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29 novembre 2011 2 29 /11 /novembre /2011 13:58

LEMONDE | 29.11.11 | 14h10

 
 

 

Mercredi 30 novembre, deux millions de personnes vont protester contre la réforme des retraites et des réformes - ici, une grève à Londres le 7 septembre 2010.

Mercredi 30 novembre, deux millions de personnes vont protester contre la réforme des retraites et des réformes - ici, une grève à Londres le 7 septembre 2010.REUTERS/CHRIS HELGREN

Londres Correspondance - Pour la première fois de sa vie, Margaret Palmer va faire grève, mercredi 30 novembre. Mais c'est la mort dans l'âme : à 44 ans, cette spécialiste des soins psychologiques pour les enfants, qui travaille dans une clinique de Londres, n'a rien d'une militante. Elle estime cependant que l'heure est grave : "L'ensemble du secteur public subit une attaque majeure. Le gouvernement tente de faire retomber sur nous les conséquences de la crise financière, qui est pourtant la faute des banquiers."

Le 30 novembre, elle ne sera pas la seule à descendre dans la rue pour la première fois. Trente syndicats, essentiellement de la fonction publique, ont voté la grève. Environ deux millions de personnes sont attendues, ce qui en fera le plus grand mouvement social depuis janvier 1979, quand "l'hiver du mécontentement" avait immobilisé le Royaume-Uni. Pour certains syndicats, la décision est historique : celui des directeurs d'école appelle à la grève pour la première fois de son histoire de 114 ans. Une grande partie des écoles seront fermées. Les douanes appelant également à arrêter le travail, le chaos est attendu dans les aéroports.

L'ampleur de la colère est donc inédite depuis une génération. L'explication vient de la réforme des retraites de la fonction publique. Le gouvernement négocie depuis neuf mois un changement radical : les salariés devront augmenter de 50 % leur contribution (qui passe de 6 % de leur salaire à 9 %) ; ils toucheront une pension plus faible, basée sur la moyenne des salaires plutôt que sur les dernières années ; et l'âge de la retraite, qui s'étale actuellement entre 60 et 65 ans, va être augmenté à 65 ans pour tous en 2018, puis 66 ans dès 2020 et progressivement jusqu'à 68 ans d'ici une trentaine d'années.

Jane Wilson, une collègue de Mme Palmer, a calculé qu'elle allait devoir contribuer d'environ 100 euros supplémentaires chaque mois pour toucher 100 euros de moins par mois quand elle sera à la retraite : "Cette réforme est idéologique et politique."

Le gouvernement réplique que l'allongement de la durée de vie rend ces changements indispensables. De plus, il souligne que les retraites dans le secteur privé sont nettement moins généreuses : celles-ci fonctionnent sur la base de fonds de pension, dont la valeur s'est effondrée avec les différentes crises boursières.

La colère de la fonction publique britannique va cependant bien au-delà des retraites. Le vaste plan d'austérité lancé par le gouvernement, en vigueur depuis le début de l'année, se fait sentir très fortement. Rien qu'au premier semestre, 150 000 emplois du service public ont été supprimés, sur un total de six millions. Les collectivités locales sont les plus touchées, le gouvernement réduisant les transferts vers elles d'un quart en cinq ans.

A Kaleidoscope, le centre de soins psychologiques pour mineurs du sud-ouest de Londres où travaille Mme Palmer, le budget a été réduit de 25 % cette année. Une dizaine d'emplois sur cinquante ont été supprimés. La conséquence sur la qualité des soins se fait sentir. En particulier, l'attente pour recevoir les enfants pour leur première visite est passée de trois à quatre mois en moyenne. "Le moral est très bas actuellement, estime Mme Palmer. Pendant longtemps, travailler dans la fonction publique apportait une garantie de l'emploi. Ce n'est plus le cas. Les retraites étaient le dernier avantage qu'on avait."

A la mairie de Westminster, à Londres, Jo, une assistante sociale, raconte la même histoire. Elle aussi fait grève pour la première fois de sa vie. "Dans quelques semaines, on va perdre 20 % de nos effectifs. Concrètement, ça veut dire que je vais moins rendre visite aux gens dont je m'occupe, que je ne vais pas avoir le temps de bien les connaître. C'est pour eux que je me bats. "

Si la colère est profonde, les syndicats prennent cependant un important risque avec cette grande grève. Le secteur privé ne suit pas le mouvement : les transports - gérés par des entreprises privées - fonctionneront presque partout pendant la mobilisation, par exemple. "Les syndicats n'ont pas réussi à faire passer le message que la bataille pour leur retraite était dans l'intérêt de tous", estime Paul Marginson, spécialiste des questions sociales à l'université de Warwick.

Pour l'instant, les Britanniques semblent solidaires : 61 % disent soutenir la grève, selon un sondage de la BBC. Mais dans un pays où les mouvements sociaux sont très rares depuis les années Thatcher, cette attitude est très fragile. L'opposition travailliste ne s'y trompe pas et ne sera pas dans les manifestations. Les grévistes eux-mêmes ne savent pas s'il s'agit du début d'un long mouvement social ou d'une action sans lendemain. "Cela va être une journée-clé, estime Mark Perry, un collègue de Mme Palmer. La grève peut galvaniser les énergies et lancer une vague de manifestations. Mais beaucoup de nos collègues disent qu'ils ne sont pas prêts à se mobiliser plus d'une journée. C'est sur cette faiblesse que compte le gouvernement."

Eric Albert

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27 novembre 2011 7 27 /11 /novembre /2011 11:46

L’interdiction de fouiller dans les poubelles annulée

Le tribunal administratif a cassé l’arrêté municipal en mettant à l’index son caractère « disproportionné ». Le maire a annoncé hier qu’il faisait appel de cette décision.

 

 

leparisien.fr - Elsa Marnette | Publié le 23.11.2011, 07h00
NOGENT, OCTOBRE dernier. Plusieurs associations et partis de gauche s’étaient donné rendez-vous au marché pour glaner, en signe de protestation.
NOGENT, OCTOBRE dernier. Plusieurs associations et partis de gauche s’étaient donné rendez-vous au marché pour glaner, en signe de protestation. | (LP/L.P.)
  
«Une mauvaise plaisanterie », pour Jacques J.P. Martin, maire (UMP) de Nogent-sur-Marne, « une décision pleine de bon sens », selon Annie Lahmer, du collectif Respect pour tous à Nogent-sur-Marne*. Le 17 novembre, le tribunal administratif de Melun a suspendu l’interdiction de fouiller les poubelles, relevant « le caractère disproportionné de l’interdiction par rapport au trouble à l’ordre public ».
Il s’agissait de l’article 1er d’un arrêté municipal qui précisait : « Le chiffonnage est interdit à toutes les phases de la collecte des déchets, notamment dans les récipients à ordures. »

A l’automne, Jacques J.P. Martin avait provoqué la colère d’élus, militants et simples habitants en menaçant d’une amende de première catégorie, soit 38 €, ceux qui « vident les poubelles par terre à la recherche de métaux ou de vêtements à revendre ». Il affirmait ne pas viser les personnes à la recherche de nourriture. La Ligue des droits de l’homme (LDH) avait saisi le tribunal.

L’arrêté antimendicité aussi dans le collimateur


Hier après-midi, malgré cette décision, le maire est resté droit dans ses bottes : « Cette décision est ubuesque, c’est une mauvaise plaisanterie. L’article visé reprend mot pour mot un article du chapitre IV du règlement sanitaire départemental qui date de 1985. Ce n’est donc pas moi que l’on sanctionne. Je voulais régler un problème local, ça fait une affaire planétaire. »

Et il ne compte pas s’arrêter là : « Je vais me pourvoir en cassation dans les jours qui viennent. Hors de question que je me replie en rase campagne. La gestion de la salubrité et de la propreté de la ville, cela ne regarde pas la LDH. »

Du côté du collectif, on jubile. « Nous sommes ravis! triomphe Annie Lahmer. Cela pourrait arrêter la mise en place de cette politique d’exclusion et de stigmatisation. » L’ancienne élue (EELV) espère que « cela aura des répercussions sur tous les arrêtés de ce type en France (NDLR : en août, un maire UMP du Nord avait pris un arrêté du même type, le faisant traduire en bulgare et roumain) ».

Regonflé par cette décision du tribunal administratif de Melun, le collectif entend désormais s’attaquer à l’arrêté antimendicité, lui aussi pris par le maire de Nogent. « Cette année, dès qu’il sera affiché, on l’attaquera. »

* Le collectif regroupe la Ligue des droits de l’homme, Europe Ecologie-les Verts, le Front de gauche, le Parti socialiste…

Le Parisien

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22 novembre 2011 2 22 /11 /novembre /2011 16:07

Le Monde - 22 novembre 2011

MÈME – Internet s’empare de la figure d’un policier aspergeant au gaz des manifestants anti-Wall Street

 

Les caricatures d'un policier de l'université de Californie accusé d'avoir aspergé de gaz au poivre sans raison des manifestants anti-Wall Street se multiplient sur Internet, et des pirates informatiques d'Anonymous ont diffusé lundi ses coordonnées personnelles.

 

L'agent avait vaporisé vendredi, de très près et parfois directement sur le visage, à plusieurs reprises, un gaz orange sur des manifestants tranquillement assis par terre. Deux étudiants ont été brièvement hospitalisés après avoir reçu du gaz et neuf ont été traités sur place, ont indiqué des responsables de l'université.

 

 

Depuis, la moustache rousse de cet agent, son air buté sous le casque qui masque en partie ses yeux, ses joues rebondies, sa démarche alerte, en ligne, un pied posé strictement devant l'autre, ses hanches et son buste frontalement projetés vers le regardeur, son geste simple : un bras dégagé de la ligne des épaules, levé à 45 degrés, d'où s'échappe le nuage poivré… Tout cela se démultiplie sur Internet, s'incruste et asperge posément La Liberté guidant le peuple, des soldats à terre dans une des premières photographies de guerre moderne,  un pot de fleurs des Beatles, un chevalier mal en point dans le film Sacré Graal, des Monty Pythons, le monstre Godzilla, etc.

Dans la vraie vie, ce policier pourrait avoir à affronter des ennemis moins coriaces mais plus nombreux, après la diffusion lundi de son adresse postale, de son courriel et de ses numéros de téléphone dans une vidéo YouTube attribuée à Anonymous. Une voix y qualifie le policier de "lâche" et engage les internautes à lui exprimer leur "colère".

La présidente de l'université Davis, Linda Katehi, a par ailleurs annoncé lundi qu'elle avait décidé de suspendre la chef de la police de l'université, Annette Spicuzza. "Après avoir rassemblé plus d'informations sur ce qui s'est passé vendredi, il m'a semblé absolument nécessaire de prendre cette décision pour restaurer la confiance sur le campus", a déclaré la doyenne, qui a dit ce week-end ne pas envisager de démissionner.

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22 novembre 2011 2 22 /11 /novembre /2011 15:50

Lettre de Wall Street | LEMONDE | 22.11.11 | 14h45


Ce n'est "pas le gars sympa, demandez donc à Wall Street", a titré à son sujet le quotidien éponyme de la finance aux Etats-Unis. Le gars, c'est Jed Rakoff, 68 ans et toutes ses griffes, juge à la cour du district de New York, où sont déférées la plupart des affaires financières. Un filet de sueur perle souvent sur les tempes des PDG lorsqu'ils apprennent que son nom sort du chapeau pour s'occuper d'un cas concernant leur entreprise. Notoriété qu'il récuse : ne lui est-il pas arrivé de statuer en faveur d'IBM dans un recours collectif contre le géant de l'informatique ? Mais, il l'admet, sa philosophie personnelle le pousse plutôt à se ranger du côté des victimes de fraudes que de leurs auteurs. "La loi est faite pour rendre justice" est l'adage préféré qu'il a retenu de ses études à la prestigieuse faculté de droit d'Harvard.

Doté d'un humour ravageur - lors d'une audience, il avait rabaissé le caquet des avocats d'une banque en leur rappelant la pensée du "grand philosophe américain Yogi Berra" (en réalité un célèbre joueur de base-ball), auteur de l'éternelle maxime : "Un match n'est jamais fini avant d'être terminé" -, le juge Rakoff est encore plus craint lorsqu'il devient sérieux. Les financiers "sont-ils des fantômes ou des êtres humains ?", avait-il lancé en août 2009 aux défenseurs des dirigeants de Bank of America (BoA), qui avaient malencontreusement omis de signaler à leurs actionnaires-plaignants le versement de 3,6 milliards de dollars de primes aux cadres de la banque d'affaires en faillite Merrill Lynch, qu'ils venaient d'acquérir. Et il avait obligé la Securities & Exchange Commission (SEC, contrôleur des marchés américains), qui avait accepté une transaction amiable avec la banque où celle-ci s'engageait à verser une amende de 33 millions de dollars pour solde de tout compte, à revoir sa copie. BoA paiera finalement cinq fois plus, une somme que M. Rakoff ne validera qu'avec réticence.

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Cette fois, il s'en prend à Citigroup, l'autre banque géante américaine de dépôt. Il s'agit encore d'un "deal" avec la SEC. La banque avait vanté à ses investisseurs les mérites de produits financiers pourris et leur en avait "fourgué" pour 1 milliard de dollars. Au même moment, pour son compte propre, Citi pariait sur leur effondrement.

Un classique de la récente crise financière. Toutes les banques l'ont fait, et Citi plutôt parmi les dernières - preuve de son peu de flair, glosent ses concurrents... Bref, en compensation, Citi offre aujourd'hui de reverser 285 millions de dollars, 190 en indemnités et 95 de pénalité. Et promet de s'amender à l'avenir. La SEC y voit une des plus grosses sommes jamais reversée ; le juge Rakoff, un scandale supplémentaire. Pourquoi la SEC accepte-t-elle cette transaction, lui a-t-il demandé, "son intérêt n'est-il pas de mettre au jour la vérité ?". Dans ce type d'accord, pour se prémunir de toute poursuite ultérieure, la banque n'accepte en effet de payer qu'à condition que le gendarme de la Bourse signe qu'elle n'a "commis aucune infraction". Pourquoi paye-t-elle, si elle n'est pas fautive ?, a demandé le juge. Et pourquoi la SEC accepte-t-elle cette hypocrisie ?

Très en verve, le magistrat a poussé son avantage. Avant de valider ou non cette transaction, il a besoin, lui, Jed Rakoff, d'en savoir plus. La SEC pourrait-elle expliquer pourquoi, depuis dix ans, aucune de ses plaintes d'envergure contre un grand de la finance n'a jamais été jugée ? Pourquoi transige-t-elle chaque fois qu'elle lève un lièvre ? "Tout ça, c'est pour la galerie", a-t-il lancé. Là, les médias se sont engouffrés dans la brèche, New York Times en tête. Le résultat est atterrant : depuis 1996, sur les 51 cas où la SEC a engagé des poursuites pour "fraude" contre un grand opérateur financier - 19 sont concernés -, aucune n'a jamais fait l'objet d'un procès. A chaque fois, le scénario est le même : l'institution poursuivie récuse expressément la moindre entorse à la légalité mais accepte de payer une amende et déclare mettre fin à ces pratiques. Chaque fois un juge valide. Et chaque fois, elle récidive... pour conclure ensuite une même transaction en cas de plainte.

Si ce n'est un système entre compères, cela y ressemble furieusement. Les champions toutes catégories sont Citigroup et BoA, avec une première violation en 1999 et sept autres depuis. Suivent feu la banque d'affaires Merrill Lynch et UBS, avec un premier délit entre 1996 et 1998 et six autres derrière. Avec une fraude initiale et cinq récidives, JP Morgan empoche la médaille de bronze. Le gros du peloton est emmené par Goldman Sachs et Deutsche Bank. Attardé au bas de la côte, Credit Suisse, deux fraudes, ferait presque office de coureur vertueux ou mal dopé, dans ce classement des "banquiers-tricheurs" - comme on disait au XIXe siècle aux Etats-Unis "barons-voleurs" pour évoquer les grands sidérurgistes promoteurs de la conquête de l'Ouest.

Dans la dernière livraison de la New York Review of Books, Paul Volcker, ex-patron de la Réserve fédérale (la Banque centrale américaine) sous les présidents Carter et Reagan et récent conseiller économique de Barack Obama, inventeur de la désormais célèbre "règle Volcker" destinée à réinstaurer une séparation au sein du système bancaire entre gestion des dépôts et activité d'affaires, signe une longue complainte sous le titre : "La réforme financière : un travail non terminé".


cypel@lemonde.fr

Sylvain Cypel

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20 novembre 2011 7 20 /11 /novembre /2011 12:48

LEMONDE.FR avec AFP | 20.11.11 | 13h37   •  Mis à jour le 20.11.11 | 13h37

 
 

Des centaines de journalistes, dont des présentateurs vedettes de la radio télévision, ont dénoncé dimanche 20 novembre les menaces qui pèsent selon eux sur la liberté de la presse, lors d'un rassemblement à Tel Aviv. Cette manifestation, sans précédent en Israël, visait la campagne législative tous azimuts du camp ultranationaliste, ciblant les médias jugés trop critiques envers le pouvoir, la Cour suprême et des ONG classées à gauche. 

"Nous sommes confrontés à une ivresse d'un pouvoir qui ne connaît plus ses limites", a déclaré à la tribune le principal présentateur de nouvelles à la radio militaire, Razi Barkaï. "L'attaque contre la liberté de la presse est inséparable de l'offensive contre l'indépendance de la justice", a mis en garde une autre journaliste, Ilana Dayan, reporter de la seconde chaîne de télévision privée.

Les journalistes s'insurgent contre un projet de loi élaboré par des députés d'extrême droite destiné à aggraver de façon draconienne la législation sur la diffamation. S'il était adopté par la Knesset (parlement), il permettrait d'infliger des amendes très lourdes à des médias attaqués en justice pour diffamation, quand bien même les plaignants n'apporteraient pas la preuve qu'ils ont subi des dommages réels du fait de la publication des textes incriminés.

Les journalistes se sont également élevés contre les pressions sur la chaîne privée 10. Connue pour son indépendance dans ses programmes de nouvelles, elle est menacée de fermeture après qu'une commission parlementaire à majorité de droite eut refusé de renflouer ses dettes. Le 13 novembre, l'extrême droite avait marqué un nouveau point en obtenant le feu vert du gouvernement à deux propositions de loi controversées ciblant le financement d'ONG israéliennes hostiles à l'occupation et à la colonisation des Territoires palestiniens. Pour l'heure, toutefois les deux lois ont été gelées, suite au tollé qu'elles ont provoqué en Israël et à l'étranger.

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19 novembre 2011 6 19 /11 /novembre /2011 19:53
terraeco.net - 28-10-2011
(Crédit photo : Olivier Roller)
 
Dossier - Que faire dans cette période de crise aiguë ? S’indigner, certes. Mais surtout agir. A 90 ans, le philosophe et sociologue nous invite à résister au diktat de l’urgence. Pour lui, l’espoir est à portée de main. Entretien.
Le Baromètre de cet article

Pourquoi la vitesse est-elle à ce point ancrée dans le fonctionnement de notre société ?

La vitesse fait partie du grand mythe du progrès, qui anime la civilisation occidentale depuis le XVIIIe et le XIXe siècle. L’idée sous-jacente, c’est que nous allons grâce à lui vers un avenir toujours meilleur. Plus vite nous allons vers cet avenir meilleur, et mieux c’est, naturellement. C’est dans cette optique que se sont multipliées les communications, aussi bien économiques que sociales, et toutes sortes de techniques qui ont permis de créer des transports rapides. Je pense notamment à la machine à vapeur, qui n’a pas été inventée pour des motivations de vitesse mais pour servir l’industrie des chemins de fer, lesquels sont eux-mêmes devenus de plus en plus rapides. Tout cela est corrélatif par le fait de la multiplication des activités et rend les gens de plus en plus pressés. Nous sommes dans une époque où la chronologie s’est imposée.

Cela est-il donc si nouveau ?

Dans les temps anciens, vous vous donniez rendez-vous quand le soleil se trouvait au zénith. Au Brésil, dans des villes comme Belém, encore aujourd’hui, on se retrouve « après la pluie ». Dans ces schémas, vos relations s’établissent selon un rythme temporel scandé par le soleil. Mais la montre-bracelet, par exemple, a fait qu’un temps abstrait s’est substitué au temps naturel. Et le système de compétition et de concurrence – qui est celui de notre économie marchande et capitaliste – fait que pour la concurrence, la meilleure performance est celle qui permet la plus grande rapidité. La compétition s’est donc transformée en compétitivité, ce qui est une perversion de la concurrence.

Cette quête de vitesse n’est-elle pas une illusion ?

En quelque sorte si. On ne se rend pas compte – alors même que nous pensons faire les choses rapidement – que nous sommes intoxiqués par le moyen de transport lui-même qui se prétend rapide. L’utilisation de moyens de transport toujours plus performants, au lieu d’accélérer notre temps de déplacement, finit – notamment à cause des embouteillages – par nous faire perdre du temps ! Comme le disait déjà Ivan Illich (philosophe autrichien né en 1926 et mort en 2002, ndlr) : « La voiture nous ralentit beaucoup. » Même les gens, immobilisés dans leur automobile, écoutent la radio et ont le sentiment d’utiliser malgré tout le temps de façon utile. Idem pour la compétition de l’information. On se rue désormais sur la radio ou la télé pour ne pas attendre la parution des journaux. Toutes ces multiples vitesses s’inscrivent dans une grande accélération du temps, celui de la mondialisation. Et tout cela nous conduit sans doute vers des catastrophes.

Le progrès et le rythme auquel nous le construisons nous détruit-il nécessairement ?

Le développement techno-économique accélère tous les processus de production de biens et de richesses, qui eux-mêmes accélèrent la dégradation de la biosphère et la pollution généralisée. Les armes nucléaires se multiplient et on demande aux techniciens de faire toujours plus vite. Tout cela, effectivement, ne va pas dans le sens d’un épanouissement individuel et collectif !

Pourquoi cherchons-nous systématiquement une utilité au temps qui passe ?

Prenez l’exemple du déjeuner. Le temps signifie convivialité et qualité. Aujourd’hui, l’idée de vitesse fait que dès qu’on a fini son assiette, on appelle un garçon qui se dépêche pour débarrasser et la remplacer. Si vous vous emmerdez avec votre voisin, vous aurez tendance à vouloir abréger ce temps. C’est le sens du mouvement slow food dont est née l’idée de « slow life », de « slow time » et même de « slow science ». Un mot là-dessus. Je vois que la tendance des jeunes chercheurs, dès qu’ils ont un domaine, même très spécialisé, de travail, consiste pour eux à se dépêcher pour obtenir des résultats et publier un « grand » article dans une « grande » revue scientifique internationale, pour que personne d’autre ne publie avant eux. Cet esprit se développe au détriment de la réflexion et de la pensée. Notre temps rapide est donc un temps antiréflexif. Et ce n’est pas un hasard si fleurissent dans notre pays un certain nombre d’institutions spécialisées qui prônent le temps de méditation. Le yoguisme, par exemple, est une façon d’interrompre le temps rapide et d’obtenir un temps tranquille de méditation. On échappe de la sorte à la chronométrie. Les vacances, elles aussi, permettent de reconquérir son temps naturel et ce temps de la paresse. L’ouvrage de Paul Lafargue Le droit à la paresse (qui date de 1880, ndlr) reste plus actuel que jamais car ne rien faire signifie temps mort, perte de temps, temps non-rentable.

Pourquoi ?

Nous sommes prisonniers de l’idée de rentabilité, de productivité et de compétitivité. Ces idées se sont exaspérées avec la concurrence mondialisée, dans les entreprises, puis répandues ailleurs. Idem dans le monde scolaire et universitaire ! La relation entre le maître et l’élève nécessite un rapport beaucoup plus personnel que les seules notions de rendement et de résultats. En outre, le calcul accélère tout cela. Nous vivons un temps où il est privilégié pour tout. Aussi bien pour tout connaître que pour tout maîtriser. Les sondages qui anticipent d’un an les élections participent du même phénomène. On en arrive à les confondre avec l’annonce du résultat. On tente ainsi de supprimer l’effet de surprise toujours possible.

A qui la faute ? Au capitalisme ? A la science ?

Nous sommes pris dans un processus hallucinant dans lequel le capitalisme, les échanges, la science sont entraînés dans ce rythme. On ne peut rendre coupable un seul homme. Faut-il accuser le seul Newton d’avoir inventé la machine à vapeur ? Non. Le capitalisme est essentiellement responsable, effectivement. Par son fondement qui consiste à rechercher le profit. Par son moteur qui consiste à tenter, par la concurrence, de devancer son adversaire. Par la soif incessante de « nouveau » qu’il promeut grâce à la publicité… Quelle est cette société qui produit des objets de plus en plus vite obsolètes ? Cette société de consommation qui organise la fabrication de frigos ou de machines à laver non pas à la durée de vie infinie, mais qui se détraquent au bout de huit ans ? Le mythe du nouveau, vous le voyez bien – et ce, même pour des lessives – vise à toujours inciter à la consommation. Le capitalisme, par sa loi naturelle – la concurrence –, pousse ainsi à l’accélération permanente, et par sa pression consommationniste, à toujours se procurer de nouveaux produits qui contribuent eux aussi à ce processus.

On le voit à travers de multiples mouvements dans le monde, ce capitalisme est questionné. Notamment dans sa dimension financière…

Nous sommes entrés dans une crise profonde sans savoir ce qui va en sortir. Des forces de résistance se manifestent effectivement. L’économie sociale et solidaire en est une. Elle incarne une façon de lutter contre cette pression. Si on observe une poussée vers l’agriculture biologique avec des petites et moyennes exploitations et un retour à l’agriculture fermière, c’est parce qu’une grande partie de l’opinion commence à comprendre que les poulets et les porcs industrialisés sont frelatés et dénaturent les sols et la nappe phréatique. Une quête vers les produits artisanaux, les Amap (Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne, ndlr), indique que nous souhaitons échapper aux grandes surfaces qui, elles-mêmes, exercent une pression du prix minimum sur le producteur et tentent de répercuter un prix maximum sur le consommateur. Le commerce équitable tente, lui aussi, de court-circuiter les intermédiaires prédateurs. Certes, le capitalisme triomphe dans certaines parties du monde, mais une autre frange voit naître des réactions qui ne viennent pas seulement des nouvelles formes de production (coopératives, exploitations bio), mais de l’union consciente des consommateurs. C’est à mes yeux une force inemployée et faible car encore dispersée. Si cette force prend conscience des produits de qualité et des produits nuisibles, superficiels, une force de pression incroyable se mettra en place et permettra d’influer sur la production.

Les politiques et leurs partis ne semblent pas prendre conscience de ces forces émergentes. Ils ne manquent pourtant pas d’intelligence d’analyse…

Mais vous partez de l’hypothèse que ces hommes et femmes politiques ont déjà fait cette analyse. Or, vous avez des esprits limités par certaines obsessions, certaines structures.

Par obsession, vous entendez croissance ?

Oui ! Ils ne savent même pas que la croissance – à supposer qu’elle revienne un jour dans les pays que l’on dit développés – ne dépassera pas 2 % ! Ce n’est donc pas cette croissance-là qui parviendra à résoudre la question de l’emploi ! La croissance que l’on souhaite rapide et forte est une croissance dans la compétition. Elle amène les entreprises à mettre des machines à la place des hommes et donc à liquider les gens et à les aliéner encore davantage. Il me semble donc terrifiant de voir que des socialistes puissent défendre et promettre plus de croissance. Ils n’ont pas encore fait l’effort de réfléchir et d’aller vers de nouvelles pensées.

Décélération signifierait décroissance ?

Ce qui est important, c’est de savoir ce qui doit croître et ce qui doit décroître. Il est évident que les villes non polluantes, les énergies renouvelables et les grands travaux collectifs salutaires doivent croître. La pensée binaire, c’est une erreur. C’est la même chose pour mondialiser et démondialiser : il faut poursuivre la mondialisation dans ce qu’elle créé de solidarités entre les peuples et envers la planète, mais il faut la condamner quand elle crée ou apporte non pas des zones de prospérité mais de la corruption ou de l’inégalité. Je milite pour une vision complexe des choses.

La vitesse en soi n’est donc pas à blâmer ?

Voilà. Si je prends mon vélo pour aller à la pharmacie et que je tente d’y parvenir avant que celle-ci ne ferme, je vais pédaler le plus vite possible. La vitesse est quelque chose que nous devons et pouvons utiliser quand le besoin se fait sentir. Le vrai problème, c’est de réussir le ralentissement général de nos activités. Reprendre du temps, naturel, biologique, au temps artificiel, chronologique et réussir à résister. Vous avez raison de dire que ce qui est vitesse et accélération est un processus de civilisation extrêmement complexe, dans lequel techniques, capitalisme, science, économie ont leur part. Toutes ces forces conjuguées nous poussent à accélérer sans que nous n’ayons aucun contrôle sur elles. Car notre grande tragédie, c’est que l’humanité est emportée dans une course accélérée, sans aucun pilote à bord. Il n’y a ni contrôle, ni régulation. L’économie elle-même n’est pas régulée. Le Fonds monétaire international n’est pas en ce sens un véritable système de régulation.

Le politique n’est-il pas tout de même censé « prendre le temps de la réflexion » ?

On a souvent le sentiment que par sa précipitation à agir, à s’exprimer, il en vient à œuvrer sans nos enfants, voire contre eux… Vous savez, les politiques sont embarqués dans cette course à la vitesse. J’ai lu une thèse récemment sur les cabinets ministériels. Parfois, sur les bureaux des conseillers, on trouvait des notes et des dossiers qualifiés de « U » pour « urgent ». Puis sont apparus les « TU » pour « très urgent » puis les « TTU ». Les cabinets ministériels sont désormais envahis, dépassés. Le drame de cette vitesse, c’est qu’elle annule et tue dans l’œuf la pensée politique. La classe politique n’a fait aucun investissement intellectuel pour anticiper, affronter l’avenir. C’est ce que j’ai tenté de faire dans mes livres comme Introduction à une politique de l’homme, La voie, Terre-patrie… L’avenir est incertain, il faut essayer de naviguer, trouver une voie, une perspective. Il y a toujours eu, dans l’Histoire, des ambitions personnelles. Mais elles étaient liées à des idées. De Gaulle avait sans doute une ambition, mais il avait une grande idée. Churchill avait de l’ambition au service d’une grande idée, qui consistait à vouloir sauver l’Angleterre du désastre. Désormais, il n’y a plus de grandes idées, mais de très grandes ambitions avec des petits bonshommes ou des petites bonnes femmes.

Michel Rocard déplorait il y a peu pour « Terra eco » la disparition de la vision à long terme…

Il a raison, mais il a tort. Un vrai politique ne se positionne pas dans l’immédiat mais dans l’essentiel. A force d’oublier l’essentiel pour l’urgence, on finit par oublier l’urgence de l’essentiel. Ce que Michel Rocard appelle le « long terme », je l’intitule « problème de fond », « question vitale ». Penser qu’il faut une politique planétaire pour la sauvegarde de la biosphère – avec un pouvoir de décision qui répartisse les responsabilités car on ne peut donner les mêmes responsabilités à des pays riches et à des pays pauvres –, c’est une politique essentielle à long terme. Mais ce long terme doit être suffisamment rapide car la menace elle-même se rapproche.

Le président de la République Nicolas Sarkozy n’incarne-t-il pas l’immédiateté et la présence médiatique permanente ?

Il symbolise une agitation dans l’immédiateté. Il passe à des immédiatetés successives. Après l’immédiateté, qui consiste à accueillir le despote libyen Kadhafi car il a du pétrole, succède l’autre immédiateté, où il faut détruire Kadhafi sans pour autant oublier le pétrole… En ce sens, Sarkozy n’est pas différent des autres responsables politiques, mais son caractère versatile et capricieux en font quelqu’un de très singulier pour ne pas dire un peu bizarre.

Edgar Morin, vous avez 90 ans. L’état de perpétuelle urgence de nos sociétés vous rend-il pessimiste ?

Cette absence de vision m’oblige à rester sur la brèche. Il y a une continuité dans la discontinuité. Je suis passé de l’époque de la Résistance où j’étais jeune, où il y avait un ennemi, un occupant et un danger mortel, à d’autres formes de résistances qui ne portaient pas, elles, de danger de mort, mais celui de rester incompris, calomnié ou bafoué. Après avoir été communiste de guerre et après avoir combattu l’Allemagne nazie avec de grands espoirs, j’ai vu que ces espoirs étaient trompeurs et j’ai rompu avec ce totalitarisme-là, devenu ennemi de l’humanité. J’ai combattu cela et résisté. J’ai ensuite – naturellement – défendu l’indépendance du Vietnam ou de l’Algérie, quand il s’agissait de liquider un passé colonial. Cela me semblait si logique après avoir lutté pour la propre indépendance de la France, mise en péril par le nazisme. Au bout du compte, nous sommes toujours pris dans des nécessités de résister.

Et aujourd’hui ?

Aujourd’hui, je me rends compte que nous sommes sous la menace de deux barbaries associées. Humaine tout d’abord, qui vient du fond de l’histoire et qui n’a jamais été liquidée : le camp américain de Guantánamo ou l’expulsion d’enfants et de parents que l’on sépare, ça se passe aujourd’hui ! Cette barbarie-là est fondée sur le mépris humain. Et puis la seconde, froide et glacée, fondée sur le calcul et le profit. Ces deux barbaries sont alliées et nous sommes contraints de résister sur ces deux fronts. Alors, je continue avec les mêmes aspirations et révoltes que celles de mon adolescence, avec cette conscience d’avoir perdu des illusions qui pouvaient m’animer quand, en 1931, j’avais dix ans.

La combinaison de ces deux barbaries nous mettrait en danger mortel…

Oui, car ces guerres peuvent à tout instant se développer dans le fanatisme. Le pouvoir de destruction des armes nucléaires est immense et celui de la dégradation de la biosphère pour toute l’humanité est vertigineux. Nous allons, par cette combinaison, vers des cataclysmes. Toutefois, le probable, le pire, n’est jamais certain à mes yeux, car il suffit parfois de quelques événements pour que l’évidence se retourne.

Des femmes et des hommes peuvent-ils aussi avoir ce pouvoir ?

Malheureusement, dans notre époque, le système empêche les esprits de percer. Quand l’Angleterre était menacée à mort, un homme marginal a été porté au pouvoir, qui se nommait Churchill. Quand la France était menacée, ce fut De Gaulle. Pendant la Révolution, de très nombreuses personnes, qui n’avaient aucune formation militaire, sont parvenues à devenir des généraux formidables, comme Hoche ou Bonaparte ; des avocaillons comme Robespierre, de grands tribuns. Des grandes époques de crise épouvantable suscitent des hommes capables de porter la résistance. Nous ne sommes pas encore assez conscients du péril. Nous n’avons pas encore compris que nous allons vers la catastrophe et nous avançons à toute allure comme des somnambules.

Le philosophe Jean-Pierre Dupuy estime que de la catastrophe naît la solution. Partagez-vous son analyse ?

Il n’est pas assez dialectique. Il nous dit que la catastrophe est inévitable mais qu’elle constitue la seule façon de savoir qu’on pourrait l’éviter. Moi je dis : la catastrophe est probable, mais il y a l’improbabilité. J’entends par « probable », que pour nous observateurs, dans le temps où nous sommes et dans les lieux où nous sommes, avec les meilleures informations disponibles, nous voyons que le cours des choses nous emmène à toute vitesse vers les catastrophes. Or, nous savons que c’est toujours l’improbable qui a surgi et qui a « fait » la transformation. Bouddha était improbable, Jésus était improbable, Mahomet, la science moderne avec Descartes, Pierre Gassendi, Francis Bacon ou Galilée était improbables, le socialisme avec Marx ou Proudhon était improbable, le capitalisme était improbable au Moyen-Age… Regardez Athènes. Cinq siècles avant notre ère, vous avez une petite cité grecque qui fait face à un empire gigantesque, la Perse. Et à deux reprises – bien que détruite la seconde fois – Athènes parvient à chasser ces Perses grâce au coup de génie du stratège Thémistocle, à Salamine. Grâce à cette improbabilité incroyable est née la démocratie, qui a pu féconder toute l’histoire future, puis la philosophie. Alors, si vous voulez, je peux aller aux mêmes conclusions que Jean-Pierre Dupuy, mais ma façon d’y aller est tout à fait différente. Car aujourd’hui existent des forces de résistance qui sont dispersées, qui sont nichées dans la société civile et qui ne se connaissent pas les unes les autres. Mais je crois au jour où ces forces se rassembleront, en faisceaux. Tout commence par une déviance, qui se transforme en tendance, qui devient une force historique. Nous n’en sommes pas encore là, certes, mais c’est possible.

Il est donc possible de rassembler ces forces, d’engager la grande métamorphose, de l’individu puis de la société ?

Ce que j’appelle la métamorphose, c’est le terme d’un processus dans lequel de multiples réformes, dans tous les domaines, commencent en même temps.

Nous sommes déjà dans un processus de réformes…

Non, non. Pas ces pseudo-réformes. Je parle de réformes profondes de vie, de civilisation, de société, d’économie. Ces réformes-là devront se mettre en marche simultanément et être intersolidaires.

Vous appelez cette démarche « le bien-vivre ». L’expression semble faible au regard de l’ambition que vous lui conférez.

L’idéal de la société occidentale – « bien-être » – s’est dégradé en des choses purement matérielles, de confort et de propriété d’objet. Et bien que ce mot « bien-être » soit très beau, il fallait trouver autre chose. Et quand le président de l’Equateur Rafael Correa a trouvé cette formule de « bien-vivre », reprise ensuite par Evo Morales (le président bolivien, ndlr), elle signifiait un épanouissement humain, non seulement au sein de la société mais aussi de la nature. L’expression « bien vivir » est sans doute plus forte en espagnol qu’en français. Le terme est « actif » dans la langue de Cervantès et passif dans celle de Molière. Mais cette idée est ce qui se rapporte le mieux à la qualité de la vie, à ce que j’appelle la poésie de la vie, l’amour, l’affection, la communion et la joie et donc au qualitatif, que l’on doit opposer au primat du quantitatif et de l’accumulation. Le bien-vivre, la qualité et la poésie de la vie, y compris dans son rythme, sont des choses qui doivent – ensemble – nous guider. C’est pour l’humanité une si belle finalité. Cela implique aussi et simultanément de juguler des choses comme la spéculation internationale… Si l’on ne parvient pas à se sauver de ces pieuvres qui nous menacent et dont la force s’accentue, s’accélère, il n’y aura pas de bien-vivre. —

Edgar Morin en dates

8 juillet 1921 Naissance à Paris

1939 Rejoint la Résistance

1941 Entre au Parti communiste, dont il s’éloigne avant d’en être exclu définitivement en 1951

1977 Publication du premier tome de La Méthode

1993 Ecrit Terre-Patrie et appelle à « une prise de conscience de la communauté du destin terrestre »

2009 Publie Edwige, l’inséparable (Fayard)









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19 novembre 2011 6 19 /11 /novembre /2011 18:40

LEMONDE.FR avec AFP | 19.11.11 | 10h31   •  Mis à jour le 19.11.11 | 10h32

 
 

 

Jusqu'ici la loi prévoyait un délai de carence de trois jours en cas d'arrêt maladie, uniquement pour le secteur privé.

Jusqu'ici la loi prévoyait un délai de carence de trois jours en cas d'arrêt maladie, uniquement pour le secteur privé.AFP/FRED DUFOUR

Le tour de vis budgétaire décidé par le gouvernement sur l'indemnisation des arrêts maladie, centré sur l'allongement des jours de carence, est une mauvaise réponse tant sur le plan de la santé publique que de l'absentéisme, estiment médecins et experts. D'après le Dr Claude Leicher, président de MG France, le plus gros syndicat de médecins généralistes, le passage de trois à quatre jours du délai de carence, période non remboursée par l'assurance maladie, va frapper de plein fouet les très petites structures (20 % des entreprises) qui n'ont pas de contrats de complémentaire santé pour couvrir les arrêts de travail de leurs salariés.

D'après le médecin, ces travailleurs exercent souvent des métiers pénibles et vont être doublement pénalisés : financièrement car ils ne seront pas indemnisés et sur le plan de la santé car ils hésiteront à s'arrêter alors que leur état l'exige. "Il ne faut pas oublier que lorsqu'on a mis en place ce système de remboursement des arrêts maladie, un des objectifs était de permettre aux gens de reprendre leur activité le plus vite possible", rappelle-t-il.

"Il y a un certain nombre de situations dans lesquelles si vous vous arrêtez deux ou trois jours, vous allez pouvoir reprendre une activité dans des conditions bien meilleures et avec une productivité améliorée", explique le Dr Leicher."L'exemple le plus simple est celui de la lombalgie aiguë : quand vous avez un bon lumbago, vous n'êtes pas obligé de vous arrêter pendant quinze jours : très souvent un arrêt bref de deux à trois jours permet de passer la phase de douleur intense et de reprendre une activité dans de meilleures conditions", ajoute-t-il.

UN PROBLÈME DE "DÉMOTIVATION"

"Les personnes réagissent de façon très différente devant la maladie", indique pour sa part le Dr Claude Bronner, qui dirige la branche généraliste de la Fédération des médecins de France (FMF). Pour ces dirigeants médicaux, un travailleur non soigné immédiatement peut développer ensuite des pathologies plus graves, qui seront plus coûteuses à traiter ensuite.

Selon les chiffres officiels, les indemnités journalières d'arrêt maladie ont représenté 6,6 milliards d'euros en 2010. Il y a une progression de 5,1 % en 2009 mais de seulement 3,9 % en 2010. Le gouvernement estime que ces dépenses "progressent à un rythme élevé et difficilement justifiable". Les arrêts de travail de courte durée (de un à huit jours) sont les plus nombreux et représentent 37 % du total. Le gouvernement soupçonne que les arrêts abusifs soient plus fréquents dans cette catégorie.

En plus des restrictions au niveau des jours de carence – quatre dans le privé et, désormais, un pour les fonctionnaires –, le ministre de la santé Xavier Bertrand a menacé ceux qui abusent de devoir rembourser les indemnités indues. Mais la répression est-elle la meilleure réponse pour lutter contre l'absentéisme ? Pour les experts d'Alma Consulting Group, qui publie des baromètres de l'absentéisme (14,5 jours par salarié en 2010 dont 85 % pour arrêt maladie), celui-ci "n'est pas une fatalité uniquement liée à un état de santé mais une affaire de management". "Selon notre baromètre, plus de 60 % des racines de l'absentéisme sont relatifs à la démotivation", indique Olivier Gignoux, directeur du pôle social de cette société conseil. Pour lui, mieux vaut un plan de lutte contre l'absentéisme que des sanctions financières sur les arrêts maladie.

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19 novembre 2011 6 19 /11 /novembre /2011 18:34

LEMONDE.FR avec AFP | 18.11.11 | 19h45

 
 

 

Force ouvrière (FO), qui participait pour la première fois depuis deux ans à cette intersyndicale, a indiqué qu'elle ne signerait pas l'appel commun mais s'associerait à la journée du 13 décembre.

Force ouvrière (FO), qui participait pour la première fois depuis deux ans à cette intersyndicale, a indiqué qu'elle ne signerait pas l'appel commun mais s'associerait à la journée du 13 décembre.AFP/THOMAS COEX

L'intersyndicale a appelé vendredi 18 novembre à une "journée nationale de mobilisation interprofessionnelle, notamment avec des rassemblements" le 13 décembre, pour protester contre les plans d'austérité du gouvernement. Réunis au siège de la CGT à Montreuil, en Seine-Saint-Denis, cinq syndicats (CGT, CFDT, FSU, Solidaires et UNSA) ont également lancé un "appel commun" aux salariés pour "interpeller le gouvernement, les élus et les responsables d'entreprises dans la période du 1er au 15 décembre".

Dans leur communiqué commun, les cinq confédérations déplorent que "le gouvernement décide de mesures dans le domaine social sans rencontrer ni entendre les organisations syndicales". "Il fait porter les efforts sur les salariés, ce qui creuse les inégalités et plonge des milliers de familles dans les difficultés sociales", ajoute le texte.

 FORCE OUVRIÈRE NE SIGNERA PAS L'APPEL

Force ouvrière (FO), qui participait pour la première fois depuis deux ans à cette intersyndicale, a indiqué qu'elle ne signerait pas cet appel commun mais s'associerait à la journée du 13 décembre. La centrale de Jean-Claude Mailly revendiquera, dans le cadre de cette journée, un appel à la grève, option qui n'a pas été retenue par les autres organisations.

L'intersyndicale a prévu de se réunir à nouveau le 15 décembre, afin de "tirer le bilan" de la journée du 13 décembre et d'envisager "de nouvelles initiatives en janvier".

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18 novembre 2011 5 18 /11 /novembre /2011 12:38

Publié le 18-11-11 à 12:34    Modifié à 13:35     par Céline Lussato     

Alors que la France a rappelé son ambassadeur, des Syriens ont scandé ce matin "Shakkour dégage" – du nom de l'ambassadrice – devant le centre culturel syrien.

Lors de la manifestation vendredi matin à Paris (CL) Lors de la manifestation vendredi matin à Paris (CL)

Une vingtaine de Syriens se sont retrouvés, vendredi matin 18 novembre, devant le centre culturel syrien à Paris pour demander le départ de l'ambassadrice Lamia Shakkour, alors que la répression contre les manifestants en Syrie s'est encore durcie malgré les mises en garde de la communauté internationale contre Bachar al-Assad.

Rendez-vous était donné à 8h dans le quartier de l'ambassade en vue de protester devant la représentation officielle de la Syrie mais la présence policière renforcée a poussé les manifestants à transférer leur manifestation vers le centre culturel, non loin de là.

"Lamia Shakkour, demain ce sera ton tour", ont scandé les manifestants, confirmant hors slogan "de partir, c'est tout". Encerclés par les forces de l'ordre, les manifestants ont chanté, crié, pour demander le départ de celle dont ils affirment "qu'elle ne représente plus la Syrie en France mais seulement le clan Assad".

"Le peuple veut la chute du régime"

Ils ont aussi manifesté leur soutien aux Syriens qui descendent dans la rue chaque jour dans leur pays.

"C'est très important pour nous d'être là aujourd'hui alors que nos frères se font encore torturer et tuer dans notre pays", raconte une militante. "Tandis qu'Alain Juppé a rappelé l'ambassadeur français de Syrie, nous souhaitons qu'il demande également à celle qui dit représenter la Syrie en France de partir", souligne-t-elle.

En français et en arabe, les manifestants ont donc à la fois scandé "le peuple veut la chute du régime", "vive la lutte du peuple syrien" ou encore "Bachar assassin – Shakkour complice".

En face d'eux, de l'autre côté des forces de l'ordre, deux hommes qu'ils appellent "chabiha" – les hommes de main du régime – leurs font face. Des invectives s'échangent. Des menaces aussi. "Ils nous menacent de mort vous savez, ils n'ont peur de rien, même en France", confie un manifestant qui prend à témoin des policiers : "Vous protégez des assassins", dit-il.

Criminels

"Vous défendez une ambassade de criminels, les policiers syriens, eux, n'ont pas protégé l'ambassade de France en Syrie, ils l'ont laissé se faire attaquer", souligne un autre.

En fin de semaine dernière, le consulat honoraire de France à Lattaquié et la chancellerie détachée à Alep avaient en effet été la cible d'attaques.

Une fois le message passé, les manifestants décident tranquillement qu'il est temps de partir. Certains veulent réessayer de se rendre vers l'ambassade, mais d'autres leur objectent qu'ils ont fait ce qu'ils avaient à faire sans créer de problème. "Nous sommes pacifistes", nous dit-il.

En Syrie, d'autres manifestations ont lieu. Sous les tirs des forces de sécurité.

Céline Lussato – Le Nouvel Observateur

manifestation syrie paris
Lors de la manifestation anti-Assad à Paris vendredi matin (CL)
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18 novembre 2011 5 18 /11 /novembre /2011 10:48

 

 

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