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25 octobre 2011 2 25 /10 /octobre /2011 00:27

Le grand débat | LEMONDE | 24.10.11 | 13h15   •  Mis à jour le 24.10.11 | 19h30

par Pierre Larrouturou, membre du conseil politique d'Europe-Ecologie (Le grand débat)

 
 

En quelques semaines, le climat a changé. Début 2010, quand nous expliquions que la crise n'était pas finie et qu'une réplique plus grave encore était en préparation, nous étions à contre-courant du discours dominant : tout était sous contrôle ! Il y a cinq mois encore, nous étions "trop pessimistes" : le G8 de Deauville, fin mai, n'a pas consacré une minute à la crise financière !

Mais aujourd'hui, nul ne conteste la gravité de la situation : le président de l'Autorité des marchés financiers (AMF) affirme que nous risquons "un effondrement de l'ensemble du système économique mondial". Quant à Nicolas Sarkozy, il expliquait récemment devant quelques députés qu'un tsunami menace nos économies : "Non pas une récession, comme en 2008-2009 mais un vrai tsunami."

Il faudrait être aveugle pour ne pas voir les dangers : la dette totale des Etats-Unis atteint 250 % du PIB. Au premier trimestre, alors que la dette publique augmentait de 380 milliards de dollars (274,8 milliards d'euros) en trois mois, le PIB n'a augmenté que de 50 milliards. De plus en plus de dette pour de moins en moins de croissance ! La première économie mondiale est comme une voiture qui a besoin d'un litre d'huile tous les 300 mètres. A tout moment, elle peut casser une bielle et le moteur va exploser.

En Chine, la bulle immobilière a atteint deux fois la taille du maximum atteint par la bulle aux Etats-Unis avant la crise des subprimes. En 2009, pour éviter la récession, le gouvernement a ordonné aux banques d'accepter toutes les demandes de crédit qui leur parvenaient. En un an, on a injecté dans l'économie 44 % du PIB (30 % par le crédit privé, 14 % par la dette publique). Partout, on a construit... Partout, il y a pléthore d'immeubles vides. En avril, les prix de l'immobilier ont baissé de 5 %. C'est la première baisse en vingt ans. On a vu en Espagne ce que donne l'éclatement d'une telle bulle : le chômage a triplé en trois ans. Que va-t-il se passer en Chine, où il y a déjà 20 % de chômage et où les émeutes sociales sont de plus en plus violentes ?

La prochaine crise risque d'être plus grave que celle de 2008 car les Etats n'ont plus la capacité de venir au secours du système financier s'il subit un choc violent. Quand la banque Lehman Brothers est tombée, la panique n'a duré que quelques jours car le président George Bush et le secrétaire au Trésor Henry Paulson ont dit qu'ils mettaient 700 milliards de dollars sur la table. Le calme est revenu très vite parce que nul n'avait de doute sur leur capacité à payer ces 700 milliards, mais le choc a quand même provoqué une récession mondiale et des dizaines de millions de nouveaux chômeurs à travers la planète... Trois ans plus tard, personne ne sait comment le président Obama pourrait trouver 700 milliards de dollars si c'était nécessaire. Il faut donc éviter à tout prix d'en arriver là.

Nos politiques sont paralysés aujourd'hui car ils veulent "rassurer les marchés financiers", qui ont des demandes contradictoires : face à une croissance qui diminue dans les pays du G7 (0,1 % de croissance seulement au second trimestre, avant les crises de l'été !), faut-il entreprendre de nouveaux plans de relance jusqu'à être écrasés par la dette, ou faut-il voter des plans d'austérité et retomber en récession ?

 

Croissance moyenne des pays du G7 depuis 2010.

Croissance moyenne des pays du G7 depuis 2010.OCDE

Dans un contexte de chômage de masse, quel salarié peut négocier une augmentation de salaire ? Qui peut donner sa démission en espérant trouver assez vite un autre emploi ? La peur du chômage est dans toutes les têtes, et ce qui va aux salaires est tombé à un plus bas historique.

 

Part des salaires dans la valeur ajoutée des entreprises.

Part des salaires dans la valeur ajoutée des entreprises.OCDE

 

Part des salaires dans la valeur ajoutée des entreprises (Allemagne, Suède, Etats-Unis, Japon, Royaume Unis, Danemark, Italie, Espagne, France, Pays-Bas, Autriche, Belgique, Finlande, Grèce et Irlande).

Part des salaires dans la valeur ajoutée des entreprises (Allemagne, Suède, Etats-Unis, Japon, Royaume Unis, Danemark, Italie, Espagne, France, Pays-Bas, Autriche, Belgique, Finlande, Grèce et Irlande).OCDE

La question de la dette des Etats est très importante (entre 80 % et 90 % du PIB en France et en Allemagne), mais au lieu de bloquer les retraites et de couper dans le financement de la santé ou de l'éducation, ne faut-il pas utiliser tous les leviers fiscaux possibles pour récupérer une bonne part de la "dette des marchés", ces 150 % du PIB que les 0,2 % les plus riches doivent aux peuples de nos pays, si on considère que le partage entre salariés et actionnaires était juste et efficace dans les années 1970 ?

Les "indignés" ont raison : "Ceci n'est pas une crise, c'est une arnaque !" Il ne s'agit pas ici de minimiser la responsabilité (ou l'irresponsabilité) des gouvernements et des citoyens, mais seulement d'apporter le diagnostic le plus complet possible de la situation. Car si le diagnostic est faux, il n'y a aucune chance qu'on parvienne à vaincre le mal.

Le 19 octobre à Francfort, la chancelière Angela Merkel affirmait qu'il fallait "attaquer la crise à la racine" au lieu de s'attaquer seulement aux symptômes. Elle a parfaitement raison ! Et les racines de la crise, c'est trente ans de chômage et de précarité. C'est à cause du chômage de masse que la part des salaires a tant diminué. C'est à cause du chômage, des petits boulots et des petits salaires que nos économies ont besoin de toujours plus de dette. Le chômage n'est pas seulement une des conséquences de la crise. Il en est l'une des causes premières.

Pour sortir de notre dépendance à la dette, il faut réguler les marchés et taxer les plus hauts revenus mais il faut surtout s'attaquer au chômage : c'est seulement en donnant au plus grand nombre un vrai emploi et une vraie capacité de négociation sur les salaires qu'on sortira durablement de la crise.

En 1944, avant de convoquer le sommet de Bretton-Woods qui allait reconstruire le système financier, Franklin Roosevelt organisait le sommet de Philadelphie, qui adoptait comme priorité absolue le respect d'un certain nombre de règles sociales : "Il n'y aura pas de paix durable sans justice sociale", affirmaient Franklin Roosevelt et les autres chefs d'Etat avant de définir des règles sur les salaires, le temps de travail et le partage entre salaires et dividendes... Des règles très concrètes, à respecter dans chaque pays comme dans le commerce mondial. Avant que les néolibéraux ne les démantèlent, ces règles ont permis trente ans de prospérité sans dette.

Bonne nouvelle ! Si ce sont des décisions politiques qui nous ont amenés à la crise, d'autres décisions politiques peuvent nous en sortir. La justice sociale n'est pas un luxe auquel il faudrait renoncer à cause de la crise. Au contraire ! Reconstruire la justice sociale est la priorité absolue, le seul moyen de sortir de notre dépendance à la dette. Allons-nous attendre qu'il soit trop tard pour agir ? Quand Franklin Roosevelt arrive au pouvoir, en 1933, il succède à Herbert Hoover, dont le surnom était "Do Nothing" ("ne fait rien"). Le but de Roosevelt n'est pas de "rassurer les marchés financiers" mais de les dompter ! Il lui suffit de trois mois pour mettre en oeuvre quinze réformes majeures.

Les actionnaires sont furieux et s'opposent de toutes leurs forces à la loi qui sépare les banques de dépôt et les banques d'affaires, comme ils s'opposent aux taxes sur les plus hauts revenus, mais le président Roosevelt tient bon. Les catastrophes annoncées par les financiers ne se sont pas produites. Et l'économie américaine a vécu avec ces règles pendant un demi-siècle. "We must act !" répétait Roosevelt. Nous devons agir ! Hélas, depuis 2008, nos dirigeants font preuve d'une inertie aux conséquences dramatiques. Si l'Europe avait créé une taxe Tobin fin 2008, au plus fort de la première crise financière, elle aurait déjà rapporté entre 200 et 600 milliards d'euros, selon les différents scénarios en débat à Bruxelles.

Avec une telle cagnotte, le Parlement européen aurait réglé la crise grecque en quelques semaines sans demander le moindre effort aux citoyens et sans attendre le feu vert de seize Parlements nationaux. Et ce qui n'était qu'un problème modeste à l'origine (coût estimé à 50 milliards d'euros en 2009 et 110 milliards aujourd'hui) n'aurait jamais pris les proportions que la crise grecque a prises depuis quelques semaines. Le principe d'une taxe Tobin a été adopté par le Parlement européen, droite et gauche confondues, mais il est toujours "en discussion" dans les méandres du Conseil européen, et les lobbies financiers font tout pour ralentir son adoption définitive... Nos dirigeants discutent encore quand les spéculateurs agissent avec toujours plus de rapidité et d'efficacité. Qu'attendons-nous pour créer enfin cette taxe et rassurer le peuple allemand et les autres peuples d'Europe ?

C'est la dernière fois qu'on leur a demandé un effort ! Dorénavant, ce sont ceux qui ont accaparé des sommes considérables depuis trente ans qui seront mis à contribution pour abonder le Fonds européen de stabilité. Il faut dire la vérité : vu l'énormité des déséquilibres accumulés aux quatre coins de la planète, nous n'éviterons pas une nouvelle crise. La seule question qui se pose (mais elle est fondamentale !) est de savoir si cette crise se traduit seulement par quelques grosses turbulences, qui sont l'occasion de renforcer notre cohésion nationale, de construire enfin une Europe politique et d'humaniser la mondialisation, ou si elle est semblable au tsunami dont parle Nicolas Sarkozy. Un tsunami qui provoque l'effondrement de pans entiers de nos sociétés.

Vu l'interdépendance de nos économies et vu la mobilité des capitaux, il est évident que les décisions qui seront prises - ou ne seront pas prises - par le G20 de Cannes, début novembre, sont d'une importance cruciale. Il reste bien des leviers disponibles au niveau national et au niveau européen, mais une action concertée au niveau international aurait une tout autre efficacité.

Le G20 va-t-il enfin déclarer la guerre à la spéculation et à l'injustice sociale ? Ce G20 va-t-il retrouver l'esprit de Philadelphie et être à l'origine d'un sursaut de coopération et de justice sociale, ou restera-t-il dans l'histoire comme un sommet de mensonges et de lâcheté, comme les accords de Munich à l'automne 1938 ? Le G20 va-t-il vouloir encore "rassurer les marchés financiers" ou va-t-il enfin décider de les remettre à leur place ?

En France, toute la gauche a les yeux rivés sur l'élection de 2012. Cette élection est fondamentale, mais si le système économique s'effondre d'ici là, si l'analyse néolibérale s'impose dans le débat public et si les populismes se nourrissent du désespoir, rendant inaudible tout discours rationnel, la gauche aura la tâche encore plus difficile pour sortir de la crise.

L'économie mondiale n'est pas calée sur mai 2012. Vu la vitesse à laquelle la situation peut se dégrader, la présidentielle française est encore loin. Le devoir de la gauche est donc de dire toute la vérité et de peser avec force dans chaque débat, sur chaque décision. Tel est le sens de l'appel que nous venons de lancer (www.poureviterleffondrement.fr). Dès le G20 de Cannes et dans les prochains mois, les citoyens peuvent montrer qu'ils ne relâcheront pas la pression sur leurs dirigeants. Il n'est plus l'heure de parler mais d'agir. Pour que le G20 se donne les moyens de reconstruire la justice sociale, pour éviter l'effondrement de nos sociétés, soyons le plus nombreux possible à le signer et à le diffuser autour de nous.

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24 octobre 2011 1 24 /10 /octobre /2011 11:22
| Par Carine Fouteau

 

Le service de la main-d'œuvre étrangère (MOE) de Paris est en train de craquer. En sous-effectif chronique, les fonctionnaires chargés d'instruire les demandes d'autorisation de travail des salariés étrangers sont en première ligne pour mettre en œuvre la circulaire du 31 mai 2011 visant à réduire l'immigration professionnelle.

Les arrivées légales doivent baisser de 20.000 par an, ne cesse de marteler le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, qui a cosigné ce texte avec le ministre du Travail, Xavier Bertrand. Comment faire? Mettre les agents sous pression, appliquer des quotas sans le dire et modifier les pratiques administratives en étant toujours plus pointilleux et zélés à l'encontre des employeurs et des travailleurs.

Comme stimulé par la désapprobation des représentants des grandes écoles et des universités ainsi que des patrons du CAC 40, l'instigateur de cette politique s'est récemment félicité, lors d'un déplacement à Senlis, dans l'Oise, de la baisse de 30% des titres de travail au cours des huit premiers mois de l'année. Sur près de 190.000 arrivées en 2010, l'immigration professionnelle a concerné 31.500 personnes à l'échelon national.

 

Devant le «service de la main d'oeuvre étrangère» de Paris... à Aubervilliers. ©CF  
Devant le «service de la main d'oeuvre étrangère» de Paris... à Aubervilliers. ©CF

En raison de leur devoir de réserve, rares sont les agents qui s'expriment. A fortiori dans un service peu valorisé comme celui de la MOE, à la désignation inchangée depuis un siècle, perpétuation incongrue de la période coloniale mais révélatrice de la vision utilitariste des étrangers développée par l'État.

Sous couvert d'anonymat, et vu la dégradation des conditions de travail, l'un d'entre eux a accepté de témoigner. «Cette circulaire a modifié beaucoup de choses. C'est une rupture dans la politique de l'immigration. On nous demande de travailler différemment en ayant une lecture plus stricte qu'avant de la législation pour avoir du résultat. Avant, on était à 80% voire plus de taux d'acceptation des dossiers. Les refus, c'était à la marge. Maintenant, on a un quota de 50%. Les ordres viennent directement du préfet et du ministère de l'Intérieur. 50% de refus, c'est terrible, car la majorité des gens qui viennent ont leur place en France. Il y a beaucoup d'étudiants qui veulent changer de statut, passer du statut d'étudiant à celui de salarié. Ces personnes ont souvent bac+5 ou bac+6, elles vivent ici depuis huit ou dix ans, certaines sont fiancées. Les grands groupes sont intéressés par leur double culture ou leur côté polyglotte et leur proposent des contrats. Et maintenant, on leur dit non, vous ne pouvez pas rester. Ils ne comprennent pas.»

«En filigrane, poursuit ce fonctionnaire, le texte dit que les étrangers doivent retourner dans leur pays d'origine. Pour passer de 80 à 50% de refus, la méthode est simple. On est plus tatillons sur l'opposabilité de la situation de l'emploi. C'est-à-dire qu'on vérifie minutieusement si l'employeur qui veut recruter un étranger a diffusé au préalable une offre d'emploi, à Pôle emploi ou ailleurs, et combien de temps celle-ci a été proposée sans trouver preneur. À regarder de près, on trouve toujours quelque chose à redire.»

«Nous refusons d'être des outils de fermeture du marché du travail»

De la bienveillance à la suspicion systématique: l'incohérence de la politique publique apparaît au grand jour avec l'abandon de l'immigration «choisie», supposée favoriser l'immigration professionnelle, au profit d'une approche restrictive. Pour les agents, ce changement de cap voulu par Nicolas Sarkozy est d'autant plus difficile à accepter qu'ils n'en peuvent plus d'appliquer des directives contradictoires dont ils ont le sentiment qu'elles servent des intérêts politiques éloignés de leur mission de service public.

Ex-employée de ce service, Emeline Briantais, du syndicat Sud-travail, a repéré une autre pratique dévoyant selon elle l'esprit du code du travail: «Un dossier peut être refusé si l'employeur ne respecte pas la réglementation. Avant, nous nous contentions de relever les grosses infractions, par exemple l'emploi illégal. Désormais, tout est possible. L'absence d'accord d'entreprise sur les seniors peut être relevée et se retourner contre l'étranger.» «Ce qui est inacceptable avec cette circulaire, c'est que le salarié devient redevable des conditions de travail que lui impose son employeur», insiste Julien Boeldieu, à la CGT du ministère du Travail (lire le communiqué des organisations syndicales). 

Pour les agents, l'injonction gouvernementale induit un surplus de travail, dans la mesure où les décisions de refus, devant être justifiées, prennent plus de temps à rédiger. En découle un procédé pernicieux: «L'administration a deux mois pour donner sa réponse, rappelle le fonctionnaire en poste. Si on laisse traîner, cela s'appelle un refus tacite. On évite, mais comme on est débordés, on est de plus en plus amenés à le faire.»

Le service ne s'en cache pas. À la porte d'entrée est placardée une affichette à l'intention des étudiants les prévenant que «cette semaine, nous traitons les dossiers que nous a envoyés la préfecture le 17/06/2011. Toute demande reçue après cette date n'a pas encore été instruite». Le délai d'examen est passé depuis le 17 août, mais pas un mot d'excuse ni d'explication ne conclut cette note d'information.

 

Note d'information affichée à la porte d'entrée.  
Note d'information affichée à la porte d'entrée.

«Dans certains départements, les services demandent à l'inspection du travail de contrôler spécifiquement telle ou telle entreprise, soit pour vérifier de visu le respect de la réglementation, soit pour s'assurer de la “réalité de l'emploi” proposé, ce qui est une notion absente du code du travail», indique Julien Boeldieu, qui met en garde contre une «instrumentalisation des services de l'État en faveur d'une politique xénophobe». «Nous refusons d'être des outils de fermeture du marché du travail», ajoute-t-il, évoquant une «situation explosive». «Les agents sont pris au piège de la politique gouvernementale», enchaîne Emeline Briantais. Selon elle, les instructions circulent à l'oral, à l'occasion de réunions départementales mensuelles au cours desquelles les chefs de service se font sermonner s'ils ne remplissent pas les objectifs fixés.

«La personne chargée des étudiants est désabusée. Elle ne croit plus en rien»

Les bouleversements dans leur fonctionnement, les agents parisiens les vivent d'autant plus mal qu'ils coïncident avec le déménagement, dans la précipitation, de leurs locaux du boulevard de la Villette, dans le Xe arrondissement, à Aubervilliers en Seine-Saint-Denis.

Plus précisément, c'est sur le site du Millénaire, à quelques mètres du nouveau centre commercial, dans des locaux loués par la société immobilière Icade, qu'ils ont été délocalisés fin juillet. C'est là aussi que les «usagers» doivent se rendre, même s'ils sont domiciliés dans la capitale.

Dès 8h30 le matin, une file s'étire à la porte du service au 21, rue Madeleine-Vionnet. Rien à voir avec les nuits passées par des centaines de personnes devant des préfectures comme Bobigny ou Antony pour renouveler un titre de séjour, mais une cinquantaine d'étrangers se massent à l'extérieur à 9h30, heure de l'ouverture, ce mercredi, en plein froid et courant d'air.

En l'absence de référencement sur Internet et de signalétique sur place, on se demande comment les personnes ont trouvé leur chemin. «Le bouche à oreille», lance quelqu'un. «Une fois qu'on a repéré le bâtiment avec toutes les enseignes des magasins du centre commercial, on sait que c'est là.»

 

Dans le hall d'accueil du service.  
Dans le hall d'accueil du service.

Les plages horaires d'accueil ne cessent de changer. Des caméras de vidéosurveillance surplombent l'entrée. Une vingtaine de sièges sont arrimés au sol à l'intérieur. Aucune confidentialité. La liste des griefs s'allonge: «Le premier problème, indique le fonctionnaire, c'est le trajet, le Millénaire c'est loin et mal desservi. L'archivage, qui est notre base de travail, est complètement désorganisé. Il y a des courriers égarés, des dossiers qu'on ne retrouve pas. L'accueil est inadapté. On n'est identifiés nulle part. Les personnes ne sont pas appelées par leur nom, mais par un numéro. Nous les recevons dans une entrée du personnel, c'est une sorte de hall qui n'est pas prévu pour l'attente. Vers 10 heures, en période de rush, il n'y a pas assez de places assises. Les gens doivent rester debout.»

Pour autant, les éclats de voix sont peu fréquents. «On a un public choisi. Ils ont une attente forte, ils sont assez malléables. Ce qu'ils veulent, c'est que leur décision soit favorable, c'est tout.»

Une forme de lassitude s'exprime: «On travaille de manière isolée. Il y a quand même une souffrance. On se sent démunis, surtout que nous devons accomplir des tâches de plus en plus subalternes à cause du sous-effectif lié au non-remplacement des départs à la retraite. On était une vingtaine il y a quelques années, nous ne sommes plus que 11 ou 12 avec des agents vieillissants. À quoi ça sert de faire une décision de refus, si personne n'est là pour la saisir et l'envoyer? La personne chargée des étudiants est désabusée. Elle ne croit plus en rien. Il faut reconnaître qu'avec les grande écoles et les patrons qui se rebiffent, ça devient compliqué. Pour se rassurer, ce qu'on se dit, c'est qu'il n'y en a plus pour très longtemps. On fait le gros dos. Dans quelques mois, il y a l'élection présidentielle.»

«On a une mission à remplir en tant qu'agents de l'État, on a des instructions, même si elles sont farfelues, on doit les appliquer, c'est comme ça», ajoute cette personne. Ceux qui se considèrent en contradiction avec leurs convictions finissent toujours par quitter le service.

«Cette circulaire nous fait un tort considérable»

À l'entrée du bâtiment, une femme en tailleur-bijoux fait les cent pas. Pour le cabinet de «conseil en mobilité internationale» France Global Relocation, elle est venue s'enquérir de la situation d'un jeune Coréen styliste qu'une société française souhaite embaucher. Son jugement sur la circulaire Guéant est sans appel: «C'est catastrophique. Ce texte nous fait un tort considérable. Nos clients sont de grosses entreprises qui recrutent des cadres ou des étudiants étrangers pour leurs compétences et leur ouverture d'esprit. Là, on est complètement déstabilisés. Ils délivrent refus sur refus. Ils font traîner les dossiers. C'est intenable, car nous, à la différence de l'administration, nous avons une obligation de résultat.»

 

Le site du Millénaire, octobre 2011. Le site du Millénaire, octobre 2011.

Nazim Ould Ali, étudiant en musicologie de nationalité algérienne, commence aussi à s'impatienter. Travaillant à temps partiel dans une bibliothèque, il fait des allers-retours ubuesques entre la préfecture et le Millénaire: «Mon titre de séjour arrivait à échéance le 4 octobre, mais je n'ai été convoqué à la préfecture que le 17. Pour l'intervalle, il a fallu que je vienne ici prolonger de quinze jours ma carte de travail. Le 17, à la préfecture, ils m'ont remis un récépissé en attente de la vraie carte de séjour. Il faut donc que je prolonge de nouveau ma carte de travail. Quand j'aurai mon titre de séjour définitif, il faudra évidemment que je revienne, une dernière fois j'espère. Vous suivez?» «Je songe à aller m'installer ailleurs, en Grande-Bretagne ou au Canada», ajoute-t-il.

 

Pour obtenir le retrait de la circulaire, un collectif du 31 mai s'est constitué autour d'étrangers éconduits. La Conférence des grandes écoles (CGE) a déposé au ministère de l'Intérieur des dossiers ayant fait l'objet de refus. Quelques ministres, tels Laurent Wauquiez, à l'Enseignement supérieur et la Recherche, et Valérie Pécresse, au Budget, ont fait entendre une voix discordante. Lors d'une très récente réunion du service de la MOE, les agents ont été informés qu'ils allaient devoir «reprendre» certains dossiers... Pas sûr que cela suffise. Des centaines d'étudiants, découragés, risquent de se détourner durablement de la France.

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23 octobre 2011 7 23 /10 /octobre /2011 11:24
Journalistes : pas besoin d'un nouveau Code de déontologie !

 

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La décision d’engager un débat sur un nouveau code de déontologie des journalistes, prise lors des Etats généraux de la presse, à l'initiative du président Sarkozy, s’inscrivait dans la logique de ce rassemblement, tout entier tourné vers la satisfaction des revendications des patrons de presse, amis pour beaucoup du pouvoir en place. Ainsi était calculé sous le frauduleux prétexte de « modernisation », de plans massifs de départs dans les entreprises. Ces départs désormais font l'actualité Prisma Presse, la Tribune, France-Soir, le Parisien, RFI France24... laissant sur le carreau nombreux confrères qui pour beaucoup ne savent pas si ils pourront continuer à vivre dignement du journalisme d'ici la retraite...


Ces Etats généraux avaient donc un seul objectif clair: amener les syndicats de salariés, sur la base d’un « diagnostic partagé » avec les employeurs et l’Etat sur l’état de la presse et des médias, à légitimer une série « d’évolutions » dont nous avons ensuite pu prendre toute la mesure. En effet, ces Etats généraux ont marqué le point de départ d’une série d’offensives contre les droits et l’emploi des salariés de la presse, et des journalistes en particulier.

C’est dans ce cadre qu’ont été engagées notamment les négociations sur le statut des pigistes, qui sous prétexte de « clarifier » les conditions d’application de leurs droits, ont abouti au scandaleux accord minoritaire, remettant en cause de fait la loi Cressard
de 1974 et la convention collective des journalistes, accord minoritaire dont le syndicat général des journalistes FO, rejoint par le SNJ CGT,  demande l’abrogation pure et simple.

Excipant des « difficultés économiques » rencontrées par la presse et de la désaffection du public à l’égard des médias, il fut aussi décidé de confier à un « comité de sages » la rédaction d"un nouveau code de déontologie, pour « clarifier » là aussi. « Les difficultés économiques de la presse pourraient conduire à penser que la déontologie est une question secondaire. 

 
Notre conviction est au contraire que cette question est essentielle et que la façon d’y répondre peut contribuer à ce que la presse retrouve une certaine prospérité économique. Une clarification déontologique est de l’intérêt des médias », a ainsi déclaré M. Bruno Frappat lors de la réunion du 7 décembre à l’IPJ.
 

De l’intérêt des médias ?

Peut-être, mais certainement pas de l’intérêt des journalistes, au vu du texte présenté par la "commission des sages", qui non seulement ne traite des principes professionnels qu’en terme de devoirs du journaliste vis-à-vis des lecteurs, auditeurs ou spectateurs, ce qui est normal, mais aussi vis-à-vis de sa hiérarchie "dans le cadre d’une politique éditoriale définie".


Ce n’est sans doute pas un hasard si toutes les contributions des organisations d’employeurs, dans le débat engagé sur le nouveau code de déontologie, insistent pour soutenir ce point qui va dans le sens d’un encadrement renforcé de l’information.

 
"Nous pensons pour notre part à Force ouvrière qu’un journaliste est avant tout un citoyen libre, dont la responsabilité s’inscrit dans l’exigence démocratique et républicaine de diffuser à ses concitoyens une information avérée, libre, indépendante, complète, pluraliste. La déontologie du journaliste, c’est son indépendance d’esprit et celle-ci ne saurait être encadrée ni soumise aux exigences fussent-elles rédactionnelles des éditeurs ou de leurs actionnaires.
Surtout quand nous constatons chaque jour dans nos entreprises de presse la soumission grandissante aux exigences de la concurrence et de la rentabilité immédiate", déclare Fabienne Chiche du syndicat général des journalistes FO.

 " La crise de la presse est la résultante de la course à l’audience et aux recettes publicitaires, la réduction des coûts et des effectifs au bénéfice des seuls objectifs financiers. Les stratégies de concentration entre les mains de quelques grands groupes qui dictent les choix éditoriaux au détriment du pluralisme, de la diversité des points de vue et de la qualité de l'information diffusée à nos concitoyens est une atteinte grave à notre démocratie", affirme Fabienne Chiche.


S’il y a bien un problème de désaffection des Français pour les médias, "elle est plus à rechercher, à mon sens, dans la baisse de la qualité de l’information liée à cette politique que dans on ne sait quelle « clarification » de nos principes déontologiques.
D’autant que cette politique a aussi pour corollaire la multiplication des attaques contre les conditions matérielles de l’exercice du métier des journalistes", souligne la syndicaliste.

Or, l’indépendance et la liberté du journaliste c’est d’abord et avant tout son indépendance matérielle.

Pour Fabienne Chiche "permettre aux journalistes de travailler dans des conditions décentes, sans être soumis au stress permanent de l’urgence, liée à l’insuffisance des effectifs, ou de la polyvalence de plus en plus imposée au détriment des qualifications.
  Les journalistes doivent avoir un vrai contrat de travail avec un vrai salaire, au lieu de les plonger chaque jour davantage dans les affres de la précarité, de multiplier les CDD à répétition, de vouloir priver les pigistes de tout droit avec l’accord de 2008 et de remettre en cause la notion même de salariat avec la multiplication dans les rédactions des stagiaires, faux CLP et aujourd’hui des auto-entrepreneurs. Où est la liberté quand on ne sait jamais de quoi demain sera fait, quand on ne peut même pas vivre de son travail ?
C’est permettre aux journalistes de se voir garantir des salaires conventionnels, évoluant de manière à préserver le pouvoir d’achat, au lieu de poursuivre une politique systématique de paupérisation de notre profession.
C’est garantir aux journalistes que leurs droits, tous leurs droits, précisés dans leur Convention collective, le Code du Travail, le Code la propriété intellectuelle seront respectés. C’est leur garantir que leur Convention collective sera maintenue et intégralement appliquée, dans toutes les formes de presse, et qu’on ne tentera pas de lui substituer des accords d’entreprise. C’est leur garantir que leur statut ne sera pas remis en cause. C’est leur garantir par la loi un véritable droit à la protection des sources et donc abroger l’actuel texte qui ne le leur accorde en rien."

M. Marc Feuillée, représentant du SPM, a affirmé lors d'une réunion au "comité des sages", résumant le point de vue de ses confrères éditeurs, qu’il y a « une vraie contradiction entre le droit du travail, le droit de la presse et un code de déontologie ». Pour le syndicat général des journalistes FO l'indépendance du journaliste et droit du travail sont au contraire intimement liés et qu’il ne saurait y avoir l’une sans respect de l’autre.
"Voilà pourquoi au SGJ FO nous sommes opposés à un code qui, une fois adopté de manière « consensuelle », pourrait être opposé à notre Convention collective qu’on nous proposera de « clarifier », comme à tout conseil ou ordre de la presse comme
le propose Jean-François Mancel, député UMP de l’Oise.

Le SGJ-FO estime que les grands textes fixant nos principes professionnels la Charte de 1938 et la Charte de Munich disent tout et qu’ils doivent s’appliquer à tous. A cette fin, le SGJ-FO est favorable à l’annexion, sous forme d’avenant, de la Charte de Munich à la Convention collective des journalistes"

Bruno Frappat, journaliste, ancien président du directoire du groupe Bayard Presse. Bruno Frappat a été chargée de piloter un groupe de dix sages (Marie-Laure Augry, Maître Basile Ader, Alain Boulonne, Jérôme Bouvier, Jean-Pierre Caffin, Olivier Da Lage, Jean-Marie Dupont, Pascal Guénée, Catherine Vincent et Lorenzo Virgili) qui a proposé aux partenaires sociaux code de déontologie visant à actualiser la charte de Munich dans le sillage des Etats généraux de la Presse, à l'initiative du président Sarkozy.

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23 octobre 2011 7 23 /10 /octobre /2011 11:13

 

© DR

Voilà qui est fait. Vassili Aleksanian, avec trois ans de retard, a fini par exaucer le vœu des autorités russes, si délicatement formulé. Le 3 octobre dernier, il est mort, même pas quarante ans. Au cimetière Valkhansky, à peine plus de cent personnes pour l'enterrement de cet avocat qui a payé si cher sa loyauté.

Pourtant, en 2008, il avait fallu un important mouvement de soutien en Russie même ( ainsi qu'en Arménie, d'où Aleksanian est originaire), une mobilisation internationale soutenue, et trois admonestations de la Cour européenne pour obtenir son hospitalisation, puis sa libération. Poutine, puis le tandem Medevedev-Poutine ( avant le probable tandem Poutine-Medvedev) ont  l'oreille dure, côté droits de l'homme.

Atteint du sida, d'un cancer du foie, de tuberculose, Vassili Aleksanian espérait tenir, le plus longtemps possible.  Nous l'espérions pour lui. La maladie, l'affaire Ioukos, la prison, le harcèlement des autorités et... la Grande-Bretagne ne lui auront pas permis de vivre davantage.

L'histoire  de ce jeune juriste doué, engagé par Khodorkovski est d'abord celle d'un immense courage ( voir billet antérieur). Au moment où Ioukos est décapité par les arrestations, il aurait pu s'éloigner, laisser tomber,  comme on le lui conseillait .Il n'était pas dans la ligne de mire, tandis que Poutine s'apprêtait à dépecer et faire racheter en sous-main la firme. Percevant immédiatement les enjeux, loi bafouée, procédure truquée, vengeance à la fois économique et surtout politique contre Khodorkovski, il a choisi de rester et s'est retrouvé bombardé, par défaut en somme, « vice-président » de Ioikos ( les candidats au poste ne se bousculaient pas).

Arrêté à son tour, envoyé en prison où, en plus du Sida, on diagnostique son cancer, et alors que les médecins préconisent une chimiothérapie immédiate, on le laisse sans soin. Et même pire.

© DR

 

 

© AFP

Entre ces deux photos, à peine cinq ans, dont deux en prison. On lui a mis le marché en main. Qu'il témoigne à charge contre Khodorkovski et Platon Lebedev ( les deux dirigeants de Ioukos) et on le soignera. A l'étranger, même !  Vassili Aleksanian sait qu'un témoignage ne changerait pas grand-chose, les condamnations sont acquises d'avance. Il refuse deux années durant.

Lorsqu'il comparaît devant un tribunal,  recroquevillé de froid, toussant, parlant difficilement, amaigri, il ne cède rien. Rappelle à des juges mutiques que l'Histoire se souvient des serviteurs zélés de la répression. Evoque le passé encore proche pour éclairer le présent, en appelle à un changement de régime. Une certaine idée de la Russie..

Hospitalisé, enfin, on l'enchaîne au lit ( il peut à peine se déplacer, et il faudra que ses avocates multiplient les déclarations pour que les entraves soient supprimées). Libéré sous caution, il n'est pas quitte pour autant.

 En juin 2010,  son dossier est clos par la justice ( entretemps, il est apparu que sa prétendue « complicité » était basée sur un faux surgi fort à propos ), on exige qu'il comparaisse en personne. Les médecins qui le suivent lui interdisent pourtant toute apparition publique en raison des risques immunitaires.

 

Le reste,  les harcèlements, l'accumulation d'empêchements qui sont autant d'agressions contre un malade , vous pouvez le lire ici, et cela se passe de commentaire. La journaliste Zoia Svetova a recueilli, au fil du temps, les paroles de Vassili Aleksanian, que celui-ci refusait de publier de son vivant, afin de ne pas nuire à ceux qui sont encore en prison.  Ses propos sont aujourd'hui traduits sur le site de l'Observatrice.

On y apprend ainsi qu'en octobre, alors que son médecin traitant lui demandait de se rendre à Londres pour arrêter un nouveau protocole de traitement, la Grande-Bretagne lui a refusé un visa d'entrée, au motif qu'il pourrait ne pas vouloir rentrer en Russie... Ma foi, c'était possible : au-delà d'un certain seuil, on voyage peu.

On a connu la Grande Bretagne  plus ferme en refusant d'extrader Ahmed Zakaïev, ministre du gouvernement tchétchène en exil,  plus offensive en exigeant qu'on lui envoie les auteurs présumés de l'assassinat de Litvinenko à Londres. Et on regrettera que Vassili Aleksanian, qui ne transigeait pas avec les parodies de justice, soit mort juste après avoir s'être vu refuser, par un pays occidental, ce minimum :  pouvoir se soigner.

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22 octobre 2011 6 22 /10 /octobre /2011 20:51
Libération - Aujourd'hui à 17h30

Enseignants, parents et lycéens venus de plusieurs régions d’Espagne ont défilé samedi à Madrid pour leur première manifestation nationale.


Des milliers d'enseignants et lycéens, lors d'une première grande manifestation, en septembre. (© AFP Dominique Faget)

Aux cris de «non aux coupes» budgétaires dans l’éducation, des dizaines de milliers d’enseignants, parents et lycéens venus de plusieurs régions d’Espagne ont défilé samedi à Madrid pour leur première manifestation nationale, à l’appel des principaux syndicats du pays. Aux rythmes des tambours couverts par le son des sifflets, entre 70 000 et 100 000 personnes selon les organisateurs, ont défilé à la mi-journée dans une ambiance festive.

Beaucoup portaient des t-shirts verts «Ecole publique de tous pour tous» et agitaient des ballons de la même couleur, devenue l’emblème de la mobilisation croissante contre les coupes budgétaires dans l’éducation. Face à l’affluence sur la place proche de la gare d’Atocha, un deuxième cortège s’est constitué pour se rendre à la Puerta del Sol, paralysant la circulation dans le centre-ville.

«A VENDRE - EDUCATION PUBLIQUE», dénonçaient des panneaux oranges et noirs similaires à ceux accrochés sur les bâtiments pour signaler un appartement à vendre, résumant la colère des manifestants qui fustigent les coupes dans l’éducation publique au profit des écoles sous contrat ou privées.

Contre la privatisation des services publics

Les dirigeants politiques «font payer à l’enseignement une crise qu’elle n’a pas créée», ont regretté les syndicats dans «un manifeste pour la défense de l’éducation publique» lu à la fin de la manifestation. «L’école d’Esperanza est particulière. Si tu n’a pas d’argent, tu ne peux pas y entrer», chantait une fanfare de professeurs, en référence à la dirigeante du parti populaire (PP, droite) de la puissante région de Madrid, Esperanza Aguirre.

«Ce qu’ils veulent c’est privatiser l’éducation et tous les services publics», dénonce Manuel Pascual, l’un des membres de la fanfare, venu d’Extrémadure. Comme lui, nombreux enseignants et parents sont ceux qui craignent que cette politique de coupes dans l’éducation, suivie dans plusieurs régions administrées par la droite, ne s’étende à tout le pays après les élections législatives du 20 novembre pour lesquelles le PP est donné largement vainqueur.

«On va vers un modèle où l’éducation publique sera marginale et seuls ceux qui ont de l’argent pourront y avoir accès», regrette Berta Fernandez en montrant son écriteau «Abuela» (grand-mère) dans le dos. Outre Madrid, où des dizaines de milliers de professeurs et familles ont déjà défilé ces dernières semaines, des manifestants étaient venus dans 200 bus selon les organisateurs, d’autres régions comme la Castille-La Manche, l’Extrémadure, de Galice ou encore d’Andalousie.

Direction, le chômage

«Je suis intérimaire depuis 12 ans et pour l’instant je suis renouvelé, mais j’ai de plus en plus de collègues qui n’ont plus de travail et se retrouvent au chômage», témoigne José Antonio Molero, professeur d’anglais intérimaire de 40 ans venu d’Extrémadure.

Le pire «c’est qu’il y a des professeurs qui doivent donner des cours dans des matières qui ne sont pas les leurs», s’alarme Francisco Angel Hernandez Alvarado, un enseignant de sciences physiques de 36 ans venu de Tolède (La Castille-La Manche).

L’éducation et la santé font les frais depuis cet été de la politique d’austérité menée par plusieurs régions espagnoles, lourdement endettées et dont plusieurs affichent un déficit public bien plus important que l’objectif de 1,3% du PIB fixé par le gouvernement central pour la fin décembre.

(Source: AFP)

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20 octobre 2011 4 20 /10 /octobre /2011 14:38
| Par Edwy Plenel et Hugo Vitrani

Compagnons d'indignation et de résistance, Stéphane Hessel et Edgar Morin ont choisi Mediapart pour s'adresser aux candidats à l'élection présidentielle. Intitulé « Pour que la France retrouve le chemin de l'espérance », leur appel s'adresse à ceux qui briguent la présidence de la République, et plus particulièrement les candidats de gauche, au nom des attentes qu'expriment aussi bien les révolutions démocratiques arabes que le mouvement mondial des Indignés. Voici la vidéo où ils lisent, à deux voix, cet appel dont le texte, reproduit sous l'onglet « Prolonger » de cet article, peut être téléchargé ici en format PDF.

 

 

Cet appel résume en douze commandements le propos que Stéphane Hessel et Edgar Morin développent dans un livre-manifeste qui vient de paraître, Le Chemin de l'espérance (Fayard, 5 euros). Ce texte est l'aboutissement d'un compagnonnage affirmé et approfondi dans la foulée du succès immense de Indignez-vous !, Stéphane Hessel ayant d'emblée renvoyé à l'œuvre d'Edgar Morin pour l'invention des réponses nécessaires, et notamment à La Voie, paru chez Fayard début 2011.

Stéphane Hessel l'expliquait dans ses vœux de nouvel an, diffusés par Mediapart (les voir ou les revoir ici), tandis qu'Edgar Morin précisait ensuite cette complicité en s'expliquant sur son dernier livre (lire ici notre entretien). Enfin, ils furent tous deux côte à côte pour saluer les révolutions démocratiques arabes naissantes, lors de la réunion publique organisée le 7 février 2011 à Paris par Mediapart (voir ici la vidéo de la soirée).

L'Appel de l'espérance lancé aujourd'hui par nos deux compères, l'un diplomate de carrière, l'autre socio-anthropologue de métier, est une façon de fêter un anniversaire. C'est il y a à peu près un an en effet qu'était publié par une petite maison d'édition de Montpellier, Indigène Editions, Indignez-vous !, court texte de Stéphane Hessel élaboré à partir d'un discours tenu sur le plateau des Glières, haut lieu de la résistance au nazisme.

Depuis cette date, le succès, d'abord français – plus de deux millions d'exemplaires –, puis planétaire – le livre est déjà traduit en trente-trois langues –, est phénoménal au point que ce verbe (s'indigner) devenu substantif (les indignés) est désormais le sésame d'une révolte embryonnaire en Europe et aux Etats-Unis, qui fait écho à l'événement aussi heureux qu'inattendu des révolutions arabes. Aussi avons-nous demandé à Stéphane Hessel et à Edgar Morin leur analyse de l'impact de ce mot devenu injonction. Voici leur réponse :

 

 

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20 octobre 2011 4 20 /10 /octobre /2011 10:23

Le Monde - 20 octobre 2011

La France a peur d’un… gardien de la paix. C'est ainsi qu'en 2009, je me faisais l'écho du calvaire vécu par Philippe Pichon, un commandant de police que le ministère de l'Intérieur voulait expulser de ses effectifs, au motif qu'il avait osé dénoncer les dysfonctionnement du "système de traitement des infractions constatées" (STIC), ce méga-fichier policier qui, fichant plus de 5 millions de suspects, et plus de 28 millions de victimes -soit plus de la moitié de la population française- est par ailleurs truffé d'erreurs.

Philippe Pichon est convoqué, ce 20 octobre, au tribunal administratif, qui va le juger sur le fond, et qui pourrait bien le révoquer, définitivement, et donc l'expulser de la police nationale. Paradoxalement, le juge d'instruction chargé de son dossier a pourtant dressé une saisissante compilation de ce pourquoi tout le monde, de son supérieur hiérarchique aux plus hautes instances de la police nationale, en passant par la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL), reconnaît que Pichon a... raison.
 

Après avoir, en vain, dénoncé auprès de sa hiérarchie les problèmes posés par le STIC, Philippe Pichon fut mis à la retraite d'office pour avoir confié à Nicolas Beau, en octobre 2008, les fiches STIC de Jamel Debbouze et Johnny Halliday, que ce journaliste de Backchich lui avait demandé lorsque, dans la foulée du scandale autour du fichier EDVIGE, l'opinion publique commençait à s'inquiéter des problèmes posés par les fichiers policiers.

Le 5 mai 2009, saisi, en référé, de la mise à la retraite d'office du commandant Pichon, le juge avait estimé qu’il existait «un doute sérieux quant à la légalité de cette décision, dès lors qu’il ressort qu’il [Philippe Pichon, ndlr] avait vainement appelé l’attention de sa hiérarchie sur les dysfonctionnements affectant la gestion du Stic.»

A qui profite le STIC ?

L'ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel de Philippe Pichon, que j'ai pu consulter et qui a vocation à démontrer ce pour quoi Philippe Pichon devrait pouvoir être condamné, démontre pourtant paradoxalement ce pour quoi il devrait, a contrario, être remercié.

Au magistrat instructeur qui l'interrogeait sur ce pour quoi il avait confié à Nicolas Beau les fiches STIC de Johnny & Jamel, Philippe Pichon qualifia son "geste (de) citoyen" en raison des nombreux dysfonctionnements du STIC, au sujet desquels il avait plusieurs fois alerté sa hiérarchie, en vain, ayant même "évoqué la possibilité de s'en ouvrir à la presse ou dans un cadre universitaire". De fait, ses dénonciations répétées des dysfonctionnements du STIC lui avaient valu une "mutation sanction".

William Bourdon, son avocat, parle même de "cri d'alarme" entraîné par le "refus de son supérieur hiérarchique de veiller à une stricte et légaliste utilisation du STIC". Il se trouve que son supérieur n'est autre que celui qui, récemment, a reconnu que les policiers devaient accepter de violer la loi pour parvenir à remplir les objectifs chiffrés de résultat imposés par le ministère de l'Intérieur...

Or, et pour justifier le refus de confronter Philippe Pichon à ce supérieur hiérarchique (qui, récemment, l'a décrit comme son "ennemi personnel"), le juge d'instruction expliqua quant à lui qu'elle ne serait pas utile à la manifestation de la vérité dans la mesure où... "l'un et l'autre conviennent de dysfonctionnement concernant l'utilisation du STIC".

Dans un autre article, intitulé "Le fichier STIC inquiète les patrons de la police", Nicolas Beau et Xavier Monnier révélaient d'ailleurs le contenu de deux circulaires émanant de la Direction générale de la Police nationale (DGPN) dénonçant les "nombreuses erreurs contenus dans le STIC".

Dans son ordonnance de renvoi, le juge d'instruction reconnait même que ce fichier "a été unanimement critiqué et l'est encore notamment par la CNIL qui avait relevé de singulières défaillances et avais émis 11 recommandations"...

Pire : en réponse aux observations de l'avocat de Pichon, qui contestait la légalité du STIC, le juge d'instruction laisse entendre qu'il pourrait effectivement être illégal :

Il appartiendra au Tribunal de se prononcer en tant que Juge du fond sur la légalité de l'acte administratif réglementaire ayant présidé à la création du STIC.

Une Justice très sélective

L'enquête de l'inspection générale de la police nationale (les fameux "boeufs carottes" chargés de fliquer les policiers) avait permis d'identifier pas moins de 610 fonctionnaires ayant interrogé le STIC au sujet de Djamel et 543 au sujet de Johnny. 24 fonctionnaires avait par ailleurs imprimé la fiche de l’humoriste, et 16 celle du chanteur.

Mais seuls deux policiers avaient imprimé les deux fiches concernées : Philippe Pichon, et une gardienne de la paix, qui expliqua avoir oeuvré par "ennui", qu'elle comblait en lisant la presse à scandale, ce pour quoi elle avait consulté les fiches STIC de 80 personnalités du show biz, et imprimé 24 d'entre-elles.

En résumé : plusieurs centaines de policiers ont consulté les fiches STIC de Johnny et Jamel. Avec l'accord de ces derniers, Nicolas Beau les a rendu publiques, afin de dénoncer les dysfonctionnements de ce fichier, et le fait qu'il ne respecte toujours pas la loi informatique et libertés, ce dont tout le monde convient, même et y compris la hiérarchie du commandant Pichon.

Ce dernier n'en sera pas moins le seul à risquer d'être exclu, définitivement, de la police nationale, quand bien même, de tous ceux qui ont consulté ces fiches STIC en-dehors de tout cadre légal, il fut le seul à le faire pour, précisément, dénoncer les dysfonctionnements, sinon l'illégalité, de ce fichier policier.

Son renvoi au tribunal correctionnel, pour violation du secret professionnel, accès frauduleux à un système automatisé de données et détournement d'informations à caractère personnel, a quant à lui été fixé au 22 mai 1012. Juste après les présidentielles...

Un fichier truffé d'erreurs

Créé en 1994, légalisé en 2001, le "système de traitement des infractions constatées" (STIC) a fonctionné en violation de la loi informatique et libertés pendant 6 ans. Ce qui lui valu d'ailleurs d'emporter un Prix Orwell en l'an 2000, et de figurer comme l'article 1 des Big Brother Awards, l'ONG qui (dés)honore ceux qui s'illustrent en matière d'atteinte aux libertés et à la vie privée -et dont je suis.

Lorsque la CNIL fut enfin autorisée à contrôler le fichier, dans la foulée, ses investigations la conduire "à faire procéder dans 25 % des cas à des mises à jour, ou même à la suppression de signalements erronés ou manifestement non justifiés" :

Par exemple, une personne signalée par erreur comme auteur d’un meurtre, ou encore un enfant de 7 ans signalé dans le STIC pour avoir jeté des cailloux sur un véhicule…

En 2008, la CNIL constata un taux record de 83% d'erreurs dans les fiches STIC qu'elle fut amenée à contrôler. Et, au terme d'une enquête approfondie de plus d'un an, la CNIL estima que plus d'un million de personnes, blanchies par la justice, étaient toujours fichées comme suspectes dans le STIC...

Voir aussi :
UNE MÉMOIRE POLICIÈRE SALE - 34 millions de citoyens fichés, le livre qu'il en a tiré
Le droit à l'exception citoyenne, la tribune libre qu'il vient de publier, et, sur ce blog :
Comment contourner la censure sur l'Internet ?
Il est interdit d’interdire (le Net)
Un fichier de 45M de « gens honnêtes »
Pourquoi le FBI aide-t-il les terroristes?
Peut-on obliger les policiers à violer la loi ?
Le gouvernement Sarkozy veut censurer internet
10 ans après, à quoi ont servi les lois antiterroristes ?

jean.marc.manach (sur Facebook & Google+ aussi) @manhack (sur Twitter)
auteur de "La vie privée, un problème de vieux cons ?"
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18 octobre 2011 2 18 /10 /octobre /2011 13:11

LEMONDE | 18.10.11 | 11h31

 
 

La juge Sylvia Zimmermann a soigné ses investigations sur le plan technique. C'est l'article 20 de la loi du 10 juillet 1991 sur les interceptions de sécurité (les écoutes), sur lequel le contre-espionnage s'appuie pour étayer sa défense, qui est en cause. Cet article déroge à la procédure classique, qui veut que la Commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité (CNCIS) soit systématiquement saisie pour rendre un avis au premier ministre sur le bien-fondé d'une écoute. Il est réservé "aux seules fins de la défense des intérêts nationaux", à la surveillance "des transmissions empruntant la voie hertzienne".

Il ne s'agit en aucun cas des téléphones mobiles, rappelle la CNCIS mais de "la surveillance générale du domaine radio-électrique, par des opérations aléatoires de balayage des fréquences". Le rapport de 1999 de la CNCIS le souligne explicitement: l'article 20 ne peut pas viser "les communications individualisables" soit les conversations des particuliers. Les factures téléphoniques détaillées, les "fadettes" sont, elles, encadrées par l'article 22 de la loi de 1991.

L'article 20 de la loi de 1991 ne peut donc être invoqué pour obtenir les fadettes des particuliers. Dans une note signée en octobre 2010, Jean-Paul Faugère, le directeur de cabinet de François Fillon, a d'ailleurs rappelé au ministère de l'intérieur que "l'article 20 de la loi de 1991 sur les interceptions de sécurité ne peut être invoqué pour recueillir des données personnelles". La juge Zimmermann a entendu, le 28 septembre, Jean-Louis Dewost, président de la CNCIS jusqu'à l'automne 2009, qui lui a précisé la législation.

 

"SÉCURITÉ NATIONALE"

M. Squarcini s'est défendu d'avoir violé la loi : "Les fadettes ne sont pas des interceptions de sécurité, a-t-il argumenté devant la juge. Les fadettes ont été demandées dans le cadre de l'article 20. C'est automatique. On touche à la sécurité nationale…" "Il est pourtant établi que l'article 20 ne vise que les communications non individualisées…", relève la magistrate. "L'article 20 ne vous donne pas le droit de rechercher des données techniques individualisées, poursuit-elle. Qu'avez-vous à répondre? Avez-vous la moindre trace d'une instruction quelconque vous permettant d'utiliser l'article 20?" Réponse du préfet Squarcini : "Je n'ai personnellement pas d'instruction écrite en ce sens si ce n'est l'utilisation régulière de ce texte…".

Fabrice Lhomme

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18 octobre 2011 2 18 /10 /octobre /2011 12:49

Le Monde - 18 octobre 2011

Avant l'été, nous vous racontions ici l'histoire de Makoni, cette maman qui avait quitté son conjoint violent et se retrouvait à la rue avec ses deux enfants, dépendante de ses appels quotidiens au Samu social pour être hébergée dans un hôtel en région parisienne. Il était arrivé que, sans réponse du 115, ils dorment tous les trois dans les escaliers de la Tour, ce qui avait suscité une importante mobilisation de l'école Paul Langevin pour ses deux élèves.

Makoni nous a contacté à la rentrée pour nous dire qu'elle avait retrouvé un logement en appartement relais (destiné aux femmes battues qui quittent leur conjoint) pour un an à Gagny (93). Elle remercie tous les internautes qui lui ont offert leur aide.

Malheureusement, depuis cet article, d'autres écoles nous ont contactées, pour nous exposer la situation de familles rencontrant exactement les mêmes difficultés. Ce fut le cas en juin à l'école Paul Doumer, une mère était à la rue avec son fils.

Ce mardi soir 18 octobre, c'est au tour de l'école primaire Anatole-France, quartier des Quatre-Routes, de se mobiliser autour d'une mère à la rue avec ses deux enfants de 4 et 6 ans . "Ils doivent appeler le 115 tous les jours pour trouver une chambre pour la nuit. Et il leur arrive d'être envoyés dormir en Seine-et-Marne, alors que les enfants sont scolarisés à La Courneuve et que la mère travaille à Rueil-Malmaison (92). Ce n'est plus possible" explique l'une des institutrices. "Pourtant les enfants n'ont manqué la classe qu'une seule fois depuis la rentrée !"

Pour protester contre cette situation, les parents d'élèves, avec des enseignants, ont décidé d'occuper l'école Anatole France cette nuit.

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18 octobre 2011 2 18 /10 /octobre /2011 12:18

LEMONDE.FR avec AFP | 18.10.11 | 10h59   •  Mis à jour le 18.10.11 | 11h49

 
 

 

Face à face entre des salariés de Continental, le 22 avril 2009, à Clairoix, et le représentant de la sécurité de l'usine.

Face à face entre des salariés de Continental, le 22 avril 2009, à Clairoix, et le représentant de la sécurité de l'usine.AFP/PHILIPPE HUGUEN

Un procès aux prud'hommes opposant cinq cent vingt salariés, soit près de la moitié des quelque onze cents anciens de l'usine Continental de Clairoix à leur ex-employeur, a débuté, mardi 18 octobre, à Compiègne. Il devrait durer trois jours. Par son ampleur et sa durée, "c'est un procès jamais vu en France à ma connaissance", a commenté le conseiller prud'homal Hervé Grosjean peu avant d'ouvrir l'audience au centre de rencontres de la Victoire, où une salle a été louée afin de pouvoir accueillir le procès.

Cinq cent vingt salariés du site qui a fermé début 2010 réclament des dommages et intérêts à la société pour "licenciement sans cause réelle et sérieuse", a expliqué l'un de leurs avocats, Marie-Laure Dufresne-Castets. Selon la direction, le procès porte sur quatre cent quatre-vingt-quatre dossiers seulement.

Les salariés comptent démontrer que le groupe Continental AG, la maison-mère allemande, "est le véritable employeur et menait la barque, or ce groupe n'a pas eu de problème économique" dans les pneus de tourisme et pour camionnettes, dans lesquels l'usine de Clairoix était spécialisée, selon Me Dufresne-Castets. "Il n'y a donc pas eu de motif économique à leur licenciement", a-t-elle assuré. Par ailleurs, selon l'avocate, "Continental n'a pas respecté ses engagements en matière d'emploi, notamment ses obligations de reclassement" des salariés, qui affirment que l'équipementier automobile a promis de trouver un nouvel emploi pour 80 % d'entre eux, ce qu'a toujours contesté la direction.

A deux mois et demi de l'échéance du plan de sauvegarde de l'emploi (PSE), 49 % des onze cents employés, soit cinq cent quarante-cinq d'entre eux, "ont retrouvé une solution" professionnelle, indique Continental dans un communiqué.

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