Standing w/ the Great Sioux Nation to protect their water & lands. Take a stand: http://www.change.org/rezpectourwater #RezpectOurWater #KeepItInTheGround
Publié le 28 septembre 2016
Nous relayons ci-dessous le « coup de gueule » d’une infirmière, publié sur le blog C’est l’infirmière, Brèves et chroniques d’une infirmière rurale http://cestlinfirmiere.blogspot.fr/2016/09/les-infirmiers-ces-gros-citrons.html?m=1. Très beau témoignage sur la dureté et la beauté d’une profession pourtant bien méprisée par les politiques de santé de ces dernières années.
—Ah oui oui, j’ai vu à la télé l’autre jour, y’avait des infirmières qui parlaient de leurs conditions de travail et tout. C’est vrai que vous avez pas un boulot facile hein… Vraiment dur et ingrat des fois… ‘Pis vous êtes mal payé… Mais c’est un beau métier hein attention ! Mais moi j’voudrais pas l’faire…
« J’voudrais pas l’faire… » .
Le gentil petit père qui me tendait le bras pour sa prise de sang semblait presque peiné pour moi que je sois infirmière. Que je sois celle qui tenait l’aiguille à la recherche de l’unique micro-veine dans le pli de son coude, pour 3€04 net. Que je sois celle qui venait laver, habiller sa femme, dans une maison inadaptée pour 5€20 net la demi-heure. Que je sois celle qui parcourait les kilomètres au milieu des champs qui les séparaient du bourg dans lequel ils ne pouvaient plus se rendre, pour 2€50 à chacun de mes déplacements…
Mais voilà même si mon métier est parfois« dur et ingrat », mes patients restent le formidable moteur de ma motivation à me lever tous les matins. Grâce à eux, je n’ai presque pas besoin d’un pied de biche pour me décoller du matelas. Parce que je sais que ma petite-mamie-soleil va me sourire comme la veille, parce que je sais que mon autre patient-chouchou me demandera comment je vais moi et que ça me touchera comme la dernière fois, parce que je sais que sans mes soins, beaucoup de mes patients ne pourraient pas rester chez eux à profiter de ces maisons qui les ont parfois vus naître…
Mais alors que j’aime profondément mon métier, ceux que je soigne me font parfois l’effet d’un morceau de sucre dans le réservoir tellement certaines de leurs réflexions, volontaires ou non, ralentissent voire stoppent mon envie de continuer à aider l’autre :
« Vous êtes en retard !… Et c’est déjà bien assez cher !… Vous trouvez pas ma veine alors que vot’collègue, lui, il y arrive toujours !… Vous êtes en avance !… Ah parce que vous travaillez aussi le dimanche et à Noël ? Vous avez une sale mine ce matin !… Ah mais si, je suis sûr de vous avoir payée !… Ah bah pour une fois vous êtes à l’heure !… ».
« J’voudrais pas l’faire… ». Voilà ce qu’il m’a dit ce matin. Quelques mots tout cons, comme autant de petits sucres dans mon moteur un poil fatigué je dois l’avouer. Et d’un coup, sans crier gare, je n’ai plus eu envie. Je me suis garée sur le bas-côté tout près de ce grand chêne, un des rares endroits où je captais suffisamment pour écouter mon répondeur :
— Oui bonjour, voilà, je voulais savoir si vous pouviez venir voir mon pied parce que la plaie coule beaucoup et ça sent quoi… Ça sent pas bon en fait. J’ai une ordonnance mais le chirurgien m’a dit de faire mes pansements moi-même parce que je n’avais pas besoin d’une infirmière… Mais là ça fait dix jours que c’est rouge et ça coule et ça fait mal, voilà. Je serais chez moi qu’en début d’après-midi parce que je dois sortir faire des courses. À tout à l’heure !
Pfff.
J’ai reposé ma tête contre le siège de ma voiture en soufflant ce bruit de ras le bol, comme si mon envie se dégonflait. Quelques semaines plus tôt, c’étaient des injections ratées d’anticoagulants que j’avais dû rattraper chez une dame et peu de temps après, c’étaient carrément des agrafes qu’un patient s’était enfoncé profondément dans la peau en voulant les enlever lui-même, parce que son médecin lui avait dit qu’il n’avait pas besoin d’infirmière pour faire ça s’il se procurait un ôte-agrafes… J’ai imaginé ces médecins dire à leurs patients combien mon travail était inutile et j’en ai eu marre, d’un coup, qu’on puisse supposer que je ne serve à rien. Et, comme un engrenage à la con, je me suis mise à penser à tout ce que j’essayais de mettre de côté durant ma tournée pour ne pas parasiter mes soins et cet esprit Full of love avec lequel j’essayais de soigner chacun de mes patients.
« Qu’on arrête d’assimiler la santé à la rentabilité »
J’ai repensé aux cinq infirmiers qui s’étaient donnés la mort cet été et à notre profession toujours dans l’attente que notre Ministre exprime une peine qui ferait écho à la nôtre. J’ai repensé à sa réponse sous la forme d’une « Prévention des risques psychosociaux-bla-bla-bla-ressers-moi-un-café », alors qu’on aurait besoin d’actions concrètes et non de tables rondes qui ne feraient que confirmer ce que l’on sait déjà. On a besoin de moyens et qu’on arrête d’assimiler la santé à la rentabilité. J’ai repensé à l’infirmière et à cette kiné libérale abattues il y a deux ans pendant leur tournée de soins et dont on n’a jamais entendu parler dans les médias. J’ai repensé à ce patient qui me doit 17€ et qui refuse de me payer malgré mes relances depuis deux mois.
J’ai repensé à la visite annuelle de l’agent de la CPAM la semaine dernière à mon cabinet et qui a conclu notre entretien par un : « Nous allons augmenter les contrôles concernant les IK (le paiement des déplacements hors commune) et les tarifications de nuit, attention à vous ! », alors que ces deux points ne concernaient même pas mes soins. Je me suis dit que j’étais une fraudeuse avant même de l’être, je me suis dit qu’on se foutait bien de ne pas me payer, je me suis dit qu’on se foutait bien que les patients mettent leur santé en danger et qu’on n’en avait rien à faire que les soignants aillent mal… Je me suis dit que j’étais un citron.
J’ai regardé mes mains qui tenaient fermement le volant, pas décidées à passer la première. Je me suis revue regarder ces mêmes mains la veille au soir, posées sur le clavier de mon ordinateur, et ces doigts qui ne savaient plus quoi écrire alors que je relisais pour la énième fois le message de cette jeune femme en souffrance que j’avais reçu sur mon blog :
— Je suis émue et enragée car il n’y a pas eu cinq infirmiers suicidés cet été, mais 6. La sixième, c’est ma Maman. Un lundi matin, elle n’a plus eu la force de se lever pour aller travailler. Elle était infirmière. C’était le 4 juillet, elle avait 48 ans.
J’ai dégluti une boule de tristesse aromatisée à la colère dont l’amertume me fit monter les larmes… À l’époque de mes coups de mou à l’hôpital, je refilais mon couloir à ma collègue en l’implorant de me laisser descendre fumer une clope deux minutes. Mais en libérale j’étais seule et j’avais eu depuis, l’excellente idée d’arrêter de fumer. ’Chié.
J’ai baissé ma vitre. Dehors, le soleil se levait, le ciel était clair et l’air était frais. J’étais garée en bordure de ce champ de vaches dont les pattes étaient perdues dans la brume, putain que c’était beau ! C’était ma « rephase » à moi ça, les vaches, les champs et tout le kit d’infirmière de campagne. Ça marchait plutôt bien d’habitude, mais ce matin-là je regardais mes mains qui ne bougeaient plus et qui agrippaient le volant.
Le regard perdu sur du rien, j’ai senti monter en moi la fatigue. Puis, la fatigue a laissé place à un ras-le-bol qui lui a laissé place à la colère. Et de la colère est apparue l’évidence : je suis un citron.
Un putain de gros citron d’infirmière. Un citron pressé qui voit rouge et qui rit jaune.
Les politiques et les institutions du soin ont raison finalement. Ils ont tellement raison en fait de nous presser puisque tout le monde s’en fout de la santé des gens. Parce qu’ils chercheront toujours à faire des économies sur la santé, au risque de mettre celle des patients et des soignants en danger, et tout le monde continuera de s’en foutre.
Mais ils ont raison parce que tant qu’il y aura des citrons, il y aura du jus. Tant qu’il y aura du jus, ils continueront de nous presser. Et on continuera de boire cette limonade dégueulasse avec laquelle ils nous rincent le gosier depuis trop longtemps… J’ai l’impression que ceux qui nous gouvernent, que ceux qui nous embauchent et que ceux qui nous payent pensent qu’ils nous tiennent par le bout de notre empathie. Ils sont persuadés qu’on continuera de soigner nos patients, parce que le droit de grève est inexistant dans les services et en libéral, parce qu’on aura toujours peur de mettre nos collègues et nos patients dans la panade. Ils se disent qu’on n’intentera jamais rien qui pourrait mettre en danger les autres parce qu’on les aime trop nos patients.
Parce qu’on est des gros citrons de soignants.
Parce que tant qu’il y aura du jus… Les politiques continueront de nous presser. Mais les soignants se tuent de soigner, les cinq suicides officiels de cet été auront au moins servi à le mettre en lumière : l’empathie et la bienveillance ne suffisent plus à garder un soignant droit dans ses crocs, nous avons besoin de moyens et de reconnaissance.
Il y a un effet-buzz autour du mal-être des soignants en ce moment. Des micro-reportages dans les journaux télévisés, des interviews données dans les émissions de radio. Je ne sais pas combien de temps ça va durer. La parole se libère et je suis consternée, mais à peine étonnée, d’entendre ces discours de soignants que j’entendais déjà à l’école. Mais combien de temps va durer l’intérêt des médias pour notre cause ? Ils vont forcément se détourner de nous et demain on ne s’inquiétera plus de savoir comment nous allons, comment nous soignons et combien se sont tués de ne plus réussir à soigner ceux qui s’indignaient hier derrière leurs écrans de télé…
J’ai finalement dû redémarrer ma voiture parce que je commençais à être sacrément en retard. Et alors que je venais de pousser la porte de maison d’une dame que je connaissais à peine, son accueil pourtant souriant m’a fait grincer des dents : « Mais vous êtes en retard ce matin, vous devez être pressée ! ». N’ayant pas eu le temps de m’expliquer et me voyant vexée elle a rajouté : « Ah mais non, c’est pas pour vous faire la remarque, j’ai eu peur qu’il vous soit arrivé quelque chose sur la route, tout va bien ? ».
Tout va bien, c’est juste une histoire de citron… De citron pressé qui a un coup de mou…
Source : http://www.revolutionpermanente.fr
La mobilisation de la communauté amérindienne contre la construction d’un pipeline dans le Dakota a été entendue, depuis qu’elle s’est déplacée sur les réseaux sociaux.
C’est une petite victoire pour la communauté amérindienne. La semaine dernière, le gouvernement américain a indiqué interrompre temporairement la construction d’un pipeline : un oléoduc de pétrole brut long de 1 770 kilomètres censé transporter 570 000 barils par jour et allant de l’État du Dakota à celui de l’Illinois, dans le centre des Etats-Unis. Le projet avait été annoncé en avril.
Depuis, plusieurs des tribus d’Amérindiens, avec en chef de file celles de la réserve de Standing Rock, se battent contre l’aboutissement du projet. Et pour cause, la gigantesque infrastructure menace leurs terres. Le transport des combustibles fossiles risque de contaminer considérablement leurs ressources en eau, de les empêcher de pêcher, en plus de profaner leurs terres sacrées.
Dès l’annonce du projet, la réserve de Standing Rock est montée au créneau : tractations, manifestations, lobbying, tentatives de négociations. Mais leurs démarches ont trouvé peu d’écho, si ce n’est chez les écolos américains.
Mais voilà, le mois d’août est arrivé et le mouvement a pris une toute autre ampleur. En cause, le déplacement du combat militant sur les réseaux sociaux. Sur Twitter et Facebook, la communauté amérindienne a lancé pendant l’été le hashtag #NoDAPL (pour « No Dakota Access Pipeline ») et a ainsi gagné une visibilité foudroyante.
Les médias américains qui jusque là ne regardaient que d’un œil le mouvement, ont commencé à s’y intéresser. NoDAPL publie régulièrement des informations, vidéos, des témoignages.
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Depuis, des célébrités montrent leur attachement à la cause de Standing Rock sur Twitter et entraînent ainsi une vague de solidarité. Leonardo DiCaprio, en leader de la bande, est rejoint au mois de septembre par tout le casting du film « Justice League ».
Ceux qui incarnent à l’écran Batman, Wonder Woman et Flash se mobilisent contre le projet.
Solidarité
D’un côté les camps de migrants fuyant guerres, terrorismes et dictatures, installés sous les ponts du métro parisien. De l’autre, les habitants, les commerçants, les passants qui vaquent à leurs occupations. Grâce à la cuisine, ce mur invisible s’estompe peu à peu. De ces bénévoles qui concoctent un petit-déjeuner pour le réveil des migrants à ce réfugié syrien qui rêve de monter son restaurant pour mixer les cultures culinaires, en passant par un diner solidaire accueilli par un bistrot, voici la preuve qu’autour d’une simple assiette bien des barrières tombent.
Il a plu ce matin là. Caprice de la météo parisienne. Le mois d’août n’y change rien, il a plu. Pas grand-chose, juste une averse. Juste de quoi tremper les réfugiés qui dormaient dehors, entassés en grappe aux pieds des arbres sur le quai Valmy, au niveau de la station de métro Jaurès, dans le nord de la capitale. Ceux qui avaient installé cartons, matelas et couvertures au sortir de la station de métro qui les surplombe n’ont pas essuyé la rincée. Ici le métro gronde en extérieur en passant sur un pont, protégeant ainsi le trottoir de la pluie et du soleil. Un camp de réfugiés s’y tient.
En 2015, un million de réfugiés seraient arrivés en Europe, fuyant conflits et persécutions, au Moyen-Orient et dans la corne de l’Afrique, selon l’Organisation Internationale pour les migrants. En France, les autorités offrent rarement le minimum vital à ces gens qui se retrouvent à la rue, survivant de débrouille et de la solidarité d’associations et d’individus engagés.
A 8h, ce matin d’août, malgré le brouhaha de la circulation, certains réfugiés essaient de finir leur nuit. D’autres sont déjà levés et attendent, sur une placette, que des « soutiens », des membres de collectifs spontanés de citoyens, comme Soutien aux exilé.e.s, arrivent pour leur distribuer un petit-déjeuner. Les membres de ce collectif s’organisent via les réseaux sociaux. Valérie est une des premières sur place. Elle accueille les nouveaux soutiens, même si elle n’est elle-même pas très ancienne. Malgré « quinze jours seulement à faire de la distribution », elle déjà au fait de tout.
Le groupe de soutien grandit, au fur et à mesure des arrivées. Des tables sont improvisées sur des tréteaux et des planches, d’énormes sacs remplis de baguettes et pains, invendus de boulangeries, ramassés par différents membres du collectif, sont déballés. Des soutiens se mettent à les découper, pendant que plus loin d’autres tartinent : confiture, fromage, chocolat, c’est en fonction de ce qui a été donné.
En file indienne, les migrants font la queue pour se servir en boissons chaudes et tartines. C’est le premier repas de la journée. Peut-être le seul. Tout dépend de la capacité des bénévoles, de la nourriture achetée ou offerte, de la météo, mais aussi des rafles organisées par les forces de l’ordre qui dispersent les camps et enferment les réfugiés. Ce jour-là, ils sont peu nombreux à attendre un petit-déjeuner. A peine une centaine, les yeux encore ensommeillés, les traits tirés, preuve d’une mauvaise nuit. Dort-on vraiment quand on dort dehors ?
Un réfugié afghan s’approche des soutiens qui découpent le pain. Sans dire un mot il attrape une baguette et se met lui aussi à trancher et tartiner, pour faire avancer le travail. « Il nous aide souvent », explique Valérie. La communication est réduite. Il ne parle que pachtoune. Alors chacun sourit et se replonge dans sa tâche.
Bahia, thésarde en littérature, s’est beaucoup investie dans la distribution de nourriture et la coordination du groupe via les réseaux sociaux. En novembre 2015, au soir des attentats, elle s’inquiète. Elle qui depuis un moment ne lisait plus que des articles sur la question migratoire, se demande ce qu’il advient des réfugiés installés sur la place de la République, « ces gens qui avaient fuit la guerre et qui se retrouvaient dans le quartier où ça canardait ». Aujourd’hui elle a levé le pied : « Pour être moins dans l’urgence permanente et passer à d’autres actions, peut-être plus politiques, à de la sensibilisation aussi ».
Pendant des mois, comme d’autres, elle a donné un coup de main pour l’organisation de la distribution, la collecte des invendus auprès de commerçants généreux, la cuisine. Chacun fait ce qu’il peut : de la collecte à la distribution, de l’accompagnement chez le médecin jusqu’à l’aide pour remplir des documents. Elle l’a expérimentée, la cuisine crée du lien et constitue une porte d’entrée pour la défense des droits : « Il y a de nombreuses personnes qui, en faisant la distribution de nourriture, comprennent mieux la problématique, rencontrent quelqu’un qu’ils veulent accompagner, lâchent la distribution de nourriture pour faire des choses plus spécifiques. »
Cette expérience permet aussi aux réfugiés de se prendre eux-mêmes en main. « Au départ ce n’était que les soutiens français qui cuisinaient. C’était compliqué de faire autrement : nous n’avions pas de lieu à disposition, les campements étaient petits. Progressivement, nous nous sommes arrangés avec les réfugiés qui nous aidaient chaque fois pendant la distribution, et leur avons mis une cuisine à disposition. Nous avons alors pris l’habitude de créer des équipes mixtes entre soutien et réfugiés », raconte Bahia.
Parfois il y a des ratés : pas assez de nourriture, pas assez de soutiens présents. L’organisation n’est pas parfaite et Bahia ne l’imagine pas autrement : « Sinon cela signifie que nous faisons parfaitement le travail qui devrait être fait par les autorités, alors pourquoi le feraient-elles ? », interroge la jeune femme.
Enzo travaille dans l’accompagnement à la création d’entreprises sociales et solidaires. Quand il a du temps libre, lui aussi cuisine et distribue des plats. « J’ai rencontré des réfugiés pas loin de chez moi, à Porte de Saint-Ouen, c’est souvent la proximité qui fait que l’on se sent concerné. » Il fait partie du groupe de ravitaillement en nourriture depuis le début de l’année 2016, mais se dit peu sociable. Du coup, cuisiner est plus évident pour lui. Une fois la nourriture déposée, les soutiens présents sur le camp vont la distribuer « avec l’aide de réfugiés, qui se sentent concernés par leur propre sort, mais aussi par celui des autres ».
Mélanie* est dentiste. Elle se rappelle comment elle en est venue à aider les réfugiés. « C’était il y a un an environ, quelqu’un m’a demandé d’apporter des dentifrices. J’ai fait une collecte, puis je suis arrivée au campement. Là j’ai eu un gros choc. Je me suis dit que je ne pouvais pas déposer mes dentifrices et m’en aller comme si de rien n’était. Du coup je me suis renseignée pour trouver des groupes de soutien. Finalement, faire la cuisine ce n’est pas compliqué. »
Tout le monde ne passe pas ce cap : distribuer baguettes et bols de riz, ou passer plusieurs heures par semaine dans une cuisine prêtée pour l’occasion, n’est pas aisé. « Je ne comprends pas que l’on ait peur de gens qui ont fui un endroit où ils ne pouvaient pas rester, confie Mélanie. Oui, la réalité est violente : avoir un campement en bas de chez soi ce n’est pas évident. Mais imaginons le cas inverse : si je devais fuir, je serais contente que quelqu’un me tende la main. »
La démarche peut-être compliquée, comme l’explique Bahia : « C’est finalement simple d’entrer en contact avec les réfugiés, parce que j’arrivais avec un but précis : je venais pour distribuer de la nourriture. Mais cela peut être gênant, l’impression qu’il peut y avoir un côté voyeur. Arriver avec une marmite donne une raison à sa présence, facilite la rencontre. » Delphine le dit : « Beaucoup de gens ne savent pas trop quoi faire. Je comprends que ce soit difficile de s’impliquer. C’est effarant car, quand tu es sur un camp, il y a des moments de grande tristesse. » Des alternatives ont ainsi vu le jour pour créer des ponts entre réfugiés et riverains, pour construire une autre image des migrants.
En juillet, un bar parisien a accueilli un diner solidaire au profit des réfugiés. Enzo est à l’origine de l’initiative. Il organisait déjà le même genre d’événements pour des personnes sans domicile fixe. Malgré la pluie et le match de foot de l’équipe de France contre l’Islande en Coupe d’Europe, plus de 300 convives se retrouvent dans le Point bar, plein à craquer. Comme promis sur Facebook, les gens se sont déplacés pour venir déguster un diner préparé par Enzo, Mélanie et Emad, réfugié syrien. Ils se sont retrouvés à 11h du matin pour commencer à cuisiner, après que Enzo ait passé trois jours à faire le tour de Paris pour récolter les denrées alimentaires.
A 21h, les 200 repas initialement prévus sont servis. Il a fallu se remettre à cuisiner pour les cent autres convives, arrivés sans s’annoncer. Preuve que la solidarité peut fonctionner autrement, que la cuisine est un langage commun. Au final, le diner né de l’engagement de citoyens, qui prennent « du temps sur leur vie » comme le dit Mélanie, aura permis de récolter 1560 euros pour le ravitaillement des réfugiés. Une belle initiative mais qui laisse un goût amer à Mélanie : « C’est quand même triste de se dire que l’on ne peut pas nourrir tout le monde. »
Enzo est parfois énervé et raconte s’investir en fonction de ses « pics de colère ». Il se rappelle du campement à la Halle Pajol et de ses 1500 réfugiés à la rue qu’il fallait nourrir « beaucoup avec l’aide des réfugiés eux-mêmes », insiste-t-il. Il voit son bénévolat comme une course de fond : « Les autorités n’offrent pas de solution, alors même que nous sommes en partie responsables de la situation ». Il comprend que tout le monde ne puisse pas donner de son temps, ou ne sache pas comment faire. « Je pense aussi que les gens ne se rendent pas compte de la réalité et de ce qu’il se passe. » Ce dîner solidaire est un bon entre-deux : amener des gens qui ne savent pas forcément comment agir, mais qui ont quand même envie de faire un geste. « Ici on arrive à aborder le sujet de la migration autrement. »
Pour Enzo il y a aussi une boucle dans ce diner. Ce soir-là en cuisine, Emad Shoshara, réfugié syrien de 33 ans, est venu donner un coup de main et par ce geste faire tourner la roue de la solidarité. En juin dernier, à l’occasion de la Journée mondiale du réfugié, il a participé à un autre événement : Refugee Food Festival, organisé par l’association Food sweet food, durant lequel des restaurants parisiens ouvrent leurs cuisines à des chefs réfugiés, afin de changer la perception sur les migrants. Emad a fait découvrir ses fallafels aux clients de La Mano. « Une très belle expérience », confie-t-il. Depuis il veut faire découvrir la cuisine syrienne aux Français, tout en la mixant avec la cuisine locale.
Cet ancien logisticien, qui a travaillé dans le secteur du pétrole et du tourisme en Syrie, souhaite ouvrir un Food truck, un camion snack. Dans son chemin migratoire, Emad s’est retrouvé en Égypte où il a travaillé dans un restaurant, tout en faisant des voix off pour le cinéma et la télévision. Arrivé en France, il continue à cuisiner pour lui même et ses amis. Il a adoré l’expérience du dîner solidaire : « Un réfugié qui fait du bénévolat pour les réfugiés », sourit-il. « J’étais doublement content : d’abord parce que je faisais goûter de la nourriture syrienne à des gens qui n’en avaient jamais mangé. Et aussi parce qu’on faisait un geste de solidarité. »
Sans la guerre, il ne se serait sans doute jamais retrouvé à porter un tablier pour préparer le diner de centaines de personnes. En attendant les autorisations nécessaires pour lancer son activité, Emad compte travailler à nouveau dans un restaurant. « Et pourquoi pas participer à des festivals, faire découvrir la cuisine syrienne au plus grand nombre de personnes ». Dans son camion, il servira des plats réalisés avec des recettes de sa mère et sa grand-mère : cuisiner pour garder les souvenirs d’un pays dans lequel il ne compte pas rentrer et où il est recherché. Cuisiner parce que la nourriture permet de tisser des liens. « Chez moi on dit : si tu veux gagner mon cœur, gagnes mon estomac. »
Sana Sbouai
Photos : Sana Sbouai, sauf photo de une : © Refugeefoodfestival
Note d’auteur : Dans un souci d’anonymat les noms de famille ne sont pas cités.
Cet article a été réalisé dans le cadre d’un partenariat avec l’Institut Panos Afrique de l’Ouest.
Economie sociale
Une petite coopérative fromagère de l’Aubrac paie ses éleveurs laitiers bien mieux que les géants agroalimentaires : ses adhérents reçoivent 80% de plus par litre de lait comparé aux prix pratiqués par Lactalis, Danone ou Bel. Quelle sont les clés du succès ? Ici, pas de multiples intermédiaires, ni d’actionnaires. Les coopérateurs misent sur des produits de qualité impliquant en amont de bonnes conditions d’élevage, et œuvrent à la maitrise des volumes. Une partie de l’argent sert également à rémunérer des remplacements pour améliorer le quotidien des adhérents, et aider des paysans à s’installer.
Les éleveurs laitiers ont dû se battre des mois pour que les « géants » du lait daignent leur accorder quatre petits centimes d’augmentation, soit 0,29 euros le litre garanti jusqu’à fin 2016. Un prix encore trop bas « pour couvrir les coûts de production et rémunérer le travail » (lire ici). Comment, dans ces conditions, trouver une coopérative laitière qui rémunère ses éleveurs correctement ? Il faut se rendre en Aveyron, dans les environs de Laguiole, village rendu célèbre par sa coutellerie.
La coopérative Jeune Montagne y fabrique des fromages de l’Aubrac ainsi que de l’aligot, cette purée de pommes de terre agrémentée d’une fondue de tome fraîche au lait cru et de crème. Elle fait aujourd’hui partie des coopératives qui rémunèrent le mieux ses éleveurs. Les 1000 litres de lait sont payés en moyenne 537 euros au paysan de la coopérative, quand le lait standard est actuellement payé moins de 300 euros. Une augmentation de 80% comparé aux prix pratiqués par les géants du secteur ! La clé ? « Il n’y a pas de caisse noire, ni d’intermédiaire, ni d’actionnaire. Les paysans sont responsables de la coopérative [1]. Une fois qu’on a payé les salariés et les différentes charges, ce qui reste c’est le prix du litre de lait. »
Produire du lait en « appellation d’origine protégée » (AOP) joue aussi un rôle majeur. Les vaches de race Simmental ou Aubrac doivent passer 120 jours minimum en pâture, l’ensilage, l’enrubannage et les OGM sont interdits, l’aliment de base – foin, herbe – doit se faire sur l’aire d’appellation, le lait est crû et entier.... « Le respect de ce cahier de ressources nous fait déboucher sur des produits de qualité qui permettent de se positionner sur le marché », souligne Francis Sabrié, porte-parole de la Confédération paysanne de l’Aveyron.
La carotte plutôt que le bâton, c’est le fonctionnement adopté par la coopérative depuis sa naissance, en 1960, à l’initiative de quelques jeunes paysans, pour relancer la fabrication d’un fromage local, le laguiole. Jeune Montagne compte aujourd’hui 80 adhérents. En 2015, elle a collecté 17 millions de litres de lait, produit 1500 tonnes d’aligot et 650 tonnes de laguiole. « Le site de fabrication à Laguiole, c’est aussi 100 emplois, en comptant la direction, le secrétariat, les chauffeurs, les transformateurs, les fromagers... Soit un emploi pour un paysan », se réjouit Francis Sabrié.
« En fin d’année, une partie du résultat est mise en fonds propres pour les investissements et pour pouvoir infléchir la production en payant mieux le litre de lait sur tel ou tel critère. Quand on a arrêté l’ensilage pour passer au foin par exemple, la coopérative a mieux payé le lait qui était issu du foin. On l’a fait pour la qualité fromagère. » Plusieurs autres critères – rapport matière grasse / matière protéique, cellules, staphylocoque... – donnent également lieu à une prime fromagère. Jeune Montagne offre aussi une rémunération supérieure aux adhérents élevant des vaches de race Aubrac dans leur cheptel laitier. Car depuis les années 80, de nombreuses fermes se sont tournées vers la production de viande, et la race Aubrac a peu à peu perdu ses qualités laitières. Elle n’assure plus aujourd’hui qu’à peine 10 % de la production de lait de l’AOP Laguiole [2].
Préoccupée par l’amélioration de la qualité de vie des adhérents, la coopérative a décidé de monter un groupement d’employeurs sur ses fonds propres. Elle emploie quatre salariés pour permettre aux paysans de se faire remplacer, et réduire la charge de contrainte de la traite. Jeune Montagne propose également des aides à l’installation dont le montant varie entre 5 000 et 20 000 euros en fonction des situations. Elle a également mis en place un système de prêts à taux zéro plafonné à 30 000 euros – par associé et jusqu’à deux associés maximum – pour financer des équipements en cohérence avec le cahier des ressources AOP.
Malgré ces différentes initiatives, la coopérative va devoir baisser cette année le prix du litre de lait à 510 euros les 1000 litres. « Avec l’arrêt des quotas, des coopérateurs moins vertueux que la moyenne ont appuyé sur le champignon ce qui a conduit à une surproduction... On a en parallèle accueilli de nouveaux producteurs pour anticiper la suite, car certains éleveurs n’ont pas de successeurs. Ces différents facteurs ont amené à ce que trois millions de litres de lait non transformés soient vendus en 2015 sur le marché standard ce qui nous a plombé le résultat. »
Jeune Montagne a décidé de prendre les devants en 2016, en mettant en place trois prix pour le litre de lait afin de limiter la production, tout en cherchant de nouveaux marchés [3]. « Dès qu’on ne maitrise plus nos volumes, qu’on surproduit et qu’on n’a pas la capacité de vente en face, le prix du litre de lait baisse. Ça prouve que même si nous sommes dans une coopérative de proximité qui fonctionne, nous ne sommes pas étanches à la politique économique et agricole qui nous entoure. Reste que quand les paysans se prennent en charge, transforment et vendent leurs produits, ils s’en sortent mieux que quand ils sont simples pourvoyeurs de matières premières pour les industriels ».
Sophie Chapelle
Une autre version de cet article a initialement été publié dans le mensuel Campagnes Solidaires, en mai 2016.
Plus d’informations : www.jeune-montagne-aubrac.fr
Publié le 22 septembre 2016
Dans un essai dédié à la défense de l'ancien trader, l'écologiste Julien Bayou dénonce les dessous d'une affaire d'État avec son lot de conflits d'intérêts et de renoncement politique face au lobby de la finance.
Vendredi 23 septembre, après huit ans de procédures, la cour d’appel de Versailles va enfin trancher et dire si Jérôme Kerviel doit ou non verser à la Société générale les dommages et intérêts faramineux (4,9 milliards d'euros) auxquels il a été initialement condamné. Et c’est à la veille de ce verdict que le militant associatif et porte-parole d’Europe Écologie-Les Verts (EELV) publie un essai revenant sur le volet financier public de cette affaire.
Engagé dans ce dossier depuis 2013, Julien Bayou dénonce dans Kerviel : une affaire d'État (éditions Arcane 17), le « cadeau fiscal » versé par l’État entre 2009 et 2010 à la Société générale, d’un montant total de 2,2 milliards d’euros. Censé dédommager la banque de la fraude monumentale de son trader, dont le coût a été estimé par elle-même à 4,9 milliard d’euros, ces deux milliards ont gracieusement été offerts par le fisc avant même que la justice n'ait tranché sur les responsabilités de la banque dans ce dossier.
« Je me plonge dans l’affaire, et pourtant, en juin 2013, il ne fait pas bon de soutenir un trader "coupable idéal" quand on est de gauche », écrit-il. Julien Bayou n’est toutefois pas le premier – Jean-Luc Mélenchon s'y est déjà risqué sur son blog – ni le seul : Eva Joly, qui préface son essai, Éric Alauzet, Isabelle Attard ou Marie Noëlle Lienemann s’intéressent eux aussi à ce dossier sulfureux et à la défense de Jérôme Kerviel. Bien que son objectif n'est pas, selon lui, de prouver l'innocence de l'ancien trader, Julien Bayou explique cet engagement :
Kerviel a parfaitement connaissance de l’abjection de son ancien métier. Il a spéculé sur les attentats de Londres en juillet 2005, en pariant contre les compagnies d’assurance. Il a joué avec les cours de céréales. Il l’explique et le regrette. Mais là n’est pas mon combat. L’enjeu, c’est la partie "cadeau fiscal". [...] Si Kerviel n’est pas 100% responsable, alors la banque n’aurait jamais dû toucher cette somme.
Julien Bayou a d'ailleurs lancé une procédure devant la cour administrative d'appel de Paris pour faire annuler ce qu'il appelle « le cadeau fiscal » de Bercy à la Société générale.
Adepte d'un engagement « multi-facettes », se positionnant comme un fervent défenseur du contribuable, Julien Bayou estime d’emblée que la Société générale n’aurait jamais dû toucher ces milliards d’euros « de réparation pour un préjudice qu’elle a elle-même provoqué ». Appelant à ce que la justice reconnaisse la part de responsabilité de la Société générale, déjà épinglée dans de multiples scandales financiers ou plus récemment dans les révélations des Panama Papers, Julien Bayou rappelle que la banque a également été condamnée par le conseil des prud’hommes à verser 450 000 euros à l’ancien trader pour « licenciement abusif ».
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En effet, cette décision de justice atteste que, dès 2005, Jérôme Kerviel dépassait les limites de risques autorisées et que la banque le savait. Or, rappelait un article des Échos cité par Julien Bayou, « aucun fait fautif ne peut donner lieu à des poursuites disciplinaires au-delà d’un délai de deux mois ». De fait, cette décision démontre une fois de plus que les banques bénéficient d'une totale impunité et qu'elles ne sont quasiment jamais inquiétées grâce à leurs liens avec les plus hautes instances de l’État.
Dans son essai, Julien Bayou défend d'ailleurs la thèse d’un Jérôme Kerviel désigné comme étant le bouc émissaire, facilement érigé en coupable idéal dans un « crime presque parfait ». Une théorie à l’exact opposé de celle défendue par la Société générale qui parle de son côté d’un « trader isolé ».
Mais pour l'écologiste, cet ouvrage est aussi l’occasion « de dresser quelques pistes pour sortir de cet entre-soi politico-financier ». Pour ce faire, il propose notamment d’utiliser ces quelques milliards « que la Société générale nous doit » pour les verser « au pot commun d’une révolution » servant à l’expérimentation du revenu universel. Un revenu inconditionnel qu’il définit essentiellement comme étant un « projet de redistribution universel des cartes et des chances ».
Avec ces deux milliards, que Julien Bayou souhaite au service, non pas de la Société générale, mais de la société, en général, il propose une redistribution de cette somme à 33 000 Français durant cinq ans. Une initiative qui permettrait de démontrer les bienfaits du revenu inconditionnel, déjà expérimenté en Finlande ou au Kenya :
Une très encourageante étude préliminaire menée sur l’expérimentation kényane a déjà montré que les personnes ayant reçu un revenu de base ont moins souffert de la faim, ont investi dans des biens coûteux par rapport à leur niveau de vie mais utiles tels que des toits en métal et des animaux de ferme. Leur bien-être psychologique a également progressé et leur consommation d’alcool et de tabac n’a pas augmenté, tout comme leur niveau de stress.
Mais avant d’en arriver à la formulation de cette proposition, Julien Bayou dresse le bilan funeste de notre société et modèle de démocratie, que le scandale de la Société générale n’aura pas su faire vaciller, malgré les espérances. Critiquant l’impunité et l’irresponsabilité des banques et des ministres, comme l’absence d’une véritable justice financière, Julien Bayou en profite pour rappeler l’importance et la nécessité de ses propres engagements... Assurant pourtant qu’il ne s’agit en rien d’un programme politique, mais plutôt de quelques pistes de réflexions, le porte-parole des écologistes propose aux citoyens de « reprendre le contrôle » par des mesures éparses, destinées à affronter « le 1% » qui « bloque ce nouveau monde qui ne demande qu’à éclore ».
Selon les syndicats, 320 000 manifestants ont défilé samedi dans sept villes allemandes pour dénoncer le projet de traité de libre-échange transatlantique (TTIP) ainsi que leur opposition au Ceta, le traité de libre-échange avec le Canada dont la signature finale est attendue à la fin du mois prochain.
Dans un pays où la population est largement hostile à ce traité en cours de négociation entre les Etats-Unis et l'UE, les organisateurs des manifestations de samedi - une trentaine d'ONG, de syndicats et partis politiques - ont affirmé avoir mobilisé quelque 320 000 personnes. La police dans les 7 villes concernées par les défilés avançait pour sa part une estimation de 163.000 à 188.000 manifestants. A Berlin, de 50 000 à 70 000 personnes se sont rassemblées, malgré les fortes pluies qui se sont abattues en début de manifestation, à la mi-journée. La mobilisation a également été forte dans les deux autres principales villes du pays, Hambourg et Munich, moins importante à Francfort, Cologne, Stuttgart et Leipzig. Mille pancartes et drapeaux bariolées y étaient tenus à bout de bras, barrés de slogans comme "Démocratie au lieu du TTIP", "Non c'est non", ou encore "Partager plutôt que diviser". Outre le TTIP, pour lequel un nouveau round de négociations vient d'être fixé à début octobre, les manifestants entendent exprimer leur opposition au Ceta, le traité de libre-échange avec le Canada dont la signature finale est attendue à la fin du mois prochain.
Ces deux traités inquiètent de longue date de nombreux Allemands, alors que Mme Merkel n'a cessé d'insister sur les "chances de créations d'emploi" qui doivent en découler. "En Europe, il faut que ce soient les gens qui reviennent au premier plan (...) c'est pour ça qu'il faut stopper le TTIP", juge à Berlin Axel Kaiser, coordinateur d'une plateforme de petites et moyennes entreprises contre ce traité. "Nous nous battons pour des processus de décision démocratiques, pour que les principes de l'Etat de droit s'appliquent dans les accords commerciaux", estime un autre militant, Ulrich Schneider. Négocié depuis mi-2013 par le gouvernement américain et la Commission européenne, l'accord TTIP (Transatlantic Trade Investment Partnership, également connu sous un autre acronyme anglais, Tafta), vise à supprimer les barrières commerciales et réglementaires de part et d'autre de l'Atlantique pour créer une vaste zone de libre-échange. Ses détracteurs craignent, outre une remise en cause des normes sociales, sanitaires et environnementales européennes, la création d'un mécanisme d'arbitrage parallèle pour les investisseurs étrangers qui viendrait affaiblir le pouvoir des autorités publiques face aux grandes entreprises.
Allemagne: grandes manifestations contre le traité de libre-échange transatlantique http://u.afp.com/ZFiH #AFP
Les organisateurs des manifestations en Allemagne ne cessent également de dénoncer des négociations tenues dans le plus grand secret. "Nous avons besoin d'accords commerciaux meilleurs, (que) nous pouvons avoir si nous stoppons les mauvais accords (...) en nous battant pour une économie équitable", a dénoncé Jennifer Morgan, dirigeante de Greenpeace International. Soutenu par la chancelière Merkel, le TTIP divise aussi son gouvernement, le vice-chancelier social-démocrate Sigmar Gabriel ayant vertement critiqué le traité au début du mois en assurant que le TTIP avait "de facto échoué". Le SPD doit décider lundi lors d'un mini-congrès s'il approuve ou non le Ceta, que le gouvernement juge être "un accord très réussi". Selon un sondage de l'institut Ipsos, 52% des Allemands estiment que le libre-échange mène à un affaiblissement des normes sociales et permet l'importation de produits dommageables pour la santé.
Lire aussi :
Source : http://www.humanite.fr
Manger bien et ne jamais manquer de rien tout en respectant la planète… Certaines décisions simples et concrètes prises dans l’anonymat des conseils municipaux de Province valent bien certaines conférences internationales !
Voici, en vidéo, la délibération qui pourrait tout changer (le ton est très sérieux… mais c’est parce que le sujet l’est aussi !)
La justice a suspendu aujourd'hui l'exploitation d'un centre d'engraissement bovin en Creuse, donnant raison aux opposants à cette "Ferme des mille veaux", qui considèrent que l'autorisation d'exploiter est "caduque", car le délai imparti de 3 ans est dépassé.
Dans un jugement vendredi, au lendemain de l'audience, le tribunal administratif de Limoges, saisi en référé par le collectif le L-PEA (Lumière sur les Pratiques d'Elevage et d'Abattage), "a enjoint au préfet de la Creuse de constater la caducité" d'un arrêté du 8 janvier 2013 qui donnait autorisation d'exploitation du centre à Saint-Martial-le-Vieux à la SAS Alliance Millevaches. Cette exploitation devait intervenir sous trois ans. Passée la date du 9 janvier 2016, le collectif le L-PEA avait donc d'abord demandé lui-même au préfet de "constater" cette caducité. Une demande restée sans suite, ce qui équivaut à une "décision implicite de rejet", que le tribunal a "suspendue" aujourd'hui.
Le chantier du centre d'engraissement se poursuivait en parallèle ces derniers mois et de premiers veaux y sont arrivés ces derniers jours, au moins dix, selon L-PEA, qui a fait constaté leur présence par huissier. L'Atelier d'engraissement bovin collectif de Saint-Martial est un projet limousin porté depuis plusieurs années par une cinquantaine d'éleveurs de Creuse et Corrèze, soutenu par les chambres d'agriculture et la communauté des communes locale. Il a déjà reçu plusieurs subventions de l'Etat (au titre notamment de reconversion d'un ancien site militaire) et des collectivités locales : fin 2015, encore 325.000 euros de l'ex-Région Limousin, pour une unité de méthanisation attenante au centre d'engraissement. D'une capacité de 1000 places, il doit accueillir des broutards, veaux de 8-9 mois, engraissés sur place plusieurs mois avant abattage.
Le tribunal a enjoint au préfet de constater la caducité de l'arrêté (autorisant l'exploitation) "jusqu'à ce qu'il ait été statué sur la requête en annulation" de cet arrêté. Un recours en annulation de l'arrêté été déposé début juillet par les opposants. Le tribunal pourrait statuer sur le fond d'ici quelques mois à un an et demi, délai pendant lequel le centre ne pourra donc être exploité, et les quelques veaux qui s'y trouvent devront être retirés, affirme L-PEA.
Le collectif a salué une "première victoire" contre la ferme-usine, "un projet d'élevage intensif (...) qui ne correspond plus aux besoins de la société". Contactée par l'AFP, la préfecture n'était pas en mesure ce soir de communiquer sur un éventuel appel.
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Pas de trêve estivale dans la guerre ouverte entre CGT et Myriam El Khomri. Philippe Martinez, secrétaire général du syndicat, juge ce lundi "proprement scandaleux" que la ministre du Travail ait validé le licenciement d'un délégué CGT d'Air France, et y voit une "attitude revancharde" du gouvernement après la bataille menée par le premier syndicat français contre la loi travail.
La validation par Myriam El Khomri du licenciement d'un délégué CGT accusé d'avoir participé à l'épisode de la "chemise arrachée", est "une décision éminemment politique" qui "désavoue la décision de l'Inspection du travail", déclare-t-il à l'AFP. "Il est proprement scandaleux que la ministre casse cette décision".
L'Inspection du travail, saisie, avait refusé en janvier le licenciement pour faute lourde du magasinier, une décision invalidée ce lundi par le ministère du Travail.
Source : http://tempsreel.nouvelobs.com
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