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La réécriture d'une partie du texte par le gouvernement n'a pas suffi : des étudiants et lycéens, mais aussi des travailleurs de toute la France se sont mobilisés ce jeudi contre le projet de réforme du code du travail de la ministre Myriam El Khomri. Ils étaient de 69 000 selon la police à 150 000 selon l'Unef. Libération suit les assemblées générales, blocages et autres manifestations en direct.
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Loi travail.
Aux dernières nouvelles, selon notre journaliste Sylvain Mouillard, de nombreux policiers et manifestants se sont dispersés à Tolbiac, après les violences que nous avons relatées ci-dessous. Nous terminons ce direct ici, et reviendrons certainement sur ces événement.
Vous pouvez retrouver ici un diaporama de ces manifestations (photo Martin Colombet. Hans Lucas pour Libération).
Loi travail.
Notre journaliste Sylvain Mouillard, sur place à Tolbiac, rapporte qu'il y avait des visages en sang, des gens traînés par terre, lors des charges policières contre les étudiants. Les gens qui voulaient sortir du site devaient le faire à visage découvert et étaient filmés par la police. A 19 heures, plusieurs centaines de personnes étaient toujours présentes aux abords de l'université.
Loi travail.
Un point sur la situation à Tolbiac, université parisienne : après avoir brièvement occupé en fin de journée un amphithéâtre de la faculté pour y faire une AG, des étudiants ont été évacués par les forces de l'ordre et «certains se sont faits taper dessus», assure l'un d'eux.
Contacté par Libération, le ministère de l'Education explique que «l'université est fermée depuis ce matin, et que des personnes se sont introduites par la force à l'intérieur, causant des dégradations. Le président de l'université a sollicité le recteur pour obtenir une protection des locaux. Et en accord avec le ministère, il a été demandé aux forces de l'ordre d'intervenir pour faire cesser les dégradations.» Plusieurs personnes ont été interpellées.
Loi travail.
Depuis Tolbiac également, une photo de Martin Colombet pour Libération.
Loi travail.
Notre journaliste Sylvain Mouillard à l'université de Tolbiac, à Paris.
Loi travail.
A Strasbourg, Noémie Rousseau a recueilli les propos de Pascale Fogel, infirmière au bloc opératoire, 40 ans (photo Pascal Bastien pour Libération) :
«Ce projet de loi travail, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Comme tous les gens de gauche, je suis perdue, je ne comprends pas ce que fait ce gouvernement depuis le début du quinquennat. Avant de s'en prendre au code du travail, il y a eu l'ANI, le pacte de responsabilité, le curseur se déplace toujours plus à droite, dans le sens de la flexibilité, jamais de la sécurité. En 2012, Hollande déclarait la guerre à la finance et dans la foulée, il a fait une politique qui va dans le sens des banquiers et des patrons. Forcément, on se sent trahis. Aujourd'hui, nous en sommes à nous battre pour défendre le modèle social français, la République, la sécurité sociale, la solidarité... Bref, l'héritage du conseil national de la Résistance. Comme le disait le philosophe Michel Clouscard, nous sommes dans "un monde où tout est permis mais rien n'est possible". On nous dit d'acheter notre bonheur mais, en fait, on n'a pas les moyens ! Je travaille à l'hôpital, je vis l'austérité au quotidien, les fermetures de lits, les restrictions budgétaires... La vraie politique de gauche, l'alternative au gouvernement actuel, où est-ce qu'on va la trouver désormais ? Et comment la faire arriver au pouvoir ? J'ai vraiment peur que ce ras-le-bol général s'exprime par un vote FN massif en 2017, par une Marine Le Pen au deuxième tour.»
Loi travail.
A l'université de Tolbiac à Paris, où des manifestants se sont rendus après la dispersion du cortège place d'Italie, notre journaliste Sylvain Mouillard rapporte que ça chauffe avec la police.
Loi travail.
Et tant qu'on est dans le comptage, il y a eu 69 000 manifestants en tout selon les autorités (contre 150 000 annoncés par l'Unef).
Loi travail.
Notre journaliste Luc Peillon ne veut pas relancer la bataille du comptage, mais quand même.
Loi travail.
Selon l'Unef, premier syndicat étudiant de France, 150 000 jeunes ont défilé aujourd'hui pour le retrait de la loi travail, contre 100 000 le 9 mars. «La mobilisation a pris de l'ampleur par rapport au 9 mars», a ainsi estimé l'Unef dans un communiqué, évoquant 12 000 manifestants à Rennes, 10 000 à Lyon ou 6 000 à Toulouse, sans donner de chiffre pour Paris.
Les jeunes ont «clairement répondu aux dernières annonces du Premier ministre: le bricolage du gouvernement ne les a pas convaincus», a estimé l'organisation étudiante, pour laquelle «il est plus que jamais nécessaire de retirer le projet de loi pour entamer de réelles concertations autour des revendications des jeunes».
Loi travail.
Selon la préfecture de police, il y avait environ 9 000 manifestants aujourd'hui contre la loi travail à Paris (contre au moins 30 000 la semaine dernière, mais avec l'appui des syndicats).
Verbatims.
Noémie Rousseau a recueilli les propos de Ludovic Zussy, 22 ans, étudiant en Master d'histoire à Strasbourg :
«On ne nous demande jamais notre avis et pourtant, c'est de notre avenir qu'il s'agit, c'est nous qui sommes visés par cette loi, nous les futurs travailleurs. Maintenant, avec les modifications faites par Valls, cette réforme El Khomri ne plaît plus à personne, même plus au Medef ! Alors, autant la retirer. Moi, j'ai voté Hollande et j'ai pas voté pour ça. Il se fout de notre gueule, en fait. Finalement, si j'avais glissé dans l'urne un bulletin Sarko, on l'aurait peut-être pas eue cette réforme, il aurait pas osé. Je manifeste parce que je me sens trahi et dépossédé. Cela ne veut plus rien dire être de gauche aujourd'hui. Si Valls et Macron sont de gauche, avec les crasses qu'ils nous font, alors pourquoi pas Copé ? Les vieux militants de gauche ne doivent plus savoir où se mettre. Ils doivent être complètement paumés, les pauvres. Moi, ça va, cela fait pas longtemps que je vote. Mais j'ai bien saisi qu'on élisait des mecs interchangeables qui ne servaient à rien. En fait, j'ai été trop naïf, je n'aurais pas dû croire aux paroles politiques.»
(Photo Pascal Bastien pour Libération)
Loi travail.
A Paris, la place d'Italie, destination du cortège contre la loi travail, commence à se vider de ses manifestants.
Loi travail.
Une lycéenne de 18 ans a été légèrement blessée lors d'une intervention des CRS au cours de la manifestation à Strasbourg contre la loi travail, rapporte l'AFP. Lorsqu'ils ont brièvement tenté de bloquer les marches d'accès à la faculté de droit aux cris de «La faculté est à nous», les jeunes manifestants ont été délogés par un cordon de CRS.
A cette occasion, une lycéenne a été légèrement blessée, saignant à la tête. Entre 1 200 personnes selon la police, et 1 500, selon les organisateurs, ont défilé dans les rues du centre de la capitale alsacienne.
Bonheur.
On avait raté ce matin ce tweet lénifiant du Medef, qui ne veut, sachez-le bien, que votre bonheur, grâce à des relations sociales «dépolitisées».
Paris.
De notre journaliste Marie Piquemal, dans le cortège parisien :
Justine, 20 ans, se balade avec sa pancarte «le mot magique: merci patron !» Elle l'utilise comme pare-soleil cet après midi. «Je me la suis fait refourguer en arrivant.» Nino, à ses cotes, est dégoûté: «Je voulais venir avec une pancarte contre l'arrivée de la pub commerciale sur les antennes de Radio France. Et puis, pas eu le temps de la faire...»
Etudiant en L3 a Paris 1 avec Justine, il est venu pour exprimer son opposition contre la loi travail («la nouvelle version, toujours pas, désolé») mais aussi pour exprimer sa déception envers ce gouvernement. «Qu'ils démissionnent tous, Hollande compris. Ce qu'ils font, ça ne va pas. Et tout ce qu'ils ne font pas, non plus. Incapables de tenter des politiques de relance un peu nouvelles, un peu originales...» Tout en parlant, il quitte son manteau. Il fait vraiment beau.
Rennes.
Interrogé par BFM TV, Ivan, un étudiant de Rennes II, estime que le gouvernement n'est «revenu sur rien du tout» (de réellement significatif, comprend-on) en réécrivant une partie du projet de réforme du code du travail, d'où la poursuite de la mobilisation. Et puis «au bout d'une semaine de lutte ils ont déjà enlevé tout ça, donc au bout de trois semaines, y a plus rien».
Dans la ville bretonne, les manifestants ont un mot d'ordre : pas de négociation, juste le retrait du texte.
Mauvaise foi.
Comme chacun sait, les lycéens n'entreront jamais sur le marché du travail.
Paris.
Notre photographe Martin Colombet continue de couvrir la mobilisation parisienne contre la réforme du code du travail dans un direct tout en images. Ici, des manifestants sur la place de la République.
Paris.
A Paris, le cortège avance tranquillement le long du boulevard du Temple. Il n'y a pas une folle ambiance, affirme Marie Piquemal, notre journaliste sur place. Les sonos de la CGT et de Sud font le boulot, mais les rangs sont bien moins fournis que la semaine dernière. On croise des étudiants, des lycéens mais pas que : salariés, chômeurs et retraités sont là aussi.
Lyon.
Notre journaliste Maïté Darnault se trouve parmi les manifestants de Lyon.
Paris.
Instantané de manif', ce 17 mars.
Paris.
Notre journaliste Marie Piquemal, qui se trouve place de la République à Paris avec les manifestants contre la loi travail, interviewe le vendeur de merguez (on n'y pense pas assez) : selon lui, «les manifestations de jeunes ne sont pas les mieux car ils n'ont pas beaucoup d'argent». Lui vend ses sandwichs merguez ou ses brochettes au prix de 5 euros, ce qui lui fait un chiffre d'affaire d'environ 300 euros par manif'. Son meilleur souvenir : «Le soir de l'élection de Hollande. Les gens ont beaucoup mangé».
Ils lâchent rien.
Plusieurs milliers de personnes, en grande majorité des étudiants, qui manifestaient contre la loi travail, ont envahi la gare de Rennes peu avant 13 heures, et plusieurs centaines d'entre eux sont descendues sur les voies, entraînant l'interruption du trafic. Trafic et courant électrique ont aussitôt été coupés, a indiqué un porte-parole de la SNCF. Le gros de la manifestation a commencé à quitter les lieux peu avant 13h30 mais des dizaines de manifestants demeurent sur les voies et les quais.
Chiffres.
Selon le ministère de l'Education nationale, 115 lycées sont bloqués, contre 90 la semaine dernière. Les organisations lycéennes parlent, elles, de 120 à 200 établissements. Il y a 2 500 lycées publics en France.
Indemnités prud'homales.
Charlotte, manifestante interrogée par l'Obs, estime que les modifications apportées par le gouvernement à la question des indemnités prud'homales ne résolvent rien : «On est passés d'un barème précis à un barème indicatif, mais ça reste quand même un barème qui est là. On essaye toujours de nous faire croire que c'est en pouvant licencier plus facilement que les patrons embaucheront plus [...] C'est dégradant pour les salariés de se dire qu'un patron se dit "si je peux le licencier plus facilement, je vais l'embaucher plus facilement". Ça me semble assez choquant.»
La limitation des indemnités accordées par les prud'hommes en cas de licenciement abusif était l'une des dispositions les plus décriées. Le barème plafonnait les indemnités à trois mois de salaire pour les personnes avec moins de deux ans de présence dans l'entreprise, et à quinze mois maximum pour celles ayant plus de vingt années d'ancienneté. Dans la nouvelle version du texte, le barème est maintenu, mais n'est plus qu'indicatif. Le juge pourra donc continuer à accorder des indemnités à hauteur du préjudice réellement subi.
Appel.
Europe Ecologie Les Verts appelle à manifester, en dépit de la réécriture d'une partie du texte. «Les inflexions proposées par le gouvernement sur la loi El Khomri ne sauraient corriger l'axe général du projet de loi travail. En lieu et place d'une flexisécurité, cette nouvelle mouture ne propose qu'une flexibilité aggravée pour les salariés, écrivent dans un communiqué les porte-parole d'EE-LV, Julien Bayou et Sandrine Rousseau. Une autre réforme du droit du travail est possible et souhaitable, pour réellement sortir la France et les Français du chômage de masse. Au cahier des charges du Medef, les écologistes préfèrent une logique de progrès social et de vivre-mieux par la réduction du temps de travail [...], la création d'un million d'emplois par la transition écologique et des droits supplémentaires à la formation tout au long de la vie.»
Les anti.
Classique discours dès que des jeunes manifestent : ils pigent que dalle, ils veulent juste sécher les cours.
Tribune.
Le code du travail Dalloz 2016, 67 euros, sort le 30 mars. Il fait 3 809 pages et est en outre «commenté en ligne». A quoi il faut ajouter les conventions collectives. Bref, c'est un bon pavetard. Or, si ce n'est pas le conséquent nombre de pages du code du travail qui détermine notre taux de chômage, il contribue quand même à une certaine opacité, estime Olivier Postel-Vinay, fondateur et directeur du magazine Books, dans une tribune publiée sur notre site.
Nantes, Marseille, Tours.
Dix lycées ont été bloqués à Nantes, selon la police. Des pompiers sont intervenus pour éteindre des feux de poubelles devant un établissement du nord de la ville.
A Marseille, des centaines de lycéens se sont rassemblé devant la préfecture dans une ambiance festive, tandis qu'à Tours, la manifestation se déroulait dans la matinée avec 3 000 à 4 000 personnes, selon un journaliste de l'AFP, dont les trois quarts de jeunes.
Clermont-Ferrand.
Selon la préfecture du Puy-de-Drôme, citée par France Bleu Auvergne, il y a 2 300 manifestants dans les rues de Clermont-Ferrand.
Rappel.
Alors que des milliers de lycéens et étudiants sont en ce moment en train de se mobiliser un peu partout en France contre le projet de réforme du code du travail, ce serait peut-être pas mal de rappeler ce que contient le texte depuis que le gouvernement a consenti à le modifier. Plafonnement des indemnités prud'homales, pouvoir unilatéral de l'employeur, référendum, licenciement économique... On a fait un récap' ici.
(Photo Laurent Troude pour Libération)
Sorbonne.
Selon notre journaliste Sylvain Mouillard, qui se trouve devant la Sorbonne, une AG a été improvisée après que les directions de la Sorbonne et de Tolbiac, deux facs parisiennes, ont décidé de fermer les établissements. Certains étudiants proposent d'aller débrayer les facs alentour pour «massifier» le mouvement.
Les étudiants pensent que l'administration a décidé de «casser le mouvement» en empêchant les élèves d'entrer dans la fac.
Châlons-en-Champagne.
L'indémodable «si tu savais ta réforme où on s'la met» est entonné à Châlons-en-Champagne par des lycéens, à l'attention bien sûr de Myriam El Khomri. Comme l'indique le journal l'Union, ils sont environ 150 à s'être rassemblés ce matin devant le lycée Pierre-Bayen pour prendre la direction de la préfecture.
(cliquez sur l'image pour voir la vidéo)
Sorbonne.
«Non non non à cette réforme bidon !» crient des lycéens parisiens venus rejoindre les étudiants de la Sorbonne. L'université a été fermée ce matin. Une assemblée générale a été organisée à l'extérieur, sur la place.
(cliquez sur l'image pour voir la vidéo)
Libé des écrivains.
Tout le journal d'aujourd'hui a été rédigé par des écrivains. Au sujet de la loi travail, Antoine Billot écrit qu'en amendant le texte, le gouvernement réussit son coup : il s'est épargné de vraies négociations et donne l'impression d'avoir entendu la rue et les syndicats. Retrouvez son article ici.
(Photo Martin Colombet. Hans Lucas pour Libération)
Lyon.
Les deux principaux campus de l'université Lumière-Lyon II sont fermés aujourd'hui en raison du blocage du campus de Bron par des étudiants opposés à la loi travail.
A Lyon, la manifestation contre le projet de loi de Myriam El Khomri partira à 13 heures de la place Bellecour.
Direct photo.
Toute la journée, notre photographe Martin Colombet suit la mobilisation parisienne contre la loi travail. Il alimente un direct photo que vous pouvez regarder ici.
Mobilisation loi travail.
Notre journaliste Célian Macé continue sa tournée des lycées parisiens qui semblent plus mobilisés que la semaine dernière «sans doute à cause du beau temps», selon un gréviste.
Blocages.
Selon l'Union nationale lycéenne (UNL), une trentaine de lycées parisiens, sur les 188 que compte l'académie, sont «perturbés». Parmi eux, une quinzaine sont totalement bloqués. Une source policière dénombre, elle, sept lycées totalement bloqués sur l'agglomération parisienne : cinq à Paris et deux en Seine-Saint-Denis.
Des chiffres nationaux seront annoncés à la mi-journée.
Loi travail.
Ce journaliste d'iTélé signale que des élèves de l'ancien lycée de Manuel Valls, dans le IVe arrondissement de Paris, ne sont pas ravis-ravis par le projet de loi.
Mobilisation loi travail.
Dans le XIIe arrondissement de Paris, des lycéens, très motivés, ont mis en place un barrage de poubelles à l'entrée de leur établissement. Le lycée Arago n'était pas du tout bloqué la semaine dernière.
Mobilisation loi travail.
Notre journaliste Célian Macé fait le tour des lycées dans le XXe arrondissement de Paris pour la deuxième journée de mobilisation contre la loi travail.
Mobilisation loi travail.
Notre journaliste Célian Macé est devant le lycée Hélène Boucher dans le XXe arrondissement de Paris pour la deuxième journée de mobilisation contre la loi travail. Dans ce lycée, une centaine de jeunes ont mis en place un barrage filtrant. Seuls les collégiens et les professeurs sont autorisés à passer.
A Paris, le cortège partira à 13h30 de la place de la République pour rallier la place d'Italie, en passant par Bastille.