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6 avril 2016 3 06 /04 /avril /2016 14:32

 

Source : http://rue89.nouvelobs.com

 

 

Gare aux trolls
Devenir community manager de #NuitDebout en 5 leçons

 

Pas facile de parler au nom d’un mouvement qui se veut horizontal. Deux des animateurs des réseaux sociaux de #NuitDebout nous racontent comment ils font.

 

 

 

Près de 350 tweets ou retweets par jour. C’est ce qu’a publié le compte Twitter @NuitDebout depuis sa création le jeudi 31 mars. L’animation des réseaux sociaux du mouvement #NuitDebout n’a rien à envier à une boîte spécialisée dans les « social media ». Le nombre d’abonnés suit : ils sont aujourd’hui plus de 17 000 internautes à suivre #NuitDebout sur Twitter et près de 34 000 sur Facebook.

Aux manettes : une dizaine de personnes qui constituent le pole « media center ». Parmi eux, N. et C., un homme et une femme qui souhaitent rester anonymes. Dans la vie, elle est community manager, lui refuse de se définir autrement que comme un militant. On leur a demandé quelles règles ils devaient suivre pour représenter #NuitDebout sur les réseaux sociaux.

 
 

1 Accepter de ne pas être au cœur de l’action

 

S’occuper des réseaux sociaux, ça nécessite une bonne connexion wifi et des ordinateurs. L’utilisation d’outils comme Tweetdeck est indispensable et ne peut être réalisée efficacement sur des smartphones. Les militants qui s’occupent des réseaux sociaux pour l’occupation de la place de la République sont paradoxalement peu sur place.

« Nous changeons d’endroits régulièrement. Les cafés autour de la place nous foutent souvent dehors parce qu’on a bu deux bières en huit heures. »

Pour se stabiliser, ils font des appels à solidarité sur Twitter et trouvent refuge chez des particuliers. Cela rappelle le mouvement #PorteOuverte au soir des attentats du 13 Novembre.

« C’est très enthousiasmant de relayer ce qui se passe sur les réseaux sociaux mais c’est aussi très frustrant de ne pas être physiquement présent. Donc là, on va faire un petit tour, puis une petite sieste. »

 

Quelqu'un peut héberger le media center près de ?
6-8 personnes qui ont besoin de wifi et prises.
RT svp !

 

2 Ne pas parler au nom d’une personne en particulier

 

Sur le Twitter de @NuitDebout, vous verrez beaucoup de retweets.

 

Ils diffusent peu de contenus propres. Leur Twitter ressemble à un agrégateur :

« Nous sommes plutôt un facilitateur d’informations qu’un émetteur. On relaie les informations, parfois certes en les synthétisant, mais nous sommes d’avantage une solution technique pour que le mouvement touche tout le monde, et pas seulement ceux présents sur la place. »

C’est un paradoxe assez intéressant : comment parler d’une voix quand on représente un mouvement qui veut représenter le plus de voix possibles ?

« Nous nous collons uniquement à ce qu’il est dit lors des assemblées générales et nous essayons de raconter l’histoire positive du mouvement. »

D’ailleurs, N. et C. refusent de se mettre en avant :

« Nous souhaitons faire profil bas pour plusieurs raisons :

  • nous gérons de nombreuses données, notamment des adresses mail et ne souhaitons pas exposer un risque à ces données en communiquant qui les détient ;
  • nous travaillons chez des personnes qui nous ont ouvert leurs portes et ne souhaitons pas les exposer ;
  • enfin, #NuitDebout est un mouvement horizontal, nous ne souhaitons pas de personnalisation. »
 
 

3 S’inspirer de ce qui a été fait ailleurs

 

Au sein des rassemblements, certains gestes reviennent, comme ceux pour signifier son accord ou son opposition.

 

 

 

 

Ces gestes sont hérités des mouvements sociaux qui ont soulevé plusieurs places parmi lesquelles la Puerta del sol, en Espagne.

De ces mêmes manifestations, des bonnes pratiques pour communiquer sur les réseaux sociaux ont émergé.

« Le plus grand héritage qu’on a hérité des mouvements des indignés en Espagne, par exemple, c’est l’utilisation de l’application Bambuser. »

 

http://bambuser.com/channel/nuitdebout

 

Cette application permet de streamer en live, à l’instar de Periscope, mais avec une accessibilité beaucoup plus facile (pas besoin de créer un compte par exemple).

« On a vu que les Espagnols utilisaient ça durant leurs manifestations. On a trouve un tuto en espagnol et on l’a traduit en français. Avec ce genre d’outils, personne ne peut plus dire qu’il ne se passe rien s’il se passe quelque chose, et inversement. »

 
 

4 Ne pas décourager les initiatives

 

Un tour sur Twitter montre qu’il existe de nombreux comptes #NuitDebout, avec des variantes, telles que @NuitDeboutLyon, @NuitDebout44 ou encore @NuitDeboutLille. Ce sont des initiatives locales. C. explique :

« Le mot d’ordre, c’est : “N’attendez pas les consignes ; si vous avez envie de vous lancer, lancez-vous.” Nous intervenons ensuite en partageant leur message sur notre compte pour leur apporter une plus grande visibilité. Nous mettons ensuite les gens en contact entre eux pour qu’ils puissent s’organiser localement. »

Une fois la connexion établie, chaque localité essaie de partager ses ressources entre les différents mouvements :

« Si Lyon a réalisé un tract que nous apprécions particulièrement, nous leur demandons de partager le fichier de création pour qu’il soit accessible par tous. L’idée, c’est vraiment de faire naître un réseau de distribués. »

 

Avant même les événements du jeudi 31 mars, plusieurs personnes qui allaient intégrer le media center s’étaient réunies, parmi lesquelles N. et C. Ils ne se sont pas rassemblés « spontanément » mais sur la base d’associations déjà militantes qui préparaient la manif du 31 mars.

« A partir du jeudi, nous étions déjà une dizaine de personnes à travailler ensemble, une équipe mixte. »

Les premiers à intégrer le pôle sont des community managers : l’animation des réseaux sociaux est leur métier. Mais d’autres bonnes volontés ont accouru et il a fallu les former. Et parfois revenir aux bases :

« Des choses qui semblent logiques pour ceux qui travaillent sur le Web ne le sont pas forcément. Par exemple, l’une des bonnes pratiques qu’il nous est arrivé d’enseigner, c’est de ne pas écrire en majuscule. »

Une autre constante du métier de community manager : gérer les trolls. Là-dessus, N. et C. respectent l’adage « Don’t feed the troll » (ne nourris pas les trolls) :

« Soit on les ignore, soit on leur répond de façon cordiale, soit on fait des blagues. Honnêtement, je pensais qu’on aurait bien plus de trolls que ça. »

 

 

Source : http://rue89.nouvelobs.com

 

 

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6 avril 2016 3 06 /04 /avril /2016 14:05

 

Source : http://rue89.nouvelobs.com

 

 

Arrêt sur images
Un ex-cadre de France Télé dans les « Panama papers » : Elise Lucet monte au front

Les journalistes de « Cash Investigation » ont tenté d’interviewer l’ancien patron tout-puissant Philippe Santini, dont le nom figure dans les « Panama papers ».

 
 

Tout de même, on donnerait cher pour voir en direct la tête d’un journaliste, quand il apprend que le nom de son patron, ou de son actionnaire, ou d’un dirigeant de son groupe, figure dans les « Panama papers », dans la longue liste des clients des avocats optimisateurs panaméens.

Ne rien dire  ? Etouffer  ? Impossible. Il va donc falloir aborder le sujet. Mais comment  ? Le plus discrètement possible, et si possible en s’insurgeant au nom de la présomption d’innocence, comme le brave Olivier Truchot, interrogeant un journaliste du Monde, sur BFMTV, à propos de Patrick Drahi.

Il a raison, Truchot. Ce n’est pas bien de « jeter des noms en pâture », tant que l’on ne sait pas si on est dans la fraude pure et simple ou dans l’optimisation, ni quel est le degré exact de proximité des « proches » impliqués.

« Notre diffuseur adoré »

Encore faut-il s’appliquer à le savoir, et on ne doute pas que les médias Drahi (BFM Business, L’Express, Libération) vont être les premiers à chercher à confirmer ou infirmer ce quaffirme ce mercredi matin Mediapart, à savoir :

« Désormais, c’est donc bel et bien une coquille financière de Guernesey (Next Limited Partnership Inc, NDR), qui contrôle Altice IV SA, laquelle contrôle Altice Media Group, laquelle contrôle Altice Media France, laquelle contrôle… L’Express, Libération et bientôt NextRadioTV, avec ses titres BFM, BFM Business et RMC. »

Des qui n’ont pas reculé, ce sont les journalistes de « Cash Investigation », quand ils ont découvert dans la liste le nom de l’ancien patron tout-puissant de France Télévisions Publicité, Philippe Santini. « Un autre homme à côté duquel on ne pouvait pas passer  : Philippe Santini, un ancien haut cadre de France Télévisions, notre diffuseur adoré », lance le commentaire (à partir de 38’ 20’’).

Le silence de Santini

Des années durant, Santini a dirigé la régie publicitaire du groupe. Et voici qu’on apprend qu’il a fondé, en 2005, Araph Ltd, basée aux Samoa, en Polynésie, société destinée à détenir un compte bancaire en Suisse. « Cash » l’appelle. « Inconnu pour moi au bataillon », lâche Santini au téléphone, avant de se murer dans le silence.

 

Philippe Santini refuse de répondre aux questions de la journaliste Elise Lucet

Philippe Santini refuse de répondre aux questions de la journaliste Elise Lucet - Capture d’écran du « Cash Investigation » du mardi 5 avril
 

Ni une ni deux, Lucet enfile son imper, et va l’attendre devant les bureaux de la société de coaching pour dirigeants d’entreprise, qu’il a fondée après son départ de France Télévisions. Peine perdue. L’ancien boss ne lâche pas un mot. « Je refuse que mon image soit utilisée, en vertu de mon droit à l’image » grommelle-t-il en s’engouffrant, col relevé, dans l’immeuble de ses bureaux. Lucet, à l’homme qui s’éloigne  :

« Est-ce que l’argent provient de votre travail à France Télévisions  ? »

« Apparemment, Philippe Santini n’aime pas la publicité » conclut le commentaire, implacable.

Un courage limité

Comme tous les noms, l’apparition du nom de Santini pose davantage de questions qu’elle n’apporte de réponses. Pourquoi une société à Samoa  ? se demande le quotidien suisse 24 Heures, qui a co-enquêté avec « Cash ».

« Besoin légitime de confidentialité pour une affaire familiale ? Optimisation fiscale ? Ou l’inimaginable ? Des hauts responsables d’entreprises publiques comme lui sont exposés à des tentatives de corruption. »

Le courage de « Cash », en la matière, est limité  : Santini a dirigé la régie de France Télévisions entre 1997 et 2012. Il en est parti depuis quatre ans. La direction du groupe a changé dans l’intervalle.

Ne portant aucune responsabilité dans d’éventuelles malversations, la direction actuelle du groupe n’avait aucune raison d’être gênée par la mise en cause de Santini. Reste maintenant à observer les suites internes qu’elle va donner à l’affaire.

 
Initialement publié sur Arretsurimages.net
http://www.arretsurimages.net
 
 
 
Source : http://rue89.nouvelobs.com
 
 
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5 avril 2016 2 05 /04 /avril /2016 16:20

 

Source : http://reporterre.net

 

 

La Nuit debout : de plus en plus de monde pour inventer la démocratie

4 avril 2016 / Marie Astier et Hervé Kempf (Reporterre)
 

 

 

 

« Dimanche 34 mars », place de la République à Paris. Ici, depuis le jeudi 31 mars, un nouveau temps a commencé. Depuis trois nuits, et trois jours, quelques milliers d’utopistes dorment, débattent, s’organisent et se relaient pour penser et porter un autre monde.

 

- Paris, reportage

L’occupation de la place a été lancée à la suite de la manifestation contre la loi Travail — la loi El Khomri. Malgré la pluie, ce soir là, près de 4.000 manifestants sont restés réunis pour la première « Nuit debout ». Certains dorment sur place. Chaque matin à l’aube, les policiers viennent évacuer les lieux. Chaque après-midi, les tentes sont remontées, les scènes reconstruites, le matériel réinstallé, les bâches retendues. Et chaque jour, les participants sont un peu plus nombreux.

Ce dimanche 3 avril, le soleil a enfin montré ses rayons, rappelant que le printemps est là, prêt à accompagner ce mouvement de renouveau. Au dessus de quelques palettes qui ont permis de monter un guichet, une banderole « Accueil » appelle le visiteur. Ici, chacun fait la queue pour proposer de participer à la commission Démocratie, Restauration (pour les repas), Sérénité (pour assurer la sûreté des lieux), Logistique ou encore Communication. L’organisation s’inspire notamment de celle des Indignés espagnols.

 

 

Entre les deux allées de tentes, un grand cercle s’est formé autour du premier cour de sociologie de l’université populaire. Sous une bâche, la commission Démocratie se demande comment s’organiser sans hiérarchies. Plus loin, au pied de la statue de la République, la commission Communication parle réseaux sociaux.

 

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Comment s’organiser sans hiérarchie ?

Le mot d’ordre de tous, c’est la « convergence des luttes », mais sinon, il n’y a pas de revendications communes encore bien définies. L’idée générale est de « repenser le système ». Florient porte un petit carré rouge sur le blouson : « Certains essayent de lancer ça comme signe de ralliement, comme pour la mobilisation au Canada. Ce qui me plairait c’est que les gens se rendent compte qu’on ne vit pas dans une démocratie aujourd’hui, que la constitution ne défend que certaines personnes. »

 

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Florient : « Ce qui me plairait, c’est que les gens se rendent compte qu’on ne vit pas en démocratie »

Marine, elle, « a été touchée par la mobilisation du collectif #OnVautMieuxQueÇa », qui a lancé la mobilisation contre la loi Travail. La jeune prof revient sur la place tous les jours depuis jeudi : « J’ai surtout aimé l’idée qu’on diseOK, c’est bien de s’opposer mais maintenant si on se rassemblait tous et qu’on discutait de ce que l’on a envie de créer ensemble’  ? »

« On est gouverné par une élite, le but, c’est de remettre en cause le système qui nous gouverne », complète Thomas. Ce grand barbu a, par exemple, participé à la commission Logistique. « Ce qui m’a plu, c’est que ça a donné quelque chose de cohérent sans qu’on ait besoin d’une organisation verticale », raconte-t-il. Dans le même groupe d’amis, Marion confirme : « Je crois qu’il y a un ras-le-bol général, je crois que les gens en ont vraiment marre de la façon dont on est gouvernés. Il y a des gens, je crois qu’ils ne savent même pas pourquoi ils sont là, mais ça leur fait du bien, ils ont juste besoin que ça change. »

 

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Anthony, Marion, Marine, Thomas : « C’est bien de s’opposer. Mais si on discutait de ce qu’on a envie de faire ensemble ? »

C’est finalement un peu le cas d’Anthony, toujours dans le même groupe d’amis. « Cela fait plusieurs mois et même années, que j’ai l’impression qu’il y a un réel problème de démocratie, que nos politiques ne représentent plus ce qu’il se passe sur le terrain, explique-t-il. Cela m’énerve beaucoup et ici, je peux échanger avec les gens, pour essayer de faire avancer les choses. Pour cela je reviendrai demain, et mardi, et mercredi, et au-delà. »

Pour Jocelyn, qui est venu tous les jours depuis le début, l’essentiel est... de parler, que tout le monde se parle :

- Ecouter Jocelyn :

 
 
 
 
 

18 heures, c’est l’heure de l’assemblée générale (AG) quotidienne. Les personnes présentes s’assoient au pied d’une petite scène équipée d’une sono. Le cercle s’étend, jusqu’à faire peut-être une centaine de mètres de diamètre. Une personne qui compte depuis la tribune annonce 2.000 personnes.

Pour les nouveaux venus, on révise les codes pour s’exprimer en assemblée : mains en l’air pour approuver, en croix pour dire non, qui moulinent pour dire à celui qu’il parle qu’il se répète, etc.

 

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Les codes des mains pour s’exprimer dans une AG nombreuse

Puis on cherche des volontaires pour animer l’AG, notamment pour passer le micro et organiser les prises de parole. Chaque commission a un porte-parole qui vient rendre compte de son travail. Tout se mélange un peu. D’un côté l’organisation pratique de la lutte -comment gérer la cuisine, peut-on vendre de l’alcool, besoin de monde pour la commission Logistique, appel aux musiciens pour la programmation musicale des soirées. Et de l’autre, l’organisation démocratique : comment organiser les votes, comment faire tourner les responsabilités pour qu’un petit groupe de coordinateurs ne devienne pas de fait le « gouvernement » du mouvement ?

Les prises de parole se succèdent rapidement, la file d’attente s’allonge. Les discours et les propositions fusent. Frédéric Lordon propose de « rédiger une nouvelle constitution ! »

- Ecouter Frédéric Lordon :

 
 
 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

 

Source : http://reporterre.net

 

 

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5 avril 2016 2 05 /04 /avril /2016 16:01

 

Source : http://rue89.nouvelobs.com

 

 

Petite phrase
« Vraiment ? » La pique d’Edward Snowden à François Hollande
 
 

L’un des plus célèbres lanceurs d’alerte vient de lancer un gros « chiche ? » au chef de l’Etat français. Tôt ce mardi, Edward Snowden a commenté sur Twitter les propos de François Hollande, relayés par la chaîne d’info iTélé. En français dans le texte, s’il vous plaît :

Après les révélations massives des « Panama papers » sur l’évasion fiscale organisée par la société panaméenne Mossack Fonseca, François Hollande a adressé ses remerciements aux lanceurs d’alerte, appelant même à leur protection :

« C’est grâce à un lanceur d’alerte que nous avons maintenant ces informations. Ces lanceurs d’alerte font un travail utile pour la communauté internationale, ils prennent des risques, ils doivent être protégés. »

La France refuse sans arrêt l’asile

Forcément, cette déclaration d’amour soudaine à l’adresse des Snowden, Assange, Hervé Falciani (affaire SwissLeaks/HSBC) et compagnie sonne bizarrement au vu des dernières années.

Les deux premiers ont explicitement sollicité l’asile politique de la France :

  • dès le premier wagon de révélations Snowden, à l’été 2013, le ministère de l’Intérieur a éconduit le jeune Américain. Soucieuse de ne surtout pas froisser ses alliés outre-Atlantique, la France a fini par s’embourber dans un imbroglio diplomatique sur cette histoire, en interdisant le survol de son territoire à l’avion du président bolivien Evo Morales, dans lequel certaines rumeurs avaient placé Edward Snowden. Et, malgré de nombreux soutiens politiques, elle n’est jamais revenue sur sa position ; François Hollande restant dans un équilibre précaire, entre reconnaissance de l’utilité des documents Snowden, et refus de l’asile ;
  • l’été dernier, le fondateur de WikiLeaks a transformé sa demande d’asile en une tribune au Monde. Mais là encore, sans succès.

 

Edward Snowden, lors d'une interview avec le journal suédois Dagens Nyheter, le 21 octobre 2015

Edward Snowden, lors d’une interview avec le journal suédois Dagens Nyheter, le 21 octobre 2015 - AFP PHOTO/DAGENS NYHETER/LOTTA HARDELIN
 

Une future loi, mais très partielle

Alors certes, comme le rappelait récemment Daniel Schneidermann, un texte est en préparation sur le sujet. :

« Disons, quelques articles d’un projet de loi, présenté au Conseil des ministres ce mercredi, et qui porte le nom de Sapin 2. »

La rénovation de cette protection dans la loi (qui n’est pour le moment garantie qu’aux agents publics), dont il est vainement question depuis des années, est déjà une avancée. Mais elle demeure incomplète : la loi sur la transparence et la lutte contre la corruption ne servira de bouclier qu’aux « whistleblowers » du secteur économique. Sans compter qu’au niveau européen, un projet de directive sur le secret des affaires risque de fortement diluer cette garantie, plaident collectifs et journalistes.

Quant aux dérives d’une autre nature, portant par exemple sur les dossiers police/justice, elles ne rentrent tout simplement pas là-dedans. Il y a quelques mois, le gouvernement avait même dézingué une disposition de la loi renseignement visant précisément à mieux protéger des agents de renseignements constatant une violation de la loi.

 

 

Source : http://rue89.nouvelobs.com

 

 

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5 avril 2016 2 05 /04 /avril /2016 14:05

 

Source : http://www.bastamag.net

 

 

Alternatives

Des paysans bio en soutien au mouvement Nuit Debout

par

 

 

« Ça nous interpelle, ce mouvement, qui s’interroge sur l’avenir et sur la manière de construire un projet », confie Dominique Marion, paysan bio depuis 1977 près de Royan (Charente-Maritime), en regardant l’assemblée générale qui se termine. Depuis le 31 mars, tous les soirs, la place de la République à Paris se remplit à l’appel de « Nuit Debout », pour des soirées et des nuits d’assemblées, de discussions, de débats dans la foulée de l’opposition au projet de réforme du Code du travail et pour la convergence des luttes [1]. Lundi, des paysans bio de toute la France se sont joints à l’occupation le temps d’un cercle de parole. Dans d’autres villes de France, le mouvement Nuit Debout continue d’essaimer et de grandir, jour après jour.

#NuitDebout France

#NuitDebout #OnVautMieuxQueÇa #LoiTravail #LoiTravailNonMerci
#36mars

Voir en plein écran

 

Venus à Paris à l’occasion de leur assemblée générale, 150 paysans et salariés du réseau de la Fédération nationale d’agriculture biologique (Fnab), en ont profité pour découvrir ce qui se jouait depuis quelques jours dans la capitale. « Il n’y a pas de changement de société sans implication citoyenne, c’est le message qu’on a voulu passer. Ça a été entendu, avec les gestes des jeunes ici, qui secouent les mains. » A quelques pas du cercle de l’assemblée générale, les codes de communication hérités des indignés sont inscrits sur un panneau. C’est comme ça qu’on échange depuis quelques jours sur la place de la République. « Pour beaucoup de paysans bio, c’est un choc de culture », sourit Dominique Marion.

Le public de Nuit Debout est en effet jeune, et urbain. « Mais dans le bio aussi, on voit un certain nombre de jeunes qui ne viennent pas du milieu agricole et qui s’installent en bio », souligne Stéphanie Pageot, présidente de la Fnab, productrice laitière en Loire-Atlantique. « On est venu apporter notre soutien, car on considère que le débat démocratique doit s’améliorer et que le citoyen doit s’impliquer sur les territoires, sur l’alimentation, l’agriculture. Ces questions ont leur place dans les débats citoyens qui ont lieu ici. Nous voulons aussi montrer qu’on se bouge tous les jours, qu’on fait des choses dans le domaine des biens communs », explique l’éleveuse laitière qui s’investit aussi contre l’aéroport de Notre-Dames-des-Landes dans sa région. « Je milite pour la préservation des terres agricoles. Comme ici, il y a à Notre-Dame-des-Landes une convergence des luttes ». Ce soir-là, l’assemblée générale des intermittents de la capitale s’est aussi transportée place de la République.

 

Rachel Knaebel

Photo : CC Convergence des luttes / Facebook

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4 avril 2016 1 04 /04 /avril /2016 23:33

 

 

#NîmesDebout 

« Nos rêves contre leurs privilèges ! »

 

#NuitDebout à Nîmes - Samedi 9 Avril - Square de la Bouquerie - A partir de 16h

 

C'est la goutte d'eau…


Si le projet de « loi Travail » a tant mobilisé, c’est parce qu’en poussant toujours plus loin l’Injustice, il a fini par faire brutalement céder les dernières digues qui nous protégeaient, encore à peine, de l’Insupportable.

Nos gouvernants, enfermés dans leur obsession de perpétuer un système à bout de souffle, ont œuvré consciencieusement depuis 30 ans, dans une unique direction :

Les « réformes », toujours plus rétrogrades -puisque désespérément conformes à la logique néolibérale- se sont succédé les unes aux autres…

 

Le résultat est là ! Quantifiable, factuel, sans appel :

Tous les pouvoirs ont désormais été cédés aux actionnaires et aux patrons, ces privilégiés qui accaparent les richesses collectives !


Ce système nous est imposé, gouvernement après gouvernement, détruisant lentement les dernières traces de Démocratie subsistant encore. Le projet de loi Travail pourrait bien être retiré, et Valls sauter avec, nous ne rentrerons pas chez nous pour autant : ce monde qu’ils construisent avec acharnement contre nous, nous n’en voulons pas ! Un élan populaire est en train de naître. Lycéen-ne-s, étudiant-e-s, salarié-e-s (syndiqué-e-s ou non), chômeurs en colère, discriminé-e-s en tout genre, syndicalistes réprimé-e-s, paysan-ne-s et écolos zadistes, ça fuse de partout et c’est beau à voir !


La démocratie ne se décrète pas, elle ne se consomme pas. Elle se fait.

Face aux diktats et aux décrets c’est donc partout et surtout localement que nous devons porter nos espoirs avec résolution et fermeté. Des solutions existent, nous avons des sources d’inspiration, des idées, des expériences, des savoirs et des savoir-faire, de l’énergie, de la bienveillance et de la joie. Ce tournant est à notre portée !

 

Au-delà de leur opposition à la destruction du Code du Travail, nous invitons à nous rejoindre le 9 avril tous ceux qui aspirent à construire en commun un projet politique ambitieux, progressiste et émancipateur.

 

Le samedi 9 avril (#40mars) on se pose, on discute et on décide ensemble des actions à mener pour faire de la Nuit Debout le début d’un mouvement à la hauteur des enjeux.


Au programme : Assemblée, informations sur les luttes locales, animation, projections vidéos, atelier panneaux et plein de surprises.

Amenez l’apéro, le pique nique, les feutres, papiers, cartons, instruments de musique, bonne humeur …

 

sur Facebook : https://www.facebook.com/NimesDebout/

sur Twitter : @NîmesDebout

par mail : nuitdeboutnimes@gmail.com

 

 

 

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4 avril 2016 1 04 /04 /avril /2016 16:51

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

Rencontre agitée entre la «Nuit debout» et la «Nuit des débats»
3 avril 2016 | Par Joseph Confavreux
 
 

La maire de Paris a été interpellée par des membres de la « Nuit Debout » alors qu’elle dialoguait avec Edwy Plenel dans le cadre d’une soirée organisée par la Revue du Crieur à l’occasion de la « Nuit des débats ». Rencontre frontale, mais logique, au vu de l’intitulé de cet échange : « Que peut encore la politique ? »

La Revue du Crieur, dont le troisième numéro est sorti il y a quelques semaines, organisait samedi soir, en l'église Saint-Eustache à Paris, une soirée de discussion, six heures durant, intitulée « Penser ce qui nous arrive », à l’occasion de la première « Nuit des débats » initiée par la Mairie de Paris.

Le premier échange réunissait Anne Hidalgo et Edwy Plenel. Il a été interrompu au bout d’une quarantaine de minutes par certains membres de la « Nuit Debout », installés sur la place de la République, venus interpeller la maire de Paris.

Mediapart diffuse la vidéo de cette rencontre dans son intégralité et diffusera bientôt, pour ceux qui n’étaient pas ce samedi soir à Saint-Eustache, l’intégralité des autres débats, dont vous pouvez retrouver la programmation ici.

 

 

Lire aussi

 

 

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

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Source : http://www.marianne.net

 

 

Anne Hidalgo prise entre Nuit debout et Nuit des débats
 
 
 
 
 
La maire de Paris avait appelé les Parisiens à débattre dans 128 lieux différents le samedi 2 avril au soir. Mais son refus de laisser le collectif « Nuit Debout » organiser un forum permanent place de la République a montré les limites de cette liberté de paroles bien maitrisées.

 

BEBERT BRUNO/SIPA
 

Il y a des comédie (ou des drames)  dont le coup de théâtre semble annoncé à l’avance. Du coup, les spectateurs sont presque déçus lorsqu’il arrive. Ce n’est pas que le propos soit inintéressant ou que les acteurs manquent de talents, mais tout simplement que le scénario n’est pas à la hauteur de l’histoire… C’est exactement ce qui est arrivé samedi soir à Anne Hidalgo, dont l’initiative « La Nuit des Débats », avec 128 arènes de discussion disséminées dans les quartiers de Paris, paraissait bienvenue. Dans un pays frappé par les attentats qui proroge l’état d’urgence de trimestre en trimestre, où la représentation nationale débat des semaines de la déchéance de nationalité pour ne rien faire, où l’on ne s’enquiert qu’à peine du sort des réfugiés syriens, où les réseaux sociaux débordent de pétitions anti-loi Khomri, il y a bien pour les citoyens, matières à échanger, discuter, polémiquer…

Anne Hidalgo avait donc convoqué les Parisiens à la discussion, n’hésitant pas à en rajouter un peu dans l’emphase, ce qui n’est pas sa coutume. A l’entendre, les citoyens, en échangeant un soir renoueraient rien moins qu’avec avec l’histoire révolutionnaire de la capitale, soit la Commune de Paris, les Trois Glorieuses, le Front populaires, et Mai 68 réunis…

Rassurons-nous, la Nuit des Débats fut bien sage (et intéressante). La Maire de Paris participa à plusieurs d’entre eux, dont celui organisé par Le Crieur et Médiapart. Face à Edwy Plenel, l’échange sur la crise du politique fut bien sage et convenu, chacun connaissant les positions de l’autre. Pas d’éclat de voix, mais un entrelacs de constat de divergences et déclarations d’admiration réciproque. On n’était pas dans la connivence, mais tout proche… Les voutes (sonorisées et filmées) de l’église Saint-Eustache ne furent troublée que par la soudaine irruption d’activistes de Nuit Debout.

Anne Hidalgo devait s’y attendre : face à la volonté de milliers de manifestants contre la loi Travail de transformer la place de la république en forum permanent façon «Indignados » espagnols, elle avait (sur les ondes de France Inter le 1er avril)  sèchement « la privatisation » de l‘espace public. Singulière conception du débat citoyen qui en réserve  les lieux aux personnes comme il faut. 

Une irruption aussi violente et bénéfique qu'un courant d'air glancé dans une pièce enfumée

Dès lors il fallait s’attendre à ce que des détachements de manifestants viennent contester l’édile à sa plus prochaine apparition. Ce fut le cas à 21h20 dans l’église Saint-Eustache lorsque une vingtaine de manifestants interrompirent le débat sur la crise des institutions politiques (on remarquera par ailleurs que ce thème occupait une place éminente dans la Nuit des Débats) afin d’obtenir le droit de rester nuits et jours sur la place de la République jusqu’au 9 avril. Ce que Anne Hidalgo, elle-même extrêmement critique à l’égard de loi Travail, refusa à nouveau, sans même se donner la peine de trouver une explication.

Même peu intelligible, voire maladroite, l’irruption des Nuits Debout, exigeant, puis prenant le micro, interpellant la Maire, mais aussi Edwy Plenel (lui-même favorable à l’initiative de Nuit debout), paraissait aussi violente et bénéfique qu’un courant d’air glacé dans une pièce trop enfumée. Ils nous rappelaient que dehors, non seulement il pleut, mais que le monde réel souffre et que si l’on refuse de s’en accommoder, il faut se bouger et pas seulement parler… Et leur simple présence apparut ce soir-là comme une autre figure du théâtre : la mise en abyme, lorsque les jeux de miroirs dévoilent un autre visage des acteurs. C’est alors, en général, que la vraie pièce commence…

 

 

 

 

 

 

 

 

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4 avril 2016 1 04 /04 /avril /2016 16:01

 

Grenoble : " Pas de matraque, juste un film!"

 

 

 
 
Le 31 mars quelques centaines de personnes étaient rassemblées dans le parc Mistral pour voir Merci patron!, le film de François Ruffin. Interdiction de la préfecture, matraquage du public et mise en scène d'une émeute urbaine. 20 interpellations et dix blessés. Témoignage et reportage filmé sur les événements.

Après Paris, Strasbourg, Nantes et Caen (voir ici et ), je poursuis mon travail de documentation des violences policières depuis le début du mouvement de contestation de la "loi Travail". Ce qui s'est passé à Grenoble le 31 mars est particulièrement grave. Je publie la synthèse rédigée par une collègue de l'Université de Grenoble qui a participé aux événements. Le remarquable documentaire réalisé par Stéphane Trouille vient attester de la violence de la répression policière.

Nous manquons encore d'un site national, citoyen et militant, qui collecte l'ensemble des documents et témoignages. Des centaines d'interpellations, des dizaines de blessés, parfois graves, des violences sur enfants, lycéens et étudiants, des campus universitaires investis par la police, des syndicalistes matraqués et arrêtés, des charges violences de CRS dans les rues des villes avec des violences sur des passants, plusieurs enquêtes ouvertes par l'IGPN : tout ceci doit être méthodiquement recensé.

 

Rassemblement citoyen du 31 mars à Grenoble © Stéphane Trouille 

 

A Grenoble (et ailleurs ?), plutôt que ceux qui cherchaient la police,

c’est ce que la police cherchait qui devrait nous intéresser.

 

Comme dans de nombreuses villes de France, la manifestation du 31 mars (25 000 personnes) devait se poursuivre avec des débats, des concerts et par la projection en plein air de Merci Patron ! de François Ruffin. Le préfet, qui avait d’abord autorisé le rassemblement prévu parc Paul Mistral – ce même parc occupé pendant l’hiver 2003-2004 pour défendre les arbres contre l’implantation de l’actuel et toujours controversé stade des Alpes (témoignages et documents : https://www.infokiosques.net/imprimersans2.php?id_article=230) –, est revenu sur sa décision dans le cours de la journée. La mairie lui a emboîté le pas, en arguant les débordements de la manifestation – je n’épiloguerai pas sur ce navrant épisode : un texte que Solidaires Isère a sorti au soir du 31 mars exige très justement que le maire, Éric Piolle (EELV), et les élus répondent de leur choix.

Vers 18H00, les forces de police (police, C.R.S., gendarmerie mobile) ont commencé de prendre ostensiblement position autour du parc. Pas tout à fait une souricière, cependant, puisqu’un côté a été laissé libre, qui a permis aux personnes rassemblées dans le parc, comme à celles qui venaient s’y promener, de sortir, sous les tirs nourris et multidirectionnels de lacrymo (pour plus d’informations : http://particite.fr/les-violences-acceptees/). On pourrait en déduire une certaine bienveillance des forces de l’ordre, malgré la violence de l’agression. Mais alors, pourquoi ne pas laisser ouverte la sortie vers les bords de l’Isère ? Pourquoi choisir la voie menant d’abord à la mairie, puis au cœur du centre-ville ? S’agissait-il de piéger les rebelles dans le quadrilatère de la mairie ? ou de chasser les sauvages pour affoler la ville ?

Le soir du 31 mars, on se demande encore comment le pire a été évité : jets de lacrymo à travers les principales places du centre historique, où les passants faisaient leurs dernières courses, prenaient l’apéritif en terrasse, entre amis, avec les enfants ; courses poursuites dans les ruelles de la ville, éparpillements, nouveaux rassemblements, quittés par les uns, rejoints par d’autres. Pour finir, des affrontements d’une rare violence devant l’Hôtel de police (voir les documentaires de Stéphane Trouille : https://vimeo.com/161179296 et https://vimeo.com/161364764 – en profiter pour voir aussi les autres vidéos du même réalisateur).

Dix blessés sérieux, une vingtaine d’interpellations, douze personnes en gardes à vue (mandat de dépôt requis pour huit d’entre elles, déférées devant le juge des libertés pour manifestation illégale et violences sur personnes dépositaires de l'autorité publique, selon Le Dauphiné libéré : voir le fil de l’actualité à l’adresse http://www.ledauphine.com/isere-sud/2016/03/31/manifestation-contre-la-loi-travail-importante-mobilisation-a-grenoble), mais aussi plusieurs plaintes déposées pour violences policières.

Tout cela pour voir un film…

Contre des manifestants que réunit l’aspiration à une autre société, soucieuse du collectif et du partage, le mode d’intervention policière a donc mis en scène une émeute urbaine. La volonté de déconsidérer et de dénaturer ce mouvement vaut-elle de tels risques ? Ce travail de sape réussira-t-il ? En tout cas, entre les moments d’affrontement, les manifestants, rejoints par des centaines de passants, continuaient de mettre en pratique, du parc Mistral à la place Victor Hugo, la réappropriation partagée des espaces publics.

 

Un rassemblement contre la répression policière s’est tenu le lendemain, 1er avril, entre 18H et 19H30, sous la menace de canons à eau. Comme il s’agit de continuer le temps qu’il faudra, le rassemblement s’est dissout dans le calme à l’heure dite.

Isabelle Krzywkowski
Professeur de littérature comparée 
Université Grenoble Alpes 

Membre du SNESUP-FSU

 

 

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4 avril 2016 1 04 /04 /avril /2016 15:47

 

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#NuitDebout : le retour des indignés ?

Chercheur au Collège d'Etudes Mondiales, Paris, Université Catholique de Louvain. Sociologie, FNRS-Université de Louvain, Président du RC47 "Mouvements sociaux", Association Internationale de Sociologie. 

Avec l’initiative de la « Nuit debout », un groupe de citoyens autour du magazine Fakir et de l’économiste Frédéric Lordon a ouvert un espace qui a permis aux citoyens d’échanger, d’exprimer leur indignation, de rêver ensemble à un autre monde et à une « convergence des luttes » qui reste à construire.
 
Bertrand Combaldieu/AP/SIPA
 

Début mars encore, le mouvement contre le CPE (Contrat Premier Embauche) de 2006 s’imposait comme le référent à l’aune duquel penser et évaluer le début de la mobilisation des jeunes contre la loi du travail. Comme il y a 10 ans, le projet de loi contesté se propose de flexibiliser le marché du travail. Le référent est d’autant plus prisé que ceux qui manifestent aujourd’hui espèrent avoir le même succès que leurs prédécesseurs dix ans plus tôt qui avaient obtenu le retrait du projet de loi.

Depuis le début du mouvement, un autre référent s’impose bien davantage lorsqu’on prête l’oreille aux interventions dans les AG étudiantes et en discutant avec les jeunes manifestants : les mouvements des indignés et d’Occupy du début des années 2010. Il est devenu explicite avec les « Nuits debout » qui ont rassemblé plusieurs milliers de personnes sur la Place de la République.

Dès la fin février, tous les ingrédients semblaient réunis pour que surgisse un « mouvement des indignés à la française », semblable à ceux qui ont marqué le printemps 2011 dans la péninsule ibérique et qui continuent de transformer l’Espagne et le Portugal. Avec l’initiative de la « Nuit debout », un groupe de citoyens autour du magazine Fakir et de l’économiste Frédéric Lordon a ouvert un espace qui a permis aux citoyens d’échanger, d’exprimer leur indignation, de rêver ensemble à un autre monde et à une « convergence des luttes » qui reste à construire.

La loi travail, un formidable élément déclencheur

Une frustration latente ne suffit pas à déclencher de grandes mobilisations. Un élément déclencheur est nécessaire. Une « étincelle » qui va mettre le feu aux poudres et donner le timing d’une première séquence de la mobilisation. Dès début mars, il était clair que la n’était pas le cœur du problème pour nombre de manifestants et pour les jeunes lycéens, et de nombreux citoyens mobilisés en dehors des organisations syndicales.

 

 

L’avant-projet de loi est devenu cette étincelle indispensable pour initier une mobilisation, dont les causes et revendications sont bien plus profondes. Il est à la fois « la goutte qui fait déborder le vase » pour des citoyens indignés et une revendication claire et largement partagée qui facilite l’extension du mouvement au-delà des cercles militants, la convergence avec des organisations et les syndicats et une visibilité dans les mass media. C’est aussi autour de cette loi que s’établit un premier calendrier de mobilisations avant que le mouvement ne soit capable de trouver sa propre temporalité. Aussi, comme le déclarait Frédéric Lordon à la tribune de la première « Nuit debout » le 31 mars :

"On ne remerciera jamais assez la loi El Komri de nous avoir sorti de notre sommeil politique."

Une rapide montée en généralité

Ce qui distingue les mouvements sociaux d’autres mobilisations est d’être centré sur un autre projet de société bien plus que sur une revendication spécifique. Dès les premières convocations étudiantes et lycéennes pour la manifestation du 9 mars, la « loi travail » apparaissait comme l’opportunité de manifester son indignation plus que sa cause centrale. Dans les cortèges, les manifestants se disent surtout « déçus par la gauche ». C’est « contre la politique du gouvernement » et non autour de ce seul projet de loi que les tracts des collectifs étudiants appelaient à manifester le 9 mars.

En la qualifiant de de loi « Gattaz-Hollande-Valls-Macron-EL Komri », les étudiants renvoient à la collusion entre les élites économiques et politiques, qui étaient au cœur des dénonciations des mouvements indignés et Occupy en 2011. Ils rejoignent beaucoup de militants et d’intellectuels engagés de la « gauche de la gauche » (, 2016) ou de la « gauche du PS », notamment ceux qui ont co-signé la tribune de Martine Aubry pour lesquels cette loi vise moins à créer des emplois qu’à accentuer les inégalités et fustigent la dérive sociale-libérale du gouvernement.

Les impasses de la politique institutionnelle

L’absence d’alternative du côté de la politique institutionnelle rend le contexte particulièrement favorable au passage d’une mobilisation contre un projet de loi à un mouvement du type « indignés », qui souligne à la fois les impasses de la politique institutionnelle et propose une démocratie plus participative, centrée sur les citoyens plutôt que sur l’État et les élites politiques. Les citoyens se reconnaissent de moins en moins dans les élites politiques françaises et européennes. Le régime leur apparaît comme une « démocratie sans choix », où voter pour le Parti socialiste ou pour Les Républicains ne change guère les politiques sociales et économiques. Après la loi Macron, le débat sur la déchéance de la nationalité est venu renforcé cette conviction.

 

 

En 2011, c’est ce même constat de deux « partis de gouvernement » aux politiques très semblables et de l’absence d’alternatives satisfaisantes dans l’arène électorale qui était à l’origine du « mouvement du 15 mai » (que les journalistes français ont appelé « les indignés ») en Espagne. Alors que le terrain semblait fertile pour la gauche de la gauche, les écologistes comme le Front de gauche sont minés par les dissensions internes. Ce triste panorama conduit de nombreux Français – notamment parmi les jeunes – à choisir le Front national. Pour les citoyens progressistes, exprimer sa désapprobation dans les rues et construire « une autre politique » sur les places semble la seule option. Dans la « Nuit debout » comme lors des campements indignés, il s’agit avant tout de « se reprendre en main en tant que citoyens » et de remettre en cause la centralité de la démocratie représentative.

Une jeunesse sans avenir ?

Bien que dans des proportions différentes, la conjoncture économique difficile et le chômage massif des jeunes est un autre point commun entre le contexte de 2011 dans la péninsule ibérique et la France de 2016.

Alors que François Hollande annonçait que « la jeunesse » serait une priorité de son mandat, les jeunes se sentent délaissés et peu écoutés et malmenés. Le paru ce 31 mars ne leur donne pas tort : « Les dépenses publiques sont concentrées sur les âges élevés » : 23,3 % des 18-24 ans vivaient sous le seuil de pauvreté en 2012 (contre 17,6 % en 2002), 23,4 % des 15-24 ans sont au chômage et, comme le résume (Le Monde), « Pauvreté, chômage, niveau de vie : la situation des jeunes se dégrade par rapport aux autres tranches d’âge ». La « génération précaire » est la première victime de la concentration croissante des richesses et de la flexibilisation du marché du travail.

Plus encore que leurs conditions de vie actuelles, c’est le sentiment d’être « privés de leur avenir » qu’expriment les jeunes dans les manifestations, sur la Place de la République et sur les réseaux sociaux (#onvautmieuxqueca) : « Le gouvernement veut nous faire croire que nous n’avons pas d’autre choix qu’un avenir précaire. Et c’est ça que nous refusons ». Au Portugal puis en Espagne, les collectifs « jeunes sans futur » ont été à l’origine de l’occupation des places en 2011. Cinq ans plus tard, en France, c’est encore leur droit à dessiner un autre avenir qui est en jeu.

Les réseaux « Jeunes sans avenir » étaient à l’origine des mouvements des indignés au Portugal puis en Espagne. Si les mouvements des indignés et celui des « Nuits debout » ne sont pas des mouvements spécifiquement jeunes, les jeunes en sont l’une des forces vives. Dans ces mouvements, ils se construisent et s’affirment en tant qu’individu, que jeunesse et qu’acteur de la démocratie dans leur volonté de penser le monde autrement. Comme le résume un tweet : « Nous avons besoin de penser la société de demain, avec humanisme, liberté, égalité, fraternité ».

Infrastructures de la mobilisation : Réseaux militants et timing étudiant

Si l’indignation et l’envie d’un autre monde sont au cœur des mouvements sociaux, les mobilisations dépendent aussi d’une « infrastructure » qui facilite leur émergence. De ce côté également, tous les signaux sont au vert pour un printemps animé en France.

Le timing semble parfait du côté des étudiants et des lycéens. Le gouvernement ne pouvait choisir une meilleure date pour médiatiser cet avant-projet de loi fin février. Au début du second semestre, les réseaux personnels et militants sont bien construits. Les 6 à 8 semaines qui séparent l’annonce du pré-projet de loi par la ministre et les prochaines vacances laissent le temps au mouvement de monter en force, d’autant que les examens de fin d’année sont encore loin. C’est d’ailleurs à cette même époque qu’avaient surgi mai 68, la mobilisation contre le CPE en 2006 ou le mouvement des indignés en Espagne cinq ans plus tard.

Comme pour chacun de ses prédécesseurs, l’émergence de ce mouvement n’est pas aussi spontanée qu’elle n’apparaît dans la presse. Les mobilisations autour de la COP, contre l’État d’urgence ou pour défendre Notre-Dame des Landes ont permis de construire de solides réseaux et, pour les plus jeunes, des expériences militantes. Un collectif préparait depuis trois semaines la « Nuit debout » du 31 mars, notamment autour de la revue Fakir et de l’économiste Frédéric Lordon. Ces « entrepreneurs de la mobilisation » ont joué un rôle crucial pour créer l’espace dans lequel peut ce mouvement peut s’épanouir. Les tentes du collectif « Droit au Logement » légalement installées sur la Place de la République sont fort utiles à l’occupation de la place et quelques appuis discrets du monde syndical ou associatif ont grandement facilité l’organisation logistique du mouvement citoyen.

Un mouvement différent ?

Va-t-on pour autant vers une reproduction du mouvement des indignés ? La « Nuit Debout » en emprunte les codes et certains propos, mais le mouvement devra aussi trouver sa propre voie, à la fois parce que le contexte politique est désormais marqué par la sécurité et la montée des idées et partis d’extrême droite et parce qu’il doit tenir compte de ce que sont devenus les « mouvements de 2011 ».

L’enthousiasme international du début des années 2010 pour les mouvements démocratiques dans le monde arabe et la défense de la démocratie dans le monde occidental paraît bien loin. Le climat est désormais bien plus pesant, marqué par le terrorisme, l’état d’urgence et des partis et valeurs d’extrême-droite, qui séduisent notamment de nombreux jeunes. En France et en Europe, la guerre contre le terrorisme est au sommet des agendas politiques. La Place de la République, où se réunit le mouvement du 32 mars, est au cœur du quartier marqué par les attentats du 13 novembre et en héberge le mémorial citoyen. Avec l’État d’urgence, la répression ne se limite pas aux terroristes potentiels. Des musulmans et des jeunes sont régulièrement brutalisés par la police et certaines manifestations lycéennes ont été violemment réprimées. Les forces de l’ordre ont profité de l’état d’urgence pour assigner à résidence des militants écologistes pendant la COP 21 et bénéficient d’un arsenal de moyens pour réprimer les mobilisations sociales.

D’autre part, si les campements des indignés et d’Occupy font partie de l’ADN du « mouvement de 32 mars » français, c’est aussi le cas de ce que sont devenus les acteurs qui ont porté ces mouvements en Espagne, en Angleterre ou aux États unis. Le projet de la « Nuit Debout » s’appuie sur cet héritage, mais doit également se réinventer pour tenter de dépasser certaines limites de ces prédécesseurs. Les exigences d’horizontalité et la volonté de créer une démocratie participative en dehors des sentiers de la politique institutionnelle ont confronté les acteurs des mouvements des places aux limites des mouvements faiblement structurés. Comme le résume Lilian Mathieu dans dans son analyse des convergences militantes en France, ces mouvements ont "une grande capacité à impulser des mobilisations mais sont inaptes à les clore, puisqu’ils ne peuvent négocier et signer des accords de sortie de conflit et ne jouissent pas de la légitimité que fournissent les mécanismes d’élection et de représentation."

Est-il possible de « changer le monde sans prendre le pouvoir », à partir de ses propres pratiques et de la vie quotidienne, ou faut-il au contraire « occuper l’État » et entrer dans la joute électorale pour ne pas laisser la place à ceux qui sont dénoncés par les mouvements ?

Certains activistes des mouvements de 2011 ont décidé de franchir le pas et de s’engager dans l’arène de la politique institutionnelle. En 2011, les indignés espagnols et les collectifs « Occupy » rejetaient clairement ces possibilités. Depuis, certains ont été à l’origine des succès électoraux de Jeremy Corbyn, triomphalement élu à la tête du parti travailliste anglais à l’automne 2015 et de Bernie Sanders, au cours de l’investiture démocrate aux États-Unis. L’émergence du parti « Podemos » en Espagne est à la fois la suite et l’inversion du mouvement des indignés. Il montre que des débouchés politiques sont possibles, mais en passant « de , Pablo Iglesias et ses collègues ont aussi trahi certaines des valeurs fondatrices, comme le refus des leaders, la primauté de la dynamique citoyenne ou la participation du plus grand nombre aux décisions.

Ailleurs, après un début de décennie marqué par les espoirs d’une jeunesse qui descendait d’en les rues pour réclamer plus de en s’appuyant notamment sur la culture et les pratiques des mouvements , leurs mouvements ont eu à faire face au rapport de force avec les acteurs de la politique traditionnelle. Dans de nombreux pays, et particulièrement en Turquie et en Égypte, les acteurs des « mouvements des places » sont aujourd’hui victimes d’une répression violente.

Le « mouvement du 32 mars » qui a émergé ce week-end devra inventer sa propre voie et construire à la fois sur les succès et sur les limites de ses prédécesseurs. Sans préjuger de l’avenir de ces mobilisations, parvenir à rassembler des milliers de citoyens de toutes les générations et réaffirmer qu’un « autre monde est possible » et qu’il existe des alternatives progressistes centrées sur la démocratie, la justice sociale et la dignité constitue déjà un succès considérable dans un contexte pesant marqué par es régressions sociales et le contexte pesant de l’état d’urgence.

 

The Conversation, Sociologie, FNRS-Université de Louvain, Président du RC47"Mouvements sociaux", Association Internationale de Sociologie. Chercheur au Collège d'Etudes Mondiales, Paris,
La de cet article a été publiée sur .

 

 

 

Source : http://www.marianne.net

 

 

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3 avril 2016 7 03 /04 /avril /2016 23:03
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