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4 novembre 2012 7 04 /11 /novembre /2012 15:28

 

france24.com - 31/10/2012 

Par Electron Libre

 

 

Organiser une action collective mondiale de résistance contre toutes les formes de dettes : c’est l’objectif affiché du mouvement « Strike Debt » affilié à « Occupy Wall Street ».

Utilisant le slogan « nous se sommes pas un crédit », les membres du collectif s’attaquent directement aux institutions financières mondiales qu’ils accusent d’être responsables de la crise économique que traverse le globe actuellement. Dans ce communiqué largement relayé sur la Toile, les responsables de « Strike Debt » estiment ainsi que la grande majorité des dettes qui pèse sur les citoyens américains est illégitime et devrait tout simplement être effacée. Ils invitent donc leurs compatriotes à ne pas s’en acquitter et espèrent que ce mouvement finira par se propager à l’international.

Et signe que l’opération a été pensée dans ses moindres détails, le site du mouvement propose un petit guide pratique de la résistance contre la dette. Un document d’une centaine de pages qui fournit diverses informations sur comment négocier son découvert de carte de crédit ou encore sur les risques encourus si l’on ne rembourse pas son emprunt étudiant…

Plusieurs actions symboliques ont également d’ores et déjà été organisées par les membres du mouvement. En septembre dernier par exemple, quelques habitants de New-york se sont réunis pour brûler leurs dettes en public comme le montre cette vidéo qui circule en ligne.

Et pour rappeler à tous ceux qui ont des problèmes de dettes qu’ils ne sont pas seuls, le mouvement « Strike Debt » a annoncé le lancement d’un projet le 15 novembre prochain baptisé « Rolling Jubilee ». L’idée consiste à faire racheter légalement par ceux qui n’en ont pas les dettes personnelles de ceux qui croulent sous les remboursements. Une initiative dont l’objectif principal est clairement de créer un lien de solidarité entre les citoyens, sans tenir compte de leur situation financière.

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4 novembre 2012 7 04 /11 /novembre /2012 13:47

 

 

 

 

La militante basque française Aurore Martin, recherchée par Madrid, a été interpellée jeudi 1er novembre dans les Pyrénées-Atlantiques. Elle a été aussitôt livrée à la police espagnole. Aurore Martin était visée depuis le 13 octobre 2010 par un mandat d'arrêt européen émis par un magistrat madrilène pour « faits de participation à une organisation terroriste, et terrorisme ». En l'occurrence : avoir participé en Espagne à des réunions publiques comme membre du mouvement Batasuna, un mouvement politique reconnu en France mais interdit en Espagne...

La jeune militante de 33 ans a été interpellée jeudi par des gendarmes à l'occasion d'un contrôle routier « fortuit » à Mauléon (Pyrénées-Atlantiques), non loin de Pau, selon la gendarmerie et le parquet de Bayonne. Sa remise à la police espagnole a aussitôt déclenché une vive polémique. Plusieurs élus protestent contre ce qu'ils considèrent comme une « provocation » du ministère de l'intérieur.

« Cette situation est ubuesque, incompréhensible en plein processus de paix », a réagi Kotte Ecenarro, vice-président socialiste du conseil général des Pyrénées-Atlantiques, évoquant le renoncement à la lutte armée par l'ETA depuis un an. « Ça tourne à la provocation de la part des gouvernements français et espagnol », a-t-il ajouté. L'adjointe écologiste au maire de Bayonne, Martine Bisauta, met en cause Manuel Valls, notant que le ministre de l'intérieur avait donné le ton, lundi, lorsqu'il a promis de mener une politique de « fermeté » contre l'ETA tant que le mouvement indépendantiste n'aurait pas déposé les armes.

« Le décor a été planté les jours précédents, ce n'est pas un hasard », a déclaré Mme Bisauta : « C'est dramatique (...). C'est une prise de risque qui pourrait créer des conditions de violence. » La députée PS des Pyrénées-Atlantiques Colette Capdevielle souligne que « le délit qui est reproché n'existe pas dans le droit pénal français », et que le mandat a été appliqué alors que « des choses importantes se sont passées », évoquant aussi « le processus de paix ». « C'est un mauvais signe pour la paix, a réagi, du côté de l'UMP, Max Brisson. La société civile du Pays basque et bon nombre d'élus ont dit combien ils pensaient que ce mandat d'arrêt était disproportionné par rapport aux faits reprochés à Aurore Martin. »

Mediapart avait rencontré Aurore Martin en juin 2011, lorsqu'elle avait fait le choix de sortir de la clandestinité. Nous republions ci-dessous l'entretien qu'elle nous avait alors accordé (lire notre Boîte noire).

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D'ici quelques jours, Aurore Martin va réapparaître au grand jour. En décembre 2010, cette militante basque de 32 ans, membre du mouvement Batasuna, a décidé de se cacher. Visée par un mandat d'arrêt européen délivré à son encontre par l'Espagne, validé en décembre par la Cour de cassation, elle risque d'être remise aux juges espagnols qui la réclament pour sa participation à plusieurs réunions publiques au Pays basque.

Les faits qui lui sont reprochés se limitent à une expression politique indépendantiste. Ils n'en sont pas moins qualifiés de « terrorisme » par les autorités espagnoles. Après avoir interdit Batasuna en 2002, elles ont ouvert depuis lors une enquête sur ce mouvement. Tout en effectuant des investigations à la demande de l'Espagne, la France, elle, n'a jamais interdit Batasuna. L'exécution d'un mandat européen peut être refusée s'il a été émis dans le but de poursuivre une personne en raison de ses opinions politiques (lire la Boîte noire de cet article).

Malgré la forte mobilisation en sa faveur, Aurore Martin craint d'être rapidement envoyée en Espagne. Elle s'est confiée en exclusivité à Mediapart et au Journal du Pays basque.


 


Mediapart : Voilà six mois que vous vous cachez…

Aurore Martin : Oui. Pendant six mois, j'ai bougé de maison en maison, de famille en famille. Voilà. Je pense que je suis aussi arrivée aux limites de ce que je suis prête à accepter. Six mois, c'est déjà long. J'envisage bientôt mon retour. Dans les jours, dans les semaines qui viennent, comment il se fera je ne sais pas encore, mais je compte revenir à la vie publique, à ma militance publique, et faire une apparition publique.

Un réseau s'est mis en place pour m'héberger, pour m'habiller, pour donner des nouvelles à ma famille, pour tout ce qui est technique, humain. Sans ce réseau de solidarité, je n'aurais pas fait ce choix-là. Même si c'est un choix personnel. C'est une vie difficile. Isolée. J'ai dû me couper de tout mon entourage, de ma famille, de mes amis. C'est très dur. Vous êtes votre propre gardien de prison… Ce n'est pas quelque chose qu'on envisage comme ça. Si j'avais pu, je ne l'aurais pas fait.

Quelles sont les charges retenues contre vous ?

Je suis accusée d'association de malfaiteurs, donc d'actes terroristes, pour le seul délit de m'être exprimée publiquement lors de différents événements, au nom de ma formation politique. Il y a un article d'opinion que j'ai écrit et signé avec un autre militant dans le journal Gara, journal diffusé au Pays basque. Un meeting à Pampelune où nous avons expliqué notre projet politique, ce n'est pas un projet de martien, et un autre meeting, à Uztaritz (côté français – ndlr). J'ai participé aux deux.

Ce qui m'est reproché, c'est d'avoir pris la parole et fait l'introduction du meeting où je contextualise 30 ans d'histoire du Pays basque. Je ne dis rien d'exceptionnel. A l'époque, nous étions en période de processus de paix. Donc, nos déclarations sont en faveur d'un processus de paix... Le contenu, je ne vois pas ce qu'il a de gênant. Une lettre dans le journal, une réunion publique et une conférence de presse du bureau national de Batasuna, au lendemain du cessez-le-feu, où l'on se réjouit des négociations qui pourront se mettre en place. Le contenu ne choque personne, a priori.

Mais la cour d'appel de Pau puis la Cour de cassation ont validé ces motifs…

Oui, alors qu'en principe, le mandat d'arrêt européen n'est pas applicable en cas de délit d'opinion. Or ce sont des délits politiques. Les délits qui sont reprochés ont été filmés, retransmis à la télé. On nous a laissés faire ces meetings, on nous a laissés faire ces conférences de presse. Cela a été relayé au nouveau médiatique. Il n'y a aucun problème avec le contenu et avec le fait que ce soit moi.

Vous n'avez pas pu faire entendre ces arguments…

J'ai senti que c'était un peu de la mascarade. Durant toute la procédure, on ne m'a interrogée qu'une seule fois. Le jour de l'audience, j'ai eu trois minutes pour m'expliquer. Même chez le procureur, on ne m'a jamais parlé. Jamais on ne m'a posé de questions. Tout ça était très frustrant pour moi, parce que je sentais que je n'avais pas d'espace de défense. Et même mon avocate, très peu. Les raisons de mon incarcération sont ridicules. Je l'ai quand même précisé le jour de l'audience au tribunal. J'ai eu l'impression que, depuis le début, je me soumettais un peu à tout ça.

 

Avec ce mandat d'arrêt, la France crée un précédent

Et vous n'avez pas été informée de l'audience de cassation…

Je n'ai pas eu la date de la cassation. Ça m'intéressait pourtant d'y aller. Ça sert à quoi de faire des recours juridiques, si vous n'êtes même pas présent, et même pas au courant. La Cour de cassation connaît mon adresse pour m'envoyer, une semaine avant, un courrier qui me donne la facture de ma plausible audience devant la cour. Combien me coûte mon recours: 368 euros, j'ai le courrier à la maison. Mais dans ce courrier, il n'y a aucune mention de la date d'audience, et par la suite, je n'ai pas reçu d'autre courrier. On sait où me joindre pour me réclamer de l'argent. Mais pas pour m'auditionner. Je comprends bien que cela dépasse le cadre juridique. Ce sont des choix politiques, des Etats français et espagnol.

Quelle est la peine encourue en Espagne pour les délits qui vous sont reprochés ?

La peine maximale requise est de douze ans. C'est ce qu'ils pourraient demander. Ce n'est pas forcément ce qu'ils mettraient en application. Mais c'est la peine qui est requise pour un délit d'opinion. Beaucoup de gens sont en prison pour du délit d'opinion. Ils n'ont pas pris douze ans, mais deux, trois, quatre, six ans... Mais c'est beaucoup.

Avec la fin de votre clandestinité que peut-il se passer demain ?

La France mettra en application son mandat d'arrêt européen. J'ai fait tous les recours juridiques possibles. Je n'ai plus de recours, à moins d'une décision politique de Paris, qui n'arrivera jamais concrètement. Donc, il n'y a aucun moyen que j'échappe à l'extradition. Je sais que je vais être extradée.
Je serais présentée à Madrid, on verra ce qui se passera à Madrid. Je suis consciente que je vais faire de la prison. Ce qui est sûr, c'est que je ne vais pas me rendre.

La mobilisation en votre faveur est forte au Pays basque. Elle pourrait peut-être encore empêcher votre transfert ?

Pour moi, il est possible que la mobilisation ici influe la décision de Madrid. Mais pas de Paris. Paris a dit oui. La France, le système judiciaire français et les courants politiques français ont dit oui. Désormais, ça se joue à Madrid.

Ce qu'ils n'ont peut-être pas mesuré, c'est qu'on ne peut pas appliquer un mandat d'arrêt pour des faits politiques. Pourtant, il s'applique pour moi. C'est un précédent en France. J'ai créé un précédent. C'est que demain n'importe quel pays pourra réclamer un ressortissant français pour x raisons. Au niveau politique, c'est grave.

 

Dans la deuxième partie de cet entretien, Aurore Martin revient en video sur son parcours militant.


Entretiens avec Aurore Martin. Images : Karl Laske. Montage : Aurélien Pic.

 


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1 novembre 2012 4 01 /11 /novembre /2012 15:58

 

 

Le Monde.fr avec AFP | 01.11.2012 à 15h03 • Mis à jour le 01.11.2012 à 15h05

 

 

A Paris, sur les mille deux cents appels que reçoit le SAMU social chaque soir, quatre cents restent sans solution.

Le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a déclaré, jeudi 1er novembre, qu'il recevrait "dans quelques semaines" un inventaire des bâtiments pouvant être réquisitionnés afin d'y loger des personnes sans domicile, lors d'une visite d'un centre gérant les appels au SAMU social à Créteil. "Si les besoins le nécessitent, nous le ferons, mais ça passe par cette étape qui est celle de l'inventaire des bâtiments disponibles", a indiqué M. Ayrault.

"C'est le travail que j'ai demandé à [la ministre du logement] Mme Duflot de faire, elle est en train de faire un inventaire des bâtiments disponibles, ça sera souvent des bâtiments appartenant à des institutions, des administrations, des grandes entreprises", a-t-il ajouté. "Cet inventaire est en cours, nous en aurons le résultat dans quelques semaines, ensuite autant que de besoin nous prendrons nos décisions, s'agissant bien sûr de le faire dans le respect du droit et de la propriété, mais les lois existent et nous entendons les appliquer", a-t-il ajouté.

 

Lire aussi : Réquisition de logements vacants : une procédure rarement utilisée


La ministre du logement, Cécile Duflot, avait annoncé le 27 octobre qu'elle n'excluait pas de réquisitionner des logements vacants. Une annonce faite alors que les températures ont fortement chuté et que les demandes d'hébergement d'urgence sont en forte hausse depuis quelques semaines. A Paris, sur les mille deux cents appels que reçoit le SAMU social chaque soir, quatre cents restent sans solution.

 

Lire : Mal-logés : Duflot confirme d'éventuelles réquisitions d'immeubles


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31 octobre 2012 3 31 /10 /octobre /2012 22:23

 

 

Rue89 - Sur le terrain 31/10/2012 à 21h41
Sophie Verney-Caillat | Journaliste Rue89

 

 

(De Notre-Dame-des-Landes) Ce mercredi matin, un drôle de dialogue s’est engagé à Notre-Dame-des-Landes : d’un côté, les manifestants qui luttent contre la construction d’un nouvel aéroport ; de l’autre, le directeur de cabinet du préfet de Loire-Atlantique, Patrick Lapouze, qui commandait les opérations policières sur le terrain. Chacun a tenté de raisonner l’autre.

 

 

Pour justifier les jets de pierre, la rhétorique des manifestants est bien rodée :

« Ce n’est pas de la violence, mais de la contre-violence. On résiste aux agresseurs. »

Celle de la préfecture aussi :

« Les forces de l’ordre apportent leur concours aux huissiers afin de faire appliquer la décision de justice contre ces occupations illégales. Il s’agit de rétablir l’ordre républicain, de faire appliquer la loi. »

Mais doit-on appliquer les ordres quand ils sont illégitimes ? C’est en substance ce que les manifestants ont demandé au directeur de cabinet.

Quand le grand commis de l’Etat tombe le masque et raconte qu’il mange bio, il se fait traiter de « bobo » en retour. Difficile de faire entendre à ces manifestants qu’ils feraient mieux de gentiment pétitionner pour demander que soit revu le projet d’aéroport.

Barricades contre grenades lacrymogènes

La guérilla champêtre entamée le 16 octobre à Notre-Dame-des-Landes se poursuit. La nuit, les opposants à l’aéroport construisent des barricades pour protéger leurs maisons et leurs cabanes. Au petit matin, les forces de l’ordre détruisent les barricades, font reculer les opposants à coups de grenades lacrymogènes. Ceux-ci lancent des pierres, à la main ou avec des frondes.

Parfois, comme ce mardi matin, les gendarmes lancent des grenades détonantes et utilisent des flashballs. Il arrive aux insurgés d’envoyer des cocktails Molotov sur les véhicules envoyés par le conseil général pour déblayer les routes.

Sur place, j’ai entendu courir beaucoup de bruits, invérifiables : des flashballs auraient été utilisés à tir tendu sur les parties sensibles des manifestants, des gendarmes auraient lancé des bouteilles sur les manifestants... Ce mercredi, le seul blessé officiellement déclaré est un gendarme, qui est tombé d’un arbre en allant déloger un manifestant.

 

 

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31 octobre 2012 3 31 /10 /octobre /2012 16:21

 

Le Monde.fr avec AFP | 31.10.2012 à 16h46

 


 

La Cour d'appel de Versailles a ordonné mercredi 31 octobre à l'enseigne de bricolage Bricorama de ne plus ouvrir le dimanche en Ile-de-France sans avoir obtenu de dérogation, confirmant ainsi un jugement en première instance. L'enseigne, qui emploie 2 614 salariés dans ses 95 magasins français, dont une trentaine en Ile-de-France, compte 300 collaborateurs réguliers travaillant le dimanche.

Dans son arrêt, la cour d'appel confirme le jugement de première instance, qui "fait interdiction à la société Bricorama France d'employer des salariés le dimanche dans tous les magasins visés par les demandeurs sans avoir obtenu au préalable une dérogation administrative".

Le groupe Bricorama a indiqué à l'AFP vouloir se pourvoir en cassation et avoir déposé des référés pour faire condamner pour concurrence déloyale "tous les autres magasins de bricolage ouvrant le dimanche".

 

 ASTREINTE DE 30 000 EUROS PAR ÉTABLISSEMENT

En janvier, à la demande du syndicat Force ouvrière et au nom du respect du repos dominical, "moment essentiel pour se retrouver en famille et se reposer", Bricorama avait été condamné à ne plus ouvrir le dimanche sous peine d'une astreinte de 30 000 euros par établissement.

L'enseigne avait fait appel de cette décision qui s'appliquait à l'ensemble de ses magasins en Ile-de-France. Elle avait dénoncé une "injustice", rappelant que le bricolage, troisième loisir des Français, était exclu de la liste des commerces autorisés le dimanche, contrairement à l'ameublement et au jardinage. Malgré le caractère non suspensif de son appel, le groupe, qui réaliserait 15 % de son chiffre d'affaires le dimanche, avait décidé de maintenir coûte que coûte ses ouvertures dominicales.

Constatant que l'interdiction avait été bravée, le syndicat FO avait de nouveau saisi le tribunal de grande instance de Pontoise pour réclamer la liquidation des astreintes. Cela représente au total le versement d'un peu plus de 18 millions d'euros, c'est-à-dire 30 000 euros pour chacun des 30 magasins sur une vingtaine de dimanches. Le tribunal avait finalement décidé mi-septembre de surseoir à statuer, en attendant la décision de la cour d'appel.

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30 octobre 2012 2 30 /10 /octobre /2012 17:37

 

Rue89 - En direct 30/10/2012 à 12h29
Camille Polloni | Journaliste Rue89

 

 

Les forces de l’ordre sont intervenus toute la journée dans la « zone à défendre », où les opposants à l’aéroport protègent leurs cabanes et leurs barricades.

Troisième vague d’évacuation des anti-aéroport en deux semaines, l’opération de police à Notre-Dame-des-Landes a commencé à la maison du Sabot vers 7h30 du matin. Cyril Bouligand, agriculteur de la Confédération paysanne, y était quand le gaz lacrymogène s’est répandu dans le bocage.

« Il y a un camion de la DDE [direction départementale de l’équipement, ndlr] et un tractopelle », raconte-t-il dans l’après-midi. Les engins de chantier déblaient les barricades installées par les manifestants ces derniers jours : pneus, troncs d’arbre, objets en tous genres ont été placés sur la route pour retarder l’arrivée des gendarmes.

En vain, admet un militant qui a passé le week-end sur place : « Malgré les efforts déployés pendant 48 heures pour barrer le chemin à la police, nos barrages ont été facilement défaits. » Des agriculteurs en tracteurs sont venus prêter main forte aux occupants de la Zone à défendre dès le matin.

Toute la journée de mardi, les gendarmes ont progressé pour détruire les cabanes et vider les maisons du Sabot et de La Saulce. Ils se sont heurtés aux « violentes attaques » d’une opposition « très déterminée » selon la préfecture.

Un « Impact dévastateur » pour Dominique Voynet

Cyril Bouligand relativise : « il y a eu un peu de bagarre ce matin, un caillou de temps en temps et des œufs pourris, c’est une violence très relative ». Les deux camps déplorent des blessés, au moins trois chez les manifestants et sept chez les gendarmes, qui ont fait usage de grenades explosives, grenades à poivre et flashballs.

La question de l’aéroport cristallise les tensions entre Verts et socialistes au sein même du gouvernement. « J’ai eu le sentiment que François Hollande était conscient de l’impact dévastateur des images de guerre civile à Notre-Dames-des-Landes », avance Dominique Voynet qui a parlé au Président mardi matin.

Les démolitions et les évacuations devraient se poursuivre dans les prochains jours. Dans plusieurs villes de France, plusieurs manifestations d’opposants à l’aéroport ont déjà eu lieu ou sont prévues avant la grande « manifestation de réoccupation » du 17 novembre.

Minute par minute

17h20. Etat des lieux par Ouest-France : il resterait trois points de tension en fin d’après-midi.

« Les gendarmes sont en train de prendre le contrôle d’une barricade située au nord d’une maison (La Saulce). [...]

Un peu plus au nord, à hauteur de la forêt de la Lande de Rohane se trouve une tranchée creusée par les jeunes occupants de la zone. C’est le nouvel objectif des gendarmes. [...]

La situation est également tendue au Sabot, lieu symbole de la résistance à l’aéroport, menacé d’expulsion. »

17 heures : Photo d’une benne dans laquelle sont entassés les pneus à La Saulce. Toutes les cabanes alentour ont été détruites, l’évacuation des gravats est en cours.


Benne à barricades (Sophie Caillat/Rue89)

16h50. « Alors César, tu patauges ! » : banderole sur une cabane près de La Saulce, envoyé par Sophie Caillat de Rue89. « César » est le nom de l’opération policière déployée à Notre-Dame-des-Landes.


Cabane à Notre-Dame-des-Landes (Sophie Caillat/Rue89)

16h45. Une quinzaine d’élus d’Europe-écologie-Les Verts sont arrivés à Notre-Dame-des-Landes en soutien aux agriculteurs.

16h40. Pour comprendre la topographie de la Zone à défendre, vous pouvez vous reporter à notre carte.


Carte des barricades de Notre-Dame-des-Landes (Rue89)

16h35. Un opposant qui s’est rendu à Notre-Dame-des-Landes ce weekend raconte l’organisation côté manifestants :

« Il y a des gens qui habitent sur la ZAD depuis deux ou trois ans, d’autres qui y passent un mois ou deux et d’autres comme moi, qui passent pour le weekend.

Cela crée différents niveaux d’organisation, en fonction des compétences des uns et des autres, de leurs envies et du temps qu’ils restent. C’est intéressant de voir comment ça fonctionne.

L’ambiance était plutôt à la guerre des boutons qu’à la guerre sociale : tous en bottes dans les champs pour couper du bois. Malgré les efforts déployés pendant 48 heures pour barrer le chemin à la police, nos barrages ont été facilement défaits. »

16h10. Nouveau bilan de l’agence de presse Sipa : sept gendarmes mobiles (et toujours trois manifestants) auraient été blessés.

16h05. A Saint-Brieuc, une petite manifestation vient de se tenir devant le siège du Parti socialiste.

15h55. Sophie Caillat, de Rue89, vient d’arriver sur place. Elle voit « un hélicoptère dans le ciel, un feu dans la forêt de Rohan » et compte « deux cents personnes à la manifestation appelée par la coordination des opposants » à l’aéroport.

15h45. Cyril Bouligand, jeune agriculteur de la Confédération paysanne, est arrivé au Sabot (le premier lieu investi par la gendarmerie) à 7 heures du matin :

« Ce matin les forces de l’ordre nous ont poussés dans le champ à coup de lacrymos. Ils sont toujours en train de libérer le terrain en enlevant les barricades (faites de foin, de terre, de pneus, un peu de tout) mais n’ont pas touché à la maison pour l’instant. Il y a un camion de la DDE (Direction départementale de l’équipement) et un tractopelle.

Là je suis à 100 mètres du Sabot, avec une trentaine de tracteurs. On occupe un certain nombre de gendarmes mobiles qui nous empêchent de nous rapprocher de la maison. »

Il commente le communiqué de la préfecture :

« Je trouve qu’ils exagèrent sur la violence, il y a eu un peu de bagarre ce matin, un caillou de temps en temps et des œufs pourris, c’est une violence très relative.

Depuis quinze jours, les différentes tendances de la lutte se sont plutôt rapprochées. La solidarité entre les paysans et les gens de la ZAD s’accroît. »

15h30. Quelques images de France 3 Pays de la Loire sur les événements de mardi matin.

 

 

 

15 heures : Joint par téléphone, Jean-Philippe Magnen, porte-parole national d’Europe-écologie-Les Verts et vice-président du conseil régional des Pays de la Loire affirme qu’il n’y a « aucune ambiguité » sur l’opposition de son parti au projet d’aéroport :

« Dès les premières évacuations nous avons dénoncé la démesure des moyens et les méthodes employées, choquantes et contre-productives. Ce n’est ni utile ni souhaitable.

Il y a des divergences avec le Parti socialiste : l’EPR et ce projet d’aéroport. Nous ne sommes pas socialistes et ils ne sont pas écologistes.

Malgré tout nous avons choisi de former cette coalition gouvernementale, mais ça ne remet pas en cause notre position. Le PCF est pour l’aéroport, le Parti de gauche est contre, et pourtant le Front de gauche existe ! Nous soutenons les opposants non-violents et menons le combat sur le terrain politique. »

 

14h40. Ouest-France publie une vidéo d’une maison en cours de destruction. (*vidéo visible sur le site de Rue89)

 

 

14h35. Dominique Voynet revient sur sa discussion avec François Hollande au sujet de l’aéroport :

« J’ai eu le sentiment que François Hollande était conscient de l’impact dévastateur des images de guerre civile à Notre-Dames-des-Landes. »

14h30. Des opposants au projet de Notre-Dame-des-Landes font circuler une liste de pads (documents collaboratifs) pour s’organiser : comptes Twitter qui suivent l’évacuation, images militantes, agenda des rassemblements et tentatives de covoiturage. Une « manifestation de réoccupation » est prévue le 17 novembre.

14h15. Gaël, occupant de la ZAD, fait un point sur la situation par téléphone. Il se trouve près de La Saulce :

« Depuis environ une demi-heure, trois pelleteuses se sont frayé un chemin vers la maison, qui ne doit plus ressembler à grand-chose à l’heure qu’il est.

Autour, au moins deux cabanes dans les arbres qui étaient vides ont déjà été détruites. Reste celles qui sont occupées : les gens n’ont pas l’intention de partir.

Parmi les opposants présents aujourd’hui il y en a qui sont clairement non-violents, par exemple une brigade activiste de clowns et une batucada.

Certains d’entre nous font la navette entre les groupes avec du sérum physiologique et du Maalox contre les gaz lacrymogènes, d’autres s’occupent de la nourriture ou de la circulation des informations. »

 

13h40. Ouest-France a publié la vidéo d’un opposant à l’aéroport prenant à partie les gendarmes, les accusant de complicité et leur demandant d’abandonner le terrain.(A voir sur le site de Rue89)

 

ans un communiqué, l’organisation écologiste Greenpeace « condamne les nouvelles évacuations brutales en cours sur le site du projet d’aéroport Notre-Dame-des-Landes et apporte son soutien aux opposants présents sur place. »

13h35. D’après l’agence de presse Sipa, sept personnes auraient été blessées depuis le début de l’opération de police ce mardi matin : trois manifestants et quatre policiers ou gendarmes.

13h25. La maison de La Saulce (voir la carte) serait en cours d’évacuation avant démolition.

13h15. Rappel : Plusieurs articles sur Notre-Dame-des-Landes ont déjà été publiés sur Rue89. Vous pouvez lire :

Ou consulter le tag « Notre-Dame-des-Landes ».

13h05. Sur son site internet, le quotidien Presse Océan publie plusieurs vidéos du face-à-face de ce mardi entre gendarmes et manifestants.

 

13 heures. D’après un collectif d’opposants à l’aéroport, des grimpeurs tenteraient de déloger les opposants montés sur le toit du Sabot.

12h55. Les gendarmes sont accompagnés de machines de démolition.

 

12h50. D’après le site internet 7seizh.info, qui suit en direct la mobilisation :

« Les manifestants de la confédération paysanne et les opposants de la ZAD sont têtes contre casques devant les CRS. La situation est hyper tendue. Les manifestants chantent “ La Blanche Hermine ” devant les forces de l’ordre. »

12h45. La préfecture de Loire-Atlantique a publié un communiqué sur l’opération en cours :

« La troisième [phase d’intervention] intervient ce jour sur le site bâti au lieu dit la Saulce à Vigneux-de-Bretagne et sur les squats non bâtis du Sabot, des 100 Chênes sur cette même commune et sur la Lande de Rohanne à Notre-Dame-des-Landes.

L’engagement des travaux a nécessité au préalable la suppression d’obstacles de type barricades (enflammées pour certaines) et de tranchées construites par les opposants dans les deux derniers jours.

Ces interventions se sont déroulées face à des opposants très déterminés dont le nombre a notablement augmenté ce week-end suite aux nombreux appels relayés sur les sites internet.

Les forces de l’ordre ont du faire face à de violentes attaques par jets de projectiles et éloigner les groupes d’assaillants par l’usage de lacrymogènes. La déconstruction des squats se poursuit sous la protection des forces de l’ordre. »

12h40. La question de l’aéroport cristallise les tensions entre Verts et socialistes. Dominique Voynet, maire écologiste de Montreuil-sous-Bois (93), dit s’être adressée directement à François Hollande pour lui faire part de « notre incompréhension face à la répression »

Marine Tondelier, candidate écologiste à Hénin-Beaumont pour les législatives se dit « impatiente d’être sur place pour soutenir physiquement la ZAD [Zone à défendre] ».

12h10. Ce mardi matin, les forces de l’ordre ont lancé une nouvelle opération pour évacuer les opposants au projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, près de Nantes. Envoyez-nous vos témoignages, photos et vidéos.

Au courant dès lundi soir, les militants avaient creusé des tranchées et construit des barrages pour ralentir la progression des gendarmes. Ceux-ci ont lancé des grenades explosives, à poivre et lacrymogènes, et fait usage de flashballs. France 3 parle de « scènes de guérilla » et les deux camps déplorent des blessés. Un hélicoptère survole la zone.

Les affrontements se concentrent autour du lieu appelé Le Sabot. Une vingtaine de tracteurs, qui se sont réunis vers 10 heures devant la mairie de Notre-Dame-des-Landes, ont pris la direction du Sabot. Arrivés à proximité, ils ont reçu l’ordre d’évacuer de la part des forces de l’ordre.

Sophie Caillat, journaliste à Rue89, est en route vers la zone d’évacuation.

Sur Twitter, les messages consacrés à l’évacuation sont réunis sous le hashtag #NDDL.

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29 octobre 2012 1 29 /10 /octobre /2012 23:16

 

Bastamag - Lettre ouverte

Par Rédaction (30 octobre 2012)

 

Alors que les affrontements s’intensifient entre forces de l’ordre et résistants au projet d’aéroport, Patrick Warin, énarque et ancien directeur à la Caisse des Dépôts et Consignations, s’indigne. Dans une lettre ouverte à François Hollande, il démontre l’absurdité du projet, que seule une « mégalomanie ridicule » semble justifier. « Ceux de Notre Dame des Landes et ceux du Larzac sont de la même trempe de Français, nous serons des millions à les soutenir pour qu’on les écoute », lance-t-il à son ancien collègue de promo à l’ENA.

 

 

 

 

Lettre ouverte à Monsieur François Hollande, Président de la République,

De la part de Patrick Warin, ancien élève de l’ENA, Promotion Voltaire, ancien Directeur à la Caisse des Dépôts et Consignations, Professeur associé aux Universités, membre de Démocratie 2012.

Monsieur le Président, mon cher camarade, cher François,

J’ai décidé de vous adresser cette lettre, écrite ce matin du 30 octobre, alors qu’une nouvelle opération de police de grande envergure se déroule à quelques dizaines de kilomètres d’Angers, mon lieu de résidence, ville et région qui vous sont également familières.

Sur le territoire prévu pour accueillir le futur aéroport de Nantes/Grand Ouest des hommes et des femmes qui, pour l’écrasante majorité d’entre eux ont voté pour vous, doivent se confronter une nouvelle fois à un déploiement de forces de police dépêchées par un gouvernement de gauche, dirigé par l’ancien maire de Nantes. Alors que depuis des années ces femmes et ces hommes, tous non violents, tous soutenus par une solidarité locale, régionale et nationale demandent simplement à être entendus au-delà des procédures légales et formelles dont ils estiment à juste titre qu’elles ont été menées de manière tronquées, et trompeuses, la seule réponse que votre gouvernement leur apporte est celle de l’emploi de la force. Cette attitude, Monsieur le Président, cher camarade est inacceptable.

 

Le PS est en train de s’isoler

Parmi bien d’autres, je me suis engagé pour assurer votre élection, puis vous garantir une majorité solide. Dans notre circonscription du Maine et Loire tenue par la droite depuis plusieurs dizaines d’années nous avons failli à 86 voix près envoyer l’ancien ministre Marc Laffineur à une retraite bienvenue. Nous sommes fiers d’avoir mené ce combat et de nous retrouver dans cet Ouest déjà largement conquis par la gauche en terre de futures conquêtes en compagnie de nos alliés écologistes.

Cher François, la manière dont le pouvoir que vous incarnez gère le projet Notre Dame des Landes va totalement bouleverser ces positions politiques chèrement acquises car vous n’imaginez pas l’immense potentiel de sympathie, de soutien militant, de soutiens politiques à la base dont bénéficient ces personnes en lutte, alors que la technostructure du Parti socialiste et des grands élus régionaux est en train de s’isoler.

 

Vous êtes face à un nouveau Larzac !

Monsieur le Président je vous l’affirme avec la conviction d’un sympathisant socialiste de longue date, de tradition enracinée auprès de mes proches, mon père Jacques Warin, qui collabora avec Pierre Mauroy au moment de l’alternance en 1981, vous êtes face à un nouveau Larzac !

Déjà au moment de votre élection je vous avais alerté discrètement, par l’intermédiaire de nos amis communs de Démocratie 2012, dont Pierre René Lemas, pour éviter qu’en pleine campagne la situation ne provoque des conséquences électorales néfastes. Il me semblait avoir, avec bien d’autres qui avaient intercédé, été entendu.

Aujourd’hui il est temps que vous ne vous contentiez plus de répondre aux lettres qui vous sont adressées à ce sujet par des formules standards qui renvoient à votre ministre Monsieur Cuvillier le soin de traiter le dossier. Outre que cette attitude peu respectueuse de l’écoute citoyenne ne vous ressemble pas, vous êtes face à une situation qui exige une attitude d’homme d’État.

 

Provocations dont vous porterez seul la responsabilité

La révision du Schéma national des infrastructures de transport, l’emploi parcimonieux de la dépense publique, le souci de la transition écologique, l’application loyale de la Loi sur l’Eau, dans sa dimension universelle et a fortiori européenne, sont autant de motifs pour rouvrir le dialogue et éviter que votre quinquennat ne soit entaché par un abcès de fixation politiquement désastreux. Cela vous fait courir, compte tenu de la manière utilisée aujourd’hui, des risques sérieux de dérapages, de provocations dont vous porterez seul la responsabilité face à des personnes dont la conviction s’exprime de manière pacifique, non violente, respectueuse de la loi républicaine dès lors que celle-ci s’exerce elle aussi dans le respect du dialogue citoyen.

Monsieur le Président, cher camarade, j’ai eu le privilège de vivre un parcours professionnel dont tous ceux qui furent mes supérieurs, collaborateurs, collègues, partenaires s’accordent à dire qu’il fut toujours ouvert à l’innovation, à l’adaptation au monde changeant, à la recherche de nouveaux paradigmes et à la réalité de la concurrence globalisée. Je continue en tant qu’enseignant universitaire à stimuler la créativité de mes étudiants, dans le monde entier, tout en leur transmettant mon expérience de dirigeant du service public puis d’homme d’entreprise. Je ne suis pas un nostalgique, ni un tenant de la décroissance, ni un « illuminé anti progrès ». Ces traits de caractère sont partagés par les personnes que je côtoie lors des réunions d’information sur le projet Notre Dame des Landes. En vérité, c’est nous qui incarnons la modernité et l’ouverture au 21éme siècle.

 

Mégalomanie ridicule

En effet, qui peut croire que les opérateurs aériens vont implanter dans le Grand Ouest des infrastructures aéroportuaires renforcées et surdimensionnées, au moment où nous atteignons le pic de l’énergie fossile, et alors que leur modèle économique est de ramener les passagers vers quelques hubs majeurs soit par des avions qui rallient Nantes à Orly, ou Charles De Gaulle, ou Francfort ou Londres, ou Amsterdam ou Madrid ? A partir de ces plateformes le modèle est alors de procéder au remplissage maximum de très gros porteurs économes en carburant. Sauf à souffrir d’une mégalomanie ridicule, qui peut croire qu’un Grand Ouest aujourd’hui déjà bien relié par TGV aux plates formes parisiennes en cours de modernisation a besoin d’un équipement nouveau, coûteux, détruisant plusieurs milliers d’hectares de terres agricoles, déracinant au propre et au figuré paysages et hommes attachés à leur territoire ?

Nantes a déjà 2 aéroports qui figurent dans les codes internationaux de l’IATA, Nantes Atlantique qui croît sans que cela permette de justifier le transfert coûteux et… la gare SNCF de Nantes qui est utilisée dans la tarification aérienne pour acheminer les passagers vers les plateformes parisiennes et retour. Nantes Atlantique va devoir de toutes façons être conservé pour les besoins logistiques de la fabrication d’Airbus sur l’usine nantaise, et la gare de Nantes me parait être une bonne solution pour les voyageurs de notre région pour leur transfert vers les hubs parisiens. Posons donc la question à Air France sur sa vision du transport aérien au 21ème siècle et remettons-nous autour d’une table pour réexaminer les prévisions de trafic utilisées pour justifier le transfert !

 

Je vous conjure d’écouter ce qui se vit

Monsieur le Président, cher camarade, vous qui êtes aujourd’hui soucieux que vos hautes fonctions et votre agenda ne vous coupent pas de la réalité que vivent nos concitoyens, vous qui vous entourez des avis et opinions issus de la société civile, comme en témoigne la mission confiée à votre proche Bernard Poignant (qu’en dit-on à Quimper ?), je vous conjure d’écouter ce qui se vit dans notre région auprès de personnes qui vous soutiennent, qui partagent vos valeurs, qui se mobiliseront autant qu’il le faudra et aussi longtemps qu’il le faudra pour que leurs argument soient écoutés une fois que les gaz lacrymogènes de ce matin se seront dissipés.

Cher François, le Larzac a rencontré son homme d’État, le magnifique film qui a retracé cette lutte rend hommage à des Français ordinaires, femmes et hommes de conviction mais aussi à l’homme d’État qui les a entendus.

Ceux de Notre Dame des Landes et ceux du Larzac sont de la même trempe de Français, nous serons des millions à les soutenir pour qu’on les écoute.

Monsieur le Président, cher François Hollande, nous attendons de vous que vous soyez à notre rendez-vous citoyen comme l’a été François Mitterrand.

Je vous prie d’agréer l’expression de mes sentiments respectueux et de mon cordial souvenir,

 

Patrick Warin, ENA Promotion Voltaire

Copie : Monsieur Jean Marc Ayrault, Monsieur Pierre René Lemas, Monsieur Michel Sapin, Monsieur Jean Pierre Jouyet, Monsieur Bernard Poignant, Monsieur le Préfet de la Région Pays de la Loire.

Copies adressées par courrier électronique : élus de la région Pays de la Loire, divers collectifs au sein d’ACIPA

Photo : DR / Source

 

Lire aussi :
- Notre-Dame-des-Landes : un futur « Larzac » pour le gouvernement Ayrault ?

- Notre-Dame-des-Landes, ou comment gaspiller 600 millions d’euros en période d’austérité

 

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29 octobre 2012 1 29 /10 /octobre /2012 18:17

 

 

 

Propagande, intimidations, arrestations et même parfois... torture sont devenus le quotidien des opposants et militants pour les droits humains en Russie. Dans une lettre ouverte aux dirigeants du Conseil de l’Europe, de l’OSCE et du UNHCR, plusieurs associations alertent la communauté internationale sur la dégradation de la situation et l'urgence d'agir face à la grandissante répression en Russie.

Signataires:

Association Russie-Libertés, Paris, France.
American Russian-Speaking Association for Civil & Human Rights, NY, USA.
International Movement “Speak Up!”, London, UK.

Destinataires:
Conseil de l’Europe
M. Thorbjørn Jagland, Secrétaire Général.
M. Jean-Claude Mignon, Président de l’APCE.
M. Wojciech Sawicki, Secrétaire Général de l’APCE.
M. Nils Muižnieks, Commissaire aux Droits de l’Homme.

OSCE
M. Lamberto Zannier, Secrétaire Général.
M. Janez Lenarčič, Directeur  du BIDDH.

UNHCR
M. António Guterres,  Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés.
M. Oldrich Andrysek, Représentant régional en Biélorussie, Moldavie et Ukraine.


Lettre ouverte aux dirigeants du Conseil de l’Europe, de l’OSCE et du UNHCR

25 Octobre 2012, Paris, Londres, New-York

Nous sommes un groupe d’associations de défense des droits civiques et humains. Nous vous écrivons pour sonner l’alarme sur l’évolution de la situation relative aux répressions politiques en Russie.

Nous voudrions attirer votre attention sur le cas de Leonid Razvozjaev, enlevé à Kiev le 19 octobre alors qu’il demandait une protection internationale auprès du Haut Commissariat aux Refugiés des Nations unies, de ses collègues du Front de gauche Konstantin Lebedev et Sergueï Oudaltsov, ainsi que des participants à la manifestation du 6 mai 2012 à Moscou.

Le glissement de l’appareil d’Etat russe vers une politique ultra répressive tous azimuts (policière, législative, judiciaire) et l’utilisation de méthodes rappelant de plus en plus l’époque stalinienne est maintenant une triste réalité à laquelle nous devons faire face tous ensemble.

L’absence d’une réaction forte et rapide de la communauté internationale face cette nouvelle vague de répressions serait un feu vert définitif aux autorités russes de tous niveaux pour accentuer encore plus les répressions, les généraliser et les rendre banales, faisant basculer le pays dans la peur ou même la terreur.

Au delà des déclarations diplomatiques habituelles, nous vous appelons à adopter des mesures concrètes en utilisant tout l’arsenal de vos organisations dont la Russie est membre à part entière.

Il serait, par exemple, judicieux de créer un comité international ad-hoc réunissant les meilleurs spécialistes de vos organisations afin de coordonner les actions, les investigations et les déclarations des différents services et commissions concernés.

Par ailleurs, un appel très ferme aux autorités russes de respecter leurs engagements, signé à la fois par les dirigeants du HCR, du Conseil de l’Europe et de l’OSCE, aurait bien plus de chance d’être entendu que des communiqués de presse éparses.

Dans le cas particulier de Leonid Razvozjaev, il semblerait logique d’accéder dès maintenant à sa demande d’asile politique en Ukraine, et de le placer ainsi sous la protection du HCR.

Nous restons dans l’espoir d’actions rapides, efficaces et concertées de votre part.
Avec notre plus sincère respect,

Maxime Filandrov, Association Russie-Libertés, Paris, France.

Dmitri D. Glinski, American Russian-Speaking Association for Civil & Human Rights, NY, USA.

Andrei Sidelnikov, International Movement “Speak Up!”, London, UK.

Liens vers les dernières déclarations d’Amnesty International, de Human Rights Watch, de Russie-Libertés et du Conseil de coordination de l’opposition russe:

Déclaration d’Amnesty International: http://www.amnesty.org/en/for-media/press-releases/russia-must-investigate-claims-leonid-ravozzhayev-was-abducted-and-tortured.
Déclaration de HRW: http://www.hrw.org/news/2012/10/24/ukraine-investigate-disappearance-asylum-seeker.
Déclaration de Russie-Libertés: http://russie-libertes.org/2012/10/22/un-opposant-kidnappe-torture-et-pousse-a-laveu/.
Déclaration du Conseil de coordination de l’opposition russe: http://navalny.livejournal.com/745515.html. 

 

 

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29 octobre 2012 1 29 /10 /octobre /2012 17:15

 

 

Le Monde.fr | 29.10.2012 à 16h17 • Mis à jour le 29.10.2012 à 17h08

Par François Béguin (chat modéré par)

 

Une personne sans-abri à Paris le 27 octobre.

Dans un chat sur LeMonde.fr, Julien Damon, professeur associé à Sciences Po et auteur de La Question SDF (PUF, 2002), estime que la réquisition de logements privés vacants"n'a jamais marché et ne pourra jamais marcher".

 

Paul : Pourquoi ce problème de l'hébergement d'urgence se pose-t-il chaque année dans les mêmes termes au moment des premiers froids ? C'est une chose impossible à anticiper ?

Julien Damon : C'est vrai que depuis une vingtaine d'années, on appelle cela la politique du thermomètre. Parce que au début des années 1980 l'Etat a réagi en urgence au problème des sans-abri, avec la mise en place de places pour l'accueil de ceux qu'on a appelés les SDF. Et chaque année, le système politique d'urgence a été reconduit.

Sous deux modules : d'abord, l'ouverture toute l'année d'une partie des places qui avaient été débloquées pour l'hiver ; et d'autre part, l'ouverture de nouvelles places chaque années, au début de l'hiver. Cela a quelque chose d'agaçant et d'étrange, parce qu'on a le sentiment de ne pas progresser, alors qu'en réalité, chaque année, on a toujours fait davantage.   

 

Paul : Connaissons-nous le nombre exact de personnes sans-abri ?

La réponse est non, absolument non. Pour deux grandes raisons. La première, c'est qu'il est très difficile d'opérer un recensement en fonction de définitions des populations sur lesquelles toute le monde serait d'accord.

Et ensuite parce que, en France, nous n'avons pas fait - et ce nous, c'est l'Etat avec le secteur associatif et avec les villes - cet effort de connaissance, qui a pourtant eu lieu dans bien d'autres pays, de l'Allemagne aux Etats-Unis en passant par le Royaume-Uni.

Autre point très important : dans la plupart des pays où il existe un système de décompte, d'évaluation de cette population sans abri, c'est aux échelles locales, à l'échelle des villes que l'on a les estimations les plus solides du nombre de personnes concernées.

Et en France, vieux pays jacobin, même sur ce dossier, on court après une estimation nationale. Maintenant, la réponse à la question : combien y a-t-il de sans abri en France ? n'a toujours pas de réponse précise, et c'est désolant.

 

Léo : Et une estimation ?

 Pour être précis, il y a eu une enquête nationale réalisée par l'Insee en 2001, et qui donne une estimation solide de la population "sans domicile", les personnes à la rue ou bien dans les centres d'hébergement qui sinon seraient à la rue. Il y a avait ainsi une estimation en 2001 d'environ 86 000 personnes sans domicile. Mais c'était il y a onze ans. Depuis lors, la population s'est certainement très largement transformée.

Aujourd'hui, aucun des chiffres annoncés - 130 000 personnes sans abri - ne vaut quoi que ce soit. Ils ne sont appuyés sur aucune méthode sérieuse.

 

Sy : Le problème de l'hébergement des SDF, est-ce juste une question de moyens financiers ? Ou est-ce lié une mauvaise organisation ?

C'est fondamentalement une question d'organisation, puisqu'en France - et en particulier à Paris, où le problème se pose de façon criante - nous sommes dans un des pays et une des villes où les dépenses publiques sont en la matière les plus élevées.

Chaque année, depuis un quart de siècle, on a dépensé davantage pour héberger et accueilir les sans-abri, et chaque année, on a les mêmes polémiques et les mêmes questions qui surgissent. Donc avant d'être une question de moyens, c'est une question d'efficacité.

 

Paul : Les associations n'ont-elles pas intérêt à ne pas donner clairement les chiffres de personnes accueillies pour recueillir davantage de subventions ? N'est-ce pas une perversion du système ? C'est à l'État d'agir, non ?

Je pense que les opérateurs (collectivités locales, associations) ont tout intérêt à annoncer des chiffres très élevés. C'est valable pour n'importe quelle question sociale : si vous voulez que le sujet contre lequel vous combattez soit pris en compte et en charge, il faut annoncer des chiffres proches de la catastrophe.

Maintenant, cela fait vingt ou trente ans que l'on raconte parfois absolument n'importe quoi. C'est en effet à l'Etat et aux villes d'opérer deux choses : des recensements sérieux du nombre de personnes concernées (à la rue), et de produire des systèmes d'information efficaces et obligatoires permettant de recenser le nombre de personnes qui passent par les services payés sur fonds publics.

 

Greg : Est-ce vrai que le coût annuel de l'hébergement d'urgence en Ile-de-France est pratiquement le même que celui destiné à la construction de logements sociaux ? Si oui, n'est-ce pas un peu absurde ?

 Globalement, les masses financières sont en effet comparables. Le point crucial pour montrer qu'il y a incontestablement absurdité, c'est de savoir à qui est destiné le logement social. Ce n'est pas simple.

Historiquement, en France, on a fait le choix d'un logement social destiné aux classes moyennes salariées, et pas aux personnes privées de logement. De plus en plus, depuis vingt ou trente ans, on cherche à réformer le système du logement social pour y accueillir des personnes sans abri.

C'est une logique qui a été baptisée "logement d'abord", soutenue par l'Etat depuis cinq ou six ans maintenant. Mais il est vrai que les masses financières montrent clairement le caractère à bout de souffle, à la fois du logement social et du système d'hébergement d'urgence.

 

Jean-Paul : Si c'est une question d'efficacité, qui est selon-vous responsable de ces échecs ? Y-a-t-il des intérêts cachés ?

Je pense que le secteur associatif, financé à 100 % sur fonds publics, aurait intérêt à accepter la réforme pour véritablement être efficace et soit être nationalisé, soit être mis en concurrence avec des entreprises privées, soit se réformer intégralement pour ne plus être financé totalement sur fonds publics.

Maintenant, le secteur associatif n'est pas le seul en cause. Le principal "coupable" est bien l'État en France, qui ne tape pas assez fort du poing sur la table pour dire ce qu'il attend, pour énoncer ses objectifs (zéro SDF était à mon sens un excellent objectif à se donner). L'État en France vit sur la fiction de pouvoir faire ce qui, à mon sens, devrait ressortir de deux autres échelles : la première, c'est celle des collectivités locales, et la deuxième, c'est l'UE, puisque dans un espace Shengen ouvert, la question des sans-abri n'est plus nationale, mais européenne.

 

Sylvain : "La dimension européenne est capitale": Pourquoi n'y a-t-il pas déjà d'accord entre les États membres ? Y-a-t-il des divergences entre les États ?

Oui, il y a de puissantes divergences, pour reprendre mon expression, les villes jouent au ping-pong, mais c'est également le cas des Etats membres. Ce n'est pas explicite, évidemment, mais les Etats faisant plus ou moins d'efforts, il s'agit de faire partir leurs "indésirables" pour qu'ils se retrouvent ailleurs, mieux accueillis.

Pour illustrer, c'est le cas de la Roumanie ou de la Bulgarie avec les populations Roms, mais aussi du Pays-Bas, où, pour bénéficier de l'hébergement d'urgence, il faut être depuis plus de deux ans en règle sur le territoire. Donc il n'y a absolument pas les mêmes efforts qui sont entrepris.

 

BB : Une politique de réquisition des logements vacants, demandée par les associations, a-t-elle un sens ? Ou est-ce juste un signe politique?

C'est incontestablement un signe politique. Il faut se rappeler que cela a déjà été tenté par deux fois : d'abord à la fin des années 1980 avec un gouvernement de gauche, ensuite au milieu des années 1990 avec un gouvernement de droite.

Mais cela coûte très cher, de réquisitionner, cela donne une image de volontarisme de la part de l'Etat, mais ça n'a jamais marché. Et il faut dédommager les propriétaires, cela produit un contentieux juridique effroyable, et cela décourage les investisseurs.

Je pense que la meilleure des solutions, ce serait que les collectivités locales et/ou l'Etat se réquisitionnent eux-mêmes plutôt que de faire peur aux investisseurs (des individus ou des institutionnels).

 

Visiteur : Le chiffre de 100 000 logements vacants, avancé par l'association Droit au logement (DAL) vous semble-t-il plausible ?

Sur le nombre de logements vacants, le DAL avait trouvé un bon slogan : "2 millions de mal-logés, 2 millions de logements vacants". C'est une équation qui paraît simple à résoudre. Mais une des difficultés est que la vacance de logements, c'est souvent à des endroits où il n'y a pas de demandes de logements, ce sont aussi des logements impropres à l'habitation parce qu'ils sont dégradés, et c'est enfin une vacance "normale" qui correspond à des délais entre le fait de voir un locataire s'en aller et le fait de voir un nouveau locataire arriver. Donc la réquisition, ça n'a jamais marché et ça ne pourra jamais marcher.

 

HG : Un gouvernement de gauche agit-il de façon différente pour l'hébergement des SDF qu'un gouvernement de droite ?

La réponse est non. Pour le démontrer, il suffit de regarder tout ce qui s'est fait depuis le tout début des années 1980, ça a été systématiquement dans une même logique consistant à développer les services d'accueil et d'hébergement. Evidemment, la gauche au pouvoir étant critiquée par la droite dans l'opposition (et vice-versa), mais jamais il n'y a eu rupture ou changement dans la dynamique générale de développement des réponses en urgence.

Cela se vérifie par les termes que l'on trouve dans les circulaires, qui ne changent que marginalement d'une année à l'autre, quelle que soit la majorité en place. Et cela se vérifie aussi par la croissance, chaque année, des budgets affectés à cette politique.

 

Julien : Pour vous, l'objectif "zéro SDF" est donc quelque chose de possible ?

C'est possible. Maintenant, la question est de savoir qui sont les sans-abri. Et je pense qu'il est tout à fait possible de n'avoir personne qui dort dans les rues, et ce, sans être dans un Etat autocratique.

Si on n'arrivera pas forcément à zéro personne dormant dans la rue, on peut au moins diminuer drastiquement le phénomène, comme ceci a pu être observé à Londres, dans les grandes villes des Pays-Bas, ou bien en Finlande, ou encore en Irlande, là où les autorités se sont fixé des objectifs "d'éradication du sans-abrisme".

S'il restera probablement toujours, une nuit donnée, des gens qui se retrouvent, hélas, dans la rue, on peut beaucoup mieux faire. Et pour mieux faire et pour mesurer des résultats, il n'y a rien de mieux que de se fixer des objectifs quantifiés.

 

Christopher : Vous parliez de mise en concurrence des associations avec des entreprises privées : est-ce qu'une doctrine libérale est la plus à même de résoudre ce qui relève du social ?

Sur le plan général, je ne saurais répondre. En tout état de cause, la logique qui, il est vrai, est d'ordre libéral en la matière dans les couloirs de la Commission européenne, consiste à dire que les opérateurs doivent être mis en concurrence pour permettre plus d'efficience de la dépense publique. Ceci, en France, nous choque pour les questions de sans-abri, nous fait avoir des débats mais ne nous choque pas pour les crèches, ou encore pour les maisons de retraite.

Donc pourquoi pas ? Vous avez bien des entreprises privées qui exploitent des prisons ou des hôpitaux. Pourquoi cela ne pourrait-il pas être le cas pour la gestion des sans-abri. Je ne sais pas si c'est LA solution, mais c'est en tout cas une option sérieuse.

 

Visiteur : De quel modèle pourrait-on s'inspirer ?

 D'abord, j'aimerais souligner que la France, à ce sujet, est un modèle. Pas un modèle d'efficacité, mais certainement de générosité et de tolérance. Après cela, je pense qu'il nous faut regarder ville par ville la façon dont la question des sans-abri est traitée. Je pense alors que Londres, Stockholm, San Diego, Amsterdam sont des villes qui, chacune à leur manière, dans des contextes différents, ont sur les dix ou vingt dernières années fait montre d'innovation et d'efficacité.

Maintenant, je parle là avec un parisianisme qui est clair. La question des sans-abri à Nantes, à Marseille ou à Lille peut présenter autant de différences avec Paris que Paris avec San Diego ou Stockholm.

Je pense vraiment que les sans-abri, c'est une question à la fois locale et européenne.

 

Sylvie : La proportion de SDF refusant un hébergement est-elle connue ? est-ce marginal ?

Mathilde : Faut-il contraindre les SDF à dormir en foyer en hiver ?

Sur le non-recours aux services, la part des sans-abri qui refusent les offres qui leur sont faites : on ne la connaît pas, puisqu'on ne connaît pas la taille de la population des sans-abri.

En revanche, puisqu'elle refuse la prise en charge et reste à la rue, c'est une population qui est très visible. C'est même la population des sans-abri les plus en difficulté. On n'en connaît pas la proportion, mais c'est cette population que les différents services s'évertuent à essayer de toucher.

Et il y a un lien avec la deuxième question, celle du niveau de coercition que l'on doit faire peser sur les personnes sans abri. Je pense en effet que, hiver comme été, on devrait davantage contraindre les personnes à accepter ce qui leur permet d'être sauvées, que ce soit immédiatement, du froid, et surtout, du fait que rester dans la rue, c'est continuer à voir votre situation se dégrader.

 

Patrick T. : De la même manière qu'il y a une sécurité sociale, un droit à la retraite, pourquoi n'y a-t-il pas un droit au logement ? Un logement tout simplement offert par l'Etat aux sans abris.    

Visiteur : Où en est-on du DALO (Droit au logement opposable) ?

Il est tout à fait judicieux, à mon sens, de considérer la question du logement comme une question de sécurité sociale, c'est-à-dire avec des mécanismes d'assurance obligatoire et une opposabilité (comme il y a des tarifs opposables en assurance-maladie) permettant à chacun de pouvoir disposer d'un toit de qualité.

Maintenant, je ne pense pas que l'Etat doive "offrir" un logement. Il faut que nous puissions nous assurer, cotiser, afin de pouvoir avoir les allocations-logement qui nous permettent de trouver ce dont nous avons besoin en termes de logement.

Le DALO est une machinerie bureaucratique qui ne fonctionne pas bien, c'est le moins que l'on puisse dire. Le grand sujet, en termes de sécurité sociale du logement, est celui de savoir qui doit avoir la priorité dans le logement social.

 

Visiteur : Pouvez-vous préciser quelles sont les mesures prises par ces villes européennes que vous évoquiez comme modèles possibles ? Pourquoi sont-elles efficaces ?

Première chose : ce sont des collectivités locales qui toutes se sont donné des objectifs quantifiés de résolution du problème, qui se sont dotées de systèmes d'information qui permettent d'évaluer assez précisément les évolutions du phénomène. Et ce sont des collectivités locales où la responsabilité et la prise en charge leur sont clairement attribuées.

Dernière chose essentielle : il n'y a pas de dispersion des services, tout est coordonné de façon simple sous la responsabilité de la ville. Les opérateurs ne se marchent pas sur les pieds comme ce peut être le cas dans de grandes villes françaises.

 

Visiteur : Nous parlons ici d'hébergement de SDF mais il y a t-il une différence entre SDF et sans papier clandestin ? Sont ils logés à la même enseigne ?

Julien : Est-ce que le problème de l'hébergement d'urgence est lié au problème de l'hébergement des sans-papiers ? Régulariser permettrait-il de libérer des places ?

Dans les centres d'hébergement d'urgence parisiens, la moitié des personnes actuellement accueillies sont sans papiers. Pour ce qui concerne l'hébergement de plus long terme, d'insertion, on a distingué à la fin des années 1990, pour des raisons juridiques, ce qui était l'accueil des sans-abri, d'une part, et l'accueil des demandeurs d'asile, d'autre part.

En réalité, c'est concrètement la même chose : ce sont des gens défavorisés, en difficulté de logement, avec des situations de régularité sur le territoire qui ne sont pas les mêmes, mais dont les conditions au quotidien se ressemblent.

Et c'est pour cela que la dimension européenne est capitale. La France étant le pays qui enregistre le plus de demandes d'asile et qui, malgré ce que l'on pense parfois, est l'un des plus généreux à l'égard des sans-papiers, ne peut pas agir sans les autres Etats membres de l'Union.

En un mot, que ceci soit terrible ou formidable, sans-papiers et sans-abri, c'est de plus en plus la même chose.

 

Elen : Est-ce qu'il existait autrefois des amortisseurs avant de se retrouver à la rue (comme des hôtels ou pensions à bas coûts) qui ont disparu aujourd'hui ?

Oui. Les villes s'étant embourgeoisées, les coûts du foncier et de l'immobilier ayant tellement augmenté, il n'y a plus cette offre, qui permettait d'amortir la situation.

Mais je ne sais pas s'il faut la rétablir, car il y a la question : "Qui doit-on loger dans le logement social ?", et une autre "Où doit-on loger les personnes sans logement ?". Pour Paris, par exemple, l'offre est très limitée, mais la demande est quasi infinie. Pour caricaturer, tout le monde aimerait avoir un logement social dans les bâtiments réhabilités de La Samaritaine, et personne ne veut se retrouver dans les grands ensembles dégradés. Derrière ces questions un peu provocantes se pose la question de la réforme du modèle français du logement social.

 

Visiteur : Les réflexions à mener pour améliorer la situation française peuvent-elles se passer d'une réflexion sur l'aménagement des aires urbaines et suburbaines, bref urbanistique?

Les frontières administratives n'ont pas grand sens au quotidien pour n'importe quel habitant, elles en ont encore moins pour ceux qui n'ont pas de logement. Donc il est certain que ce ne sont pas les frontières administratives des villes qui comptent, mais celles des métropoles.

A défaut, que se passe-t-il ? Les villes jouent "au ping-pong" et se renvoient les personnes, les problèmes, les responsabilités.

 

Visiteur : Si la situation économique s'aggrave, le risque n'est-il pas que les moyens mis en place deviennent moins efficaces ? Et qu'on atteigne un point critique comme à l'hiver 54 ?

La comparaison avec l'hiver 1954 est souvent faite, période dite d'insurrection de la bonté, mais la situation n'a absolument rien à voir. En 1954, la moitié de la population en France aurait été éligible au droit au logement opposable.

Deuxième chose : je pense que la crise viendra plutôt de la crise des finances publiques. Il faudra nécessairement rationaliser un budget qui n'a fait qu'augmenter et dont on ne peut pas dire qu'il atteigne ses ambitions, puisqu'il semble qu'il y ait toujours plus de personnes à la rue, et nous avons toujours les mêmes polémiques. Je pense que la rationalisation est nécessaire et inévitable. Cela ne veut pas dire qu'on dépense trop, mais qu'il faut que l'on dépense beaucoup mieux.

François Béguin (chat modéré par)

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29 octobre 2012 1 29 /10 /octobre /2012 17:02

 

 

LE MONDE | 29.10.2012 à 10h44 • Mis à jour le 29.10.2012 à 15h03

Par Bertrand Bissuel

 

Jean-François Paris était responsable des questions de sécurité au sein d'Ikea France depuis près de quatorze ans.

Les médias l'ont dépeint comme une sorte de grand inquisiteur fouillant méthodiquement dans la vie privée de collègues et de clients. Du jour au lendemain, il a été mis sur la touche puis désavoué et finalement licencié pour avoir foulé aux pieds les "valeurs" et l'"éthique" de son groupe.

Jean-François Paris était responsable des questions de sécurité au sein d'Ikea France depuis près de quatorze ans. Aujourd'hui, on le soupçonne d'être au cœur – voire à l'origine – d'un vaste système d'espionnage dirigé principalement contre le personnel du distributeur de meubles.

Pour la première fois, il s'exprime publiquement afin de livrer sa part de vérité. Dans cette affaire, il reconnaît ses erreurs, mais n'accepte pas de servir de fusible : non seulement la direction connaissait les pratiques incriminées, dit-il en substance, mais elle les a très largement encouragées.

Rien, dans le parcours initial de M. Paris, ne laissait présager qu'il serait, un jour, accusé de flicage. Doué en athlétisme au point de participer, à la fin des années 1980, à un championnat de France universitaire, son but, au départ, était d'enseigner l'éducation physique et sportive. Mais il a finalement dû bifurquer vers une autre voie.

Après avoir décroché une maîtrise de gestion dans le monde du sport, il se fait embaucher au début des années 1990 par un magasin Decathlon, dans l'Essonne, où il travaille un an comme chef de rayon. Puis il dirige une salle de fitness à Paris pendant trois ans et demi.

C'est en février 1995 qu'Ikea le recrute. Au bout de plusieurs mois de stage en interne, il atterrit dans l'encadrement d'un point de vente à Villiers-sur-Marne (Val-de-Marne). Trois ans plus tard, il prend du galon et intègre le siège social d'Ikea France – alors implanté à Saint-Germain-en-Laye (Yvelines).

 

"ENQUÊTES EN CAS DE SUSPICION DE VOLS"

Sa mission est double : superviser les responsables administratifs des magasins français et gérer les questions de sécurité (dont il s'était occupé à un échelon local, à Villiers). Celles-ci recouvrent un champ extrêmement large : prévention des accidents du travail et des risques d'incendie, vidéoprotection, gardiennage des établissements...

"Lorsque j'ai été nommé à ce poste, celui qui l'occupait jusqu'alors m'a dit que nous faisions parfois appel à une société de conseil, notamment pour conduire des enquêtes en cas de suspicion de vols." Ces pratiques vont, petit à petit, prendre de l'ampleur. Ikea, dont le réseau de points de vente s'étoffe dans l'Hexagone, est confronté, comme d'autres distributeurs, aux assauts de prédateurs : attaques à main armée, détournements d'argent et de marchandises – parfois commis par des salariés de l'entreprise ou avec leur complicité, etc.

Pour combattre ces risques, "il a fallu que je me débrouille". M. Paris, qui n'est pas un spécialiste de ces problématiques, s'adjoint les services de plusieurs prestataires. Parmi eux figure Eirpace, une société dirigée par Jean-Pierre Fourès, un ancien policier des renseignements généraux. Il y a aussi Sûreté International, dont l'une des missions consiste à forger des procédures en matière de sûreté et à former le personnel (détection de fausse monnaie ou de fausses pièces d'identité, etc.).

Dans un premier temps, M. Paris demande ponctuellement des renseignements sur tel ou tel salarié signalé par un établissement : "Merci de me dire si la personne suivante a un dossier judiciaire", écrit-il à M. Fourès, dans un courriel d'octobre 2002. En juin 2003, nouvelle requête par e-mail au patron d'Eirpace : "J'ai besoin de connaître l'état de son casier et surtout son train de vie", réclame-t-il en parlant d'un collaborateur employé dans le sud de la France. Fin 2003, un salarié de Sûreté International, sur le point d'être licencié, propose ce type d'informations à M. Paris mais les deux hommes, finalement, ne feront pas affaire.

A partir du milieu des années 2000, le "contrôle de pedigree" prend un caractère industriel. La direction des ressources humaines se plaignant d'être confrontée à des représentants du personnel virulents, Jean-Louis Baillot, le patron d'Ikea France à l'époque, se tourne vers Jean-François Paris : "Il me demande de faire en sorte que ces gens-là ne soient plus recrutés. Je lui explique que ça ne sert à rien, mais il maintient sa volonté. Il faut faire un filtrage, me dit-il."

Les magasins, sur le point d'ouvrir leurs portes, transmettent donc à M. Paris la liste des personnes qu'ils ont l'intention d'enrôler. Leurs noms sont ensuite communiqués à Eirpace qui procède aux vérifications souhaitées. C'est, par exemple, ce qui se produit dans les établissements de Brest et de Rouen. Comment Jean-Pierre Fourès obtient-il les renseignements convoités ? Mystère.

 

 LE PERSONNEL PASSÉ AU CRIBLE

Jean-François Paris sent bien qu'un parfum d'interdit flotte autour de ces méthodes. Mais il s'agit en même temps de "process d'entreprises qui étaient visés par la direction financière et connus de la direction générale". En outre, argumente-t-il, certaines filiales d'Ikea à l'étranger font peu ou prou la même chose : grâce à des bases de données auxquelles elles sont abonnées, elles peuvent savoir si un candidat à l'embauche a été condamné dans le passé.

A la fin 2009, M. Baillot cesse d'être patron d'Ikea France (pour accéder à d'autres fonctions dans le groupe), mais les enquêtes de moralité se poursuivent après cette date. Le personnel du magasin de Reims, dont l'activité démarre en 2010, est passé au crible, rapporte Jean-François Paris.

Dans l'établissement de Franconville (Val-d'Oise), où des syndicalistes de FO font régner un climat de tension, la direction appelle à la rescousse un autre cabinet de conseil, GSG SAS. Deux femmes sont postées dans les lieux pour surveiller les employés et mener des "études de réputation", assurent les mauvaises langues – ce que conteste GSG SAS.

Quoi qu'il en soit, cette intervention est payée par le siège d'Ikea France, souligne M. Paris. D'après lui, la direction nationale de l'enseigne connaît bien GSG SAS puisqu'elle l'a sollicitée pour des séances de media training et pour être mise en contact avec des personnalités politiques.

"Je n'ai pas mesuré les conséquences pénales de mes actes, confie Jean-François Paris. Si j'avais su, jamais je n'aurais pris le risque de m'exposer et d'exposer ma famille." Le 9 mars 2012, son domicile est perquisitionné par des policiers et il est placé en garde à vue, dans le cadre d'une enquête ouverte par le parquet de Versailles. Une semaine auparavant, FO avait porté plainte à la suite de la révélation par Le Canard enchaîné et par le site d'information Mediapart des mails que M. Paris avait échangés avec Eirpace et avec Sûreté International.

C'est la dégringolade. Fin avril, le chef de la sécurité est convoqué à un entretien préalable à sanction par l'actuel patron d'Ikea France, Stefan Vanoverbeke. Il reçoit sa lettre de licenciement "pour cause réelle et sérieuse" dans la deuxième quinzaine de mai. Trois autres hauts responsables – dont M. Baillot – sont également remerciés. Durant l'été, Jean-François Paris se rend une dernière fois au siège, à Plaisir (Yvelines), pour récupérer ses affaires.

Aujourd'hui, il éprouve un "sentiment d'abandon". Il trouve "assez lâche" que son ancien employeur ne reconnaisse pas sa responsabilité et "mette toute cette affaire sur le dos de quelques personnes". Depuis sa première garde à vue, M.Paris n'a pas été réentendu par les enquêteurs ni auditionné par un juge d'instruction.

Bertrand Bissuel

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