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20 mai 2012 7 20 /05 /mai /2012 11:55

 

« Rabelais sans Momo n’est que ruine de l’Ame ». 22 mars 2012. 7h30 du matin à la Sous-Préfecture de Boulogne-Billancourt. Nous sommes cinq : parent d’élève, avocate, CPE, assistante sociale, bénévole du Réseau Education Sans Frontière 92. Nous sommes venus soutenir Mohamed, un élève de terminale du lycée, de notre lycée, qui vient déposer sa première demande de régularisation.


La file d’attente se forme peu à peu. Sourires gênés. Regards coupables. Airs méfiants. Et en même temps une certaine solidarité qui commence à poindre et s’accentue au fur et à mesure que les heures passent. Dans la queue, une jeune femme sort un papier et demande leur prénom aux personnes présentes. Elle élabore sur un brouillon un ordre de passage, parce qu’il n’y a pas de siège à la Sous-Préfecture de Boulogne. On attend debout.

A l’ouverture des portes à 9h, on nous range en serpentin dans des poteaux de guidage, comme à l’aéroport. Nouvelle attente. On regarde passer les gens qui entrent dans la préfecture, appuient sur un bouton, se voient distribuer des tickets et vont d’asseoir sur des bancs. Et nous, on attend. Debout. Puis on entend :  « Service des étrangers ! Première personne ! ». Puis « Personne suivaaante ! ». Le serpentin se déroule peu à peu.

Premier accueil. Enfin… accueil… Mohamed se présente. Il demande de sa petite voix « Bonjour madame excusez-moi de vous déranger je voudrais déposer un dossier de premi… » il n’a pas le temps de finir sa phrase qu’il est interrompu : « PARLEZ PLUS FORT JE NE VOUS ENTENDS PAS !! ». Il tremble, il est impressionné. Mohamed est un jeune Meudonnais de nationalité ivoirienne, un garçon discret, timide, mais c’est un pilier de la vie lycéenne. Il prépare son bac littéraire et veut être pompier, simplement. Sa vie est en France, auprès de sa famille, pas dans un pays en guerre civile loin de ses amis, de ses proches. Il donne de son temps et participe à toutes les actions humanitaires de son lycée, sans rien demander, sans rien attendre en retour. Il a collecté 13.000 repas l’année dernière pour les banques alimentaires. Il est toujours à l’écoute de ses camarades. Aujourd’hui, il cherche mon soutien du regard. Je l’encourage. Il parvient à terminer sa phrase pour s’entendre répondre que ce n’est pas là qu’il faut faire la queue mais au guichet d’à côté. Autre « bonne » nouvelle, on apprend que ce n’est pas la peine de faire la queue puisque le bureau des étrangers n’est pas ouvert le matin. Il faut donc aller au guichet d’à côté et prendre un ticket pour l’après-midi. Raymond Devos se serait régalé d’un tel scénario. Qu’à cela ne tienne. C’est tellement rien à côté de ce qui nous attend. On prend un rendez-vous, et on revient à 14h.

Cette fois c’est sûr : Mohamed a un ticket. On monte à l’étage avec le précieux sésame. Mohamed est deuxième derrière un candidat au bonheur, visiblement coutumier du lieu, qui s’est déplacé avec une valise de documents, s’excuse mille fois, se justifie pendant vingt minutes sans aucune confidentialité, ce qui semble d’ailleurs ne gêner personne, donne tout ce qu’il a, et au final s’entend dire devant tout le monde, et avec le sourire : « c’est très bien monsieur, c’est mieux que la dernière fois, revenez la semaine prochaine ». (?). Le malheureux n’est même pas choqué. Il ne se rend même plus compte. L’aberrant est devenu normal. Peut-être se satisfait-il d’avoir obtenu un semblant de considération, dans cet univers totalement aseptisé de toute dignité humaine, de la part d’un inconnu à qui il parle derrière une vitre blindée dont la seule ouverture permettant le contact se trouve au ras du comptoir. Pour communiquer, il faut se baisser comme pour laper dans une écuelle.

C’est au tour de Mohamed. Etude du dossier. Premier argument opposé par l’agent qui le reçoit : « il manque une pièce ». C’est curieux, la pièce réclamée ne figure pourtant pas sur la liste. Mais forts de la démonstration à laquelle nous venons d’assister, nous l’avons compris : déposer un dossier de première demande régularisation à la Sous-Préfecture de Boulogne, c’est comme tenter l’ascension de l’Himalaya les yeux bandés et en tongues. Mais nous sommes cinq derrière Mohamed, et fermement décidés à réaliser cet exploit. Il le mérite.
Nous le devons aussi à tous les lycéens qui se sont mobilisés en une gigantesque vague de solidarité. En soutien à la démarche personnelle de Mohamed, ils ont initié une pétition qui a submergé la cité scolaire toute entière. Elle a fait le tour des classes et obtenu, en deux jours seulement, 681 signatures d’élèves, sur 800 lycéens, soit plus de 83 % de l’effectif de l’établissement ! Mieux encore, émus par la démarche des élèves, les adultes de la communauté éducative ont suivi, et ont décidé, eux aussi, de faire une autre pétition en leurs noms, une pétition des adultes de la cité scolaire, toutes catégories de personnel confondues. En plus de la pétition des élèves, la pétition des adultes a elle aussi recueilli plusieurs centaines de signatures. La démarche des lycéens a également amené les présidences des deux fédérations de parents d’élèves à rédiger une lettre commune en soutien à la demande de régularisation de Mohamed ! Les membres de la communauté scolaire sont unanimes. Tous refusent de voir la chaise de Mohamed vide demain. Ce qui se passe au lycée Rabelais est tellement énorme, que cela réconcilie avec l’humanité.

Après une heure trente de tergiversations, justifications, contestations, supplications, objections, argumentations, remise des pétitions , des lettres de recommandations, et le sentiment à peine coupable d’avoir sans le vouloir pris un guichet en otage, le dossier est déposé. Nous avons réussi l’ascension ! Nous avons gravi l’Himalaya. Ca, c’est fait.

Mais pourquoi Mohamed serait-il régularisé aujourd’hui ? C’est vrai, pourquoi... Il n’a sans doute pas plus de talent ni de raisons de l’être que tous ses autres compagnons de galère qui ont fait la queue avec lui ce 22 mars à la Sous-Préfecture de Boulogne. La seule différence, c’est qu’il n’est pas tout seul. Ayons une pensée pour ces hommes, ces femmes, ces enfants, ces familles, exemplaires de courage et de dignité, qui n’ont simplement pas la chance de bénéficier du même soutien que Mohamed.

Et ayons aussi une pensée pour nos jeunes. Car c’est grâce à eux si le dossier de Mohamed pèse son poids aujourd’hui. A ce stade de la procédure, ils ont agi avec humanité, élégance et retenue. Je souhaite à Monsieur le Sous-Préfet que ces 681 lycéens déterminés, leurs enseignants et leurs parents, ne soient pas tentés de se déplacer sous ses fenêtres pour venir scander haut et fort le slogan de leurs pétitions :

« RABELAIS SANS MOMO N’EST QUE RUINE DE L’AME ».

Céline DAMON – Conseillère Principale d’Education au lycée Rabelais de Meudon

 

 

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19 mai 2012 6 19 /05 /mai /2012 17:39

 

Le Monde.fr | 19.05.2012 à 19h50 • Mis à jour le 19.05.2012 à 19h52

Par Luc Vinogradoff

 
 
Dans le cortège de la manifestation anti-capitaliste à Francfort, samedi 19 mai.

Près de 20 000 personnes, selon la police, et 25 000, selon les organisateurs, ont manifesté à l'appel du collectif Blockupy, samedi 19 mai à Francfort, pour dénoncer le règne de l'austérité en Europe et exiger l'abandon d'une politique économique qui privilégie à leurs yeux le secteur financier et non le peuple.

Le cortège, qui partait du quartier de la gare de Francfort, devait arriver devant le siège de la Banque centrale européenne (BCE), partie intégrante de la Troika, et symbole des dérives économiques de l'UE. Il n'en fut rien. Les autorités locales avaient autorisé la manifestation - la seule depuis quatre jours que dure les protestations - mais n'ont pas accepté à la dernière minute l'itinéraire proposé par les organisateurs, estimant que le risque de débordements était trop important.

Tout au long du trajet, le dispositif policier massif déployé dans la capitale financière allemande a encadré de près le cortège. Le défilé est partie avec une heure de retard, les milliers de personnes affluant du centre-ville ayant eu du mal à entrer dans la petite Baseler Platz, bien entendu quadrillée par la police. Des jeunes gens, portant des drapeaux noirs ou des drapeaux des jeunes Verts allemands, en profitaient pour s'écrire sur le bras le numéro des urgences médicales en cas d'incidents. Pendant que les orateurs se succédaient au micro pour rappeler l'ordre de passage et répéter le message du jour - "Protester contre la politique européenne, mais aussi allemande, d'austérité", comme le rappela un syndicaliste britannique - un hélicoptère survolait la place bruyamment.

"BANKFURT"

Le choix de Francfort, rebaptisé "Bankfurt" pour l'occasion, n'est pas un hasard. Il s'agit non seulement du centre financier de l'Allemagne, mais aussi d'une des villes les plus chères outre-Rhin. Gesine, qui y habite de Francfort et se présente comme une sympathisante du parti allemand Die Linke, n'a pas de mots assez durs sur le gouvernement d'Angela Merkel, surtout sur l'attitude vis-à-vis de la Grèce. "C'est un mensonge de dire que l'Allemagne s'en soit mieux sorti. Regardez les mini-salaires avec lesquelles notre jeunesse doit vivre", s'insurge-t-elle. A ses côtés, son mari un drapeau grec "en signe de solidarité".

Dans le cortège de la manifestation anti-capitaliste à Francfort, samedi 19 mai.

Outre Die Linke, Attac était également très présente, avec plusieurs centaines de membres venus de France, Aurelié Trouvé, vice-présidente de l'ONG a expliqué que "venir en Allemagne pour dire non au pacte budgétaire est une façon de montrer que l'Europe ne se contruira pas avec la finance, mais avec les peuples".

A l'avant de l'impressionnant cortège, qui s'étire le long du Main, les partis politiques et les ONG, mais aussi des familles, des adolescents, des personnes venues de nombreuses villes d'Allemagne, mais aussi de France, d'Italie, d'Espagne, de Roumanie ou de Slovénie. A l'arrière, une importante partie de la manifestation était composée de groupes et associations anti-capitalistes, d'anarchistes et d'autonomistes. Plus jeunes, plus énervés, plus revendicatifs et plus bruyants. Les slogans de l'avant, appelant à une solidarité internationale - "Hoc die, Internationale Solidarität" - devenaient plus acerbes à l'arrière - "Staat, Nation, Kapital, Scheiße" (Etat, Nation, Capital, Merde).

Dans le cortège de la manifestation anti-capitaliste à Francfort, samedi 19 mai.

Aucun incident n'a été signalé pendant la marche, qui s'est terminée aux alentours de 16 heures à quelques dizaines de mètres du but, le siège de la BCE. Mais personne ne veut y voir un quelconque signe d'échec. Pour les organisateurs, ce rassemblement anti-capitaliste de quatre jours dans la capitale financière de l'Allemagne était symbolique et nécessaire, pour montrer qu'ils restent vigilants alors qu'un consensus sur une politique de croissance, plutôt que d'austérité, semble apparaître en Europe.

Luc Vinogradoff

 

 

 

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14 mai 2012 1 14 /05 /mai /2012 21:26

 

newsring.fr - Monde -  Indignés

 

Emmanuel Poilane 
 

Directeur de la fondation France Libertés

 

Avec le dernier scandale de JP Morgan ou la PDG elle même nous explique qu'elle a été stupide alors qu'elle a gagné 15 millions de dollars l'année dernière, trouvez vous que nos sociétés, que dis je, nos civilisations soient sur la bonne voie quand la stupidité est rémunérée par millions de dollars ?

Cela devrait il nous indigner ?

1000 fois oui !

Les indignés représentent cette idée formidable qu'il est plus que temps de remettre les citoyens au cœur de la société pour imaginer que nous puissions vivre ensemble dans une volonté de partage, de coopération avec un sens de l'éthique exacerbé.

Pourquoi quelque chose qui nous parait évident ne se met il pas en œuvre naturellement ?

Pourquoi la politique est elle si souvent discrédité par les affaires et autres dérives souvent liées à un peu d'argent ?

Le temps est venu de ne plus se satisfaire de la légalité qui permet à JP Morgan de déraillé en jouant continuellement au casino et d'envisager enfin une période de notre civilisation ou l'éthique, l'équité, la justice puissent revenir au cœur de notre capacité à vivre ensemble.

Pourquoi la justice est elle devenu la garante de l'application de la loi seulement ?

Les lois sont elles toujours justes ?

Malheureusement non, car l'humain est tellement près à les utiliser pour les détourner de leurs fondements que la légalité n'est plus synonyme de justice. JP Morgan en est la preuve vivante. Plus de 2 milliards évaporés en toute légalité !

Le mouvement des indignés est donc plus que jamais nécessaire pour nous obliger à réfléchir sur le fonctionnement de notre pays, de nos nations et pour envisager une autre possibilité de construire un monde respectueux de l'environnement, respectueux des équilibres d'une économie réelle rénovée avec l'espoir de l'offrir aux générations futures.

 

 

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14 mai 2012 1 14 /05 /mai /2012 21:09

 

Austérité 14/05/2012 à 07h11
Marie Telling | Rue89
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Un homme porte un poster cartonné d’Angela Merkel à Duesseldorf, le 11 mai 2012 (Patrik Stollarz/AFP)

 

Sérieux revers pour la CDU, le parti chrétien-démocrate de la chancelière allemande Angela Merkel, qui obtient dimanche son plus mauvais score depuis 1945 dans le Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, le plus peuplé et le plus industrialisé du pays. De quoi modifier l’ambiance de la première rencontre Hollande-Merkel mardi soir.

Le parti conservateur recule de 9 points depuis la dernière élection en 2010 et remporte seulement 26% des suffrages, contre 38% pour l’opposition sociale-démocrate (SPD). Les Verts obtiennent eux 12%, ce qui permet à la coalition SPD-Verts de continuer à gouverner le land. Autre score intéressant, celui du parti des Pirates qui obtient 8% des suffrages et fait ainsi son entrée au parlement régional.

Rejet d’une vision unilatérale des solutions contre la crise

Angela Merkel sort affaiblie de ce scrutin, seize mois avant les élections législatives. Son parti avait axé la campagne sur un mot d’ordre : l’épargne. Les électeurs ont préféré celui de l’opposition : la croissance d’abord.

Après la victoire de François Hollande et le rejet de l’austérité par les Grecs dimanche dernier, la vision unilatérale de la chancelière allemande sur les solutions à apporter à la crise est de plus en plus contestée.

Un état des lieux à relativiser tout de même, puisqu’il semblerait que l’austérité séduise toujours une partie des Allemands. Le FDP, parti libéral, obtient ainsi 8,5% des voix dans le Land, alors que les sondages ne lui en prédisaient que 3%. Et, selon un sondage de l’hebdomadaire Stern, 59% des Allemands sont opposés aux mesures de croissance si elles doivent entraîner de nouvelles dettes.

Mais il faudra tout de même, pour Angela Merkel, prendre en compte les positions d’une opposition toujours plus forte. De quoi peser dans sa relation avec François Hollande que la chancelière allemande doit rencontrer pour la première fois mardi soir, quelques heures seulement après l’investiture du nouveau Président.

 

 

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13 mai 2012 7 13 /05 /mai /2012 20:22

 

 

Le Net, c'est du chinois

LE MONDE CULTURE ET IDEES | 13.05.2012 à 18h49 • Mis à jour le 13.05.2012 à 20h31

Par François Bougon

 
 
Un jeune homme dans un café internet à Pékin.

Sur les réseaux sociaux chinois (les Weibo), l'imagination est au pouvoir face à la censure. Faute de pouvoir citer les noms des hauts dirigeants politiques et des dissidents, tous placés sur des listes de mots sous surveillance, ou des expressions considérées comme sensibles, telles que "massacre du 4 juin 1989", les internautes chinois élaborent un langage codé. Leur inventivité, pimentée d'humour et d'ironie, est favorisée par la richesse tonale de la langue chinoise, qui facilite le recours aux homophones. "Comme l'a souligné ironiquement l'artiste Ai Weiwei, la censure est un formidable stimulant à la créativité", note Renaud de Spens, spécialiste de l'Internet chinois, basé à Pékin.

L'émergence de ce langage codé amène certains, à l'étranger, à se demander s'ils n'ont pas perdu leur chinois. Surtout lorsqu'il est question des sujets politiques les plus sensibles. Le 23 mars, sur Falanxi360, un forum de discussions destiné aux Chinois vivant en France, "un internaute" - c'est ainsi qu'il se présente - a lancé un appel au secours. Un de ses amis vivant en Chine venait de lui envoyer un texte devenu très populaire dans le pays, afin de "tester le niveau de chinois d'un vieux "huaqiao" (Chinois de la diaspora) qui a vagabondé à l'étranger depuis de longues années". Tous les caractères et les mots lui étaient familiers, mais il ne parvenait pas à comprendre le sens de ce texte : il recelait toutes les techniques utilisées par les internautes chinois pour contourner la censure.

Le site de micromessagerie chinois Sina Weibo.

Ce court récit a été écrit en pleine affaire Bo Xilai, l'ancien numéro un du Parti communiste de la ville de Chongqing, limogé en mars, et dont la femme est soupçonnée de meurtre. Intitulé "La guerre des Télétubbies contre Maître Kong", il évoque une lutte menée par les marionnettes de la célèbre série télévisée britannique destinée à la jeunesse, aidées par Kumho, une marque de pneus sud-coréens, contre les nouilles instantanées Maître Kong ! Les premiers réussissent à déjouer la tentative de Maître Kong d'imposer la fondue de Chongqing sur le marché. Apparaissent dans le récit d'autres marques, telles la boisson Wanglaoji et la lessive Tide.

Pour les non-initiés, une explication s'impose. Les deux principaux dirigeants de la Chine, Wen Jiabao (la transcription de "Télétubbies" en chinois utilise le caractère bao, "trésor") et Hu Jintao ("Kumho" en chinois comporte les caractères hu et jin), se sont opposés à Zhou Yongkang ("Maître Kong"), tous trois étant membres du Comité permanent du bureau politique, le coeur du pouvoir, dont les neuf sièges vont être renouvelés en octobre lors du 18e congrès du Parti communiste.

Zhou Yongkang voulait imposer son protégé, Bo Xilai, fils d'un révolutionnaire historique et numéro un du Parti communiste à Chongqing (désigné dans le texte comme la "fondue de Chongqing"), face au futur numéro un, Xi Jinping - surnommé "lessive Tide", soit en chinois Taizi xiyifen, "lessive qui nettoie les taches". Par une subtile substitution d'idéogrammes, l'expression signifie aussi "prince Xi", or Xi Jinping, lui aussi fils d'un révolutionnaire historique, appartient à l'aristocratie du régime. La chute de M. Bo a été provoquée par la tentative de défection de son bras droit, Wang Lijun ("Wang Laoji" dans le texte), au consulat américain ("Coca Cola"). Conclusion de l'histoire : "La fondue de Chongqing voulait à tout prix entrer sur le marché, mais il n'y a qu'un seul candidat possible et tout le monde voit bien que c'est la lessive Tide."

En quelques jours, le texte des Télétubbies et de Maître Kong a fait le tour du Web chinois. Grâce à lui, les internautes pouvaient aborder un sujet politique sensible, absent des médias officiels. Dans les forums de discussions, puis sur les réseaux sociaux, on s'est aussi amusé de la mode annoncée cet été chez les partisans de M. Bo des tee-shirts "pas épais" (buhou, une autre manière de désigner Bo Xilai, car le caractère bo veut dire "épais"), qui permettront de "réduire la température", ce qui désigne ici Wen Jiabao, wen signifiant aussi la température.

Cette pratique du langage codé n'est pas nouvelle, souligne l'universitaire Séverine Arsène, spécialiste de l'Internet chinois. "Dans des sociétés esclavagistes, les esclaves ont toujours eu des codes entre eux pour que les maîtres ne comprennent pas ce qu'ils disent. Il est normal pour des populations dominées d'avoir ce genre de codes", souligne-t-elle. La nouveauté, dans la Chine contemporaine, est la possibilité d'y avoir accès, grâce à Internet, dans des espaces à la frontière du privé et du public, où se déroulent des "conversations en clair-obscur". "Cela permet à cette culture de devenir moins secrète. Tout le monde sait que cette culture critique et cryptée existe", souligne Séverine Arsène.

Ce phénomène est porté par les nouvelles générations, surnommées les "post-80" (balinghou en chinois) parce qu'elles sont nées après 1980 : de jeunes urbains plus individualistes que leurs aînés, adeptes des nouvelles technologies et qui n'hésitent pas à dévoiler leur intimité sur les blogs, forums de discussions et microblogs. Ils diffusent très rapidement les nouveaux mots et expressions, les faisant régulièrement accéder au statut de "mème", notion bien connue de la culture Web qui désigne la diffusion massive d'une idée et sa réappropriation, réinterprétation et modification par les internautes.

L'un des mèmes qui a connu récemment le plus de succès en Chine est parti d'un reportage diffusé sur une chaîne de CCTV, la télévision officielle, sur la hausse des prix de l'essence. Un jeune homme, interviewé pour un micro-trottoir, y demandait : "Wo neng shuo zanghua ma ?" ("Je peux dire des grossièretés ?") En quelques jours, l'expression, porteuse d'un ras-le-bol exprimé dans les grandes villes où l'inflation sévit, a été reprise, détournée, modifiée, devenant la formule la plus populaire sur les Weibo, apparaissant même en couverture d'un magazine.

Dans les moments politiques les plus sensibles, le Web chinois évoque le dessin animé américain Tom et Jerry, dans lequel le chat et la souris se poursuivent à l'infini sans qu'il y ait vraiment de vainqueur. En pleine affaire Bo Xilai, certains sites de microblog ont été amenés à placer Chongqing sur la liste des mots sensibles. Mais les souris du Web ont trouvé la parade en le remplaçant par "tomate". Pourquoi ? Tomate se dit xihongshi, ce qui peut aussi signifier en chinois "la ville rouge du Sud", soit Chongqing, où Bo Xilai le néo-maoïste avait remis à l'honneur les chants communistes révolutionnaires dans sa quête de pouvoir. Quand "tomate" a été mis sur la liste noire, d'autres mots codés ont surgi. Signe des tensions provoquées par l'affaire Bo Xilai au sein du pouvoir, les commentaires ont été suspendus fin mars pendant trois jours sur les deux principaux sites de microblogs, Sina et QQ Tencent. Une décision sans précédent.

Cette émergence d'une culture contestataire n'est pas pour autant le signe d'une remise en cause radicale du Parti communiste. Contrairement aux opposants qui, comme Ai Weiwei et Liu Xiaobo, contestent ouvertement le régime et sont les cibles de la répression (prison ou résidence surveillée), les "post-80" restent majoritairement légitimistes. Ils aiment se moquer de la "propagande à la papa" mais sont prêts à s'accommoder des projets des dirigeants réformateurs les plus progressistes, ces "technocadres", selon l'expression de Johan Lagerkvist, spécialiste de la Chine, qui veulent s'appuyer sur les nouvelles technologies pour établir une "bonne gouvernance" sous l'égide du Parti communiste.

"Ils sont à la fois très modernes et nationalistes, ce n'est pas une contradiction pour eux", juge Jean-Louis Rocca, directeur de recherches au centre d'études et de recherches internationales (CERI) de Sciences Po. Le représentant vedette de cette génération est le blogueur Han Han, 29 ans, à la fois écrivain et pilote de course. Fin 2011, il a suscité la polémique en publiant sur son blog trois textes sur la révolution, la démocratie et la liberté, jugeant qu'une révolution citoyenne, comme dans les pays arabes, n'était ni possible ni souhaitable. "La question n'est pas de savoir si c'est nécessaire, mais bien de savoir si c'est possible, écrivait-il. Selon moi, ce n'est ni nécessaire ni possible. Mais si vous me demandez si la Chine a besoin d'une réforme plus forte, je répondrai oui."

François Bougon

 

 

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12 mai 2012 6 12 /05 /mai /2012 18:51

 

  • Rue89 - Publié le :
    26/04/2012 à 16h51

 

 

Sur une place d’Oslo proche du tribunal où est actuellement jugé Anders Breivik, près de 40 000 personnes se sont rassemblées pour chanter « Barn av Regnbuen » (« Les enfants de l’arc-en-ciel »). Ils ont répondu positivement à une campagne lancée sur Facebook afin d’entonner une chanson détestée par le tueur.

Car le 20 avril 2012, Andres Breivik a affirmé à propos de la composition [une adaptation de « My rainbow race » de Pete Seeger], qu’elle comportait un texte servant « au lavage de cerveau des écoliers norvégiens ».

Lill Hjoennevaag, une des instigratrices de la campagne, a affirmé à l’AFP :

« La chanson n’a jamais été aussi belle ».

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11 mai 2012 5 11 /05 /mai /2012 12:24

 

Le HuffPost/AFP  |  Publication: 11/05/2012 12:03 Mis à jour: 11/05/2012 12:03

Le couperet est tombé. Areva a été condamné ce vendredi 11 mai. Le tribunal des affaires de Sécurité sociale (TASS) de Melun a tranché et rendu responsable le géant du nucléaire pour la mort par cancer du poumon, d'un ex-salarié d'une mine d'uranium du groupe français au Niger. En effet, selon la justice le groupe avait commis "une faute inexcusable ayant entraîné une maladie professionnelle", en tant que "co-employeur."

Areva devra verser des dommages et intérêts d'un montant dépassant les 200.000 euros et le doublement de la rente de la veuve de l'ex-salarié, Serge Venel, selon Jean-Paul Teisonnière, l'avocat de la famille de la victime.

LIRE AUSSI : Victoire d'Anne Lauvergeon sur Areva

'Immense joie"

"Une brèche s'ouvre pour les autres, qui étaient en attente (de ce jugement)", a déclaré Peggy Venel, fille de la victime à l’origine de la procédure. Elle a en effet précisé que "beaucoup avaient peur d'attaquer Areva" et a cité "au moins deux" cas de personnes qui allaient attaquer. Elle a ressenti une "immense joie" lors de l'annonce du verdict tout en estimant que "ce n'est pas fini, car Areva va certainement faire appel." "C'était un dossier difficile", a déclaré Jean- Paul Teissonnière. "Juridiquement, Areva n'était pas l'employeur direct, (...) mais les questions de sécurité et les conditions d'exploitation de la mine sont définies par Areva", a mis en avant l'avocat.

Maladie liée à l'uranium

En effet Serge Venel, mort à l'âge de 59 ans d'un cancer du poumon en juillet 2009, a travaillé de 1978 à 1985 pour une filiale d'Areva, la Cominak, société de droit nigérien. Cette compagnie exploite des mines d'uranium du groupe à Akokan, au nord-ouest du Niger. "Quand mon père a vu le pneumologue en mars 2009, il a tout de suite dit que ce n'était pas la cigarette qui était la cause du cancer mais bel et bien l'inhalation de poussières d'uranium", avait expliqué lors de l'audience Peggy Venel. "Le tribunal a dépassé l'apparence pour reconnaître la réalité des relations sociales de l'entreprise", a estimé Jean-Paul Teisonnière.

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10 mai 2012 4 10 /05 /mai /2012 16:26

 


Nouveau numero Justice climatique Membership

1er mai 2012

Michel LAMBERT

Si vous n’êtes pas vigilants, les médias arriveront à vous faire détester les opprimés et aimer les oppresseurs Malcom X

Il y a quelques jours, on m’a invité à parler de solidarité et de médias citoyens. La thématique est fondamentale et m’intéresse personnellement, notamment parce que j’ai travaillé à plusieurs projets de portails Internet associatifs, et surtout, parce que je crois plus que jamais que les médias citoyens sont indispensables dans notre société où les médias convergés ont clairement choisis de quel côté ils sont. L’évènement qui m’accueillait regroupait autour de 300 personnes ; des jeunes, des femmes, des journalistes, des rédacteurs et des rédactrices, des délégués d’organisations de coopération internationale, etc…

Printemps ÉRABLE !

Inspiré par les circonstances actuelles et surtout par l’étendu des injustices et des résistances incroyables qu’elles suscitent, j’ai entrepris dans ma présentation de faire des liens entre plusieurs faces d’un même problème. J’ai parlé bien évidemment du mouvement étudiant qui est le cœur de ce printemps pas si tranquille. Ce mouvement qui mobilise nos fils et nos filles. Ce mouvement que nos dirigeants, cyniques et soucieux de mater toute une génération qui rêve trop large, réprime injustement et de façon révoltante. Ce mouvement qui ne se bat pas pour économiser $325 dollars annuellement, mais bien pour le principe que l’éducation et le savoir sont des biens communs qui devraient être gérés de manière démocratique, dans l’intérêt de tous, et non au seul bénéfice des mieux nantis ou des entreprise privées. J’ai parlé des syndicats d’enseignants qui les appuient, des groupes communautaires et sociaux qui sont derrière eux, des médias citoyens qui sont au front, respirant les mêmes gaz, encaissant les mêmes matraques et relayant sans cesse l’information.

Et il me fut bien sûr aisé d’expliquer l’incompréhensible et l’inadmissible du fait que Jean Charest demande aux étudiants et à leurs parents de se serrer la ceinture, alors que les scandales de corruption et de collusion se multiplient et alors qu’il s’apprête à dépenser des milliards de dollars, les nôtres, pour aller défricher le Nord au profits des multinationales de l’industrie extractive.

Puis j’ai cité Gabriel Nadeau-Dubois qui, parlant de nos élites politiques, disait récemment : « Ces gens-là (ceux de la hausse, du plan nord, des coupures dans les services, des attaques contre les organisations citoyennes, etc…), c’est une seule élite, une élite gloutonne, une élite vulgaire, une élite corrompue, une élite qui ne voit l’éducation que comme un investissement dans du capital humain, qui ne voit un arbre que comme une feuille de papier et qui ne voit un enfant que comme un futur employé. »

Puis j’ai parlé du 22 mars où 200000 personnes ont pris la rue pour dire ensemble non à cette vision de l’éducation marchandise. Puis du 22 avril où 300000 autres ont aussi pris la rue – et la montagne - pour exiger des Gouvernements du Québec et du Canada leur pleine et entière participation au Protocole de Kyoto et des politiques de gestion des ressources naturelles réorientées radicalement dès maintenant dans le sens du bien commun. Puis de 101 autre évènements et actions…

J’ai parlé de la répression bien sûr, mais j’ai surtout parlé de cette soif de démocratie réelle et de transparence qui ne pourra plus être étanchée par les mensonges habituels. Car le Québec est réellement en marche avec une citoyenneté à reconquérir. C’est le Printemps où les résistances convergent. C’est le printemps où la jeunesse exige que la notion de Bien Commun s’impose au centre de notre démocratie. C’est le printemps érable !!!

Les gens ont applaudi à tout rompre ! Car cette résistance, ils la connaissaient. J’étais au Maroc et ils étaient marocains, algériens, tunisiens, égyptiens, palestiniens, yéménites, irakiens et j’en passe. Le printemps arabe a inspiré le mouvement des indignés en Europe, puis le mouvement « Occupy » aux États-Unis et au Canada. Ce qui se passe au Québec présentement est de la même famille. Et « les arabes » l’ont reconnu.

Nos médias ne sont pas vendus, ils ont été achetés !

Nos médias de masse malheureusement n’y croient pas et ont choisi de ne pas nous le dire. Le 23 mars, au lendemain d’une première mobilisation record, la Presse titrait : « le soutien aux étudiant diminue ». Le 23 avril, 24 heure après le Jour de la terre, le Journal de Montréal écrivait à sa une : « Un rendez-vous manqué »…. Les exemples de ces partis pris abondent.

Nos médias appartiennent à la même « élite » et sont devenus son bras armés dans une lutte à finir pour convaincre un peuple de sa médiocrité. Selon eux, on ne pourrait sérieusement envisager, au mieux, que le changement dans le statut quo. Il n’y aurait d’espoir que dans davantage d’exploitation, davantage d’austérité, davantage de cette « juste part » qu’ils ne font jamais. Les vieux modèles économiques, le capitalisme destructeur, la privatisation du vivant, l’abolition des programmes sociaux seraient les uniques réponses. Nos médias sont les relais, les porte-parole de ce vieux pouvoir. Ils sont légion les « commentateurs » qui ont entrepris de démoniser les individus et les organisations qui sont porteurs d’idées nouvelles ou qui simplement osent s’opposer. Les syndicats seraient à abattre, la CLASSE dangereuse, les groupes contre les gaz de schiste des réfractaire au développement, même un jeune de 20 ans est caricaturé en Bin Laden parce qu’il a rapporté un simple « non » !! Ce n’est rien de moins que pitoyable et ça rien à voir avec la sacrosainte objectivité dont les médias se réclament.

Pour les médias citoyens

Dans ce contexte d’abdication du 4e pouvoir, la place des réseaux sociaux et des médias citoyens est fondamentale. Même si les moyens sont petits en comparaison aux médias de masse, il ne faut pas croire à la petitesse des idées où encore que celles-ci seraient dans la marge. Car l’aspect « viral » des réseaux comme Facebook et Twitter résolvent du moins en partie les difficultés de distribution des organisations citoyennes d’information.

Dans les dernières semaines, les nombreuses prises de position et analyses provenant d’autant de médias jeunes, engagés, communautaires nous ont permis à la fois de prendre conscience de la richesse du milieu médiatique associatif québécois et à la fois de la richesse des idées. Car il est faux de dire qu’il n’y a pas d’alternatives comme il est clair que ceux qui le disent sont ceux ont grand intérêt à ce qu’on le croit.

Les médias communautaires et citoyens promeuvent l’appropriation et l’engagement. Ils nous permettent de mieux comprendre la nécessité du changement et de nous sentir concernés par les analyses et les actions des autres. Il remettent dans son vrai contexte les perspectives des mouvements sociaux alors que les médias de masse font souvent tout pour éviter de parler des réels enjeux.

Comme je le disais à mon audience arabe, il faut multiplier ces analyses citoyennes et épauler tous ces petits et moyens médias communautaires et sociaux qui proposent des alternatives et soutiennent cette nouvelle démocratie en éclosion. C’est bon pour eux, c’est bon pour nous.

Au Journal des alternatives, nous souhaitons contribuer de notre mieux. Nous vous invitons bien évidemment à nous lire, mais surtout à vous investir avec nous et tous les autres qui se dévouent au même travail de diffusion des valeurs citoyennes qui sont les nôtres. Impliquez-vous !

Nous sommes arrivé à ce temps qui commence !! Bonne lecture et bon Printemps !

P.-S.
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10 mai 2012 4 10 /05 /mai /2012 15:21

 

 

LE MONDE | 10.05.2012 à 11h11 • Mis à jour le 10.05.2012 à 17h05

Par Stéphane Foucart

 
L'indication géographique est actuellement obligatoire en Europe pour le b?uf non transformé, le poisson, les fruits et les légumes frais, les ?ufs, le miel et le vin.
 

Le Parlement européen a voté, jeudi 10 mai en séance plénière, le report des "décharges budgétaires" de trois agences de l'Union : l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), l'Agence européenne du médicament (EMA) et l'Agence européenne de l'environnement (EEA).

Cette décision revient à ne pas leur donner quitus de leur gestion, pour l'exercice 2010. Elle constitue un cuisant camouflet, en particulier pour l'EFSA et l'EMA, épinglées pour une gestion contestable des conflits d'intérêts.

Ce vote intervient au lendemain de la publication d'un communiqué de l'EFSA annonçant le départ de sa présidente, Diana Banati, pour "prendre un poste à l'International Life Science Institute [ILSI]", poste "non compatible avec son rôle de membre et de présidente du conseil d'administration de l'EFSA". Mme Banati devient en effet directrice exécutive pour l'Europe de l'ILSI.

Cette organisation regroupe les principaux industriels de la pharmacie, de la chimie, de l'agroalimentaire et de la cosmétique. Elle se présente comme uniquement soucieuse de "fournir la science qui améliore la santé publique et le bien-être", mais les ONG la considèrent comme un lobby avant tout soucieux des intérêts de ses membres (PepsiCo, Monsanto, Unilever, BASF, Bayer, Nestlé, etc.).

 

CONFLITS D'INTÉRÊTS

Cette nouvelle affaire remet sur le devant de la scène les accusations récurrentes de conflits d'intérêts portées par les ONG et certains parlementaires européens contre l'agence basée à Parme (Italie), chargée d'évaluer la sécurité des éléments entrant dans la chaîne alimentaire (pesticides, additifs, résidus d'emballage, etc.).

L'histoire est en réalité ancienne. En septembre 2010, les liens de Mme Banati avec l'ILSI avaient été dévoilés par le député européen José Bové (Europe Ecologie), au cours d'une retentissante conférence de presse tenue à Bruxelles. Mme Banati, qui venait d'être reconduite à la tête du Conseil d'administration de l'EFSA, avait omis de déclarer qu'elle siégeait au conseil de direction de la branche européenne de l'ILSI. Après les révélations de M. Bové, elle avait quitté ce poste et était demeurée au sein de l'agence européenne.

Cela n'avait pas suffi à éteindre la méfiance. "Aujourd'hui, ce nouvel épisode montre que, au cours des deux années qui se sont écoulées, les liens de Mme Banati avec l'industrie sont demeurés intacts, dit M. Bové. C'est la preuve que nos protestations étaient fondées."

Les ONG ne sont pas en reste. "Il est totalement inacceptable que Mme Banati puisse aller directement d'un poste aussi important au sein d'une autorité de régulation à un poste de lobbyiste", a pour sa part commenté Nina Holland, responsable de Corporate Europe Observatory (CEO).

De son côté, la députée européenne Corinne Lepage (Alliance des démocrates et des libéraux pour l'Europe) dit, dans un communiqué, se "féliciter" du départ de Mme Banati, "dont l'implication au sein de l'ILSI est dénoncée depuis deux ans comme un cas flagrant de conflit d'intérêts". "J'encourage l'agence à prendre d'autres mesures pour mettre fin aux situations similaires de conflits d'intérêts impliquant l'ILSI au sein des panels scientifiques et des groupes d'experts", ajoute Mme Lepage.

La directrice générale de l'EFSA, Catherine Geslain-Lanéelle, conteste vivement cette lecture et met en avant les renforcements apportés depuis deux ans à la politique d'indépendance de l'agence. "L'an passé, à 356 reprises, des scientifiques ont été écartés d'une expertise en raison de leurs liens d'intérêts", fait-elle valoir.

Le départ de Diana Banati pour l'ILSI est intervenu au pire moment pour l'agence européenne. Fin mars, la commission du contrôle budgétaire du Parlement européen avait déjà demandé le "report de la décharge budgétaire" de l'EFSA pour l'exercice 2010.

 

REPORT DE LA DÉCHARGE BUDGÉTAIRE DE L'EFSA

Les griefs formulés par la rapporteure, la députée européenne Monica-Luisa Macovei (Parti populaire européen), tiennent précisément à la question des conflits d'intérêts. Son rapport rappelle ainsi que Mme Banati avait omis de déclarer ses liens d'intérêts avec l'industrie en 2010.

Très sévère, il "rappelle à [l'EFSA] que les règles régissant les déclarations d'intérêts devraient également être accompagnées d'une série de conséquences à appliquer lorsque ces règles ne sont pas respectées", et souligne que l'agence "devrait se concentrer sur l'intérêt public dans sa prise de décision indépendante, en tenant compte de toutes les données et informations pertinentes". Ce "report de la décharge budgétaire" de l'EFSA, a finalement été rendu effectif par le vote du Parlement en séance plénière.
 

"Je me réjouis du vote du Parlement, dit au Monde Mme Lepage. Il y a deux ans, nous n'étions pas plus d'une vingtaine à avoir coté le report des décharges de l'EFSA, nous étions quelque 150 l'an dernier, aujourd'hui, le report a été adopté à la majorité : cela montre que nous pouvons penser sur les règles du jeu et contribuer à les changer."
 

"Les conflits d'intérêts au sein d'agences européennes en charge de la santé des citoyens sont devenus une évidence que le Parlement n'accepte plus", a pour sa part commenté M. Bové qui a appelé l'agence à "se réformer en profondeur".

Toutefois, Mme Lepage indique qu'à ses yeux, le report de la décharge budgétaire de l'EEA n'a pas la même valeur que ceux de l'EFSA et de l'EMA, ces deux dernières étant en situation d'émettre des opinions sur des produits (médicaments, additifs alimentaires, OGM, etc.), ce qui n'est pas le cas de l'EEA.

Stéphane Foucart

 

 

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9 mai 2012 3 09 /05 /mai /2012 21:30

Le Monde.fr | 09.05.2012 à 20h34 • Mis à jour le 09.05.2012 à 20h39

 
 

 

Des étudiants en petite tenue défilent dans les rues de Montréal le 3 mai 2012 pour protester contre l'augmentation des frais d'inscription à l'université

 

Après treize semaines de grève, un accord avait été trouvé le 5 mai entre le gouvernement et les étudiants québécois au sujet de l'augmentation des frais de scolarité. Trois jours plus tard, l'accord est finalement rejeté par les associations étudiantes. La grève a depuis repris dans plusieurs universités, prolongeant le conflit le plus long de l'histoire du Canada.

  • Pourquoi les étudiants font-ils grève ?

Au plus fort du conflit, près de la moitié des étudiants de la province, soit 180 000, étaient en grève "illimitée" pour empêcher une hausse de 75 % des droits d'inscription sur cinq ans. Les grévistes souhaitent faire revenir le gouvernement sur sa décision d'augmenter d'ici à 2017 les frais de scolarité de près de 2 200 dollars canadiens (environ 1 700 euros) par an à près de 3 800 dollars (3 000 euros). Il en va de l'accessibilité de tous aux études supérieures, expliquent-ils. Pourtant, même augmentés, ces frais resteront largement inférieurs à la moyenne canadienne. En Ontario, dans la province voisine, ils sont déjà trois fois plus élevés.

A lire : "Après douze semaines de grèves, les négociations s'ouvrent avec les étudiants Québecois"

A lire : "Au Québec, une grève étudiante paralyse les universités"

  • Comment se sont déroulées les négociations ?

Le premier effort de dialogue a été entamé lundi 23 avril. Il s'est soldé par un échec moins de 48 heures plus tard, la ministre de l'éducation, Line Beauchamp, excluant l'un des trois groupes d'étudiants grévistes, sous prétexte qu'il ne respectait pas une trêve exigée pour négocier.

Le vendredi 27 avril, Jean Charest, le premier ministre du Québec a fait une offre aux grévistes, leur proposant l'étalement de la hausse des frais sur sept ans au lieu de cinq et un élargissement de l'accès aux prêts étudiants. Pas suffisant, tranchent alors les manifestants. Après de violentes émeutes le 4 mai à Victoriaville, faisant deux blessés graves, les deux parties arrivent finalement à un accord le 5 mai.

  • En quoi consiste l'entente du 5 mai ?

Au terme de l'accord, les droits de scolarité à l'université vont, comme prévu, augmenter de 1 780 dollars sur sept ans (environ 254 dollars/an). En contrepartie, les frais annexes imposés aux étudiants par les universités seraient réduits en fonction de potentielles économies. Un conseil provisoire scrutera les dépenses des universités dans le but de trouver des économies substantielles.

  • Pourquoi l'accord a-t-il été rejeté par les associations étudiantes ?

C'est sur le dernier point de l'accord que des divergences majeures sont apparues, renforcées par des déclarations faites depuis l'accord par Jean Charest et la ministre de l'éducation, Line Beauchamp, qui ont affirmé qu'il pourrait bien ne pas y avoir de diminution des frais annexes. La plupart des assemblées étudiantes qui étaient appelées hier à se prononcer dans une dizaine d'institutions ont rejeté l'accord de principe, reconduisant la grève. Des manifestations étudiantes ont eu à nouveau lieu à Montréal lundi 7 et mardi 8 mai, sans incidents majeurs.

 


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