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13 novembre 2012 2 13 /11 /novembre /2012 18:38

 

Le Monde.fr avec AFP | 13.11.2012 à 19h22

 

 
A Madrid, une femme lit un appel à la grève pour le 14 novembre.

L'Europe se mobilise mercredi 14 novembre contre l'austérité, au cours d'une journée marquée par une grève générale en Espagne comme au Portugal, deux des pays les plus fragiles de la région où la colère populaire grandit face au chômage et à la précarité. Manifestations et actions d'ampleur variable ponctueront la journée dans les autres pays du Sud frappés par la crise, Italie et Grèce, mais aussi en Allemagne, en Belgique, en France ou en Pologne.

Alors que la croissance dans la zone euro devrait rester au point mort (+0,1 %) en 2013, selon la Commission européenne, le Fonds monétaire international a lui-même averti que les politiques d'austérité dans plusieurs pays risquaient de devenir "politiquement et socialement intenables".

  • Perturbations dans les transports

Parmi les conséquences prévisibles des actions syndicales, les trains à grande vitesse Thalys entre la Belgique et l'Allemagne seront à l'arrêt. Dans le ciel, les compagnies espagnoles Iberia, Iberia Express, Air Nostrum, Vueling et Air Europa ont annulé 615 vols. La compagnie portugaise TAP a prévu de clouer au sol plus de 160 avions.

"Pour l'instant, ce sont avant tout les gens du sud de l'Europe qui pâtissent d'une crise qu'ils n'ont pas engendrée. Mais les conséquences vont très certainement se faire sentir dans le reste de l'Europe", a averti la confédération allemande des syndicats, DGB.

  • Espagne

La quatrième économie de la zone euro, étranglée par un chômage qui frappe un quart des actifs et par une politique de rigueur draconienne, s'apprête à vivre sa deuxième grève générale en un an. Dans la nuit, les piquets de grève doivent prendre position en des points stratégiques de Madrid : aéroport, dépôts de bus ou marché de gros. Les syndicats ont convoqué des rassemblements dans environ 120 villes.

De son côté, la mouvance des "indignés", témoin de l'exaspération face à la pauvreté grandissante, aux expulsions de propriétaires surendettés, aux milliards d'euros engloutis dans l'aide aux banques, appelle elle aussi à la mobilisation. Leur cible sera une nouvelle fois la chambre basse du Parlement, où, via les réseaux sociaux, ils appellent à passer la nuit de mercredi à jeudi face aux barrages de police.

  •  Portugal

La CGTP, principal syndicat du pays, espère lui aussi mobiliser au cours d'une grève générale contre la politique d'austérité menée par le gouvernement de centre droit. Des rassemblements ou défilés sont prévus dans une quarantaine de villes, dont Lisbonne et Porto.
 

  • Grèce

  Un arrêt de travail est prévu aussi bien dans les entreprises que dans les administrations, à l'appel des syndicats GSEE (privé) et Adedy (public), ainsi qu'un rassemblement dans le centre d'Athènes.

Ce type de mobilisation paneuropéenne n'est généralement pas très suivi en Grèce, où un nouvelle série de mesures d'austérité sur quatre ans vient d'être adoptée par le Parlement, avec là une forte mobilisation de la rue.

  • Italie

Le principal syndicat italien, la CGIL, a lui appelé à une grève de quatre heures, mais plusieurs grands secteurs – comme celui des transports – ne participeront pas au mouvement.

 

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11 novembre 2012 7 11 /11 /novembre /2012 18:28

 

Rue89 - Portrait 11/11/2012 à 19h09
Renée Greusard | Journaliste Rue89

 

 

Depuis vendredi, le maire de Sevran Stéphane Gatignon ne mange plus et dort dans une tente. Pour sa ville, il réclame 5 millions d’euros. Portrait d’un militant.

 


Stéphane Gatignon, devant sa tente, près de l’Assemblée nationale, le 10 novembre 2012 (Witt/SIPA)

Assis dans une chaise de camping, Stéphane Gatignon reçoit. On a l’impression en arrivant sur place, devant l’Assemblée nationale, qu’il est dans son salon.

« Prenez un verre de thé, il est très bon. »

Ici, défilent des inconnus admiratifs, des riverains curieux, des journalistes, des habitants de Sevran (Seine-Saint-Denis) – dont il est maire –, des militants d’Europe écologie (son parti), des sénateurs et des députés solidaires mais aussi des copains venus le soutenir.

« Venez on va pouvoir faire salon »

Stéphane Gatignon parle avec tout le monde. Il se plaît à ces discussions, à ce papillonnement.

« C’est une frange de démocratie. On a pas souvent l’occasion de discuter autant, même avec les journalistes. »

Il accepte les petits caprices de nos confrères, comme lui faire mettre son écharpe tricolore et poser devant l’entrée de sa tente.


Stéphane Gatignon et un journaliste, à Paris, le 11 novembre 2012 (Renée Greusard/Rue89)

Ce après quoi il m’invite à m’asseoir sur le banc public, à côté de sa chaise pliante, pour qu’on puisse parler. Il dit en souriant :

« Madame, venez vous installer, on va pouvoir faire salon. »

Comme le député Jean Lassalle l’avait fait en 2006, pour éviter une délocalisation, Stéphane Gatignon a donc choisi de faire une grève de la faim.

Ne pas devenir « le maire qui ne paye pas »

Trois jours qu’il ne mange pas et qu’il dort dans sa tente. Teint palot, yeux un peu rougis, il est fatigué, mais son propos est toujours bouillonnant. Il réclame :

  • une hausse de l’aide de l’Etat aux communes : la dotation de solidarité urbaine (DSU). Il la veut de 180 millions d’euros, et non de 120 millions d’euros comme le prévoyait le gouvernement ;
  • le doublement de la dotation de développement urbain (DDU) réservée aux communes modestes, « de 50 à 100 millions d’euros » (le gouvernement avait annoncé qu’elle resterait stable).

Ces revendications sont nécessaires, explique-t-il, pour payer entre autres des travaux « qui ont été faits dans le cadre de la rénovation urbaine, d’extensions d’écoles, etc. »

« Je ne serai pas le maire qui ne paye pas des entreprises, des PME ensuite obligées de fermer. »

Dix ans de pétitions

Sa décision de faire une grève de la faim n’a pas été prise en un claquement de doigts. C’est la conséquence d’une lassitude :

« Ça fait dix ans qu’on fait des pétitions, qu’on a des fois pas voté le budget, qu’on a des aides exceptionnelles, dix ans qu’on se bat, qu’on alerte.

On a fait des manifestations du temps de Jaques Chirac. En 2005, on est allés manifester devant l’Elysée. On s’est battus partout. »

Alors il y a cinq jours, il a commencé à parler avec sa femme et ses enfants de faire une grève de la faim. Puis, il est allé voir son médecin qui lui a expliqué ce qu’une grève de la faim voulait vraiment dire.

Le médecin lui a dit qu’au bout de 50 jours, on mourrait ; qu’au bout de vingt, « le système était sérieusement attaqué, qu’on perdait la vue » ; que la plus grande difficulté était surtout celle du moral.

Plus de 16% de chômage à Sevran

Mais pour l’instant, quand ses potes de passage lui demandent discrètement « ça va le moral ? », il répond que « oui, ça va », qu’il est juste « un peu fatigué. » Il m’explique :

« Pour moi, ça fait partie de mon devoir. Je le dois aux gens. On ne peut pas continuer d’être traité comme on est traité. C’est pas possible. Derrière moi, il y a les populations de ces territoires-là. »

Son action ne plaît pas à tout le monde. Le ministre délégué à la Ville François Lamy s’est, par exemple, agacé :

« Il serait raisonnable de s’assoir autour d’une table. »

Le ministre a promis au maire de Sevran « 4,7 millions d’euros de l’Agence nationale de rénovation urbaine (Anru) qui ont été retardés parce que les dossiers étaient mal bouclés », mais cela ne convient pas au maire :

« Ce qu’a annoncé François Lamy, c’est vraiment pour dire : “Il sera content et qu’il arrête maintenant.”

Il a simplement annoncé que l’Anru et l’Etat allaient rembourser leurs dettes. Moi, je veux qu’on arrive à avoir une hausse de la DSU et 5 millions d’euros supplémentaires dans le budget. »

Stéphane Gatignon n’a pas l’air de ne pas être raisonnable. Il a surtout l’air d’en avoir eu ras-le-bol de parler dans le vide. Il expose des chiffres qui font peur sur sa ville. Un budget 35% moins élevé que pour une ville de la même taille. Or à Sevran, le taux de chômage s’élève à 16,4%. Il dort encore la nuit mais...

« C’était devenu impossible. Je me demandais comment on allait faire. Ça mine, ça travaille le corps... Je suis fragile, j’ai des problèmes gastro-œsophagiens. De l’intérieur, on meurt à petits feux. »

« Moi, j’ai enterré des gens »

Il y a un an, il s’était déjà fait remarquer en demandant des casques bleus dans sa ville.

« De toute façon dans ce pays si tu ne gueules pas, tu n’es pas entendu. Quand j’ai demandé des casques bleus, on était dans une situation extrême. Il y avait des coups de feu. Moi, j’ai enterré des gens. Et c’est des situations qui ne sont plus acceptables. »

Stéphane Gatignon n’avait jamais fait de grève de la faim. Quand on lui parle des critiques sur ce mode d’action, il dit :

« Mais qu’est ce qu’ils font ces gens-là ? Y a rien de nouveau dans ce qu’on dit et pourtant rien ne change. »

Le maire de Sevran fait de la politique depuis qu’il est « gamin ». Fils de parents communistes, il a même été envoyé ado dans un camp de jeunesse en Russie. Pour lui, faire une grève de la faim n’a rien de choquant, même si cela reflète sûrement une crise du politique :

« C’est des formes d’action qui existent depuis longtemps. Ça permet de dire aux gens que la situation est vraiment grave, parce que souvent, on a la sensation que les gens pensent que c’est de la tchatche. Quand on fait ça, c’est qu’on est au bout. »

Une carrière de coups de gueule

Son parcours est fait de coups de gueule, de portes qui ont claqué et de décisions fortes. A 15 ans, il a commencé à militer aux Jeunesses communistes. Dans son livre d’entretien « A ceux que la gauche désespère » ( avec Sylvia Zappi, éd. Le Cherche-Midi, 2008), il a raconté :

« Ça devient très vite ma vie, je commence à y passer mes soirées. C’est d’ailleurs pour ça que j’ai eu un peu de mal à avoir mon bac : j’ai échoué deux fois. »

Il s’est finalement fait virer pour s’être éloigné de la ligne du parti sur la chute du mur de Berlin et des événements de Tiananmen, raconte le journaliste du Monde Luc Bronner, dans un portrait qu’il lui consacre en 2010.

Ça ne l’a pas empêché d’avoir ensuite sa carte au PC. Mais en 2009, il a quitté le parti pour rejoindre Europe écologie. A Libération, il expliquait alors :

« Nous n’avons jamais travaillé sur ce qu’a représenté pour nous l’écroulement du monde soviétique. Ni réussi à remettre en cause notre matrice marxiste-léniniste, y compris en termes d’organisation du parti. »

« Demain, je peux faire autre chose »

Le communisme ne l’a pas quitté. Il a toujours ses convictions. Il se sent proche de ses « administrés », lui qui a grandi à Argenteuil. Il dit qu’il a une vision de la société, qu’il se bat et qu’il ne veut pas se laisser faire.

« J’y crois. Je crois que l’homme a à participer à la construction du monde. C’est la fin du XXe siècle, on construit le XXIe siècle. On participe.

Demain, je peux faire autre chose. Mon but c’est pas d’être maire ad vitam eternam. Moi, ce que j’aime c’est le débat d’idées, la confrontation. »

Pendant qu’on discute, un homme passe et lui met dans la main une petite pièce dorée dans un sachet. « La monnaie carrée de Nîmes. » « C’est étrange », dit-il, avant de sourire :

« Vous voyez, c’est comme ça, les gens passent. Il y a des trucs marrants qui se passent. »


Stéphane Gatignon pris en photo, à Paris, le 11 novembre 2012 (Renée Greusard/Rue89)

Stéphane Gatignon a l’air dans son élément. Il aime qu’aux siens se mélangent ces inconnus. Un homme vient lui serrer la main puis s’en va.

« Lui, vous voyez chaque jour, il est venu pendant une heure. »

« Putain » pour dire « merci d’être là »

A chaque fois qu’un de ses amis passe, Stéphane Gatignon lâche un « putain », ou un « oh » surpris et enthousiaste qui veut dire « merci d’être là. » L’un d’eux, lui a offert un livre sur Soutine : « Le Lyrisme et la matière ».

Karim Zéribi, un autre ami, élu marseillais, trouve que cette action ressemble bien au maire de Sevran, parce que « c’est un homme décidé, plein d’entrain ». Il comprend qu’« il est au bout, qu’il a tout fait pour alerter les pouvoirs publics », qu’« il est sur le fil du rasoir » et il le soutient :

« Son combat, ce n’est pas que le combat de Sevran, c’est le combat de tous les quartiers qui souffrent. On attend une autre répartition des richesses. »

Jusqu’où ira Stéphane Gatignon ? Il dit qu’il va réfléchir au fur et à mesure, il attend le débat de mardi sur ce sujet à l’Assemblée nationale.

« On va voir mardi et si on obtient pas satisfaction, on continuera. De toute façon, on a pas le choix. »

 

 

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9 novembre 2012 5 09 /11 /novembre /2012 19:22

 

 

« Ce n’est pas pour ça que vous avez été élu(e)s », dénoncent une centaine de personnalités (Daniel Cohn-Bendit, Myriam Martin, Olivier Besancenot, Patrick Chamoiseau, Pierre Laurent, Philippe Lioret, Martine Billard, Lilian Thuram, Richard Moyon, etc.), dans une pétition ouverte  à l'adresse de François Hollande et des élu(e)s de la majorité en pointant les reculs sur les contrôles d’identité, le droit de vote des étrangers, les régularisations: « C'est maintenant qu'il faut mettre  en chantier ces mesures qui feront qu’à l’avenir, l’immigration cessera de n’être considérée que comme "un problème"».



 

Dix années durant, nous avons combattu côte à côte la politique d’immigration dévastatrice de Sarkozy. Nous nous sommes retrouvés dans la rue, devant les préfectures et les centres de rétention, signataires d’innombrables pétitions, parrains et marraines d’enfants, de jeunes et de familles, proclamant notre refus d’une politique stérile et malfaisante qui dévaste des vies et nous déconsidère aux yeux des peuples du Sud. Des milliers de photos et de vidéos, chargées d’émotions, témoignent de ces combats communs.

Même si le candidat François Hollande s’est montré timoré dans ses prises de position sur l’immigration, le 6 mai laissait espérer un véritable changement sur ces questions. Des mesures en faveur des sans papiers, certes, du droit de vote des étrangers, la fin des contrôles au faciès, bien sûr. Mais aussi des gestes qui disent à tous les habitants de ce pays qu’ils sont ici chez eux, qu’ils sont légitimement de ce pays, qu’ils sont ce pays.

Au-delà de ceux qu’elle visait explicitement, les sans papiers, les Roms, les jeunes des quartiers, la politique d’exclusion de Sarkozy atteignait et blessait en réalité toutes celles et tous ceux dont le nom, le prénom, la couleur de peau ou le visage disent que leur patrimoine génétique n’est pas que berrichon, mâtiné, auvergnat et, par ricochet, tous ceux qui vivent avec eux, travaillent quotidiennement ou partagent des loisirs avec eux, les aiment et font des enfants avec eux.

Les mesures courageuses attendues du nouveau président auraient eu valeur de symbole, bien au-delà des catégories directement concernées. Le recul sur les contrôles d’identité, la poursuite de la destruction des bidonvilles Roms, les tergiversations sur le vote des étrangers, le refus répété d’une régularisation massive sont d’inutiles dérobades. Ce n’est pas pour ça que vous avez été élu(e)s. L’électorat de droite, travaillé par l’extrême-droite, ne s’en satisfera pas. La base sociale, le pays réel, auquel le gouvernement devrait s’adresser est déçue, désorientée bientôt dépitée. Il s’agit d’un malaise profond et d’une question grave. Des pans entiers de la société française se sentent exclus, marginalisés, méprisés, suspectés. La précarité et l’exclusion sont les terreaux de l’incivilité et de la délinquance. Quand la seule réponse est la répression, comme ce fut le cas des années durant… et comme cela semble devoir l’être encore, la machine à produire des Mohamed Merah a de beaux jours devant elle. L’actualité le prouve.

Les réponses à ces problèmes existent. Le président Hollande a les moyens de les donner. Tenir bon sur les contrôles d’identité, accorder le droit de vote aux étrangers aux élections locales. Régulariser ceux que la politique de Sarkozy a transformés en sans papiers. Autant de gestes qui affirmeraient publiquement, avec éclat, que les divisions artificielles entretenues délibérément par le régime précédent n’avaient plus lieu d’être. Que le métissage de la population est irréversible et un enrichissement pour tous. Que Mohamed et Aminata sont maintenant des prénoms français comme François ou Valérie et autant que Manuel ou Carla. Que blacks blancs et beurs sont de plein droit de ce pays et qu’ils y ont un avenir commun.

La société y est prête. Les actions de solidarité avec les lycéens sans papiers, avec les parents sans papiers d’enfants scolarisés, avec les travailleurs sans papiers en grève ont mis au jour une évolution en profondeur de la population de ce pays qui se sait métissée, l’assume, voire le revendique. Ce n’est pas pour rien que Yannick Noah, Zinedine Zidane et Omar Sy sont les personnalités préférées!

Certes, les sondages montrent un certain recul de l’opinion sur ces questions. C’est ainsi qu’alors qu’il était très majoritairement souhaité, le vote des étrangers ne le serait plus. Ce n’est pas étonnant: à ce jour non seulement le gouvernement ne s’est pas engagé dans la bataille idéologique qu’il faudrait mener, mais il a même rendu des points au camp d’en face.

Le droit de vote des étrangers, l’acceptation des migrants sans papiers établis en France et la reconnaissance de leurs droits seraient des gestes éclatants à l’adresse de tous ceux qui ne se sentent pas pleinement acceptés et d’abord des milieux populaires précarisés et métissés. Qui pourrait générer quelque chose comme l’enthousiasme de la coupe du monde jadis ou, plus près de nous, celui de la foule mélangée qui, à sa grande surprise, avait accueilli le vainqueur de Le Pen à la Concorde. Mais en mieux.

Sans doute est-il tard. Il aurait probablement été préférable que cette bataille soit engagée dès le début du quinquennat. Mais ce n’est pas une raison pour ne pas la mener. Il n’y a rien à gagner à ménager les thèses de la droite modérée qui suit la droite décomplexée qui elle-même file le train à l’extrême-droite.

Il y a urgence à engager cette bataille pour rendre la fierté d’appartenir à la société aux catégories exclues et adresser un message de fraternité à toutes celles et tous ceux perpétuellement renvoyés à leur condition « d’immigré », de la première, de la deuxième, de la nième génération, comme une éternelle malédiction.

A ce jour, l'action du gouvernement ne soulève guère d’enthousiasme. Il y a pourtant urgence ! Pour aboutir, pour triompher des idées toutes faites et de l’immobilisme, ces réformes doivent être mises en chantier très vite, dans les premières semaines, les premiers mois tout au plus, du mandat d’un président nouvellement élu, symbolisant la rupture avec l’ordre ancien et mettant au jour des évolutions en profondeur des mentalités.

C’est maintenant, dans les semaines qui viennent qu’il faut mettre ces réformes en chantier, celles qui resteront dans l’histoire comme l’acquis de François Hollande. Les mesures qui feront qu’à l’avenir, l’immigration cessera de n’être considérée que comme « un problème ». Ca ne règlera pas tout le reste. Mais ce sera quand même un progrès. Un vrai. Et, peut-être, la mise en mouvement du potentiel d’énergie, de créativité et d’enthousiasme aujourd’hui bridé par le poids du passé.

Pour s'associer à cet appel:  www.lapageaecrire.org

 

Premiers signataires:

Gabriel Amard, Président de la Communauté d'agglomération Les Lacs de l'Essonne et Président de l’association des élu(e)s du PG et apparentés, «La gauche par l’exemple»
Michel Andrieu, cinéaste
Eliane Assassi, Présidente du groupe CRC  au Sénat
Dante Bassino, responsable commission migration PCF Paris
Francine Bavay, présidente de  ECVF (élus contre les violences aux femmes), conseillère régionale EELV
Delphine Beauvois, Secrétaire nationale du Parti de Gauche à l'égalité Femmes-Hommes
Willy Beauvallet-Haddad, Enseignant-Chercheur, Collaborateur parlementaire
Tarek Ben Hiba, Conseiller régional Ile-de-France, président de la Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives (FTCR)
Mohamed Ben Said, médecin, UTAC (Union des Tunisiens pour l'Action Citoyenne), membre de la FTCR
Richard Béraud, Secrétaire général de la FERC-CGT
Olivier Besancenot, porte-parole du NPA
Jean Bigot, producteur de films
Alain Bihr, Professeur émérite de sociologie à l'Université de Franche-Comté
Martine Billard, Co-présidente du Parti de Gauche
Damien de Blic, Maître de conférence en science politique à l'Université Paris 8
Antoine Boulangé, militant antiraciste, syndicaliste enseignant
Alima Boumediene-Thiéry, juriste internationale, ex-parlementaire, responsable associative
Ian Brossat, Président du groupe PCF/PG au Conseil de Paris
Philippe Camo, conseiller régional PCF
Laurent Cantet, cinéaste
Maria Grazia Catelli, chercheur en biologie médicale, retraitée
Brigitte Cerf, RESF Paris, syndicaliste FSU
Patrick Chamoiseau, écrivain
Christiane Chombeau, Conseillère municipale de Colombes, Secrétaire nationale du PG
Clarika, chanteuse
Daniel Cohn-Bendit, Député européen
Yves Contassot, Conseiller de Paris
Eric Coquerel, Conseiller régional IDF et secrétaire national du PG
Alexis Corbière, Conseiller de Paris, secrétaire national du Parti de Gauche
Michel Corbou, auteur photographe
Didier Daeninckx, écrivain
Jacques Daguenet, adjoint au maire paris 11eme, divers gauche
Jean-Michel Delarbre, RESF 93, membre du Comité central de la LDH
Pierre Olivier Deschamps, photographe
Marie-Jésus Diaz, photographe, RESF 94
Marc Dolez, Député du Nord du Parti de Gauche
Nathalie Edme-Fessol, RESF Belgique
Mireille Fanon-Mendès-France, experte ONU, groupe de travail sur les personnes d'origine africaine
Eric Fassin, sociologue, Paris VIII
Hélène Franco, membre du BN du PG en charge des questions de justice et libertés
Jacques Gaillot, Evêque de Parténia
Jean Ganeval, Délégué régional LDH IDF pour le comité régional de la LDH Ile de France
Pierre Garçon, plasticien sculpteur, co-secrétaire du SNAPcgt
Armelle Gardien, RESF 92
Vincent Gazeilles, Conseiller général des Hauts-de-Seine
Riva Gherchanoc, membre du bureau national du PG, animatrice de la commission Migrations
Pierre Gineste, Association pour une citoyenneté européenne de résidence (ACER)
Frédéric Goldbronn, cinéaste
Serge Guichard, Président de l’ASEFRR (Association de Solidarité en Essonne aux familles Roumaines, Roms)
Jean-Louis Hess, artiste
Michel Husson, économiste à l'IRES, membre du Conseil scientifique d'Attac
Albert Jacquart, professeur en humanistique
Odile Jouanne, RESF 78
Christiane Klapisch-Zuber, Directrice d'études à l'EHESS
Pablo Krasnopolsky, RESF 94, syndicaliste  CGT
Jean-Marc Lachaud, Philosophe, Professeur des Universités, Université de Strasbourg
Pierre Lafrance, RESF 94
Pierre Laurent
, sénateur de Paris et secrétaire national du PCF
André Landrain, militant du réseau Migrations-citoyenneté, PCF 92
André Lejarre, photographe, Paris
Pascale Lenéouannic, conseillère régionale IDF, secrétaire nationale du PG
Jacques Lerichomme, Conseiller régional PACA, Gauche Unitaire
Philippe Lioret, cinéaste
Isabelle Lorand, Secrétaire nationale, responsable du secteur libertés et droit de la personne du PCF
Martine Maleval-Lachaud, Maîtresse de Conférences, Arts contemporains, Université de Lorraine
Noël Mamère, Député EELV
Jean-Claude Mamet, Romainville
Elisa Martin, conseillère régionale Rhône Alpes
Myriam Martin, Porte-parole Gauche Anticapitaliste
David Mbanza, Conseiller régional Ile de France
Nathalie M'Dela-Mounier, écrivain
Christophe Miqueu, membre du Bureau national du PG
Claire Monod, Conseillère Régionale IdF, Vice présidente du groupe EELV
Professeur Marie-Rose Moro, université Paris Descartes
Richard Moyon, RESF 92
Laurent Mucchielli, sociologue
Sylvain Mustaki, producteur de spectacles, Rock sans papiers entre autres       
Nadia Nguyen Quang, RESF 91
Claude Pascal, journaliste, Paris
Guillaume Pigeard de Gurbert, Professeur de philosophie de première supérieure
Patrick Pelloux, médecin, syndicaliste
Patrick Peugeot, président de la Cimade
Christian Picquet, Porte-parole Gauche Unitaire
Christine Poupin, porte-parole du NPA
Philippe Poutou, porte-parole du NPA
Catherine Rauscher, artiste peintre
Jacqueline Reynier, artiste Plasticienne
Christophe Ruggia, cinéaste
François Salvaing, écrivain
Laurence Sauvage, Conseillère régionale Nord Pas-de-Calais, secrétaire nationale Front des Luttes
Michel Séméniako, photographe
Judith Shan, Conseillère régionale Ile de France
Danielle Simonnet, Conseillère de Paris, secrétaire nationale du PG aux Migrations
Anthony Smith, responsable CGT Ministère du Travail, Châlons en Champagne
Mylène Stambouli, avocate, Paris
Pierre Tartakowsky, président de la LDH
Michel Tavet, conseiller municipal PCF de Neuilly sur Marne
Jean-Pierre Thorn, cinéaste
Lilian Thuram,  président de la fondation éducation contre le racisme
Catherine Tourier, RESF Lyon
Marcel Trillat, journaliste, réalisateur
Jérôme Valluy, Professeur de sociologie politique à l'Université Panthéon-Sorbonne-Paris 1
Agnès Verdurand, RESF
Marie-Christine Vergiat, Députée européenne
Brigitte Wieser, RESF 75
Henriette Zoughebi, Vice-présidente du Conseil régional Ile de France, PCF groupe Front de gauche

 

 

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9 novembre 2012 5 09 /11 /novembre /2012 18:48

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C’est devant l’Assemblée nationale que Stéphane Gatignon, maire Europe Écologie de Sevran, a décidé de débuter ce vendredi son action de la dernière chance : une grève de la faim. « On est à bout », explique l’élu, alors que le Parlement étudie actuellement le budget national et qu’il se penchera mardi sur la question des finances locales. « Cela fait 11 ans que je suis maire de Sevran et 11 ans que je fais face à une situation de pénurie financière structurelle, aggravée par la crise économique. Aujourd’hui je suis acculé. C’est ma dernière cartouche. Si on ne prend pas ce problème à bras-le-corps, moi demain je ne peux pas payer les employés municipaux et donc fournir les services de base à mes administrés, je ne peux pas payer les entreprises qui travaillent au renouveau de la ville de Sevran… Je n’ai pas d’autre choix. »

 


 

Ce « problème », c’est l’extrême difficulté pour les villes les plus pauvres de l’Hexagone à boucler leur budget annuel. Pour une ville comme Sevran et ses 51 000 administrés, les ressources de la municipalité sont réduites à peau de chagrin puisque dépendant fortement d’une taxe professionnelle très faible dans les zones sinistrées économiquement. Comme de nombreuses villes du Nord-Pas-de-Calais au Languedoc-Roussillon, en passant par la Seine-Saint-Denis, les villes comme Sevran, qui ont perdu une grande partie de leur activité à la suite de fermetures d’usine (Kodak, Westinghouse…), tirent la langue.

« C’est bien simple, par rapport à la moyenne des villes de 50 000 habitants, Sevran touche 30 millions d’euros de moins de budget chaque année. On est obligé d’augmenter les impôts locaux pour subsister mais il arrive un moment où on ne peut plus tirer sur la corde », explique le maire. « On en est rendu à une situation ubuesque où mes administrés, dont 16 % sont au chômage (près de 40 % chez les jeunes), qui ont des revenus inférieurs de moitié à la moyenne nationale, payent plus d’impôts locaux que ceux qui vivent dans les villes riches. »

Il suffit de se promener dans les rues de Sevran pour se rendre compte que la crise touche bien de plein fouet les collectivités locales. Selon Malik, un jeune Sevranais, les associations sportives municipales par exemple se réduisent chaque mois un peu plus, faute de subventions adéquates. « Il y a de moins en moins d’animateurs, de moins en moins de matériel… À Sevran, on n’a jamais eu les installations du Paris Saint-Germain, mais là ça devient pire que tout. Comment voulez-vous que les jeunes aient envie de participer, même les bâtiments partent en morceaux…»

Ce que veut éviter à tout prix Stéphane Gatignon, c’est l’exemple de la ville de Grigny. Dans une situation économique quasi similaire à celle de Sevran mais avec moitié moins d’habitants, Grigny a été mise en 2009 sous tutelle du préfet de l’Essonne, qui gère depuis ses finances. Résultat : une augmentation de 44,25 % de la taxe d’habitation et de 50 % de la taxe foncière, des coupes drastiques dans le fonctionnement de la mairie et des services municipaux (crèches, bibliothèques, conservatoire, équipements sportifs…). De quoi ghettoïser un peu plus une ville qui n’avait pas vraiment besoin de cela. « C’est l’absence de ce type de services qui pousse les familles un peu plus riches, ou en tout cas pas complètement pauvres, à déserter des villes comme Sevran, explique le maire. Vous pouvez construire autant de logements que vous voulez, les seuls qui viendront y habiter ce sont les familles précaires qui n’ont pas d’autre choix, tous les autres iront ailleurs… »

Sevran jaloux de Gennevilliers

Pourtant, Stéphane Gatignon, lui, se dit tout à fait pour une gestion serrée de sa mairie. « De toute façon, vu la situation actuelle, si on serre plus la ceinture, on attaque l’os. La rigueur, on connaît, je vous assure », plaisante-t-il. « On a tout de même baissé le nombre de salariés à la mairie de 25 %, ce n’est pas rien. » Mais pour lui, le problème est plus ample.

Son plus gros combat, c’est que cette gestion serrée soit partagée par toutes les communes de la région. Que l’effort soit partagé par les voisins. Dans l’intercommunalité de Sevran, on retrouve Villepinte, une commune moyenne, et surtout Tremblay-en-France, beaucoup plus riche, notamment grâce à l’aéroport de Roissy et à l’installation du siège social d’Air France sur son territoire. « Rentrer dans cette intercommunalité a rendu Sevran la pauvre artificiellement un peu plus riche. Comme certaines aides prennent en compte les revenus de l’intercommunalité, Sevran touche moins d’aide et Tremblay en touche plus », fait remarquer Stéphane Gatignon. (Voir les explications sur les différentes aides sous l'onglet Prolonger.)

 

La mairie de Sevran 
La mairie de Sevran
« Je ne demande pas la mise en place d’un nouvel impôt, ni de trouver de nouvelles ressources, celles qui existent sont suffisantes, il faut mieux les redistribuer », explique-t-il. Par exemple, la Dotation de solidarité urbaine (DSU), une aide de l’État aux communes confrontées à une insuffisance de ressources, devrait selon le maire être redistribuée aux 100 communes les plus pauvres et non pas aux 250 comme c’est le cas. « Une ville comme Gennevilliers par exemple, qui touche de fortes sommes en taxe professionnelle grâce à son port fluvial, a reçu cette année plus de 3 millions d’euros d’aide de l’État, alors qu’au niveau de l’Île-de-France, elle est considérée comme trop riche et reverse donc de l’argent au fonds de solidarité de la région », estime Stéphane Gatignon.

Une déclaration qui fait bondir le maire communiste de Gennevilliers, Jacques Bourgoin, qui met en avant la situation sociale très défavorisée de sa population : « À Gennevilliers, les revenus mensuels par personne sont les plus bas du département des Hauts-de-Seine, près de 50 % des foyers fiscaux ne sont pas imposables, le taux de chômage atteint les 17 %, la part des ménages touchant le RSA est de 13 %. Au classement des communes d’Île-de-France dont les populations sont les plus pauvres, Gennevilliers figure à la 19e place sur 1 242 communes, Sevran est à la 21e place. »

« La population de Gennevilliers, aussi pauvre que celle de Sevran, a autant besoin de services publics de qualité : logements, santé, culture, éducation », conclut le maire de Gennevilliers, même s'il se dit lui aussi « favorable à l’instauration d’un système de péréquation à l’échelle nationale et régionale ». En clair, si Gennevilliers doit reverser une aide au Fonds de solidarité de l’Île-de-France, c’est parce que celui-ci ne prend pas en compte la réalité sociale de la population, contrairement au Fonds de solidarité urbaine de l’État.

« Ma volonté par cette démarche n’est pas de monter une ville contre une autre », précise Stéphane Gatignon« je ne cherche pas à déshabiller Pierre pour habiller Paul, je dis juste qu’il y a un vieux système rigide en France qu’il faut réformer. Il y a des villes riches dans la région (Paris, Puteaux), il faut qu’elles acceptent une redistribution des cartes. Il y a suffisamment d’argent pour tout le monde. Il faut que les élus arrêtent de vouloir s’en sortir tous seuls, grâce au copinage avec le préfet, ou en se satisfaisant de ce qu’ils ont avec pour seul objectif d’être réélus. »

 

La stratégie des coups médiatiques

 

 

Au ministère de la Ville, les gesticulations de Gatignon commencent à faire grincer des dents. On indique d’ailleurs que des aides supplémentaires ont déjà été débloquées pour 2013 : +120 millions d’euros de dotation de solidarité urbaine (DSU), +50 millions d’euros d’augmentation pour la Dotation de développement urbain (DDU) reversée aux 100 communes les plus pauvres…

« C’est un effort de péréquation sans précédent qui est ainsi proposé pour 2013 », explique, dans une lettre ouverte à Stéphane Gatignon, le ministre délégué à la Ville François Lamy, avant d’assurer que la porte du ministère est grande ouverte à l'élu, « sans qu’il y ait besoin de recourir à la pression médiatique ».

Joint par Mediapart, le service du ministre de la Ville se veut apaisant : « Le fait de cibler la Dotation de solidarité urbaine (DSU) plus particulièrement sur les 100 villes les plus pauvres plutôt (plutôt que sur les 250 actuellement - ndlr) est étudié par le ministre. Il compte rencontrer M. Gatignon et a confié il y a un mois au maire de Sarcelles, François Pupponi, une mission de consultation qui doit rendre son rapport fin janvier 2013 », explique-t-on au cabinet du ministre.

Pour l’instant, Stéphane Gatignon dit ne pas avoir entendu parler d’une rencontre avec le ministre et ne compte donc pas fléchir sans avoir obtenu des réformes structurelles qui lui permettraient d’arrêter de venir « mendier chaque année pour ne pas mettre la clé sous la porte ».

« L’autre problème, dans ce système, c’est que le tout libéral est devenu la norme dans le monde des collectivités locales, sans prendre en compte le fait que nous soyons là pour répondre à des besoins sociaux, de proximité avec la population, et non avec des visées commerciales. Or aujourd’hui, on a institutionnalisé le fait qu’une collectivité locale devait être gérée comme une entreprise », assure Stéphane Gatignon.

L'édile prend l’exemple des prêts bancaires inévitables pour boucler un budget municipal. « Comme il y a eu des faillites de municipalités en Espagne ou au Royaume-Uni, les banques ne prêtent plus qu’aux villes riches, qui ont les reins assez solides pour rembourser, ou alors avec des taux toxiques, ce qui fait que certaines communes ont des prêts à 25 % d’intérêts aujourd’hui en Seine-Sant-Denis. Le problème, c’est que l’État et la Caisse des dépôts ne prêtent plus non plus. » 

 

Stéphane Gatignon dans son bureau, à la mairie de Sevran 
Stéphane Gatignon dans son bureau, à la mairie de Sevran© RC

Il y a même « pire » selon le maire. « Ce sont les communes qui prêtent de l’argent à l’État, lequel met des années à nous rembourser les programmes de rénovation urbaine mis en place dans la ville mais avec l’aval du gouvernement… Aujourd’hui, on a un retard de versement de l’État de 4,7 millions d’euros et moi, il me manque 5 millions pour boucler mon budget. C’est le serpent qui se mord la queue… »

C’est donc dans ce contexte que le maire a débuté vendredi à 16 heures sa grève de la faim. Avec ses 69 kilos pour 1,82 mètre, son médecin lui a conseillé de ne pas prendre de risques inutiles, mais lui assure qu’il ne lâchera rien, jusqu’à ce que les choses changent. À ceux qui l’accusent d’aller toujours plus loin dans les coups d’éclat médiatiques, il rétorque qu'il veut des résultats. « Ça fait huit ans qu’on nous promet la mise sous tutelle et jusqu’ici on y a toujours échappé, mais toutes mes victoires, je suis allé les chercher avec les dents. C’est peut-être dommage mais en tout cas dans ce pays, si on ne fait pas ce genre de sorties, personne ne vous écoute. Il a fallu mon appel aux casques bleus l’an dernier pour qu’enfin on m’envoie des compagnies de CRS supplémentaires pour arrêter les règlements de comptes entre bandes. Quand on est dans la merde, on a l’énergie du désespoir. »


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9 novembre 2012 5 09 /11 /novembre /2012 18:22

 

 

Rue89 - Témoignage 09/11/2012 à 18h02
Cheryl Pereira | Habitante d'Echirolles

 

 

Un lundi, je découvre un tract contre les « nuisances » des Roms qui campent près de mon immeuble : « Il y a tout lieu de redouter les cambriolages. »

Les familles roms se sont installées mi-octobre sur l’herbe, juste devant chez nous. Une soixantaine de personnes, dont des femmes enceintes et beaucoup d’enfants.

Nous vivons à la frontière entre Grenoble et Echirolles (Isère), au sud du quartier des Granges (tristement célèbre). J’habite un des trois immeubles sociaux, entourés d’une majorité de copropriétés.

De nos fenêtres nous voyons le terrain de foot, un parking et cette étendue d’herbe où ils ont planté leurs pauvres tentes igloo dans des conditions insalubres : pas de poubelles, pas de toilettes, pas d’eau.

Un tract sur la porte du hall

Des voisins sont allés à leur rencontre, discuter avec eux, essayer de savoir d’où ils venaient. Personnellement je n’y étais pas allée jusqu’à ce qu’en rentrant chez moi, lundi 22 octobre, je trouve ce tract affiché sur la porte du hall.

 


Le tract affiché dans le hall de l’immeuble

« Un camp de Roms s’est installé depuis mardi dernier, dans le pré qui borde le parking d’Alpexpo, à la limite entre Grenoble et Echirolles.

Afin de ne pas subir une nouvelle fois des nuisances de toute sorte, tout comme cet été, nous devons nous mobiliser en masse et avertir les autorités compétentes (mairies de Grenoble et Echirolles, ainsi que la police afin que ces gens soient obligés de partir).

Chaque jour, de nouvelles tentes sont installées et chaque jour les ordures et déjections s’amoncellent un peu plus !

Ces gens se promènent la nuit dans nos environs, et il y a tout lieu de redouter les cambriolages...

Il faut donc agir au plus vite tant qu’il n’y a qu’une quinzaine de tentes, pour le bien de tous et surtout pour éviter une dégradation constante, depuis plusieurs mois, de notre quartier.

Mobilisez-vous pour le quartier des Granges. »

Ce n’était pas signé bien sûr. J’ai tout de suite pensé à Marseille, aux habitants qui ont chassé des Roms et brûlé leurs affaires, ça m’a vraiment choquée.

Je me demande comment quelqu’un a pu écrire ça. Les familles sous tentes sont roms mais toutes avaient peur de la réaction des riverains, elles ne se promenaient pas dans le quartier. On ne pouvait ressentir aucune menace de leur part. Furieuse, j’ai fait le tour des immeubles pour arracher ces tracts.

J’ai affiché un mot à la main, disant qu’il y avait des gens en détresse juste en bas de chez nous, et qu’on pouvait peut-être les rencontrer plutôt que leur taper dessus. Puis j’ai envoyé un e-mail à tous mes voisins du secteur – je fais partie d’une association de locataires mais je leur ai écrit à titre individuel – pour leur demander s’ils savaient d’où pouvait venir ce torchon raciste.

Une petite fille en sandalettes

Nous nous sommes concertés pour aller rencontrer les Roms, à six ou sept voisins. Au début, ils étaient sur leurs gardes, se défendaient : « C’est la police qui nous a dit de venir. » On leur a expliqué qu’on était simplement étonnés qu’ils se retrouvent ici.

Une dame m’a montré sa petite fille en sandalettes, qui marchait les pieds mouillés dans l’herbe. Une femme a dit qu’elle avait froid, une autre qu’elle avait peur des rats. Un gamin de 11 ans qui parlait français faisait la traduction, et de temps en temps il partait pour aller jouer.

Ils nous ont dit être macédoniens, serbes, kosovars, et ne se comprenaient pas tous entre eux. Un de nos voisins a pu converser en italien avec un Macédonien qui parlait bien cette langue. Plus tard, ce voisin a acheté des bâches et cordages pour protéger les fragiles tentes igloo des « campeurs ».

Nous avons sollicité le collectif La Patate chaude, qui a l’habitude de travailler avec les Roms. Ses membres parlant serbe nous ont accompagnés.

Gâteaux, couvertures, vêtements

Toute l’organisation s’est faite de manière spontanée, entre nous. Chacun a des talents spécifiques : certains parlent plusieurs langues, d’autres ont travaillé dans des crèches ou avec des personnes âgées, d’autres avaient un impressionnant carnet d’adresses, etc.

Les associations, déjà très occupées, nous ont donné de précieux conseils et orientés vers les « bons » interlocuteurs. Nous avons sollicité les élus et harcelé les autorités. Nous avons bombardé les mairies d’e-mails, d’appels. C’était toujours de la compétence de l’autre administration. Personne ne bougeait.

La nuit, la température tombe. Nous avons envoyé des e-mails à toutes nos connaissances pour obtenir de l’aide et donné aux familles des couvertures, de la nourriture, des vêtements. Nous avons emmené les malades chez les médecins du quartier ou à Médecins du monde.

On leur a prêté une pioche pour creuser des latrines, qu’ils ont ensuite rendue. Les familles ont gardé leur campement très propre, en entassant leurs déchets dans de grands sacs poubelles dans un coin, avant que nous les emmenions à la déchetterie en voiture.

A chaque fois qu’on repartait, on était mal de savoir que des enfants dormaient dans ces conditions.

Au centre social

Quand il s’est mis à pleuvoir au bout de quatre jours, nous avons débarqué au centre social et obtenu de pouvoir nous y réunir. Avec quelques hommes du campement évidemment, pour voir avec eux ce dont ils avaient le plus besoin.

Leurs demandes nous dépassaient complètement : ils disaient « maison », « école », « papiers », « travail ». Et « manger », ce qui nous faisait le plus mal au cœur. Nous avons essayé de comprendre leur situation administrative avec des interprètes macédoniens adorables.

Les secrétaires du centre social ont apporté du thé et du café à tous. Le directeur a accepté de nous laisser le centre pour le week-end et pour des réunions, sans accès aux toilettes cependant.

Samedi 27 octobre, mon compagnon, qui est restaurateur, a fait un mégarepas chaud. On a fait venir les familles au centre social à tour de rôle et avons pu servir plus de 70 personnes.

Déménagement au gymnase

Cet après-midi-là, le directeur général des services de la mairie d’Echirolles est venu nous annoncer l’évacuation des Roms vers un gymnase à Grenoble. Faute de véhicules, ils devaient y aller en tram.

Les téléphones ont marché à fond pour trouver de l’aide et des voitures. Pendant que les hommes démontaient le camp, nous avons emmené les femmes et les enfants.

Une douzaine d’habitants du coin ont fait le déménagement avec des membres du collectif de la Patate chaude et deux estafettes que la ville a fini par nous accorder.

Dès que les hommes sont arrivés au gymnase, ils ont couru comme des fous à l’intérieur pour s’assurer que les femmes et les enfants étaient bien là. On était sidérés et on s’est demandé ce qu’ils avaient subi dans leur vie pour avoir si peur. Nous avons passé le relais à la Croix-Rouge.

Collecte et couscous

Depuis, on s’est relayés tous les jours. Un restaurant près du gymnase a servi 100 repas le dimanche. Les parents de Sofiane, tué il y a un mois à Echirolles, ont fait un couscous. On a continué à récupérer des couvertures, des chaussures, des biberons, des chauffe-biberons, des médicaments pour les malades.

Certains on acheté du lait, des petits pots de fruits, des couches, d’autres des produits d’hygiène, on a distribué des serviettes de toilette, une dame est venue avec du chocolat chaud.

Nous avons accompagné une femme enceinte à l’hôpital pour l’accouchement. Elle a été renvoyée au gymnase avec un bébé de 3 jours. Tous ceux qui sont passés, assistantes sociales, médecins, pompiers, assistants parlementaires, étaient atterrés de ces conditions de vie.

Puis les familles ont été évacuées du gymnase. Les familles avec des enfants mineurs dans des centres d’accueil, les autres, à la rue.

Cynisme des pouvoirs publics

Je savais que le parcours de ces immigrants était difficile, mais pas à ce point. Il existe un véritable cynisme des pouvoirs publics. Avec ces phrases toutes faites comme « on ne peut pas accueillir toute la misère du monde », on a complètement occulté qu’il s’agissait d’êtres humains.

Je ne fais pas d’angélisme : il peut y avoir des chapardages, il peut aussi y avoir des réseaux mafieux, mais les Roms sont traités en sous-hommes un peu partout en Europe.

Nous comptons vraiment suivre ces familles et savoir ce qu’elles vont devenir. Nous avons décidé de nous appeler « Collectif citoyen des habitants des Granges et d’Echirolles, soutien aux gens de l’ex-Yougoslavie, atterris sous des tentes sur les terrains d’Alpexpo ».

C’est long, comme la liste des gens qui nous ont rejoints dans un formidable élan. Et pour moi ça a une autre signification que lorsque les associatifs prennent tout en main.

En catimini, beaucoup de gens pas concernés m’ont dit : pour les Français qui sont dans la mouise, personne ne bouge le petit doigt. Pour moi, cela ne s’oppose pas. La misère n’est pas acceptable, qu’elle vienne d’ici ou d’ailleurs.

Nous continuerons à interpeller les politiques et leur disons que ce que nous, simples citoyens, faisons avec nos modestes moyens, les autorités doivent le faire plus efficacement et humainement. Nous voulons le changement maintenant.

 

MERCI RIVERAINS ! Pierrestrato
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9 novembre 2012 5 09 /11 /novembre /2012 17:33

 

Le maire de Sevran en grève de la faim pour les "villes pauvres"

 

LCI - Mis en ligne le 09 novembre 2012 à 18h26, mis à jour le 09 novembre 2012 à 18h44

  Stéphane Gatignon, élu EELV, a débuté son action vendredi devant le Palais Bourbon. Objectif: attirer l'attention sur la situation d'urgence financière dans laquelle se trouvent les villes les plus pauvres de France.

Il a choisi une "arme non violente". Stéphane Gatignon, maire EELV de Sevran en Seine-Saint-Denis et conseiller régional d'Ile-de-France, a décidé, vendredi, d'entamer une grève de la faim afin d'alerter l'opinon sur la situation d'urgence financière dans laquelle se trouvent les villes les plus pauvres de France. Une action qu'il a lancée devant le Palais Bourbon.

Il compte ainsi appeler les parlementaies à "aider ces villes, comme Sevran et ces 100 villes les plus pauvres pour aller au bout de leur projet, pour simplement continuer d'exister", explique-t-il dans une vidéo publiée par Mediapart. Il prévient qu'il est "prêt à aller jusqu'au bout", jugeant que "c'est [son] devoir de maire".

"Je reste là jusqu'à mardi s'il le faut"

Auparavant, il avait adressé un courrier aux parlementaires pour réclamer une aide exceptionnelle de cinq millions d'euros pour sa commune, à laquelle des banques refusent de faire crédit, sous peine de "mettre la clé sous la porte". Un autre avait été envoyé au ministre de la Ville François Lamy. Il avait aussi lancé une pétition "Urgence budget 2013, les villes pauvres n'ont pas à faire les frais de la crise financière".

"Les pétitions et les discours, ça ne suffit pas", a déclaré Stéphane Gatignon devant le Palais Bourbon, où une centaine de personnes, des élus et des habitants de Sevran, s'étaient déplacées pour l'encourager. "Je reste là jusqu'à mardi et plus s'il le faut", a-t-il ajouté.

 

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Le maire de Sevran en grève de la faim devant l’Assemblée

Gwenaelle Bourdon | Publié le 09.11.2012, 17h06 | Mise à jour : 18h00

Paris (VIIe), vendredi. Le maire EELV de Sevran, Stephane Gatignon (assis au premier plan), se met en grève de la faim devant le Palais-Bourbon. Il réclame une solidarité financière avec les villes pauvres
Paris (VIIe), vendredi. Le maire EELV de Sevran, Stephane Gatignon (assis au premier plan), se met en grève de la faim devant le Palais-Bourbon. Il réclame une solidarité financière avec les villes pauvres | LP / Gwenaelle Bourdon


Le maire (EELV) de Sevran, Stéphane Gatignon, a entamé ce vendredi à 16h30 une grève de la faim devant l’Assemblée nationale pour obtenir une augmentation de la dotation de solidarité urbaine, destinée à aider les villes les plus en difficulté.

La DSU doit être votée la semaine prochaine par les députés. L’élu réclame 5M€ pour sa commune de 50 000 habitants, l’une des plus pauvres de Seine-Saint-Denis. C’est le seul moyen de boucler le budget 2013, «sinon on va mettre la clé sous la porte», avait-il déclaré le mois dernier à l'édition 93 du Parisien.

Le maire, entouré d’élus de sa ville et d’habitants, a déployé une tente Quechua sur la place Edouard-Herriot, voisine du Palais-Bourbon et installé une banderole : «Les budgets des communes pauvres oint besoin de solidarité face à la crise».

LeParisien.fr

 

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Le Monde.fr | 09.11.2012 à 10h58 • Mis à jour le 09.11.2012 à 15h10 Par François Béguin

 

  Le maire de Sevran appelle ses administrés à manifester devant l'Assemblée nationale 

 

Lorsqu'on est maire d'une commune de Seine-Saint-Denis au bord de la banqueroute en raison de la crise financière et bancaire, que peut-on faire pour attirer l'attention des médias et des élus sur son sort ? On peut par exemple demander à ses administrés de venir manifester devant l'Assemblée nationale. Retombées médiatiques assurées.

C'est ce qu'a choisi de faire Stéphane Gatignon, le maire EELV de Sevran à qui il manque 5 millions d'euros pour équilibrer le budget 2013 de sa commune, une condition nécessaire pour obtenir des prêts des banques. "On est au bout du bout, dit-il. Au bord de l'implosion, Qu'on ne vienne pas ensuite se plaindre quand il y aura des problèmes dans les banlieues."


FAÇON "UN PEU VIRILE" D'ENGAGER LE "DIALOGUE" 

Près de 20 000 tracts ont donc été distribués mardi dans les boites aux lettres de la ville pour appeler à un rassemblement devant le Palais Bourbon ce vendredi. Un car a été affrété pour l'occasion et la municipalité mise sur la présence de 50 à 100 personnes. Dans l'entourage du maire, on admet qu'il s'agit-là d'une façon "un peu virile" d'engager le "dialogue" avec les parlementaires qui examinent en début de semaine prochaine la dotation de solidarité urbaine (DSU).

Le maire explique qu'il refuse "toute augmentation d'impôts locaux" ou "toute baisse des actions de service public" de la commune. Appelant à une meilleure péréquation entre les collectivités en Ile-de-France, Stéphane Gatignon juge que ce n'est pas à Sevran de faire les frais des difficultés de Dexia ou des retards de remboursement de l'Etat des fonds engagés par la ville dans le cadre des projets de rénovation urbaine (ANRU) .

 

 "DÉSAGRÉABLE IMPRESSION DE DEVENIR UN 'MAIRE MENDIANT'"

" Sans cette dotation, la ville mettra la clé sous la porte ", avait-il expliqué dans une lettre aux parlementaires le 19 octobre, dans laquelle il avouait avoir la "désagréable impression de devenir un 'maire mendiant'." Avec un budget de 69 millions d'euros en 2011, les moyens de Sevran sont inférieures de 35 % à la moyenne des villes de taille équivalente, selon les calculs de la mairie, qui met par ailleurs en avant sa bonne gestion.

Le ministre délégué à la ville, François Lamy, avait répondu le 29 octobre en mettant en avant "l'effort de péréquation sans précédent" du gouvernement pour 2013, soulignant notamment que la DSU, qui a atteint 1,37 milliard d'euros en 2012, progresserait de 120 millions d'euros l'année prochaine. "Ce n'est pas de 120 mais de 180 millions qu'il faudrait augmenter cette DSU, objecte Stéphane Gatignon. Et il faudrait arrêter de saupoudrer ces aides pour les concentrer sur les communes les plus en difficulté."

Le ministre délégué à la ville, se déclarant "soucieux des collectivités locales les plus en difficultés", ajoutait que la dotation de développement urbain (DDU) serait "reconduite à hauteur de 50 millions d'euros" et que le fonds de solidarité de la région Ile-de-France "devrait passer de 210 à 230 millions d'euros". "La porte de mon bureau est toujours ouverte aux élus qui souhaitent une rencontre, même en urgence, sans qu'il n'y ait besoin de recourir à la pression médiatique", concluait François Lamy.

François Béguin

 

 

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8 novembre 2012 4 08 /11 /novembre /2012 18:07

 

 

« En finir avec la compétitivité ». Tel est l'objectif poursuivi par sept militants d'Attac et de la fondation Copernic, économistes pour la plupart, qui, dans une étude de 27 pages, critiquent les principaux points du rapport de Louis Gallois sur la compétitivité et dénoncent le « triple ralliement » du pacte du gouvernement « aux dogmes libéraux : à celui des salaires et des cotisations sociales comme cause de la désindustrialisation et du chômage, à celui de la nécessité de la baisse des dépenses publiques et à celui de la TVA antisociale ».

« Un tel pacte faustien, par lequel la gauche vend sa raison d'être, ne donne hélas rien en échange », assurent ensemble Thomas Coutrot, Jean-Marie Harribey, Norbert Holcblat, Michel Husson, Pierre Khalfa, Jacques Rigaudiat et Stéphanie Treillet. La tonalité générale de leurs travaux est donnée, et elle n'est guère surprenante, compte tenu de l'appartenance de la majorité de ces auteurs à la mouvance altermondialiste ou anti-libérale.

Leur étude mérite qu'on s'y attarde. Elle note d'abord et à juste titre que le thème de la compétitivité est « un marronnier des débats de politique économique » et qu'il est difficile d'en proposer une définition claire et admise par tous, « sinon sous une forme tellement vague qu'elle se prête à toutes les interprétations ».

Le diagnostic du rapport Gallois sur l'état de l'industrie française, sur son décrochage et sur son déficit d'innovation est partagé. En revanche, Attac et la Fondation Copernic apportent un éclairage différent sur les causes des faiblesses industrielles françaises : ils contestent l'argument patronal selon lequel le niveau historiquement bas du taux de marge des entreprises empêcherait celles-ci d'investir dans l'innovation et font observer que, dans les années 1990, ce taux de marge avait augmenté mais que l'effort en R&D était resté globalement stable.

Constatant que la part des revenus nets distribués par les sociétés non financières en 2011 a atteint 9% de leur valeur ajoutée, soit le point le plus haut depuis la seconde guerre mondiale, les auteurs en concluent que les entreprises ont choisi de continuer à augmenter les dividendes plutôt que d'investir dans l'innovation. Ils font aussi observer que les PME et les ETI françaises sont asservies à la logique financière des grandes groupes, contrairement à leurs homologues allemandes ou italiennes, et que les exportations françaises sont plus sensibles que les exportations allemandes au taux de change de l'euro.

L'alourdissement du « coût du travail » n'est pas la cause des pertes de parts de marché françaises. Depuis 10 ans, les coûts salariaux unitaires français (salaire par unité produite) ont évolué comme la moyenne européenne, rappellent nos sept auteurs en faisant remarquer que « la mondialisation près de chez nous brouille les cartes ». Et de rappeler que l'amélioration de la compétitivité-prix de l'Allemagne ne s'explique pas seulement par le gel des salaires mais aussi par la délocalisation de segments productifs entiers vers les pays d'Europe centrale et orientale (PECO).

La contribution des grandes firmes « nationales » aux performances de leur pays de rattachement peut se dégrader à partir du moment où elles réalisent une partie croissante de leur chiffre d'affaires à l'étranger (cf Renault et  la Roumanie), ce phénomène pouvant être amplifié par l'utilisation des prix de transfert entre sociétés membres d'un même groupe de manière à localiser le bénéfice final dans un pays à fiscalité avantageuse.

Plutôt que de se focaliser sur le coût du travail, mieux vaut s'intéresser à celui du capital. « En l'espace de douze ans, la part des revenus distribués par les sociétés non financières a pratiquement doublé par rapport à leur excédent brut d'exploitation (EBE), et presque doublé par rapport à leur valeur ajoutée brute (VAB), déjouant donc la coupure avant/après la crise, au point d'absorber plus des 4/5 de leur EBE », écrivent les auteurs. « Crise ou pas crise, la part de plus en plus lourde que les entreprises choisissent de distribuer aux propriétaires du capital affaiblit leur capacité à faire face à tous les aspects de la compétitivité ».

On ne sera pas surpris qu'Attac et la Fondation Copernic préconisent d'abandonner la logique même de la compétitivité, cette « voie sans issue, économiquement absurde et socialement destructrice »  et proposent un autre modèle de développement qui rompt avec le consumérisme.

 

 

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7 novembre 2012 3 07 /11 /novembre /2012 22:46

 

 Marianne - Mercredi 7 Novembre 2012 à 12:00

 

Jack Dion
Directeur adjoint de la rédaction de Marianne et grand amateur de théâtre En savoir plus sur cet auteur

 

 

 

(CHAMUSSY/SIPA)
(CHAMUSSY/SIPA)

Un homme, prénommé Francis, s’est pendu à l’heure de la pause déjeuner, dans le bureau de poste de La Fère (Aisne). Il avait 55 ans. Quelques minutes avant le geste fatal, il avait envoyé un mel à sa direction, résumé par un seul mot : « Adieu ». Dans ce message post mortem, si l’on peut dire, il affirmait ne plus supporter le manque de « reconnaissance » au travail. Il écrivait notamment : « J’ai attendu jusqu’au dernier moment un vrai message d’espoir, un peu de reconnaissance du travail que j’ai effectué, rien, rien du tout ».

A la radio, à la télévision, dans les journaux, le drame a été à peine évoqué. Il a eu moins d’écho que le traumatisme des quelques Français qui ont été privés du marathon de New York à cause de l’ouragan Sandy, et qui se sont préparés si longtemps pour avoir la chance de traverser le pont de Brooklyn.

Un homme qui se pend sur son lieu de travail, quel intérêt ? Qu’il s’agisse du quatrième suicide à La Poste en un peu plus d’un an, quelle importance ? Que cela concerne un service public converti de force aux joies de la gestion managériale en vogue dans le privé, qui s’en soucie ? Que les syndicats mettent en garde à longueur de communiqués rageurs et de SOS à répétition, qui s’en préoccupe ?   

Par un hasard du calendrier, le suicide de Francis a eu lieu en pleine discussion sur le rapport Gallois. Ce dernier a été ramené par les éditocrates à une seule question : comment réduire le « coût du travail » ? Impossible d’y échapper. Certains (fort rares, on en convient) ont beau expliquer que la « compétitivité » du pays ne se redressera pas en taillant à la serpe dans la partie salariale (sinon la Grèce se porterait à merveille), il est des gens bien installés qui posent et reposent la seule question digne d’intérêt à leurs yeux de convertis : mais qu’attendez-vous donc pour réduire le « coût du travail » ?

L’autre matin, l’inénarrable Jean-Michel Apathie recevait Louis Gallois sur RTL. Comme ce dernier expliquait pourquoi il lui paraissait nécessaire de réaliser un allègement de 20 milliards d’euros de « charges » (qui sont en réalité une partie de salaire dévolue au financement de la protection sociale), le journaliste accusait le commissaire général à l’investissement de «jouer petits bras », d’être « timoré », de se contenter de « pas grand chose ». Et d’expliquer que 20 milliards, ce n’était pas suffisant, qu’il fallait aller bien au-delà, à 50 voire 60 milliards. Et pourquoi pas 100 milliards pour faire un compte rond ? C’est comme au loto, il faut miser gros pour toucher le gros lot.

Il n’est nul besoin d’avoir fréquenté les cours d’une école de journalisme pour comprendre le message subliminal d’une telle (non) « analyse ». Cela revient à dire que la cause de la crise, aujourd’hui, c’est le travail et sa rémunération – enfin celui des salariés en général et des ouvriers en particulier, dont chacun sait qu’il frise l’opulence.

En effet, quand on évoque les revenus des grands patrons, ces mêmes esprits crient aussitôt au « racisme anti patrons ». Ils sont même prêts à monter dans la même voiture idéologique que Laurence Parisot pour pérorer contre le « racisme anti entreprises » (sic). En revanche, ils sont tous d’accord pour dénoncer le « coût du travail » (celui des autres, pas le leur).
Peu importe si derrière cette notion, il y a des hommes et des femmes qui souffrent ; des hommes et des femmes qui ont des salaires de misère ; des hommes et des femmes qui se sentent oubliés, abandonnés, méprisés; parfois même des hommes et des femmes qui vont jusqu’à commettre l’irréparable.

On se gardera ici d’instrumentaliser le geste de Francis le postier. Dans tout suicide, il y a une part personnelle, intime, qui interdit la généralisation abusive et l’accusation définitive. Mais comment un homme comme lui pouvait-il réagir à l’écoute du débat ubuesque sur la nécessaire réduction du « coût du travail » ? Le coup du « coût du travail »,  à le lire, il en est mort.
Que l’on me comprenne bien. Le débat sur la situation économique de la France est nécessaire. Il faut le mener sans faux fuyant, sans œillères, sans a priori idéologique, sans tomber dans les ornières du démagogiquement correct. Mais il faut mesurer le poids des mots et des maux.

Voici peu, on disait non sans raison que la mise au rebut de la valeur travail était l’une des origines de la crise. Aujourd’hui on semble avoir oublié ce constat de bon sens pour faire du travail et de son prétendu « coût » l’ennemi public numéro 1. C’est une injure à tous ceux qui vivent comme ils peuvent de leur travail, et c’est une insulte à la mémoire de ceux qui en sont morts.  

 

 

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7 novembre 2012 3 07 /11 /novembre /2012 16:23

 

Le Monde.fr avec AFP | 07.11.2012 à 08h51 • Mis à jour le 07.11.2012 à 11h29

 

 

Le sénateur, proche de l'ancien président Jacques Chirac, apparaît dans un procès en appel pour emplois fictifs.

Quatre ans de prison dont deux avec sursis, soit moins qu'en première instance, et cinq années d'inéligibilité ont été requis mardi 6 novembre à Tahiti contre le sénateur et ex-président de la Polynésie française Gaston Flosse, dans un procès en appel pour emplois fictifs.

L'avocat général a également demandé une amende de 84 000 euros ainsi que l'indemnisation des parties civiles, Polynésie française et assemblée locale.

Ces réquisitions sont moins sévères que la peine à laquelle avait été condamné, en première instance, le sénateur apparenté UDI et ex-UMP de cette collectivité du Pacifique : quatre années de détention ferme. Des relaxes ont été requises par le représentant du ministère public au bénéfice de dix-huit de la quarantaine de prévenus.

 

 CORRUPTION ET CHUTE DU PATRON DE TAHITI

Renvoyé pour détournement de fonds publics et prise illégale d'intérêts, Gaston Flosse, est soupçonné d'avoir mis en place un vaste système clientéliste, de 1995 à 2006, en usant de contrats cabinet de la présidence destinés, selon l'accusation, à s'assurer de sa réélection.

Une peine de cinq ans de prison a déjà été requise, en octobre, contre l'ancien président de la Polynésie française, jugé depuis le 24 septembre dans une affaire de corruption. Le président du parti Tahoera'a Huiraitira, 82 ans, ancien proche de Jacques Chirac et ancien secrétaire d'Etat chargé du Pacifique sud, est soupçonné d'avoir perçu près de 1,2 million d'euros en liquide, entre 1993 et 2005, pour favoriser les sociétés de l'homme d'affaires Hubert Haddad.

 

Lire : Polynésie : la fin du système Flosse


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5 novembre 2012 1 05 /11 /novembre /2012 18:43

 

 

Le Monde.fr avec AFP | 05.11.2012 à 15h30 • Mis à jour le 05.11.2012 à 15h38


 

Sea Shepherd est une ONG fondée en 1977 par Paul Watson, écologiste canadien, qui se consacre à la protection des océans.

L'organisation non gouvernementale de défense des océans Sea Shepherd, bête noire des baleiniers japonais, qu'elle harcèle chaque hiver dans l'océan austral, a officiellement ouvert lundi 5 novembre sa campagne 2012, baptisée "Tolérance zéro", en lançant son navire-amiral à la poursuite de la flotte nippone. Le Steve Irwin a quitté Melbourne pour prendre la tête de la neuvième campagne de l'association, la plus ambitieuse de son histoire, avec quatre navires – dont le Brigitte Bardot – un hélicoptère, trois drones et une centaine de personnes engagées.

La campagne est plus précoce que les années précédentes parce que les militants entendent perturber les baleiniers dans le Pacifique nord, au large du Japon, plutôt que de les attendre dans les eaux de l'Antarctique. "La mission, cette année, est de les intercepter dès que possible (...) pour les empêcher de tuer une seule baleine", a expliqué le directeur de la branche australienne de Sea Shepherd, Jeff Hansen.

 

 LA CHASSE COMMERCIALE AU CÉTACÉ INTERDITE DEPUIS 1986

Officiellement, les activités de la flotte nippone dans l'Antarctique sont destinées à la "recherche scientifique", une pratique tolérée par la Commission baleinière internationale, qui interdit la chasse commerciale au cétacé depuis 1986. Les autorités japonaises affirment que cette pêche fait partie intégrante de la culture nippone, sans cacher que la viande de baleine termine sur les étals.

Lire aussi : Le Japon se prépare à dix ans de pêche à la baleine

En 2011, le Japon avait néanmoins été contraint d'interrompre prématurément sa campagne de pêche à cause du harcèlement de militants écologistes, après avoir capturé seulement 172 baleines, soit un cinquième de leur objectif. En mars 2012, ils étaient rentrés après avoir capturé 266 baleines de Minke et un rorqual, soit moins d'un tiers des quelque 900 cétacés qu'ils comptaient tuer.

Lire aussi : Le militant écologiste Paul Watson, prisonnier des mers

 

Dirigeant de l'ONG Sea Shepherd, Paul Watson, ici à Sydney en avril 2008, a été arrêté à Francfort pour être extradé vers le Costa Rica, le 14 mai.

 

FINANCÉ PAR LE PRODUCTEUR DES "SIMPSONS"

 Outre le Steve Irwin et le Brigitte Bardot, la flotte de Sea Shepherd se compose cette année du Bob Barker et du Sam Simon, du nom du producteur des Simpsons, qui a financé l'achat de ce bateau, ancienne propriété du gouvernement allemand.

Sea Shepherd a été fondée en 1977 par Paul Watson, après son départ de Greenpeace. Son organisation n'a pas hésité à éperonner en 1979 le baleinier Sierra, qui a coulé dans le port de Lisbonne, même si elle assure tout faire pour "ne mettre personne en danger". Le Japon avait qualifié par le passé ses méthodes de "terroristes".

 

 

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