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19 novembre 2015 4 19 /11 /novembre /2015 21:00

 

Source : http://www.lemonde.fr

 

 

Etat d’urgence : « une marge de manœuvre bien trop large est offerte aux autorités »

Le Monde.fr | • Mis à jour le | Propos recueillis par

 

 

Les résultats du vote, jeudi 19 novembre, à l'Assemblée sur la prorogation de l'état d'urgence.

Professeur de droit public à l’université Jean-Moulin Lyon III, Marie-Laure Basilien-Gainche, auteur de Etat de droit et états d’exception (PUF, 2013), s’inquiète des décisons prises par le gouvernement en matière de libertés publiques.

 

Lire aussi : L’Assemblée vote la prolongation et le renforcement de l’état d’urgence

 

Que pensez-vous du projet de loi voté par l’Assemblée nationale jeudi 19 novembre ?

Marie-Laure Basilien-Gainche : Modifier la loi de 1955 dans celle de prorogation de l’état d’urgence me laisse circonspecte. Il ne faut pas mélanger les genres et troubler ainsi la hiérarchie des normes. Il y a une loi qui est destinée à durer et une prorogation qui ne l’est pas. Il est à craindre que certains éléments ne finissent pas entrer dans le droit commun.

Par ailleurs, l’article sur la dissolution des associations qui est introduit me paraît inquiétant : quasiment toutes peuvent rentrer dans son champ d’application et se voir dissoutes avec pour seul recours le juge administratif.

De la même manière, la terminologie de l’article sur les perquisitions administratives est trop floue. Une marge de manœuvre bien trop large est offerte aux autorités. Le contrôle du juge administratif semble peu à même de sanctionner les atteintes démesurées aux libertés.

 

Lire aussi : Pour les juristes, l’état d’urgence est « un moindre mal »

 

François Hollande a également annoncé lundi une révision constitutionnelle visant à créer un « régime civil d’Etat de crise ». Les lois actuelles ne sont-elles pas suffisantes ?

L’état d’urgence va être prorogé. Pendant trois mois, l’exécutif aura de plus grandes marges de manœuvre avec des restrictions faites à la liberté de circulation, à l’inviolabilité du domicile, à la liberté d’expression.

A cette loi de 1955, qui est certes datée, viennent s’ajouter les nombreuses normes adoptées pour renforcer les pouvoirs de la police dans la lutte contre le terrorisme, comme la loi sur le renseignement en juillet. L’arsenal juridique paraît donc suffisant pour travailler à la prévention des actes terroristes.

Si la lutte contre ces derniers révèle ses limites, ce n’est pas faute de textes mais faute de moyens, tout particulièrement humains. Il n’est nul besoin de révision constitutionnelle.

 

Lire aussi : Un nouveau régime d’« état de crise »

 

Alors, quelle est la motivation de cette modification de la Constitution ?

L’annonce d’une révision constitutionnelle me semble relever moins de l’utilité juridique que de l’effet politique. Elle contribue à affirmer l’autorité présidentielle auprès d’une population déboussolée et inquiète qui demande à être rassurée.

Si l’on peut comprendre un tel positionnement, il me laisse perplexe. Pour faire de bonnes lois, et plus encore de bonnes lois constitutionnelles, il faut prendre le temps de la réflexion. On considère aussi qu’il n’est pas souhaitable de modifier les textes constitutionnels dans les périodes de crise, encore moins les dispositions constitutionnelles qui traitent justement de ces périodes de crise.

Réviser la constitution en ce moment, quand bien même cela peut rasséréner et rassembler, peut se révéler destructeur pour nos principes fondamentaux.

Peut-on craindre une pérennisation de l’état d’exception ?

Les états d’exception doivent par définition être exceptionnels. Or, selon moi, ce n’est pas le cas des attentats du 13 novembre. On en a eu d’autres en janvier et il faut aussi regarder ce qui s’est passé à Beyrouth ou, ces dernières années, à New York, à Madrid, à Londres. Par conséquent, les actes terroristes ne sauraient être appréhendés comme des faits ponctuels demandant de recourir aux outils de gestion de l’exceptionnel.

Utiliser les moyens offerts par les états d’exception pour mener la lutte contre le terrorisme risque de conduire durablement à des atteintes aux équilibres institutionnels et aux droits fondamentaux qui frapperaient non seulement les supposés terroristes, mais bien tous les citoyens.

 

Juridiquement, peut-on dire, comme l’a fait François Hollande, que « la France est en guerre » ?

Une guerre se déroule entre des Etats reconnus au niveau international. Daech n’est pas un Etat mais une organisation criminelle. Traiter les terroristes comme des ennemis au sens juridique du terme, c’est-à-dire des représentants d’un Etat avec lequel on est en guerre, les positionne comme pouvant se prévaloir du droit des conflits armés et non pas comme relevant du droit pénal.

Cela leur donne une légitimité, aussi bien d’un point de vue politique que juridique, et des atouts pour se défendre qu’ils n’auraient pas si on les prenait pour ce qu’ils sont, c’est-à-dire de purs criminels.

 

 

 

Le gouvernement veut aussi modifier la Constitution pour rendre possible la déchéance de nationalité pour des Français binationaux nés en France et ayant été condamnés pour terrorisme…

Je demeure dubitative quant à l’intérêt d’une telle mesure. Moins d’une trentaine de personnes ont été concernées par une déchéance de la nationalité depuis 1990 : réforme-t-on une Constitution pour une trentaine de personnes ?

Par ailleurs, quid des nationaux qui commettent des actes terroristes ? Faute de pouvoir être déchus de leur nationalité – car il s’agirait alors d’un bannissement que prohibe la Convention européenne des droits de l’homme –, ils seraient traités différemment ?

 


 

Source : http://www.lemonde.fr

 

 

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19 novembre 2015 4 19 /11 /novembre /2015 20:53

 

Source : https://france.attac.org

 

 

État d’urgence, marches interdites, escalade militaire : la démocratie menacée
jeudi 19 novembre 2015, par Attac France

Ni le deuil suite aux effroyables attentats, que nous partageons toutes et tous, ni les menaces réelles qui pèsent encore, ne peuvent justifier l’interdiction de toutes les manifestations. L’interdiction de la marche pour le climat du 29 novembre et des manifestations du 12 décembre à la fin de la COP 21, renforce le sentiment de dépossession et la confusion entre sécurité et ordre sécuritaire. Ces manifestations, préparées de très longue date, sont le moment d’une parole et d’une expérience citoyenne internationales pour faire advenir des sociétés justes et soutenables, moment historique pour l’avenir de la planète et de l’humanité.

 

 

L’état d’urgence est prolongé de trois mois, sans aucune perspective de sortie. Or, la pire des politiques est bien de mettre la démocratie en veilleuse et de basculer dans un régime d’exception permanent. La sécurité est indissociable des libertés publiques, c’est une société consciente, active et mobilisée qui assurera la pérennité de la vie démocratique et de la vie tout court.

Les attentats du 13 novembre justifient évidemment une forte réaction policière et un renforcement des mesures de sécurité tant que les auteurs n’ont pas tous été arrêtés. Cela ne justifie en rien une dérive sécuritaire qui prive les sociétés des moyens de se défendre face à ce qui les menace. Ces attaques ont été aveugles et elles créent aujourd’hui un sentiment d’insécurité fort dans la population. Raison de plus pour occuper pacifiquement l’espace public, comme cela s’est réalisé spontanément pendant les derniers jours, sur les terrasses, sur les places publiques.

Concernant la COP 21, nous connaissons les conséquences dramatiques, y compris en termes de sécurité, d’un réchauffement climatique non contenu. Aucune armée ou escadron de police ne pourra résoudre cette question là. Seule une société inventive, éprise de justice et de démocratie, pourra faire face à ces enjeux. Les mobilisations pour le climat sont aussi notre réponse aux terroristes : vous rêvez de tuer et de mourir, nous voulons la justice sociale et préserver la vie sur cette Terre que nous avons en partage.

Attac appelle les organisations de la société civile à prendre des initiatives communes en défense des libertés démocratiques, à commencer par la liberté de rassemblement et de manifestation. Lors de la COP 21 nous trouverons ensemble les moyens de signifier au monde entier les valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité entre les hommes et avec la nature.

Nous appelons à renforcer toutes les initiatives décentralisées prévues pour les 28 et 29 novembre, à participer au Sommet citoyen pour le climat les 5 et 6 décembre à Montreuil, à s’inscrire dans les activités de la Zone action climat (ZAC) au « 104 » et enfin à préparer et discuter collectivement des manifestations du 12 décembre à Paris.

 

 

Source : https://france.attac.org

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19 novembre 2015 4 19 /11 /novembre /2015 18:33

 

Source : http://www.terraeco.net

 

 

19-11-2015
 
Marches sur le climat interdites : les ONG entre démoralisation et branle-bas de combat

 

 

 

Marches sur le climat interdites : les ONG entre démoralisation et branle-bas de combat
(Crédit photo : Eric Salard - Flickr)

 

Au lendemain de l'annulation des manifestations citoyennes en marge de la COP21, les acteurs de la société civile accusent le coup et tentent de rebondir.
           

Les ONG n’ont même pas le temps d’avoir la gueule de bois. Au lendemain de l’annonce par la présidence de la COP21 de l’interdiction de toutes les marches pour le climat qui auraient dû avoir lieu, à Paris et dans d’autres villes de France, à la veille de l’ouverture des négociations, c’est un mélange de déception et de branle-bas de combat. « On n’a pas le droit de baisser les bras, mais là, ce sont plusieurs mois de boulot avec toutes les associations qui tombent à l’eau. On en était à un niveau d’organisation collective colossal », lâche Mathieu Orphelin, porte-parole de la Fondation Nicolas Hulot.

Mardi matin, moins de quatre jours après les attentats de Paris, les organisations de la société civile étaient réunies chez Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, sous l’égide de qui se tiendra la réunion internationale sur le climat dans dix jours. Si les marches semblent alors déjà très compromises, y est évoqué un « rassemblement statique ». En aparté, les conseillers évoquent l’idée d’un stade où auraient pu se réunir les dizaines de milliers de personnes attendues initialement pour la marche du 29 novembre.

 

Choix cornéliens

Car pour les autorités françaises, assurer la sécurité de la COP21 elle-même et de tous les événements parallèles, deux semaines aprèsles plus graves attentats qui aient jamais eu lieu sur le sol français, exige de faire des choix cornéliens. Techniquement, il y a d’un côté le site du Bourget où auront lieu les négociations, et les 22 000 personnes accréditées pour y entrer. De l’autre, 20 000 acteurs de la société civile attendues dans la capitale en divers lieux, et initialement réunis dans une marche inaugurale. « On a un double casse-tête : d’un côté, un lieu confiné qu’il va falloir rendre hermétique par des détecteurs de métaux, par le contrôle des allées et venues, et de l’autre la gestion de flux et de foules, ce qui est bien plus difficile, souligne Mathieu Zagrodzki, chercheur associé au Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales et spécialiste de la sécurité intérieure. En France, on a l’habitude de gérer des événements sur la voie publique, même de grande ampleur, comme les Journées mondiales de la jeunesse en 1997 ou la Coupe du monde de foot en 1998, mais deux semaines après ces attentats, avec une menace terroriste qui reste forte, c’est autre chose. »

Alors que l’Assemblée nationale vient de donner son feu vert à la prolongation de l’état d’urgence pour trois mois, que le Premier ministre, Manuel Valls, évoque devant les députés un risque d’attaques chimiques ou bactériologiques, que des centaines de perquisitions ont lieu, la tension reste très forte dans l’Hexagone. Et la crainte d’un nouvel attentat ne risque pas de faiblir avec l’arrivée de près de 120 chefs d’Etats étrangers, présents au Bourget le lundi 30 novembre, et de dizaines de milliers de représentants de la société civile. « Prendre la COP21 pour cible, ce serait très fort symboliquement et aurait une résonance mondiale : l’impact médiatique et psychologique serait gigantesque, souligne Mathieu Zagrodzki. Mais annuler toutes les manifestations pour réduire ce risque, c’est également réduire la portée symbolique de ce sommet et se déclarer vaincus face à la menace, car manifester fait partie de notre vivre-ensemble : pour les organisateurs, il y a un dilemme et un calcul à faire entre la sécurité et la portée symbolique de leurs choix. »

 

« Le moral est un peu cassé »

Mercredi soir, le gouvernement a donc tranché. La société civile est toujours bienvenue au Bourget dans un espace de 27 000 mètres carrés où sont attendues plus d’une centaines d’organisations. Hors du Bourget, c’est une autre affaire. Les manifestations sont maintenues si elles ont lieu « dans les espaces fermés et aisément sécurisables », souligne le communiqué du secrétariat de la COP21. Exit les marches du 29 novembre et du 12 décembre, en clôture des négociations. Exit même la possibilité d’un grand rassemblement dans un stade, un hippodrome ou une place parisienne, comme des rumeurs qui circulaient des cabinets ministériels aux ONG avaient pu laisser croire.

Les ONG représentées au sein de la Coalition climat 21 enchaînent réunion sur réunion. « Cela fait plusieurs jours que nous sommes dans l’attente de la décision des autorités, nous avions réfléchi à un scénario où la marche serait maintenue, avec un service d’ordre blindé et une grande coordination avec la police, déplore Marie Yared, de Avaaz. Pour la centaine de bénévoles de notre organisation qui ont tout mis en œuvre pour la réussite de notre mobilisation, c’est vrai que le moral est un peu cassé. Nos sentiments sont partagés entre les problèmes réels de sécurité et la volonté de nous exprimer au moment de la COP »

 

En janvier, des dizaines de chefs d’Etat ont participé à la manifestation…

Dans les rangs des ONG, tout le monde ne tempère pas autant sa déception. « Cette annulation sans aucune proposition alternative de la part des autorités est inacceptable, tonne Txetx Etcheverry, fondateur du mouvement Alternatiba. Au lendemain de Charlie Hebdo, des dizaines de chefs d’Etat ont participé à la manifestation nationale, le risque était-il moindre ? Le marché de Noël reprend sur les Champs Elysées, les supermarchés sont ouverts, la foule se réunit dans les lieux de la société de consommation, et nous, nous ne pourrons même pas nous réunir ne serait-ce qu’à quelques centaines de personnes dans des endroits symboliques pour dénoncer les engagements trop faibles de certains pays, par exemple ? » Dès mardi soir, le mouvement lançait un appel, désormais signé par plus de 14 000 personnes, pour maintenir la pression sur les pouvoirs publics. A Alternatiba, on espère toujours un revirement. « L’histoire nous jugera très durement si, à un moment aussi historique, nous avons baissé les bras. Cela signifierait que nous acceptons aussi de clore ce chapitre citoyen pour la décennie à venir, car cette situation va durer », gronde Txetx Etcheverry.

Moins tempétueuses, d’autres organisations semblent avoir déjà pris leur parti des décisions des autorités et tentent de rebondir dans le court laps de temps qu’il reste. « Même si nous avions eu la possibilité de nous rassembler dans un stade, nous n’avions pas le temps, en dix jours, de créer une dynamique de l’ampleur de ce que nous avions mis en place pour la marche, avoue Mathieu Orphelin. Aujourd’hui, il faut que nous trouvions les moyens de connecter la grosse cinquantaine de marches qui vont avoir lieu dans le monde avec ceux qui auraient aimé marcher mais qui ne pourront pas le faire. » A Avaaz également, on cogite tous azimuts pour imaginer des formes de mobilisations « visuelles, mais pas dangereuses ». Les idées ne manquent pas. Mais c’est surtout l’élan commun qui risque d’être mis à mal. « Il y aura des synergies entre les différentes organisations, mais sans doute pas de la même force que ce nous avions préparé », déplore Marie Yared. Restent dix jours pour remobiliser les troupes, une gageure pour tous ceux qui veulent faire entendre la voix de la société civile mondiale.

A lire aussi sur Terraeco.net :
- COP21 : les marches pour le climat annulées

 

SUR LE MÊME SUJET

 

 

Source : http://www.terraeco.net

 

 

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19 novembre 2015 4 19 /11 /novembre /2015 18:23

 

Source : http://cadtm.org

 

 

Madrid : 200 000 personnes marchent contre les violences sexistes

12 novembre par Mimosa Effe

 

 

 

Samedi 7 novembre, à Madrid était appelé une marche contre les violences faites aux femmes. Ce sont 268 cars provenant de toutes les villes du pays qui ont convergé à Madrid pour une grande manifestation féministe dont l’idée avait émergé du mouvement féministe Estatal, rejoint par de nombreuses organisations, associations et partis politiques pour dénoncer, la mort de 71 femmes assassinées par leur conjoints, mais aussi pour dénoncer l’ensemble des violences sexistes qui touchent les femmes. Si tous les partis politiques, y compris les partis de droite, étaient présents, les revendications des féministes étaient bien la remise en cause de la politique du gouvernement notamment parce qu’il a réduit les aides allouées aux femmes victimes de violence, mais aussi pour demander une meilleure législation permettant aux femmes d’être protégées. Derrière l’idée de cette marche se trouvait bien l’idée défendue par nos camarades d’Anticapitalistas présentEs en grand nombre à la manifestation que seul un mouvement autonome des femmes, la résistances féministe, permettra aux femmes de l’Etat espagnol de ne plus subir cette violence, de gagner de nouveaux droits.

 

Féministes, tant qu’il le faudra !

Évidemment, cette marche est à mettre dans le contexte des différentes attaques que subissent les femmes dans l’État Espagnol, que ce soit au niveau des salaires et des licenciements comme partout en Europe, mais aussi sur la question de l’avortement. Les manifestations pour le droit à l’avortement avaient déjà rassemblé des centaines de milliers de personnes. Un mouvement féministe et de masse se construit parallèlement mais sans déconnexion des luttes contre l’austérité.

Si les manifestations pour la solidarité avec les femmes de l’État Espagnol avaient pu rassembler plus de 100 000 personnes en France il y a trois ans, le mouvement féministe est aujourd’hui divisé et en grande difficulté. Alors que l’on compte plus de 130 femmes mortes par an en France, on peut voir à quel point le combat féministe est plus que jamais d’actualité, il nous faut prendre l’exemple des féministes de l’État Espagnol pour nous employer à reconstruire un mouvement autonome des femmes large et de masse en commençant par nous appuyer sur la manifestation du 21 novembre et la manifestation non-mixte du 25 novembre contre les violences faites aux femmes.


Merci à Julia C. d’Anticapitalistas pour la photographie et ses informations sur cette marche.

Source : NPA2009.org

 

 

Auteur
 
 

Mimosa Effe

 

 

Source : http://cadtm.org

 

 

 

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19 novembre 2015 4 19 /11 /novembre /2015 18:17

 

Source : http://cadtm.org

 

 

Vidéo de la 2e action « chaises » à Bruxelles

Par Zin TV

19 novembre par Collectif « qui vole qui ? » , ZinTV

 

 

 

En vue de la Cop21 à Paris, le collectif Qui Vole Qui a soutiré du mobilier aux trois principales banques belges pratiquant la fraude fiscale et investissant massivement dans les énergies fossiles.

 

Communiqué de presse et photos ici

 

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19 novembre 2015 4 19 /11 /novembre /2015 18:11

 

Source : http://www.reporterre.net

 

 

En finir avec l’empire, réinventer la République, refaire société : les vraies réponses au terrorisme

18 novembre 2015 / Christophe Bonneuil


 


 

 

Les dirigeants politiques n’ont que la rhétorique guerrière à opposer à la violence djihadiste. En se focalisant sur les symptômes, ils manquent les causes profondes de notre vulnérabilité. À rebours des « logiques impériales, verticales et autoritaires », il faut « renforcer l’immunité horizontale, la soif de liberté et le pouvoir d’agir citoyen ».

Christophe Bonneuil est historien, coauteur de L’événement anthropocène (Seuil, 2013) et de Crimes climatiques stop ! (Seuil, 2015).

 



« Nous sommes en guerre », nous dit-on. Mais qui peut se reconnaître dans ce « nous » des djihadistes ou dans ce « nous » de nos dirigeants ? Qui peut croire, après 25 ans d’intervention et de chaos, qu’envoyer hors-cadre des Nations unies plus de bombes au Moyen-Orient constitue la solution pour défendre notre démocratie ?

La guerre qu’on nous impose voit l’affrontement d’un intégrisme religieux (Daech…) ou identitaire (contre « les étrangers »…) et de l’autoritarisme de marché d’une oligarchie cosmopolite qui utilise l’épouvantail du terrorisme pour consolider un capitalisme financier post-démocratique via des dispositifs toujours plus sécuritaires et impériaux. Au lieu d’une VIe République plus démocratique et participative, on nous impose la constitutionnalisation d’un ordre sécuritaire, qui vise aujourd’hui les terroristes, mais, demain, les militants sociaux et syndicaux luttant contre les injustices sociales.

 

 Surenchère sécuritaire et liberticide

Cette guerre-là n’est pas notre guerre. Notre combat est le combat permanent des forces de vie et de régénération contre les forces mortifères, de l’humanité contre l’inhumanité et l’oppression. Notre lutte pour une France solidaire dans un monde solidaire requiert de mettre en échec toute propagation de l’horreur (terrorisme intégriste) mais aussi tout gouvernement par la peur. Pour défendre l’idéal républicain de liberté et d’égalité, il nous faut donc aussi refuser la stratégie du choc de l’oligarchie, qui joue depuis les Bush la carte de la surenchère sécuritaire et liberticide ; résister au césarisme des nouveaux GI Joe que sont Hollande, Valls, Sarkozy ou Le Pen. Au soir des attentats de juillet 2011, le premier ministre norvégien Stollenberg avait déclaré : « Nous allons répondre à la terreur par plus de démocratie, plus d’ouverture et de tolérance. » On aurait aimé une telle hauteur de vue de la part de nos leaders politiques français, qui préfèrent se rêver en empereurs et sauveurs autoproclamés de la nation !

Les causes profondes de la vulnérabilité de notre pays aux actes terroristes de Daech sont connues. En premier lieu, la tutelle impérialiste (coloniale puis néocoloniale) des puissances occidentales sur le Moyen-Orient et la déstabilisation depuis des décennies de tout régime non inféodé aux intérêts pétroliers occidentaux, qui, ajoutée aux exactions israéliennes dans les territoires occupés, génèrent un ressentiment permanent dans le monde arabe. Deuxièmement, le changement climatique en cours dégrade déjà la situation sociale, migratoire et géopolitique d’une bande territoriale qui va de Nouakchott à Islamabad : en témoignent le drame du Darfour, les conflits au Mali, Boko Haram ou l’exode de centaines de milliers de paysans ruinés par les sècheresses de 2006-2011 vers les bidonvilles syriens qui fut le déclencheur de la guerre civile dont Daech a tiré profit. Troisièmement, un passé colonial et raciste non entièrement dépassé et une situation sociale injuste (des millions de précaires et de chômeurs, une absence de perspective pour la jeunesse, surtout basanée) rendent la France plus vulnérable à des actes de djihad terroriste que d’autres pays européens de forte immigration tels l’Allemagne ou l’Angleterre.

 

Un « choc d’égalité et de solidarité »

C’est à ces trois racines du mal terroriste, et non simplement aux symptômes, qu’il convient de s’attaquer : sortir d’une politique étrangère impérialiste dans le monde arabe ; agir contre le changement climatique qui, sinon, nous prépare un XXIe siècle véritablement barbare ; rebâtir une République black-blanc-beur par la création en cinq ans d’un million d’emplois (on le sait, ces emplois sont dans le vivier de l’agroécologie paysanne, des énergies renouvelables, de la rénovation et l’efficacité énergétique et du ménagement du territoire), par le passage à une VIe République redonnant sens et légitimité à l’action publique, et par un « choc d’égalité et de solidarité » (à l’opposé des politiques menées par la droite comme la gauche-libérale depuis quinze ans) afin de redonner la confiance dans un avenir commun.

 

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Dans un camp de déplacés victimes de la guerre civile, au Darfour.

On peut saluer le nécessaire travail d’enquête, de renseignement et de mise hors d’état de nuire sur notre territoire des djihadistes, mais refusons la normalisation d’un état d’urgence, qui demain servira à réprimer les luttes sociales et écologistes. Imaginons ensemble des stratégies de lutte et de résilience contre le terrorisme ! Elles ne seront efficaces que si elles abandonnent les logiques impériales, verticales et autoritaires pour, au contraire, renforcer l’immunité horizontale, la soif de liberté et le pouvoir d’agir citoyen, véritables antidotes au terrorisme djihadiste. Pour le court terme, voici quelques premières pistes versées au débat citoyen :

 

- Première proposition : le désengagement des intérêts français au Moyen-Orient plutôt que le cercle vicieux de la surenchère guerrière. Cessons les frappes en Syrie et n’alimentons plus la haine par des interventions militaires unilatérales, dont on connaît les arrière-pensées pétrolières et les effets désastreux depuis les années 1990 au Moyen-Orient, en Libye et au Sahel... Annonçons immédiatement l’arrêt de toute importation de gaz et pétrole du Moyen-Orient (et un plan national de descente énergétique) afin d’affranchir notre économie de cet « or noir » qui provoque depuis des décennies tant de drames géopolitiques et tant de victimes du dérèglement climatique. Alors seulement, des relations diplomatiques fraternelles et désintéressées avec les pays moyen-orientaux seront possibles et instaureront un nouveau climat.

 

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Un militaire états-unien recouvrant la statue de Saddam Hussein, le président irakien renversé, en 2010, à Bagdad.

Plus profondément, la situation exige de nous une « métamorphose de civilisation » (Edgar Morin). Après la désindustrialisation et une crise économique et sociale structurelle sur fond de basculement géologique de notre planète surexploitée (le passage de l’Holocène à l’Anthropocène) et de financiarisation, la présence de la violence de masse sur notre territoire vient nous rappeler la fin d’un modèle de développement. La France fut par le passé une puissance impériale, exploitant le reste du monde pour assurer une « croissance » achetant sa paix sociale intérieure, hiérarchisant les races, externalisant vers la périphérie du monde les dégâts, désordres et guerres causés par son modèle insoutenable de développement. Aujourd’hui la France ne peut plus porter la misère et la guerre – émissions de gaz à effet de serre, bombes ou drones – à sa périphérie sans recevoir en retour des coups mortels. Comme pendant la guerre d’Algérie une sale guerre revient en boomerang sur l’Hexagone. Comme pour la guerre d’Algérie, nous n’en sortirons par le haut qu’en abandonnant toute posture impériale.

 

- Deuxième piste : un grand mouvement citoyen de défense civile et de riposte antiterroriste. Chaque attentat est suivi d’une surenchère sécuritaire : davantage de soldats armés dans les rues et les gares, de vidéosurveillance, de méfiance envers l’étranger, l’autre. Cette stratégie est perdante : un surinvestissement sécuritaire ne peut faire face aux modes d’action d’un réseau souple de kamikazes prêts au martyre. Il est économiquement coûteux : l’Empire romain est aussi mort du coût de son armée face aux invasions « barbares. » Et surtout, il est dangereux pour la démocratie. Il déresponsabilise et anesthésie les simples citoyens devenus spectateurs d’une spirale de violences.

 

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Graffiti sur un mur de la ville de Bethléem, en Cisjordanie.

À la logique de guerre, substituons celle de la résistance et la résilience civiques. Ce qui limite les effets du terrorisme, c’est le courage ordinaire de chacun...

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : http://www.reporterre.net

 

 

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19 novembre 2015 4 19 /11 /novembre /2015 17:54

 

Source : http://www.reporterre.net

 

 

Contre le terrorisme et pour la planète : l’un ne va pas sans l’autre !

19 novembre 2015 / Nabil Ennasri (Collectif des musulmans de France)


 

 

Dans l’épreuve que la France traverse, il est indispensable de faire preuve d’unité et de se retrouver autour des valeurs républicaines communes, sans hypothéquer les libertés. Mais le « fléau du radicalisme » ne doit pas occulter l’urgence écologique et la nécessité de « préserver les possibilités de la vie sur Terre ».

 

Nabil Ennasri est président du Collectif des musulmans de France (CMF).

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Nabil Ennasri.

Ce que nous vivons actuellement est unique dans l’histoire récente. La France vient de connaître ses pires attaques depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le pays est touché, la nation est en deuil. Face à cette épreuve, nous devons faire preuve d’unité. Un front commun doit rassembler le pays dans un esprit inclusif de dénonciation de ces horreurs, de compassion envers les victimes et leurs familles et de solidarité pour protéger notre avenir.

L’objectif des terroristes, en plus de susciter l’effroi, est de semer la division au sein du peuple français. La stratégie des commanditaires est maléfique puisque, comptant sur l’ampleur de leurs forfaits, ils espéraient qu’une partie du pays en rejette la responsabilité sur ceux qui partagent la même religion que les kamikazes. Ce faisant, cette analogie engendrerait une poussée du discours raciste voire un irréparable passage à l’acte en guise de représailles. Par un enchainement incontrôlable, on verrait alors certains musulmans se jeter dans les bras, par dépit et frustration, de ces semeurs de haine.

Cette stratégie de « propagande par le fait » a été produite dans l’histoire par plusieurs groupes sectaires et elle a même été théorisée par les idéologues du prétendu « État islamique », dont les pratiques comme les idées ne font que trahir la portée spirituelle du message de l’islam. Elle n’a que peu de chances d’aboutir. En tout cas, il est de notre responsabilité de tout faire pour lui donner aucune chance de voir le jour.

 

Négocier un virage historique

C’est donc un impératif de rassemblement qu’il nous faut promouvoir. Cet élan permettra à la nation de se retrouver autour de son pacte républicain et de ses valeurs de liberté, d’égalité et surtout de fraternité. Ce discours de convergence et de résistance collective à une épreuve qui a heurté la nation dans toutes ses composantes doit être martelé par tous. Par les autorités et les personnalités publiques qui jouent un rôle central dans le façonnage de l’opinion. Sur ce sujet, il faut saluer la responsabilité d’une large partie de la classe politique, même s’il est désolant de constater que certains ne se sont pas empêchés de récupérer ces crimes pour alimenter des amalgames aussi douteux qu’indécents.

Ce discours doit aussi être relayé par les médias, qui doivent avoir le maximum de scrupules en invitant des personnalités représentatives des différentes communautés et non relayer les figures qui ne bénéficient d’aucune crédibilité de la base. Enfin, par tous les leaders d’opinion, les acteurs associatifs et autres syndicats pour rendre définitivement caduc le spectre de la sédition, qui ouvrirait la porte à toutes les dérives. Sur ces sujets, la communauté musulmane a aussi une large part de responsabilité pour témoigner du sens véritable de son éthique, rassurer une partie de la société qui serait déboussolée face à pareille actualité et être force de proposition pour contribuer à un avenir meilleur.

La France est à la croisée des chemins. Pour résorber le fléau du radicalisme, il y a certes une réponse sécuritaire à apporter. Mais celle-ci, aussi indispensable soit-elle, ne devra jamais se faire au détriment des libertés. La force d’une démocratie, c’est de ne jamais céder à la psychose, en refusant que la panique ne vienne étouffer des droits conquis depuis plus de deux siècles et qui sont le socle de notre identité. En ce sens, les prochains jours et semaines sont déterminants afin de négocier un virage historique.

L’épicentre d’un moment unique

Enfin, si la France est à un moment charnière, le monde a aussi rendez-vous avec l’histoire. La crise du terrorisme ne devrait pas non plus occulter d’autres enjeux qui ont une portée planétaire. En ce sens, si Paris est aujourd’hui la capitale mondiale de la solidarité, elle sera aussi, dans quelques jours, l’épicentre d’un moment unique puisqu’il s’agira, lors de la COP 21, de remettre l’urgence écologique au centre de l’agenda international. Afin de préserver les possibilités de la vie sur Terre et ne pas léguer aux futures générations une planète dont le climat deviendrait chaotique...

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : http://www.reporterre.net

 

 

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19 novembre 2015 4 19 /11 /novembre /2015 17:13

 

Source : http://www.bastamag.net

 

 

Attentats

« Modifier notre Constitution sur injonction de Daech, c’est donner aux terroristes la victoire qu’ils espèrent »

par

 

 

 

Comment lutter efficacement contre Daech et l’idéologie salafiste sans fouler du pied les principes du droit, sans renoncer à ce que nous sommes et avons bâti ? Quelles seront les conséquences sur notre démocratie déjà bien affaiblie de la révision de la Constitution et des mesures d’exception en préparation ? La réponse par les armes est-elle vraiment la seule possible ? Entretien avec le juriste Jean-Pierre Dubois, président d’honneur de la Ligue des droits de l’Homme, et secrétaire général adjoint de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH).

 

 

Basta ! : Les députés discutent aujourd’hui du prolongement de trois mois de l’état d’urgence. Quelle est votre réaction par rapport au discours de François Hollande devant le Parlement réuni en Congrès, le 16 novembre, après les attentats meurtriers ?

Jean-Pierre Dubois [1] : Nous faisons face à une situation exceptionnelle, qui appelle à des mesures exceptionnelles. Mais cela ne signifie pas des mesures d’exception. Cela suppose des moyens plus importants qu’en temps normal, avec la restriction de certaines libertés si cela est absolument nécessaire. Mais tout cela doit être décidé démocratiquement, et être accompagné à chaque fois de mesures de contrôle, politiques et judiciaires, pour éviter toute logique non-démocratique. De ce double point de vue, le discours du président de la République nous inquiète énormément. Le ton martial rappelle celui du président George W. Bush en 2001. Nous sommes dans une logique d’impuissance guerrière, avec d’autant plus de gesticulations qu’on ne sait pas quoi faire. La peur et la vengeance sont toujours des défaites de la raison. C’est normal que tous, nous ayons peur, mais nos responsables politiques doivent faire appel à la raison, ne pas être dans l’instantané et dans l’émotionnel.

 

Que pensez-vous des mesures proposées par François Hollande ?

Deux choses sont extrêmement inquiétantes. Premièrement, le fait de dire au Parlement : « Donnez-nous un blanc-seing pour trois mois et faites-le dans les trois jours. » C’est absolument impensable dans une démocratie normale. Ce qu’il faut faire dans les trois jours suivant les attentats, c’est que la police cherche les responsables et les mette hors d’état de nuire. On peut tout à fait comprendre que, dans l’urgence, nous ayons besoin de faire des perquisitions sans prendre les formes habituelles. Mais à condition que le contrôle judiciaire revienne le plus tôt possible, et qu’il soit réel. Réfléchir aux nouveaux cadres législatifs, aux nouvelles mesures juridiques que cette situation appelle, cela nécessite du temps et du débat ! Et ce n’est pas un homme seul qui peut le décider. Rien n’empêche par exemple que le Parlement se retrouve tous les mois pour décider s’il faut poursuivre l’état d’urgence ou pas. C’est un minimum de démocratie, sur lequel le président s’est malheureusement assis.

Deuxièmement, même s’il faut évidemment attendre d’en savoir plus, le contenu des mesures annoncées est aussi inquiétant. Tout le monde sait que la déchéance de nationalité, qui est une reprise des propositions de Nicolas Sarkozy sinon de celles du Front National, n’aura aucune efficacité. C’est absolument insensé, inadmissible. Est-ce qu’on lutte contre le terrorisme en disant à des gens « vous n’êtes pas complètement Français parce que vous avez aussi une autre nationalité » ? Ou bien est-ce qu’on est en train de créer des fractures entre les « Français de souche » et les autres, pour utiliser le vocabulaire de Marine Le Pen ?

 

Réviser la Constitution n’est pas une bonne idée, selon vous ?

Le Parti socialiste au temps de François Mitterrand voulait abroger l’article 16 de la Constitution [qui donne les « pleins pouvoirs » au président de la République en période de crise], et aujourd’hui le gouvernement veut le « perfectionner » ! Réviser notre Constitution sur injonction de Daech, c’est donner aux terroristes, aux assassins, la victoire qu’ils espèrent. Le but ultime de ces assassins n’était pas de tuer des gens – c’est ce qu’ils ont fait et c’est une horreur absolue : ils ne font pas cela parce qu’ils sont fous, ils le font pour obtenir ce que nos gouvernants semblent justement vouloir préparer. C’est-à-dire ce que Bush a fait aux États-Unis, cette stupidité politique de l’intervention en Irak, qui n’a fait que créer de nouvelles horreurs, de nouveaux réseaux terroristes. Nos gouvernants n’arrivent pas à sortir de cette logique, qui est non seulement contre-productive mais aussi destructrice de ce que nous sommes. C’est ce qui m’inquiète. C’est comme si on cherchait à faciliter le recrutement de nouveaux terroristes.

Sans faire de procès d’intention a priori, ce qui a été annoncé par François Hollande cette semaine est exactement le contraire d’une réponse démocratique acceptable. Dire que nous sommes dans une situation d’exception pour une durée indéterminée – qui pourrait durer cinq, dix ans ! – c’est renoncer à ce que nous sommes. C’est faire un cadeau incroyable aux assassins. Le Premier ministre de Norvège après la tuerie effroyable d’Oslo en 2011 avait déclaré : « Bien entendu nous ne changerons rien à ce que nous sommes ». L’inverse de notre gouvernement qui dit : « Bien entendu nous allons changer ce que nous sommes ». Nous devons choisir entre la ligne de la Norvège et la ligne de George W. Bush, qui a eu les conséquences que l’on sait.

 

« Nous sommes en guerre », martèlent nos dirigeants. La réponse « guerrière » apportée par le gouvernement avec les frappes aériennes, et cette forme de surenchère verbale, est-elle au fond un signe de notre impuissance, de notre vulnérabilité ?

Les discours martiaux sur le thème « On va tous les exterminer » ne sont rien d’autre que le masque de la peur. La panique est extrêmement dangereuse. Quand nos dirigeants ne savent pas quoi faire, ils prennent une posture guerrière, relèvent le menton et bombent le torse. Cela ne trompe personne et cela détruit ce que nous voudrions au contraire préserver. Nous savons tous que cela peut recommencer, qu’il ne faut pas beaucoup de moyens pour que des personnes prennent des ceintures d’explosifs et des mitraillettes et se mettent à tirer dans la rue. Il y a effectivement une peur terrible, contre laquelle il nous faut lutter.

 

Comment pouvons-nous lutter efficacement contre le terrorisme et l’idéologie salafiste, sans fouler les principes du droit ?

Il faut bien sûr traquer ces gens et les empêcher de nuire. Mais tant qu’il y aura la même logique à l’œuvre là-bas, il y aura les mêmes conséquences ici. Nous vivons dans un monde global. Il faut se poser les vraies questions : pourquoi Daech a-t-il autant de moyens ? Pourquoi est-ce l’organisation terroriste la plus riche au monde ? On le sait : Daech vend du pétrole. À qui ? Comment fait-on pour que cela s’arrête ? Sans cela nous continuerons à faire de nouvelles lois après de nouveaux attentats, et nous n’en sortions jamais.

Deuxième question : qu’est-ce que cherche Daech ? A convaincre de plus en plus de jeunes musulmans qu’ils sont les cibles de leur propre gouvernement. On nous parle de guerre civile, mais si la réponse aux attentats est de faire la guerre contre une partie de la population française, là encore nous faisons un cadeau à Daech, en facilitant leur recrutement. Il faut éviter de tomber dans leur piège, en dressant les gens les uns contre les autres.

La réponse politique rationnelle, c’est d’une part de bloquer leur tentative de construire un climat de guerre civile en France, et d’autre part de s’attaquer aux sources de la puissance de ce réseau terroriste là-bas. Et pas avec des bombardements qui font courir le risque de tuer des civils et d’augmenter le nombre de candidats de Daech. Mais en s’attaquant au nerf de la guerre, l’argent. Également en agissant sur ce qui a poussé des milliers d’Irakiens et de Syriens à se tourner vers Daech : l’injustice et les extrêmes violences qu’ils ont subies, les morts en Irak et en Syrie du fait de la guerre civile. Tant que l’on joue les sunnites contre les chiites et réciproquement, tant que l’on soutient des gouvernements comme l’Arabie Saoudite, cela continuera. Il faut cesser de financer indirectement ce que l’on combat, soit en achetant du pétrole soit en soutenant les gens qui sont des complices.

 

Cela suffira-t-il ?

Difficile de dire ce qui suffira. Je ne supporte pas l’idée qu’il pourrait y avoir une solution miracle, qui résoudrait 100% des problèmes. Mais il faut éviter les réponses imbéciles et se précipiter tête baissée dans le piège qu’ils nous tendent.

 

Au lendemain des attentats, le secrétaire général des Républicains, Laurent Wauquiez, a déclaré vouloir placer les personnes qui font l’objet d’une « fiche S » dans des centres d’internement. Que pensez-vous des propositions qui demandent un plus grand contrôle de ces personnes ?

Qui peut vraiment vouloir mettre 10 000 personnes dans des camps en France ? Car il faut le formuler ainsi, de manière concrète, pour sortir des grandes formules qui flattent l’idée de vengeance… Qui pense vraiment que cela pourrait servir à quelque chose ? Je ne sais pas si c’est de la peur ou du cynisme… Cette fameuse « fiche S » est un objet de fantasme. Il serait idiot de ne pas s’occuper de ces personnes en train de se radicaliser ou qui fréquentent des mosquées avec des prédicateurs fondamentalistes. Mais traiter des milliers de personnes comme des ennemis, c’est à coup sûr les transformer en terroristes potentiels. Exactement ce que veut Daech.

Il faut aussi se poser la question : pourquoi des gens qui sont nés, ont grandi, ont été éduqué ici, peuvent se tourner vers cela ? Qu’est-ce que cela nous renvoie en terme de désintégration de notre société ? Que produisons-nous à travers les discriminations, l’absence de toute perspective d’intégration sociale, la misère et les ghettos ? A travers le fait qu’il n’y a plus de réponses politiques organisées, de colère politique organisée – qui puisse s’exprimer par des mots et par des actes collectifs, et non par une violence suicidaire ? Quand cela n’est plus possible, des gens sont tellement déstabilisés qu’ils deviennent littéralement fous et sont prêts à tuer et à se tuer. Bien sûr, cela nécessite une effroyable instrumentalisation par des gens au Moyen-Orient. Mais aussi un terrain ici qui rend cela possible.

Si notre réponse est uniquement policière, nous aidons ce que nous voulons combattre. La réponse ne peut pas se résumer à des procédés de surveillance. Des parcours comme celui de Mohammed Merah et d’autres, si on les avait traités en amont et pas seulement en les mettant sur une fiche, beaucoup de choses auraient pu être évitées. Il faut les surveiller mais certainement pas les mettre encore plus à l’écart de la société.

 

Les mesures de surveillance généralisée, notamment avec la Loi Renseignement votée au printemps, ont-elles montré avec ces événements leur inefficacité ?

Il y a en France une confiance aveugle dans les procédures de surveillance électronique générale. Mais nous gaspillons de l’énergie à côté de nos cibles. Nous consacrons des crédits gigantesques pour des systèmes qui analysent les communications de millions de personnes, alors que le « renseignement humain » serait probablement beaucoup plus efficace. Les communications SMS que l’on retrouve maintenant, tout comme les caméras vidéo, nous permettent de constater après-coup ce qui s’est passé. Les policiers, les services de renseignements ont besoin de pouvoir infiltrer des réseaux, c’est là qu’il faut mettre des moyens.

Le ministre des Finances allemand Wolfgang Schäuble disait que pour lutter efficacement contre le terrorisme, il fallait traiter toute la population comme des terroristes potentiels. Non seulement c’est la mort de la démocratie, mais cela ne nous mène nulle part. Mais c’est un débat que les gouvernants essaient d’interdire, en nous disant qu’on se fait le complice des assassins si on ouvre ce débat. Il me semble que c’est pourtant en refusant ce débat qu’on fait le jeu des assassins.

 

L’ancien juge anti-terroriste Marc Trévidic explique que l’échec de la lutte contre le terrorisme n’est pas un problème de législation, mais un problème de moyens. Êtes-vous d’accord ?

Je suis d’accord avec lui sur l’essentiel. A la Ligue des droits de l’Homme, nous ne sommes pas des « angélistes ». Il faut évidemment faire du travail de renseignement, nous avons besoin d’action policière en la matière et cela nécessite plus de moyens. Mais dans le cadre de l’État de droit ! Il n’y a aucune raison de se comporter comme si on était en Russie ou en Chine. Ce n’est certainement pas en disant que grâce à des ordinateurs magiques, en surveillant 60 millions de Français, nous allons repérer les communications entre terroristes. Ce n’est pas une bonne méthode. Mais les méthodes plus ciblées, plus ingrates, c’est du travail à long terme, moins visible, et donc moins porteur politiquement.

 

Ces évènements tragiques et les réactions des responsables politiques font-ils le jeu du Front National ?

C’est un dégât collatéral. Mais madame Le Pen n’a pas grand-chose à dire, une partie des Républicains fait le travail pour elle. Et le gouvernement ne formule pas d’objection explicite aux propositions les plus dingues. Sur la question d’enfermer les « fiches S » dans des camps, nous en sommes au point où c’est Nicolas Sarkozy qui répond à ses amis Laurent Wauquiez et Christian Estrosi, « je ne veux pas un nouveau Guantanamo en France » ! Manuel Valls a vaguement bredouillé qu’il fallait que tout soit conforme à l’État de droit, mais il n’a pas été capable de dire que cette proposition est inadmissible.

Mais les stratégies politiciennes derrière tout cela sont sans importance. Ce n’est pas l’essentiel par rapport à ce qui peut arriver à notre démocratie. Nous vivons une crise du politique. Pour que des gens en viennent à se faire exploser pour faire un maximum de victimes, que le seul débouché à leur colère soit la haine aveugle, il faut quand même que toute réponse rationnelle, politique et collective soit bouchée, y compris dans leur tête. Je ne crois pas à la folie collective sans explication. Il y a certainement des gens fragiles ou qui deviennent incontrôlables, mais les passages à l’acte sont aussi le signe d’une crise. Il y a une absence d’intelligence et de principes qui malheureusement est contagieuse. C’était déjà le cas pour la crise des réfugiés.

Même s’il est dramatique – mais pas nouveau – que les réponses apportées soient démagogiques et purement sécuritaires, même si ce que je dis est assez pessimiste, il faut se rappeler que nous avons vécu des événements encore plus terribles. Et que des gens ailleurs vivent des choses encore bien plus terribles. Daech frappe d’abord des musulmans et les populations de sa région. Nous avons eu à Paris un échantillon de ce que vivent des gens au Moyen-Orient depuis des années, à une échelle beaucoup plus grande. Cela ne diminue pas l’horreur de ce qui s’est passé à Paris, mais il faut prendre cela en compte, et trouver des solutions pour y mettre un terme.

Propos recueillis par Agnès Rousseaux

Photo : CC The Apex Archive

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19 novembre 2015 4 19 /11 /novembre /2015 16:57

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

La CGT s'inquiète du tout «sécuritaire» après les attaques de Paris

|  Par Mathilde Goanec

 

 

 

Alors que l’union nationale voulue par François Hollande anesthésie les discours politiques à gauche, la CGT s’est fendue mercredi 18 novembre d’un communiqué critique sur la politique menée par le gouvernement depuis les attaques à Paris. Taxé d’angélisme, Philippe Martinez, premier secrétaire de la centrale cégétiste, s’explique.

 

 

Tout d’abord, comment comprenez-vous les très rares critiques entendues depuis l’instauration de l’état d’urgence et pourquoi est-ce la CGT, un syndicat, qui tient publiquement cette position ?

Philippe Martinez. Il y a eu une déclaration commune d’un certain nombre de syndicats, mais nous sommes allés, c'est vrai, un peu plus loin dans notre analyse. Pourquoi nous ? On s’appuie sur notre vécu au travail, sur notre expérience comme syndicalistes, et c’est peut-être ce qui manque à d’autres. Le lien que nous avons avec les salariés nous oblige à considérer les questions sociales autour de ce sujet.

 

Mais vous ne vous bornez pas aux questions sociales, vous prenez aussi position sur l’intérêt ou pas d’aller mener une guerre plus affirmée en Syrie ?

Nous avons une petite expérience en la matière depuis 150 ans et l’analyse que l’on en tire, c’est qu’à chaque fois qu’on nous a dit qu’il fallait faire la guerre pour régler le problème, le problème se développe. Car quand on bombarde, on ne fait pas de différences entre les gens, ce sont des bombes qui tombent sur des femmes, des enfants, des hommes… Et après on s’étonne qu’ils fuient et quittent leur pays ! Je le dis souvent aux militants : en France aussi, pendant la Seconde Guerre mondiale, un exode a eu lieu. Donc cette position pacifiste est dans les gènes de la CGT. Nous avons toujours porté ces valeurs-là, et même si les conditions sont un peu différentes aujourd’hui, on doit être là pour les porter.

 

Et vous ne vous sentez pas trop seuls ?

Vous savez, à la CGT, on est parfois seuls mais c’est pas pour ça qu’on ne dit que des bêtises… Pour avoir un vrai débat, il faut des avis contradictoires. Sous cette notion d’union nationale, on a peut-être tendance à vouloir lisser les commentaires et les arguments. Ce n’est jamais bon pour la démocratie.

 

Sur la question des libertés, êtes-vous inquiet en tant que membre du mouvement social des restrictions possibles ?

On peut être inquiet, oui, c’est pour ça qu’on interpelle tout de suite le gouvernement. Il faut veiller à plus de sécurité et d’ailleurs on pourrait certainement se donner les moyens d’en faire encore plus, en termes d’effectifs. Y compris, je pense, pour les soignants. On a vu l’engagement des personnels de santé, qui venaient de quitter le travail et qui y sont retournés sans se poser de question. C’est vraiment ça, à mon sens, le service public, et ça méritait sans doute plus que des remerciements au moment où il y a plein de conflits à l’hôpital... Mais oui, nous avons des craintes car une politique de sécurité et une politique sécuritaire, ce n’est pas tout à fait la même chose. Il y a le risque de pouvoir par là-même bâillonner toute forme d’expression. Or les problèmes sociaux restent entiers, et exigent des mobilisations.

 

Ce qui vous inquiète, c’est qu’on ne puisse plus se rassembler ou la mise sous surveillance du corps social ?

Les deux. Il y a la surveillance individuelle, on va pouvoir bientôt écouter tout le monde, et nous avions d’ailleurs déjà critiqué la loi sur le renseignement à ce sujet. Et puis nous avons peur aussi pour les libertés collectives, le droit de se rassembler, de contester. Est-ce que les salariés d’Air France, par exemple, doivent accepter les licenciements sans réagir ? Ce sont de vraies questions.

 

Vous estimez également que pour lutter contre la radicalisation, il faut plus de social, plus de justice, plus d’égalité. C’est selon vous la raison numéro un de la dérive de certains Français vers Daech ?

Non, c’est l’une des raisons, et malheureusement, elle n’est pas évoquée. Si on ne lutte pas contre le chômage, la précarité, l’isolement et notamment des plus jeunes, si on les maintient exclus du travail, on les rejette vers des solutions qui ne sont pas les bonnes. On sait bien que même s’il y a beaucoup de choses à faire pour améliorer les entreprises, rentrer dans un collectif de travail permet des échanges, une vie en société, un enrichissement collectif. Tout ça pousse à d’autres aspirations que celles d’aller se faire exploser dans une foule au nom d’une idéologie nauséabonde. L’intégration par le travail, c’est essentiel pour nous. 

 

La CGT, comme le reste de la société, est traversée par des mouvements contradictoires. Comment la base militante perçoit-elle ce que vous venez de déclarer au sein du bureau confédéral ?

Je viens de faire une assemblée de militants ce matin dans le Doubs, on était une centaine, je n’ai pas entendu de réactions négatives à ce communiqué. Et en même temps, c’est notre rôle aussi, plutôt que de faire comme si le problème n’existait pas, de faire réagir, de planter le décor. La pire des choses, c’est que chacun reste dans son coin avec en tête quelque chose de si traumatisant. Il ne faut pas croire, même en province, même loin de Paris, c’est traumatisant. Donc il vaut mieux clairement dire ce que l’on pense et après on en discute. Ça suscite des questions, sur le racisme c’est clair qu’il y a des tensions. Mais ne pas en parler serait grave dans une organisation comme la nôtre, avec ce qu’elle pèse dans le pays. 

 

Il y a eu aussi des victimes parmi la CGT ?

Oui, une responsable d’une union locale était avec sa fille au Bataclan, et donc deux militantes de la CGT ont été tuées. Un camarade de la métallurgie également. Nous sommes touchés directement, comme beaucoup de familles.

 

Enfin sur la journée du 2 décembre, cela reste une journée d’action sociale ou le mot d’ordre a-t-il changé ?

C’est une journée d’action sociale. Après Air France, nous avions dit non à la violence sociale. Autour de cette affaire, dans tout le pays, il s’agit de continuer à plaider pour le progrès social. Nous sommes contents de constater que le pacte de stabilité pouvait être contourné, ce dogme qui paraissait si inébranlable. Eh bien, c’est le moment ou jamais : allons-y, fixons-nous des priorités. Le social en est une. 

 

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

 

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19 novembre 2015 4 19 /11 /novembre /2015 16:37

 

 

Source : http://www.reporterre.net

 

 

Dans les Vosges, l’économie circulaire fait revivre un village

18 novembre 2015 / Baptiste Giraud et Lucas Mascarello (Reporterre)
 


 

Dans un village vosgien situé en pleine campagne, l’association Minos crée une dynamique sociale autour de l’économie circulaire et de sa recyclerie. L’objectif : permettre aux gens de travailler, pour faire vivre ce territoire rural.

 

- À Monthureux-sur-Saône (Vosges), reportage

Samedi matin, 8 h, la longue rue centrale et la place du marché sont couvertes de brume. Derrière son petit stand de légumes bio, et malgré les 5 °C qu’affiche la croix verte de la pharmacie, Jean tresse un panier en osier. S’il connaît la recyclerie Minos ? « Bien sûr, j’y ai travaillé un an en contrat d’insertion, en tant qu’agent de collecte. J’ai trouvé ça super, et puis ça m’a permis de rebondir et de me lancer dans le maraîchage. » Une dame vient lui acheter quelques noix et de la salade. « C’est formidable, ce qu’ils font à Minos. C’est dynamique. Vous vous rendez compte, dans un village comme Monthureux… »

 

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En milieu de matinée, le magasin de la recyclerie fait le plein de visiteurs.

Justement, c’est aujourd’hui que se tient la vente mensuelle de la recyclerie. Nous prenons la direction de l’ancienne fabrique de fil, qui sert pour quelques mois encore de stockage et de magasin. Difficile de la rater : parking complet, des voitures stationnent au bord de la route départementale. À l’intérieur, ça fourmille. Comme si tous les habitants des alentours s’étaient donnés rendez-vous. Meubles, livres, vaisselle, électroménager, outils, fripes, jeux, et même ordinateurs : « On trouve de tout ici. Franchement, chapeau ! » s’exclame Thérèse, occupée à choisir des revues. « Vu la vie actuelle, on est content de trouver moins cher, et j’ai pas honte. » À côté d’elle, Dominique a déniché des livres sur les loisirs créatifs, un coussin à « relooker » pour offrir à Noël, et des jeux pour ses petits-enfants.

 

« Enrayer ces cercles vicieux »

Devant les trois caisses, tenues par des bénévoles, une trentaine de personnes font déjà la queue. Jacques, président de l’association et « le nez dans le guidon », tient l’une d’elles. Ce ne sont pas n’importe quelles caisses, explique-t-il : grâce à un logiciel de gestion de données, développé par l’association Cap 3C, tous les flux sont enregistrés. « J’ai voulu qu’on identifie et qu’on pèse ce qui rentre et sort. Comme ça on peut dire à ceux qui nous aident : ’’Voilà le tonnage qui n’est pas passé dans le système d’élimination des déchets’’ », explique Jacques. Ce jour-ci, la vente s’avère fructueuse : plus de 4.400 € de recette, soit 3,158 tonnes d’objets partis vers une nouvelle vie. En 2014, 80 tonnes ont été collectées, 78 % des objets ont été valorisés, et un peu plus de 40 % vendus.

C’est Raynald Magnien-Coeurdacier qui a créé l’association en 2006. Malgré sa consonance sidérurgique, la famille Coeurdacier est ancrée dans le village depuis des siècles. Né ici, Raynald est d’abord parti travailler dans le théâtre et l’audiovisuel. Avant de se reconvertir dans l’économie sociale et solidaire et de revenir habiter sa maison de famille. Puis de lancer Minos, pour « moyen d’insertion novateur pour l’organisation sociale ». Dans ans plus tard, il se fait même élire maire du village. « Mais Minos est plus utile que la mairie », confie-t-il. « Les gens s’en vont d’ici parce qu’il n’y a pas de boulot », constate Raynald. Aux confins de la Lorraine, la Champagne-Ardenne et la Franche-Comté, 960 âmes entourées d’une forêt de chênes et de quelques pâturages, à 30 km de Vittel et à 50 d’Épinal : Monthureux fait partie de ce que certains appellent l’ « hyperruralité ». Desservi par trois bus par jour seulement, le village possède le minimum de commerces nécessaires pour assurer le quotidien des 3.000 personnes qui vivent aux alentours.

 

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Raynald Magnien-Coeurdacier, maire de Monthureux-sur-Saône et fondateur de l’association Minos.

Aurélie Dupuy-Lanterne est responsable administrative et des ressources humaines à Minos. En 2014, 45 personnes ont été accompagnées. Elle connaît bien les profils des gens qui se retrouvent ici, les problèmes d’addictions, de femmes divorcées ayant peu, voire jamais, travaillé, les licenciements économiques. « Les gens se retrouvent ici parce que c’est pas cher et qu’il y a des logements sociaux. Puis, ils commencent à avoir des problèmes de voiture, de mobilité, pas d’argent pour se soigner, etc. On cherche à enrayer ces cercles vicieux. »

 

Éviter l’effet ghetto et la stigmatisation

Comment ? L’action de Minos se déploie sur trois niveaux : remobilisation sociale, chantier d’insertion et entreprise d’insertion. Le premier s’adresse aux personnes les plus en difficulté. Des ateliers (couture, cuisine, écriture) leur sont proposés afin de les faire sortir de chez eux et de retrouver un contact social. En veillant à éviter l’effet ghetto et la stigmatisation.

Certains jeudis, l’atelier cuisine prépare un repas auquel sont invités les gens du village. Parfois, un atelier d’écriture s’y mêle, raconte Raynald : le médecin ou l’artisan du coin se retrouvent à devoir faire les mêmes exercices d’écriture que les autres, se font aider, et lisent à leur tour leur production. « Les gens se demandent parfois pourquoi on y met tout cet argent public. Mais quand ils viennent voir, ils comprennent enfin l’intérêt de nos actions. »

 

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Des centaines de livres sont collectés et revendus.

Deuxième étape, les « remobilisés » peuvent postuler au chantier d’insertion que constitue la recyclerie. « En contrat d’insertion, ils travaillent 24 h par semaine. Ça laisse du temps à côté pour faire les démarches administratives. Et leur salaire est juste au-dessus du seuil de pauvreté, c’est important », explique Aurélie.

Le travail à la recyclerie se décompose en trois parties : la collecte des objets, chez des gens ou en déchetterie, mais à moins de 30 km à la ronde pour ne pas émettre trop de CO2 ; le tri et la valorisation de ce qui a été récupéré ; la mise en rayon dans le magasin et la vente. Pour Jacques, le président, « c’est quasiment l’outil idéal, car il n’y a pas besoin de techniciens. Ça les oblige à se lever le matin, et ça leur permet de répondre quelque chose quand on leur demande ce qu’ils font ». Les contrats durent un an maximum, le temps de construire un projet professionnel. Aurélie travaille avec une psychologue : « On les aide à trouver des formations, à comprendre comment ça marche. Et puis on cherche surtout à les rendre autonomes. »

Objectif particulièrement réussi pour Hervé. Après une année en insertion à la recyclerie, sa connaissance du travail et son investissement étaient tels que la direction lui proposa un CDI de responsable. Depuis, c’est lui qui encadre la petite dizaine d’ouvriers. « Je ne suis pas éducateur, mais j’essaie de faire en sorte qu’il y ait une vie de groupe », confirme l’intéressé. Son envie s’entend quand il évoque les possibilités d’évolution de l’activité : « Avec le gisement qu’on a, vous imaginez tout ce qu’on pourrait faire… »

 

Jouer le rôle d’« incubateur »

Dernier niveau, en place depuis cet été : une entreprise d’insertion qui produit des petits cubes en bois. Ils servent à faire vieillir le vin dans des cuves en -Inox. Cette fois, les salariés travaillent 35 h par semaine, ont des tâches plus techniques et des objectifs de production. Sans oublier l’importance de la quarantaine de bénévoles actifs, « force d’amorçage » de l’association, indispensables au bon déroulement de chaque vente et des ateliers. Récup’art, l’un de ces ateliers, donne un exemple de réutilisation des rebuts. « Ça marche très, très bien. Surtout avec les gamins, ils ont une créativité terrible », s’enthousiasme Hervé.

 

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Julien Beme (à gauche), en contrat d’insertion, et Françis Malagié, bénévole trésorier de l’association, trient les cubes de bois destinés aux cuves de vinification.

« On ne veut pas juste être une forêt et un lieu où les gens viennent fleurir la tombe et se balader à la Toussaint. On veut redonner de l’espoir aux habitants. Notre coin a un avenir ! soutient le maire, aujourd’hui directeur de Minos. Et si on veut que des endroits ruraux comme les nôtres existent, il faut que l’économie et les emplois marchent. Donc il faut inventer un système économique. » Tout en veillant à prendre soin de l’ « écosystème social », comme il l’appelle. « Des petites vieilles qui n’ont pas de bagnole, leurs enfants viennent pour la vente et passent les prendre en passant », raconte Jacques. « Et même les services sociaux donnent des bons d’achat pour Minos aux gens dans le besoin. Avec 200€, ils récupèrent tout ce qu’il faut pour aménager leur maison », ajoute Raynald...

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : http://www.reporterre.net

 

 

 

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