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15 juin 2016 3 15 /06 /juin /2016 21:08

 

Source : https://lundi.am/Sur-l-instrumentalisation-des-vitres-de-l-hopital-Necker

 

 

 

 

Sur l’instrumentalisation des vitres de l’hôpital Necker - Témoignage d’un parent

 

 

"Lorsqu’ils mettent sur le même plan « émotionnel » des plaques de verres cassées et ces centaines de milliers de familles éprouvées, MM. Valls et Cazeneuve, n’ont-ils pas honte ?"

 

Un lecteur de lundimatin nous a fait parvenir ce témoignage à vif.

Hier, il y avait des centaines de milliers de manifestants dans les rues de Paris. En tête, des milliers de personnes, cagoulées ou non, syndiquées ou pas, se sont retrouvées pour tenir la dragée haute à un dispositif policier hors norme.

Je comprends facilement ce qu’il peut y avoir de désespérant là-dedans pour le gouvernement. Alors que l’on pouvait imaginer qu’au fil des semaines et des mois, la rue se fatigue et la violence soit de plus en plus isolée, c’est tout le contraire qui se passe : la peur de la police ne dissuade pas.

Hier, les manifestants ont commis de nombreuses dégradations. Pour celles que j’ai pu constater, elles étaient toutes « ciblées » : banques, assurances et publicités. Je ne suis pas sûr que cela nécessite beaucoup de débat. Il n’est pas certain que le monde de la finance tremble à chaque fois qu’un distributeur de billet est vandalisé mais que la jeunesse y voie un symbole, je le comprends parfaitement. Qu’une assurance doive appeler son assureur et demander le coût de la franchise, je dois avouer que lorsque j’y ai pensé, ça m’a fait rigoler. Ces gens engrangent des milliards en ponctionnant la solidarité. Quant aux publicités détruites, c’est — malgré la méthode—, la meilleure chose qui puisse leur arriver.

Au milieu de tout cela, quelques vitres de l’hôpital Necker ont été brisées. Bien que les vitres en question n’aient pas d’autre rôle que celui d’isolant thermique : j’en conviens grandement, ce n’est pas très malin.

Certes, briser les vitres d’un hôpital, même par mégarde, c’est idiot ; mais sauter sur l’occasion pour instrumentaliser la détresse des enfants malades et de leurs parents pour décrédibiliser un mouvement social, c’est indécent et inacceptable. Et c’est pourtant la stratégie de communication mise en œuvre depuis hier, par MM. Cazeneuve et Valls. Allègrement reprise par la droite et relayée sur un plateau doré par tous les médias.

Je le dis d’autant plus volontiers que l’hôpital Necker, j’y ai passé beaucoup de temps et que la détresse et l’angoisse des parents d’enfants très malades, je vois particulièrement bien ce que c’est. Instrumentaliser cette souffrance à des fins aussi bassement politiciennes est abjecte.

Cette indécence est d’autant plus choquante lorsque l’on connaît la situation de l’hôpital public aujourd’hui. MM. Valls et Cazeneuve, « révoltés » du fond du cœur par cinq vitres brisées, le sont-ils autant par les conditions de travail effarantes des personnels hospitaliers ? Lorsqu’un généticien clinique doit travailler 70h par semaine car la direction de son hôpital n’a pas les moyens d’employer un nouveau docteur ni même une secrétaire, quelles en sont les conséquences sur tous ces gentils petits enfants malades au chevet desquels nos ministres accourent depuis hier ? Quand les aides-soignantes et les infirmières sont épuisées, usées jusqu’à la moëlle et rémunérées au minimum, qu’en est-il de la qualité des soins et de l’attention nécessaires à ceux qui passent des mois voire des années dans des couloirs d’hôpitaux ?

Lorsqu’ils mettent sur le même plan « émotionnel » des plaques de verres cassées et ces centaines de milliers de familles éprouvées, MM. Valls et Cazeneuve, n’ont-ils pas honte ? Et tous ces journalistes qui ont titré sur cet horrible assaut contre l’hôpital des « enfants malades », prennent-ils la mesure du sens de leurs mots ?

La palme de l’infamie revient évidemment à M. Cazeneuve qui a tout de même réussi à ajouter à l’équation le fils des deux policiers tués avant-hier.

Des centaines de milliers de personnes défient le gouvernement dans la rue. Une ou deux cassent le double vitrage d’un hôpital. Une ordure tue deux policiers à l’arme blanche. Leur fils de trois ans est en soin à Necker. M. Cazeneuve établit un rapport émotionnel, affectif et psychique entre ces deux séries de faits : la lutte contre la Loi Travail et son gouvernement, le choc produit par la brutalité de ce double meurtre et la situation dramatique de cet enfant. Si les jeunes émeutiers qui ont cassé les vitres de Necker ont été idiots, MM. Valls et Cazeneuve, eux, sont obscènes.

Plutôt que de courir les plateaux télés pour dire des conneries pareilles, retirez la loi travail, financez correctement les hôpitaux et épargnez aux enfants et à leurs parents votre ignoble instrumentalisation. Merci d’avance.

Un parent d’enfant très malade de l’hôpital Necker.

 

 

Source : https://lundi.am/Sur-l-instrumentalisation-des-vitres-de-l-hopital-Necker

 

 

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15 juin 2016 3 15 /06 /juin /2016 20:58

 

Source : https://www.mediapart.fr
 

 

 

Loi travail, la plus grande des manifs
 
 
 

Contrairement au discours du gouvernement sur l'essoufflement du mouvement social, la manifestation du mardi 14 juin n'a pas été le baroud d’honneur annoncé d’une CGT marginalisée. C’est au contraire la plus forte mobilisation depuis le début du mouvement.

Vu du ciel, le pari est largement gagné. Un cortège serré et bruyant a traversé Paris de la place d’Italie aux Invalides mardi, rassemblant des centaines de milliers de personnes pour cette première journée de manifestation nationale depuis le début du mouvement contre la loi El Khomri. Selon les syndicats FO, CGT et Solidaires, plus d’un million de personnes ont défilé dans la capitale (1,3 million dans toute la France), alors que la préfecture de police de Paris a dénombré 75 000 personnes. Quelle que soit l’échelle retenue, c'est beaucoup plus que lors des grosses journées des 9 et 31 mars derniers.

Au ras du sol, tout dépend de l’optique choisie. Le gouvernement n’a pas tergiversé, insistant longuement sur les vitrines endommagées ou taguées tout au long du boulevard du Montparnasse, les abris de bus défoncés, et les affrontements entre les forces de police et le gros cortège autonome en tête (nous y revenons page suivante). Plusieurs policiers et manifestants ont été blessés. Le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve a même, à ce propos, allègrement mélangé les genres en appelant « tous ceux qui sont dans la violence à retrouver un peu d'humanité, de tolérance, en respect de ce petit enfant auquel nous nous devons de donner une image digne de la France » en référence au double meurtre de policiers dans la nuit revendiqué par l’État islamique.

Le cortège n’en était pas moins, pour une très large part, calme et bon enfant, concentré sur le retrait de la loi sur le travail, dont le texte est arrivé lundi 13 juin au Sénat. Partis à 13 heures de la place d’Italie, une partie des manifestants n’étaient pas encore arrivés à Invalides à 19 heures. « C’est énorme, j’ai rarement vu ça », assure David, cheminot venu de Bordeaux. Le fait que le gouvernement ait lâché du lest sur la convention relative au statut de sa profession n’entame pas sa détermination. « On peut dire ce que l’on veut, mais nous sommes dans le mouvement depuis le mois de mars. Et même si on a obtenu une convention collective de haut niveau, on sait bien que la loi El Khomri peut signifier pour nous aussi la régression sociale. »

David a fait le déplacement à Paris et il n’est pas le seul. Les portuaires et dockers du Havre électrisent le parcours avec leurs tambours, un Breton fend la foule avec son drapeau noir et blanc et une pancarte agrafée à son sac à dos : « Cazeneuve à Rennes, ni oubli ni pardon » (voir à ce sujet l’article de Karl Laske). Sur un camion, une jeune femme crie : « On ne s’est pas levé à une heure du matin pour rien ! On est à Paris, retrait de la loi travail ! »

Les délégations régionales ou départementales, arrivées en bus ou en train, expliquent la forte mobilisation du jour. Beaucoup de militants, surtout CGT, racontent que leur dernier déplacement dans la capitale remonte à 2010, à l’occasion du mouvement contre la réforme des retraites. Derrière la banderole CGT-Roanne, ils sont 200, explique Franck. « On est là et bien là. Cela fait trois mois que le gouvernement dit que le mouvement s'essouffle, mais c’est de l’enfumage. » Noël, syndiqué FO venu d’Aveyron, est parti à 3 h 30 du matin pour monter dans un car puis un train. « Je suis saisonnier, et ne travaille que 9 mois par an, mais je fais quand même 27 heures supplémentaires par mois. Pour le moment, elles sont majorées à 25 %, mais si on m’enlève ça, je serai encore plus précaire qu’aujourd’hui. »

 

Manifestation contre la loi sur le travail, 14 juin 2016 © Rachida El Azzouzi Manifestation contre la loi sur le travail, 14 juin 2016 © Rachida El Azzouzi

 

Chacun sa vision du mouvement : bataille pour des acquis ou combat pour la survie. Pierre l’avoue bien volontiers : « À dix ans de la retraite, je me bats pour mes enfants, et pour conserver quelques protections. » « Petit cadre » dans la filiale d’un grand groupe œuvrant dans le domaine de la défense, il n’est pas syndiqué, est monté dans un bus CGT grâce à un copain, expérimente pour la première fois de sa vie une manifestation parisienne. « Ici, c’est anonyme, je peux me permettre. Chez moi, vu ma boîte, et même si je suis civil, ce n’est pas possible. »
Guillaume Brante, délégué syndical CGT pour le site Haribo d’Uzès, distribue à tout-va des tracts appelant à signer la pétition contre la délocalisation de la ligne chamallows en Belgique, ainsi que des sachets de bonbons multicolores. « FO et la CFE ont lancé une consultation sur le plan de compétitivité que la société nous propose, et qui prévoit quand même 110 suppressions de postes alors que notre entreprise ne s’est jamais aussi bien portée. Il a été approuvé à 63 % grâce au chantage à l’emploi. Pour le moment, la CGT est majoritaire, donc on peut quand même refuser l’accord mais si la loi El Khomri passe, c’est fini. Pour nous, c’est très concret ce qui se passe aujourd’hui. »

 

Guillaume Brante, délégué CGT chez Haribo © MG Guillaume Brante, délégué CGT chez Haribo © MG

 

Révision de la majoration des heures supplémentaires, possibilité d’accords offensifs sur l’emploi, réforme du licenciement économique, possibilité de référendum, les raisons de la grogne sont toujours aussi nombreuses. Des inspecteurs du travail, présents dans le cortège, pointent le risque d’une « focalisation sur l’article 2 », au cœur des tractations depuis l’arrivée du texte au parlement. « C’est un piège, souligne Yacin, qui travaille en Ile-de-France. Certains tentent de dire que si cet article est réécrit, le texte devient acceptable, mais pour ceux qui pratiquent le droit du travail tous les jours, il est évident qu’une série d’autres articles posent problème. »

« Ce serait quand même une sacrée victoire », note de son côté Fernand Gonzalez, ancien membre de la fédération métallurgie où œuvrait anciennement Philippe Martinez, et actuellement au bureau de l’Union départementale CGT du Lot-et-Garonne. « Mais faut pas se faire de cinéma, les enseignants sont bientôt en vacances, il va falloir tenir pendant l’été, c’est assez inédit. »

Dans le carré de tête, les leaders syndicaux sont assez réticents à dévoiler leur jeu, et l’étendue de la négociation à l’œuvre avec la ministre du travail, sous l’ombre portée de Matignon et de l’Élysée. Pour Philippe Martinez, l'objectif de la CGT « n'est pas simplement de supprimer l'article 2 de la loi, c'est toute la colonne vertébrale du texte qui est à revoir ». La CGT doit rencontrer le gouvernement vendredi. Mais le syndicat a déjà prévu deux nouvelles dates de manifestations, « au cas où », les 23 et 28 juin.

 

Le carré de tête syndical Le carré de tête syndical

À deux pas, Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force ouvrière, appelle lui aussi à poursuivre le mouvement même s’il a rencontré vendredi la ministre du travail Myriam El Khomri, et l'a trouvée « attentive » à ses propositions. « Est-ce une amorce ou est-ce de la com' ? Je crois qu'elle a compris que tout le monde peut sortir par le haut de ce dossier. » FO est-elle donc prête à négocier, et à cesser le mouvement contre une réécriture de l'article 2 de la loi ? Éric Beynel, chez Solidaires, assure de son côté qu’il n’y a pas d’« hiatus » dans le front syndical : « L’intersyndicale reste soudée, la journée d’aujourd’hui est très belle et le mot d’ordre reste le retrait. Après, chacun sa stratégie. »

 

En tête, présence massive des autonomes

Loin des tractations de coulisses, et tout à l’avant, dans ce qu’il convient d’appeler la tête du cortège, la manifestation a également fait le plein. Selon un bon connaisseur de ce type de manifestations, c’est sans doute « l’une des plus grosses manifestations d’autonomes de ces trente dernières années ». Ce qui est sûr, c’est que le nombre de personnes portant coupe-vent à capuche noir et lunettes de soleil ou masque de plongée a atteint un niveau jamais observé ces trois derniers mois. Les deux heures suivantes, jusqu’à l’arrivée place des Invalides, ne sera qu’un lent piétinement, alternant charges, lacrymogènes, jets de pierre, vitrines brisées et tags sur les murs, ce qui ralentit tout le reste du cortège et lui donne son rythme. Les 300 « casseurs » infiltrés que dénonce régulièrement le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve sont aujourd’hui au moins 1 000.

 

En tête du cortège autonome, mardi 14 juin © CG
En tête du cortège autonome, mardi 14 juin © CG

 

Avant même que la manifestation ne s’ébranle, la foule stationnée était déjà repoussée à plus de 200 mètres de la place d’Italie, au niveau de la station de métro Gobelins, boulevard du Port Royal. Comme chaque fois, la banderole « Soyons ingouvernables » servait de point de ralliement. Et comme chaque fois, des syndicalistes, comme des cheminots CGT ou des militants à SUD étaient parmi la foule. On dénombrait également les Jeunes écologistes, ou encore la CNT et Alternative libertaire. Un phénix de carton monté sur un caddie était « rené » de ses cendres, après avoir été brûlé lors de la manifestation du 1er Mai.
L’ambiance est motivée, les chants variés. Le cortège s’est élancé peu après 13 heures. La fête ne sera que de courte durée. Si la présence policière est plutôt discrète au début, à chaque croisement, les forces de l’ordre qui sont là pour empêcher la manifestation de dévier de sa trajectoire sont l’objet de jets de pierre, de pétards, voire de feux d’artifice. Très vite, la police, aidée de la gendarmerie, réplique. Le cortège est stoppé dès 14 heures.

 

Des gendarmes bloquent l'avancée du cortège © CG Des gendarmes bloquent l'avancée du cortège © CG

 

On entend parler allemand, italien, sous les cagoules, quand d'autres slogans revendiquent l’appartenance à une région comme Toulouse, Clermont-Ferrand – apparemment en force –, ou encore Rennes et Nantes. Comme les fois précédentes, il n’y a absolument aucune désolidarisation dans ce cortège de tête. Quand les visages masqués entament un « Et tout le monde déteste la police ! », l’ensemble des personnes présentes reprennent en chœur. La violence du gouvernement et de ses policiers depuis le début du conflit social a vraisemblablement marqué les esprits.
Philippe et Pascale, masques sur le visage, ont marché vite. Sans s’en rendre compte. Les voilà dans le quartier Duroc, boulevard du Montparnasse, « dans le merdier », à quelques dizaines de mètres du face-à-face entre les CRS et les autonomes sous les nuages de lacrymogènes. Le cortège ne peut plus avancer. Les yeux piquent, la colère aussi. « Le gouvernement a gagné. Voilà la CGT assimilée aux casseurs. Les images vont tourner en boucle. Uniquement celles-ci, pas les manifestants pacifiques qui revendiquent le retrait de la loi El Khomri pour de justes raisons », s’énerve Philippe.

Philippe a 58 ans, plus de 25 ans d’ancienneté dans un grand groupe dont il préfère taire le nom et un salaire qui dépasse à peine le Smic, 1 450 euros net. Il est ouvrier, venu de Rennes, une ville rompue aux violences policières depuis le début du mouvement contre la réforme du code du travail. Il a fait toutes les manifestations, sept jours de grève, soit plus de 500 euros soustraits à son salaire. « Mais cela vaut le coup de se battre ; je le fais pour les jeunes car moi, j’aurai une petite retraite mais vous, vous n’aurez rien », lance-t-il en nous prenant à partie.

Syndicaliste depuis une quinzaine d’années à la CGT – un coup d’arrêt à sa carrière, selon lui –, Philippe dit que « le problème, c’est l’Europe qui nous gouverne et qui fait que les patrons nous voient comme des charges et non comme des plus-values ».

 

Invalides, mardi 14 juin 2016 © Rachida El Azzouzi Invalides, mardi 14 juin 2016 © Rachida El Azzouzi

 

Tandis que le cortège reprend sa marche pour quelques minutes de répit avant une nouvelle charge des CRS qui fera reculer la foule en l’arrosant de gaz, il raconte qu’il vote Front national, que « ce n’est pas incompatible avec son engagement syndical à la CGT ». « On peut être catho et à la CGT, pourquoi ne serait-on pas au FN et à la CGT ? » renchérit sa compagne Pascale, elle aussi encartée à la CGT. « Marine Le Pen n’aurait jamais fait une telle réforme. Avec elle, il n’y aurait pas eu cet article 2 sur l’inversion de la hiérarchie des normes », jure-t-elle. Le couple, des déçus du « socialisme », vote extrême droite depuis une dizaine d’années, « pas par adhésion mais par colère ». « On n’est pas d’accord avec tout ce que dit le FN mais tout de même, il dit des vérités sur l’Europe, l’assistanat », appuie Philippe. Au travail, il est complètement « démotivé » : « Les salaires n’augmentent pas. Un jeune qui rentre gagne quasiment autant que moi au bout de 25 ans d’ancienneté. »
Non loin de là, une colère, physique celle-ci, s’exprime. Le long du boulevard du Montparnasse, les vitrines de banques, d’agences immobilières, des magasins de luxe ou même des chaînes de fast-food sont systématiquement attaquées. Au croisement avec le boulevard Raspail, un homme s’écroule, touché au dos vraisemblablement par une grenade non explosée.

Selon L’Obs, qui a recueilli un témoignage de photographe présent au moment des faits, l’homme d’une quarantaine d’années « s'est pris une grosse bombe lacrymo dans le dos, une grosse bombe grise. (…) Il était debout au milieu de la rue, seul, quand les forces de l'ordre ont tiré. L'homme est tombé au sol, sur le ventre, inanimé. (…) La bombe lacrymo était enfoncée dans son dos, elle a fait un trou de 5 centimètres de diamètre ». Toujours selon ce témoin, la bombe « a continué à se consumer et à faire de la fumée, elle a fait fondre son t-shirt ». L’homme a été évacué par les pompiers. Rien n’avait filtré sur son état en début de soirée.

 

Un arrêt de bus ravagé sur le parcours © CG
Un arrêt de bus ravagé sur le parcours © CG

 

Trois jeunes cagoulés s’immiscent dans le Starbuck aux vitrines explosées et ressortent avec des mugs aux couleurs de l’enseigne américaine. Un vieux routier des luttes de la CGT, descendu du Pas-de-Calais, les interpelle : « Vous n’avez pas honte ? Vous êtes venus pour ça ? Nous, on est là pour défendre le code du travail ! » Il n’a pas le temps de finir qu’il doit se réfugier derrière la porte cochère d’un bel immeuble haussmannien. Nouvelle charge violente des CRS qui fait remonter la foule. Il ne s’y était pas préparé et manque de s’écrouler. Dans le hall, une dame en tailleur filtre les entrées et ne laisse passer que « les manifestants qui lui inspirent confiance ». Elle annonce une mauvaise nouvelle à un homme d’une cinquantaine d’années en chemise blanche et pantalon noir : « Ils ont brisé la vitrine de ton commerce ! » Il veut sortir, elle le lui déconseille, « c’est trop dangereux ».
Dehors, des explosions se font entendre. Des grenades. Une dame, d’une cinquantaine d’années, commissaire aux comptes qui connaît bien le monde de l’entreprise, se dit « atterrée devant tant de violences », dénonce « une CGT radicalisée, arc-boutée sur des privilèges d’un autre temps ». Elle allait chercher des médicaments quand elle s’est retrouvée au milieu des manifestants. Un débat s’instaure dans le hall d’immeuble entre pro et opposants de la loi El Khomri et c’est le commerçant qui a le dernier mot : « Ce pays est impossible à réformer », avant de braver la foule et les gaz pour rejoindre sa boutique aux vitres brisées et appeler son assurance.

Quelques mètres plus loin, c’est un autre hall d’immeuble qui est rempli de manifestants. Ici, personne ne filtre les entrées, les portes sont grandes ouvertes. Des “street medics” y soignent des blessés, un journaliste, une étudiante. D’autres s’échangent du sérum physiologique, des gouttes d’huiles essentielles, des masques d’hôpital. Une brune, la cinquantaine, se réjouit devant tant de solidarité : « Ça rappelle Mai 68. »

 

Un manifestant harangue les CRS près de l'hôpital Necker © Rachida El Azzouzi Un manifestant harangue les CRS près de l'hôpital Necker © Rachida El Azzouzi

 

La grande affaire de la journée sera sans doute les vitrines brisées d’un bâtiment de l’hôpital Necker, situé sur le parcours de la manifestation. Des manifestants cagoulés ont mis des coups de marteau dans certaines baies vitrées, un tag a été rajouté, indiquant « Ne travaillez jamais ». Il n’en a pas fallu plus pour que la classe politique réagisse et que l’AP-HP annonce déposer plainte. Sur les réseaux sociaux, certains tentent un rapprochement saugrenu, expliquant que l’enfant du couple policier tué dans la nuit par un terroriste en banlieue y était soigné (ce qui n'a pas été confirmé par l'hôpital Necker).

L’arrivée place des Invalides, destination finale de la manifestation, se passe sans heurts dès lors que les policiers se sont retirés de quelques centaines de mètres. Des gens s’assoient sur les pelouses, d’autres appellent leurs amis dispersés dans la foule. Le répit n’est que de courte durée. Alors que quelques policiers casqués sont pris à partie, d’autres se déploient, un camion lance-eau en appui. Des grenades lacrymogènes volent sur la foule éparpillée, alors même qu’une large partie du cortège n’est pas encore arrivée. Un groupe de cégétistes, venu de Toulon, panique, ne sachant plus comment quitter la place.

 

Place des Invalides, un canon à eau fait son entrée © CG Place des Invalides, un canon à eau fait son entrée © CG

 

Les minutes passent sans que la situation ne s’améliore. Aux jets de grenades lacrymogènes et autres grenades assourdissantes répondent des jets de pierre et des slogans contre la police. Un photographe quitte en boitant un des affrontements. Des “street-medics” portent un homme qui vient de prendre un tir de LBD (nouveau Flash-Ball) dans l’abdomen. Un deuxième camion lance-eau arrive sur la place, déversant la moitié de son contenu. 

Une brèche s’ouvre vers les quais, des manifestants s’y engouffrent et gagnent le pont des Invalides avant que les policiers ne changent d’avis et nassent ce qu’il reste de manifestants. Des « Libérez nos camarades » retentissent cependant qu’une partie de ceux qui ont pu sortir lancent des appels à marcher vers les Champs-Élysées, ou vers l’Élysée, ou vers le Sénat. En fait, personne ne sait vraiment où aller. Les groupes se disloquent peu à peu. Des syndicalistes de la CGT ou de SUD regagnent leurs cars qui se trouvaient de ce côté de la Seine. Vers 19 heures, il ne restait plus grand monde dans le quartier.

 

Invalides, mardi 14 juin 2016 © Rachida El Azzouzi Invalides, mardi 14 juin 2016 © Rachida El Azzouzi

 

 

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

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13 juin 2016 1 13 /06 /juin /2016 20:33

 

 

Source : http://www.bizimugi.e

 

Premier procès d’un faucheur de chaises ! Nous en ferons le procès de l’évasion fiscale !
juin 09 2016

Photo Jon Bizi

Jeudi 9 juin 2016 : Jon Palais, militant de Bizi et d’ANV-COP21, sera jugé le 9 janvier 2017 à Dax (40) pour avoir participé à une réquisition citoyenne de chaises dans une agence de la BNP à Paris

 

 

 

Jon Palais, « faucheur de chaises » et militant de Bizi et d’ANV-COP21, était convoqué ce matin à la gendarmerie de Peyrehorade, suite à une plainte déposée par l’agence de la BNP du 10 rue Rivoli à Paris, dans laquelle une action de réquisition citoyenne de chaises avait été menée le 19 octobre 2015. Jon Palais est ressorti de son audition aujourd’hui avec une convocation en justice devant le tribunal correctionnel de Dax pour le lundi 9 janvier 2017, à 13h30, notamment pour « vol en réunion ».

« Une action de réquisition de chaises, ce n’est pas du vol. C’est une action symbolique qui met en lumière le rôle des banques dans le système organisé de l’évasion fiscale. Alors que le préjudice de quelques chaises réquisitionnées est dérisoire pour la BNP, la banque porte plainte, comme si elle ne supportait pas que des citoyens puissent réagir au scandale de l’évasion fiscale, d’une manière pourtant responsable, non-violente, et transparente. Le 9 janvier 2017, c’est un citoyen qu’on convoque au tribunal, mais c’est le procès de l’évasion fiscale qu’il faudra faire », déclare Jon Palais.

Des centaines de citoyens « Faucheurs de chaises » ont mené 39 actions de réquisition de chaises au cours des derniers mois, dans des agences de plusieurs banques impliquées dans l’évasion fiscale (BNP, HSBC, Crédit Agricole, Société Générale). Ces actions répondaient à un appel lancé dans la perspective de la COP21 par des dizaines de personnalités, intellectuelles, artistes, politiques, syndicales et associatives (1). Les actions de réquisition citoyenne, relayées notamment par ANV-COP21, Attac, les Amis de la Terre, Bizi, et les Jedi for climate, ont particulièrement ciblé les agences de la BNP, la banque française qui a le plus de filiales dans les paradis fiscaux, et connue pour posséder des filiales dans les îles Caïmans… sans aucun salarié sur place !

 

Réquisition de chaises de la BNP le 19 octobre 2015 à Paris

 

« Face au manque de moyens des services publics, au chômage de masse, à la précarité grandissante, à la la crise des réfugiés, aux phénomènes météorologiques extrêmes, et dans un contexte de dérèglement climatique qui va aggraver toutes les crises, nous devons faire preuve de solidarité et d’entraide et nous rassembler pour nous engager dans une transition à la fois écologique et juste socialement. Au lieu de ça, on découvre que des banques organisent un système d’évasion fiscale qui coûte entre 60 et 80 milliards d’euros aux finances publiques françaises chaque année (2), et les paradis fiscaux abritent 20 000 milliards de dollars au niveau mondial (3). L’argent pour cette transition sociale et écologique existe : il est dans les paradis fiscaux ! », déclare Jon Palais.

Suite à la multiplication des actions qui ont réquisitionné un total de 243 chaises, plusieurs convocations avaient déjà eu lieu, à Paris, Strasbourg, Bordeaux, Lyon, Tarbes, Nîmes, Perpignan, Uzès, Marseille, et à 4 reprises à Bayonne. Mais c‘est la première fois qu’une convocation pour réquisition de chaises donne lieu à un procès. Jon Palais est poursuivi pour « vol en réunion » pour l’action de réquisition de chaises du 19 octobre 2015, mais aussi pour refus de prélèvement biologique et refus de relevés signalétiques, auxquels il n’a pas voulu se soumettre lors de son audition à Peyrehorade ce jeudi 9 juin.

« Je répondrai de mes actes devant la justice, mais j‘ai refusé d’être fiché génétiquement pour une action qui a été menée de manière non-violente, à visage découvert et en plein jour, et qui vise à alimenter un débat public sur l’évasion fiscale. Ce sont les banques, les grandes fortunes et les multinationales, qui organisent et pratiquent l’évasion fiscale, qui agissent dans l’opacité et qui ont des choses à cacher. Les faucheurs de chaises, au contraire, mettent en lumière ce problème de l’évasion fiscale », déclare Jon Palais.

Bizi ! appelle à un rassemblement massif à Dax le lundi 9 janvier 2017 pour faire le procès public de l’évasion fiscale.

 


(1) Pour le climat, appel à tous les faucheurs de chaises, Libération, 29 septembre 2015 : http://www.liberation.fr/debats/2015/09/29/pour-le-climat-appel-a-tous-les-faucheurs-de-chaises_1393535

(2) Selon Solidaires Finances Publiques : http://solidairesfinancespubliques.fr/gen/cp/dp/dp2013/120122_Rapport_fraude_evasionfiscale.pdf

(3) Selon Tax Justice Network : http://www.taxjustice.net/

 

 

 

Source : http://www.bizimugi.eu

 

 

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13 juin 2016 1 13 /06 /juin /2016 14:31

 

Source : https://blogs.mediapart.fr/pascal-maillard

 

 

Sept actions pour en finir avec la loi Travail

 

 

 

Ni l’Euro de foot, ni les manipulations polico-médiatiques contre le mouvement social ne doivent nous détourner des impératifs citoyens d’aller jusqu’au bout pour obtenir le retrait de la loi Travail et de soutenir celles et ceux qui luttent courageusement pour tous les autres. Sept propositions d’actions simples et efficaces dans ce billet. Dont le partage d’une vidéo, à diffuser largement.

                                       « Ce qui n’était pas prévu, c’est que les peuples puissent refuser

                                       ce que proposent les gouvernements »

 

                                                             Michel Rocard, cité par Serge Hamili

 

    Après le « bashing » anti-social et anti-syndical du gouvernement, du MEDEF et des médias, une communication de masse s’est emparée de l’Euro de foot pour en faire l’étouffoir du mouvement social : le sport le plus lié au capitalisme financier et à la société du spectacle est cet opium du peuple dont Valls et Hollande espèrent qu’il leur permettra d’imposer, in fine, la loi Travail. Cette immense diversion appelle une réponse proportionnée à la violence des attaques contre la démocratie sociale et nos droits fondamentaux, dont le droit de grève est l’un des plus précieux. Cette réponse doit être plurielle dans ses formes, massive dans sa mise en œuvre, déterminée dans la définition de son but : le retrait sans condition de la loi travail, qui n’est ni amendable, ni négociable. Plus que jamais il faut aller jusqu’au bout.

Parmi la série des 7 propositions qui suivent, les 5 premières sont des actions accessibles à chacune et chacun, qui ne coûteront que peu de temps, et en feront certainement gagner beaucoup. Les deux dernières impliquent un engagement physique, sans lequel aucune lutte sociale ne peut être gagnée.

 

1.    DIFFUSER

 

Parce que l’engagement d’intellectuels qui se battent pour la vérité et la liberté est aujourd’hui vital à notre démocratie attaquée de toutes parts, écoutons Serge Halimi. Devant l’intersyndicale du Havre, le 3 juin dernier, le directeur du Monde diplomatique a prononcé un discours important. Il mérite d’être entendu et largement diffusé. En 13 minutes, avec des mots justes et des idées fortes, l’auteur des Nouveaux chiens de garde a exprimé tout ce que nous devons savoir sur la loi Travail et son monde. « Les résistances ne cessent pas », nous dit-il. Merci Serge Halimi ! Pour ne pas oublier ce qui est en jeu avec cette loi inique, pour informer inlassablement le plus grand nombre, regardons, partageons largement et recommandons cette vidéo! 

© Fakirpresse

 

2.    PARTICIPER

 

Parce qu’ils se battent pour tous les citoyens et l’intérêt général, parce qu’ils le font avec courage et détermination, parce qu’ils méritent notre solidarité financière, soutenons les grévistes en participant au pot commun. Modeste ou généreux, votre don les aidera à tenir dans la durée, motivera d’autres salariés à entrer dans la grève et compensera les pertes de salaire qu’ils subiront. Cet appel s’adresse à tous les citoyens, mais en particulier à tous les fonctionnaires opposés à la loi Travail qui ne sont pas en grève et qui savent pourtant qu’ils subiront le mêmes régressions sociales que les salariés du privé.

 

3.    VOTER

 

Parce que nous sommes majoritaires à refuser la loi Travail, parce que nous avons été plus de 1,3 millions à signer la pétition Loi travail : non, merci !, parce que nous devons être encore plus nombreux à exprimer notre refus, participons à la votation citoyenne initiée par CGT, FO, FSU, SOLIDAIRES, UNEF, UNL et FIDL. Nous ferons ainsi la démonstration, contre ceux qui mentent et manipulent, que nous sommes le nombre et que le gouvernement est illégitime à décider contre le peuple.

 

4.    BOYCOTTER 

 

Parce que les médias mainstream insultent les grévistes, manipulent l’opinion, truquent les sondages, dénaturent les débats, abîment le pluralisme et constituent autant d’armes de destruction massive de l’intelligence citoyenne, initions une campagne de boycott des chaines de télévision, des radios et des journaux qui se comportent comme des relais idéologiques serviles et mensongers du gouvernement ! Ils soutiennent la loi Travail sur ordre des patrons propriétaires de ces médias, lesquels font partie des dix premières fortunes de France. Mode opératoire : zapper les chaines idéologiques, soutenir la presse indépendante, préférer l’audiovisuel public (France Culture, France Inter, France 24, France 3…), ou même éteindre son téléviseur. Oui, éteindre son téléviseur, c’est faire un geste d’écologie sociale et politique et c’est aujourd’hui une mesure de salubrité mentale contre un abrutissement généralisé.

 

5.    CONVAINCRE

 

Parce qu’une chaine citoyenne des luttes est plus forte que la lutte capitaliste des chaines, parce que l’intelligence et la solidarité sont plus contagieuses que la bêtise et l’égoïsme, persuadons 5 personnes autour de nous de mettre en œuvre les actions ici décrites. Convaincre 5 personnes qui en convaincront à leur tour 5 autres. Construire partout des réseaux de solidarité est le levier le plus fort pour gagner la bataille contre la loi Travail, une réforme synonyme de destruction des conquêtes sociales.

 

6.    MANIFESTER

 

Parce que la rue appartient au peuple et que manifester est un droit qui ne souffre aucun état d’urgence et aucune exception, faisons de la manifestation nationale du 14 juin une démonstration de force du mouvement social contre la loi Travail et son monde. A celles et ceux qui sont trompés par la fabrique de la violence dont le premier responsable est le gouvernement, il faut dire de ne pas avoir peur de manifester, car des citoyens qui craignent l’exercice d’une liberté fondamentale empruntent le chemin de la servitude volontaire.

 

7.    SOUTENIR LES ROUGES EN SOUTENANT OU NON LES BLEUS

 

Parce que notre gouvernement, dans un prurit de dérive dictatoriale, a tenté de bannir des stades toute possibilité d’expression politique, parce que les salariés en lutte ne doivent pas être sommés de choisir entre la grève ou le foot, parce que les stades peuvent devenir des agoras de citoyens, saisissons-nous de l’Euro comme d’un amplificateur de mobilisation. Antoine Perraud nourrissait récemment un vœu que nous devrions partager : « Et si des supporters devenus citoyens se saisissaient de l’occasion en or qu’offrent de telles foules rassemblées ? La (géo)politique en sortirait transformée… ». L’insurrection ne viendra peut-être pas du stade, mais que ce lieu devienne un espace de réappropriation de la chose publique est un espoir auquel il faut donner corps. Alors, tractons devant les stades, déployons pancartes, ballons et banderoles en leur sein, sur travée et gradins ! LOI TRAVAIL NON ! LES BLEUS AVEC LES ROUGES ! Commentaires ici ouverts aux slogans et montages les plus inventifs!

 

 

 

 

Parlant de la naissance du politique dans la Grèce antique, une Grèce aujourd’hui détruite par la volonté d’une Commission européenne non élue, Hannah Arendt nous rappelait que « le langage et l'action » étaient considérés dans la démocratie athénienne  « comme choses égales et simultanées ». « Cela signifiait, poursuivait-elle, non seulement que l'action politique, dans la mesure où elle ne participe pas de la violence, s'exerce généralement au moyen du langage, mais de façon plus fondamentale, que les mots justes trouvés au bon moment sont de l'action » (1). Sachons agir avec des mots justes pour défendre une cause juste. Les mots sont l’arme la plus noble des citoyens éclairés et des résistances vraies.

Pascal Maillard

(1) Hannah Arendt, Condition de l'homme moderne, Pocket, p. 63. Je recommande en particulier la lecture des chapitres 3 ("Le travail") et 5 ("L'action") de ce livre important.

PS : L'efficacité de ce billet qui propose des actions concrètes étant subordonnée à sa diffusion, merci de le relayer, si du moins vous en soutenez les propositions.

 

 

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Source : https://blogs.mediapart.fr/pascal-maillard

 

 

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13 juin 2016 1 13 /06 /juin /2016 14:17

 

Source : https://npa2009.org

 

SNCF : Une grève attendue depuis deux ans

 

 

 

 

Mi-février a été publié par le gouvernement un premier « décret socle » pour fixer les nouvelles conditions de travail. A la suite de celui-ci doit être mis en place une convention collective entre le patronat du transport et les syndicats, puis enfin des accords d’entreprises, notamment à la SNCF. Une déclinaison de la loi travail à la SNCF avec une remise en cause sans précédent des conditions de travail des cheminotEs (nombre de repos, encadrement de ceux-ci, flexibilité). 

 

Le lien est évident : des dispositions de la loi travail s’appliquent ou s’appliqueront à court terme à la SNCF (hiérarchie des normes, validité des accords d’entreprise, etc). 

 

Un mouvement long

Si la mobilisation a commencé en même temps que la loi travail, il y a trois mois, le rythme de mobilisation à la SNCF n’a pas été le même. Rapidement, la question de la grève reconductible a été posée. Suite à de nombreuses grèves de 24h, le mouvement de grève reconductible a démarré le 18 mai. D’abord à l’appel de Sud Rail, puis à partir du 31 mai de la CGT.

Depuis bientôt un mois, il y a à la SNCF de nombreux cheminotEs en grève qui participent quotidiennement aux assemblées générales, ce qui fait un des mouvement les plus long qu’ait connu l’entreprise. La grève se maintient avec des taux de grévistes qui peuvent être très forts dans certains métiers, comme chez les conducteurs (50 % voire plus). Cette fois-ci, la mobilisation est un peu plus forte en Île-de-France qu’en province. Le mouvement combine une radicalité et un ras-le-bol qui dépassent en partie la loi travail, et dont on avait déjà pu apprécier l’étendue à l’automne, notamment par la popularité suscitée par « l’affaire » de la chemise du DRH d’Air France. C’est donc l’exaspération des politiques d’austérité qui s’exprime sur des questions éminemment concrètes : nos conditions de travail et de vie.

 

Dissensions au sommet

Pour tenter de désamorcer cette grève, le gouvernement tente depuis le début de la déconnecter de la loi travail, appuyé pour l’occasion par les principales bureaucraties syndicales de la SNCF. Ainsi, une pression a été exercée sur la direction de la SNCF, qui a même été mise de côté par le gouvernement, pour la négociation de l’accord d’entreprise. La CFDT s’est précipitée pour expliquer que « grâce à leur négociation », ce dernier était à la hauteur du RH 077, voire mieux ! Totalement faux : l’accord prévoit par exemple un article 49 qui introduit l’équivalent de l’article 2 de la loi travail sur l’inversion de la hiérarchie des normes ou met encore en place une délai de prévenance qui permettra à l’entreprise de modifier les journées de travail la veille pour le lendemain et les horaires de travail jusqu’à une heure avant la prise de service. Plus flexible, ce n’est pas possible...

De plus, avec la loi travail, un accord d’entreprise ne sera valable que 5 ans et dénonciable à tout moment par l’entreprise. Or, si l’accord d’entreprise est jugé « trop avantageux » par rapport à la concurrence, basée sur le décret socle et la convention collective, les cheminotEs SNCF seront vite considérés comme « pas assez concurrentiels » et l’accord d’entreprise sera encore revu à la baisse. Il est évident que le décret socle et la convention collective doivent reprendre le meilleur de la réglementation du travail pour l’ensemble des cheminotEs, qu’ils soient du public ou du privé.

 

Chantage patronal

En faisant mine de lâcher du lest sur l’accord d’entreprise, le gouvernement tente de calmer la contestation afin de préserver la loi travail. Le tout est accompagné d’un chantage odieux dont seuls les patrons ont le secret : les syndicats qui ne signent pas l’accord d’entreprise pourront toutefois le signer à tout moment, à la condition qui ne l’aient pas dénoncé. S’ils l’ont dénoncé en revanche, ils ne pourront pas intervenir dans les « négociations locales », laissant la CFDT et l’UNSA qui représentent 30 % des voix des salariéEs, faire ce qu’ils veulent avec la direction. Il est hors de question d’accepter cet accord d’entreprise au rabais, de plus sous la menace de ce chantage. CGT et Sud-Rail réunis doivent non seulement ne pas signer la convention collective et l’accord d’entreprise mais également les dénoncer, ce qui obligerait le gouvernement et la direction de la SNCF à revenir à la table des négociations. C’est ce qui ressort des nombreuses motions votées dans les assemblées générales.

Voyant que la grève ne faiblissait pas, le gouvernement a fait planer le doute sur la réquisition des cheminotEs pour le lancement de l’Euro. Cette intimidation avait pour objectif de montrer à celles et ceux qui relèvent la tête que ce gouvernement est prêt à tout pour étouffer la contestation. En brandissant cette menace, il a surtout rajouté de l’huile sur le feu. 

 

Et la convergence des luttes ?

Le rythme d’une grève reconductible ne correspond pas au rythme des journées d’actions, mises en place par les confédérations, d’autant que celles-ci peuvent être espacées de 20 jours. Si à cela on ajoute que ceux qui sont prêts à partir en grève reconductible, comme à la SNCF ou dans les raffineries, ne le font pas de manière coordonnée, on peut aisément comprendre que construire la convergence des luttes est un combat de tous les instants. C’est pourquoi, dans plusieurs gares, des cheminotEs n’hésitent pas à s’adresser aux collègues de la RATP ou d'autres transports urbains, des raffineries, de l’automobile, des déchetteries, d’ErDF ou plus largement aux usagers dont l’accueil est bien plus encourageant que ce que l’on peut voir dans les médias. C’est dans ce sens qu’il faut militer.

Enfin, il est également primordial de favoriser tout ce qui peut aller dans le sens d’une auto-organisation de la lutte. En 2014, sur l’Île-de-France par exemple, avait été mis en place une « AG des AG » qui réunissait régulièrement des cheminotEs, syndiqués et non syndiqués, de différentes gares. Cette fois-ci, preuve que chaque expérience enrichit la suivante, ces rencontres se sont mises en place bien plus rapidement et à un niveau supérieur. Des cheminotEs des différentes assemblées générales se réunissent régulièrement à la Bourse du travail de Paris. Dans plusieurs gares, des comités de mobilisation ont été aussi mis en place qui, bien qu’encore modestes, tentent de faire vivre la grève au quotidien. Un acquis précieux de la mobilisation de ce printemps.

Basile Pot

 

 

Source : https://npa2009.org

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13 juin 2016 1 13 /06 /juin /2016 14:07

 

Source : http://www.revolutionpermanente.fr

 

 

Entretien avec le secrétaire général de la CGT des services

Pour la CGT des services publics : « Il faut passer au blocage économique du pays, et de ce point de vue, le secteur des ordures ménagères est important »

 

Publié le 13 juin 2016

 

Entretien. Jeudi 9 juin, nous avons rencontré Baptiste Talbot, secrétaire général de la CGT des services publics, à l’usine de traitement et d’incinération des résidus urbains (TIRU) d’Ivry-sur-Seine (94). Cette usine est en grève depuis lundi 30 mai (cf. l’Anticapitaliste n°340).

Propos recueillis par Robert Pelletier

SOURCE

 

Quelle est la situation aujourd’hui ?

Sur Paris, le TIRU, plus grosse usine de traitement des déchets de France, une des plus grosses d’Europe, est occupée depuis 12 jours par des éboueurs et égoutiers de la ville de Paris. Les sites de Saint-Ouen et d’Issy-les-Moulineaux ont été plusieurs fois à l’arrêt du fait de grèves des salariés des usines. Dans le même temps ,les chauffeurs des camions-bennes chargés du ramassage des ordures sont en grève, ce qui fait qu’aucune benne de ramassage ne passe sur la moitié des arrondissements parisiens. En région, il y a eu des actions de blocage comme à l’incinérateur de Fos qui couvre notamment Marseille, dont les salariés sont en grève depuis hier. Sont également bloqués des centres de traitement des déchets dans le Gers, les Hautes-Pyrénées et en Ariège. A Saint-Étienne, les grévistes ont été contraints d’arrêter la grève suite à une décision de la justice bourgeoise. S’ils ont obtenu quelques avancées sur les effectifs et les salaires, ils continuent à être mobilisés contre la loi travail.

 

Quelles sont les revendications plus spécifiques de la profession ?

Cela tourne autour des conditions de travail, de la pénibilité, de l’âge de départ à la retraite. Mais c’est l’exigence du retrait de la loi travail qui est au cœur de la mobilisation. Il y a la dimension de la solidarité avec le privé, notamment en défense de la place des conventions collectives, mais aussi la compréhension qu’une fois le code du travail saccagé par le gouvernement avec l’appui du Medef, le statut de la fonction publique sera l’objectif suivant... comme le martèlent les candidats à la primaire à droite et Macron.

 

A ce propos, quelle est la place du privé dans la profession ?

Sur Paris, la moitié des arrondissements sont en régie publique. Cela permet actuellement à la Mairie de faire tourner les salariés des boites du privé plus largement sur le « secteur public ». Bien sûr, il ne faut pas exclure que le privé entre dans le mouvement, mais de toute façon, le blocage et la grève des usines de traitement limitent les possibilités de contournement des grévistes, car les dépôts périphériques intermédiaires sont à saturation.

 

Pourquoi la grève dans le secteur public contre la loi travail démarre-t-elle trois mois après le début du mouvement ?

Il y a eu une phase de mûrissement, puis la pétition, puis le 9 mars et les premières manifs. Il a fallu aller au débat avec les collègues pour faire comprendre le lien entre la loi travail et les attaques contre le statut de la fonction publique. Les territoriaux ont participé à ces étapes. Le déclencheur pour le mouvement sur les déchets a été l’entrée dans la bagarre des routiers, des raffineurs, des cheminots. Tout le monde a commencé à estimer que les manifs de masse ne suffiraient pas. Il faut passer au blocage économique du pays, et de ce point de vue, le secteur des ordures ménagères est important.

 

Quelle est l’attitude des autres forces syndicales ?

Dans le secteur, la CGT est largement majoritaire, mais des actions unitaires ont lieu, notamment en Seine Saint-Denis, avec FO et Solidaires, en Ariège... Il serait utile que FO s’engage davantage.

 

Les partis politiques sont globalement peu visibles…

Ils sont présents aux manifs, le plus souvent avec des points fixes. Philippe Poutou pour le NPA et Pierre Laurent et Didier Le Reste pour le PCF sont venus ici. Pour notre part, dans la fédération, nous sommes depuis longtemps favorables à la recherche de convergences dans les mobilisations mais aussi pour les perspectives. Ce qui doit laisser la maîtrise de la mobilisation aux organisations syndicales, sans empêcher le soutien politique à ceux qui se battent.

 

Et la suite ?

Pour ce 14 juin, c’est une grosse mobilisation qui s’organise. Mais nous nous projetons plus loin, face à un gouvernement qui est minoritaire mais déterminé. La lutte devra continuer après le 14, jusqu’au retrait de la loi travail.

 

 

Source : http://www.revolutionpermanente.fr

 

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13 juin 2016 1 13 /06 /juin /2016 13:57

 

Source : http://www.lefigaro.fr

 

À Nancy, Macron chahuté par un manifestant qui voulait lui offrir un bleu de travail

 

 

 

La manifestant a été rapidement évacué par la sécurité.

LE SCAN POLITIQUE/VIDÉO - Un manifestant a fait interrompre le discours du ministre de l'Économie avant d'être évacué.

 
 

Plus une sortie sans incident pour Emmanuel Macron. Après avoir été la cible de jets d'oeufs, lundi, à Montreuil, le ministre de l'Économie a été chahuté ce vendredi en marge d'un déplacement à Nancy. Alors qu'il intervenait devant les invités du Forum Mondial des matériaux, un manifestant a fait irruption dans la salle, bleu de travail à la main. «Ce n'est pas en mettant un costard qu'on travaille. C'est en mettant un bleu de travail, je vous l'offre», a crié le manifestant en brandissant le vêtement. Une référence à une altercation du ministre fin mai à Lunel (Hérault) avec deux militants de la CGT, auxquels Emmanuel Macron avait dit: «Vous n'allez pas me faire peur avec votre tee-shirt. La meilleure façon de se payer un costard, c'est de travailler».

 

Un manifestant opposé à la loi travail éjecté de la salle pendant le discours de à .

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11 juin 2016 6 11 /06 /juin /2016 15:02

 

Source : https://communismeouvrier.wordpress.com

 

 

A Albi, les manifestants anti-loi travail emmaillotent 80 parcmètres

France 3 Midi-Pyrénées, 9 juin 2016 :

 

 

Les opposants albigeois à la loi travail ont trouvé une façon originale de manifester. Jeudi matin, ils ont emmailloté 80 parcmètres de la ville, les ornant de surcroît d’un appel à la manifestation du 14 juin prochain.

 

Dans les mouvements sociaux qui s’éternisent, il faut trouver la bonne idée pour attirer l’oeil et l’attention du grand public…

 

A Albi, les opposants à la loi travail (dans le cadre d’une action intersyndicale CGT, FO, FSU et Solidaires.) ne s’y sont pas trompés, en s’attaquant aux parcmètres de la ville, à l’occasion de cette nouvelle journée d’action.

80 d’entre eux ont été solidement emmaillotés dans des mètres d’adhésif, jeudi matin. Rendus inutilisables, ils ont été reconvertis en panneaux d’affichage puisque redécorés par les manifestants avec des tracts appelant à la grande manifestation nationale du 14 juin prochain pour le retrait pur et simple de la loi.

 

 

 

Source : https://communismeouvrier.wordpress.com

 

 

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11 juin 2016 6 11 /06 /juin /2016 14:58

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

 

18 mois de prison requis contre les lanceurs d'alerte «LuxLeaks»
10 mai 2016 | Par Dan Israel
 
 

Lors de la septième journée d'audience, le procureur luxembourgeois a demandé au tribunal de condamner Antoine Deltour et Raphaël Halet, tout en se disant « pas opposé » à des peines avec sursis. Contre le journaliste Edouard Perrin, il a demandé une simple amende. Cela ne l'a pas empêché de critiquer durement ceux qui sont à l'origine de la révélation du scandale.

 

En apparence, le procès LuxLeaks n’aura pas fait bouger les lignes. Mardi 10 mai, au septième et avant-dernier jour des audiences où comparaissent les anciens employés de PriceWaterhouseCoopers (PwC) Antoine Deltour et Raphaël Halet aux côtés du journaliste Edouard Perrin, le procureur David Lentz a prononcé un réquisitoire implacable envers les « soi-disant lanceurs d'alerte » et le journaliste qui serait « allé trop loin ». Auparavant, ce mardi et le mercredi précédent, les avocats des prévenus s’étaient démenés pour démontrer que les actions de leurs clients, qui ont copié, transmis et diffusé des centaines d’accords fiscaux secrets entre le Luxembourg et des multinationales, n’ont répondu qu’à un souci d’intérêt général. Les avocats ont par conséquent tous demandé la relaxe de leurs clients.

La situation semble donc être restée figée à ce qu’elle était avant l’ouverture du procès. Et pourtant, le procureur paraît être moins sûr de son fait que ses mots ne l'ont laissé entendre. Aussitôt après avoir demandé 18 mois de prison pour Antoine Deltour et Raphaël Halet, il a précisé qu’il ne serait « pas opposé » à ce que ces peines soient intégralement assorties d'un sursis. On est donc loin des 10 ans de prison et du million d’euros qu’ils encouraient au maximum, pour « vol domestique », « divulgation de secrets d’affaires » et « violation du secret professionnel ». Et après avoir durement critiqué Edouard Perrin, jugeant que « la liberté d'expression journalistique ne prévaut pas sur la violation du secret professionnel » (comme l’ont rapporté les journalistes sur place, lire notre boîte noire), le procureur n’a demandé qu’une amende à son encontre, laissant le montant à l’appréciation du tribunal. Il a même conclu en félicitant Edouard Perrin « pour son travail et son opiniâtreté », et a reconnu que le scandale LuxLeaks avait contribué à mettre au jour des « pratiques fiscales douteuses ».

 

Antoine Deltour et son avocat William Bourdon, au tribunal de Luxembourg le 26 avril. © Reuters - Vincent Kessler Antoine Deltour et son avocat William Bourdon, au tribunal de Luxembourg le 26 avril. © Reuters - Vincent Kessler

 

Pour autant, le procureur n’a pas rechigné à endosser son « rôle », celui de « protéger la société contre les abus ». « Si une infraction a été commise, il ne peut y avoir que condamnation », a-t-il déclaré, en s’appuyant sur le fait que les trois mis en cause reconnaissent la matérialité des faits qui leur sont reprochés. Le représentant du parquet luxembourgeois est allé plus loin. « La justice, ça se rend. Ça ne se vole pas », a-t-il fait valoir, extrêmement soucieux de casser l’image de justicier au service de l’intérêt général à laquelle Deltour et Halet ont été associés tout au long des audiences. Pour lui, aucun doute, le premier avait même « une volonté de nuire » à son employeur, en violant le secret des affaires.

David Lentz a expliqué que l’impunité ne pouvait être accordée aux deux hommes, car même si une loi locale existe depuis février 2011, elle ne protège que ceux qui dénoncent des agissements contraires à la loi, alors que les accords fiscaux dévoilés par le scandale LuxLeaks étaient légaux. « Pas question d'ouvrir les portes aux délateurs de tout poil », a-t-il prévenu. Quant au chef d’accusation de vol, il l’a maintenu, bien que les avocats des accusés aient plaidé que les biens immatériels n’étaient pas concernés par la loi luxembourgeoise qui définit ce délit. De fait, dans la jurisprudence du pays, une seule décision de la Cour de cassation englobe les « meubles immatériels », et elle a été contredite depuis.

Revenant sur le rôle d’Edouard Perrin, le procureur a ensuite maintenu que le journaliste avait téléguidé Raphaël Halet. Pour ce faire, il est resté arc-bouté sur les déclarations de l’ex-employé de PwC devant les policiers et la juge d’instruction, mais n’a apparemment pas tenu compte de sa déposition au procès, où il avait fermement démenti cette version. Rappelons aussi que Perrin a bénéficié d’un non-lieu pour les accusations de complicité de vol, rendu le 25 novembre dernier par la chambre du conseil du tribunal, qui décide des poursuites ou non après la conclusion de l’enquête d’un juge d’instruction. Qu’importe, le magistrat l’a jugé coupable de complicité de viol du secret professionnel et du secret des affaires. « Il y a des limites à la liberté d'expression », a-t-il assuré, faute de quoi on sombrerait « dans l'anarchie ».


« Le secret des affaires, ce n’est pas le secret de magouilles » 

Le réquisitoire du procureur a dû satisfaire PwC. Lors de l’audience précédente, mercredi 4 mai, son avocat avait demandé à la justice de ne pas céder à la « stratégie de défense très efficace à l'égard de la presse », consistant à présenter Deltour et Halet comme des lanceurs d’alerte. Pour PwC, « au regard des faits », ni Deltour ni Halet n'avaient l'« animus du lanceur d'alerte », et ce statut dont ils se revendiquent serait une « invention ex post facto, concoctée pour les  besoins de la défense ». Concernant Antoine Deltour, l’avocat de PwC avait particulièrement insisté sur son non-respect du secret professionnel, pourtant détaillé dans son contrat de travail. « M. Deltour n'est pas un lanceur d'alerte chimiquement pur. Il n'est pas un lanceur d'alerte du tout », avait-il lancé, assurant que, en copiant des documents de formation en plus des « rulings », son « but premier » avait été de « piller le “know how” [le savoir-faire – ndlr] de PwC ».

Le cabinet d’audit avait demandé une indemnisation d'un euro à l’égard de ses anciens employés, car il ne serait pas possible de mesurer l’impact réel de leurs actions. Pourtant, en décembre 2014, l’entreprise avait fait signer un accord de confidentialité à Halet en lui faisant reconnaître qu’elle avait perdu au moins 10 millions d’euros du fait de la fuite des seize documents dont il était l’auteur… En ne demandant qu’un euro de dommages et intérêts, « PwC ne souhaite en aucun cas montrer qu’elle n’aurait pas subi de préjudice », assurait son avocat, martelant qu’il « s’agit d’une affaire grave ».

Ce mardi, la réplique de William Bourdon, l’avocat français d’Antoine Deltour et figure emblématique de la défense des lanceurs d’alerte, a été cinglante. « Les lanceurs d'alerte ne savent pas encore qu'ils le sont lorsqu'ils agissent », a-t-il asséné, invitant le tribunal à être « au rendez-vous de l'Histoire », s’attirant les applaudissements d’une partie de la salle, où étaient réunis les soutiens des trois accusés. Le mercredi précédent, c’est Bernard Colin, l’avocat de Raphaël Halet, qui avait enthousiasmé le public, en demandant d’« appeler un chat un chat » et en dénonçant l'« évasion fiscale », et non l'« optimisation fiscale », organisée par PwC pour les multinationales. Très en verve, il avait déclaré se trouver « face à des tordus de la finance », et clamé : « Pour moi, le secret des affaires, ce n’est pas le secret de magouilles. »

Les uns après les autres, tous les avocats présents ont plaidé pour une relaxe générale, en s’appuyant notamment sur la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme et sur l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme, qui définit la liberté d’expression et la liberté de la presse. Selon les règles européennes, qui s’imposent aux droits nationaux de chaque État membre,  défendre l'intérêt général peut permettre de violer la confidentialité, dans certains cas. May Nalepa, qui défend Raphaël Halet, a notamment détaillé point par point les conditions qu’il faut remplir pour se prévaloir de cette jurisprudence, et a plaidé qu’elles étaient toutes remplies. « M. Halet a défendu les intérêts de la nation européenne », a-t-elle lancé. « Que valent les petits secrets de PwC face au droit à l'info de 500 millions d'Européens ? » a surenchéri Olivier Chappuis, avocat d’Edouard Perrin. Le procureur ne les a pas suivis sur ce point. Il leur reste un dernier droit de réplique, mercredi 11 mai, pour convaincre le tribunal que ce sont eux qui ont raison.

Le jugement devrait être connu pendant la seconde quinzaine de juin.

 

 

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

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10 juin 2016 5 10 /06 /juin /2016 14:49

 

Source : http://www.marianne.net

 

SNCF, Air France, éboueurs, loi Travail : la crise sociale inquiète l'exécutif pour l'Euro 2016

Alors que l'Euro de foot débute ce vendredi 10 juin, l'exécutif s'efforce de désamorcer la grève reconduite à la SNCF. Et de faire face à un blocage des centres de déchets qui se propage, avant une grève des pilotes d'Air France prévue du 11 au 14 juin…
 
La SNCF connaît son dixième jour de grève consécutif ce vendredi 10 juin. -Sipa
 

Ce vendredi 10 juin, l'équipe de France de football – ou la sélection roumaine qu'elle affronte – donne le coup d'envoi de l'Euro de football. Le bon déroulement de la compétition, que la France accueille jusqu'au 10 juillet, est l'une des principales préoccupations de l'exécutif qui compte donner la meilleure image du pays aux 2,3 millions de personnes attendues dans les stades et les 6,5 millions dans les "fan zones". Un impératif pour François Hollande, qui a même , et qui a affirmé à Tulle ce jeudi que "l'Etat prendra toutes les mesures nécessaires" pour faire cesser les grèves. Une perspective de plus en plus compromise...

 

 

► SNCF : la grève pas près de s'arrêter

Le mouvement est parti pour durer à la SNCF. Alors que l'Unsa et la CFDT ont annoncé qu'elles signeraient le projet d'accord de sortie de grève proposé par la direction ce mardi, SUD-rail s'y refuse. La balle est désormais dans le camp de la CGT, qui en rejoignant la position de SUD, acterait le rejet du projet de résolution du conflit.

 

 

Ne s'étant pas encore prononcé sur son choix de ratifier ou non le texte, le premier syndicat de la SNCF laisse les assemblées générales de salariés décider de la poursuite du mouvement, initié le premier juin. Un peu moins de 8% des agents étaient ainsi en grève jeudi, et les AG ont voté une reconduction pour ce vendredi. Depuis le début de la semaine, près de 20% des TGV et 40% des Intercités ne peuvent pas circuler. En Ile-de-France, le trafic s'améliore : seules quelques rares perturbations sont à prévoir sur le RER B.

Les syndicats ayant jusqu'au 14 juin pour signer l'accord, il est probable que la circulation des trains soit encore perturbée pendant l'Euro. Mais le leader de la CGT, Philippe Martinez, a confié jeudi ne pas être "sûr que bloquer les supporters soit la meilleure image que l'on puisse donner de la CGT".

Pourtant, l'accès au Stade de France, qui reçoit ce vendredi le premier match de l'Euro, sera bien perturbé sur les rails. Les conducteurs SNCF des RER B et D, qui desservent l'enceinte dyonisienne, seront massivement en grève ce vendredi, selon la CGT-cheminots et SUD-rail. De son côté, la direction a prévu d’assurer 50 trains pour acheminer les supporters, ce qui sera insuffisant.

 

► Poubelles : le privé à la rescousse à Paris

Les poubelles s'amoncellent sur les trottoirs parisiens depuis plusieurs jours. Trois sites de traitement de déchets de la région parisienne sont encore bloqués ce vendredi, dont l'usine d'Ivry-sur-Seine, la plus importante d'Ile-de-France. La maire de Paris, Anne Hidalgo, a annoncé ce matin que "toutes les ordures seraient ramassées" aujourd'hui dans la capitale. La Ville va recourir à des agents du privé pour assurer ce ramassage.

 

 

Les poubelles dans Paris

 

Le mouvement se propage en province. Dans le Sud-Est, l'incinérateur de Fos-sur-Mer est bloqué, empêchant le ramassage des ordures dans la région marseillaise. Deux autres centres sont également bloqués dans l'Ariège. A Saint-Etienne, le maire est parvenu à dénouer le conflit avec les services en grèves, l'installation des espaces dédiés à l'Euro n'est plus menacée.

Dans d'autres villes hôtes, comme à Lyon, l'acheminement de matériels par les services municipaux étant compromis, la tenue d'animations prévues pour l'Euro est menacée d'annulation.

 

► Air France : une grève annoncée du 11 au 14 juin

Le préavis de grève des pilotes de la compagnie française n'est pas levé. Prévue du 11 au 14 juin, cette grève impacterait fortement l'arrivée et le déplacement des supporters au début de l'Euro.

Un "protocole de fin de conflit" a été remis mardi aux syndicats par le PDG d'Air France Frédéric Gagey, à la suite d'une journée de tractations. Véronique Damon, secrétaire générale du SPNL, premier syndicat de la compagnie, se félicite d'une 'inflexion du discours de Frédéric Gagey". Mais le document "n'apporte pas de réponse concrète" à la principale demande des syndicats : le rééquilibrage entre Air France et KLM. Les pilotes demandent pas moins de vingt avions supplémentaires, soit un investissement de plus de trois milliards d'euros. Les syndicats  ont rejeté ce jeudi le nouveau protocole de fin de conflit transmis dans la nuit par la direction, qu'ils considèrent comme "un copier-coller" du précédent, et qui ne contient "aucune proposition" permettant de lever la grève débutant samedi.

Le PDG d'Air France estime que 20 à 30% des vols ne seront pas assurés ce samedi, date du début de la grève.

 

► Loi Travail : la mobilisation resurgit

Plusieurs centaines de manifestants opposés à la loi El Khormi ont bloqué temporairement l'accès au Marché d'intérêt national de Rungis ce jeudi matin. Le blocage a duré de 3 à 6 heures du matin.

Cette action symbolique, conduite essentiellement par des syndiqués CGT, annonce la prochaine journée de mobilisation nationale contre la loi Travail, mardi 14 juin. L'intersyndicale appelle en effet les opposants au texte à manifester à Paris et en province, en plein Euro de football. La dernière manifestation, .

 

 

 

Source : http://www.marianne.net

 

 

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