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7 décembre 2011 3 07 /12 /décembre /2011 22:59

Marianne - J. Cesa et J.-F. Claudon (Offensive Socialiste) - Tribune | Mercredi 7 Décembre 2011 à 18:01


« Le PS va gagner parce que la droite est au pouvoir depuis trop longtemps »... Trop facile! Deux militants de l'Offensive socialiste (une sensibilité du Mouvement des Jeunes Socialistes - MJS) appellent à la prudence : quelle alternative le PS propose-t-il vraiment aux salariés qui souffrent de la politique de Nicolas Sarkozy ?



(Jour de grève - Strasbourg - wikimedia - cc)
(Jour de grève - Strasbourg - wikimedia - cc)
Au risque de choquer rédactions et salons, la tâche politique de l'heure n’est pas de commenter l’un de ces nombreuses enquêtes qui annoncent la baisse de François Hollande dans les sondages, mais bien de comprendre pourquoi le salariat est aujourd’hui en pleine interrogation sur son choix décisif qu’il fera au soir du 22 avril 2012.

L'esprit bonapartiste de cette Ve République aux allures monarchistes à peine voilées ne soumet à son choix rien d'autre qu'une gamme de personnalités plus ou moins loufoques. Et fatalement, cette équipée baroque de roitelets en devenir est suivie de son cortège de petites phrases, d'exclusivités pipoles, d'accords politiques concluent à la petite semaine. Mais, le 22 avril 2012, il faudra malgré tout choisir.

Choisir ? « Pour quoi faire ? C’est Hollande qui va gagner, c’est sûr. On vient de subir cinq ans de Chirac et autant de Sarko, les primaires ont été un succès phénoménal. En plus, si ca se trouve, Marine sera au second tour face à François. Alors là, c’est gagné à 100 %. » !

Sauf que voilà... Que propose-t-on aux salariés de ce pays qui souffrent depuis dix ans des coups de boutoir de la droite ? De donner du sens à la rigueur ? De ne pas revenir sur les lois scélérates et antisociales de la droite ? De baisser les cotisations patronales ? Toutes ces recettes sociales-libérales qui ponctionnent un peu plus encore le porte-monnaie des salariés pour permettre à la bande du Fouquet's de vivre grassement doivent cesser et faire place nette à une véritable politique de rupture avec le capitalisme, une politique de transformation sociale, qui n'hésiterait pas à reprendre la main sur ce sacro-saint « marché » qui a largement dépassé sa date de péremption.

D’abord l’unité de toute la gauche
Le salariat ne veut pas d’une gauche qui gagnerait par défaut, face à une droite devenue trop dure. Les entrées par effraction à l'Élysée ne présagent jamais rien de bon. Mais c’est pourtant ce qu’on veut nous faire croire.
« Le PS va gagner parce que la droite est au pouvoir depuis trop longtemps », voilà ce que l'on entend ça et là sur les ondes ou sur le net. Le tout paré de la vertu du « bon sens ».
Mais, même au pays de Descartes, ce n'est pas forcément au monde la chose la mieux partagée. Notre perspective paraîtra sûrement folle à ceux qui savent tout, mais elle a au moins le mérite de coller aux exigences des 24 millions de salariés de ce pays. Parvenir à unir toutes les forces politiques et sociales de gauche, telle est pour nous la clé du succès.

Aux antipodes d'un accord signé sur un coin de table avec marchandages de postes aux législatives, ce que nous voulons, c'est un programme commun de toute la gauche, sans exclusive, sur la base des revendications des salariés : hausse des salaires, retraite à 60 ans, salaire maximal, services publics, logement. Nous, on connaît la chanson, alors, François, reprend au moins le refrain ! L’unité de toute la gauche ne doit pas être un simple accord technique avec les écologistes aujourd’hui et une discussion avec les camarades du Front de Gauche au soir du premier tour.
Un programme commun, ça se murit, ça se travaille dans un esprit collectif de reconquête en faveur de notre camp social. Ne pas débattre avec Jean-Luc Mélenchon serait une erreur. Il est prêt à nous rejoindre, il l’a dit. Si on coupe la main tendue à Bayrou, il le fera. Et si la gauche est unie dans les plus brefs délais, la voie vers la victoire sera grande ouverte.
Les épisodes politiques que nous venons de vivre ont été désastreux pour notre famille politique. Au lieu de dénoncer le deuxième plan de rigueur, la TVA antisociale, la hausse du coût des mutuelles, le jour de carence supplémentaire dans la fonction publique, la réforme de l'évaluation des enseignants, la curée contre les malades forcément fraudeurs, la nouvelle attaque contre les 35 heures, le deuxième discours de Toulon -du grain à moudre, il y en a-, la gauche est apparue divisée et incapable de parler d’une même voix pour défendre les salariés préférant les quolibets dignes des bacs à sable des cours d'école de la politique. Il est temps de siffler la fin de la récré.

Mettre le social et le travail au cœur du débat politique
La droite le sait bien, on gagne une élection lorsque l’on maîtrise son agenda politique et que l’on place ses thématiques de campagnes au cœur du débat public. En 1995, la fracture sociale a permis à Chirac de parfaire son image de radical-socialiste, sauce IIIème République, tout en droitisant un Balladur encore fragilisé par les manifs anti-CIP. En 2002, le fameux « sentiment d’insécurité », affublé de sa non moins célèbre « tolérance zéro », a permis à Le Pen d’être au second tour alors que toute la gauche était majoritaire au premier. En 2007, Sarko s’est appuyé sur le triptyque « valeur travail, identité nationale, sécurité » pour mieux aspirer les voix lepenistes et apparaitre invincible dès le premier tour pour gagner au second. À aucune de ces trois élections, la gauche n’est parvenue à mettre en avant les thématiques comme les salaires, l’éducation, le logement et la sécurité sociale dans le débat politique. C’est pourtant celles-ci qui résument bon gré mal gré les fameuses « attentes prioritaires des Français ». Le salariat se détourne de la gauche parce qu’elle s’est précédemment détournée de lui. C’est Le Pen, père ou fille, avec ses discours rances aux extraits naturels de fascisme, qui récupère la monnaie (en franc, s’il vous plaît) et, à la fin du match, c’est toujours la droite qui gagne.

En 2012, ce n’est pas sur les questions du nucléaire, de l’immigration, ou de l’insécurité que la gauche pourra l’emporter. La problématique centrale, c’est de résoudre la crise sociale. Ce sont ces 50 % de salariés français qui touchent moins de 1600 € par mois, ces cinq millions de chômeurs, ces deux millions de travailleurs pauvres, ces files d’attentes au Resto du cœur qui constituent la trame de ces élections à haut risque. Mais nous ne nous adressons pas aux seuls « exclus » du système capitaliste. Ce sont de larges franges du salariat qu'il faudra convaincre pour l'emporter. Ceux pour qui choisir entre se soigner correctement ou acheter du surgelé au hard-discount est une réalité quotidienne. Ceux pour qui réduire le chauffage n’est pas un geste « écolo-bobo », mais une obligation sociale. Ceux pour qui les agios imposés par les banques et qui engraissent leurs traders deviennent insupportables. Gagner la majorité du salariat, telle est notre objectif en défendant une politique qui leur prendra certes du temps et de l'énergie -car on ne vainc pas la finance sans coup férir-, mais qui leur rendra bien plus qu'ils n'auront donné. Car les salariés de ce pays ne sont pas des idiots. Si nous proposons à leurs suffrages une politique qui n'est pas conforme avec leurs intérêts, ils s’abstiendront comme l’ont déjà fait avant eux les salariés allemands, italiens, grecs, espagnols et portugais au grand dam de sociaux-démocrates bien trop ternes pour faire face à la droite populiste.

La gauche ne pourra pas échapper non plus à la question de la dette souveraine. Démontrer que c’est le capitalisme lui-même qui est responsable de sa propre crise est pourtant chose aisée. Dire que c’est l’abondance des crédits qui s’est substituée aux hausses de salaire pour permettre aux salariés de survivre n’est pas un gros mot. Pas plus que de dire que ce sont les cadeaux fiscaux pour les riches et les exonérations de cotisations patronales qui ont grevé les comptes. Affirmer sans fausse honte que ce sont les politiques de dérégulation dictées par les marchés et mises en œuvre servilement par les traités internationaux qui ont accéléré la spéculation financière et qui ont mené au krach financier ne tient pas du discours minorisant, puisque c'est la vérité crue que les travailleurs du monde entier reçoivent quotidiennement  en plein visage depuis plus de 3 ans. Dire cela, c’est ouvrir la voie vers l’alternative socialiste en refermant la parenthèse ouverte en 1983 et que la gauche peine depuis si longtemps à refermer pour de bon. Dire cela, c’est combattre Sarko qui, dans son discours-show de Toulon, n’a rien trouvé de mieux à faire que d'ériger la retraite à 60 ans et les 35 heures en boucs-émissaires de la crise économique. C’est aussi combattre Guéant, marchant une fois de plus sur les plates-bandes du Front et réduit à stigmatiser les immigrés pour expliquer le record historique atteint par les chiffres du chômage. Gagner la bataille culturelle est donc une nécessité absolue pour l’emporter.

Redistribuer les richesses, tout de suite !
Les discours les plus enflammés sont parfois aussi les plus creux. Alors pas de  phrases lyriques sur les « sécurités durables » et encore moins sur les « sacrifices nécessaires » ! « Du pain et pas de discours », comme l'écrivait Brecht, voilà ce que veulent les salariés. L’augmentation des salaires : ça, c’est du sûr, du concret pour les salariés. Un programme commun peut mobiliser les masses. Mais décréter la retraite à 60 ans sans décote, ça, c’est changer la vie. Il ne faudra pas se satisfaire d’une campagne où les propositions seront ancrées à gauche. Ce que les salariés veulent, c’est, du palpable tout de suite. En 2007, Sarko n’a pas flanché lorsqu’il devait satisfaire les désidératas de ses amis riches qui avaient misé des millions dans sa campagne.

La loi TEPA, qui résume a elle seule la substance de la « pensée » sarkozyste a ensuite été adoptée au pas de charge, dès l’été. La gauche, si elle l’emporte, devra elle aussi envoyer un signal aux salariés. Il revient aux militants de la gauche du Parti socialiste, d’ouvrir le débat sur le programme dont la gauche a besoin. Les bases sont solides et elles sont connues. Ce sont les aspirations profondes des huit millions de manifestants mobilisés face à la contre-réforme des retraites, des trois millions de votants aux primaires citoyennes, des milliers de citoyens mobilisés qui se pressent aux nombreux débats qui demandent un audit sur la dette... Toutes ces mobilisations, sans parler de celles à venir, dans l’éducation notamment, doivent converger vers des objectifs communs : unir l'intégralité du camp du travail et ancrer son programme à gauche pour chasser Sarkozy et sa bande du Fouquet’s !

 

Retrouvez Johann CESA et Jean François Claudon sur le blog de l’Offensive Socialiste.

« L’Offensive Socialiste est une sensibilité du Mouvement des Jeunes Socialistes d’inspiration marxiste, résolument socialiste, laïque, républicaine et internationaliste. »
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7 décembre 2011 3 07 /12 /décembre /2011 22:55

Le Monde - 07 décembre 2011

 

Une prise d’otages dans une école… pour cause d’enseignant stagiaire

Notre-Dame-de-Caderot : l’école catholique de Berre L’Etang (Bouches-du-Rhône), un établissement privé sous contrat avec l’Etat, a des faux-airs de mas provençal. Une architecture agréable, avec sa façade beige-rosée et ses tuiles orangées. Des effectifs confortables - 160 élèves accueillis sur sept niveaux, de la petite section de maternelle au CM2, par sept enseignants. Un quotidien tranquille… ou presque : depuis hier au soir, mardi 6 décembre, une quinzaine de parents d’élèves séquestrent la directrice, Christine Courtot, une secrétaire, deux professeures ainsi que le président de l’OGEC, une association composée de membres émanant de diverses structures diocésaines et de bénévoles, assurant la gestion économique, financière et sociale de l’école.

Devant la grille restée fermée, une banderole : « Ecole occupée ». Pas de suppressions de postes, ici. La colère des familles a un nom : celui de l'enseignant en charge de la classe de CM1. Ce professeur des écoles stagiaire, 24 ans, arrivé en septembre, n’a visiblement pas su faire ses preuves selon certains parents. « Il y a pire, pourtant, comme première affectation », soutient Bénédicte Marcon, maman d’Ambre, 9 ans, élève de CM1, et qui s’est improvisée « preneuse d’otages ». « Il est peut-être stagiaire, mais il n’a que seize enfants face à lui, dont dix se connaissent depuis le CP, et une équipe enseignante soudée, prête à l’aider. »

Que reprochent exactement les parents au jeune enseignant ? Peu de travail en classe, pas de devoirs, aucune autorité mais des punitions disproportionnées, une ambiance bruyante, angoissante… « Fin septembre, l'enseignant s’était engagé à démarrer, enfin, le programme scolaire, nous assurant qu’il avait procédé aux évaluations diagnostics. Mais après la Toussaint, rien n’a vraiment changé. Les leçons sont un peu plus longues, mais pas mieux structurées. Un exercice par semaine, en français comme en maths, je doute que cela ne suffise », déplore cette mère d’élèves. « Nos enfants s’ennuient, ils s’occupent comme ils peuvent. Beaucoup pleurent, ne veulent plus venir en classe, certains se roulent par terre, perdent un peu les pédales… ». Des enfants en danger ? « Non », reconnait Mme Marcon, « mais en situation d’insécurité. Ils sont livrés à eux-mêmes, parfois exclus de la classe sans surveillance…Ils pourraient faire une bêtise », craint-elle, évoquant « le cas d’un petit garçon puni… sur un balcon ».

Les familles estiment avoir « épuisé tous les recours » avant de « passer à l’acte » d’une manière « médiatique, inédite, mais pacifique », défendent-elles. Leur lettre adressée à l’inspection académique, le 20 octobre, est restée sans réponse. « Il a fallu que la directrice, Mme Courtot, écrive elle aussi à l’administration pour qu’on nous réponde… le 30 novembre », précise Mme Marcon. « On nous dit que l’enseignant est un professeur des écoles stagiaire, qu’il bénéficie à ce titre d’un accompagnement régulier de ses formateurs, que la première ‘régulation’ doit s’effectuer à ce niveau, lors des visites... Bref, on nous recommande de patienter », s’indigne-t-elle, « et entretemps, les enfants perdent leur temps ! ».

Dans la nuit du 6 au 7 décembre, les « preneurs d’otage » ont appris que l'enseignant stagiaire aurait demandé sa mutation, mais ils préfèrent attendre une « réponse officielle » avant de mettre un terme à la séquestration. « On ne bougera pas d’ici tant qu’on n’aura pas reçu l’engagement, officiel, de son départ », prévient Mme Marcon, « et l’assurance de son remplacement. par quelqu’un de compétent. Pas un enseignant stagiaire ! ».

Interrogé sur France Inter, au sujet de la mutation du jeune professeur, ce qui ne ferait que déplacer le problème, le ministre de l’éducation Luc Chatel a relevé qu’il s’agissait « d’un établissement privé sous contrat géré par l’Enseignement catholique ». « Nous sommes en train de regarder cette affaire, mais c’est aussi à la direction diocésaine qui gère l’établissement d’apporter des réponses aux parents d’élèves », a souligné le ministre. Au Secrétariat général de l’enseignement catholique (SGEC), on insiste sur le fait que « ce jeune enseignant effectuait son année de probation avant titularisation ». « Lorsqu’un étudiant passe le concours et signale qu’il veut enseigner dans un établissement privé sous contrat avec l’Etat, il lui faut l’accord du chef d’établissement, accord que ce jeune homme avait obtenu », explique Gilles du Retail, directeur de la communication au SGEC. « Il débutait, était suivi et accompagné… Ce n’est quand même pas aux parents de donner leur verdict sur la composition d’une équipe, et certainement pas ainsi… », lâche-t-il.

Jean-Marc Vincenti, directeur interdiocésain de l’enseignement catholique d’Aix-en-Provence et de Digne, s’est dit « particulièrement choqué par la dimension prise » par cette affaire, et a d’ors et déjà annoncé qu’un suppléant serait nommé à Notre-Dame-de-Caderot. Le 7 septembre vers midi, les parents d'élèves ont permis aux personnes retenues de regagner leur domicile. Le jeune enseignant était, lui, attendu dans l’après-midi à l’inspection académique des Bouches-du-Rhône, pour discuter de sa situation. En septembre, 16 000 enseignants stagiaires ont fait leur rentrée, privés de l’année de stage en alternance qu’ils effectuaient auparavant en Institut universitaire de formation des maîtres (IUFM). Lâchés dans le grand bain, en somme.

Mattea Battaglia

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7 décembre 2011 3 07 /12 /décembre /2011 22:47

LEMONDE.FR avec AFP | 07.12.11 | 16h26

 
 

 

Un sanglier mort sur la plage de Morieux, dans la baie de Saint-Brieuc (Côtes-d'Armor), le 26 juillet 2011.

Un sanglier mort sur la plage de Morieux, dans la baie de Saint-Brieuc (Côtes-d'Armor), le 26 juillet 2011.AFP/DAMIEN MEYER

Deux associations écologistes ont porté plainte mercredi au pénal à Saint-Brieuc, notamment contre le préfet des Côtes-d'Armor, après l'hécatombe de sangliers en juillet dans l'estuaire du Gouessant, pollué par les algues vertes, a-t-on appris auprès de leur avocat.

Me Claude Larzul a déposé plainte au nom des associations Sauvegarde du Penthièvre et Sauvegarde du Trégor, devant le procureur de la République de Saint-Brieuc, contre "les représentants de l'Etat et notamment les préfets (successifs) des Côtes-d'Armor, leurs donneurs d'ordre ou supplétifs ou tous autres auteurs, coauteurs ou complices", selon le texte de la plainte.

ABSENCE DE MESURES

La mort de 36 sangliers l'été dernier à cause des gaz toxiques dégagés par des algues vertes en putréfaction implique la violation de textes du Code de l'environnement, selon l'avocat. "Nous avons considéré que l'absence de mesures" prises par le préfet le fait notamment tomber sous le coup de l'article L. 341-20, "qui punit de 45 000 euros d'amende et de trois ans d'emprisonnement le fait de laisser se dégrader un site classé comme la baie de Saint-Brieuc", a-t-il précisé. L'article "impose au préfet de prendre toute mesure pour préserver" ces sites, a-t-il assuré.

La plainte repose également sur l'article L. 216-6, "qui réprime par 75 000 euros d'amende et deux ans d'emprisonnement le fait de laisser s'écouler dans les eaux des substances nuisibles à la santé et à la faune", comme les épandages de lisier et l'excès de nitrates qui créent ces algues vertes, a précisé Me Larzul.

L'ÉTAT JUGÉ RESPONSABLE

Le tribunal administratif de Rennes, en 2007, et la cour administrative d'appel de Nantes, en 2009, avaient déjà jugé "que les algues vertes proviennent d'une politique de laisser-faire" et que "les représentants de l'Etat sont les responsables de cette situation", a rappelé l'avocat. "Dès lors que la responsabilité de l'Etat a été stigmatisée par des juridictions administratives, les représentants de l'Etat doivent répondre de ces infractions devant les tribunaux correctionnels", a-t-il argumenté.

Une plainte concernant la mort en 2009, dans les Côtes-d'Armor, d'un transporteur d'algues vertes, Thierry Morfoisse, est par ailleurs en cours d'instruction au pôle santé de Paris.

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6 décembre 2011 2 06 /12 /décembre /2011 15:53
liberation - Société Vendredi dernier à 0h00

Par Amine EL KHATMI 23 ans, étudiant en droit (master 2), Français

 

Lettre à monsieur le ministre de l’Intérieur, de l’Outre-Mer, des Collectivités territoriales et de l’Immigration

 

Monsieur le ministre,

La sous-direction de l’accès à la nationalité française du ministère que vous dirigez vient de signifier à madame S. Boujrada, ma mère, le classement de son dossier et un refus d’attribution de nationalité. «Vous ne répondez pas aux critères», est-il écrit dans un courrier sans âme que l’on croirait tout droit sorti de l’étude d’un huissier ou d’un notaire.

Ma mère est arrivée en France en 1984. Il y a donc vingt-huit ans, monsieur le ministre, vingt-huit ans ! Arrivée de Casablanca, elle maîtrisait parfaitement le français depuis son plus jeune âge, son père ayant fait le choix de scolariser ses enfants dans des établissements français de la capitale économique marocaine.

Elle connaissait la France et son histoire, avait lu Sartre et Molière, fredonnait Piaf et Jacques Brel, situait Verdun, Valmy et les plages de Normandie, et faisait, elle, la différence entre Zadig et Voltaire ! Son attachement à notre pays n’a cessé de croître. Elle criait aux buts de Zidane le 12 juillet 1998, pleurait la mort de l’abbé Pierre.

Tout en elle vibrait la France. Tout en elle sentait la France, sans que jamais la flamme de son pays d’origine ne s’éteigne vraiment. Vous ne trouverez trace d’elle dans aucun commissariat, pas plus que dans un tribunal. La seule administration qui pourra vous parler d’elle est le Trésor public qui vous confirmera qu’elle s’acquitte de ses impôts chaque année. Je sais, nous savons, qu’il n’en est pas de même pour les nombreux fraudeurs et autres exilés fiscaux qui, effrayés à l’idée de participer à la solidarité nationale, ont contribué à installer en 2007 le pouvoir que vous incarnez.

La France de ma mère est une France tolérante, quand la vôtre se construit jour après jour sur le rejet de l’autre. Sa France à elle est celle de ces banlieues, dont je suis issu et que votre héros sans allure ni carrure, promettait de passer au Kärcher, puis de redresser grâce à un plan Marshall qui n’aura vu le jour que dans vos intentions. Sa France à elle est celle de l’article 4 de la Constitution du 24 juin 1793 qui précise que «tout homme - j’y ajoute toute femme - (e) et domicilié(e) en France, âgé(e) de 21 ans accomplis,tout(e) étranger(e) âgé(e) de 21 ans accomplis, qui, domicilié(e) en France depuis une année, y vit de son travail, ou acquiert une propriété, ou épouse un(e) Français(e), ou adopte un enfant, ou nourrit un vieillard, tout(e) étranger(e) enfin, qui sera jugé(e) par le corps législatif avoir bien mérité de l’humanité, est admis(e) à l’exercice des droits de citoyen français». La vôtre est celle de ces étudiants étrangers et de ces femmes et hommes que l’on balance dans des avions à destination de pays parfois en guerre.

Vous comprendrez, monsieur le ministre, que nous ayons du mal à accepter cette décision. Sa brutalité est insupportable. Sa légitimité évidemment contestable. Son fondement, de fait, introuvable. Elle n’est pas seulement un crachat envoyé à la figure de ma mère. Elle est une insulte pour des millions d’individus qui, guidés par un sentiment que vous ne pouvez comprendre, ont traversé mers et océans, parfois au péril de leur vie, pour rejoindre notre pays. Ce sentiment se nomme le rêve français. Vous l’avez transformé en cauchemar.

Malgré tout, monsieur le ministre, nous ne formulerons aucun recours contre la décision de votre administration. Nous vous laissons la responsabilité de l’assumer. Nous vous laissons à vos critères, à votre haine et au déshonneur dans lequel vous plongez toute une nation depuis cinq ans. Nous vous laissons face à votre conscience.

Quand le souffle de la gifle électorale qui se prépare aura balayé vos certitudes, votre arrogance et le système que vous dirigez, ma mère déposera un nouveau dossier.

Je ne vous salue pas, monsieur le ministre.

 

http://www.liberation.fr/c/01012375069-c
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6 décembre 2011 2 06 /12 /décembre /2011 13:52

LEMONDE.FR avec AFP | 06.12.11 | 08h40   •  Mis à jour le 06.12.11 | 11h03

 
 

 

Pékin est l'une des villes les plus polluées au monde, avec plus de cinq millions de véhicules en circulation.

Pékin est l'une des villes les plus polluées au monde, avec plus de cinq millions de véhicules en circulation.REUTERS/DAVID GRAY

Des millions d'internautes chinois faisaient part mardi 6 décembre de leur exaspération et de leurs craintes pour leur santé après plusieurs jours d'une forte pollution qui a recouvert Pékin et entraîné l'annulation de centaines de vols. Le sujet de la pollution est le plus abordé sur Internet et a été l'objet mardi en mi-journée de 4,4 millions de messages sur le principal service de microblogging du pays, Sina Weibo.

Un internaute, Hu Yueyue, a mis vingt-quatre heures pour se rendre de Pékin à Shenzhen (sud du pays), un voyage qui prend normalement un peu plus de trois heures de vol. "Je suis épuisé. Tout cela à cause de cet épais brouillard", commente-t-il sur son compte de microblog. Internet est devenu le canal privilégié de nombreux Chinois pour exprimer leur colère contre les abus et les dysfonctionnements du pays, qui sacrifie souvent l'environnement sur l'autel d'un développement économique échevelé.

"Encore un jour enfumé à Pékin. J'ai mis un masque ce matin. J'ignore quelle est mon espérance de vie en respirant tout le temps cet air nocif", écrit un autre internaute. Taobao.com, géant chinois de la vente en ligne, a annoncé avoir vendu dimanche 30 000 masques filtrants, alors que la visibilité ne dépassait pas quelques centaines de mètres.

UN NIVEAU DE POLLUTION "DANGEREUX"

Des centaines de vols ont été annulés dimanche et lundi à Pékin, officiellement en raison du "brouillard", tandis que le niveau de pollution atmosphérique était qualifié de "dangereux" par l'ambassade des Etats-Unis lors de ces deux jours. Ce stade "dangereux" est le pire niveau de l'indice mis à jour en temps réel par l'ambassade des Etats-Unis dans la capitale, qui calcule de façon indépendante le degré de qualité de l'air, la municipalité étant suspectée de sous-estimer la dangerosité de la pollution.

De nouvelles liaisons aériennes ont dû être annulées mardi, malgré une très relative éclaircie de l'atmosphère : 80 vols intérieurs et dix vols internationaux à la mi-journée. L'épais nuage grisâtre recouvrant la capitale chinoise a aussi entraîné lundi la fermeture d'importants axes routiers qui la relient au nord de la Chine. En plus des nombreuses centrales thermiques à charbon, la pollution à Pékin est alimentée par les industries dans la conurbation et la circulation automobile. Un total de 240 000 voitures supplémentaires arrivent cette année dans les rues de la mégalopole, où il en circule déjà cinq millions.

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6 décembre 2011 2 06 /12 /décembre /2011 13:27

Envoyé par un indigné pas résigné le 05 décembre 2011

Petit documentaire décrivant la totale impunité avec laquelle une multinationale de l'eau peut ignorer la Loi et refuser l'accès a l'eau a une famille durant 2000 jours.
Depuis la réalisation de ce film le Défenseur des Droits nous a également donné raison en plus de la Cour de Cassation. Nous n'avons cependant toujours pas été reconnectés!
Vidéo totalement libre de droits, vous êtes invités a la mettre en lien sur votre site et/ou a la faire circuler.

http://www.youtube.com/watch?v=O9oa8lGEjMs

 

 

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5 décembre 2011 1 05 /12 /décembre /2011 13:31

Le Monde - 05 décembre 2011

Fin novembre, ils se sont tous retrouvés avec épouses et compagnes au restaurant. Plus exactement dans le seul restaurant de Lézinnes, petite commune de l'Yonne, 767 habitants. "On a bien et beaucoup mangé!", dit en souriant le maire, Jean-Claude Galaud. Un mois plus tôt, cet homme de 61 ans s'était joint à douze salariés de l'entreprise Lafarge pour mener pendant dix jours une grève de la faim devant le siège social du cimentier, à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine).  La présence dérangeante, parmi les grévistes, de cet élu local ceint de son écharpe tricolore, avait largement contribué à médiatiser la protestation des "Lafarge" contre la fermeture du site de Frangey et à rouvrir les négociations avec la direction du groupe industriel.

Jean-Claude Galaud, maire des 767 âmes de Lézinnes, une petite commune de l'Yonne © Karim El Hadj / LeMonde.fr

Lorsqu'il a appris, au printemps, que Lafarge envisageait de fermer ce site, historiquement situé sur sa commune, Jean-Claude Galaud a vu rouge.  Pour les 74 salariés bien sûr – dont beaucoup avaient succédé à un père ou à un oncle dans l'entreprise –, qui se voyaient proposer des départs anticipés à la retraite ou des reclassements sur d'autres sites du groupe, à Dunkerque ou à Lyon. Mais d'abord et surtout pour son territoire. Avec le départ de Lafarge, c'était tout le fragile équilibre de la commune qui risquait de s'effondrer.  "A Lézinnes aujourd'hui, on a encore tous les commerces : deux boulangers, deux salons de coiffure, une épicerie, une boucherie, une pharmacie, un bar-restaurant et un bureau de tabac-presse-loto. Tout cela tient à un fil."

Le maire a fait les comptes : 74 salariés menacés, ce sont des familles, des enfants à l'école et des sous-traitants, parmi lesquels il intègre les petits commerces. "Autant de salariés qui vivent et travaillent sur la commune. Près de 450 personnes étaient touchées, soit plus de la moitié des habitants de Lézinnes", assure-t-il.

Travaux de rénovation à la mairie de Lézinnes © Karim El Hadj / LeMonde.fr

Mais qui, à part eux, se souciait du sort de Lézinnes ? "On avait tiré toutes les sonnettes d'alarme, alerté le ministre et jusqu'au président de la République. Il ne nous a jamais répondu. Avec le conseil municipal, on avait pensé à démissionner en bloc, mais je me suis dit que ça ne suffirait pas, que Lafarge n'en aurait rien à faire", raconte Jean-Claude Galaud. L'idée d'une grève de la faim s'est alors imposée. "A partir du moment où l'Etat n'entend pas, ne répond plus, il faut faire autrement, c'est tout ! La grève de la faim, c'est le seul moyen qu'on a trouvé pour être écouté."

Une douzaine de salariés de Lafarge et le maire de Lézinnes, Jean-Claude Galaud, entament, mardi 20 septembre 2011, une grève de la faim pour protester contre la fermeture de l’usine de ciment de leur village.© DR

L'homme n'a rien d'un révolutionnaire, ni d'un militant, encore moins d'un syndicaliste.  Avant d'être élu maire, en 2008, il avait fait toute sa carrière dans une grande entreprise de bricolage. "Je n'étais pas du tout syndicat", confie-t-ilOn devine, à l'écouter, que sa famille politique se situe plutôt à droite.  "Mais là, j'étais déterminé à montrer ma colère, à dire stop. Dans la région de Tonnerre, on a perdu 2 200 emplois en dix ans, on ne peut pas continuer comme ça, sauf à mourir."

La mobilisation a porté. Nombreux sont les hommes politiques, à gauche mais aussi à droite, comme le député de l'Essonne et président du parti souverainiste Debout la République Nicolas Dupont-Aignan, qui ont affiché leur solidarité avec les Lafarge et leur maire.  "Celui qui m'a le plus touché, c'est Manuel Valls, dit M. Galaud. Son directeur de cabinet m'avait appelé pour me dire qu'il nous soutenait. Je lui ai dit : 'C'est gentil, mais ça ne suffit pas. Il faut qu'il vienne nous le dire ici'."

Le maire (PS) d'Evry (Essonne), qui concourait alors pour la primaire de son parti, a fait le déplacement jusqu'aux tentes plantées devant le siège de Lafarge ."Il est venu avec les caméras de télévision. C'était bien pour lui sans doute, mais c'était très important pour nous. Avec la médiatisation, l'image de Lafarge a été abîmée, et ça, ils n'aiment pas du tout !" 

"PROFONDS LIENS D’AMITIÉ"

Le cimentier a revu ses plans et accepté de maintenir une activité réduite sur le site, au moins à moyen terme, en attendant de trouver un repreneur. Quarante emplois ont été pour l'heure sauvegardés. Mais Jean-Claude Galaud espère obtenir davantage. Puisque Lafarge va faire des économies sur les frais de fonctionnement de l'usine, le maire espère bien l'amener à financer certains projets de la commune, comme le groupe scolaire. "La mauvaise conscience, ça a un prix", dit-il.

L'expérience l'a marqué, au-delà des 10 kilos perdus en dix jours, qu'il n'a pas encore complètement repris. "Ce que l'on a vécu là, c'était vraiment un combat commun. Entre tous les grévistes de la faim, nous en avons noué de profonds liens d'amitié. Quand on était sous nos tentes, on s'est dévoilé les uns aux autres. Ce que je voudrais, c'est qu'il y ait beaucoup d'élus qui fassent comme moi."

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3 décembre 2011 6 03 /12 /décembre /2011 20:39
Des dizaines de milliers de Belges manifestent contre l'austérité

 

LEMONDE.FR | 02.12.11 | 16h01

 
 

 

Bruxelles Correspondant - Les Belges qui, globalement, ont vécu sans excès de colère les 535 jours de crise gouvernementale de leur pays accepteront-ils avec autant de philosophie la cure d'austérité qui va leur être imposée par le gouvernement du socialiste Elio Di Rupo ? La question est posée après le succès de la manifestation organisée vendredi 2 décembre, à Bruxelles, par les puissants syndicats du pays.

Le défilé, qui a paralysé tout le centre de la capitale, aurait mobilisé 80 000 personnes selon les organisateurs, 50 000 selon la police. C'est plus que ce qu'attendaient les organisations socialistes, chrétiennes et libérales, hostiles aux coupes budgétaires envisagées par la coalition de six partis qui devrait se mettre en place dans quelques jours. Cette dernière entend ramener le déficit public à 2,8 %, afin de se conformer aux règles du pacte européen de stabilité.

"Non à l'austérité aveugle" était le principal slogan des manifestants. Selon eux, le projet Di Rupo cible trop les revenus les plus faibles, ainsi que les chômeurs, et pas assez les responsables de la crise et les revenus les plus élevés. "Au lieu de rendre dégressives les allocations de chômage, il faut dégraisser les bonus des traders et les dividendes des actionnaires", indiquait une dirigeante du syndicat socialiste FGTB.

"L'OBSESSION EUROPÉENNE DES ÉCONOMIES"

"Non au chantage des marchés", proclamait une banderole. Une autre réclamait la préservation du système d'adaptation automatique des salaires au coût de la vie, mesure qui divise les futurs partenaires. "Les banques nous volent, les riches rient, protégeons nos salaires", criaient des manifestants, appuyés par des délégations étrangères. Le système fiscal, qui pénalise lourdement le travail mais exonère certaines grosses entreprises, était également ciblé. Enfin "l'obsession européenne de réaliser des économies", selon la formule du syndicat socialiste, était également dénoncée. "En temps de crise, il est important que l'Etat injecte de l'argent dans l'économie", indiquait l'un de ses tracts.

 

A Bruxelles, le 2 décembre 2011.

A Bruxelles, le 2 décembre 2011.AFP/GEORGES GOBET

Le succès du défilé de vendredi représente la première difficulté du gouvernement Di Rupo. Même s'il n'est pas encore officiellement investi, le premier ministre devait recevoir une délégation des manifestants afin de les convaincre du bien-fondé de son plan d'assainissement. Il comptait leur répéter que, d'après lui, ses projets ne réduisent pas le pouvoir d'achat des travailleurs.

 PRESSION DES AGENCES DE NOTATION

Le ton des slogans et les commentaires glanés dans le cortège indiquent que la base syndicale est loin de partager cette opinion. L'idée d'une grève générale gagne du terrain et pourrait se concrétiser à bref délai. Une situation délicate pour un premier ministre socialiste wallon, déjà coincé entre les revendications syndicales et les protestations des milieux patronaux qui ont abondamment dénoncé l'aggravation de leurs charges mais aussi "l'irresponsabilité" et le caractère contre-productif du mouvement de vendredi, alors que la Belgique reste sous l'œil des marchés, des agences de notation et de la Commission européenne.

Celle-ci n'a pas décidé si elle renoncera, ou non, à l'amende de 700 millions d'euros promise au pays s'il ne fait pas la preuve que ses projets budgétaires sont fiables. Au-delà, un péril plus inquiétant encore pointe : tous les observateurs ont été frappés parle ton résolument antipolitique du cortège. "Les gens sont furieux", confesse un dirigeant du syndicat chrétien. L'un de ses jeunes affiliés se veut plus clair : "Je n'ai jamais manifesté. Mais voir ces hommes et femmes politiques sourire après un an et demi de crise politique et après avoir mis au point un budget aussi anti-social m'ecoeure."

Jean-Pierre Stroobants

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3 décembre 2011 6 03 /12 /décembre /2011 20:19

lunion.presse.f

 

 

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3 décembre 2011 6 03 /12 /décembre /2011 19:53
| Par Thomas Cantaloube

 

De notre envoyé spécial à Santiago (Chili)

Ils arrivent par grappes de trois ou cinq, sourire aux lèvres. Certains sont déguisés, beaucoup portent des survêtements à capuche noirs. Ils se rassemblent dans un coin de la Plaza Italia, au cœur de la capitale chilienne, jusqu'à être deux ou trois milliers. Ils sont tous lycéens ou étudiants. Un peu après onze heures du matin, en cette belle journée de printemps austral, ils se mettent en marche le long d'une large avenue de Santiago.

Il y a peu de banderoles, mais des chants : « Elle va tomber, elle va tomber l'éducation de Pinochet ! » ou encore « Notre éducation n'est pas à vendre ! ». Probablement un peu de lassitude aussi. Ce 27 octobre est un jeudi comme un autre dans les rendez-vous hebdomadaires qu'organisent les élèves chiliens de l'enseignement secondaire et supérieur depuis plus de six mois. Il n'y a pas de mot d'ordre particulier aujourd'hui, pas de mobilisation exceptionnelle. Juste l'ordinaire d'une lutte contre le gouvernement qui dure encore et encore.

Le cortège s'ébranle donc calmement, suivi par des véhicules de sécurité et des dizaines de carabineros harnachés façon tortues ninjas. Les manifestants ont à peine parcouru trois cents mètres que les guanacos se mettent à cracher leurs jets d'eau à haute pression. Il n'y a eu aucune provocation ni aucune déprédation de la part des jeunes, mais les fuerzas especiales ont décidé ou, plus probablement ont reçu l'ordre, de disperser la manifestation au plus vite.

 

Carabineros contre étudiants le 27 octobre dernier à Santiago  
Carabineros contre étudiants le 27 octobre dernier à Santiago© Thomas Cantaloube

Le ballet des canons à eau et des véhicules pulvérisant du gaz lacrymogène démarre. Ils avancent sur les protestataires, les traquent dans les ruelles perpendiculaires. De nouveaux chants fusent : « Nous voulons étudier pour ne pas devenir force de sécurité ! » En une demi-heure, l'affaire est pliée. Les jeunes s'égayent après avoir balancé sans grande conviction quelques pierres et boules de peinture sur les véhicules blindés.

Cela fait maintenant plus de six mois que cela dure. Six mois de mobilisation étudiante et lycéenne, avec des journées où des centaines de milliers de personnes – des étudiants mais aussi leurs parents et des fonctionnaires – descendent battre le pavé, et d'autres où seuls quelques milliers répondent à l'appel. Six mois de blocage gouvernemental. Six mois pour rattraper vingt ans d'inertie et finir de défaire dix-sept ans de dictature Pinochet.

Vu de loin, c'est-à-dire d'Europe, le mouvement de protestation des étudiants chiliens a été assimilé aux « Indignés » ou autres « Occupy... ». C'est une erreur. En fait, il est bien plus proche du « printemps arabe » : le soulèvement d'une jeunesse lasse des compromis de ses aînés, et qui entraîne dans son sillage une majorité de la population. Il vaut mieux, pourtant, se garder des comparaisons. Ce qui se passe au Chili est proprement chilien, le résultat des évolutions d'un pays qui, vingt et un ans après la fin d'une longue et sanglante tyrannie, n'a toujours pas su inventer les institutions de la post-dictature. Et qui, aujourd'hui, craque.

Attablé autour d'un café dans un mall de la grande banlieue de Santiago qui rappelle les métropoles nord-américaines, l'économiste Andres Solimano, la cinquantaine barbue, explique : « La dictature de Pinochet, de 1973 à 1990, a été une révolution conservatrice ultralibérale très violente. Si on la compare à la dictature argentine, elle a été plus longue et elle a changé les structures en profondeur : le Chili, qui a toujours été un pays insulaire, a adopté les idées de l'école de Chicago (Milton Friedman et consorts) en bloc et les a appliquées à 100%. »

L'essayiste canadienne Naomi Klein, entre autres, a très bien raconté ce processus dans son ouvrage La Stratégie du choc (Actes Sud, 2008), comment les militaires chiliens ont imposé, sur une société traumatisée par le coup d'Etat et l'assassinat de son président Salvador Allende, un ensemble de dogmes néo-libéraux concoctés par les Chicago Boys : privatisations, dérégulation, primauté du marché.

 

Carabineros contre étudiants le 27 octobre dernier à Santiago  
Carabineros contre étudiants le 27 octobre dernier à Santiago© Thomas Cantaloube

«Nous sommes une anomalie en Amérique latine»

« Nous sommes un pays néo-libéral total, souligne Victor de la Fuente, ancien opposant à la dictature et aujourd'hui directeur de l'édition chilienne du Monde diplomatique. Et le problème, c'est que ni la Concertation, l'alliance de la démocratie chrétienne et des sociaux-démocrates qui a gouverné le pays de 1990 à 2010, ni la droite, qui est au pouvoir depuis 2011, ne sont disposées à remettre en cause le système. »

Quand Augusto Pinochet s'est effacé en 1990, il a laissé derrière lui un héritage politico-économique aussi enraciné qu'un plan de semence de Monsanto. Après la catastrophe économique de la fin des années 1970-début des années 1980, la croissance du PIB chilien est en moyenne de plus de 5% par an à partir de 1985 (et ce jusqu'à aujourd'hui), les entreprises se développent et la pauvreté commence à reculer. Ceux qui ne regardent que les indicateurs macro-économiques vantent le « modèle chilien ». Mais les syndicats sont laminés et muselés.

Le système politique demeure verrouillé par un scrutin dit « binominal » qui favorise les grandes coalitions et assure aux pinochétistes de continuer à peser au Parlement. De plus, Augusto Pinochet lui-même demeure sénateur à vie et commandant en chef des armées (jusqu'en 1998), laissant planer son ombre mortifère sur la transition démocratique.

L''imagination et le dynamisme du mouvement étudiant évoquent le mai 1968 français. Cliquez pour lancer le diaporama.

Pendant vingt ans, les présidents tour à tour démocrates-chrétiens (Patricio Alwyn, Eduardo Frei) ou sociaux-démocrates (Ricardo Lagos, Michelle Bachelet) sont tous issus de la Concertation, que l'on a l'habitude de qualifier de coalition de centre gauche. Ce qui fait rire amèrement les Chiliens qui se réclament de la gauche.

« La Concertation est au centre-centre, ou alors centre droit, commente Andres Solimano en faisant de grands gestes de la main le long d'un axe imaginaire. La Concertation n'a pas remis en cause le modèle néo-libéral hérité de Pinochet. Elle s'est focalisée sur la réduction de la pauvreté et les investissements publics, mais elle n'a pas touché à la concentration dans les médias, la santé, les banques... et elle a laissé prospérer les inégalités. Elle a suivi un modèle modernisateur sans altérer les structures sociales ni la répartition des richesses. » Aujourd'hui, selon les critères de mesures des inégalités socio-économiques de l'ONU, le Chili est l'un des quinze pays les plus inégalitaires au monde (parmi les 125 qui publient leurs statistiques).

« Nous sommes une anomalie en Amérique latine », se désole Victor de la Fuente, depuis son petit bureau borgne du centre-ville de Santiago. Alors que la plupart des pays du cône sud du continent ont élu des dirigeants de gauche qui ont entrepris, de manière plus ou moins pragmatique, de nombreuses réformes sociales et redistributrices, le Chili n'a pas remis en cause les monopoles résultant de la dictature. Les gouvernements successifs ne sont pas revenus sur la libéralisation des services publics, à commencer par l'éducation. Un autre exemple? Les deux grands quotidiens, El Mercurio et La Tercera, sont les mêmes que ceux qui avaient appuyé le coup d'Etat du 11 septembre 1973 et avaient été les seuls autorisés à paraître par la junte. Aujourd'hui ils sont devenus de grands conglomérats médiatiques.

Comme de nombreux autres secteurs, l'enseignement chilien est passé sous les fourches caudines des Chicago Boys et de leurs relais pinochétistes qui ont désengagé l'État et favorisé le privé. « Sous la dictature, nous sommes passés d'un enseignement gratuit à un modèle payant et cher, raconte Guillermo, un des militants de la Fech (la fédération des étudiants de l'Université du Chili). Le résultat, c'est que nous avons un système coûteux, médiocre, éclaté, avec des diplômes dont les entreprises ne veulent pas. »

Aujourd'hui, n'importe qui avec des fonds suffisants peut ouvrir un établissement d'enseignement primaire, secondaire ou supérieur, avec quasiment aucun contrôle de l'État sur les programmes ou les qualifications des enseignants. Sombre ironie, l'organisme censé veiller à un minimum de qualité et de sérieux des programmes a été privatisé...

Même dans ce qui reste d'enseignement public, l'État s'est complètement désengagé : les universités publiques ne sont financées qu'à hauteur de 10 à 15% de leur budget par l'Etat, alors que ce chiffre s'élevait dans les années 1980 à 90%. « C'est simple, poursuit Guillermo, on a transféré le coût des études de la collectivité nationale sur les familles et les étudiants. » Un membre du gouvernement a ainsi pu déclarer récemment que « l'éducation est un bien de consommation comme un autre ; il est donc normal de devoir payer cher pour recevoir une bonne éducation »...

 

Une affiche sur le mur de l'Université du Chili  
Une affiche sur le mur de l'Université du Chili© Thomas Cantaloube

Un étudiant chilien finit ses études avec 30.000 euros de dette en moyenne

Parallèlement à cette privatisation, les aspirations des Chiliens à recevoir une éducation se sont accrues. Avec l'augmentation du niveau de vie et le recul de la pauvreté, « n'importe quel Chilien désire aujourd'hui que ses enfants aillent à l'école et fassent des études supérieures, de la même manière qu'il aspire à avoir une voiture et être propriétaire de sa maison », expose l'historien Juan Carlos Gomez Leyton. « Pour satisfaire leurs aspirations, les familles chiliennes n'ont pas d'autres choix que de s'endetter et de se mettre la pression, celle de la réussite de leurs enfants. »

En dix ans, le nombre d'étudiants accédant à l'université est passé de 200.000 à plus d'un million, ce qui a permis aux établissements privés qui ont surgi d'en faire leurs choux gras.

Toutes les enquêtes sociologiques menées ces dernières années au Chili soulignent qu'il y a une relation directe entre les revenus des parents et le résultat de l'examen d'entrée à la fac. Grosso modo, les enfants de familles riches vont, dès la crèche, dans de bonnes écoles privées et continuent ainsi, ou alors basculent éventuellement dans les meilleures universités publiques. Tous les autres vont soit dans des établissements privés de moindre qualité, soit dans les écoles publiques mal financées.

« Ce système marchait tant que ceux qui n'avaient pas d'éducation ne voyaient pas le besoin d'en avoir », résume la sociologue de l'Université du Chili, Emmanuelle Barozet. Aujourd'hui, cela ne fonctionne plus et l'enseignement est devenu une machine à produire du mécontentement. « Je sais que je vais dans un lycée médiocre parce que mes parents n'ont pas les moyens de payer plus et que, si jamais je réussis le concours d'entrée à la fac, ce sera pour aller dans une université de troisième ordre pour les mêmes raisons », peste Manuel, 17 ans, venu manifester avec sa petite amie dans les rues de Santiago fin octobre.

« Le système chilien est un système de reproduction sociale qui ne donne pas sa chance aux gens et qui les broie dans l'endettement en même temps », continue celui qui n'a pourtant pas encore lu Bourdieu. Aujourd'hui, un étudiant chilien finit ses études au niveau master avec en moyenne 30.000 euros de crédits à rembourser sur vingt-cinq ans, ce qui conditionne le reste de sa vie : mariage, achat d'une propriété, le type d'emploi qu'il accepte pour rembourser et la nécessité de préserver son job à tout prix...

 

Des lycéens manifestent à Santiago fin octobre 2011.  
Des lycéens manifestent à Santiago fin octobre 2011.© Thomas Cantaloube

En 2006, la « révolte des pingouins » (du nom que se donnent les élèves du secondaire qui portent l'uniforme) avait propulsé des dizaines de milliers de lycéens dans les rues pour protester (déjà) contre le coût et la médiocrité de l'éducation. Mais, à l'époque, le gouvernement de la sociale-démocrate Michelle Bachelet était parvenu à canaliser le mécontentement en se déclarant ouvert au dialogue et en instaurant des commissions de travail sur les réformes à mener.

Rien n'a abouti, sauf une augmentation des systèmes de crédits et de bourses, et c'est une des raisons pour lesquelles le mouvement actuel a redémarré et se montre aujourd'hui plus vindicatif : il ne veut pas, de nouveau, se faire rouler dans la farine. Il veut, et il le répète suffisamment fort depuis le mois de mars, « mettre fin à l'éducation de Pinochet » et instaurer un enseignement « démocratique, gratuit, laïque, égalitaire et de qualité » (chaque mot compte et tous les étudiants les répètent pour bien souligner que tout est lié).

Outre la rancœur à l'égard de la manière dont la « révolte des pingouins » a été enterrée, l'autre raison qui a déclenché cette mobilisation sans précédent depuis les manifestations anti-dictature des années 1980, c'est l'arrivée d'un gouvernement de droite au pouvoir en 2010.

« Il y a tout d'abord un facteur générationnel. Les jeunes qui ont 20 ans aujourd'hui n'ont pas connu Pinochet au pouvoir. Pour eux, cela a toujours été un vieillard et ils n'ont plus l'appréhension, voire la peur, que pouvaient avoir leurs aînés même après la fin de la dictature, analyse Emmanuelle Barozet, chercheuse française travaillant au Chili. Ensuite, il est évident que c'est beaucoup plus facile psychologiquement pour les jeunes, mais aussi pour leurs parents qui les soutiennent, de manifester contre un gouvernement de droite, une droite héritière du pinochétisme, que contre la Concertation qui incarnait la sortie de la dictature. »

La contestation est devenue celle de tout le système chilien

Le président Sebastian Piñera, frère d'un des ministres les plus néo-libéraux de Pinochet, n'a pas arrangé ses affaires en nommant comme ministre de l'Éducation le responsable d'une grande université privée (liée à l'Opus Dei). Il a ensuite refusé tout dialogue avec les étudiants au début du conflit. Puis, quand il s'est enfin décidé à faire des propositions cet été, il a offert comme seule recette l'augmentation du nombre de bourses et des facilités de crédit.

Mais, entre-temps, le mouvement avait fait boule de neige et les revendications des étudiants ont débordé le simple cadre de l'enseignement. La plupart des sondages réalisés depuis plusieurs mois indiquent que 70% à 80% des Chiliens soutiennent les manifestants et, lors d'une grande journée d'action à la fin août, des centaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue. Le mouvement des étudiants est aussi un mouvement des familles endettées et inquiètes pour l'avenir de leurs enfants.

 

La station de métro Université du Chili à Santiago.  
La station de métro Université du Chili à Santiago.© Thomas Cantaloube

Mais le vrai basculement, qui fait de ce « printemps chilien » bien plus qu'un simple prurit estudiantin c'est que, du fait de l'intransigeance gouvernementale et de la détermination des jeunes, la contestation est devenue celle de tout le système chilien. « Leur démarche est vraiment radicale et révolutionnaire », s'exclame l'historien Gomez Leyton, « car leur victoire signifierait la fin du système chilien actuel. »

C'est bien ce qu'ont compris les étudiants eux-mêmes. Ainsi, Fabian, un autre membre de la Fech, explique de manière limpide et synthétique ce qui s'est passé ces derniers mois : « Quand le gouvernement nous a dit que l'éducation ne pouvait pas être gratuite parce que le Chili n'avait pas les ressources nécessaires, nous avons proposé de nationaliser complètement l'industrie du cuivre (la principale ressource du pays). On nous a répondu que la Constitution de 1980 interdisait l'intervention de l'État dans l'économie. Changeons donc la Constitution ! »

De la même manière, les leaders étudiants, dans leurs négociations avec le gouvernement, ont proposé de réformer le code des impôts, qui sont très bas, pour dégager les ressources nécessaires à l'éducation. « Très vite, les étudiants ont été au cœur du système », se réjouit Victor de la Fuente. « Nous sommes passés de demandes sur l'éducation à un projet d'assemblée constituante et de référendum populaire pour savoir dans quelle société nous voulons vivre. » Le tout en quelques mois.

C'est ainsi que le mouvement étudiant est devenu le levier par lequel la société chilienne a entrepris de se débarrasser de dix-sept années de dictature et de vingt et une années de co-gestion libérale qui a préservé le statu quo et les inégalités. Mais c'est aussi un fardeau extrêmement lourd à faire porter sur les épaules de jeunes de 15 à 25 ans. Les grandes vacances scolaires démarrent ce mois-ci dans l'hémisphère Sud, et c'est déjà un semestre d'études qui s'est envolé. Piñera joue la montre et parie sur l'essoufflement. Mais, en face, tout le monde semble convaincu que l'enjeu est trop important pour laisser tomber.

 

L'Université du Chili occupée. Sur la banderole : “Cette lutte est celle de la société entière. Tous pour l'éducation gratuite”  
L'Université du Chili occupée. Sur la banderole : “Cette lutte est celle de la société entière. Tous pour l'éducation gratuite”©
Thomas Cantaloube

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