécessairement question de solidarité entre les Vingt-Huit. Mais qu’est-ce que les États membres mettent derrière ce mot, alors que, ces dernières semaines, ils n’ont pas été capables de s’accorder pour se répartir 40 000 demandeurs d’asile ? À titre de comparaison, la Turquie accueille à elle seule 1,7 million de Syriens ; le Liban en reçoit 1,1 million, soit près d’un tiers de sa population.

Un haut représentant de l’Organisation des Nations unies (ONU), Zeid Ra’ad al-Hussein, a récemment déclaré à Genève que l’UE avait les moyens d’en accueillir 1 million. Le rapporteur spécial de l’ONU pour les droits des migrants, François Crépeau, a déconstruit le mythe des « hordes de migrants », rappelant que ces derniers ne constituaient qu’une infime proportion (0,0004 % en 2014) des 500 millions d’Européens. Appelant à une plus grande ouverture des frontières, il a dénoncé l’échec des politiques répressives s’apparentant au fiasco de la prohibition aux États-Unis. « La mafia créée par l’interdiction de l’alcool a seulement pu être vaincue lorsque la vente de l’alcool a été légalisée, régulée et taxée », a-t-il martelé.

En Europe, c’est d’ailleurs que surgit la solidarité. Pas dans les bureaux des hautes sphères du pouvoir, mais au ras de l’expérience humaine. Les Italiens et les Grecs ont été les premiers concernés. Tous les Européens le sont désormais.

En Macédoine, une dame panse les plaies d’Afghans remontant vers le Nord à vélo (regarder notre portfolio). A Lesbos en Grèce, la vie du maire est transformée par les familles débarquant quotidiennement sur des canoës pneumatiques. A Catane, en Sicile, une jeune femme italo-marocaine a mis en place un système d’alerte pour les Syriens perdus en mer, qui l’appellent à tout moment pour lui donner leur position GPS qu’elle signale aux garde-côtes. A Milan, des étudiants se relaient à la gare centrale pour aider et donner des indications aux centaines de migrants en transit. A Nice, des bénévoles de la Croix-Rouge tendent des soupes à des hommes et des femmes qui viennent de franchir la frontière à pied à flanc de montagne (lire notre reportage). A Calais, un militant associatif consigne sur son blog les moindres péripéties des « jungles ».

 

Le jour de l'évacuation du campement d'Éole, le 19 juin, Ghita met de côté les affaires qui peuvent être sauvées. (CF)
Le jour de l'évacuation du campement d'Éole, le 19 juin, Ghita met de côté les affaires qui peuvent être sauvées. (CF)
 

À Paris, dans le XVIIIe arrondissement, un élan solidaire a lieu. C'est du jamais vu depuis l’occupation de l’église Saint-Bernard, en 1996, quand des sans-papiers s’étaient retranchés dans ce lieu de culte jusqu’à ce que la police enfonce la porte à coup de haches. Non loin de là, le campement installé pendant des mois sous le métro aérien à proximité de la station La Chapelle a longtemps été ignoré des pouvoirs publics. Mais les occupants ont rarement eu faim ou soif. Des habitants se sont succédé à leurs côtés pour les ravitailler. Leur action est d’abord restée invisible. Après la destruction systématique des tentes le 2 juin, elle a pris de l’ampleur.

Certains exilés, recensés selon leur statut administratif potentiel (demandeurs d’asile ou « migrants économiques irréguliers »), ont bénéficié de places d’hébergement temporaire dans des structures dispersées partout en Île-de-France. D’autres, une centaine auxquels se sont joints de nouveaux arrivants, se sont retrouvés à errer dans les rues de la capitale. Saint-Bernard, Pajol, Château-Landon : pendant plus de deux semaines, ils ont été pourchassés et délogés par les policiers.

Quelques-uns ont fini par se replier dans les Jardins d’Éole, le long des voix ferrées de la gare de l’Est. Près de La Chapelle, à quelques mètres de la case départ. Ce vendredi 19 juin, les matelas installés là depuis une semaine sont jetés dans les bennes à ordures et broyés dans les camions-poubelles de la Ville de Paris. À nouveau, le quartier est bloqué, à nouveau un campement est démantelé. Éole cette fois-ci. Dans la matinée, la majorité des personnes présentes, des Érythréens et des Soudanais, ont accepté d’être redirigées vers des centres d’hébergement d’urgence pour une durée inconnue. Avec un ultimatum: c’est maintenant ou jamais. D’autres, méfiants, ont refusé de monter dans les bus préférant rester avec les personnes rencontrées en chemin, quitte à dormir dehors.

Face aux tas d’affaires éparpillées, les voisins mobilisés assistent impuissants au nettoyage de leurs efforts. « On sait qu’ils vont revenir dans le quartier. C’est là qu’ils ont leurs habitudes, le réseau de solidarité qui s’est constitué autour d’eux va se reformer très vite », assure Neymalie, 25 ans, soudainement désœuvrée. Entre mille autres choses, cette ex-étudiante en droit n’a cessé de donner des conseils juridiques.

Pendant une semaine, le lieu a connu une effervescence permanente. Traducteurs, infirmières, avocats : chacun a contribué en fonction de son savoir-faire et de ses possibilités. Des riverains ont ouvert la porte de leur appartement pour une nuit ou deux, d’autres ont rechargé des téléphones portables, fait des machines à laver ou abrité les affaires précieuses, d’autres encore se sont rendus sur le marché de Barbès à la recherche de fruits et de légumes.

 

À Éole, Anissa a distribué des pâtisseries et des feuilletés. Mais aussi du bandage et du coton. (CF)
À Éole, Anissa a distribué des pâtisseries et des feuilletés. Mais aussi du bandage et du coton. (CF)
 

En réaction à la violence des interpellations devant la halle Pajol, à la suite desquelles une quarantaine de réfugiés ont été enfermés dans des centres de rétention, les soutiens se sont multipliés. Un collectif s’est créé (voir sa page Facebook). Une liste de diffusion a vu le jour sur Internet (jungles-paris-info@rezo.net) pour faciliter les échanges et lister les besoins : chaussures, vestes, pantalons, foulards, sous-vêtements, couvertures, matelas, cartes téléphoniques, etc. Des migrants ont exprimé le souhait de récupérer des sacs et des sacs à dos, signe que le désir de reprendre la route ne les a pas quittés. « On a fait avec les moyens du bord. On a dû prendre les choses en main pour compenser l’inaction des autorités. Ces personnes ont survécu à de nombreux périls pour venir jusqu’ici. C’est une honte de ne rien faire », affirme Neymalie, venue prêter main forte quand elle a vu sur Facebook que les réfugiés manquaient de tout.

À côté d’elle, Ghita, 26 ans, discute avec des personnes dont elle a fait la connaissance ces derniers jours. « La mobilisation crée de l’échange, explique-t-elle. Je suis venue parce qu’un ami, sachant que j’habite le quartier, m’a confié un sac rempli d’habits. » La mobilisation citoyenne, selon elle, a pris de l’ampleur grâce à la médiatisation. « Chacun a vu à la télé les images des bateaux. Et maintenant ils sont là chez nous, à nos fenêtres, on ne peut pas rester spectateurs », assure-t-elle.

Deux copines qui vivent à côté sont du même avis, mais elles reconnaissent avoir été embarrassées quand les tentes se sont montées au pied de leur immeuble : « On a eu un peu de mal au début. On s’est dit que cela allait créer des tensions. Et puis, non. Ce qui nous a incitées à participer, c’est l’intervention brutale des policiers. » La mobilisation du quartier n’étonne pas Anissa Khelifi, qui tient un restaurant en face : «Ici, la souffrance et l’entraide, on connaît. Il y a du crack, des clochards, des gens qui squattent 24 heures sur 24. C’est difficile. Mais nous sommes des gens multiculturels, solidaires. »

L’action de cette chaîne humaine a eu un effet protecteur : la maire de Paris, Anne Hidalgo, a salué la « solidarité » et la « compassion » des Parisiens « notamment dans les quartiers très populaires ». Interrogée à la radio, elle a même exclu toute « évacuation ». Cette promesse n’a pas empêché l’évacuation d’avoir lieu, mais les effectifs de police réquisitionnés ont été réduits et le nombre de places d’hébergement proposées conséquent.

«Quand les Français se rendront compte de ça, ils vont crier à nouveau»

Même situation à Rome. À la suite du démantèlement par la police, le 11 mai, d’un campement dans la périphérie est de la ville qui depuis des années hébergeait aussi bien des migrants en transit que des réfugiés reconnus, des centaines d’Africains, notamment Érythréens, se sont retrouvés à dormir dans la rue dans les environs de la gare Tiburtina. Un centre culturel normalement destiné aux activités diurnes a ouvert ses portes pour leur donner un abri, en arrivant à en héberger jusqu’à 600 par nuit.

Chaque soir, devant les portes du centre Baobab, une queue interminable se forme dans l’attente du repas qui est fourni par les bénévoles du centre et par d’autres associations qui sont venues donner un coup de main. Des habitants du quartier apportent de la nourriture et des vêtements. D’autres, des jouets pour les enfants. Les Romains ont montré une solidarité qui a même étonné l’administration. Mise sous pression, la mairie de Rome – qui avait ordonné la destruction du campement dans la banlieue est – a ouvert un centre d’accueil transitoire à côté de la gare Tiburtina.

Hommes pour la plupart, les migrants sont parfois des adolescents : un signe que le président-dictateur érythréen Isaias Afeworki a abaissé la barre d’âge de sa répression, en imposant le service militaire obligatoire et à durée indéterminée aux jeunes à partir de 15 ans. Malgré les liens qui existent entre l’Italie et son ancienne colonie, et la présence dans le pays d’une communauté bien établie depuis des années, les Érythréens misent plutôt sur l’Europe du Nord. Ils savent que les conditions de suivi pour les demandeurs d’asile y sont meilleures en Allemagne et en Suède. Ils utilisent l’Italie – et la France – comme pays de transit. Ils ne se font donc pas enregistrer pour éviter d’être pris dans les mailles du règlement du Dublin, qui les obligerait à postuler dans le « premier pays sûr ».

Les autorités laissent faire : depuis 2014, les procédures d’identification ont été assez approximatives, l’Italie cherchant à se libérer le plus tôt possible d’un flux de migrants qu’elle serait incapable de gérer. Leur nombre a augmenté à la suite de la fermeture de la frontière de Vintimille avec la France et celle du Brenner avec l’Autriche. Les exilés bloqués attendent que la situation se calme pour reprendre leur voyage. Ils ne sont pas trop au courant des discussions entre les États membres sur les quotas, la « relocalisation » et la polémique entre l’Italie d’un côté, la France et l’Allemagne de l’autre, sur leur identification manquée.

 

Des migrants à la gare de Tiburtina à RomeDes migrants à la gare de Tiburtina à Rome © Reuters
 

« La fermeture des frontières est liée au marchandage avant le conseil européen », confie un haut fonctionnaire au ministère de l’intérieur italien, qui ne se dit pas optimiste sur les possibilités de l’Italie d’obtenir une « relocalisation » importante des demandeurs d’asile, comme Rome l’envisage. Dans un entretien au quotidien Il Corriere della sera, le 14 juin, le premier ministre Matteo Renzi a affirmé que si l’Europe n’acceptait pas les demandes italiennes, il serait prêt à mettre en œuvre un « plan B ».

Cette menace a rappelé le précédent de 2011, lorsque des milliers de jeunes Nord-Africains avaient traversé la Méditerranée à la suite du « printemps arabe ». Le gouvernement italien alors guidé par Silvio Berlusconi avait délivré quelque 20 000 permis temporaires à autant de Tunisiens pour leur permettre de circuler dans l’espace Schengen. Matteo Renzi veut-il faire la même chose ? « Il n’y a pas les conditions politiques en ce moment. Les nombres sont différents. Si on fait ça, toute l’Europe va nous sauter à la gorge », dit-on au ministère de l’intérieur.

Les disparités entre les États membres expliquent en partie les tiraillements. Certains contribuent à un haut niveau. L’Italie et la Grèce, tout d’abord, car ils sont en première ligne. Le premier accueil leur revient, tous les migrants transitant nécessairement sur leur sol. Mais les taux de délivrance du statut de réfugiés sont si faibles en Grèce qu’ils découragent quiconque d’y demander l’asile.

Rome, de son côté, assure, avec ses garde-côtes, une grande partie du sauvetage en mer et l’urgence des premiers pas en Europe, mais le suivi social est trop réduit pour convaincre les migrants de rester. À titre d’exemple, sur les 42 425 Syriens débarqués en Italie en 2014, seuls 502 ont fait une demande d’asile dans la Péninsule. Sur les 170 100 migrants arrivés en 2014, à peine 64 886 ont postulé en Italie, selon le ministère de l’intérieur. Les autres ont continué leur voyage plus au Nord, en profitant de l’attitude des autorités italiennes consistant à se détourner quand il est question de les identifier.

La Suède et l’Allemagne sont de loin les pays les plus généreux : 56 % des 123 600 Syriens réfugiés en Europe y ont déposé une demande. À cinq, avec la Bulgarie, la Suisse et les Pays-Bas, ces pays assurent 70 % de l’accueil. La France est à la traîne, avec 5 000 Syriens secourus depuis le début du conflit. Pourtant, elle fait partie de ces États qui, après avoir dit « non » aux quotas, freinent encore sur la « clef de répartition » des demandeurs d’asile, de même que l’Espagne, qui souhaite que l’accueil soit volontaire, et les pays d’Europe centrale et les États baltes, qui se considèrent trop pauvres pour ouvrir leurs portes.

 

 

 

Paris se déclare disposée à faire un geste à condition que les exilés soient dûment enregistrés à leur arrivée en Italie et en Grèce (afin de pouvoir les faire réadmettre dans ces pays le cas échéant) et « triés » dans des « centres d’attente » (hotspots), afin de distinguer les demandeurs d’asile des « migrants économiques irréguliers », expulsables immédiatement via Frontex, l’Agence européenne de surveillance des frontières extérieures.

L’Italie est consciente qu’elle ne pourra pas s’opposer à la proposition française des « hotspots ». « On ne peut pas continuer à faire ce qu’on a fait en 2014 et au début 2015. On ne peut pas laisser passer les migrants sans les identifier. On a fait les malins et on va en payer le prix ! », affirme le haut fonctionnaire italien. Et d'ajouter : « Mais il s’agit d’une fausse discussion : on ne peut pas examiner une demande d’asile à la hâte en quelques heures. On va être obligé d’enfermer les demandeurs d’asile, ce qui est contre nos lois. Et puis : que va-t-il se passer avec ceux qui voient leur demande rejetée ?» L’expulsion ne pourra pas se faire, car l’Italie n’a pas d’accords de rapatriement avec la plupart des pays d’origine des « migrants économiques » qui débarquent à présent sur ses côtes, comme les ressortissants du Sénégal et de Gambie.

« On ne peut rien faire avec eux, ajoute-t-il. Ils seront enfermés dans des centres de rétention et puis relâchés avec un décret d’expulsion qui leur impose de quitter le pays dans un délai de sept jours. Ils vont rester sans papiers dans l’espace européen. Quand les Français se rendront compte de ça, ils vont crier à nouveau. »

Mais pourquoi l’Europe a-t-elle aussi peur des migrants ? Comment se fait-il qu’une Union continentale de 500 millions d’habitants n’arrive pas à trouver une entente pour distribuer quelques dizaines de milliers de personnes, pour la plupart jeunes et souvent avec un bon niveau d’instruction, qui pourraient compenser son déclin démographique ?

La montée en puissance des mouvements xénophobes – le Front national en France, la Ligue du Nord en Italie, aussi bien que le Pegida en Allemagne – pousse les gouvernements en place, même quand ils sont de centre-gauche comme en France et en Italie, à mener des politiques de droite. Tous les efforts sont centrés sur la dissuasion, et non sur l’insertion de ceux qui arrivent. Le gouvernement italien de Matteo Renzi a annulé l’opération Mare nostrum, lancée par son prédécesseur Enrico Letta, qui avait permis de sauver 170 000 migrants en haute mer en un an. Les Hongrois veulent construire un mur à la frontière serbe pour bloquer les demandeurs d’asile, sur le modèle déjà expérimenté par la Bulgarie et la Grèce à la frontière turque.

Selon le projet The Migrants Files, l’UE a dépensé au moins 13 milliards d’euros depuis 2000 pour financer tout un arsenal de contrôle et de rapatriement. En construisant des murs ou en durcissant leurs politiques, les États membres fabriquent eux-mêmes des « points de fixation » selon l’expression du ministre français de l’intérieur Bernard Cazeneuve, qui est le maître d’œuvre du récent blocage de la frontière franco-italienne dont l’effet principal a été de créer… un « point de fixation » entre Menton et Vintimille.

Pour justifier leurs exigences, les dirigeants européens se défaussent sur leurs opinions publiques nationales, affirmant que celles-ci sont réfractaires à toute idée d’accueil, a fortiori en période de crise économique et sociale. Mais est-ce que cela correspond à la réalité ? La solidarité citoyenne en train d’émerger un peu partout dans le vieux continent semble montrer qu’il existe une autre Europe, plus hospitalière que celle des gouvernements.

 

 

 

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

 

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25 juin 2015 4 25 /06 /juin /2015 21:21

 

Source : http://www.reporterre.net

 

 

Une décision historique : un tribunal néerlandais impose à l’Etat d’agir contre le changement climatique

25 juin 2015 / Andrea Barolini (Reporterre)
 

 

 

C’est une victoire historique pour la population néerlandaise et européenne. Un tribunal de La Haye, saisi par neuf cents citoyens, a condamné mercredi 24 juin l’Etat néerlandais à réduire ses émissions de gaz à effet de serre. « Le gouvernement sera maintenant obligé à changer ses politiques, étant donné que les juges ont ordonné une baisse des émissions de CO2 d’ici 2020 de 25 % par rapport au niveau de 1990. Il s’agit d’une décision contraignante », explique à Reporterre Dennis Van Berkel, de l’organisation non gouvernementale Urgenda, qui a coordonné l’action judiciaire. Les 900 plaignants hollandais avaient demandé à la justice de qualifier de « violation des droits de l’homme » un réchauffement climatique supérieur à 2ºC avant la fin du siècle.

 

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La joie des militants d’Urgenda à la sortie du procès

Le tribunal, explique Urgenda dans un communiqué, a en effet rappelé que l’Etat est « obligé par la loi à protéger ses citoyens ». L’Etat néerlandais n’a en effet jusqu’à présent pas officialisé d’engagement précis sur les émissions de gaz à effet de serre du pays, disant vouloir attendre les résultats de la Cop21, la Conférence des Nations unies sur le changement climatique qui aura lieu du 30 novembre au 15 décembre 2015 à Paris. Les Pays-Bas restent, en outre, parmi les moins avancés en Europe en ce qui concerne la production d’énergie issue de sources renouvelables : seuls Malte et Luxembourg font pire.

L’avocat qui a défendu l’Etat dans le procès a déclaré devant la Cour que « les décisions de la justice ne doivent pas interférer avec l’action du gouvernement, parce qu’indiquer un niveau de réduction spécifique suppose des évaluations politiques, dont la responsabilité, dans une démocratie, repose sur les épaules du gouvernement et du parlement ».

 

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L’audience au tribunal de La Haye
 

« Dans un pays démocratique basé sur un État de droit, a répondu l’avocat de Urgenda, même un gouvernement élu par le peuple est soumis à la loi. La justice est donc censée imposer ce principe, et corriger l’action du pouvoir publique si nécessaire. »

« Si la politique n’est pas capable de changer l’état des choses, c’est aux juges de se prononcer », avait ajouté Liesbeth van Tongeren, députée du parti Groenlinks (« Gauche verte »).

Le tribunal de La Haye a finalement donné droit aux requêtes des citoyens...

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : http://www.reporterre.net

 

 

 

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22 juin 2015 1 22 /06 /juin /2015 17:17

 

Source : http://rue89.nouvelobs.com

 

Surveillance 21/06/2015 à 16h34
« Occupy DGSI » : un pique-nique contre la loi renseignement
Robin Prudent | Journaliste Rue89
 
 
 

Une des militantes d’Usual Suspect devant la DGSI, à Levallois-Perret, le 21 juin 2015 (Robin Prudent/Rue89)

Une craie dans la main, une ardoise d’écolier dans l’autre, deux jeunes militants recueillent et notent les informations personnelles des passants volontaires :

« Nous voulons aider la police et les services de renseignement à nous ficher. Cela leur facilitera la tâche puisqu’ils veulent le faire avec la loi renseignement.

On a déjà quelques centaines de personnes qui ont donné leur nom, prénom et ce que l’Etat pourrait leur reprocher. »

Des sénateurs « fichés »

Après s’être rendus face au Sénat, où ils ont notamment « fiché » quelques sénateurs, voilà les militants devant les bureaux de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). Enfin, à quelques dizaines de mètres du bâtiment du ministère de l’Intérieur. Tout le pâté de maisons ayant été bouclé par des barrières et des camions de gendarmerie avant leur arrivée.

Une dame vient de se faire photographier. L’ardoise indique : « Compagne de celui qui fréquente les infréquentables ». Elle commente :

« Plus il y a de suspects, plus on est protégés par le nombre. Je garde l’espoir d’une intensification de la mobilisation. »

Un pique-nique devant la DGSI

Pour le moment, l’impressionnant déploiement de CRS doit seulement contenir un pique-nique militant. Quelques dizaines d’entre eux se sont retrouvés sous la bannière « Occupy DGSI » pour dénoncer le projet de loi renseignement, dont le vote final est prévu pour le 24 juin.

 

La bannière d’« Occupy DGSI » (Robin Prudent/Rue89)

 

Les mots d’ordre sont les mêmes que depuis plusieurs semaines. La colère en plus de voir le débat confisqué par une procédure législative accélérée et une opposition très éclatée.

Thomas Watanabe-Vermorel, porte-parole du Parti pirate, rappelle les inquiétudes portées de longue date par son parti :

« Ce qui est dangereux, c’est l’effet de brèche. Une fois que l’on ouvre une possibilité administrative, celle-ci s’étend à d’autres objectifs. Cela peut se faire de manière insidieuse, en plusieurs années, mais là, tout se précipite en quelques semaines.

La lutte antiterroriste permet de ficher les militants. Les fermetures administratives de sites antiterroristes s’intéressent aux sites sur l’anorexie. On tombe dans une République policière moderne. »

 

Des militants devant les CRS à Levallois-Perret (Robin Prudent/Rue89)

« Logique d’écrasement du débat »

Les quelques tables du pique-nique ont du mal à contenir les montagnes de denrées « faites maison » apportées par les militants. De quoi nourrir tous ceux présents et l’ensemble des policiers aux alentours.

 

Les mots d’ordre du rassemblement d« Occupy DGSI » (Robin Prudent/Rue89)

 

Sur le sol, un militant dénonce, à coups de craie, l’utilisation de l’article 49.3 de la Constitution. Marion Lagaillarde, secrétaire nationale du Syndicat de la magistrature, commente :

« Avec la loi Macron et la loi sur le renseignement, nous sommes dans la même logique d’écrasement complet du débat.

Ces lois sont gigantesques, très techniques et prétendent résoudre des problèmes que tout le monde dénonce : le chômage et le terrorisme. La réalité est que l’on ne résout rien, mais que l’on perd des libertés et des droits acquis, sans véritables consultations. »

Un amendement glissé en douce

Un exemple illustre, pour les militants, le problème démocratique posé par la loi sur le renseignement. Mardi 16 juin, le rapporteur de la loi, Jean-Jacques Urvoas, a glissé, très discrètement, un amendement au projet de loi. Celui-ci permet aux services de renseignement de surveiller les étrangers de passage, après avis du Premier ministre, mais sans contrôle de la future Commission nationale de contrôle des techniques de renseignement.

Françoise Dumont, présidente de la Ligue des droits de l’homme, n’en revient pas :

« C’est sidérant. Si Jean-Marie Delarue [président de la Commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité, ndlr] ne l’avait pas signalé, il serait passé inaperçu. Cela montre bien qu’il existe un dysfonctionnement. »

 

Une petite fille devant la DGSI (Robin Prudent/Rue89)

 

Pour cause, cet amendement a été glissé au moment de la commission mixte paritaire, après que les sénateurs l’ont rejeté. Le gouvernement, opposé, doit déposer un autre amendement pour supprimer la disposition avant le vote du mardi 24 juin.

Prochaine étape : le Conseil constitutionnel

Après un processus législatif mouvementé, les militants ne comptent pas s’arrêter à l’adoption du texte. Marion Lagaillarde précise la suite des actions à mener :

« La prochaine étape, c’est le Conseil constitutionnel. Nous produisons de l’analyse judiciaire et travaillons avec d’autres associations pour effectuer une saisine complète. De très nombreux points de la loi sont attaquables selon nous. »

Après la saisine du Conseil constitutionnel, celui ci devra rendre son rapport dans un délai de 30 jours.

 

Dispositif de protection devant la DGSI (Robin Prudent/Rue89)

 

 
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22 juin 2015 1 22 /06 /juin /2015 16:55

 

Source : http://blogs.rue89.nouvelobs.com/chez-noel-mamere

 

 

Nous sommes tous des Grecs
Noël Mamère
Député de Gironde
Publié le 22/06/2015 à 15h42

 

 

 

Les jours qui viennent seront déterminants, non seulement pour le peuple grec mais aussi pour l’avenir de l’Union européenne. Le compte à rebours est déclenché, d’ici au 30 juin, date à laquelle le pays devrait rembourser 1,6 milliard d’euros au Fonds monétaire international (FMI). D’un accord à un défaut de paiement, divers scénarios sont possibles, y compris une situation qui continue à se dégrader, jusqu’à de nouvelles échéances « décisives ».

Resserrer le nœud coulant

Pour la Grèce, les palabres n’en finissent plus, tout simplement parce que les hiérarques européens veulent maintenir le gouvernement de Syriza sous pression, le couteau sous la gorge, afin qu’il cède à leurs injonctions. Depuis l’élection de Tsipras, en janvier, la stratégie de la Troïka, composée par le FMI, la Banque centrale et la Commission européenne, est de resserrer un nœud coulant autour du nouveau gouvernement. A chaque fois que celui-ci fait un pas, ce n’est jamais assez et on met en avant de nouvelles exigences.

Parce qu’ils savent que Syriza ne veut pas sortir de l’euro ni, a fortiori, de l’Union européenne, les dirigeants européens estiment qu’ils peuvent le contraindre à une politique contraire au mandat clair qui lui a été donné par les électeurs grecs : rester dans l’euro, en refusant la saignée à blanc de l’austérité, renégocier la dette odieuse, engager une politique de réformes structurelles visant à imposer les riches et à lutter contre la corruption.

 

Protection humanitaire

Le chantage exercé par la Troïka est immonde. Si vous n’acceptez pas de réduire les retraites et les salaires, nous vous asphyxions financièrement, disent en chœur Jean Claude Junker et Christine Lagarde. Ils ne sont d’ailleurs pas d’accord entre eux : le FMI accepterait l’idée, évidente, de restructuration de la dette, mais exige une nouvelle saignée dans les dépenses publiques, tandis que l’Union ne veut pas entendre parler de remboursement, mais pourrait s’accommoder d’un compromis sur les « réformes ». Quoi qu’il en soit, l’attitude des « institutions » accentue la récession et encourage la régression sociale.

 

Alexis Tsipras et Jean-Claude Junker, le 22 juin 2015 à Bruxelles (EMMANUEL DUNAND/AFP)

 

Il ne s’agit plus, à ce niveau, de défense d’une quelconque politique sociale, mais de sauvegarde et de protection humanitaire d’une population mise en danger par cinq années d’austérité. Comment vivre avec moins de 300 euros par mois, puisque tel est le niveau des pensions que les « institutions » veulent imposer aux retraités ? Le taux de pauvreté est de 26%, un jeune sur deux est au chômage. A ceux qui accusent les Grecs d’être « victimaires » et responsables de leur situation, je ne souhaite de connaître la même situation.

Une certaine vision de l’Europe

En 2008, quand il s’est agi de sauver les banques, les dirigeants de l’Union n’ont pas tergiversé pour trouver une sortie de crise. Ils ont injecté des dizaines de milliards de dollars dans leur redressement. La commission pour la vérité sur l’audit de la dette, mise en place par le Parlement grec, a révélé que la plus grande part de l’endettement du pays est illégitime, car il a servi uniquement à rembourser la dette privée, c’est-à-dire celle des banques étrangères et grecques. 91% de ce que l’Europe et le FMI ont prêté à la Grèce sont allés vers des banques grecques, françaises, allemandes. Le plan de sauvetage de 2010 est donc, de fait, illégal.

Ce qui se joue actuellement, dans le bras de fer entre l’Union européenne et le gouvernement d’Alexis Tsipras, est une certaine vision de l’Europe. Est-ce un libre marché où les multinationales et les banques règnent en maîtres absolus, ou un espace politique et social où les citoyens ont encore leur mot à dire sur le modèle social et écologique qu’ils souhaitent pour eux-mêmes, leurs enfants et leurs petits enfants ?

Les diktats des Traités

Le combat du peuple grec est donc un enjeu décisif pour les peuples européens, comme pour le projet politique de l’Europe. Si Tsipras sort perdant, l’espoir aura encore reculé. Les saigneurs de la Commission européenne et du FMI ont peur de la contamination, par l’exemple, de la résistance grecque à la politique de l’austérité. Si les Grecs arrivent à montrer qu’il est possible de tracer une autre voie que celle imposée par les carcans des Traités, le château de carte néolibéral s’écroulera d’un seul coup.

Nous avons tous une responsabilité dans la situation actuelle. Contrairement à tous ses engagements de départ, notre propre gouvernement a accepté les diktats des Traités. Il s’aligne sur Angela Merkel pour demander à Alexis Tsipras de céder. Si nous étions capables de construire un véritable rapport de force en faveur des Grecs, nous pourrions briser l’étau qui se resserre autour d’eux et relancer l’idée européenne.

Dany Cohn Bendit a suggéré un plan en cinq points visant, entre autres, à renégocier la dette, à lancer un plan d’économies d’énergie, à assurer une garantie de revenu universel. Dans cette période décisive, les écologistes doivent savoir se montrer utiles. Il n’est dans l’intérêt de personne que la situation de blocage actuelle se termine par un « Grexit ». Nous sommes tous des Grecs.

 

 

Source : http://blogs.rue89.nouvelobs.com/chez-noel-mamere

 

 

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