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13 octobre 2015 2 13 /10 /octobre /2015 16:31

 

Source : http://cadtm.org

 

 

Que s’est-il passé de positif en septembre 2015 ?

11 octobre par Bonnes nouvelles

 

 

 

La célèbre expression de Margaret Thatcher « TINA » (There Is No Alternative) est tout sauf vraie. Partout sur la planète, des alternatives sociales, économiques, démocratiques et écologiques se mettent en place. Partout dans le monde, des hommes et des femmes refusent et combattent l’injustice. Certains de ces combats mènent à des victoires. Le site BONNES NOUVELLES poursuit l’objectif de rendre visibles ces petites et grandes victoires qui, bien que partielles et insuffisantes, nous aident à rompre avec le fatalisme et constituent des sources d’inspiration pour nos actions individuelles et collectives.

L’équipe de bonnes nouvelles : Kelly, Philippe, Vanessa, Brieuc, Jeanne-Marie, Hélène, Dominque & Olivier

Le courage politique, ça existe !

Jeremy Corbyn élu à la tête du Parti travailliste Lire
La ville de Reykjavik boycotte Israël Lire

C’est la lutte sociale qui paie

Comment ce magnifique peuple du Burkina a mis en échec le coup d’État Lire

Le droit comme instrument de lutte

Monsanto condamné pour l’intoxication d’un agriculteur français Lire
Argentine. Un coup porté contre les fonds vautours par la justice américaine Lire
Dette : nouvelle victoire de l’Argentine Lire

Seuls contre tous

USA : un hôpital de l’Ohio se débarrasse de son McDonald’s Lire
La militante féministe Fatima Benomar régularisée Lire

 

 
Auteur
 
Bonnes nouvelles

La célèbre expression de Margaret Thatcher « TINA » (There Is No Alternative) est tout sauf vraie. Partout sur la planète, des alternatives sociales, économiques, démocratiques et écologiques se mettent en place. Partout dans le monde, des hommes et des femmes refusent et combattent l’injustice.
www.bonnes-nouvelles.be

 

 

 

Source : http://cadtm.org

 

 

 

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11 octobre 2015 7 11 /10 /octobre /2015 15:36

 

 

Source : http://www.cgtsecu38.fr

 

 

Mais de quelle violence parle-t-on ?

vendredi 9 octobre 2015

« On dit d’un fleuve emportant tout qu’il est violent, mais on ne dit jamais rien de la violence des rives qui l’enserrent »
Bertold Brecht.

 

Qu’est-ce que la violence ?
Pas seulement celle des coups de poing ou des coups de couteau des agressions physiques directes, mais aussi celle qui se traduit par la pauvreté des uns et la richesse des autres.
Qui permet la distribution des dividendes en même temps que le licenciement de ceux qui les ont produits.
Qui autorise des rémunérations pharaoniques en millions d’euros et des revalorisations du SMIC qui se compte en centimes (1).

À la fin des années 1970, Marcel Caille, secrétaire confédéral de la CGT publiait deux ouvrages :
Les truands du patronat et L’assassin était chez Citroën.
Il décrivait les agissements de la CFT officiellement syndicat maison en réalité milice patronale : ils sont trois militants de la CGT qui vienne de tomber, aux premières heures de ce dimanche 5 juin 1977, sous les balles d’un commando fasciste des membres de la CFT.
Le crime de Reims qui va secouer la France entière vient d’être commis et Pierre Maître va en mourir (2). Selon une étude du Conseil Economique et Social, près de 400 suicides par an seraient liés au travail.
Sans compter tous ceux qui ne sont pas déclarés comme tels.
Dans un ouvrage d’entretiens le Docteur font Le Bret relève que les tentatives de suicide sur le lieu de travail engendrent parfois des hospitalisations longues, de l’ordre de deux ou trois mois, qui peuvent aboutir, à terme, à un décès, qui ne sera pas comptabilisé comme un suicide (3).

En 2012 la CNAMTS a recensé 386 accidents du travail mortel et 51 000 maladies professionnelles.

Annie Thébaud-Mony, dans un livre sur la santé au travail dénonce cette délinquance... plus discrète, voir sournoises, mais néanmoins réelle.
Elle qualifie l’explosion d’AZF, les 100 000 morts de l’amiante de crimes industriels…(4)

Il y a en France environ 6 millions de privés d’emploi, environ 10 millions de personnes qui survivent avec moins de 900 € par mois…

Que dire de cette violence qui conduit 36 % de la population à renoncer à des soins pour des raisons financières.

Mais cette violence-là n’intéresse pas les médias aux ordres. Ils préfèrent s’apitoyer sur la chemise d’un PDG… Que des travailleurs y laissent leur peau ne saurait les émouvoir.

« Jusqu’à quand la fureur des despotes sera-t-elle appelée justice, et la justice du peuple barbarie ou rébellion ? ... « comme on est tendre pour les oppresseurs et inexorable pour les opprimés ! », disait Robespierre. Manuel Valls, le copain de Cahuzac et de Thévenoud (il est vrai atteint de phobie administrative), admirateur de Clémenceau (qui a fait tirer sur les grévistes et emprisonné des militants de la CGT), a osé traiter les salariés d’Air France de voyous, alors qu’ils sont en légitime défense !

« La régression sociale ne se négocie pas, elle se combat ! » H. Krasucki.

P.-S.

(1) - La violence des riches, chronique d’une immense casse sociale. Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot. Éditions zones. 2013.
(2) - l’assassin été chez Citroën. Marcel Caille. Éditions sociales. 1978.
(3) - pendant qu’il compte les morts. Entretien entre d’anciens salariés de France Telecom et une médecin psychiatre. Marin Ledun, Brigitte Font Le Bret. La Tengo Editions. 2010.
(4) - Travailler peut nuire gravement à votre santé. Annie Thébaud-Mony. Éditions la découverte. 2007.

 

 

Source : http://www.cgtsecu38.fr

 

 

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10 octobre 2015 6 10 /10 /octobre /2015 21:41

 

Source : http://www.reporterre.net

 

 

Les citoyens allemands vent debout contre le traité Tafta

10 octobre 2015 / Violette Bonnebas (Reporterre)
 


 

 

Plus nombreux et mieux organisés qu’ailleurs en Europe, les protestataires allemands s’apprêtent à défiler contre les traités TAFTA et CETA de libre-échange. Ils ont été plus de cent mille à manifester dans les rues de Berlin, ce samedi 10 octobre.

- Actualisation - Samedi 10 octobre, 21 heures : La manifestation a réuni plus de cent cinquante mille personnes à Berlin. Il semble que cette marche contre le TAFTA ait été la plus grande manifestation en Allemagne depuis 2003 contre la guerre en Irak.


- Berlin, correspondance

C’est l’un des pays les plus libéraux d’Europe et pourtant, c’est lui qui pourrait faire échouer les négociations commerciales entre l’Union européenne, le Canada et les États-Unis. L’Allemagne se prépare à défiler en nombre, ce samedi à Berlin, contre les traités de libre-échange CETA (l’Accord économique et commercial global) et Tafta (le Traité de libre-échange transatlantique, son autre nom étant le TTIP, le Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement), dont le prochain round de négociations s’ouvre dans neuf jours à Miami. Les organisateurs attendent plus de 50.000 participants, venus de tout le pays. Cinq trains spéciaux et 600 bus ont été affrétés pour l’occasion.

Ce n’est pas un hasard si Berlin a été choisie pour lancer aujourd’hui la semaine d’action internationale antitraités transatlantiques. C’est en Allemagne que le mouvement de protestation est le plus important et le mieux organisé. En avril, plusieurs dizaines de milliers de personnes avaient déjà manifesté dans 170 communes allemandes, notamment à Munich, Stuttgart, Cologne et Leipzig - quand on peinait à rassembler en France et ailleurs.

 

Révélations d’Edward Snowden

L’ampleur de la contestation allemande se mesure également sur Internet : la pétition en ligne « Stop TTIP and CETA », remise mardi à Bruxelles, a rassemblé plus d’un million et demi de signatures outre-Rhin. C’est presque la moitié du total recueilli, trois fois plus qu’au Royaume-Uni, cinq fois plus qu’en France, vingt-deux fois plus qu’en Italie.

Les reproches adressés à ce projet de marché commun transatlantique sont multiples. Parmi eux, l’opacité des négociations. Il a fallu des fuites dans la presse pour que l’on entr’aperçoive le document servant de cadre aux discussions. C’est alors que les pommes de discorde ont commencé à mûrir : dégradation des services publics, introduction forcée d’OGM sur les marchés européens, risque d’impunité pour les multinationales, et bien d’autres.

 

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Manifestation à Berlin contre le TTIP (l’autre nom du Tafta), le 5 septembre.

« En Allemagne, la majorité des opposants n’est pas contre l’idée d’un nouveau marché commun, explique Steffen Hindelang, professeur de droit public à l’Université libre de Berlin. Mais le Tafta est un accord tellement vaste qu’il a fédéré contre lui une accumulation de mouvements aux revendications très différentes. » On retrouve ainsi des organisations altermondialistes (Attac, Campact), écologistes (Greenpeace, les Amis de la Terre), mais aussi des partis politiques allemands (die Grünen et die Linke) ainsi que la Confédération des syndicats allemands (DGB), proche des sociaux-démocrates. Et même, surprise, un collectif de petites et moyennes entreprises qui dénonce le risque de voir les multinationales leur verrouiller la porte des marchés.

Outre-Rhin, deux événements d’actualité ont fait basculer l’opinion en 2014, en pleine négociation. D’abord, les révélations d’Edward Snowden sur la surveillance états-unienne de l’État et des citoyens allemands. « Cette affaire a conduit à un scepticisme certain vis-à-vis des Américains », affirme Steffen Hindelang. L’Institut Delors confirme la corrélation, en notant une forte érosion dans les sondages du soutien allemand aux traités, dans le courant de l’année dernière.

« Riches et hystériques »

Deuxième catalyseur de la défiance, l’action en justice du groupe énergétique suédois Vattenfall contre la sortie allemande du nucléaire...

 

*Suitede l'article sur reporterre

 

 

Source : http://www.reporterre.net

 

 

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10 octobre 2015 6 10 /10 /octobre /2015 21:21

 

 

A Londres, le procès d’un scandale financier mondial

|  Par Sébastien Martin

 

 

Le procès de six courtiers accusés d’avoir trafiqué le Libor de 2006 à 2010, et notamment en 2008, au plus fort de la crise financière, a débuté mardi 6 octobre à Londres. On y découvre un réseau mondial et organisé de manipulation des taux d'intérêt.

Londres, de notre correspondant.- Ils ont entre 44 et 53 ans, les cheveux grisonnants coupés court et des allures de cadre supérieur. Dans le box en verre de la cour de justice de Southwark, où ils comparaissent à Londres, chacun des six hommes a pris soin de laisser un siège vide le séparant de son voisin. Ils n’échangent pas un mot, et s’évitent du regard.

Il fut un temps pourtant où l’atmosphère entre eux était complètement différente. Ils s’apostrophaient à coups de surnoms : « big nose »,  « lord Libor », « choc ice »… En conversation permanente sur les messageries électroniques de leur terminal Bloomberg, ils parlaient football et juraient comme des charretiers, fonctionnant à l’adrénaline des marchés financiers. Une complicité nouée pour certains par des soirées arrosées et des repas à 1 300 euros.

Depuis mardi 6 octobre, ces six traders sont en procès à Londres. Darrell Read, Colin Goodman et leur patron Danny Wilkinson, qui travaillaient pour la maison de courtage Icap, Terry Farr et James Gilmour, du concurrent RP Martin, et Noel Cryan, de Tullett Prebon, sont accusés d’avoir été d’août 2006 à septembre 2010 au centre de la manipulation du Libor, un taux d’intérêt de référence déterminé à Londres. Ils plaident non coupable. Leur procès doit durer trois mois.

Le scandale est l’un des plus retentissants de ces dernières années dans le monde financier. Les régulateurs ont découvert un gigantesque cartel international, dans lequel les banques du monde entier s’entendaient, augmentant ou baissant le Libor en fonction de leurs intérêts. La même chose se produisait pour l’Euribor, un taux similaire, déterminé à Bruxelles.

 

Danny Wilkinson, de la maison de courtage Icap, le 6 octobre à Londres.
Danny Wilkinson, de la maison de courtage Icap, le 6 octobre à Londres. © Reuters
 

Depuis, les sanctions pleuvent. Les banques ont écopé d’amendes s’élevant à plus de 8 milliards d’euros au total. La plupart des grands établissements ont été condamnés : Société générale, Barclays, UBS, Royal Bank of Scotland, JPMorgan, Citigroup… La palme est revenue en mai à Deutsche Bank, qui a dû verser à elle seule 2,2 milliards d’euros.

Plus d’une centaine de traders ont été licenciés ou suspendus. Le scandale a même conduit à la démission de deux grands patrons : Bob Diamond, qui dirigeait Barclays, et Piet Moerland, de Rabobank.

Mais il ne s’agit que de la partie régulatrice. Les coupables directs, les traders qui ont manipulé le marché, n’ont encore guère été sanctionnés. C’est en train de changer. Au total, vingt et une personnes ont été mises en examen. Jusqu’à présent, un seul homme a été condamné par la justice. Tom Hayes, un ancien d’UBS puis de Citigroup, a été condamné en août à une peine de 14 ans de prison, dont il fait appel. S’il était le chef d’orchestre de la manipulation – du moins l’un d'entre eux –, le deuxième procès, qui vient de s’ouvrir, met à jour le réseau international qui avait été mis en place, avec des complicités dans les plus grandes banques de la planète et de nombreuses institutions financières. Impossible de plaider qu’il s’agissait d’un simple trader véreux, qui aurait agi seul dans son coin. La fraude était généralisée. « C’est le procès d’une manipulation qui était courante et malhonnête, attaque Mukul Chawla, le procureur général. (…) C’était un système corrompu. »

Sans la crise financière de 2008, le grand public n’aurait jamais entendu parler du Libor. Le « London Inter-Bank Lending Rate » est un taux, calculé quotidiennement, qui mesure le niveau auquel les banques se prêtent entre elles. Chaque jour, à 11 h 00 heure de Londres, seize banques publient le prix auquel elles ont emprunté à leurs consœurs ce jour-là. Les quatre taux les plus élevés sont supprimés, de même que les quatre les plus bas. Une moyenne des autres est ensuite réalisée par l’Association des banquiers britanniques, pour le Libor. Un processus similaire est réalisé pour l’Euribor, avec un panel de banques différent et le calcul est opéré par la Fédération bancaire européenne. 

S’ils sont obscurs, ces deux taux servent de véritable colonne vertébrale au système financier. Des millions de produits à travers le monde s'appuient dessus, depuis certains prêts immobiliers à taux variable jusqu’aux produits dérivés les plus complexes. En 2011, 550 000 milliards de dollars de produits financiers y étaient adossés, selon un rapport du parlement britannique.

Mais en septembre 2008, avec la faillite de Lehman Brothers, le marché interbancaire s’est soudainement gelé. Les établissements ne se faisaient plus confiance et refusaient de se prêter de l’argent. « Le Libor est le taux auquel les banques ne se prêtent pas », grince alors Mervyn King, le gouverneur de la banque d’Angleterre. Pourtant, son niveau s’envole. Les régulateurs commencent à s’interroger : le Libor est-il vraiment fiable, puisqu'il mesure des transactions quasiment inexistantes ? Ce questionnement vient s’ajouter à des doutes émis dès début 2008 sur la méthode de mise au point de ce taux.

En enquêtant, les régulateurs découvrent la manipulation à grande échelle. Avec un nom qui revient très régulièrement : Tom Hayes.

Nous sommes en 2006. Le Britannique, blond aux allures de premier de la classe, a tout juste 26 ans et travaille pour UBS à Tokyo. Il est plutôt introverti et frise parfois l’autisme. Lors de son procès, on lui a diagnostiqué un syndrome d’Asperger, ce qui signifie entre autres qu’il a tendance à tout voir en blanc ou en noir, avec peu de nuances entre les deux. Il se dédie entièrement à son travail, fasciné par les marchés financiers. « C’était une énorme partie de mon identité »confiait-il lors de son procès.

Son travail est de parier sur le niveau futur du Libor libellé en yen (il y a un Libor différent pour chaque grande devise). Si le trader peut connaître à l’avance la tendance, il est sûr de gagner. Rapidement, Tom Hayes comprend la façon d’y arriver.

Il va voir son collègue d’UBS chargé de soumettre à l’Association des banquiers britanniques le niveau du Libor à 11 h 00 chaque matin, et lui demande de légèrement l’augmenter ou l’abaisser, d’une fraction de pourcent. Mais une banque seule n’a qu’une influence limitée. Progressivement, le trader recrute ses homologues des autres établissements : HSBC, Royal Bank of Scotland, Radobank…

C’est là qu’interviennent les six traders actuellement en procès. Eux ne travaillent pas pour des banques, mais pour des maisons de courtage britanniques : Icap, RP Martin et Tullett Prebon.

Leur travail est de réaliser les ordres d’achat ou de vente passés par les banques. À ce titre, ils sont au centre du système, parlant à des dizaines de banquiers tous les jours. Tom Hayes les utilise comme des intermédiaires, chargés de faire passer le message. Les six hommes vont s’avérer être des « assistants enthousiastes », accuse le procureur.

Le système était tellement courant que les traders ne se cachaient pratiquement pas. Le 29 juin 2009, Tom Hayes discute de la situation avec Terry Farr, de RP Martin, par messagerie électronique. Leur objectif ce jour-là : augmenter le Libor de 0,03 %. Le trader d’UBS passe en revue différentes banques du panel du Libor.

Tom Hayes : « Deutsche Bank, c’est couvert. Bank of America est déjà haut. Barclays… Est-ce que tu leur parles ? (…) Lloyds est haut, à 70. Essayons 73. [0,70 %, essayons 0,73 %.] Pareil pour Mizuho. (…) (JPMorgan) Chase à 70 ? »

Terry Farr : « OK je vais essayer avec Barclays. Je vais essayer avec lui. Pour Rabo(bank), pas sûr. Je vais essayer de voir. »

Tom Hayes : « Soc(iété) Gen(érale) à 69. Pousse pour 72. »

Terry Farr : « Je vais demander le service à Soc Gen ce matin. »

Tom Hayes : « C’est très très très important. Faut vraiment que tu essaies au maximum. »

Pour recruter ses complices, le trader n’y va pas par quatre chemins, comme le prouve sa conversation du 2 septembre 2009 avec Noel Cryan, de Tullett Prebon, qui est basé à Londres. La discussion a lieu par messagerie électronique sur les ordinateurs Bloomberg, l’outil de choix des courtiers. Il est 6 h 50 du matin dans la capitale britannique, un horaire habituel sur les marchés financiers.

Tom Hayes « À partir de maintenant, j’ai besoin de te demander un service sur (le Libor). Je m’arrangerai pour te le rendre. C’est un truc que je fais déjà avec Icap. En gros, est-ce que tu pourrais demander (à celui qui soumet le niveau du Libor) de le mettre plus bas aujourd’hui ? Je prendrai soin de toi après. Je fais ça avec (RP Martin) aussi. Dis-lui bien que c’est important pour toi. Suggère simplement que ce soit un peu plus mou. »

Noel Cryan : « OK mon pote, je comprends. Je vais aller lui parler. »

Tom Hayes : « Merci mon pote. C’est important pour moi. »

Cinq minutes plus tard, Noel Cryan revient « Je viens de leur parler. Ils s’en occupent. 

– Merci mon pote, j’apprécie. Si on continue comme ça à l’avenir, je te le rendrai par paquets entiers. »

Pour Tom Hayes, et les autres traders des grandes banques, l’intérêt de mettre en place un tel cartel est évident. En connaissant à l’avance l’orientation du Libor, ils sont sûrs de gagner à tous les coups. Leurs bonus en gonflent d’autant.

Mais pour ceux des maisons de courtage ? Eux ne sont que des exécutants, qui effectuent les ordres des banquiers. Pour obtenir leur aide, Tom Hayes met en place un système de rétribution très rentable pour tout le monde. Il invente des « ordres blancs », des « wash trades » dans le jargon anglo-saxon.

Le principe est très simple. Tom Hayes se mettait d’accord avec un de ses homologues d’une autre banque pour passer un « swap », c’est-à-dire un pari sur la valeur future du Libor. Son exécution générait des commissions pour les maisons de courtage. Mais en même temps, les deux banquiers passaient un deuxième « swap », exactement inversé : celui qui avait parié sur une hausse du Libor le jouait cette fois-ci à la baisse, et réciproquement. Les deux ordres s’annulaient. Pour les banques, il n’y avait aucune incidence. Mais cela générait de nouvelles commissions pour les maisons de courtage. Lors du procès, le procureur a donné un exemple en date du 19 septembre 2008, quand un “wash trade” entre UBS et Royal Bank of Scotland avait rapporté 48 000 euros à RP Martin.

 

Terry Farr, ancien courtier chez RP Martin, le 6 octobre à Londres.
Terry Farr, ancien courtier chez RP Martin, le 6 octobre à Londres. © Reuters
 

Certains mois, cette manipulation rapporte très gros. Au plus fort de la crise financière, de septembre 2008 à août 2009, quand les volumes de transactions sont en baisse, les “wash trades” comptent pour 36 % des commissions de RP Martin. Le niveau est de même à 35 % pour Tullett Prebon de février à juillet 2009.

Tout le monde s’y retrouve dans cette affaire. Il s’agit d’un petit monde, qui se connaît bien. Chacun a son rôle. À Icap, Darrell Read, surnommé « big nose » et qui vit en Nouvelle-Zélande, est le contact de choix de Tom Hayes. C’est lui qui relaie les demandes du trader d’UBS à ses collègues et notamment à Colin Goodman. Ce dernier publie chaque jour une note sur la tendance du Libor, ce qui lui vaut le surnom de « lord Libor ». En changeant légèrement sa note, il peut influencer les marchés.

Un soir de novembre 2009, Tom Hayes est de passage à Londres. Il vient de quitter UBS, et va rejoindre Citigroup. Il va dîner avec l’un de ses contacts dans les maisons de courtage, dont le nom ne peut pas être révélé pour des raisons légales. La soirée est bien arrosée, et la facture atteint des sommets. Mais Tom Hayes, entre deux emplois, n’a pas du tout l’intention de la régler et laisse son contact payer. « J’apprécie beaucoupremercie-t-il par mail le lendemainJ’imagine qu’entre le vin et le service, il devait y en avoir pour plus de 1 000 livres [1 350 euros]. C’est salé. » Mais en échange, laisse-t-il comprendre, il générera beaucoup de commissions quand il arrivera à Citigroup.

Gare aux traders qui ne jouent pas le jeu cependant. Un matin de juin 2009, Tom Hayes est furieux. Le Libor n’a pas augmenté comme il le souhaitait et il vient de perdre un demi-million de dollars. Il décroche son téléphone, parlant d’un ton très sec à Tony Farr, de RP Martin. Ensemble, ils passent en revue les banques qui n’ont pas suivi le mouvement, multipliant les jurons. « Lloyds a baissé (le Libor) d’un point. Quel connard celui-là. (…) Quel abruti. » Le trader de la Société générale n’est lui non plus pas allé dans son sens. « Je connais ce type depuis des années. (…) Mais putain, il est difficile. »

Si Tom Hayes était au centre de ce petit groupe, il serait cependant faux d’imaginer qu’il a tout mis sur pied. En janvier 2016, un nouveau procès doit commencer, concernant six traders de Barclays. L’accusation concerne des faits de juin 2005 à septembre 2007. La manipulation avait donc commencé bien avant que Tom Hayes ne rejoigne UBS en 2006.

Dernier point enfin : la manipulation continue-t-elle ? Non, jurent les banques. Après les sanctions dont elles ont écopé, elles ont fait le ménage. De plus, les régulateurs ont lancé une grande réforme des taux interbancaires. Le Libor a été simplifié. Il ne concerne plus que cinq devises, et sept durées (d’un jour à un an), soit 35 indices différents, au lieu de 150 auparavant. Sa supervision a été transférée : l’Association des banquiers britanniques, qui était juge et partie, a passé le contrôle à l’Intercontinental Exchange, une entreprise qui regroupe plusieurs bourses (dont la Bourse de New York). Surtout, à partir de 2016, les banques vont devoir soumettre des taux fondés pour l’essentiel sur des transactions réelles. Plus question de procéder à partir d’approximations, du moins en principe.

Malheureusement, ce n’est pas toujours possible : certains jours, il n’y a tout simplement pas assez de prêts interbancaires. Mais l’idée est de s’en approcher le plus possible. Dans le même temps, l’Union européenne mène une réforme de l’Euribor, qui va dans le même sens, et qui doit être mise en place en 2017.

De quoi vraiment éviter toute manipulation ? Pour Martin Wheatley, qui a dirigé le régulateur financier britannique jusqu’en juillet, la réponse est non. Il a récemment confié au Wall Street Journal qu’il restait encore trop d’éléments d’appréciation dans la façon dont les banques vont soumettre leur taux quotidien. « La clé est de retirer tout jugement », affirme-t-il. Sinon, le monde n’est pas à l’abri d’un nouveau scandale du même genre.

 

 

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

 

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8 octobre 2015 4 08 /10 /octobre /2015 17:29

 

Source : http://www.reporterre.net

 

 

« Les semences sont le socle de la lutte pour la souveraineté alimentaire »

8 octobre 2015 / Lorène Lavocat (Reporterre)

 

 

 

Au village Emmaüs Lescar-Pau, dans les Pyrénées-Atlantiques, des cultivateurs du monde entier se sont retrouvés fin septembre avec une idée en tête : « Semer la résistance ».

 

- Lescar-Pau (Pyrénées-Atlantiques), reportage.

Sur une table, Nader Mahmoudi expose fièrement des bouquets d’épis dorés. Barbus, blonds, roux. Chez lui, en Iran, il cultive plusieurs centaines de variétés de blé. Un paysan français s’approche et lui tend un sac de graines d’épeautre : « C’est une céréale d’ici, mais elle se plaira peut-être chez vous ! » Nader ouvre de grands yeux : il n’a jamais vu cette espèce. À grand renfort de mimiques et avec l’aide d’une traductrice, les deux paysans discutent pendant plus d’une demi-heure de méthodes de culture et de conservation.

Blé contre épeautre, sorgho contre haricot, carotte contre patate. Ces échanges informels de semences et de savoir-faire fleurissent dans les allées du village Emmaüs Lescar-Pau, dans les Pyrénées-Atlantiques. Entre le 24 et le 26 septembre, plus de 250 personnes du monde entier se sont retrouvées dans ce haut-lieu de la solidarité et de la convergence des luttes.

 

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La bourse d’échange des semences.

Paysans, compagnons ou citoyens, ils ont répondu à l’appel « Sème ta résistance ! » : « Les semences, base de toute production agricole, sont le socle de la lutte pour la souveraineté alimentaire », écrit dans un communiqué le Réseau semences paysannes, co-organisateur de l’événement. « Nous ne sommes pas là en tant qu’Africain, Latino ou Européen, confirme Jacques Nametougli, venu du Togo. Nous sommes ici en tant que membres de la communauté humaine, pour défendre ce qui est la base de notre alimentation. »

Neuf paysans sur dix sélectionnent, échangent et sèment chaque année une partie de leur récolte. Ils utilisent des semences diversifiées et adaptées à leur terroir. Ainsi, près de 70 % de notre nourriture dépend aujourd’hui de ces graines transmises à travers les siècles par des générations de paysans.

Les multinationales utilisent les brevets pour privatiser les semences

« Un agriculteur qui n’a pas de semences n’est pas un agriculteur, dit Omer Agoligan, cultivateur béninois. Malheureusement, ça disparaît vite, nous avons perdu la moitié de nos variétés de sorgho en moins de dix ans. » Un constat amer partagé par l’ensemble des participants : la biodiversité cultivée s’érode dramatiquement, et les paysans sont peu à peu dépossédés de leurs semences et de leurs connaissances.

Au Mali, en Syrie comme en Colombie, les conflits déplacent les populations paysannes loin de leurs terres, délitent les communautés rurales et détruisent les stocks de semences. « En Irak, après des années d’exil loin de leur village, quand les paysans ont enfin pu revenir, les semences traditionnelles s’étaient perdues et ils n’avaient plus les connaissances », rapporte Zoé Beau, de l’association Graines et Cinéma.

Petites lunettes et casquette plate, Alvaro Salgado représente la Red en defensa del maiz (le Réseau pour la défense du maïs), une organisation paysanne mexicaine. Avec d’autres, il lutte depuis plusieurs années contre la contamination des maïs traditionnels par des plants transgéniques. « Les firmes, appuyées par des scientifiques et les gouvernements, veulent contrôler le centre d’origine du maïs, en Amérique centrale, à travers la diffusion des OGM (organismes génétiquement modifiés), constate-t-il. Il s’agit d’une stratégie de contamination biologique afin de retirer aux peuples indigènes leurs terres, leurs moyens de subsistance et leurs savoir-faire. »

 

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L’atelier pain.

Outre les OGM, les firmes multinationales recourent aujourd’hui aux brevets pour privatiser les semences. « Toute la diversité du vivant peut désormais être confisquée par des brevets octroyant la propriété industrielle sur des plantes ou des animaux, constatent les participants dans leur déclaration finale. Les plantes de nos champs pourront être, sans qu’on le sache, couvertes par un brevet industriel. » Brevet qui interdit de fait l’échange et la réutilisation des semences par les paysans.

Pour autant, « les firmes multinationales dominent parce qu’elles sont soutenues par des politiques publiques », estime Antonio Onoratti, éleveur italien. Catalogue officiel, accord international ou norme sanitaire favorisent ainsi les variétés commerciales au détriment des variétés paysannes.

 

« La fierté et la dignité d’être paysan »

Pourtant, la résistance paysanne et citoyenne s’organise. Au village Emmaüs, les compagnons élèvent des poules dont la race est en voie d’extinction, et accueillent la Maison des semences paysannes du Béarn, une petite cabane inaugurée lors des Rencontres, pour conserver la diversité des variétés d’ici… et d’ailleurs. Boliviens, Sénégalais et Roumains sont venus déposer des paniers remplis de graines sur des étagères fraîchement montées.

Comme à Pau, nombre d’initiatives de gestion collective des semences se développent dans le monde. « Casa de sementes criollas » au Brésil, « banco de semillas communitario » en Colombie ou « grenier à semences » au Togo. Leur objectif : conserver les graines produites par les paysans, les protéger de la biopiraterie, les multiplier pour ensuite les redistribuer dans les fermes. « Les semences appartiennent à la communauté paysanne, c’est à nous d’en prendre soin et de les gérer », estime Yenly Angelica Mendez, membre d’une organisation colombienne, la Asociacion campesina del valle de Cimitarra (l’Association paysanne de la vallée de Cimitarra).

 

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Le stand de l’Afrique.

Ces structures permettent de préserver les variétés locales, qui peuvent disparaître à tout moment. Au Nord-Mali, la guerre ayant détruit la plupart des cultures, les paysans ont pu se tourner vers le Centre agro-écologique de production de semences tropicales, à Gao, qui produit des graines adaptées aux conditions sahéliennes depuis 2006.

Outre les plantes, ce sont bien souvent les savoir-faire qui disparaissent. Le centre de Gao enseigne ainsi comment produire des semences. Au nord du Togo, à Cinkassé, Jacques Nametougli accueille dans son école des jeunes ruraux dans la détresse. « Il nous faut des paysans pour avoir des semences, observe-t-il. Or ce métier est partout dénigré, méprisé. Les jeunes préfèrent partir en Europe plutôt que de travailler la terre. Dans notre centre, nous leur redonnons la fierté et la dignité d’être paysan. »

 

Mener la lutte contre les transgéniques

Bien que la recherche agronomique se fasse souvent dans des laboratoires éloignés des réalités du terrain, quelques chercheurs retroussent leurs manches pour accompagner les agriculteurs. C’est le cas de Salvatore Cecarelli, spécialiste de la sélection de l’orge. L’ingénieur développe depuis plusieurs années des programmes de recherche participative, où il travaille avec les paysans, directement dans les champs...

 

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : http://www.reporterre.net

 

 

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8 octobre 2015 4 08 /10 /octobre /2015 17:18

 

Source : http://cadtm.org

 

 

Exigeons un « Woodxit » ! - FMI, Banque mondiale : En état d’arrestation !

Communiqué de Presse - Le 8 octobre 2015

8 octobre par CADTM international

 

 

 

Du 9 au 11 octobre prochain, le FMI et la Banque mondiale (BM) se réunissent à Lima au Pérou pour y tenir leur assemblée annuelle. Derrière l’image de justicières humanistes qu’elles se donnent, ces institutions créées à Bretton Woods en 1944 affichent des états de service à faire pâlir les gangsters les plus chevronnés de notre planète.

- Appui aux dictatures (Suharto, Mobutu, Moubarak, …) ;
- Financement de régimes corrompus ;
- Appui technique au renversement des forces politiques progressistes (Salvador Allende, Mohammad Mossadegh et les sandinistes parmi bien d’autre) ;
- Soutien financier des régimes faisant l’objet de sanctions onusiennes (Afrique du Sud de l’apartheid et Portugal de Salazar) ;
- Violation des droits humains fondamentaux par le financement de nombreux projets socialement et écologiquement néfastes ;
- Violation de la souveraineté des États, principe pourtant fondateur du droit international, en livrant les pays du Sud aux griffes des multinationales occidentales ;
- Transfert des dettes des anciennes puissances coloniales aux États nouvellement indépendants |1| ;
- Non reconnaissance du principe de la dette odieuse en obligeant des populations à rembourser une dette contractée par des régimes autoritaires.

Et tout cela sans compter que les deux institutions internationales ont dévasté les économies des pays du Sud et ont fait exploser pauvreté et inégalités en imposant des politiques dajustement structurel dans le but de rembourser des dettes illégales, illégitimes, odieuses et insoutenables.

L’âge de la retraite déjà dépassé !

Après avoir fêté leurs 70 ans, la Banque mondiale ajoute même à son palmarès de nouveaux délits :
- Promotion et encouragement des accaparements de terres, des violations des normes internationales du droit du travail du BIT, des pratiques d’évasion fiscale… dans le cadre de ses programmes Doing Business et Benchmarking Business of Agriculture ;
- Responsabilité dans la crise sanitaire Ebola qui a décimé des milliers de personnes et qui est dû en grande partie au démantèlement des systèmes de santé des pays du Sud ;
- Faux et usage de faux en falsifiant les données d’une étude internationale relative aux impacts de la libéralisation sur les exploitations agricoles ;
- Crime climatique en poursuivant et même augmentant le financement de l’extraction et l’exploration d’énergies fossiles ;
- Tentative de se soustraire à la justice en invoquant une immunité ;
- Evasion fiscale via la Société Financière Internationale, filiale du groupe de la Banque mondiale qui finance le secteur privé.

Le FMI n’est pas non plus en reste et la crise grecque a été l’occasion pour lui de consolider son casier judiciaire. On ne compte plus le nombre de dispositions légales grecques ou internationales non respectées par l’institution. Elle a même violé ses propres statuts en débloquant en mai 2010 un prêt à un État dont la dette était déjà insoutenable. Circonstance aggravante, le FMI a agi avec préméditation dans la mesure où il savait dès le printemps 2010 que le plan de « sauvetage » de la Grèce n’allait pas fonctionner et provoquer des conséquences humanitaires désastreuses |2|.

Mais ces chefs d’accusations qui se multiplient commencent à faire mauvais genre et à ternir l’image des deux institutions…

La BM et le FMI reconnaissent des bouts des lèvres leurs dérapages. Pour autant, leurs excuses ne nous suffisent pas ! Le FMI et la Banque mondiale doivent répondre de leurs actes devant la justice et arrêter d’agir dans un espace de non-droit ! Étant donné leur fort potentiel de nuisance, les institutions de Bretton Woods devraient même être mises hors d’état de nuire et tout simplement disparaître.

Le CADTM n’est pas inquiet pour leur avenir. Avec 2,5 milliards d’euros de bénéfices fait sur les prêts à la Grèce, en plus d’un stock aurifère équivalent à 114,8 milliards de dollars côté FMI, ou encore les confortables bonus accordés aux dirigeants de la Banque mondiale, les ressources pour leur financer un programme de réinsertion ne manqueront certainement pas ! A leur place, de nouveaux organismes multilatéraux réellement démocratiques et respectueux des droits humains doivent voir le jour.

A l’occasion de ces Assemblées et en échos à la semaine d’action mondiale contre la dette et les Institutions financières internationales (du 8 au 15 octobre), le réseau CADTM International exige :
- L’abolition immédiate et inconditionnelle des dettes illégitimes au Nord comme au Sud et l’abandon des politiques d’ajustement structurel ;
- Le remplacement de la Banque mondiale et du FMI par des institutions démocratiques qui mettent la priorité sur la satisfaction des droits humains fondamentaux dans les domaines du financement du développement, du crédit et du commerce international ;
- La mise en place d’une nouvelle discipline financière en restaurant des contrôles stricts sur les mouvements de capitaux et des marchandises, en taxant le capital (taxes globales, impôts sur les grosses fortunes), en levant le secret bancaire, en interdisant les paradis fiscaux, la spéculation et l’usure ;
- Que l’aide publique au développement (APD) soit constituée exclusivement de dons sans aucune conditionnalité et qu’elle soit rebaptisée « Contribue de réparation et de solidarité. Les annulations de dette et les montants ne servant pas les intérêts des populations du Sud doivent être exclus du calcul de l’APD.

 

 

 
Notes

|1| Ce type de transfert est illégal en droit international.

|2| http://cadtm.org/Rapport-preliminaire-de-la

 

 

Source : http://cadtm.org

 

 

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8 octobre 2015 4 08 /10 /octobre /2015 17:03

 

Source : http://cadtm.org

 

 

Mensonges et vérités sur la sécurité et la dette sociale

Compte rendu de l’atelier tenu à l’Université d’été

8 octobre par Perrine Seron

 

 

 

 

Cet atelier interactif a eu lieu le 12 septembre 2015, dans le cadre de la 4e Université d’été du CADTM Europe. Son objectif était d’explorer les discours actuels concernant la sécurité sociale et de faire le tri dans les informations communément relayées afin de juger de leur pertinence.

Broc – ATTAC Liège
Eric Nemes – ATTAC Liège
Rui Viana Pereira – CADPP Portugal

En guise d’introduction, un débat mouvant |1| a tout d’abord permis d’aborder des éléments fréquemment soulevés dans les discussions entourant la sécurité sociale et d’explorer les arguments, idées et normes de chacun et chacune face aux affirmations suivantes :

« Je suis pour des cotisations sociales élevées »
« La sécurité sociale est en déséquilibre budgétaire et donc en danger »
« C’est le vieillissement de la population qui rend la sécurité sociale insoutenable »
« C’est la privatisation des pensions (2e et 3e piliers) et des assurances santé qui détruit les fondements de la sécurité sociale »

D’emblée, la diversité de certaines opinions ou des niveaux de certitude des participants et participantes au débat ont illustré la complexité des questions soulevées et la nécessité de pouvoir s’appuyer sur des informations objectives afin de se positionner en connaissance de cause.

Après ce débat introductif, une perspective historique a été amenée afin d’enrichir la compréhension des mécanismes et enjeux autour de la sécurité sociale aujourd’hui.

C’est une prise de conscience collective des travailleurs et travailleuses qui est à l’origine de la sécurité sociale. Lors de la Commune de Paris en 1871 les salarié.e.s créent de nouvelles formes d’organisation collective de la solidarité. Ces organismes et fonds d’aide mutuelle, organisés et gérés entre travailleurs, leur permettaient de s’affranchir de la dépendance envers des entités extérieures et de sortir d’une logique de charité en cas de besoin. C’est à travers le pouvoir de l’Etat que les patrons ont ensuite commencé à contribuer au système afin d’intervenirdans sa gestion et son contrôle.

En 1945, sur fond de peur du communisme et de volonté de désarmer la résistance, le rapport de force était en faveur des travailleurs et travailleuses. De la négociation entre Etat, patrons et syndicats, a émergé le « pacte social », garantissant l’universalité de la protection sociale en Europe. Cette universalité, assurant la protection indépendamment du fait de cotiser, a été obtenue au prix d’une prise de contrôle par l’Etat et d’une perte d’autonomie pour les organisations de travailleurs. C’est le développement de modèles beveridgiens de protection sociale, basés non plus sur le travail mais sur la citoyenneté. La sécurité sociale reste cependant gérée selon un modèle de démocratie sociale, résultat d’un compromis, dans lequel l’Etat assure le cadre et la répartition.

Jusqu’à l’avénement des politiques néolibérales à partir des années 1980, la protection sociale a continué d’être élargie. Rui Viana Pereira donne la lecture suivante de l’évolution récente de la situation de la protection sociale : depuis 2008, on ne se trouve plus seulement dans un recul du pacte social – par ailleurs amorcé depuis plusieurs années - mais dans un nouveau système, dans lequel le monde de la finance a pris le contrôle des caisses de sécurité sociale (qui représentent, dans chaque pays, une part importante du PIB).

De manière générale, les débats en cours concernant la protection sociale sont influencés par différents « mythes » et par la réthorique utilisée. Afin de permettre un regard critique sur les discours tendant à entretenir une certaine confusion et une remise en question des sytèmes de protection sociale, les orateurs se sont attachés à repréciser des concepts et distinctions sémantiques qui ont toute leur importance dans la compréhension des enjeux actuels.

Ainsi, par exemple, les cotisations et les impôts sont perçus et utilisés de manières différentes. Les cotisations de sécurité sociale sont une partie du salaire des travailleurs et y sont proportionnelles. Elles représentent un pourcentage fixe du salaire et ne sont donc pas progressives. Ces cotisations seront retournées aux travailleurs et travailleuses sous forme d’argent ou de services en cas de besoin. Les impôts, qui sont utilisés à d’autres fins, sont quant à eux progressifs et constituent donc un outil pour corriger les inégalités de distribution des salaires.

La distinction entre sécurité sociale et assistance sociale a également été reclarifiée, notamment en termes d’objectifs (préserver le niveau de vie acquis grâce à la solidarité versus éviter la pauvreté et répondre à un état de besoin grâce à la charité) ou encore de financement et de droits (salaire différé, solidarisé et mutualisé versus charité financée par l’impôt).

La différence entre une protection basée sur la sécurité sociale ou sur des assurances privées à but lucratif a par ailleurs été mise en lumière. La logique de profit financier sous-jacente à la gestion de ces dernières entraînent notamment une sélection des risques à assurer ainsi que des coûts liés au marketing ou encore à la rémunération des actionnaires. Ce système est donc beaucoup plus coûteux. De plus, contrairement aux systèmes solidaires permettant d’assurer les individus selon leurs besoins, les assurances privées lucratives assurent uniquement les individus qui ont les moyens de financer leur protection individuelle.

Parmi les mythes actuels, la prétendue perte de soutenabilité de la sécurité sociale est un élément essentiel à analyser de manière critique. Le vieillissement de la population est souvent évoqué pour soutenir les attaques sur la sécurité sociale. Si l’évolution démographique est un facteur à prendre en compte – de manière critique également – les choix politiques et économiques, dans un contexte démographique donné, ont une influence prépondérante sur la soutenabilité des dépenses sociales. Les coûts du vieillissement de la population croissent par exemple moins rapidement que les richesses produites. De plus, la productivité par travailleur augmente. Il y a, d’ailleurs, aujourd’hui moins de personnes « inactives » qu’il y a trente ans si on prend en compte les jeunes. Les menaces sur la sécurité sociale sont donc à chercher ailleurs. Les exonérations de cotisations patronales constituent l’une des causes de déficit pour la sécurité sociale. En Belgique, le financement alternatif (TVA et accises sur le tabac notamment) assuré par l’Etat diminue progressivement également. Au Portugal, l’analyse des dépenses publiques de l’Etat montre que les dépenses publiques consacrées aux fonctions primiaires de l’Etat – dont les dépenses sociales – sont inférieures à ses recettes, mais c’est précisément parce qu’une grosse partie de celles-ci est consacrée au paiement de la dette qu’il y a déficit.

Ces quelques éléments illustrent que, de manière générale, il est essentiel d’interpréter les discours et les indicateurs de manière critique et contextualisée.

La possibilité de modèles alternatifs de sécurité sociale a brièvement été discutée, soulevant notamment la question d’un financement complémentaire à travers une taxe sur les transactions financières.

Une piste avancée dans la discussion est que la fonction de protection sociale soit totalement reprise par l’Etat, en utilisant la fonction première de l’impôt, à savoir la redistribution, et en luttant contre la fraude fiscale. Une autre position défendue fut celle du retour au modèle historique de la sécurité sociale, entièrement sous le contrôle des travailleurs et travailleuses.

En ce qui concerne le rôle des citoyens et des travailleurs dans l’évolution actuelle de la situation, le constat d’un manque d’information et de mobilisation a été posé. La mobilisation collective est pourtant nécessaire à la défense d’un modèle social solidaire. À cet égard, le rôle des médias et de l’éducation sont des éléments clés sur lesquels agir pour remettre en question la communication ultra-libérale et lutter contre le risque de privatisation progressive de la sécurité sociale. De même, la réappropriation de nos syndicats est clé dans la bataille à mener.

L’atelier s’est conclu par le rappel de la bataille idéologique sous-tendant le débat sur la sécurité sociale – notamment concernant le coût du travail versus le coût du capital – et de l’impact de la rhétorique utilisée pour servir le discours tendant à démontrer que la sécurité sociale n’est plus viable. En déconstruisant et en analysant ce discours de manière critique, l’inverse peut être démontré, à savoir que les institutions de la sécurité sociale et ses bienfiats sont toujours financiables (et bien plus), qu’il s’agit avant tout d’une question politique.

Voir aussi : http://cadtm.org/IMG/pdf/Rui_Viana_...

 

 

 
Notes

|1| Débat durant lequel les participants, en réponse à une affirmation, doivent se positionner dans l’espace de la pièce sur 2 axes : 1 axe allant de ’pas du tout d’accord’ à ’tout à fait d’accord’ et 1 axe allant de ’pas du tout sûr de moi’ à ’tout à fait sûr de moi’

Auteur
 
 

 

 

Source : http://cadtm.org

 

 

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8 octobre 2015 4 08 /10 /octobre /2015 16:09

 

Source : http://www.politis.fr

 

 

David Graeber, l’indigné qui s’attaque à la bureaucratie libérale

 

 

À la veille de son arrivée en France pour promouvoir son dernier livre Bureaucratie, l’utopie des règles, l’ancien leader du mouvement Occupy Wall Street, aujourd’hui professeur à la London School of Economics, a accordé un entretien à Politis.

 

 

Quatre ans après la publication du best-seller Dette : 5000 ans d’histoire, l’ancien leader du mouvement Occupy Wall Street et anthropologue américain David Graeber s’attaque à la question de la bureaucratie. Il démontre, dans un livre parsemé d’anecdotes aussi divertissantes que révélatrices, pourquoi les entreprises privées sont toutes aussi, voire davantage, bureaucratiques que le service public.

Les simplifications administratives annoncées régulièrement par les responsables politiques s’accompagnent de déréglementations ou de réformes libérales : « Nous assistons à la fusion progressive de la puissance publique et privée en une entité unique, saturée de règles et de règlements dont l’objectif ultime est d’extraire de la richesse sous forme de profits », écrit-il.

 

Pourquoi associe-t-on toujours la bureaucratie avec le secteur public ?

Parce que c’est ce que l’on nous a appris. Dans les années 1960, les révolutionnaires ont commencé à expliquer que les bureaucrates et les capitalistes, c’était peu ou prou la même chose : des hommes enveloppés, en costume trois pièces qui contrôlaient tous les aspects de notre vie. Des ennemis de la liberté, en somme. Puis la droite s’est appropriée l’argumentaire, en omettant la partie sur le capitalisme. Résultat, l’état omniprésent dont les révolutionnaires des années 1960 se plaignaient a en grande partie disparu. Pourtant tout le monde emploie encore la rhétorique des années 1960 alors qu’elle n’a plus grand chose à voir avec le fonctionnement actuel de la société.

 

Vous dites donc que la bureaucratie peut aussi être l’apanage du secteur privé. Cette affirmation n’est-elle pas paradoxale, surtout dans un pays comme la France où la bureaucratie du service public fait partie du quotidien ?

L’autre jour, je me suis rendu dans un Apple Store pour faire réparer l’écran de mon ordinateur. J’ai dû faire la queue pour que quelqu’un examine mon ordinateur et me dise « Oui, votre ordinateur est cassé ». J’ai demandé si je pouvais le déposer afin qu’il soit réparé par le service après-vente. Là, la personne m’a répondu que non, bien sûr que non, et qu’il fallait d’abord faire remplir par un autre service un formulaire attestant que l’écran était bel et bien cassé avant que l’ordinateur ne puisse être envoyé à l’atelier. J’ai demandé si je pouvais me rendre dans ce service sans plus attendre. On m’a rétorqué que non, qu’aucun rendez-vous ne pouvait être pris avant la semaine suivante, à moins que je ne me lève à 8 heures chaque jour au cas où des personnes se désisteraient. C’est une situation typique que seule la bureaucratie peut nous réserver, et pourtant j’avais affaire à une entreprise privée.

Ou bien essayez d’ouvrir un compte en banque ici en Angleterre. La procédure est tellement compliquée, les formulaires tellement nombreux que j’ai dû être payé en liquide pour mes deux premiers mois de cours. Il fallait des factures avec l’adresse de mon domicile, sauf que pour avoir accès au service dont j’avais besoin il fallait verser un dépôt et donc avoir un compte en banque. Je pourrais multiplier les exemples.

Ce que j’ai voulu montrer dans ce livre, c’est que la moitié du temps il est impossible de distinguer le public du privé. Les deux formes de bureaucratie s’entremêlent. Pourquoi est-ce que c’est si dur d’ouvrir un compte en banque ? Les employés vont vous dire que c’est à cause des réglementations imposées par l’Etat. Mais qui est à l’origine de ses réglementations ? Très souvent les avocats de ces banques, qui font pression sur (c’est à dire corrompent) les politiques pour que leurs réglementations soient transformées en texte de loi.

 

Comment expliquer que la bureaucratie croît à mesure que le libre marché s’étend ?

C’est le cas depuis un long moment. En Angleterre, par exemple, une grande partie de l’appareil bureaucratique d’Etat, de la police au simple fonctionnaire, a été mise en place après l’abolition des Corn Laws (série de textes encadrant le commerce de céréales avec l’étranger et qui avait pour but de protéger les paysans anglais, NDLR) et l’avènement du libre marché.

De l’autre côté de l’Atlantique, lorsque les Etats-Unis menaient des politiques protectionnistes au XIXe siècle, la bureaucratie était réduite : le gouvernement fédéral était composé presque uniquement de l’armée, qui était très petite, et de la poste.

Le secteur privé, quant à lui, était composé de petites entreprises et de coopératives. La période de libre marché dite des barons voleurs a coïncidé avec l’émergence de grandes firmes dotées d’une bureaucratie interne élaborée et d’un appareil d’Etat toujours plus important. Et la tendance se poursuit. Même Thatcher, qui a fait de la réduction du nombre de fonctionnaires un de ses chevaux de bataille, n’y est pas parvenu.

Sous Reagan, la bureaucratie d’Etat s’est même étendue. En Russie, après la chute du communisme, le nombre total de fonctionnaires a augmenté de 25% en 10 ans, sans compter bien sûr les bureaucrates du secteur privé émergent.

Si je devais m’avancer, je dirais que ce phénomène est dû au fait que l’économie de marché entraîne une augmentation extrême de relations qui ne sont pas basées sur la confiance, mais sur la maximisation de l’intérêt individuel. Cela signifie qu’elle nécessite des moyens beaucoup plus élaborés de mise en œuvre, de surveillance et de coercition que d’autres formes de relations sociales.

 

 {Bureaucratie, l'utopie des règles}, par David Graeber (Ed. Les Liens qui Libèrent)

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
{Bureaucratie, l’utopie des règles}, par David Graeber (Ed. Les Liens qui Libèrent)

 

 

Nota Bene :

Photo : SHANNON FAGAN / IMAGE SOURCE

 

 

Source : http://www.politis.fr

 

 

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7 octobre 2015 3 07 /10 /octobre /2015 15:04

 

Source : http://www.marianne.net

 

 

Les chômeurs licenciés abusivement conserveront leurs indems !

 
 
 
 
C’est Noël à Thanksgiving ! Saisi par l’association Recours Radiation, la CGT, la CGT du spectacle, le Conseil d’Etat annule la convention d’assurance chômage négociée en 2014 par les partenaires sociaux car elle autorisait Pôle Emploi à différer jusqu’à 180 jours l’indemnisation de salariés licenciés abusivement.

 

 

C’est un camouflet pour l’ancien ministre du travail François Rebsamen qui a agréé ce texte en l’état… Le Conseil d’Etat a annulé ce jour la convention d’assurance chômage que le Medef côté patronal, la CFDT et la CFTC et Force Ouvrière avaient paraphé en 2014. Toutefois, cette décision ne prendra effet qu’en mars 2016 pour permettre aux partenaires sociaux de trouver rapidement une solution technique sur les points soulevés.

Au cœur des griefs des magistrats, le fameux différé d’indemnisation qui permet à Pôle Emploi d’attendre jusqu’à 180 jours avant d’indemniser un chômeur si ce dernier a perçu des indemnités de rupture. Le tout selon une formule que Marianne avait critiqué :

Différé d’indemnisation en jours = (montant des indemnités de rupture – montant des indemnités légales) / 90. Car comme le relèvent les magistrats du Conseil d’Etat, lorsque que ce délai de carence est infligé à des salariés licenciés abusivement, il peut s’ils retrouvent un travail avant la fin de leurs droits de chômage, les spolier d’une partie de leur réparation. Notamment lorsqu’ils relèvent depuis moins de deux ans de petites entreprises (pas de montant minimum d’indemnités de rupture).

Mais ce n’est pas tout. Le Conseil d’Etat estime également que les partenaires sociaux n’ont pas à fixer les conditions dans lesquelles Pôle Emploi demande aux chômeurs qui ont perçu trop d’allocations de les rembourser. Car cette prérogative relève uniquement de l’Etat. En outre, Pôle Emploi ne pourra suspendre les indemnités d’un chômeur sans qu’il ait pu exercé un recours contre cette décision. Voilà qui précise utilement les règles. Et constitue aussi une victoire pour l’avocat de Recours Radiation, Thomas Lyon-Caen, neveu d’Antoine Lyon-Caen qui récemment a publié avec Robert Badinter un livre dénonçant la complexité du droit du travail.

 

 

Source : http://www.marianne.net

 

 

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7 octobre 2015 3 07 /10 /octobre /2015 14:17

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

Pourquoi Air France veut encore supprimer des postes

|  Par Dan Israel

 

 

 

Les pilotes ne sont pas les seuls à refuser le plan proposé par la direction d'Air France, qui enchaîne les restructurations massives depuis 2009. Et pour cause : tout le marché européen est très mal en point, coincé entre les compagnies low cost et leurs concurrents du Golfe, massivement aidés par leurs États.

 

Les photos des deux dirigeants d’Air France s’échappant, la chemise en lambeaux et sous bonne escorte, du siège de la compagnie après l’interruption du comité central d’entreprise lundi sont encore dans toutes les têtes. Ce mardi, François Hollande a dénoncé des « violences inacceptables » qui nuisent à « l’image » de la France. Manuel Valls a, quant à lui, témoigné de son soutien aux dirigeants de l’entreprise, déclarant : « Quand Air France est sous le choc, c’est toute la France qui est sous le choc. » « Rien ne peut justifier de tels agissements. Ces agissements sont l’œuvre de voyous, a-t-il affirmé. La justice devra identifier ceux qui se sont livrés à cette violence inqualifiable. »

 

 

Autre symbole de la tension régnant dans l'entreprise, cette vidéo postée sur Facebook ce mardi, montrant une salariée qui interpelle des représentants de la direction lors des négociations de lundi, et parle longuement dans le vide, devant le regard inexpressif de dirigeants marmonnant qu'ils ne sont « pas habilités » à lui répondre. Sur sa page, la salariée indique qu'elle a ensuite pu dialoguer avec des responsables des ressources humaines.

Consciente d’avoir remporté une manche dans la bataille d’image qui l’oppose à des pilotes peu soutenus et à l’image déjà mauvaise, en interne comme à l’extérieur, la direction a en tout cas fait savoir que sa porte était ouverte pour reprendre les négociations avec eux. Faute d’accord avec leur syndicat, le puissant SNPL qui a longtemps été en position de quasi-cogestion dans l’entreprise, le plan de réduction des effectifs, dévoilé lundi, entrera en application en 2016 et 2017.

Pourtant, les pilotes ne sont pas les seuls à refuser les demandes de la direction. Et les plans de restructuration se succèdent à un rythme effréné depuis 2009. Quant aux concurrents européens d’Air France, ils ne sont pas forcément en forme, ou ont déjà fait des choix très douloureux. Et au fait, qu’en est-il de la santé réelle de l’entreprise ? Voici quelques clés pour comprendre la situation.
 

  • Les pilotes ne sont pas seuls contre la direction

Air France l’a annoncé lundi : son PDG Frédéric Gagey, ainsi que le patron de l’entreprise Air France-KLM (la fusion des compagnies française et néerlandaise a eu lieu en 2009) Alexandre de Juniac, entendent rendre rentables 80 % des lignes long-courriers d'ici fin 2017, contre 50 % aujourd'hui. Ils visent un bénéfice d'exploitation de 740 millions d'euros à cette date.

Dans un premier temps, il y a plusieurs mois, la direction a lancé des négociations avec le SNPL, le syndicat majoritaire des pilotes. Elle demandait à l’ensemble des personnels navigants, pilotes, hôtesses, stewards et mécaniciens, d’augmenter d'une centaine d'heures leur temps de vol annuel, à rémunération constante. Gain de productivité espéré : 17 %.

Le 21 mai, lors de l’assemblée générale annuelle d'Air France-KLM, son patron Alexandre de Juniac a été reconduit avec un score de 94 %. Aussitôt réélu, il avait lancé un avertissement : « Je ne vous ai pas promis aujourd'hui un avenir serein, je vous ai promis une dure tourmente et des mesures d'adaptation qui doivent être courageuses et vigoureuses. » Et cette « dure tourmente » n’est en fait que la suite d’une longue série de mesures d’économie et de restructuration, depuis qu'Air France a subi la première perte de son histoire, en 2008.

Selon les calculs de l’entreprise, 12 400 postes ont été supprimés depuis 2009, c’est plus de 15 % de l’effectif de l’époque. En 2012 et 2013, 5 100 postes ont été supprimés, et 2 800 en 2014 et 2015. Le groupe a aussi supprimé 30 % de son offre court et moyen-courrier en trois ans.

C’est devant le refus des pilotes de voir leur temps de travail bondir de presque un quart sans gain supplémentaire, disent-ils, qu’Air France a annoncé devoir procéder à une restructuration, qui comprendrait sans doute des licenciements secs. Le but est de réduire les effectifs de 10 % d’ici fin 2017 (3 % en 2016, 7 % en 2017). On annonce 2 900 suppressions de poste potentielles pour 2017 : 300 chez les pilotes, 900 chez les hôtesses et stewards et 1 700 chez le reste des salariés. Et selon Le Canard enchaîné et Reuters, il pourrait même être question de 5 000 emplois supprimés. La compagnie diminuerait également sa flotte de 14 appareils.

Pourquoi Alexandre de Juniac et Frédéric Gagey ont-ils décidé de faire reposer tout le poids de la négociation sur les épaules des pilotes ? D’abord parce qu’ils n’ont pas encore été mis autant à contribution que les autres catégories de personnel. Tous avaient accepté de devenir 20 % plus compétitifs sur la période 2013-2015, en baissant les coûts de fonctionnement et en gagnant en productivité. Mais, selon Les Échos, de savants calculs du cabinet Secafi ont établi que les quelque 3 800 pilotes (sur 64 000 salariés) « n'auraient généré que 11,8 % de gain économique ».

Mais ce n’est pas la seule raison. Créer un face-à-face avec les pilotes, catégorie peu aimée parmi les salariés, permet aussi de leur faire porter la responsabilité des licenciements à venir. « Le gros problème, c’est que la campagne médiatique pour charger les pilotes a très bien fonctionné, mais il n’y a pas eu de vraies négociations. On a tout fait, selon moi, pour en arriver au plan B, c’est-à-dire les licenciements », témoignait lundi dans Mediapart François Pottecher, président du SNPL Transavia, la compagnie low cost d’Air France.

Les pilotes ne sont pas les seuls à rejeter les propositions de la direction. C’est une information qui ne fait guère les gros titres, mais deux des trois syndicats d'hôtesses et de stewards représentatifs (UNSA PNC et SNPNC) ont jusqu’à présent refusé de participer aux discussions visant leur accord collectif, qui est encore valable un an. Ces syndicats ont tout bonnement refusé de s’asseoir à la table des négociations ! Les pilotes avaient au moins accepté de négocier, et ils ont beau jeu de dire qu’ils ont retenu leur signature avant de connaître le sort des autres personnels. Pour preuve de leur bonne foi, ils soulignent qu’ils ont même fini par signer, en décembre, une version de l’accord contre lequel ils s’étaient battus durant les deux semaines de grève de septembre dernier.

  • Air France n’est pas (plus) au bord de la faillite

Comment comprendre qu’un nouveau plan de restructuration, intitulé « Perform 2020 », arrive juste après le précédent, « Transform 2015 » ? La réponse vient de la bouche même d’Alexandre de Juniac, interrogé par Les Échos en mars : « S’il fallait résumer le plan Transform 2015 en peu de mots, je dirais que nous avons sauvé le groupe. (…) Avec Transform, nous avons complètement inversé la tendance. Sans la grève, Air France-KLM aurait dégagé 300 millions d’euros de bénéfices. Intrinsèquement, nous sommes donc redevenus bénéficiaires. (…) Et maintenant que nous avons remis la compagnie sur le chemin de la rentabilité, nous pouvons passer à l’étape suivante avec le plan Perform 2020, qui sera celui de la reconquête. »

 

Devant le siège d'Air France, le 5 octobreDevant le siège d'Air France, le 5 octobre © Reuters - Jacky Naegelen
 

Autrement dit, et contrairement aux déclarations diverses qui voient déjà Air France au bord de la tombe, le fleuron aéronautique s’est en réalité tiré de sa plus mauvaise passe, grâce aux efforts précédents. Il s’agit désormais de retrouver le peloton de tête des compagnies aériennes. La direction confirme volontiers que depuis 2010, l’entreprise a gagné plus de 15 % de compétitivité, et que l'hémorragie financière est stoppée. Mais elle est désormais à l’équilibre, ou à peine plus, avec environ 300 millions d’euros de bénéfice attendu en 2015, pour 25,5 milliards de chiffre d'affaires, et une dette de presque 12 milliards d'euros.

Pourtant, Air France-KLM aurait toutes les raisons du monde de mieux se porter : les cours du pétrole sont à un niveau historiquement bas, et la demande mondiale est en hausse constante. Pour 2015, l'Association internationale du transport aérien (Iata) attend des bénéfices mondiaux cumulés dans le secteur de 29 milliards de dollars, contre 16 milliards en 2014. Mais à l’image des autres compagnies aériennes, Air France ne tire pas son épingle du jeu. Pourquoi ? Selon Tony Tyler, le dirigeant de l’Iata, les entreprises européennes sont pénalisées par « la faible croissance économique, des taxes élevées [imposées par les aéroports européens, comme ceux de Roissy ou d’Orly – ndlr], une réglementation onéreuse et l'incapacité des gouvernements à mettre en place le ciel unique européen ».

Surtout, comme le rappelait Mediapart l’an dernier, l’entreprise est prise en tenaille : d’un côté, le court et moyen-courrier est très fortement concurrencé par les compagnies low cost ; de l’autre, les compagnies du Golfe lui taillent des croupières sur les vols long-courriers.
 

  • L’envolée du low cost

Les recettes du modèle à bas coût sont connues : faire voler ses avions le plus longtemps possible tous les jours, sur des plages horaires s’étalant de 5 heures du matin à minuit ; supprimer les correspondances, trop compliquées à gérer ; réduire au minimum le temps d’escale des appareils ; couper dans tous les coûts, en faisant par exemple faire le ménage au personnel navigant, mais surtout en réduisant les salaires et en multipliant les heures de vol des salariés (700 heures par an chez EasyJet et Transavia en moyenne, 800 chez Ryanair, contre 450 à 500 chez Air France) ; choisir parfois des aéroports peu prisés car éloignés (en Europe, c’est surtout le modèle de Ryanair). Et enfin, multiplier les options payantes, qui garantissent aujourd’hui un quart du chiffre d’affaires d’EasyJet.

Avec ces recettes, le low cost entretient une réussite phénoménale. Ryanair et EasyJet sont les deux compagnies les plus rentables d’Europe. Et quand Air France-KLM transporte chaque année 78 millions de passagers européens par an, ils sont 80 millions chez Ryanair, et 60 millions chez EasyJet. Air France a de quoi se faire du souci : dans le paysage européen, la France est encore à part, où le low cost n’occupe que 20 % de part de marché, contre 45 % ailleurs sur le continent.

Face à ces géants, Air France compte sur Transavia, sa filiale low cost dont les pilotes ont finalement accepté le développement à la fin de l’année, contre la promesse que les contrats des personnels de ces avions seront bien de droit français. La direction aurait aimé baser une filiale Transavia Europe au Portugal, pour utiliser les contraintes légales locales, bien moins fortes qu’en France. Globalement, les pilotes et hôtesses de Transavia sont tout de même payés environ 20 % de moins que ceux de la maison mère, et ils volent bien davantage, surtout en été, où les vacanciers partent à l’assaut des vols peu chers. La direction a calculé que globalement, les salariés Transavia lui coûtaient de 20 à 25 % moins cher, et volaient 30 à 40 % d’heures de plus.

  • Les pays du Golfe dominent le long-courrier

À l’autre bout de l’échelle des vols low cost court et moyen-courriers, c’est le long-courrier, qui fait la fierté des personnels d’Air France, et que le groupe considère comme sa spécialité et sa vraie image de marque. Mais ce domaine subit lui aussi une très sévère concurrence, venue cette fois des trois compagnies des pays du Golfe, Qatar Airways, Emirates (Dubaï) et Etihad (Abu Dhabi).

Ce sont les géants qu’on n’a (presque) pas vu venir. Il y a quinze ans, ils ne pesaient rien sur le marché. Et en 2013, les trois hubs de Dubaï, Doha et Abu Dhabi ont accueilli plus de passagers intercontinentaux en correspondance que les trois principaux hubs européens (Londres, Paris et Francfort). Leurs compagnies n’en finissent pas de grignoter des parts de marché, à coups d’appareils luxueux et de prix raisonnables. Tellement raisonnables que tous leurs concurrents les accusent d’être abusivement subventionnés par leurs États, qui désirent s’imposer vite sur ce marché stratégique.

Les trois grosses compagnies américaines, American, Delta et US Airways assurent ainsi avoir calculé que les compagnies du Golfe ont bénéficié de 42 milliards de subventions étatiques directes et indirectes en dix ans, et s’insurgent de ces pratiques anticoncurrentielles. Elles demandent carrément au gouvernement américain de restreindre l’accès au ciel américain à ces concurrents trop puissants.

 


En France, l’analyse est la même : le patron des députés socialistes, Bruno Le Roux, auteur fin 2014 d’un rapport sur la compétitivité du transport aérien, estime que chaque attribution d’une fréquence quotidienne long-courrier à des compagnies étrangères entraîne la destruction d’environ… 250 emplois en France.

En mars dernier, la France et l'Allemagne ont donc demandé en conseil européen que, si de nouveaux créneaux aériens étaient attribués à ces compagnies aux « pratiques concurrentielles déloyales », ils soient assortis « d'un véritable contrôle du mode de fonctionnement de ces compagnies ». Aujourd’hui, la France leur a attribué 32 vols quotidiens sur son territoire, c’est le minimum européen (représentant tout de même un bond de 70 % de 2010 à 2013). Comme l'Allemagne, l’Hexagone a longtemps gelé l'attribution de « droits de trafic » jusqu’au mois de juin, où le PDG de Qatar Airways a annoncé avoir obtenu de nouveaux droits supplémentaires à Lyon et Nice. Officiellement, ce n’est pas une contrepartie à l’achat de 24 Rafale…

  • Comment font les cousins d’Air France ?

On l’a compris, les conditions sont dures pour l’ensemble des compagnies européennes. Il faut donc se demander comment s’en sortent les compagnies nationales similaires à Air France. Et ce tour d’horizon a de quoi inquiéter les syndicats français.

Pour commencer, Alitalia, sans doute la plus mal en point de toutes les compagnies européennes, a partagé en août 2014 son capital avec… Etihad, la compagnie d’Abu Dhabi, qui a racheté 49 % de l’entreprise.

Qatar Airways, elle, n’a pas été aussi gourmande, mais est tout de même entrée en janvier, à hauteur de 10 %, dans le capital d’IAG, le groupe qui englobe l’espagnole Iberia et la britannique British Airways. La compagnie du Golfe ne cache pas qu’elle s’intéresse à un plus gros morceau d’IAG. Il faut dire que cette dernière a poussé très loin la restructuration depuis la réunion des compagnies aériennes, en 2011. Selon Air France, elle est désormais presque 20 % plus compétitive que l’entreprise française. Mais à quel prix : Iberia a réduit ses effectifs de 25 % en moins de trois ans, et Vueling, la filiale low cost du groupe, est systématiquement privilégiée dans la stratégie moyen-courrier. Elle affiche désormais une croissance à deux chiffres et une forte rentabilité.

Cette stratégie low cost semble fonctionner, Air France l’a bien compris. Mais Lufthansa également, et l’entreprise allemande a décidé de la mettre en œuvre à marche forcée. En 2014, les activités allemandes du groupe, qui incluent les compagnies aériennes Lufthansa et sa filiale low cost Germanwings, ont vu leur bénéfice baisser de plus de 10 %, à 252 millions d'euros. Lufthansa a donc tenté de revoir à la baisse les accords salariaux passés avec les syndicats. Ce qui a déclenché des grèves à répétition en Allemagne : une quinzaine de mouvements sociaux menés par les pilotes et les hôtesses et stewards en un peu moins de deux ans.

Pour faire baisser les coûts de manière drastique, Lufthansa développe à toute vitesse sa filiale Eurowings, dont les salariés ne bénéficient pas des accords collectifs octroyés à ceux de Lufthansa et même Germanwings. L’entreprise a annoncé qu’à partir de 2016, tous ses vols non « premiums » seraient assurés par Eurowings. Les lignes intérieures et européennes demeureront des low cost « classiques ». Mais, et c’est une nouveauté, Lufthansa va aussi appliquer ces méthodes à bas coût à des vols long-courriers, directement siglés Eurowings. Ces nouvelles lignes devraient s’ouvrir fin octobre, en direction de Cuba, la République dominicaine, Dubaï et la Thaïlande. Elles seront assurées par des avions et des personnels employés en commun avec Turkish Airlines. Loin des droits sociaux obtenus par les syndicats de pilotes allemands. Et loin du modèle de dialogue social officiellement prôné par la direction d’Air France et par le gouvernement.

 

 

 

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

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