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10 décembre 2012 1 10 /12 /décembre /2012 16:25

 

 

Le Monde.fr avec AFP | 10.12.2012 à 08h02 • Mis à jour le 10.12.2012 à 09h45


 

Les Français sont de plus en plus réticents face aux médicaments génériques, avec une défiance qui a augmenté de 5 points en un an, selon un sondage IFOP publié lundi 10 décembre.

Alors qu'ils étaient encore 62 % en 2011 à accepter systématiquement la substitution d'un médicament d'origine, ils ne sont plus que 57 % à l'accepter cette année, selon le sondage réalisé pour le groupe de pharmaciens PHR. Les Français sont également plus réservés quant à l'efficacité des génériques, 72 % la jugeant similaire à celle des médicaments d'origine contre 77 % en 2011.

Quant à la perception de la sécurité des génériques, elle baisse de 10 points, avec 61 % des Francais se déclarant convaincus que ces médicaments sont "aussi sûrs" que les médicaments d'origine, contre 71 % en 2011.

 

Lire : La Sécu veut relancer la consommation de médicaments génériques


 1,3 MILLIARD D'EUROS D'ÉCONOMIES PAR AN

Les personnes interrogées sont également très critiques vis-à-vis de la loi de 2006 qui a supprimé le tiers payant en cas de refus des génériques, estimant, pour 46 % d'entre elles, qu'elle porte atteinte à leur liberté. Les personnes âgées de 35 à 49 ans sont même majoritaires (51 %) à remettre en cause cette mesure, strictement appliquée depuis le 1er juillet 2012 par les pharmaciens. L'économie que représente les génériques continue en revanche à faire consensus, avec 82 % des Français estimant que ces médicaments sont plus économiques que les médicaments d'origine.

La Sécurité sociale rembourse aujourd'hui quelque 700 millions de boîtes de génériques par an, soit près de deux fois plus qu'en 2006, ce qui a permis d'économiser 1,3 milliard d'euros par an. Le taux de substitution est actuellement de 76 %, ce qui est jugé encore insuffisant par les autorités.

Lucien Bennatan, le président du groupe PHR (qui représente 11 % des pharmacies en France), reconnaît "qu'il reste du chemin à parcourir" et que les professionnels de santé "devront sensibiliser davantage les patients". Pour restaurer la confiance des Français, il préconise de remplacer la loi sur le tiers payant "par une action pédagogique, relayée à travers une campagne d'information nationale et qui serait soutenue par les pharmaciens".

Ce sondage a été effectué du 18 au 21 septembre sur un échantillon de 1.009 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, par questionnaire auto-administré en ligne et selon la méthode des quotas.

 

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8 décembre 2012 6 08 /12 /décembre /2012 15:35

 

Le Monde.fr | 08.12.2012 à 11h44 • Mis à jour le 08.12.2012 à 11h56 Par Camille Legrand


 

 
Selon Slimane Laoufi, chef du pôle emploi-privé du Défenseur des droits, le montant des dommages et intérêts est "historique et fera sûrement jurisprudence".

Cathy de Nitto, 40 ans, peut être soulagée : la cour d'appel de Montpellier vient de condamner la société Les fermettes du midi pour licenciement discriminatoire, à hauteur de 240 000 euros. L'objet du délit ? Un renvoi pour "faute grave" de la jeune femme pendant son congé parental. Le montant des dommages et intérêts est quant à lui "historique et fera sûrement jurisprudence", souligne Slimane Laoufi, chef du pôle emploi-privé du Défenseur des droits, qui précise : "C'est un bon exemple quand on sait que les discriminations sexuelles sont de plus en plus fréquentes." Et pour cause, continue le juriste : "Les entreprises ont de plus en plus de mal à gérer les grossesses et la parentalité des femmes."

Loin d'être un cas isolé, Cathy de Nitto "ne pouvait donc pas accepter ça" . Jusque là, tout lui avait réussi. Autodidacte, elle est âgée de 22 ans quand elle crée sa société de fabrication de charpentes Les fermettes du midi, en 1996. Elle bénéficie du statut de gérante salariée avant de vendre 95 % de ses parts au groupe Sofipart qui les cède ensuite au groupe britannique Wolseley. Cathy devient alors directrice d'agence, bien consciente des difficultés à traverser "quand on est une femme et qu'on a des responsabilités""Il faut être un homme au boulot pour se faire respecter. Ne pas hésiter à être rigide avec la clientèle et les collaborateurs", regrette la jeune femme.

Mais quand Cathy annonce son intention de prendre neuf mois de congé parental, c'est la dégringolade : "On m'a prévenu qu'on ne me réintégrerait pas à mon retour". Elle n'en démord pas et sa demande est finalement validée en décembre 2008. Dès lors, la société lui trouve un "remplaçant". L'entreprise lui rédige un contrat de travail à durée indéterminée qui ne prévoit pas le retour de Cathy. Mais la directrice d'agence, tenue à l'écart, est loin d'imaginer ce qui se trame : "Pendant mon congé, j'entretenais des relations professionnelles avec mon remplaçant. Je passais quelque fois à l'agence saluer les employés." On lui reproche alors de dénigrer la gestion de l'entreprise et de vouloir débaucher les salariés. Ce que Cathy nie fermement. Pourtant, trois semaines après, la sentence tombe : licenciement pour faute lourde. "Je suis tombée de haut. Ma vie c'était mon boulot et c'était d'ailleurs une grave erreur", se désole-t-elle.

 

  "LE CARACTÈRE DISCRIMINATOIRE ÉTAIT ÉVIDENT" 

La salariée saisit alors le conseil des prud'hommes de Sète. La bataille judiciaire commence. "Un premier avocat m'a dit qu'on n'y arriverait pas. Mais je ne voulais pas baisser les bras. Avec Me Eric Rocheblave nous avons regroupé des témoignages afin de prouver le licenciement abusif et discriminatoire", martèle Cathy de Nitto. Ensemble, ils obtiennent gain de cause. Le 28 janvier 2011, le licenciement est reconnu "nul" et "sans cause réelle et sérieuse". L'employeur est condamné à 175 000 euros de dommages et intérêts et saisit la cour d'appel. Un mal pour un bien, puisque le Défenseur des droits, alors contacté par la plaignante, pointe du doigt des "des dommages et intérêts versés pour licenciement abusif, mais en aucun cas pour licenciement discriminatoire". Or, précise Slimane Laoufi,  "le caractère discriminatoire était évident. A partir du moment où la salariée a annoncé son congé parental, on ne souhaitait pas qu'elle revienne".

Ainsi, le 28 novembre, la cour d'appel confirme le jugement rendu par le conseil des prud'hommes, rajoutant des dommages et intérêts pour licenciement discriminatoire. Au total, la plaignante reçoit 240 000 euros dont 20 000 euros pour discrimination au vu de sa situation familiale. " C'est un record, surtout quand on sait que d'habitude les victimes reçoivent entre 1 000 et 5 000 euros pour ce genre de préjudices", souligne l'avocat Me Rocheblave, se félicitant d'une "décision d'exemple qui permettra peut-être d'éviter ce genre de situation".

Depuis 2005, pas moins de 4 000 dossiers ont été déposés chez le Défenseur des droits (anciennement la Halde) pour des discriminations liées au sexe et à la grossesse.

Camille Legrand

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6 décembre 2012 4 06 /12 /décembre /2012 18:42

 

Ils parlent tous de "déclic". C’était à la sortie d’un cours de théâtre pour Laurent, à une terrasse de café pour Denis, suite à une panne de chaudière pour Katia… Un jour, ces citoyens ordinaires ont décidé de s’engager auprès des sans-abri, en marge des associations classiques de solidarité. Sans subvention de l’Etat, ni expérience, ils maraudent, distribuent de la nourriture, des vêtements, voire proposent des hébergements. 115 du particulier, ActionFroid, Tends la main, Toit à moi… tous ces collectifs s’épanouissent, depuis quelques mois via Internet.

 

Ivan, bénévole à ActionFroid offre une couverture à un sans-abri.
(Photo Gwenn Dubourthoumieu pour Le Monde)

 

Février 2012 : Laurent Eyzat, 48 ans, gérant d’une petite entreprise de communication visuelle en région parisienne, est saisi par le froid. Sitôt rentré chez lui, il lance via son compte Facebook un appel à la solidarité. Très vite, son "cri d’indignation" trouve un écho sur la toile. "En 15 jours, j’avais 4000 euros de promesses de dons, et 1200 personnes qui se disaient prêtes à s’engager à mes côtés", raconte M.Eyzat, qui en dehors de dons de temps en temps, ne s’était jamais investi dans le caritatif. En quelques semaines, des collectifs ActionFroid s’ouvrent dans 14 villes.

Neuf mois plus tard, ActionFroid fonctionne toujours, même si l’engouement du début est un peu retombé. Responsable de l’antenne parisienne, Laurent Eyzat peut compter sur un noyau dur d’une soixantaine de bénévoles qui, avec lui, vont aux devants des sans-abri, chaque samedi soir.

A l’instar d’ActionFroid, beaucoup de ces groupes informels ont dû prendre au bout de quelques mois, notamment pour des raisons juridiques, le statut d’association loi 1901. Pourtant, elles revendiquent toujours leur différence.

 

Isabelle, Sylvie et Adriana, préparent la maraude chez Laurent Eyzat
(Photo Gwenn Dubourthoumieu pour Le Monde)

 

"Les associations dépendantes des subventions publiques sont en quelque sorte des sous-traitants de l’Etat et doivent s’inscrire dans un cadre d’action prédéfini, considère Denis Castin, 40 ans. Nous, nous avions envie de faire du social à notre manière." En 2007, il se lance avec un ami, Gwenaël Morvan, 35 ans, dans un pari fou : réunir des parrains pour acheter des appartements et y loger des personnes sans-abri, moyennant un loyer modique.

Cinq ans après la genèse du projet, Toit à moi possède quatre appartements dans le centre de Nantes et vient de rembourser l’achat de son premier logement. "Personne ne croyait en notre projet", se rappelle Denis Castin. Les deux amis, qui travaillent alors dans une structure associative d’aide à la création d’entreprise, arrivent cependant à persuader une banque de leur accorder un prêt sur cinq ans pour l’achat d’un premier T1, d’environ 80.000 euros. Sans apport personnel, ils trouvent 80 personnes qui s’engagent à débourser en moyenne 20 euros par mois pour rembourser l’emprunt contracté. "L’un des avantages de notre modèle économique est qu’il ne dépend pas des aléas des financements publics", analyse Denis Castin. "Parfois de très bons projets s’arrêtent faute de subventions", regrette ce fils de profs qui considère que l’Etat fait déjà sa part via les déductions fiscales qu’il accorde sur les dons.

 

Le garage où les bénévoles d'ActionFroid stockent couvertures, vêtements...qu'ils vont distribuer lors de leur maraude.
(Photo Gwenn Dubourthoumieu pour Le Monde)

 

Katia Pillet, 34 ans, a elle aussi voulu agir, en toute liberté. Son collectif Tends la main, fort d’une trentaine de personnes, va chaque semaine à la rencontre des sans-abri de Dijon. Il repose entièrement sur la débrouille et la générosité. "Dépendre de subventions, c’est se taire, même quand vous n’êtes pas d’accord", affirme la jeune mère célibataire, qui n’avait jamais fait partie d’aucune association auparavant.

"Il y a une certaine liberté d’engagement et une proximité dans les petites structures qui correspond à ce que beaucoup de personnes recherchent", considère Sylvie Lhoste, qui anime le portail Internet www.entraidescitoyennes.com, dont le but est de recenser les initiatives de ce type. "Les gens viennent quand ils peuvent et avec ce qu’ils ont. On est là pour aider point, pas pour décortiquer ou vérifier une situation", poursuit cette ancienne journaliste, reconvertie dans le commerce, et par ailleurs bénévole à ActionFroid.

"La lourdeur administrative, les conflits entre dirigeants et entre bénévoles, les clans…", ont poussé Hélène Haon à fuir les structures traditionnelles. A 27 ans, la jeune femme a cherché hors des sentiers balisés du caritatif un moyen de s’engager. Depuis quelques mois, elle gère le site internet du 115 du particulier, une plateforme qui met en relation des sans-abri et des personnes qui proposent des offres notamment d’hébergement.

Ce foisonnement d’initiatives citoyennes bouscule les acteurs traditionnels de la solidarité, partagés entre admiration et prudence. "C’est un signe positif de la maturité de la société civile qui a parfois compris avant nous, les associations, que l’Etat ne pouvait pas tout, analyse Didier Piard, directeur de l’action sociale de la Croix-Rouge. Par ailleurs, il est salutaire que la solidarité ne soit pas seulement l’affaire du duo Etat/association." Le responsable caritatif met toutefois en garde: "La prise en charge des SDF est lourde. Les aidants non professionnels et non encadrés peuvent être dépassés par une réalité, qu’il n’avait pas soupçonnée. Il y a aussi tout un côté affectif qu’il faut pouvoir gérer".


Ivan en maraude dans le 12e arrondissement de Paris.
(Photo Gwenn Dubourthoumieu pour Le Monde)

 

A la Fédération des banques alimentaires, le directeur Maurice Lony pointe aussi d’autres risques plus terre à terre: "On ne peut pas faire n’importe quoi en matière de distribution et de fabrication alimentaire. C’est pour cette raison, que nous ne fournissons des denrées qu’à des structures qui répondent à des conditions d’hygiène et de sécurité satisfaisantes, la taille n’est pas un critère mais le côté amateur peut faire oublier certaines précautions."

Des arguments que ne dissuadent pas les bonnes volontés. "Les grosses associations n’ont pas le monopole du cœur et de la misère, réplique Laurent Eyzat. Nous sommes complémentaires et hélas il y a du travail pour tout le monde."

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"La générosité mais sans le côté culpabilisant"

L’une travaille à ADP, une grosse société gestionnaire des aéroports parisiens, l’autre est technico-commercial dans une petite entreprise de mécanique. Depuis quelques mois, plusieurs samedis par mois, Sylvie B. (qui a requis l’anonymat) et Christine Paturel sont bénévoles au sein du collectif ActionFroid.

Elles consacrent ainsi une partie de leur week-end, à collecter, trier puis distribuer, vêtements, produits d’hygiène, boissons chaudes. Du monde des sans-abri, elles ne connaissaient rien. C’est "par hasard", en écoutant une émission de radio que Sylvie entend parler du 115 du particulier, un site lancé en février 2012 pour mettre en relation sans-abri et citoyen disposant d’un toit. Elle franchit le pas et accueille durant deux mois et demi une personne en difficulté.

"La cohabitation s’est très bien passée", raconte-t-elle. "Mais je me suis aperçue que cet engagement était lourd, qu’à partir du moment où l’on accepte quelqu’un chez soi, on ne va le remettre dehors tant qu’il n’a pas trouvé de solution pérenne", explique Sylvie, 49 ans. Elle décide pourtant une fois son hôte relogé de continuer son action envers les plus démunis. "Je ne sais pas pourquoi cela m’a pris d’un seul coup, moi qui n’avait jamais milité, qui n’était jamais allée au bout de mon idée de m’engager auprès d’une association. J’étais peut-être sensibilisée car dans mon histoire familiale, quelqu’un a un temps connu la rue, poursuit Sylvie. En tout cas, c’est qui est sûr, c’est qu’aujourd’hui c’est devenu une évidence".

En mai 2012, la mère de famille d’une grande fille de 27 ans, prend alors contact avec ActionFroid. Lors de sa première maraude, elle prend "une claque". "J’ai réalisé le lendemain en racontant à mon mari la soirée, la force de ce que j’avais vécu. J’ai aussi pris conscience qu’après une telle expérience, il serait difficile de ne pas y retourner". Parce qu’elle a une "vie familiale, sociale", Sylvie ne vient pas tous les samedis. Elle peut compter sur le soutien de son mari, mais celui-ci pour l’instant se tient en dehors de son engagement.

La plupart des bénévoles d’Action Froid sont d’ailleurs des femmes,  âgées entre 40 et 50 ans, en activité. "Il y a quelques hommes qui commencent à arriver, c’est bien", constate Christine Paturel. Mère d’une étudiante de 19 ans, Christine, 47 ans, cherchait des idées de sorties sur un site internet spécialisé quand elle est tombée sur une annonce déposée par ActionFroid. "J’avais envie de faire du bénévolat mais je n’avais jamais franchi le pas", explique cette cadre technico-commercial. Malgré ses appréhensions, sa première maraude se passe bien. Depuis elle fait partie des bénévoles les plus réguliers.

"Si on peut aider à notre petite échelle, tant mieux", explique Christine qui apprécie l’ambiance très conviviale du collectif. "J’ai fait de belles rencontres, des personnes que je n’aurais sans doute jamais côtoyées, ça permet aussi de relativiser ses petits soucis", poursuit la bénévole. Toujours trois par voiture, les maraudeurs se retrouvent souvent après leur tournée, au domicile du fondateur et responsable d’Action Froid Paris Laurent Eyzat, pour décompresser. Parce qu’elles ont chacune un véhicule, avec lequel elle parte en maraude, Sylvie et Christine font rarement équipe ensemble. Elles se connaissent d’ailleurs assez peu mais disent pourtant apprécier la même chose dans leur petit collectif : "La générosité mais sans le côté culpabilisant".

 

 

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6 décembre 2012 4 06 /12 /décembre /2012 18:07

 

Le Monde.fr | 06.12.2012 à 18h35 • Mis à jour le 06.12.2012 à 18h51 Par Florence Beaugé - Envoyée spéciale


 

 
Edouard Martin, représentant de la CFDT sur le site de Florange, réagit à l'annonce d'un accord entre le gouvernement et ArcelorMittal, vendredi 30 novembre.

Il avait le visage fermé. On le sentait épuisé et fou de rage. Edouard Martin, le leader CFDT d'ArcellorMittal, charismatique figure de proue des métallurgistes lorrains, a littéralement déclaré la guerre à Jean-Marc Ayrault, jeudi 6 décembre, en milieu d'après-midi, à son retour à Florange. "On est tous écoeurés. On est à bout. On n'en peut plus. On nous enfonce la tête sous l'eau ", a –t-il lâché d'entrée de jeu, entouré de ses lieutenants, devant le local syndical de l'usine.

Malgré le froid glacial, on sentait Edouard Martin s'échauffer au fil des minutes, devant la presse qui buvait ses paroles. Que pense-t-il du retrait de la candidature d'ArcellorMittal du projet européen Ulcos ? "C'est un deuxième coup de poignard. La trahison continue, répond-il, la voix dure. On avait cru atteindre le comble du cynisme avec Sarkozy. Eh bien, on n'avait pas encore atteint le paroxysme ! On a deux ennemis maintenant : Mittal et le gouvernement !" Soudain, la voix d'Edouard Martin se casse. Il reprend, en ravalant des sanglots : "On a joué le jeu. On a voulu montrer à Paris qu'on pouvait être des partenaires. Ayrault, hier soir, n'était donc pas au courant de la trahison de Mittal ?", s'interroge-t- il, à nouveau saisi par la fureur. Puis il interpelle directement François Hollande : " j'en appelle au président de la République et je lui dis : est-ce que vous êtes tranquille avec votre conscience ?"


"IMBÉCILE OU COMPLICE"
 

Mais c'est le Premier ministre qui a eu droit aux coups les plus rudes d'Edouard Martin. "Il n'y a qu'Ayrault et les imbéciles pour croire [Mittal]. Soit Ayrault est un imbécile soit il est complice", a-t-il asséné, affirmant "regretter" d'être allé la veille à Matignon.

Quelques minutes plus tard, le syndicaliste tournait les talons et prenait le chemin des hauts-fourneaux, promettant des actions qui "surprise". Lesquelles ? Edouard Martin n'a pas voulu le dire. Une heure plus tard, il regagnait le local syndical, renonçant dans l'immédiat à occuper les usines d'ArcellorMittal mais ayant laissé sur place des vigies. Leur mission : surveiller l'éventuel arrêt des vannes de gaz, qui permettent de garder au chaud les hauts-fourneaux.

Une chose est sûre : la figure de proue des métallurgistes lorrains continuera d'utiliser les médias pour poursuivre son combat.

Florence Beaugé - Envoyée spéciale

 

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2 décembre 2012 7 02 /12 /décembre /2012 22:32
Paris : un millier de chômeurs et précaires battent le pavé

 

Créé le 01-12-2012 à 20h41 - Mis à jour à 21h31

Les manifestants, qui réclament le changement de leur situation et une revalorisation des allocations, ont défilé de la place Stalingrad à la place de Clichy.

 

Un millier de chômeurs et de travailleurs précaires, selon la police, 2.500 selon les organisateurs, ont manifesté samedi 1er décembre à Paris. AFP PHOTO / FRED DUFOUR

Un millier de chômeurs et de travailleurs précaires, selon la police, 2.500 selon les organisateurs, ont manifesté samedi 1er décembre à Paris. AFP PHOTO / FRED DUFOUR

 

Un millier de chômeurs et de travailleurs précaires, selon la police, 2.500 selon les organisateurs, ont manifesté samedi 1er décembre à Paris, réclamant le "changement" de leur situation et une revalorisation des allocations, a constaté un journaliste de l'AFP.

A l'appel des organisations représentatives de chômeurs et de précaires (AC! APEIS, MNCP, et CGT chômeurs), les manifestants ont défilé de la place Stalingrad à la place de Clichy, certains venus en famille d'autres régions que l'Ile-de-France, notamment du Nord et de Lorraine.

Cette manifestation a lieu tous les ans depuis dix ans le premier samedi de décembre, date anniversaire de la création du RMI, le 1er décembre 1988. Des militants d'extrême gauche (NPA, Lutte ouvrière, CNT, etc...) défilaient en fin de cortège.

"Nous attendions de voir ce que l'on avait annoncé sur le 'changement c'est maintenant'", mais "tous nos contacts, que ce soit avec les cabinets ministériels, Pôle emploi ou les autres organismes ne nous rassurent pas", ont indiqué dans une déclaration commune les quatre organisations de chômeurs.

"Nous n'en sommes plus à nous lamenter chaque mois à l'annonce de l'augmentation du chômage, nous n'en sommes plus à pleurer sur les 8 millions de personnes sous le seuil de pauvreté en France et 100 millions en Europe (...) nous appelons à la résistance", ont affirmé ces organisations.

Revalorisation du RSA

Parmi les revendications des manifestants figuraient notamment la revalorisation du RSA, le revenu de solidarité active qui a remplacé le RMI, et qui est actuellement de 417,94 euros pour une personne disposant d'une aide au logement.

C'est environ ce que gagne Maryse, 53 ans, de Bar-le-Duc (Meuse). "Je suis assistante maternelle à la maison et agent de nettoyage, mais je n'ai plus que 2H30 de travail par semaine", a-t-elle confié.

"Bien que j'ai perdu un emploi, je n'ai droit à rien en compensation du chômage car on tient compte des revenus de mon mari", a déploré cette mère de cinq enfants, dont la plupart ont réussi à faire des études.

"C'est beaucoup de privations, mais je suis fière qu'ils aient pu en faire", a-t-elle ajouté, précisant que les revenus de son ménage sont d'environ 1.500 euros.

Edith, 54 ans, infirmière en CDD en maison de retraite , habitant Armentières (Nord) n'a plus de conjoint. "Depuis le 17 août je n'ai plus de travail. A cause de mon âge, ils ne me donnent plus de travail pendant l'année, seulement pendant les périodes de vacances d'été. Ils préfèrent prendre des jeunes", dit-elle amèrement.

 

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29 novembre 2012 4 29 /11 /novembre /2012 22:31

 

 

Alors que leur guide des « 4000 médicaments utiles, inutiles ou dangereux » caracole en tête des ventes en librairie avec plus de 200 000 exemplaires écoulés en quelques semaines, les co-auteurs Philippe Even et Bernard Debré font désormais l’objet de plus de 130 plaintes devant le Conseil de l’ordre des médecins.

Venus débattre face à Gilles Bouvenot, président de la commission de la transparence à la haute autorité de santé et à Jean-François Bergmann vice-président de la commission d’autorisation de mise sur le marché à l'agence nationale de sécurité du médicament devant l’association des journalistes de la presse santé grand public (Ajmed), les professeurs Even et Debré maintiennent que leur « livre d'indignation aboutit à un constat cinglant qui dérange. » Martelant que la moitié des médicaments seraient inutiles, 20 % mal tolérés et 5 % potentiellement très dangereux, les auteurs affirment que près de 100 000 accidents liés aux médicaments nécessiteraient une hospitalisation faisant près de 20 000 morts chaque année. Ces pourfendeurs d'une industrie pharmaceutique «  qui ne s'occupe pas de la santé publique » seraient «  dans une impasse totale » ne comptent pas en rester là  et peaufinent déjà leur ouvrage suivant consacré aux statines, quant à elles best-seller des traitements anticholestérol.

 

Quand le principe de précaution devient une rente

Mais toute la communauté médicale ne partage pas leur diagnostic sur les produits alignés dans nos pharmacies et aujourd’hui Philippe Even et Bernard Debré affrontent ensemble plus de 130 plaintes déposées contre eux devant le Conseil de l’Ordre. Sans les poursuivre pour autant, le Vice-président de la commission d’AMM, Jean-François Bergmann qui a l'habitude d'étudier les autorisations de mise sur le marché des nouveaux produits, ne mâche pas ses mots au sujet de ce livre qu’il estime « truffé d'imprécisions et d'erreurs. Certains constats sont justes, mais l'ensemble est trop approximatif et manque sincèrement d'objectivité et l'idée que de nombreux patients puissent du jour au lendemain être tentés d’arrêter leur traitement à la lecture de ce guide me paraît un réel danger. » Gilles Bouvenot renchérit et critique le caractère « anxiogène » du livre tout en admettant qu'il ait le mérite de « secouer les choses. » Car, il s'agit bien d'un électrochoc. En découpant au scalpel les motivations purement économiques de l'industrie pharmaceutique, Philippe Even, reconnaît que son guide d'un bon millier de pages comporte « une bonne vingtaine de feuillets purement et simplement tragiques. » Une succession de conflits d'intérêts à n'en plus finir qui aboutissent à des prescriptions injustifiées, voire selon lui, dangereuses. Bernard Debré insiste sur l'incroyable marché des pré-maladies. « Sous couvert de prévention et de santé publique les gens se retrouvent avec des prescriptions à vie. » Le principe de précaution se transformerait alors en rente pure et simple.

 

15 milliards d’euros jetés par les fenêtres

Les auteurs sont révoltés à l'idée que 75 % de ces produits soient encore remboursés par la sécurité sociale. Ils soulignent d’ailleurs le courage de Jean-François Mattei, «  premier des ministres de la Santé à avoir eu le cran de dégager 400 produits des listes de remboursement. » Philippe Even et Bernard Debré ont fait leur petit calcul estimant que « 10 à 15 milliards d'euros sont jetés par les fenêtres sans aucun bénéfice pour la santé. »

Un appel sans concession a cessé de boulotter de la gélule, au bénéfice de pratiques bien plus simples. «  Le médicament est devenu une béquille, alors qu'une hygiène et un style de vie permettent souvent de diminuer une glycémie, » estiment-ils. Un seuil supplémentaire serait même franchi dans la prise en charge du cholestérol. « Au premier signe avant-coureur ou dosage limite, quel cardiologue aujourd'hui ne propose pas de statines ? » s'interroge le professeur Even. Ces produits seraient même en tête du top des ventes de l'industrie pharmaceutique avec un chiffre d'affaires global au-delà de 25 milliards de dollars à travers le monde enregistré chaque année. Désormais, les statines sont 4 fois plus prescrites que les anticancéreux et dans 2/3 des cas… ces prescriptions seraient réalisées à titre préventif. « Mais vous allez voir, l'an prochain les statines ne seront peut-être plus aussi utiles… à partir du mois d'août toutes les statines seront génériquées et spontanément, l’industrie s’en désintéressera et les prescripteurs suivront,» déplorent ces deux professeurs qui ne boudent pas leur plaisir de faire encore un peu durer le suspense sur ce qu’ils veulent encore révéler au sujet des traitements au long cours du cholestérol, devenu « l’anomalie » la plus fréquente touchant 30% des Français. Mais, là aussi, il y le bon et le mauvais… cholestérol ! Gageons que les Professeur Even et Debré nous éclairent prochainement à ce sujet en donnant « un nouveau coup de pied dans la termitière. »

 

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29 novembre 2012 4 29 /11 /novembre /2012 18:25

 

Rue89 - A la chaîne 29/11/2012 à 13h13
Elsa Fayner | Journaliste Rue89

 

 

Un ouvrier à l’entrée du site PSA de Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), le 4 septembre 2012 (Thibault Camus/AP/SIPA)

L’usine PSA Peugeot-Citroën d’Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) tourne au ralenti depuis mercredi matin. Une grève bloque la chaîne de production. Et les voitures sortent de moins en moins nombreuses du site.

L’usine doit fermer en 2014. D’ici là, elle va voir disparaître l’une de ses deux équipes, expliquent les syndicats, qui n’ont pas épuisé tous les recours, mais gardent peu d’espoir de faire annuler le plan de sauvegarde de l’emploi (PSE).

C’est cependant la première fois qu’un mouvement de résistance au sein de l’usine dure plus de quelques heures depuis l’annonce de la fermeture, qui n’avait pas suscité d’arrêt de la production l’après-midi du 12 juillet.

« Ils font semblant de discuter, on fait semblant de travailler »

Tout a commencé à l’atelier ferrage jeudi dernier. Là, 400 salariés interviennent sur les éléments de tôle nue qui vont constituer la C3, au début du parcours de fabrication. Leur rythme de travail conditionne celui du reste de l’usine.

Or, depuis juillet 2012, il leur arrive de ralentir la cadence, raconte Gaëtan Minardi, qui travaille à l’atelier :

« En moyenne, on voyait passer 700 voitures par jour avant l’annonce. Depuis, c’est plutôt 400 par jour. »

Le choix de lever le pied est souvent délibéré, explique le militant CGT. C’est une réponse à l’attitude de la direction, qui « fait traîner les négociations » :

« La direction fait semblant de discuter, on fait semblant de travailler. »

Et « tant que ça collait avec les objectifs de production, ça allait », pour Patrice Zahn, délégué syndical CGT à Aulnay.

La paix armée est rompue

Jeudi dernier, l’équilibre a flanché. Ce jour-là, les ouvriers de l’atelier, en forme, « font plus de véhicules » que les autres jours :

« Il leur a pourtant été reproché d’être partis cinq minutes en avance sur leur horaire. Ça les a énervés. »

Il ne fallait pas les énerver. Le lendemain, ils décident de ralentir à nouveau le rythme. Ce qui leur est reproché « à deux doigts des moustaches », poursuit Gaëtan Minardi. Des cadres sont également envoyés pour « surveiller les lignes », ajoute Patric Zahn.

Mardi, cinq ouvriers de l’atelier se voient remettre une lettre recommandée : ils sont convoqués à un entretien préalable à une sanction. Deux femmes – elles sont peu nombreuses au ferrage – font partie du lot. Pour Gaëtan Minardi, on s’attaque aux plus faibles :

« Par solidarité, nous avons débrayé. »

Une centaine de salariés du ferrage sont mobilisés, selon la direction. D’autres ateliers suivent, selon la CGT, qui fait partie du mouvement. Depuis mercredi 27 octobre, 10 heures, l’usine ne tourne plus que sporadiquement. Elle « produit au ralenti », constate la direction, qui ne souhaite pas donner de chiffres.

« Certains se réveillent enfin »

Pour Patrice Zahn, ce qui se joue, ce ne sont pas les sanctions :

« On a déjà fait annuler des sanctions mais, là, ce n’est pas la question. Ce qui se joue c’est qui contrôle quoi. C’est le premier moment un peu chaud depuis la fermeture de l’usine : l’arrêt dure, et les ouvriers ne veulent pas lâcher l’affaire. Si la direction recule, ça fera un précédent pour les ouvriers. »

Pour l’ouvrier, qui travaille depuis 1995, à Aulnay :

« Depuis quinze jours, le moral baisse, alors la direction essaie d’avancer. »

Mais la situation a bougé mardi 27 novembre. Des représentants du personnel ont été reçus au ministère du du Travail, raconte Gaëtan Minardi :

« Le ministère nous a dit qu’il ne pouvait rien faire, qu’il nous fallait nous débrouiller avec PSA. Y a des gens qui se réveillent du coup, chez nous. La résistance n’est pas encore massive, mais certains se réveillent enfin. »

Ce jeudi en fin de matinée, le DRH de l’usine reçoit une délégation de six ouvriers pour discuter de la situation à l’atelier ferrage. Pour la direction, cet événement reste local et reste sans lien avec le plan social qui doit toucher le groupe.

Au même moment, la direction centrale rencontre, comme chaque semaine, les syndicats du groupe, à Poissy, pour des négociations sur l’avenir du site. Patrice Zahn reste prudent :

« Pour de vraies négociations, il faut un rapport de force. Il n’est pas là pour le moment. »

 

 

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29 novembre 2012 4 29 /11 /novembre /2012 18:08

 

 

Le Monde.fr avec AFP | 29.11.2012 à 09h18 • Mis à jour le 29.11.2012 à 11h02


 

Antoine Di Zazzo, directeur de SMP Technologies, distributeur en France du Taser, est soupçonné d'avoir fait espionner en 2007 et 2008 l'ancien dirigeant trotskiste, avec lequel il a été en conflit ouvert. Olivier Besancenot avait notamment affirmé que le Taser avait provoqué des morts aux Etats-Unis.

M. Di Zazzo et neuf autres prévenus comparaissent à partir de jeudi 29 novembre devant le tribunal correctionnel de Paris. M. Di Zazzo est poursuivi pour complicité de "violation du secret professionnel", d'"accès frauduleux à un système de traitement automatisé de données" et de "détournement de finalités de données".

 

"DONNEUR D'ORDRE"

Selon l'accusation, le patron de SMP Technologies apparaît comme le "véritable donneur d'ordres" et, "afin de tout connaître de la situation personnelle et financière de son adversaire, M. Di Zazzo a sollicité le cabinet Dussaucy-Batana afin qu'ils obtiennent" des informations confidentielles.

Un compte rendu détaillé des filatures et surveillances dont ont été l'objet l'ancien porte-parole du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) et son proche entourage, entre octobre 2007 et janvier 2008, avait notamment été saisi au siège de SMP Technologies, dans le XVIe arrondissement de Paris.

M. Di Zazzo assure avoir juste demandé à un détective privé d'effectuer un relevé cadastral pour obtenir l'adresse de M. Besancenot afin de l'assigner en diffamation et affirme que c'est de sa propre initiative que le cabinet Dussaucy-Batana a effectué un certain nombre d'investigations. Pour son avocat, Me Jean-Pierre Versini-Campinchi, on "fait porter" à Antoine Di Zazzo "un chapeau beaucoup trop large pour lui".

Mais, selon le conseil du détective Gérard Dussaucy, M. Di Zazzo n'avait pas besoin d'engager son client pour un simple relevé de cadastre. Selon Me Jean-Pierre Cahen, il avait bien été demandé à M. Dussaucy d'enquêter sur la "surface financière" d'Olivier Besancenot. Et ce, pour évaluer le montant des dommages et intérêts qu'il pourrait prétendre lui demander dans le cadre du procès en diffamation, dans lequel le patron de Taser France avait finalement été débouté.

 

Lire : Taser France débouté contre M. Besancenot, de nouveaux éléments apparaissent dans l'affaire d'espionnage


PROBLÈME DE CONFIDENTIALITÉ

Pour Olivier Besancenot et son avocat, Me Antoine Comte, cette affaire met en lumière les problèmes de confidentialité des fichiers de la police censés être protégés. L'ex-porte-parole du NPA attend des "explications et des condamnations à la hauteur de cette forme d'intimidation qu'est l'espionage", affirmant que sa compagne, ses enfants, sa famille ont été suivis. "Tout le monde se renvoie la balle" dans cette affaire, ajoute-t-il.

Il souhaite, au-delà de l'affaire jugée par le tribunal, un "débat public" sur ces questions et une commission d'enquête, soulignant l'opacité de ces "officines privées". Il souhaite également un "moratoire" et un débat sur le pistolet à impulsions électriques.

Deux autres détectives sont également poursuivis, tout comme un agent des douanes, un agent des impôts, deux policiers et un responsable bancaire, qui ont été sollicités pour fournir ces données confidentielles. Les débats doivent se dérouler jusqu'au 7 décembre devant la 17e chambre du tribunal correctionnel, qui devrait mettre sa décision en délibéré à plusieurs semaines.

Lire : Taser : Amnesty demande la suspension de l'équipement des policiers municipaux


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27 novembre 2012 2 27 /11 /novembre /2012 18:49

 

Rue89 - Témoignage 27/11/2012 à 15h15
Laure C. | Enervée chronique

 

Certains m’ont dit que c’était du courage. Je ne suis pas sûre que ce soit le bon mot. Signer ce manifeste « Je déclare avoir été violée » n’est qu’une péripétie dans mon parcours.

 

 

 

« Je déclare avoir été violée » : le manifeste des 313

J’ai contacté Rue89, non pas pour parler de mon viol, mais plutôt pour parler de ce qu’il y a après, ce qui me constitue aujourd’hui, et qui fait que je ne pouvais que signer.

Making of

Laure C. est un pseudo : la jeune femme a signé le manifeste des 313 de son nom et prénom mais elle n’est pas prête, explique-t-elle, à développer son histoire sans l’anonymiser. « Ça attendra quelques années avant que je signe ce genre de texte de mon nom, ça touche quand même à l’intime. » Rue89

Je vais tâcher d’être honnête, de dire les choses telles que je les ressens, dans mon parcours personnel, ce qui me reste de ce viol m’est propre et n’est en aucun cas à prendre pour une généralité. Chaque histoire est différente.

Il y a des conséquences directes, assez facilement raccordées au viol. D’autres moins évidentes, dont je suis quand même convaincue qu’elles ne sont pas sans lien.

Devenir un jouet cassé

Sur mon viol d’abord, quelques mots. J’étais enfant, l’agresseur, de ma famille. Plusieurs années, jusqu’à la préadolescence, plus souvent des attouchements, parfois plus. Dans le même temps, petit à petit, la compréhension, la culpabilité, le début d’un long hurlement intérieur.

Avoir été un objet dans les mains d’un autre, et ne sachant que faire, devenir un jouet cassé. Pour ne pas briser autre chose que soi-même, parce que pour moi-même j’avais l’impression que c’était trop tard. Un jour on se retrouve enfermé dans un corps traître, un corps avec ses réactions physiologiques naturelles, qui a réagi sans que la tête soit d’accord.

En quoi aurais-je pu être consentante à l’âge où dans les classes de l’école primaire, on diffusait dans un but de sensibilisation un documentaire au refrain entêtant : « Mon corps, c’est mon corps, ce n’est pas le tien, tu as ton corps à toi, laisse-moi le mien. » La loyauté envers mon bourreau en qui j’avais, à l’époque, confiance, ou la loyauté pour moi-même qu’il avait déjà irrémédiablement abîmée ?

Quelque part encore aujourd’hui, je hais désespérément le corps qui pouvait transmettre des stimulis douloureux mais d’autres agréables, quand j’aurais voulu n’être qu’un cri. Je crois que, pour moi, c’est cette sensation qui m’a été la plus dure à identifier, à reconnaître, et à verbaliser. Celle qui me fait le plus mal.

Mon corps, l’objet de mon agresseur

A propos de mon corps, c’est le plus évident : je me suis scarifiée pendant une dizaine d’années, bras, jambes, ventre, poitrine. La scarification me donnait un contrôle sur un corps que je n’étais plus capable de m’approprier. Je suis en surpoids, j’ai même développé un diabète de type 2.

J’ai des problèmes cutanés lié au stress et à l’angoisse. Avec mon corps, nous nous sommes un peu réconciliés, mais pas encore assez. Mon corps est toujours un peu le jouet, l’objet, qu’il a été pour mon agresseur.

A propos de la vie professionnelle : J’ai planté mes études, je me suis mise en situation d’échec systématiquement. Idem quand je suis passée dans le monde du travail ; mes principales compétences, manquer de confiance en moi et me saboter. Du coup, à force de cours du soir et de formation courtes, j’ai fini par être qualifiée dans quelque chose, et je me suis mise à mon compte. C’est plus facile pour gérer les phases de dépression où je reste cloitrée plusieurs jours d’affilée sans mettre le nez dehors.

Parfois, je ne suis même pas capable de répondre au téléphone, ni même d’ouvrir mes e-mails. Et non, je ne gagne pas bien ma vie, trop de phases dépressives, ces temps-ci.

Comment quelqu’un peut m’aimer ?

A propos de ma vie amoureuse et sexuelle. Parce que j’ai fini par avoir les deux, un peu avant mes 30 ans, quand j’ai ai été capable de faire un minimum confiance. Je ne comprends toujours pas pourquoi et comment quelqu’un peut m’aimer. Je n’ai jamais été et ne serais jamais quelqu’un de bien et de normal, en tous les cas c’est encore ce que je ressens.

Et pourtant je sais bien que ce n’est pas rationnel de ressentir ça. J’ai traversé des périodes de plusieurs mois sans désir, et parfois, pendant des préliminaires, je bloque complètement. Je voudrais juste faire l’amour et mon viol parfois s’interpose, et je ne supporte plus que mon ami me touche. En dehors de ces épisodes, j’ai une sexualité plutôt normale aujourd’hui, merci.

Ce que je viens d’écrire pourrait paraître dur à exprimer car c’est du domaine de la vie intime, si je n’avais dû verbaliser bien pire quand j’ai mis le doigt dans la machine judiciaire. Et encore j’ai eu de la chance, j’ai été considérée humainement, une de mes amies est tombée sur un policier si peu psychologue pour qu’elle n’insiste pas. Elle n’a jamais porté plainte.

Porter plainte sans preuve

Pour vouloir porter plainte, dans mon cas sans preuve matérielle, ma dignité a morflé. Il m’a fallu dénuder absolument, exposer toute mon intimité blessée, le plus actuellement possible, le plus clairement possible. Ça m’a appris à penser qu’exposer mes petites misères sur Rue89, comme signer le manifeste, ne coûte rien d’autre qu’un peu d’angoisse. Le parcours en justice, seule, avec ma famille proche aussi démunie que moi, est une vraie épreuve.

Fouiller dans les recoins les plus glauques de sa mémoire, ça n’a amené ma plainte qu’à un classement sans suite. Vu le nombre d’années depuis les agressions, évidemment, aucune preuve matérielle. Et pourtant, mon agresseur, sur le procès-verbal de son audition, sous-entend à plusieurs reprises que si, il s’est passé des choses. Il va jusqu’à reconnaître certains faits. Ceux qui sont prescrits, de préférence.

Alors, quand j’ai eu assez de forces pour me frotter à la justice à nouveau, j’ai tenté de relancer la machine. C’est toujours en cours. Ça fait plus de six ans que ça dure. Six ans que c’est dur.

Mon agresseur vit le plus normalement du monde

A propos de ma tête enfin : il n’y a pas que le suivi psychiatrique. Il y a eu l’hôpital psychiatrique aussi, pendant de longs mois, qui m’a permis de sortir de l’excommunication à laquelle je m’étais condamnée seule. Il m’a fallu près de dix ans pour enfin avouer, à infirmière d’abord, puis à ma famille, encore trois ans pour parler à la justice qui ne m’entend pas, encore six ans jusqu’au manifeste. En tout dix-neuf ans.

Je n’ai pas tellement plus de 30 ans, et rien n’est fini. Les groupes de parole ne sont pas pour moi, j’ai besoin de m’engager pour essayer de faire évoluer notre société.

J’ai signé car je suis capable de verbaliser, d’exprimer un peu la lutte qui est la mienne pour sortir de mon gouffre intérieur, progresser et aller mieux. Et je sais aussi que d’autres, femmes et hommes, enfants et adultes, n’en sont pas encore là.

Je signe car je me serais laissée mourir à force d’être incommunicante (faute de meilleur terme), quand mon agresseur a un corps normal, un bon travail, une femme et des enfants et vit le plus normalement du monde, comme s’il n’était en rien responsable d’un viol.

Je signerai des manifestes et je déclarerai avoir été violée autant de fois que j’en serais capable.

La culpabilité que je ressens encore n’aurait jamais dû être mienne : c’est celle de l’agresseur, il n’y a que lui qui mérite de la porter.

Oui, les regards doivent changer, des personnels formés afin d’accompagner les victimes dans la guérison et dans la justice.

Oui, la honte doit changer de camp.

 

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26 novembre 2012 1 26 /11 /novembre /2012 19:24

 

http://www.dhnet.be/infos/belgique/article/415861/deux-cents-tracteurs-envahissent-le-centre-de-bruxelles.html

 

(26/11/2012)

 

Des producteurs laitiers de toute l'Europe sont arrivés devant la commission pour protester contre les prix du lait. La police a fermé quatre tunnels en direction du centre

BRUXELLES Des centaines de producteurs laitiers venus de plusieurs pays européens ont convergé lundi à bord de leurs tracteurs vers le Parlement européen à Bruxelles, qu'ils ont aspergé de lait, pour y manifester contre la baisse des prix en Europe.

"Nous sommes plus de 800 tracteurs et nous avons été rejoints par un milliers d'agriculteurs venus en car", a déclaré Erwin Schopges, un agriculteur belge membre de la European Milk Board (EMB), la confédération des organisations de producteurs de lait et des syndicats agricoles de 14 pays européens.

Les manifestants sont arrivés à Bruxelles à la mi-journée en circulant en convois de plusieurs dizaines de tracteurs sur les principales autoroutes venant d'Allemagne, des Pays-Bas et de France.

Ils ont ensuite conflué vers la place du Luxembourg, où est situé le Parlement européen, qui débat lundi de la réforme de la Politique agricole commune (Pac).
Des agriculteurs, juchés sur une plate-forme de tracteur, ont aspergé de lait les façades des bureaux du Parlement, tandis qu'éclataient de nombreux pétards, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Lorsque des manifestants ont tenté de pénétrer dans une cour intérieure, ils ont en été empêchés par les forces de l'ordre, qui ont eu recours à des lances à eau et à des gaz lacrymogènes.

La manifestation a provoqué d'importantes perturbations de la circulation dans le quartier de la capitale belge abritant les institutions européennes, dont les principaux axes étaient bloqués.

"Il y a le feu sur le marché du lait. La situation des producteurs laitiers européens est dramatique. Depuis trop longtemps, les prix du lait ne couvrent plus les coûts de production et des milliers de producteurs ont déjà abandonné", explique l'EMB.

"Ce n'est que le début de la mobilisation, la révolte paysanne gronde dans toute l'Europe", a estimé M. Schopges. "Nous faisons monter la pression. Il faut que les politiciens comprennent qu'ils doivent défendre les producteurs et les consommateurs et non les multinationales et les spéculateurs", a-t-il ajouté.

Selon lui, le lait est acheté 0,27 euro le litre, alors que le coût de production est de 0,40 centimes.

"La crise actuelle, encore plus grave que celle de 2009, montre à quel point il est nécessaire d'avoir un système de régulation globale de la production", a réagi l'eurodéputé socialiste belge Marc Tarabela, en charge de l'agriculture au Parlement européen.

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