En Juillet 2011, le gouvernement bulgare (droite) a rendu publique la signature d’un contact d’exploitation recouvrant environ 7000 kilomètres carrés de terres dans le nord-du pays –région de Dobroudja- au pétrolier-gazier américain Chevron" pour l’autoriser l’extraction de gaz de schiste par la technique de la fracture hydraulique, malheureusement très connue sous le nom d’hydrofraking ; un tiers du pays est concerné par la concession, et 90% de la région Nord-est ! Cette annonce a provoquée la mise en place rapide des premières Initiatives civiles contre l'exploitation et la production de gaz de schiste avec le but principal d’imposer un moratoire, comme les français-e-s mobilisé-e-s ont pu l’obtenir au même moment que l’accord était rendu public en Bulgarie, avec l’objectif premier de stopper le processus pour mieux organiser dans un second temps –du moins pour certain-e-s- la lutte pour l’abandon total du projet par la suite.
L’organisation rapide d’un mouvement de lutte contre le projet peut sans doute s’expliquerpar le fait que les ravages de la techniques de la fracture hydraulique soient connus après ses méfaits dans des pays comme le Canada ou les États-Unis, et sont aussi au centre de luttes dans de nombreux autres pays, multipliant les expériences, et parfois même donnant des exemples d’avancées ou de victoires contre ce projet. Ce contexte a incité les militant-e-s des différentes tendances écologistes et progressistes qui se sont positionné-e-s contre l’accord a une vaste campagne d’information et de contre-expertise, en utilisant notamment le support du film documentaire Gazland, de nombreuses projections ont été organisées, des réunions, des débats, des initiatives de rues, en parallèle a des campagnes par tract et réseaux internet. De nombreuses vidéossur le principe de Gazland ont été montées pour expliquer le problème et inciter les gens à s’en saisir, multipliant les explications pédagogiques et les appels à agir, et permettant surtout aux nonanglophones de pouvoir se saisir en précision de l’enjeu, grâces aux multiples efforts de traductions des documents déjà existant sur les procédés d’extraction et leurs effets.
La lutte a également pris dans certaines tendances de cette mobilisation naissante une marque anticapitaliste et anti-impérialiste certaine. En effet, le Groupe Chevron Texaco est une des compagnies internationales pétrolières les plus importantes ; en 2010, elle atteignait presque 200 milliard de dollars de chiffres d’affaires, dont 20 milliard de profits nets. Le groupe, célèbre pour son commerce pétrolier avec l’Espagne franquiste ou l’Allemagne nazie, l’est aussi pour son colonialisme décomplexé et son mépris des droits humains et sociaux des travailleurs et des populations locales qu’il vient vampiriser. Pour ne donner qu’un autre exemple de la politique sociale du groupe, nous rappellerons l’affaire de criminalisation anti-syndicale aux relents coloniaux dont il est à l’origine contre les travailleurs guadeloupéens qui ont menés une lutte contre le géant pétrolier, et on du subir son mépris et ses coups retords, associés a la complicité certaine de l’état français. De ce fait, rejetant d’une part l’impérialisme de Chevron Texaco, celui des États-Unis d’Amériques, et dénonçant le gouvernement du pays qui jette en pâture son territoires et ses habitant a leurs
appétits énergico-coloniaux, voulant combattre pied-a-pieds la multinationale à l’époque d’une large crise économique et sociale qui a impactée également la Bulgarie, les revendications politiques anticapitalistes et anti-impérialistes se sont liées aux combat contre le gaz de schiste. Ce panachage est principalement le fait de l’activité de groupes anticapitalistes et libertaires dans le mouvement. Les débats et l’information sur l’axe d’une écologie politique radicale se sont développés, malheureusement aux côté d’une tendance plus réformiste, qui reste majoritaire, et qui le restera sans doute du fait de la faiblesse relative des organisations politiques, syndicales et associatives d’extrême gauche dans le pays.
Craignant une mobilisation et une récupération politique de la question du gaz de schiste dans le contexte d’élection locales et nationales dans le pays, le gouvernement a voulu dans un premier temps enterré le problème, repoussant la signature définitive de l’accord et minimisant les risques dans une campagne de contre-information. Ayant été reconduit, c’est tout naturellement que le contrat sera signé début Novembre 2011, alors que le projet accusait une très faible popularité dans la population du pays, piétinant la revendication d’un référendum sur « l’extraction de gaz de schiste et la santé des bulgares » qui avait été exigée par les mobilisés pendant la campagne, et n’apportant pas de réponses non plus aux nombreuses questions concernant les risques pour la biodiversité, la pollution, la santé et la protection générale de l’environnement de vie des bulgares, de même qu’aux questions des intérêts et des choix énergétiques du pays, et de la distribution des richesses communes, et leur accaparation par des intérêts privés et étrangers.
Défendu par les partis de gouvernements et notamment la droite comme un moyen pour le pays d’atteindre a court terme une "indépendance énergétique" dans une région balkanique marquée par les luttes d’influences entre les intérêts énergétiques russes et européens, les anti-gaz ont argumenté que l'extraction industrielle du gaz de schiste se traduira surtout par une ruine prochaine de l’agriculture, et irréparablement, une probable dépendance alimentaire pour l’ensemble du pays, qui ne devait pas se laisser piéger par les chimères et les mensonges de la classe politicienne soutenant le projet. Appelant à se battre fermement contre lui, collectivement, à l’exemple des polonais qui continuent le combat, et des avancées dans les combats français, anglais, mais aussi parfois nord-américains, l’objectif d’organiser de grandes manifestations a été mit a l’ordre du jour.
C’est dans cet esprit, et sous les deux revendications principales d’un moratoire de l’extraction du gaz de schiste premièrement et de l’interdiction légale de la technique de l’extraction par fracture hydraulique dans un second temps que les composantes du mouvement ont appelé a de grandes manifestation pour le Samedi 14 Janvier 2012. A ce titre, le Comité de pilotage «Bulgarie saine », l’«Initiative civique pour une interdiction sur l'exploration et la production de gaz de schiste » ainsi que de nombreux groupes et comités locaux, mais aussi des associations, des groupes politiques anticapitalistes et de nombreux individus, interconnecté notamment par l’usage assez important des réseaux sociaux internet, se sont rassemblés et ont manifesté dans 6 des principales villes du pays (Sofia, la capitale, mais aussi à Dobroudja au nord-est, ainsi qu'à Varna et Bourgas à l’est, Plovdiv au sud et Pleven), dans des défilés de plusieurs milliers de personnes, ou l’on a pu entendre par exemple "Nous sommes contre Tchernobyl bulgare !».
Alors que certains groupes, association et partis (notamment écologistes) veulent porter l’affaire du gaz de schiste et de l’extraction par fracture hydraulique devant les instantes de contrôle de l’Union Européenne, et que dans la région des Balkans le sujet est épineux –des études d’ouverture d’autres concessions sont en cours pour la Roumanie et la Serbie pour exploitation aux alentours 2014-2015 – la lutte est plus que jamais nécessaire. Cependant, à l’image dont elle est défendue par certaines franges radicales de la mobilisation anti-gaz bulgare, elle doit être basée d’une part sur une mobilisation collective et populaire, ou l’information et le débat est au centre, et ses mots d’ordres et revendication ne doivent pas se satisfaire uniquement des simples analyses écologiques l’enjeu autant que le combat doivent être globaux d’autre part; de là, cette lutte nous fournit un autre exemple de ce qu’est l’écologie politique, et de la nécessité de conjugués les lectures sociales, démocratiques, anticapitalistes, alter-énergétiques, impérialistes aux revendication premières, dont se contentent souvent malhonnêtement, parfois inconsciemment, les organisation et instances intégrées et réformistes, seules conditions pourtant pour que puisse émerger un mouvement d’ensemble qui trouverait –et qui trouve a certains endroit déjà- des ponts communs avec les luttes sociales générales, et former ainsi un creuset propre à la convergence des luttes réelle, conditions nécessaire à la victoire et à l’amorce d’une réelle réappropriation sociétale, qui ne peut se contenter d’une unique thématique, mais les prend toutes, les conjugues, les dépassent par leur combinaison.