Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
3 avril 2012 2 03 /04 /avril /2012 15:10

 

Le Monde.fr avec AFP | 03.04.2012 à 10h53 • Mis à jour le 03.04.2012 à 12h16

 
 
Ai Weiwei avait été détenu dans un lieu inconnu de début avril à fin juin 2011, ce qui avait soulevé une vague d'indignation à travers le monde. Il vit depuis sous surveillance, sans pouvoir quitter Pékin.

L'artiste contestataire chinois Ai Weiwei a annoncé mardi 3 avril avoir installé à son domicile de Pékin quatre caméras reliées à Internet, pour tourner en dérision la surveillance constante dont il fait l'objet.
 

"Ma vie est placée sous tellement de surveillance et de contrôles, que ce soit mon téléphone, mon ordinateur... Notre bureau a été perquisitionné, j'ai été fouillé, chaque jour je suis filé, il y a des caméras de surveillance en face de chez moi", a-t-il déclaré. "Alors je me suis dit, pourquoi pas installer [des caméras] ici afin que les gens puissent voir toutes mes activités", a-t-il poursuivi. "J'espère qu'en face [du côté des autorités], on fera également preuve d'une certaine transparence." Ai Weiwei avait été détenu dans un lieu inconnu de début avril à fin juin 2011, ce qui avait soulevé une vague d'indignation à travers le monde. Il vit depuis sous surveillance, sans pouvoir quitter Pékin.

Une des webcams tourne au-dessus de son lit, une autre a été placée à son bureau. Leurs images sont consultables à l'adresse http://weiweicam.com. L'artiste touche-à-tout et dissident, qui ne ménage pas ses critiques contre le Parti communiste chinois, avait annoncé en novembre 2011 avoir reçu une mise en demeure de régler au fisc une somme de 15 millions de yuans (1,7 million d'euros). Grâce à la mobilisation de 30 000 Chinois, il a ensuite pu verser la garantie nécessaire pour interjeter appel de ce redressement, destiné selon lui à le punir de sa trop grande liberté de parole. Les autorités ont finalement accepté de reconsidérer ce redressement et la procédure est en cours.

 

 

Partager cet article
Repost0
3 avril 2012 2 03 /04 /avril /2012 14:53

 

 

LE MONDE | 03.04.2012 à 13h30 • Mis à jour le 03.04.2012 à 15h29

Par Antoine Georges, professeur au Collège de France

 
 

Chercheur et enseignant dans deux établissements d'enseignement supérieur, c'est une de mes grandes joies quotidiennes que d'exercer, chaque jour, mon métier au contact de jeunes femmes et jeunes hommes de grand talent venus en France pour y étudier ou y faire de la recherche scientifique - étudiants et élèves ingénieurs de l'Ecole polytechnique, doctorants ou postdoctorants dans notre équipe de recherche, qui compte neuf nationalités pour quinze membres.

Aujourd'hui cependant, j'ai honte. J'ai honte de la manière dont mon pays accueille ces jeunes, des difficultés qu'ils rencontrent pour s'installer et vivre en France, et - le mot n'est pas trop fort - pour les humiliations qu'ils y subissent de la part de services administratifs pourtant chargés de leur accueil. J'ai honte mais je suis aussi - je suis surtout - en colère face au mépris de leur travail et de notre travail dont cela témoigne et pour l'immense gâchis qui en résulte. Sentiments excessifs ? Qu'on en juge sur quelques exemples dont j'ai été témoin au cours de ces derniers mois.

D. est de nationalité vietnamienne (je n'utiliserai qu'une initiale pour chaque nom, par respect pour les intéressés). Après une première formation à l'université d'Hanoï, il est arrivé en France en 2001 en tant qu'élève de l'Ecole polytechnique, après avoir réussi des épreuves d'admission très sélectives. Ingénieur diplômé de cette grande école, il a effectué une thèse de doctorat en physique sous ma direction, puis a été employé comme chercheur postdoctoral pendant deux ans dans un laboratoire français de grande réputation.

Au terme de ce parcours, il a souhaité en 2011 donner une nouvelle orientation à sa vie professionnelle. Sa formation, ses diplômes et plus encore ses compétences de haut niveau en modélisation et en simulation numérique ont rapidement conduit à plusieurs offres d'emploi. Hélas, c'était compter sans la désormais tristement célèbre "circulaire Guéant". Cette circulaire a, nous assure-t-on, été corrigée le 12 janvier. Mais les faits, en ce qui concerne D., sont là : il patiente six mois, le temps que son dossier, épais comme une thèse, constitué avec le plus grand soin avec l'aide de l'entreprise qui souhaite l'embaucher (et qui s'est conformée à toutes les exigences légales de procédure en pareil cas), soit instruit par les services compétents. Le 28 mars, le couperet tombe : son autorisation de travail est refusée !

L'Etat et le contribuable français ont dépensé des dizaines de milliers d'euros afin de donner à D. une formation de très haut niveau. Les enseignants, l'encadrement et tous les services d'une des plus grandes écoles de la République ont mis leur compétence, leur travail et leur enthousiasme au service de cette formation. Et D. le leur a bien rendu : pendant six ans, il a donné le meilleur de lui-même au service de la recherche scientifique de ce pays. Il veut maintenant donner le meilleur de lui-même pour contribuer à son dynamisme économique. Mais D. est au chômage depuis six mois, et on refuse à l'entreprise qui souhaite l'embaucher la possibilité de le faire... J'allais oublier : par une ironie particulière à ces monstres froids que sont les bureaucraties, le jeune fils de D. et son épouse - enseignante titulaire de l'enseignement supérieur - obtenaient la nationalité française - quelques jours avant que ne soit notifié à D. le refus de son autorisation de travail.

K. est de nationalité russe, X. de nationalité chinoise. Ils sont chercheurs postdoctorants dans mon équipe. C'est-à-dire qu'ils ont effectué une thèse de doctorat dans un autre institut (aux Etats-Unis pour K., dans un institut de l'Académie des sciences chinoises pour X.) et qu'ils sont actuellement en France dans le cadre d'un contrat à durée déterminée. Quant à P., également russe, il fut postdoctorant dans notre équipe pendant quelques années, puis y obtint un contrat à durée indéterminée en tant qu'ingénieur de recherche, contrat pour lequel il quitta un poste dans une université suédoise de renom. Qu'ont-ils en commun, outre un enthousiasme pour la recherche scientifique, une grande compétence et une formation de très haut niveau ? Ils ont chacun attendu de longs mois (parfois plus de six mois) leur carte (ou titre) de séjour, et même parfois la simple délivrance du récépissé attestant du dépôt de leur dossier de demande.

Pendant ce temps, leur visa d'entrée ayant expiré, pas question de quitter le territoire français pour pouvoir participer à une conférence scientifique à l'étranger, ou pour voir leur famille - il leur aurait été impossible de revenir en France à l'issue de leur voyage. K., quant à lui, n'a pu se rendre, pour cette raison, à un entretien d'embauche dans une université américaine. Pour chacun d'entre eux, délais et files d'attente interminables, pertes de documents, absence de réponse bien que de nombreuses relances aient émaillé leurs démarches. Finalement, contre 350 euros et après des mois d'attente, ils ont obtenu leur titre de séjour... et ont dû presque immédiatement entamer les démarches pour son renouvellement d'un an, dans les mêmes conditions.

Ces exemples ne sont pas des cas isolés. Ils sont le lot commun des étudiants et chercheurs étrangers aujourd'hui dans notre pays. Partout dans le monde, les communautés étudiantes et académiques savent désormais que venir étudier ou chercher en France, c'est s'exposer à de tels déboires.

Partout dans le monde, la capacité à attirer des étrangers de talent est un critère majeur d'évaluation des institutions universitaires, que prennent en compte tous les classements internationaux. Les institutions d'enseignement supérieur françaises se sont mobilisées pour augmenter leur attractivité internationale. Les conditions actuelles d'accueil et d'emploi des diplômés étrangers gâchent ainsi des années d'effort.

Partout dans le monde, attirer des talents étrangers est considéré comme une chance aussi bien pour la créativité intellectuelle et scientifique que pour le dynamisme économique des pays qui y parviennent le mieux. La politique suivie actuellement en France, au contraire, nuit à l'image comme aux intérêts de notre pays.

Antoine Georges, professeur au Collège de France

 

 

 

Partager cet article
Repost0
2 avril 2012 1 02 /04 /avril /2012 12:23
Libération - Aujourd'hui à 11h26

 

 Un salarié d'ArcelorMittal, le 8 mars 2012, à Florange

Un salarié d'ArcelorMittal, le 8 mars 2012, à Florange (Photo Vincent Kessler. Reuters)
Recueilli par Sylvain Mouillard

C'est un Edouard Martin (photo AFP) passablement énervé qui décroche son téléphone. Embarqué depuis cinq jours dans une «marche de l'acier vers Paris», avec une vingtaine d'ouvriers de l'aciérie ArcelorMittal de Florange (Moselle), le représentant CFDT marche aujourd'hui entre Epernay et Château-Thierry. Sur la route, il répond aux attaques du président de la République, qui accuse son syndicat de tromper les salariés.

Comment réagissez-vous aux attaques de Nicolas Sarkozy qui vous accuse d'avoir «trahi» les salariés de l'usine ArcelorMittal de Florange ?

On n'en a rien à faire. Ce n'est pas le monsieur qui a trahi la France entière qui va nous donner des leçons. Nous avons été élus par 90% des salariés, nous sommes légitimes. Et si, pour lui, faire de la politique, c'est parler de la viande halal dans les cantines, c'est grave. De notre côté, nous sommes là pour défendre les salariés et nos emplois. Lui, il ne fait qu'insulter le monde ouvrier et les 5 000 salariés de Florange. Le président du peuple attaque le peuple.

Nicolas Sarkozy vous accuse d'être venus à Paris pour l'«insulter» et «casser» son siège de campagne. Vous démentez ?

Mais bien sûr ! Et les 50 journalistes présents ce jour-là pourront vous le dire aussi. Nous sommes venus sans armes ni bâtons. Tout ce que nous avions prévu, c'est de faire un pique-nique et de montrer quelques échantillons de notre production au Président. Mais on a été accueillis par les gaz lacrymogènes de la police. Nicolas Sarkozy est un menteur. La veille de notre venue à Paris, nous nous étions entretenus avec un responsable de la préfecture de police de Paris, à qui on avait donné notre itinéraire. On n'avait aucune mauvaise intention. La preuve, c'est que la préfecture nous a donné une escorte jusqu'à la rue de la Convention, lieu du siège du QG de campagne de Sarkozy. 

Quand le Président dit qu'il veut sauver l'usine de Florange, vous le croyez ?

On ne croit plus en rien, à part les faits et les actes. Or, pour l'heure, Nicolas Sarkozy ne fait que parler. On a vu ce qu'il a fait à Gandrange en 2008. Allez sur YouTube, vous verrez la vidéo où il dit «Je ne vous laisserai pas tomber». Ces mots sont encore gravés dans ma tête. Aujourd'hui, il y a plein d'usines qui ferment en France. Il est normal que les syndicats s'inquiètent de leur futur. Et si demain Nicolas Sarkozy sauve l'usine, on lui dira merci. Mais on voit très bien qu'il n'a aucune prise sur les événements. Mittal l'a déjà ennuyé en 2008, et il recommence cette année. En tout cas, je vois à travers notre marche jusqu'à Paris que nous sommes soutenus par énormément de monde. Nous recevons des milliers de messages de soutien, y compris de cadres de l'usine. Je donne rendez-vous à tous ces gens à Paris le 6 avril, pour notre arrivée.

Suivez la présidentielle 2012 sur www.libe2012.fr

 


Partager cet article
Repost0
1 avril 2012 7 01 /04 /avril /2012 14:56

 

Le Monde.fr | 01.04.2012 à 15h49

Par Jean-Pierre Stroobants

 
 
Des manifestants arrêtés par la police belge, dimanche 1er avril.

Des militants pacifistes issus d'une dizaine de pays ont tenté, dimanche 1er avril, de "fermer" le siège de l'Organisation du traité de l'atlantique nord (OTAN) à Evere, dans la banlieue de Bruxelles. Rassemblés autour du quartier-général de l'Alliance, quelques centaines de manifestants coordonnés par le groupe belge Alliance pour la paix, espéraient sceller portes et fenêtres du vaste bâtiment.

D'abord rassemblés près de l'entrée principale, ils se sont ensuite divisés en petits groupes pour tenter de franchir l'enceinte. Chantant et criant des slogans, ils se sont rapidement heurtés aux nombreux policiers présents qui, en milieu d'après-midi, avaient déjà appréhendé et menotté de 300 à 400 personnes.

 

"DÉSOBÉISSANCE CIVILE"

Pour les protestataires, l'OTAN "constitue un réel danger pour la paix dans le monde". Leur action de "désobéissance civile" intitulée "NATO game over" visait notamment le projet de bouclier antimissile, un projet américain destiné à assurer la protection du territoire et des populations d'Europe contre une éventuelle menace moyen-orientale. Les manifestants critiquaient aussi les guerres menées en Afghanistan et, récemment, en Libye, ainsi que le maintien de quelque 200 armes nucléaires dans cinq Etats membres de l'Alliance, dont la Belgique.

Une délégation française entendait protester plus particulièrement contre la modernisation de l'arsenal nucléaire, les missiles M51 et ASMP/A et "le tabou" entourant plus généralement la question des armes nucléaires.

Organisée quelques semaines avant le sommet que l'Alliance doit tenir à Chicago, les 20 et 21 mai prochains, cette action n'est pas la première du genre. En 2008, des pacifistes voulaient protester contre la guerre en Irak, commencée 5 ans plus tôt. En 2009, ils avaient organisé une action à l'occasion du 60e anniversaire de l'OTAN. En 2010, c'est la base de Kleine Brogel, dans le Limbourg belge, abritant des armes nucléaires, qui était ciblée. A chaque fois, la police avait procédé à de nombreuses interpellations.

Jean-Pierre Stroobants

 

 

 

Partager cet article
Repost0
30 mars 2012 5 30 /03 /mars /2012 19:58

Le Monde.fr | 30.03.2012 à 17h46 • Mis à jour le 30.03.2012 à 18h54

Par Pauline Pellissier

 
Des employés parisiens demandent des explications sur les salaires au directeur régional (bras tendues à gauche) durant une réunion de négociation le 29 mars 2012.

 

Séquestrer son patron, c'est presque devenu un passage obligé pour faire entendre ses revendications. Après Siemens, Caterpillar ou Molex, c'était jeudi 29 mars aux salariés parisiens de la FNAC de retenir pendant sept heures Bruno Ferrec, le directeur des neuf magasins de la capitale.

Près de 150 salariés s'étaient invités à la réunion de négociation salariale, organisée dans un hôtel, pour réclamer une hausse des salaires, et particulièrement du salaire d'embauche, exigeant 1 700 euros, contre 1 414 euros aujourd'hui. En réponse, la direction leur a proposé une hausse mensuelle de 15 euros pour les rémunérations les plus basses, en dessous de 1 500 euros. Une concession insuffisante pour les syndicats. "Mais ce qui nous a le plus choqué, c'est le mépris total envers les salariés. Le directeur a même parlé de 'population' pour évoqué les employés", témoigne Catherine Gaigne, déléguée du syndicat SUD.

Face à ce blocage, des assemblées générales étaient organisées vendredi midi dans plusieurs magasins (Etoile, Montparnasse, Forum des Halles) pour informer les salariés de l'échec des négociations. Le centre logistique de Massy-Palaiseau (Essonne) avait également programmé une AG. Une réunion intersyndicale est prévue mardi 3 avril pour faire le point sur la situation et peut-être voter la grève.

 

310 POSTES SUPPRIMÉS

Du côté de la direction, le temps n'est certainement pas aux augmentations, mais à une "modération salariale". Touchée par la crise et la baisse de la consommation, concurrencée par  l'e-commerce, la FNAC a connu une chute de son chiffre d'affaires de 3,2 % en 2011. En réaction, le groupe a annoncé le 13 janvier un plan d'économie de 80 millions d'euros.

Au programme : la réduction des frais généraux (renégociation des loyers des magasins ou des contrats commerciaux) et la suppression de 310 emplois en France, principalement dans les services financiers, administratifs, les ressources humaines ou la communication. Des postes auparavant rattachés à chaque magasin et qui seront désormais centralisés à l'échelle d'une région.

Pourtant, pour les syndicats, le groupe n'est pas dans une situation critique. "On nous impose un blocage salarial, alors que dans le même temps, le groupe PPR [propriétaire de la FNAC] annonce des distributions de dividendes pour les actionnaires du même ordre que l'année dernière, à 3,5 euros par action, soit une enveloppe globale de 450 millions",  s'indigne Catherine Gaigne. La direction rétorque que les négociations ont eu lieu dans le calme dans toutes les autres régions, parvenant parfois à des accords, et que tous les postes en magasins seront préservés.

Pour Stéphane Renaud, délégué syndical de Force ouvrière en province, le malaise des salariés de la FNAC n'est pourtant pas que parisien. selon lui, Paris a simplement "toujours eu un train d'avance dans la contestation parce qu'il est beaucoup plus facile pour les syndicats de se coordonner entre magasins proches et de se rendre au siège".

 

UNE ÉVOLUTION DU MÉTIER

Mais au-delà des revendications salariales, les employés déplorent surtout la détérioration des conditions de travail. Dans le magasin d'Annecy où il travaille, Stéphane Renaud constate une baisse discrète, mais constante, des effectifs. "Nous étions encore 100 il y a quatre ans, contre 80 aujourd'hui", indique le syndicaliste. Les salariés se disent en sous-effectifs constants, et doivent désormais être capable de gérer plusieurs postes à la fois.

"Après la polyvalence, la polycompétence, on nous parle de polyactivité. Le salarié doit savoir gérer le rayon, le comptoir et les différents métiers. Avant, les libraires étaient spécialisés en sciences humaines ou en bande dessinée, alors qu'aujourd'hui, ils doivent savoir tout faire et renseigner sur plus de 110 000 références", constate Catherine Gaigne. "Les métiers historiques, qui faisaient la réputation de la FNAC, ont disparu. Aujourd'hui, on nous incite à vendre essentiellement des services, notamment les garanties sur les produits techniques", ajoute Stéphane Renaud.

Et le métier n'a pas fini d'évoluer. Le nouveau plan stratégique FNAC 2015 prévoit l'ouverture de points de vente de proximité, notamment dans les gares et les aéroports, et surtout l'arrivée de nouveaux produits (édition abonnés) en magasins, notamment du petit électroménager dans les univers "maison et design".

Le PDG de la FNAC, Alexandre Bompard, inaugurait justement jeudi soir le premier espace de ce genre dans le magasin de Rosny (Seine-Saint-Denis). Pile au même moment, les salariés en colère séquestraient leur directeur, prêts à tout pour que les libraires FNAC ne soit pas obligés d'écouler des machines à café.

Pauline Pellissier

 

 

Partager cet article
Repost0
30 mars 2012 5 30 /03 /mars /2012 12:27

LE MONDE | 30.03.2012 à 14h31 • Mis à jour le 30.03.2012 à 14h31

Par Pascale Krémer

 
Des femmes de la cité des Francs-Moisins, à Saint-Denis.

C'est comme si la dernière digue était en train de céder. Les femmes du quartier des Francs-Moisins, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), qui, sur leurs épaules, portent tout le poids de la crise, appellent à l'aide. Leur cité, leur famille, elles-mêmes sont en train de se noyer. "Nous devons des fois choisir entre payer le loyer et manger ou se soigner. Tous les jours nous nous battons pour rester debout, pour construire l'avenir de nos enfants. Mais certaines ont tellement subi qu'elles n'arrivent plus à faire face !", viennent-elles d'écrire collectivement.

Un appel, suivi d'une "Marche de la dignité", le 17 mars, qui les a menées jusqu'à la sous-préfecture. Et a conduit la mairie communiste à réaliser que "la crise est encore plus violente ici qu'ailleurs", et qu'elle se doit d'"accompagner mieux". Etape suivante, les femmes des Francs-Moisins rédigent une brochure qui indiquera en des termes simples les recours en cas de surendettement, de menaces d'expulsion, etc. Brochure qui sera distribuée à la sortie des écoles, expliquée, puisque certaines ne lisent pas, et que chacune aura pour mission de diffuser autour d'elle, pour toucher celles qui sortent peu...

Une mobilisation d'autant plus rare, dans cette cité, qu'elle est spontanée. Les mères de famille, cette fois, ont devancé les associations. "Le mois dernier, deux femmes de notre quartier se sont suicidées, ont-elles expliqué dans leur appel. Elles ont laissé des enfants derrière elles. Nous sommes enragées !" Les couleurs guillerettes du centre de santé communautaire, où une poignée de femmes est réunie en ce début d'après-midi, contrastent avec la noirceur de leurs propos lorsqu'elles évoquent ces deux suicides qui les ont tant choquées.

 

"SOIT ON PAIE LE LOYER, SOIT ON NOURRIT LES ENFANTS"

Le 15 février, une trentenaire d'origine roumaine s'est immolée dans le hall de la mairie. Seule avec six enfants, une fille scolarisée dans le collège du quartier. Elle était hébergée à l'hôtel par le SAMU social, appréhendait l'arrivée du printemps, synonyme de réduction des places offertes. Une semaine plus tôt, une femme d'origine congolaise, en couple, mère de quatre enfants, s'était jetée sous le RER en gare de Saint-Denis. Menacée d'expulsion, elle venait tout juste d'obtenir du bailleur un échelonnement de sa dette. "Elle habitait bâtiment 4, dans la cité", ajoute Nadia El-Yousfi, d'une voix éteinte. Celle de la voisine qui n'a rien deviné. Et s'en veut. "Elle était très réservée, ses enfants étaient bien éduqués, elle partait travailler très tôt le matin, à 5 heures."

Il suffit qu'Hélène Zeitoun, la directrice du centre de santé, affine le portrait ("un mari au chômage, un emploi de femme de ménage à temps partiel dans un hôtel, un loyer de 50 euros plus élevé que son salaire") pour que chacune des présentes se reconnaisse. "Quand on voit les salaires, et les loyers, à un moment soit on paie soit on nourrit les enfants !", entend-on. Ces deux décès font écho. Avec l'aggravation de la crise, aucune d'entre elles ne se sent à l'abri. Hélène Zeitoun travaille dans le quartier depuis 2002, la manifestation du 17 mars est la première qu'elle ait jamais aidée à organiser : "On parle beaucoup d'insécurité liée à la petite délinquance, dans ces quartiers, mais pas de l'insécurité psychosociale. Ces suicides montrent une désespérance. Les gens ne s'en sortent plus. Pas de travail ou des emplois extrêmement durs et précaires, et les questions qui montent sur l'avenir de leurs enfants..."

La conversation se poursuit autour d'un café, dans le salon très sommairement meublé de l'une des femmes mobilisées. Les peintures, on le devine, viennent d'être refaites tant bien que mal, après un incendie. L'assurance n'avait pu être payée. A travers l'étroit couloir qui dessert les deux chambres, du linge sèche sur un étendoir suspendu. Cinq matelas posés à même le sol, entourés de piles de vêtements, accueillent, la nuit, mère et enfants, pour que l'aînée des filles puisse disposer de l'autre minuscule chambre.

 

 "LES RESTOS DU COEUR, ON A HONTE D'Y ALLER"

La plus jeune des voisines réunies, Nawel Oukrih, 30 ans, a envie de raconter ce que personne, hors d'ici, ne prend la peine d'entendre, que "beaucoup de femmes de la cité peuvent se retrouver dans cette situation, ne plus avoir de ressources". "Par exemple, ma mère, avec sa retraite de femme de ménage à 600 euros... Après le loyer, les charges, l'eau, l'électricité, elle se retrouve sans rien. Nous, ses six enfants, on l'aide. C'est pour ça que je me suis engagée dans l'armée de terre, après mon bac pro. Pas le choix. Sinon c'était les petits boulots en intérim, faire la caissière comme tout le monde."

Quand elle "sature de toutes ses difficultés", Nadia El-Yousfi rentre dans les toilettes et pleure. Ces derniers temps, elle passe beaucoup de temps aux toilettes. Son mari travaille, une chance, mais avec 1 800 euros, elle doit faire vivre sa famille de quatre enfants et un père dont la retraite stagne à 900 euros. "Au septième étage, on nous fait payer un loyer de 500 euros, les charges augmentent tout le temps, la taxe d'habitation est à 1 000 euros ! On est dans des logements sociaux ici ou à Neuilly ? !" Deux cents euros de loyer de plus pour sa voisine Farida Gaceb, quatre enfants, un mari au chômage depuis six ans. Ils touchent le RSA-couple, mais n'ont plus droit à l'aide au logement depuis que Farida a travaillé "quelques heures mal payées" comme animatrice-cantine.

Une fois réglés loyer et charges, Farida n'achète plus de vêtements pour les enfants, ne remplace plus les baskets déchirées. "Les Restos du coeur, on a honte d'y aller, alors je fais des crédits chez l'épicier, parce qu'au bout de quinze jours, je suis à sec." La viande, c'est une fois par semaine. On se passe aussi de fruits, trop chers. L'ordinaire serait plutôt une éternelle variation autour des pâtes et de la purée. La cantine à 2 euros, qui dévore la bourse pour le collège, il n'en est pas même question. Les enfants rentrent le midi à la maison. Et comme le lycée est un peu loin, la grande emporte un sandwich ou attend le dîner. "Avec mon mari, on est sur une pente, on essaie de grimper, on n'y arrive pas."


"FAUT RESTER FORTES"

Sa fille, en bac pro secrétariat, veut travailler vite, pour aider, malgré ses bonnes notes. "Ça me donne les larmes aux yeux. J'aurais bien aimé qu'elle devienne docteur." Entourée de femmes qui peuvent comprendre, Farida, sans quitter un sourire obligé, ose dire qu'elle "blâme" son mari. "Nous on ne peut pas lâcher prise, faut rester fortes sinon les enfants se perdent." Mais les hommes... "Ils ne foutent rien", tranche Nadia, sans fioritures. D'ailleurs, il est temps de se séparer, il faut aller chercher les enfants à l'école.

Peu avant, le docteur Didier Ménard, qui a fait toute sa carrière de généraliste aux Francs-Moisins, dressait ce constat : "Les hommes ont déjà abandonné, ils ont sombré dans la dépression sociale. Ces femmes sont des mères Courage. Elles ont une énergie, un humour, une solidarité ! C'est pour cela que leur suicide est aussi insupportable. C'est la bouée de sauvetage qui crève."

Lire notre article (édition abonnés) Au centre de santé de Saint-Denis : "On est revenu à la situation d'après-guerre".

Pascale Krémer

11,9 millions de Français touchés par la pauvreté

En 2009 (dernière année disponible), 11,9 millions de Français ont été touchés à des degrés divers par la pauvreté, selon le rapport 2011-2012 de l'Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale (Onpes), rendu public jeudi 29 mars.

8,2 millions de personnes, soit 13,5 % de la population, vivaient en 2009 en dessous du seuil de pauvreté (60 % du revenu médian, soit 954 euros mensuels pour une personne seule). Après avoir atteint son point bas à 12,6 % en 2004, cet indicateur a retrouvé son niveau de 2000.

La grande pauvreté (40 % du revenu médian, soit moins de 640 euros par mois pour un célibataire) concerne près de 2 millions de personnes, soit 3,3 % de la population.

Les familles monoparentales (près de 30 % des pauvres), les jeunes de 18 à 24 ans (22,5 %) ou les femmes âgées de plus de 75 ans (environ 15 %) constituent les catégories les plus vulnérables.

 

 

Partager cet article
Repost0
29 mars 2012 4 29 /03 /mars /2012 13:40

 

Le Monde.fr avec AFP | 29.03.2012 à 14h10 • Mis à jour le 29.03.2012 à 14h10

 

La CGT, la CFDT et l'UNSA de l'aviation civile ont déposé un préavis de grève pour lundi 2  et mardi 3 avril. Ils dénoncent un plan de restructuration des services de contrôle aérien de province et la diminution des effectifs, a-t-on appris jeudi de sources concordantes.

Ce mouvement pourrait entraîner des perturbations en province sur le trafic intérieur, selon la direction générale de l'aviation civile (DGAC), qui fait valoir que le service minimum, avec possibilité de réquisition, s'applique aux 17 principaux aéroports.

Les services chargés de la sécurité et du contrôle du trafic aérien dans des villes comme Mulhouse, Biarritz, Metz-Nancy ou encore Beauvais sont "directement menacés de délocalisation ou de fermeture", détaille l'USAC-CGT, qui déplore également que la politique de la DGAC fasse "peser de lourdes menaces sur les conditions de travail des agents en organisant le sous-effectif". Treize services de contrôle d'approche sont menacés, selon des sources syndicales, soit un risque direct pour "des dizaines d'emplois dans les services de contrôle, de maintenance technique et administratifs", précise la CGT.

"A partir du moment où le service de contrôle est remplacé uniquement par de l'information de vol, c'est-à-dire qu'il n'y a plus de contrôleurs aériens, le niveau de sécurité n'est évidemment pas le même", souligne par ailleurs la CGT.

Le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant en retraite a entraîné environ 500 suppressions de postes sur trois ans, selon la DGAC.

 

Partager cet article
Repost0
28 mars 2012 3 28 /03 /mars /2012 13:51
| Par Ludovic Lamant


De notre envoyé spécial à Bruxelles

A la tribune, les trois hommes en costume n'en mènent pas large. Convoqués mardi dans les locaux bruxellois du Parlement européen, ils répondent aux dizaines de questions d'élus qui fusent de la salle, dans un anglais pas toujours limpide, sans jamais sortir la tête des notes rédigées par leurs conseillers. Ce trio, inconnu de l'immense majorité des Européens, fixe, depuis bientôt deux ans, les grandes lignes de la sortie de crise de la Grèce. Avec des résultats difficiles à défendre sur le terrain – une récession de 6,9 % en 2011, un taux de chômage à plus de 21 % en ce début d'année, et toujours autant d'inquiétudes sur l'avenir de ce pays à bout de souffle.

Ces trois experts sont les dirigeants de la « Troïka » : Olli Rehn, commissaire européen aux affaires économiques (finlandais, à gauche), Jörg Asmussen, membre du directoire de la Banque centrale européenne (allemand, au centre), et Poul Thomsen, chef de la mission du Fonds monétaire international (FMI) à Athènes (danois, à droite). Ensemble, ils ont rédigé la longue feuille de route qui s'impose aux autorités grecques (le « mémorandum »), en l'échange de quoi Bruxelles débloque, avec le FMI, des méga-prêts pour éviter au pays la faillite.

 

Au Parlement européen, cette convocation est une première, que l'on doit au groupe socialiste, la deuxième force politique de l'hémicycle. «La Troïka n'est pas assez transparente dans son fonctionnement, et ne semble pas non plus très efficace. Elle doit rendre davantage de comptes devant les élus, et cette rencontre constitue une première étape encore modeste», explique Hannes Swoboda, le chef de file des socialistes, à l'initiative du débat.

Depuis deux ans, les eurodéputés sont relégués au rang d'observateurs de la gestion de crise. Ils ont assisté, frustrés, à la batterie de conseils européens « de la dernière chance », où se réunirent les chefs d'Etat et de gouvernement, sans avoir prise sur quoi que ce soit.

«Les trois hommes de la Troïka me rappellent les trois singes du conte chinois : ne pas voir, ne pas entendre, ne pas parler...», a ironisé, en pleine séance, Robert Goebbels, un élu luxembourgeois socialiste, fraîchement rentré d'une mission à Athènes. Les députés sont nombreux, pendant les deux heures d'échanges ce mardi, à avoir critiqué les effets contre-productifs de la politique d'austérité, la surdité de la Troïka à l'égard du malaise social en Grèce, ou encore l'échec du premier programme d'«ajustement budgétaire» enclenché en mai 2010.

«Plus la Grèce met en œuvre le remède, et plus elle tombe en récession. Est-ce que la Troïka va finir par reconnaître qu'elle fait fausse route ?» s'est emportée la socialiste portugaise Elisa Ferreira. «On est une fois de plus en plein déni», a regretté Philippe Lamberts, un élu Verts de Belgique, qui estime que l'action de la Troïka, dès 2010, n'a fait qu'aggraver la crise, et qu'elle doit répondre de ces actes. «Vous est-il arrivé, messieurs, de douter un jour de la pertinence des hypothèses sur lesquelles reposent vos politiques ?» a demandé de son côté Liêm Hoang-Ngoc, socialiste français.

« Des humains au bout du rouleau »


Droits dans leurs bottes, les « experts » à la tribune ne se sont pas démontés et ont défendu les vertus de l'austérité. Le premier programme d'aide n'a pas fonctionné, a rétorqué Jörg Asmussen (BCE), «non pas parce qu'il était mauvais, mais parce qu'il n'a pas été correctement appliqué» par les Grecs. Et le commissaire européen Olli Rehn d'avancer les «deux talons d'Achille» de la Grèce : la «capacité de l'administration», que la Troïka aurait, dans un premier temps, sur-estimée, et surtout «le manque d'unité politique» qui compliquerait la donne.

«Le salaire minimum en Grèce est supérieur de 50 % à celui du Portugal, et de 20 % à celui de l'Espagne (...) Il faut donc aligner les salaires, pour s'attaquer au niveau inacceptable du chômage des jeunes», a poursuivi Poul Thomsen, du FMI, sans ciller. «Derrière vos chiffres, il y a des humains qui sont au bout du rouleau», lui a retourné un élu grec du Parti populaire européen (PPE, droite), Konstantinos Poupakis.

Est-ce que le deuxième plan, conclu en mars de cette année, a davantage de chance de réussir que le premier ? Travaillez-vous déjà sur des alternatives, B, C ou D, en cas d'échec du plan en cours ? Réponse prudente d'Asmussen : «Ce programme peut réussir (...) s'il est mis en œuvre à 100 %, sur toute la durée du programme, et si tous les partis politiques le font leur.»

Cette rencontre intervient à quelques semaines d'élections anticipées, en Grèce (prévues pour fin avril ou début mai), qui s'annoncent délicates. Les sondages donnent la droite de Nouvelle démocratie en tête, mais rien ne dit que ce parti obtiendra une majorité pour gouverner seul. Et beaucoup de formations font campagne contre le programme d'austérité de la Troïka. Le scénario est donc très incertain, tout comme l'avenir du « mémorandum ».

«Je constate que vous n'avez pas fait référence au concept de justice sociale, pendant vos interventions», a conclu la socialiste française Pervenche Berès, qui co-présidait les débats. «J'ai un regret, j'aurais dû vous apporter un exemplaire du livre de [l'économiste britannique Richard] Wilkinson, qui montre que l'efficacité économique repose aussi sur la justice sociale...»

Dans son rapport sur la crise, bouclé en juin 2011, la socialiste française proposait d'intégrer, au sein de la Troïka, un représentant de l'Organisation internationale du travail (OIT), afin de mieux prendre en compte les réalités du marché du travail sur le continent. Le groupe des socialistes européens a également mis sur pied, depuis peu, une « troïka alternative », qui s'est rendue à Athènes en mars. Cette petite équipe propose, entre autres pistes, le lancement en Grèce d'une « agence pour l'investissement et la croissance ». Alternative – aux contours encore très flous – à la politique de rigueur carabinée en vigueur à Athènes ?

 


Partager cet article
Repost0
27 mars 2012 2 27 /03 /mars /2012 20:24

33792* FOIS MERCI !!!

*(25460 pétitions signées sur le site de la FNME-CGT, 7387 pétitions papier et 945 pétitions sur le site pétition-en-ligne)

JEF NE SERA PAS LICENCIE !!! 

Votre, notre mobilisation sans précédent engagé depuis le 17 février 2012, date où les employeurs de Jef votaient son licenciement, ont permis d’éviter le pire.

 

ERDF ET GRDF NE LICENCIERONT PAS JEF !!!

 

Cette mobilisation, comme le comportement citoyen et humain de Jef, ont montré que d’autres choix sont toujours possibles.

 

Même lorsque les situations paraissent dramatiques, la solidarité, l’espoir, la volonté collective resteront toujours la seule réponse à l’adversité et à la répression.

 

Le comportement de Jef face aux familles démunies, ainsi que face au licenciement qui pesait sur lui, a été exemplaire.

 

Ainsi d’autres voies s’ouvrent !!!

 

Les réactions citoyennes et humaines des techniciens clientèles doivent interpeller nos entreprises afin de mieux prendre en compte les situations des familles en détresse et, ou, en  précarité énergétique.

 

Nous faisons toute confiance à l’Association « Stop aux Coupures-Droit à l’Energie » pour prolonger ce juste combat.

 

 

Votre, notre, sa détermination ont payé.

 

 

"Créer, c'est résister, résister c'est créer"

                           Appel des résistants aux jeunes générations du 8 mars 2004 

 

Pour plus d’infos :

Syndicat CGT Energie Bagneux, tel : 01 49 86 02 36 fax : 01 47 35 07 89

email : cgt-egd-bagneux@erdf-grdf.fr   ou sur le site fnme-cgt.fr        

   

 

                                                                        *************************************

 

 

 

Le technicien d’ERDF qui refusait de couper le courant ne sera pas licencié

 

ouest-france.fr - Social mardi 27 mars 2012

Le technicien d’ERDF/GrDF menacé de licenciement pour avoir refusé de limiter la consommation d’énergie chez une dizaine d’usagers en situation d’impayés à Arcueil (Val-de-Marne) ne sera finalement pas renvoyé.

« ERDF et GrDF ne licencieront pas Jef », a indiqué la CGT dans un communiqué.

Jef Duval était mis en cause pour ne pas avoir posé de système de service minimum (SMI), qui limite la consommation d’énergie à 1 000 watts, dans une dizaine de foyers sujets à des impayés à l’été 2011. Il se serait également abstenu de pratiquer cinq coupures de gaz sur la même période.

Âgé de 23 ans, le technicien avait été convoqué à un conseil de discipline interne le 17 février, qui avait voté son licenciement.

« Le licenciement n’a pas été prononcé »

« Le licenciement n’a pas été prononcé », a confirmé ERDF. Un porte-parole de la société a précisé qu’il était reproché au technicien de « ne pas avoir réalisé une opération demandée, c’est-à-dire une coupure d’alimentation de gaz, et d’avoir dit que l’opération avait été réalisée, ce qui mettait en danger la sécurité des personnes et des biens ».

« Le comportement de Jef face aux familles démunies, ainsi que face au licenciement qui pesait sur lui, a été exemplaire », a estimé mardi la CGT. L’organisation avait lancé une pétition de soutien, qui a recueilli au total 33 792 signatures.

                                                             

Partager cet article
Repost0
25 mars 2012 7 25 /03 /mars /2012 17:49

LE MONDE | 24.03.2012 à 09h44 • Mis à jour le 24.03.2012 à 13h15

Par Pascale Robert-Diard

 

C'est une sale affaire de violence et de misère. Une de celles auxquelles on rechigne à s'intéresser parce que tout cela semble trop loin, trop moche et qu'on en a bien assez comme ça. C'est ce que l'on pensait, au début. Comme sans doute les six jurés - quatre femmes, deux hommes - tirés au sort devant la cour d'assises du Nord pour juger Alexandra Guillemin, 32 ans, qui comparaissait pour le meurtre de son mari, Marcelino.

Un soir de juin 2009, dans la cuisine de leur appartement à Douai, cette mère de quatre enfants a dit à son mari qu'elle voulait le quitter. Il a explosé de fureur, a cherché à l'étrangler, elle a saisi un couteau de cuisine. La plaie dans le cou mesurait 13,5 cm de profondeur. Il est mort sur le coup, "dans une mare de sang", dit le procès-verbal des policiers. Voilà pour les faits.

Le procès s'est ouvert mercredi 21 mars. Alexandra Guillemin comparaissait libre après dix-sept mois de détention provisoire. Elle s'est assise dans le prétoire, le visage légèrement incliné, ses longs cheveux sombres noués sur la nuque, les yeux baissés, les mains posées sur les genoux et elle n'a plus vraiment bougé. Dehors, c'était le printemps, le ciel était bleu tendre. Le soleil inondait les murs clairs de la salle d'audience. C'est là, dans cette lumière si blanche, si crue, qu'une cour et des jurés ont plongé dans la nuit d'une femme.

Alexandra avait 17 ans, elle était en première, au lycée, quand elle a rencontré Marcelino, un Gitan sédentarisé, de quatorze ans son aîné. Elle est tombée amoureuse, a claqué la porte de chez sa mère qui ne l'aimait guère et rompu avec son père qui était en colère. Quelques mois plus tard, elle s'est mariée, le premier des quatre enfants est né et Alexandra Guillemin a renoncé à passer son bac. Le reste est un long calvaire. Une épouse que l'on viole, frappe, insulte et humilie. Que l'on menace lorsqu'elle murmure des confidences à sa sœur au téléphone ou cherche à voir son père. Que l'on épie quand elle tente de se confier à l'assistante sociale. Que l'on écrase et engloutit. Au XXIe siècle, dans une ville française, une ombre dans une caverne.

Pendant trois jours, un homme ne l'a pas quittée des yeux. Luc Frémiot est avocat général. Cela fait plus de dix ans qu'il se bat contre les violences conjugales. Qu'il essaie de secouer les consciences. Qu'il tonne à l'audience, bat les estrades, s'invite dans les colloques. Qu'il donne des instructions écrites aux policiers pour transmettre systématiquement au parquet les "mains courantes" déposées par les femmes, afin de ne pas laisser échapper la moindre chance de briser le silence, d'endiguer la violence dès le premier coup porté. Pour qu'il ne soit pas suivi d'un deuxième, puis d'un troisième, qui fait plus mal, détruit plus profond.

Il l'a regardée, Alexandra Guillemin, lorsqu'à la barre elle triturait son mouchoir, en répondant d'une voix faible aux questions de la présidente, Catherine Schneider. Lorsque des larmes roulaient sur son visage à l'évocation par les voisins, par les rares amis, par les dépositions de ses enfants, de ce qu'avait été sa vie. Lorsqu'elle chassait de la main les images qui l'assaillaient, honteuse de devoir expliquer ce que son corps avait subi et qu'elle avait toujours tu. Luc Frémiot observait tout, aspirait tout. Il a dévisagé aussi ces femmes assises dans le public, dont soudain s'échappait un cri, presque un ordre : "Parle, Alexandra ! Parle !" Il a crucifié du regard cet officier de police judiciaire concédant un "dysfonctionnement" quand on lui a demandé d'expliquer comment et pourquoi son service n'avait pas jugé nécessaire de donner suite à la plainte que voulait déposer Alexandra Guillemin contre son mari. Elle avait l'œil tuméfié, on lui a conseillé une main courante et on l'a renvoyée chez elle parce que "ça ne saignait pas".

Vendredi 23 mars, l'avocat général s'est levé. Ou, plus justement dit, il s'est jeté. Les notes sur le carnet ne disent ni la voix qui enfle et se brise, ni les silences, le souffle qui emporte, les mains tendues qui escortent les paroles jusqu'aux visages concentrés des jurés, le regard suspendu de l'accusée.

"Alexandra Guillemin, nous avions rendez-vous. C'est un rendez-vous inexorable, qui guette toutes les victimes de violences conjugales. Ce procès vous dépasse parce que derrière vous, il y a toutes ces femmes qui vivent la même chose que vous. Qui guettent les ombres de la nuit, le bruit des pas qui leur fait comprendre que c'est l'heure où le danger rentre à la maison. Les enfants qui filent dans la chambre et la mère qui va dans la cuisine, qui fait comme si tout était normal et qui sait que tout à l'heure, la violence explosera.

Elles sont toutes sœurs, ces femmes que personne ne regarde, que personne n'écoute. Parce que, comme on l'a entendu tout au long de cette audience, lorsque la porte est fermée, on ne sait pas ce qui se passe derrière. Mais la vraie question, c'est de savoir si l'on a envie de savoir ce qui se passe. Si l'on a envie d'écouter le bruit des meubles que l'on renverse, des coups qui font mal, des claques qui sonnent et des enfants qui pleurent.

Ici, dans les cours d'assises, on connaît bien les auteurs des violences conjugales. De leurs victimes, on n'a le plus souvent qu'une image, celle d'un corps de femme sur une table d'autopsie. Aujourd'hui, dans cette affaire, nous sommes au pied du mur, nous allons devoir décider.

Mon devoir est de rappeler que l'on n'a pas le droit de tuer. Mais je ne peux pas parler de ce geste homicide sans évoquer ces mots des enfants : 'Papa est mort, on ne sera plus frappés'. 'Papa, il était méchant'. 'Avec nous, il se comportait mal, mais c'était rien comparé à ce qu'il faisait à maman'. On n'a pas le droit de tuer, mais on n'a pas le droit de violer non plus. D'emprisonner une femme et des enfants dans un caveau de souffrances et de douleur.

Je sais la question que vous vous posez. 'Mais pourquoi Alexandra Guillemin n'est-elle pas partie avec ses enfants sous le bras ?' Cette question est celle d'hommes et de femmes de l'extérieur, qui regardent une situation qu'ils ne comprennent pas et qui se disent: 'Mais moi, je serais parti !' En êtes-vous si sûr ? Ce que vivent ces femmes, ce qu'a vécu Alexandra Guillemin, c'est la terreur, l'angoisse, le pouvoir de quelqu'un qui vous coupe le souffle, vous enlève tout courage. C'est sortir faire les courses pendant cinq minutes, parce que celui qui vous envoie a calculé exactement le temps qu'il vous faut pour aller lui acheter ses bouteilles de bière. Et c'est à cette femme-là que l'on voudrait demander pourquoi elle est restée ? Mais c'est la guerre que vous avez vécue, madame, la guerre dans votre corps, dans votre cœur. Et vous, les jurés, vous ne pouvez pas la juger sans savoir les blessures béantes qu'elle a en elle. C'est cela être juge, c'est être capable de se mettre à la place des autres. Alexandra Guillemin, il suffit de l'écouter, de la regarder. De voir son visage ravagé. Mais un visage qui change dès qu'elle parle de ses enfants. On a beaucoup dit qu'elle était 'passive'. Mais c'est une combattante, cette femme ! Ses enfants, elle leur a tenu la tête hors de l'eau, hors du gouffre. Il n'y a pas beaucoup d'amour dans ce dossier, mais il y a le sien pour ses enfants, et ça suffit à tout transfigurer. Sephora, Josué, Saraï, Siméon ont 13, 11, 8 et 6 ans aujourd'hui, ils vous aiment, ils seront votre revanche.

Nous, la question que nous devons nous poser, c'est : 'De quoi êtes-vous responsable, Alexandra Guillemin ?' Quelle serait la crédibilité, la légitimité de l'avocat de la société qui viendrait vous demander la condamnation d'une accusée, s'il oubliait que la société n'a pas su la protéger ? Alors, je vais parler de légitime défense. Est-ce qu'au moment des faits, Alexandra Guillemin a pu penser qu'elle était en danger de mort ? Est-ce qu'en fonction de tout ce qu'elle a vécu, subi, elle a pu imaginer que ce soir-là, Marcelino allait la tuer ? Mais bien sûr ! Cela fait des années que ça dure. Alexandra a toujours été seule. Aujourd'hui, je ne veux pas la laisser seule. C'est l'avocat de la société qui vous le dit : vous n'avez rien à faire dans une cour d'assises, madame. Acquittez-la !"

Vendredi 23 mars, six jurés - responsable de paie, retraitée, techniciens, ingénieur, assistante d'achat - et trois magistrats professionnels l'ont écouté. Et d'une sale affaire de violence et de misère, si loin, si moche, ils ont fait un grand moment de justice, si proche.

Pascale Robert-Diard

 

 

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Démocratie Réelle Maintenant des Indignés de Nîmes
  • : Le blog des Indignés de Nimes et de la Démocratie Réelle Maintenant à Nimes
  • Contact

Texte Libre

INFO IMPORTANTE

 

DEPUIS DEBUT AOÛT 2014

OVERBLOG NOUS IMPOSE ET PLACE DES PUBS

SUR NOTRE BLOG

CELA VA A L'ENCONTRE DE NOTRE ETHIQUE ET DE NOS CHOIX


NE CLIQUEZ PAS SUR CES PUBS !

Recherche

Texte Libre

ter 

Nouvelle-image.JPG

Badge

 

          Depuis le 26 Mai 2011,

        Nous nous réunissons

                 tous les soirs

      devant la maison carrée

 

       A partir du 16 Juillet 2014

            et pendant l'été

                     RV

       chaque mercredi à 18h

                et samedi à 13h

    sur le terrain de Caveirac

                Rejoignez-nous  

et venez partager ce lieu avec nous !



  Th-o indign-(1)

55

9b22