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1 février 2013 5 01 /02 /février /2013 22:43

 

Rue89 - « Autopsychalanyse » 31/01/2013 à 21h43
Mathieu Deslandes | Journaliste Rue89

 

 

Pour donner un peu de chair à leurs propos, il n’est pas rare que les politiques citent des tranches de vie, puisées dans des courriers d’électeurs ou des rencontres de campagne. Le procédé a été abondamment utilisé au cours de ces premiers jours de débat parlementaire sur « l’ouverture du mariage aux personnes de même sexe ». Il faut dire que le sujet s’y prêtait – a-t-on jamais autant parlé d’amour et de vie de couple dans cet hémicycle ?

Mais certains élus sont allés plus loin. Ils ont exposé leur vie personnelle, comme si le fait de vivre une situation conférait plus d’autorité à la position qu’ils défendent. C’est Henri Guaino (UMP) qui a commencé. « Les deux femmes qui m’ont élevé m’ont aimé sans compter », a-t-il souligné, avant de dire combien un père lui avait manqué, et quelle « profonde douleur » il avait toujours éprouvée.

« Si vous lisiez toutes les lettres que j’ai reçues de Français connus et inconnus, vous sauriez qu’en parlant de moi, j’ai parlé pour tous ceux qui ont vécu le même drame intime, souvent sans en parler jamais. »

« Double peine »

 


Yves Nicolin (Assemblee-nationale.fr)

 

Yves Nicolin (UMP) est ensuite venu dévoiler son histoire familiale :

« Oui, ma femme et moi avons eu la chance de pouvoir adopter et fonder une famille avec trois enfants. »

Il est aussi président d’une association, SOS Orphelinats du monde. Et c’est fort de cette double légitimité qu’il assure que le projet de loi « va créer une nouvelle catégorie d’orphelins : ceux que [la] loi va priver, sans qu’ils puissent s’y opposer, d’avoir ce qu’ils attendaient le plus au monde : un père et une mère ».

L’adoption, dit-il, est « un remède à un accident de la vie ». Mais Yves Nicolin prédit que le fait de confier un enfant « à deux personnes de même sexe qui ne sont pas vraisemblablement son père et sa mère constituera pour lui une double peine ».

« Couple en déséquilibre »

 


Catherine Lemorton (Assemblee-nationale.fr)

 

Catherine Lemorton (PS), après avoir raillé « l’autopsychanalyse de monsieur Guaino », est à son tour intervenue sur un registre intime.

« Si je réagis aujourd’hui, c’est à titre personnel et au nom des 50 000 personnes qui sont des individus faits avec don de gamètes depuis 1973. Ils sont 50 000, dont mes deux filles ! [...] 50 000 personnes élevées dans des couples hétérosexuels, ce modèle que vous voulez promouvoir depuis le départ. »

Elle qui, depuis des heures, bouillonnait sur son banc livre alors les raisons de sa colère :

« Monsieur Guaino nous a lu hier une lettre [...]. Voici ce qu’il a lu, et qui ne manquera pas de choquer tous ces enfants, dont les premiers ont déjà 40 ans et sont eux-mêmes parents : “Mon mari et moi avons des jumelles de 14 ans issues de PMA [procréation médicalement assistée, ndlr] à partir de mes gamètes et de ceux de mon mari.

Je ne juge pas les couples qui font appel à un don de spermatozoïdes – et c’est mon cas, mes chers collègues – mais c’est de tout autre nature. Il y a un vrai déséquilibre dans le couple – je remercie monsieur Guaino de rapporter que mon couple est en déséquilibre –, car c’est l’enfant biologique d’un seul des parents.” Eh bien non, mes chers collègues ! Mes filles sont les filles des deux parents qui les ont élevées avec amour. »

« Des insultes qui me sont faites »

 


Sylviane Alaux (Assemblee-nationale.fr)

 

Et puis il y a eu Sylviane Alaux (PS), venue parler de son fils :

« Mon fils a été élevé dans l’amour et l’attention. Il est l’héritier des valeurs morales qui nous fondent son père et moi-même, et dont je ne permets à personne de douter.

Mon fils vit avec l’homme qu’il aime. Il a choisi la liberté de dire, d’affirmer, de montrer ce qui fait son bonheur et de le vivre. Il reste mon fils.

C’est pourquoi je considère les rapprochements douteux qui nous sont infligés depuis des semaines, terreau d’un discours virulent que l’opposition n’a pas suffisamment condamné, comme des insultes qui me sont faites en tant que mère autant qu’elles le sont à la cause que je défends en tant que législateur. »

Outre qu’ils sont souvent touchants, ces témoignages personnels sont désarmants pour l’adversaire. Que voulez-vous répondre à la douleur d’Henri Guaino ou de Sylviane Alaux ?

Servent-ils pour autant le débat parlementaire ? « Peut-être faudrait-il faire attention à ne pas faire assaut de tranches de vie, si respectables soient-elles », estime ainsi Philippe Gosselin (UMP), quelque peu « gêné de voir ainsi exposer dans le Journal officiel la situation de tel ou tel enfant, de telle ou telle famille ». Il considère que la vie personnelle des élus doit « s’effacer devant le législateur que nous sommes ».

« La politique charnelle »

Sous nos yeux, et par-delà les frontières partisanes, deux conceptions des limites de la parole politique se dessinent.

D’un côté, un Hervé Mariton (UMP), qui s’inquiète que « les uns ou les autres en arrivent à s’exprimer sur le fondement de situations privées » ou une Dominique Bertinotti, la ministre (PS) déléguée à la Famille, qui juge que les hommes politiques doivent savoir s’extraire de leur itinéraire personnel pour penser la société.

De l’autre, on trouve par exemple le président (PS) de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone, qui comprend ces députés qui s’exposent : « Nous ne sommes pas les uns et les autres à couper en rondelles ; nous sommes le produit d’une évolution professionnelle, personnelle et culturelle », justifie-t-il. En intervenant à la tribune, Henri Guaino ne disait pas autre chose :

« On ne fait pas de politique sans qu’elle soit profondément ancrée dans l’expérience d’une vie, les épreuves affrontées, les peines et les joies ressenties. A la politique sèche et froide des idéologues, il faut, sans cesse, opposer la politique charnelle, la politique humaine. »

MERCI RIVERAINS ! Pierrestrato
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31 janvier 2013 4 31 /01 /janvier /2013 16:31

 

http://www.rue89lyon.fr/2013/01/30/une-manif-de-brebis-contre-le-pucage-electronique/

  • Rue89 - 30 janvier 2013
  • par Laurent Burlet

 

 

Parti lundi de Mornans (dans la Drôme), un troupeau de 200 moutons mettra cinq jours pour gagner Valence. A la tête de cette manif-transhumance de 50 kilomètres, une cinquantaine d’éleveurs et bergers qui dénoncent l’industrialisation de leur métier de paysan, qui passe notamment par l’obligation de mettre une puce électronique à leurs bêtes.


manif-Transhumance-puce-moutons

La manif-transhumance entre Mornans et Saoû, dans la Drôme. Crédit : Jean-Baptiste Mouttet

« Hier, on nous a imposé une vaccination inutile. Aujourd’hui, il faut mettre des puces électroniques aux moutons. Et demain, nous devrons acheter des béliers dans des centres d’insémination ».

L’éleveuse Laure Charoin s’active autour des clôtures en plastique qui retient encore pour quelques minutes les quelque 200 moutons qui vont s’élancer et marcher jusqu’à Valence.

Ce lundi après-midi, accompagnées d’un bélier, les brebis partent de Mornans, minuscule village niché dans l’un des plus beaux coins de la Drôme.

En huit kilomètres, elles rejoindront Saoû, à quelques encablures de Die, entre la Provence et le Vercors. Là où les touristes les plus fortunés achètent des ruines pour en faire des résidences secondaires. En mode transhumance, les bêtes devraient atteindre vendredi la préfecture de la Drôme.

Le troupeau est conduit par une cinquantaine d’éleveurs venus de tout le département. Les visages sont tendus. Peut-être à cause de la bise qui vous glace le sang.

« Cela me rappelle le Larzac », glisse une des voisines venue en soutien. Comme pour la mobilisation dans les années 1970 contre l’extension du camp militaire, un vent libertaire pousserait ces paysans drômois, réfractaires aux nouvelles normes de traçabilité. Comme pour le plateau aride de l’Aveyron, la Drôme fait figure de terre de résistance contre cette obligation de mettre une puce électronique aux moutons.

 

« No puçaran »

Depuis janvier 2010, un règlement de l’Union européenne impose pour tous les ovins un système d’identification électronique au moyen d’un « transpondeur », plus communément appelé puce RFID que l’on peut retrouver sur les cartes de transport en commun ou dans les passeports. Pour les brebis, cette puce est placée sur une boucle d’oreille en plastique et comprend le numéro de l’élevage et le numéro de la bête.

 

boucle-electronique-Moutons-RFIDBien que plusieurs syndicats agricoles, dont la Confédération paysanne, soutiennent ce mouvement, le cortège n’a ni banderole, ni drapeau. Tout juste peut-on trouver un carton avec l’amusant message « no puçaran » -en référence au « no pasaran » des antifascistes espagnols. On remarque surtout des t-shirts que portent certains éleveurs, avec inscrit « No Futur, ni pucés, ni soumis ».
Un slogan qui résume la posture de ces éleveurs : défendre une certaine idée de l’agriculture en opposition avec une agriculture plus industrielle et productiviste.

 

« Un marché juteux pour les nanotechnologies »

Pour ces paysans, les puces sont un des éléments de cette dérive redoutée vers l’industrialisation. Car, pour l’instant, rien ne change :
il y a les mêmes informations que celles écrites sur les deux boucles plastiques déjà obligatoires pour la traçabilité.

Sébastien Pelurson, l’un des principaux organisateurs de la transhumance, mène le troupeau de son village de Mornans jusqu’à Saoû. Il possède 230 brebis et 25 chèvres qu’il n’a pas faites « pucer » :

« Comme d’habitude, ce sont les gros exploitants agricoles qui ont poussé pour que les puces électroniques deviennent obligatoires. Avec plusieurs milliers de têtes de moutons, ils peuvent gérer leurs troupeaux avec des scanners que les petits exploitants ne possèdent pas. »

Les chambres d’agriculture subventionnent jusqu’en juillet 2013 l’achat de puces électroniques à hauteur de 70 centimes sur un euro d’achat. « Une manière d’aider davantage les gros exploitants », précise l’éleveur qui pointe également un potentiel marché juteux :

« L’industrie des micro et nanotechnologies fait du lobbying pour qu’on s’équipe. Sans les aides actuelles, il en coûtera cinq fois plus cher au paysan qu’avec de simples boucles plastiques ».

 

« De simples exécutants de l’agro-alimentaire »

Le discours est rodé. Car derrière l’apparence désordonnée de la manif-transhumance, l’organisation est minutieuse : site Internet, équipe vidéo, contacts presse. Ce collectif s’est structuré il y a deux ans autour d’une première mobilisation contre l’obligation de vacciner les brebis contre la fièvre catarrhale ovine (FCO). Pour les éleveurs, ce fut la première tentative de leur imposer une façon « inutile et dangereuse » de travailler. Depuis, cette obligation a été levée.

Après les puces, c’est le bélier que les éleveurs seront contraints d’aller acheter dans un centre d’insémination. Date prévue de cette nouvelle obligation : 2015. Elle est au coeur des revendications, explique l’éleveuse Laure Charoin :

« Sous prétexte de lutter contre la tremblante du mouton, ils vont sélectionner génétiquement des béliers. Nous ne pourrons plus échanger nos béliers, en fonction de nos propres critères. Comme pour les OGM, on va perdre en diversité génétique ».

Sans badge, ni drapeau, le porte-parole de la Confédération paysanne de la Drôme, Vincent Delmas, est présent au premier jour de cette transhumance :

« Comme pour le puçage, ce sera une grande perte de liberté pour les éleveurs. »

Cette perte a un nom : « l’intégration ».

« Les éleveurs de brebis deviendront comme nos collègues qui font du porc ou de la volaille, qui sont de simples exécutants de l’agro-alimentaire. Ils nous amèneront un bélier et, puis ils nous imposeront une manière de manger et de les soigner ».

Le « ils » revient toujours dans la bouche des éleveurs. « Ils », ce sont les « technocrates » de Bruxelles ou du ministère de l’agriculture mais aussi les grands exploitants agricoles, qui « travaillent » main dans la main avec les premiers.

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Laure Charoin parée du t-shirt officiel de la transhumance. Crédit : Jean-Baptiste Mouttet

 

« On ne veut pas être des cobayes »

Etienne Mabille et sa femme Irène sont également aux avant-postes de cette transhumance. Le bonnet enfoncé jusqu’à sa barbe de père Noël, Etienne marche. Quant à Irène, elle conduit un des camions qui sert de voiture-balais. C’est à la suite de leurs aventures qu’a été décidée cette manif de brebis. Car ils font partie des premiers éleveurs à être sanctionnés pour avoir refusé de mettre des puces à leur soixante brebis.

Après un contrôle, la Direction départementale du Territoire (DDT, ex-direction de l’agriculture) leur a signifié au mois d’août dernier la perte des primes liées à la Politique Agricole Commune (PAC) de l’Union européenne. Etienne Mabille a évalué la perte totale à environ 8 000 euros.

Heureusement pour les Mabille, leur exploitation des Baronnies, dans la Drôme, est diversifiée. Plantes aromatiques, épeautre… Tout en bio. Et puis, à 55 ans, ils arrivent en fin de carrière. Mais ils ont promis de se battre contre « cette absurde diarrhée législative » :

« Nous voulons seulement qu’on nous laisse le choix de nos outils. Nous ne sommes pas des cobayes. Aujourd’hui, ce sont les brebis. Demain, est-ce que ce seront les enfants qui porteront une puce pour ne pas qu’on les perde ? »

Le combat, Etienne en a l’habitude :

« Quand nous nous sommes installés en bio il y a 26 ans, on nous prenait pour des illuminés. Il a fallu se battre pour obtenir les mêmes soutiens que les autres agriculteurs. »

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Etienne Mabille va perdre près de 8 000 euros d’aides pour s’être opposé au puçage de ses brebis Crédit : Jean-Baptiste Mouttet

 

Sans puce, plus d’accès à l’abattoir

A la différence d’Etienne Mabille, la grande majorité des éleveurs dépendent fortement des aides de la PAC. Entre un tiers et la moitié des revenus des éleveurs de brebis destinées à la viande sont des subventions.

Les aides étant conditionnées par le respect de la réglementation européenne, certains, contraints, ont mis des puces à leur brebis. Comme cet éleveur de la plaine de la Drôme, qui est, malgré tout, venu à la transhumance. « Résistant passif » comme il se définit lui-même, il est venu soutenir les éleveurs qui sont en pointe, ceux qui n’hésitent pas à donner leur nom aux journalistes en toute connaissance de cause. Yvan Delage, du Haut-Diois, assume :

« Tous les paysans se plaignent de ces contraintes. Mais ils ont peur qu’on leur coupe les aides. On aurait peut-être dû bouger avant. Maintenant, on est obligés. »

Ce ne sont plus seulement les aides de la PAC qui dépendent du puçage mais aussi l’accès aux abattoirs et les autorisations de transhumance. Laure Charoin témoigne :

« Dernièrement, j’ai amené une dizaine d’agneaux de lait à l’abattoir. Sans puce. La vétérinaire m’a appelée pour me dire que c’était la dernière fois. Si je ne peux plus accéder à l’abattoir, comme je vais faire ? »

« La motivée », comme on la surnomme, reste malgré tout optimiste. « On se fera entendre ». Ce ne sera en tout cas pas sous les fenêtres du préfet de la Drôme, qui leur a signifié que les brebis ne pourraient pas accéder jusqu’à la préfecture.

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31 janvier 2013 4 31 /01 /janvier /2013 14:49

 

Le Monde.fr | 30.01.2013 à 12h02 • Mis à jour le 30.01.2013 à 19h05

 

  • Ebiowei, 48 ans, transporte un bidon vide pour le remplir de pétrole dans une raffinerie illégale, près de la rivière Nun, dans l'Etat de Bayelsa dans le sud du Nigeria, le 27 novembre 2012.

Ebiowei, 48 ans, transporte un bidon vide pour le remplir de pétrole dans une raffinerie illégale, près de la rivière Nun, dans l'Etat de Bayelsa dans le sud du Nigeria, le 27 novembre 2012.

Crédits : REUTERS/AKINTUNDE AKINLEYE

Face à la pollution pétrolière colossale qui dégrade le delta du Niger, dans le sud du Nigeria, la responsabilité de la compagnie Shell avait été établie. En août, alors que le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) prévoyait qu'il faudrait 25 à 30 ans pour dépolluer le delta, dans la plus vaste opération de nettoyage jamais réalisée, Shell reconnaissait en effet son rôle dans deux marées noires survenues en 2008 et 2009, s'engageant à payer des compensations.

 

Lire l'éditorial du MondeLa malédiction de l'or noir dans le delta du Niger


Mercredi 30 janvier, le géant anglo-néerlandais s'en sort mieux : le tribunal de La Haye a rejeté quatre des cinq plaintes de fermiers et pêcheurs nigérians, qui l'accusent d'avoir pollué leur village, terres et étangs, à cause de fuites dans un oléoduc. Non que ces dégâts n'aient pas été reconnus, mais la justice néerlandaise a relevé que dans la loi nigériane, la société-mère de Shell, basée à La Haye, n'a aucune obligation d'empêcher ses filiales, Shell Nigeria en l'occurrence, "de faire du tort à des tiers".

L'une des cinq plaintes a par contre été retenue contre cette filiale, condamnée à payer des dédommagements pour deux fuites de pétrole survenues en 2006 et 2007 près du village d'Ikot Ada Udo, proche du delta du Niger. Si le tribunal a considéré que ces fuites étaient dues aux sabotages liés aux vols de pétrole, il a néanmoins estimé que Shell Nigeria aurait dû prendre des mesures pour y remédier. 

 

 LE SABOTAGE RESPONSABLE, SELON SHELL


Dans une raffinerie illégale. Au Nigeria, des milliers de personnes participent à ce détournement de pétrole, connu localement sous le nom de "bunkering", qui consiste à trouer les pipelines pour voler du pétrole brut, qu'ils raffinent ou vendent directement.

 

Friday Akpan, le seul Nigérian qui a obtenu gain de cause dans cette affaire, assure que la pollution a endommagé ses terres et ses 47 étangs à poissons. Eric Barizaa Dooh, un autre plaignant présent à l'audience à La Haye, en est quant à lui ressorti avec des "sentiments partagés", affirmant que le tribunal n'avait pas été "juste" avec son village de Goi, un "endroit toujours très contaminé".

Shell s'est de son côté félicitée d'avoir été blanchie en tant que société-mère. La compagnie nie toute responsabilité dans les fuites, assurant que la pollution pétrolière dans le delta du Niger est due en grande partie au détournement du pétrole qui coule dans les oléoducs – le "bunkering" –, qui a capté l'année dernière environ un cinquième de la production nationale de pétrole, selon le ministre nigérian des finances. "70 % des fuites dans le delta sont dues au sabotage", affirmait à l'AFP Mutiu Sunmonu, patron du groupe au Nigeria, en 2011.

D'après le blog environnement du Guardian toutefois, bien que les habitants admettent ouvrir de petites raffineries locales "pour survivre", "il y a de plus en plus de preuves que les vols les plus importants ne viennent pas des villageois et des agriculteurs du delta, mais de rackets sophistiqués, venant de gangs organisés au cœur du gouvernement local, et même national, et de l'armée, qui volent et déversent du pétrole à grande échelle".  

Selon la branche néerlandaise de l'ONG des Amis de la Terre, ce procès constituait la première affaire où une société néerlandaise est poursuivie aux Pays-Bas pour des faits à l'étranger. L'association, également plaignante dans cette affaire, espérait un précédent mondial en matière de responsabilité environnementale, grâce à la jurisprudence.

Ancien président des Amis de la Terre, Nnimmo Bassey estime, malgré tout, que l'affaire établit un précédent : "Shell et d'autres multinationales sont averties qu'elles ne peuvent pas polluer l'environnement n'importe où dans le monde et retourner chez elles en profitant de leurs bénéfices".

Même écho dans le Guardian, pour qui "l'enjeu n'est pas seulement de savoir si [les plaignants nigérians] obtiendront compensation ou non du géant anglo-néerlandais, qui a réalisé un profit de [22 milliards d'euros] l'année dernière, mais si Shell – et d'autres multinationales – peut être poursuivi pour pollution aux Pays-Bas. Derrière Dooh se tiennent potentiellement une longue série de plaignants et d'avocats." 


PIRE QUE DEEPWATER DANS LE GOLFE DU MEXIQUE

Huitième exportateur de pétrole au monde et premier producteur d'Afrique, avec une production autour de 2 millions de barils par jour, le Nigeria est le théâtre d'une exploitation pétrolière qui a débuté il y a cinquante ans, et fait des ravages concernant la santé des habitants et l'environnement du delta. De nombreuses ONG accusent les groupes pétroliers d'y appliquer des normes environnementales beaucoup plus laxistes que dans leur pays d'origine. Ce que réfute Shell.

La compagnie affirme que 26 000 barils de pétrole se sont déversés dans le delta du Niger en 2012, soit 70 % de plus que l'année précédente. Selon les Amis de la Terre, la pollution pétrolière au Nigeria est deux fois plus importante que les 5 millions de barils qui ont fui dans le Golfe du Mexique en 2010, à la suite de l'explosion de la plate-forme Deepwater Horizon, du britannique BP. Et d'après le documentaire réalisé en 2011 Delta du Niger : la guerre du brut, chaque année depuis 25 ans, il se déverse l'équivalent d'un Exxon-Valdez (marée noire en Alaska, en 1989), soit 40 000 tonnes, sur les terres du delta.

 

 

Selon les Amis de la Terre, "la situation est dramatique, qu'il s'agisse d'environnement ou de dialogue avec les populations impactées par les activités de Shell, Eni et Total". Il y a dix ans, la nigériane Esther Kiobel avait même accusé devant la justice américaine la filiale nigériane de Shell de complicité avec l'armée pour les actes de torture et de meurtre commis contre la communauté Ogoni – un peuple qui vit dans le sud du Nigeria, et qui a fondé dans les années 1990 le Mouvement pour la survie du peuple Ogoni, afin de défendre ses intérêts contre Shell. Son mari, très impliqué dans la bataille contre la compagnie pétrolière, avait été condamné à la peine de mort, et exécuté.

 

Lire aussi : Kiobel vs Shell : multinationales et droits de l'homme devant la Cour suprême américaine


Alors que la compagnie – la première à exploiter les ressources du premier producteur de pétrole d'Afrique – se trouve sous le feu des critiques au Nigeria, elle doit faire face à un autre front, en Arctique cette fois : le 31 décembre, sa plate-forme pétrolière de Kulluk s'échouait sur une plage du sud de l'Alaska. Si aucune marée noire n'a été signalée, contrairement à la précédente catastrophe environnementale en Alaska, d'aucuns voient dans cet incident une préfiguration des risques inhérents à la ruée vers le pétrole de l'Arctique.

 

Lire : La plate-forme pétrolière de Shell en sécurité dans une baie d'Alaska


 

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30 janvier 2013 3 30 /01 /janvier /2013 22:03

« Les gouvernements changent mais les méthodes restent les mêmes. Quand l’ouvrier descend dans la rue, on envoie 500 CRS le neutraliser. » 15 heures, ce mardi 28 janvier. À Paris, au pied du métro Varenne, à dix minutes à pied du ministère du travail, Didier et ses camarades grillent cigarette sur cigarette. Accoudés contre le mur et vêtus tous du même tee-shirt rouge « pour sécuriser l’emploi, non aux licenciements dans les groupes qui font des profits » –, ils dissertent sur le gouvernement de François Hollande, « un gouvernement de gauche qui met en place des mesures de droite ». Autour d’eux, des pétards, des banderoles, des drapeaux et des figures de la gauche de la gauche, comme Olivier Besancenot et Philippe Poutou du Nouveau parti anticapitaliste.


Dans la manifestation de mardi 
Dans la manifestation de mardi© Thomas Haley

« Vraiment, on est des cons d’ouvriers et on a été cons de voter pour le PS », lance l’un d’eux, « écœuré d’avoir fait campagne dans son entourage pour Hollande. » « Qu’est-ce que tu veux, on a choisi la peste plutôt que le choléra, une droite douce qui se dit de gauche pour freiner l’extrême droite de Sarkozy », renchérit son voisin. Salariés de l’usine Goodyear depuis plus de trente ans, ils sont descendus d’Amiens avec une soixantaine de copains pour participer à la grande manifestation contre les licenciements boursiers, à l'initiative de l'association Licenci'elles, qui regroupe d'anciennes salariées des 3 Suisses. 

Car leur usine est de nouveau sur la sellette. Jeudi 31 janvier, le fabricant américain de pneumatiques Goodyear Dunlop devrait annoncer lors d'un comité central d'entreprise (CCE) sa fermeture, d'ici à 2014, mettant en jeu le sort de 1 250 salariés. La direction de Goodyear ne commente pas, renvoyant au CCE, dont l'ordre du jour évoque une « information aux représentants du personnel concernant la stratégie du groupe pour le site d'Amiens-Nord ». Mais pour les salariés, ce jeudi peut être « noir » et annoncer un nouveau bras de fer. 

Ce mardi, ils manifestent « pour mettre la pression » sur François Hollande, le rappeler à ses engagements de campagne et à cette promesse qu’il voudrait oublier, son 35e engagement très précisément : « Pour dissuader les licenciements boursiers, nous renchérirons le coût des licenciements collectifs pour les entreprises qui versent des dividendes ou rachètent leurs actions, et nous donnerons aux ouvriers et aux employés qui en sont victimes la possibilité de saisir le tribunal de grande instance dans les cas manifestement contraires à l'intérêt de l'entreprise. » Les salariés de Goodyear en savent quelque chose. C’est sur le parking de leur usine que François Hollande a déclaré le 14 octobre 2011 « l’État peut fixer les règles », s’engageant s’il était élu à faire voter très rapidement une loi interdisant les licenciements boursiers. Huit mois après son élection, son gouvernement, de Matignon au ministère du travail, ne cesse de botter en touche.

 

Mickael Wamen, délégué CGT Goodyear et Fiodor Rilov, l'avocat de la CGT (Faurecia et Goodyear) 
Mickael Wamen, délégué CGT Goodyear et Fiodor Rilov, l'avocat de la CGT (Faurecia et Goodyear)© Rachida El Azzouzi


« Nous avons décidé d'agir pour que la loi que nous avons rédigée soit votée à l'Assemblée nationale et au Sénat. Nous avons besoin de cette loi dans les luttes que nous menons contre certaines des multinationales les plus puissantes de la planète qui licencient en masse pour accroître sans cesse leurs profits et le cours de leurs titres », explique une membre du collectif des Licenci’elles, un tract à la main, « Hollande, qu'est-ce que tu glandes ? Cette loi, tu nous la dois ».

 

Un entretien guère concluant

La manifestation devait connaître son apogée devant les grilles du ministère du travail mais le quartier a été quadrillé par les forces de l’ordre. Rassemblant plus de 500 salariés, des Goodyear, Sanofi, Virgin, PSA, Candia, Air France, Faurecia, Samsonite, Crédit agricole, etc., le cortège a été contraint de faire du sur-place autour du métro Varenne. Seule une délégation, emmenée par Mickael Wamen, le leader CGT des Goodyear, le principal syndicat de l'usine d'Amiens-Nord, et Marie Lecomte du collectif des Licenci’elles, a pu franchir les barrières de CRS pour être reçue par le cabinet de Michel Sapin en milieu d’après-midi et lui donner en main propre une proposition de loi. Un entretien guère concluant. 

« Le gouvernement ne semble pas déterminé à tenir ses promesses », a réagi, à la sortie, Mickael Wamen, assailli par une nuée de caméras. Le cabinet de Sapin comprend la légitimité de notre mouvement mais il s’arc-boute sur l’accord inter-professionnel (ANI) qui protège le patronat et favorise les licenciements (NDLR - signé le 11 janvier entre les partenaires sociaux sans la CGT et FO, lire nos articles ici et ) ! » Marie Lecomte s’est retenue de rire « Ils sont en décalage total avec la réalité. Ils nous ont parlé de l’ANI et de la généralisation de la complémentaire santé aux salariés, ce qui n’a rien à voir avec notre revendication. » Et d’appeler plus que jamais « à une lutte commune de tous les salariés en lutte » dans les semaines qui viennent. 

Même mot d’ordre lancé par Jean-Pierre Mercier, le délégué syndical CGT de l’usine PSA d’Aulnay-sous-Bois en Seine-Saint-Denis, en grève depuis le 16 janvier. Il se félicite de la suspension du plan de restructuration chez PSA (8 000 suppressions de poste) par la cour d’appel de Paris, comme le demandait la CGT de l’équipementier automobile Faurecia, filiale de PSA. La décision est tombée ce mardi 28 janvier, le même jour que la manifestation contre les licenciements« C’est un très mauvais coup pour la direction de PSA qui se croyait au-dessus des lois. On va gagner du temps pour exiger que la direction reprenne à zéro le plan », assène Jean-Pierre Mercier.

Quelques mètres plus loin, Fiodor Rilov, l’avocat de la CGT Faurecia et de la CGT Goodyear, membre du PC, à l’origine de cette victoire judiciaire, se demande « quand les socialistes vont redevenir de gauche », taclant sévèrement l’accord inter-professionnel sur la réforme du marché du travail, « la plus grande reculade en matière de droit du travail depuis cinquante ans ».

Le gouvernement n'en fait pas la même lecture. Interrogée lundi sur RMC et BFM-TV sur les licenciements boursiers, Najat Vallaud-Belkacem, sa porte-parole, a déclaré que l'accord constituait « une première étape dans l'encadrement des licenciements » et « qu'il n'est pas exclu d'aller plus loin ». Un avis partagé par la CFDT, l'un des principaux signataires, pour qui l'accord est « une bonne base ». La centrale réformiste n'a pas appelé à participer à la manifestation« Moi je ne sais pas ce que c'est qu'un licenciement boursier »a d'ailleurs affirmé Laurent Berger, le nouveau secrétaire général. Il préfère comme le gouvernement privilégier une loi sur la reprise de sites rentables, cette autre promesse qui n'a toujours pas vu le jour...


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28 janvier 2013 1 28 /01 /janvier /2013 23:54

 

http://m.lavenir.net/cnt/DMF20130125_00260198

 

Régions

25-01-2013 07:00

 

La Ville de Namur va préparer un règlement qui obligera les grandes surfaces à donner les produits qu’ils comptent jeter.

De plus en plus de gens, en situation de précarité, ne mangent pas à leur faim. Le constat est partagé à Namur aussi.

Certes, les services sociaux, tels que le CPAS, font ce qu’ils peuvent. Des associations caritatives, comme le Resto du Cœur, la Saint-Vincent de Paul ou la Banque alimentaire apportent une aide précieuse. Mais en même temps, notre société de consommation produit trop de gaspillage, notamment par les invendus jetés par les magasins.

D’où l’idée lancée hier soir au conseil communal par Fabian Martin (PS) : imposer aux supermarchés de donner aux associations caritatives l’aide alimentaire les produits qu’ils jettent.

Comment cela? Par la réglementation sur les déchets : les permis d’environnement octroyés aux grandes surfaces prévoiraient cette obligation. L’arrêté communal viserait les produits encore parfaitement consommables mais que l’exploitant ne souhaite plus commercialiser (date de durabilité trop rapprochée, invendus, emballages abîmés…).

Un tel règlement existe déjà à Herstal, il pourrait être introduit à Namur.

 

Un texte solide juridiquement

L’idée lancée par l’élu socialiste a reçu un accord de principe favorable des trois partis de la majorité. «Je soutiens la proposition, a annoncé l’échevin de la cohésion sociale Baudouin Sohier. Des collaborations existent déjà avec certains magasins, cela permettrait de les systématiser

Favorable au principe également, l’échevin de l’environnement Alain Detry demande toutefois un examen juridique sérieux du texte, pour éviter toute équivoque notamment sur le respect des normes d’hygiène.

Pour Françoise Laboureur (Écolo), il faudrait une réflexion plus globale que le gaspillage et la pauvreté. Mais son groupe soutient l’idée.

«Je vois parfois des stocks entiers, encore valable 15 jours, et auxquels on ne peut pas toucher, alors que les besoins sont là », clame Fabian Martin.

Bref, annonce le bourgmestre, un groupe de représentants de chaque parti va étudier un texte qui, solide juridiquement, puisse être prochainement adopté en ce sens.

Jean-François PACCO

 

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28 janvier 2013 1 28 /01 /janvier /2013 20:57

 

lesoir.be

Joelle Meskens
Mis en ligne il y a 14 heures

 

 

Bien sûr, il y avait quelques démonstrations festives. Mais la manifestation en faveur du mariage pour tous ce dimanche en France n’avait rien d’une « gay pride ». Ce n’est pas une communauté qui est descendue dans la rue pour dire sa fierté identitaire. C’est une France solidaire qui s’est jointe aux gays et aux lesbiennes pour dire sa honte de voir la simple égalité des droits si douloureusement consacrée.

Des grands-parents, des mères de familles tout ce qu’il y a de plus hétéros, des garçons qui aiment les filles sont en quelque sorte venus crier : « Nous sommes tous des homosexuels ! » Une jeune lycéenne, fille de deux mamans, le résumait avec ses mots : « Ça fait tellement de bien ! » Une mère d’homo le disait avec les siens : « Ça répare tant de mal. »

Depuis des mois, ce débat stupéfie par ses outrances. On ne parle pas que des amalgames grotesques faits avec la pédophilie, la polygamie et même, récemment encore, le handicap mental. Laissons au parti de Christine Boutin sa dernière saillie : « Plus de monde à l’arrivée du Vendée Globe qu’à Paris : on voit où sont les vraies valeurs. » L’homophobie rampante sous-tend bien des discours des anti-mariage quand ils parlent simplement de « familles normales ». Savent-ils, ceux-là qui prétendent n’avoir en tête que l’intérêt de l’enfant, que des adolescents se suicident encore lorsqu’ils se découvrent « différents » ?

François Hollande l’a rappelé vendredi. Il ne retirera pas son projet. Mais que ne l’a-t-il davantage porté, lui qui après avoir envisagé un temps une clause de conscience pour les maires récalcitrants renvoie désormais la question de la procréation assistée à une loi ultérieure ? En campagne, il promettait une société apaisée. Ecouter ses opposants est certes à son honneur. Mais pourquoi donner le sentiment aux anti-mariage gay qu’ils ont pu l’« ébranler » ? Le changement, c’est indiquer avec force à une nation frileuse et campée sur son conservatisme le chemin du progrès.

En 1974, la France était à l’avant-garde du droit des femmes en dépénalisant l’avortement. Près de quarante ans plus tard, du mariage gay à l’euthanasie, elle est à la traîne en Europe sur pratiquement tous les sujets d’éthique.

Parce que mieux vaut en sourire qu’en pleurer, le dernier mot revient à ces Belges venus manifester hier à Paris : « Le mariage homo existe depuis dix ans chez nous. Et on y mange toujours les moules avec des frites. »

 

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28 janvier 2013 1 28 /01 /janvier /2013 19:39

 

Le Monde - Blog -

Des Berlinois jouent à "cam over" dans le train U-Bahn (Youtube.com)

Est-ce un jeu idiot ou un acte militant ? Un peu des deux. Depuis quelques semaines, les espaces publics berlinois sont devenus le théâtre d'un nouveau phénomène où des jeunes encagoulés arrachent les caméras de surveillance : c'est le "cam over".

 

 

Alors que le débat sur les caméras de surveillance a été relancé en Allemagne après une tentative manquée d'attentat en gare de Bonn, les activistes de cam over marquent clairement leur position. Les caméras discriminent certains groupes de personnes notamment les jeunes, perçus comme des "criminels", relate un observateur de France 24.

Alors plutôt que de manifester dans la rue, les militants ont préféré organiser un jeu. A chaque caméra détruite, un point, et des points bonus en fonction de l'originalité du mode de destruction. On peut rester cagoulés ou se mettre à découvert - mais dans tous les cas, la danse vandale est filmée et postée sur le site Cam over. Objectif : en détruire le plus possible avant le Congrès européen de la police qui se tiendra le 19 février à Berlin.

"On pensait que ça motiverait les gens inactifs si nous lancions un jeu-réalité, confie le créateur de Cam over au Guardian, qui a souhaité garder l'anonymat. Même si on appelle ça un jeu, nous sommes très sérieux : notre but est de détruire le plus grand nombre de caméras possible, et d'avoir une influence sur le recours à la vidéo-surveillance dans les villes allemandes".

Ce n'est pas la première fois que des militants allemands contestent le recours aux caméras de surveillance. Une quarantaine de personnes avaient manifesté en juin dans les rues de Berlin à l'occasion de la "journée d'action 1984" (d'après le roman de George Orwell). Le groupe de pression Control Berlin a également documenté l'arrivée et les conséquences sociales de ces caméras à travers des courts-métrages.

Les militants de Cam Over ne sont pas des activistes classiques. C'est un petit groupe de "gens sans boulot", des voleurs, des graffeurs, des SDF et des squatteurs. Ils auraient détruit une cinquantaine de caméras depuis le début du jeu. Le gagnant remporte un stock de peinture à la bombe équivalent à un an de fourniture.

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27 janvier 2013 7 27 /01 /janvier /2013 19:49

 

Rue89 - Gay pride 27/01/2013 à 12h30
Blandine Grosjean | Redchef adj Rue89
François Krug | Journaliste Rue89

 

 

Ambiance décoincée et festive à la manif de soutien au mariage pour tous à Paris. Un succès selon... Le Figaro et nos reporters, dans l’indifférence de BFM-TV.

 


Des manifestants place de la Bastille, sur les escaliers de l’opéra (Audrey Cerdan/Rue89)

 

18h45. Nous vous abandonnons à la lecture du récit de la journée ci-dessous. Chiffre donné par les organisateurs : 450 000 manifestants. De l’avis des journalistes de Rue89 présents dans le cortège, cette manifestation était plus familiale que celle du 16 décembre (pro), plus bordélique, gaie et jeune et moins fournie que celle du 13 janvier (anti).

Rendez-vous mardi, avec le début de l’examen du projet de loi et ses 5 300 amendements. B.G.


Pancarte « Nos amours sont plus fortes que votre haine », dans la manifestation (Audrey Cerdan/Rue89)

18h15. La police annonce 125 000 manifestants, deux fois plus que lors du précédent défilé en décembre. La foule commence à se disperser, selon notre reporter François Krug.

« J’ai décidé de venir après la manifestation du 13 janvier. Ils m’ont fait peur », confie une manifestante, Christine, à notre rédacteur en chef Pascal Riché.

L’actrice Clotilde Courau a pris une jolie vue d’ensemble, qu’elle a postée sur Twitter.

17h45. Pourquoi je manifeste, par Jegoun, un blogueur politique :

« Je manifeste parce que j’ai des copines et des copains homosexuels qui veulent se marier. Je manifeste parce que j’en ai marre d’entendre un tas de conneries de la part de grotesques divers que les copines et les copains se prennent dans la gueule.

Je manifeste parce que je les aime bien. Plus que l’entrecôte frites de la Comète [le bar dont il live-tweete 24 heures sur 24]. C’est vous dire. »


Capture d’écran du Figaro.fr

17h40. Et le Figaro.fr (le site hein, pas le papier) titra....

« Mobilisation réussie des pro-mariage gay »

17h15. En ce dimanche 27 janvier de paix et d’amour, « troisième dimanche du temps ordinaire » pour les catholiques, le # de la cathosphère est « #floppourtous ». Plus utilisé que celui de #mariagepourtous.

17 heures. Premières batailles de chiffres. Le Figaro se risque à 120 000 manifestants. Nous attendrons sagement les comptes de la préfecture et ceux des organisateurs.

« On est sur le trottoir mais vous nous comptez, hein ! », rigole une manifestante à destination d’un des policiers en civil chargés d’évaluer la foule. Le policier reste imperturbable : le sujet ne doit pas prêter à rigoler à la préfecture de police, la polémique avec les organisateurs de la « manif pour tous » du 13 janvier n’est toujours pas close : étaient-ils 340 000 ou 800 000 ?

Ce rendez-vous semble un succès, quand on le compare à la précédente manif du 16 décembre. La foule reprend les chansons (« Je suis un garçon » de Mylène Farmer) et le slogan qui a dominé l’après-midi : « E-ga-li-té ! » F. K.

16h30. Une photo fait le tour des réseaux sociaux : deux députés socialistes, Nicolas Bays et Yann Galut, s’embrassent solidairement sous la bouche. Oh ! A quand la noce ?


Deux députés s’embrassent sur la bouche. Oh ! (@sihemsouid)

16 heures. Aux provocations d’un groupe perché sur un toit au bord du défilé – ils brandissent une banderole « Et demain, j’épouse ma chèvre » –, les manifestants répondent en interprétant la Marseillaise. Selon les tweets de plusieurs participants, le groupe est interpellé par les CRS, sous les hourras de la foule.


« Et demain j’épouse ma chèvre » (@Geoclavel)

16h30. Texto de la photographe de Rue89 Audrey Cerdan : « C’est tellement plus jeune qu’à la manifestation [des anti-mariage pour tous] du 13 janvier. »

Elle n’est pas la seule :

« Saisissant le nombre de jeunes pour la manif du #mariagepourtous contrastant avec la #manifpourtous : gap générationnel. »

15h30. La colère enfle dans le cortège contre... BFM-TV et I-Télé, qui ne retransmettent pas en direct la la manifestation. Les dimanches se suivent et ne se ressemblent pas.

Le 13 janvier, les organisateurs du rassemblement anti avaient fourni les images aux chaînes, qui avaient couvert l’évènement du début à la fin, jusqu’à plus soif. Hervé Béroud, directeur de la rédaction de BFM-TV, avait annoncé à Rue89 le « même travail » pour ce 27 janvier. Il ne pouvait pas savoir qu’à la même heure, l’arrivée du Vendée Globe monopoliserait ses équipes.

Dominique Reynie, professeur à Sciences-po n’en revient pas :

« 15h15 prêt pour le débat demandé par @BFMTV sur #mariagepourtous Pas de nouvelles. Je téléphone et apprends que c’est annulé #grossièreté. »

Sur Twitter, le site parodique Gorafi.fr en fait des gorges chaudes.


« Nous on baise ». 27 janvier 2013 (François Krug)

15 heures. La plupart des manifestants sont encore autour de la place Denfert-Rochereau, à Paris. L’arrivée à Bastille, prévue à 17 heures risque d’être retardée.

14h30. La tête du cortège, parti de la place Denfert-Rochereau, arrive sur le boulevard Saint-Michel. Sur un camion, ce slogan : « Ne vous inquiétez pas, les moules se mangeront toujours avec des frites. »

Un peu plus loin :

« Les curés au diocèse, nous on baise »

Comme la veille à Lyon où 11 000 personnes (selon la préfecture) et 20 000 (selon les organisateurs) ont déjà défilé, l’ambiance est plus joyeusement bordélique. Sono à fond, fanfares, et des slogans laissant plus de place à l’imagination que les « un papa, une maman » des « anti » à l’image de ce slogan sur la pancarte d’une manifestante :

« Je mets mes doigts partout, pourquoi pas dans une bague ? »


« Je mets mes doigts partout, pourquoi pas dans une bague ? » (dr)

Certaines pancartes brandies ce dimanche feraient peut-être rougir ceux qui étaient là le 13 janvier...

« Lâchez nous la chatte, qu’on se lèche tranquille »


« Lâchez-nous la chatte, qu’on se lèche tranquille » (François Krug)

Ou encore « Mon cul est un lieu d’ébats, pas de débats » :


« Mon cul est un lieu d’ébats, pas de débats » (François Krug)

Avant la manif...

D’abord une bonne nouvelle pour ceux qui manifestent ce dimanche : les Français sont plus nombreux à être favorables au mariage homosexuel qu’avant la manifestation des antis, le 13 janvier : 63%, contre 60% au début du mois.

Ils approuvent aussi davantage l’adoption par des couples du même sexe (49%, +3 points), selon un sondage Ifop pour Atlantico (site de droite). Et encore meilleure nouvelle pour ceux qui croient en l’avenir de ce droit : 86% des moins de 24 ans sont pour.

La mauvaise nouvelle, c’est que si la démonstration de force des catholiques n’a pas ébranlé la majorité silencieuse de ce pays, elle aurait libéré une parole homophobe qui n’avait plus cours depuis l’installation du pacs.

Les associations dénoncent une recrudescence des agressions homophobes. Un peu partout, dans l’espace public ou privé, les « opinions » associant ce mariage pour tous à la polygamie, pédophilie, zoophilie ou à la fin de notre civilisation se multiplient.

Bachelot : « Un rendez vous d’amour nous attend place Denfert-Rochereau »

Il est assez assez rare de voter « contre » l’extension des droits à une catégorie de la population. Cette bizarrerie a donc poussé les mouvements LGBT (lesbiennes, gays, bis et trans), rejoints par les organisations de gauche, à appeler à manifester « pour » des droits qui seront bientôt acquis – de ça, personne ne doute plus.

A ce jeu, les catholiques, qui ont 2013 ans d’expérience en organisation d’événements derrière elles, sont gagnants en nombre. Ça donne 350 000 manifestants dans les rues de Paris le 13 janvier, au crible des mathématiciens.


« 2000 ans que vous ratez le mariage, laissez-nous essayer » (Pascal Riché)

Au final, le rassemblement de cet après-midi prendra les couleurs d’un rassemblement contre l’homophobie.

Il sera aussi un rassemblement de gauche. Toujours d’après le sondage Ifop-Atlantico, les sympathisants de gauche sont nettement plus nombreux à soutenir le mariage gay, à 84% (en hausse de 5 points) contre 52% (-2 points) pour les sympathisants du Front national, et 41% (+8 points) pour ceux de l’UMP.

Roselyne Bachelot, ancienne ministre de Nicolas Sarkozy, sera une des exceptions à mettre un peu de bleu au cortège :

« Demain à 13h un rendez vous d’amour nous attend place Denfert-Rochereau ! #MariagePourTous. Et on démarre à 14h. Je serai avec mes enfants. »

Le projet de loi défendu par Christiane Taubira sera examiné à partir de mardi 29 janvier. En tout, 5 300 amendements ont été déposés, par l’opposition dans leur écrasante majorité ; par les écologistes pour l’un d’entre eux, afin d’ouvrir l’accès à la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de lesbiennes – un sujet dont le gouvernement ne sait plus quoi faire. Cécile Duflot est d’ailleurs la seule ministre du gouvernement à manifester ce dimanche. B.G.


Dans la manifestation en faveur du mariage pour tous (Audrey Cerdan/Rue89)

MERCI RIVERAINS ! Percy Schramm
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24 janvier 2013 4 24 /01 /janvier /2013 17:01

 

Le Monde.fr | 24.01.2013 à 08h56 • Mis à jour le 24.01.2013 à 14h58 Par Gérard Davet et Fabrice Lhomme


 
La Cour de justice de la République (CJR) avait décidé, le 4 août, d'ouvrir une enquête sur Christine Lagarde, pour le rôle qu'elle a joué dans l'affaire Tapie-Crédit lyonnais.

L'affaire Lagarde-Tapie a connu une brutale accélération, jeudi 24 janvier au matin. Les policiers de la brigade financière ont mené, à Paris, deux spectaculaires perquisitions, aux domiciles de Bernard Tapie et de l'actuel PDG de France Télécom, Stéphane Richard. Les enquêteurs ont agi sur commission rogatoire de trois juges du pôle financier parisien, Serge Tournaire, Guillaume Daïeff et Claire Thépaut, qui conduisent depuis septembre 2012 une information judiciaire ouverte initialement pour "usage abusif de pouvoirs sociaux et recel de ce délit" au préjudice du Consortium de réalisation (CDR), la structure créée en 1995 afin de gérer le passif du Crédit lyonnais après sa quasi-faillite.

Cette procédure vise les conditions dans lesquelles a été réglé l'arbitrage du conflit entre Bernard Tapie et le Crédit lyonnais, le CDR étant soupçonné d'avoir favorisé les intérêts de l'homme d'affaires dans le cadre de la procédure d'arbitrage mise en œuvre fin 2007 afin de mettre un terme au litige l'opposant à la banque publique dans le cadre de la cession d'Adidas. En juillet 2008, un tribunal arbitral avait accordé un total de 403 millions d'euros à M. Tapie.

La veille des deux perquisitions, mercredi, les juges de droit commun, qui travaillent en concertation avec les magistrats de la Cour de justice de la République (CJR), ont obtenu du parquet de Paris l'extension de leur saisine aux faits de "détournement de fonds publics" et de "faux".

 

M. TAPIE REÇU À DE NOMBREUSES REPRISES PAR M. SARKOZY

L'enquête pourrait aussi éclabousser Nicolas Sarkozy, président de la République au moment des faits. Selon nos informations, le juge Jean-Michel Gentil, chargé à Bordeaux de l'affaire Bettencourt, dans laquelle l'ex-chef de l'Etat est témoin assisté, a récemment transmis aux magistrats de la Cour de justice une copie de certains agendas de M. Sarkozy susceptible d'éclairer leur enquête.

Il apparaît que sur la période-clé 2007-2008, M. Tapie a été reçu à de nombreuses reprises par M. Sarkozy, d'abord au ministère de l'intérieur, puis à l'Elysée, une fois ce dernier élu président de la République, en mai 2007. L'homme d'affaires, proche de M. Sarkozy, a appelé à voter pour lui lors des élections présidentielles de 2007 et 2012. Les agendas transmis par M. Gentil attestent également de rencontres entre M. Sarkozy et Pierre Mazeaud, l'un des trois arbitres (avec Pierre Estoup et Jean-Denis Bredin) choisis pour trancher le litige.

Entendu par les enquêteurs, M. Mazeaud, ancien président du Conseil constitutionnel, a assuré avoir cessé toute relation avec Nicolas Sarkozy lorsque ce dernier annonça en janvier 2009 son projet de suppression des juges d'instruction.

Par ailleurs, les enquêteurs ont désormais entre les mains une lettre anonyme, expédiée dans une enveloppe à entête du ministère des finances. Ils aimeraient bien en connaître l'auteur. Ce courrier a été adressé à François Bayrou. Dans cette missive, dont le président du Modem a confirmé au Monde l'existence, le "corbeau" assure que Mme Lagarde ne saurait être tenue responsable d'une procédure qui lui aurait été imposée par l'ex-avocat de M. Tapie, Jean-Louis Borloo (éphémère ministre des finances entre mai et juin 2007) et Nicolas Sarkozy. "C'était une 'note blanche' que j'ai immédiatement transmise à la justice", explique M. Bayrou.

L'enquête des trois juges est le pendant de l'instruction ouverte, en août 2011, par la CJR pour "complicité de détournement de biens publics" et "complicité de faux", procédure qui vise explicitement l'actuelle patronne du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, qui était à l'époque des faits ministre de l'économie et qui avait, via le directeur de son cabinet, Stéphane Richard, donné son feu vert à un arbitrage privé, puis refusé d'exercer un recours contre la sentence alors que plusieurs spécialistes l'y encourageaient.

 

CHRISTINE LAGARDE PROCHAINEMENT CONVOQUÉE

La pression devrait maintenant s'accroître sur les épaules de Mme Lagarde, qui sera prochainement convoquée par la CJR, sous un statut qui reste à déterminer (témoin assisté ou mise en examen). Dans son rapport de saisine de la CJR, en mai 2011, Jean-Louis Nadal, alors procureur général près la Cour de cassation, avait mis en avant "l'implication personnelle de la ministre" dans le dossier, l'accusant d'avoir "constamment exercé ses pouvoirs ministériels pour aboutir à la solution favorable à Bernard Tapie".


Bernard Tapie, lors de son audition à l'Assemblée nationale, dans le cadre de l'affaire Adidas, en septembre 2008.

 

Dans la plus grande discrétion, l'homme d'affaires a fait parvenir le 28 juillet 2012 aux magistrats de la CJR, par l'entremise de son avocat Me Maurice Lantourne, un mémorandum destiné à démontrer que "la saisine de la Cour de justice est irrégulière". Selon le conseil de M. Tapie, les neuf parlementaires socialistes – parmi lesquels figurait Jean-Marc Ayrault –, plutôt que s'adresser à M. Nadal, auraient dû saisir, en avril 2011, "la commission des requêtes, qui était seule compétente pour recevoir leur plainte".

Par ailleurs, selon Me Lantourne, "cette plainte était irrecevable puisque les plaignants n'ont subi aucun préjudice personnel". Enfin, l'avocat observait que, dès octobre 2009, M. Ayrault avait été débouté par le tribunal administratif de Paris de sa requête en contestation de la décision de Mme Lagarde. "En conséquence, M. Ayrault ne pouvait saisir une juridiction pénale des mêmes faits", selon Me Lantourne.

Gérard Davet et Fabrice Lhomme

Un communiqué transmis au "Monde" par Bernard Tapie relatif à ces perquisitions

 

 

"Je confirme qu'une perquisition a eu lieu ce matin à mon domicile.
Les conditions de cette mesure ont été correctes et professionnelles. Elle a commencé à 7 h 30 et s'est terminée à 10 h 30, sans qu'aucun document n'ait été saisi. Je n'ai aucun autre commentaire à faire à l'instant. Je m'expliquerai sur cette affaire, si cela me paraît nécessaire.

Je rappelle que j'ai eu l'occasion de le faire de manière exhaustive, pendant près de quatre heures, devant la commission des finances à l'Assemblée nationale à l'automne 2008 et j'invite ceux qui sont intéressés aux détails de cette affaire de visionner cette intervention."

Bernard Tapie


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24 janvier 2013 4 24 /01 /janvier /2013 16:42

 

LE MONDE | 24.01.2013 à 11h26 • Mis à jour le 24.01.2013 à 17h38 Par Pascale Krémer

 

 

Quatorze plaintes ont été déposées, jeudi 24 janvier, devant le tribunal de grande instance de Bobigny (Seine-Saint-Denis), contre les laboratoires fabriquant des pilules contraceptives de 3e et 4e générations, et contre l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), pour "homicide involontaire" et "atteinte involontaire à l'intégrité de la personne humaine". Ces plaintes font suite à celle de Marion Larat, le 14 décembre 2012, la première déposée en France contre une pilule ; et sont de nouveau déposées par Me Jean-Christophe Coubris, l'avocat de cette jeune femme restée handicapée après un accident vasculaire cérébral (AVC) dû à la prise de sa pilule Méliane.

Alexandra, Vanessa, Juliette, Marine, Fatima, Ariane... Parmi les onze plaignantes encore en vie de cette seconde salve judiciaire, six ont subi une embolie pulmonaire, quatre un AVC, et la dernière une thrombophlébite cérébrale. Elles n'étaient pas de toutes jeunes filles lorsque ces accidents graves leur sont arrivés : elles étaient âgées de 18 à 46 ans, et seules trois d'entre elles avaient moins de 30 ans. Elles prenaient depuis trois, six ou quinze mois des pilules de 3e génération, princeps ou génériques (Désobel, Gestodène Ethinylestradiol30, Melodia, Carlin20, Varnoline), des pilules de quatrième génération (Yaz, Jasmine, Jasminelle) ainsi que Diane 35. Des contraceptifs ou antiacnéiques à usage détourné fabriqués par les laboratoires Bayer (qui a fait l'objet de la première plainte), Effik, MSD France et Biogaran.

La douzième plainte émane du père de Théodora, décédée à 17 ans d'une embolie pulmonaire, le 14 octobre 2007, sur le chemin du lycée, deux mois après s'être vu prescrire la pilule Mercilon au Planning familial du centre hospitalier du pays de Gier (Loire). Le 7 juillet 2010, la Commission régionale de conciliation et d'indemnisation (CRCI) du Rhône a admis que ce décès était "directement imputable à la prescription du contraceptif, au-delà de tout doute raisonnable". "C'est simplement au moment du rapport d'expertise de la CRCI, en mai 2010, que le lien a formellement été établi entre décès et prise de la pilule, ce qui écarte toute prescription", plaide déjà Me Coubris.

 

 "INFORMATION TRONQUÉE"

Selon l'avocat, la notice de la pilule Mercilon, pas plus que les notices des autres pilules incriminées, ne faisait clairement état du fait que la prise d'un contraceptif de 3e génération est associée à une augmentation significative du risque d'accidents thrombemboliques veineux et d'AVC par rapport aux contraceptifs oraux de 2e génération. "En parlant de risques légèrement plus élevés, dit-il, les laboratoires ont donné une information tronquée, faussement rassurante." Quant à l'Agence du médicament, elle n'a pas, selon lui, respecté le principe de précaution.

Un mois et demi après la médiatisation de la première plainte, l'avocat a déjà reçu 400 témoignages de jeunes femmes ou de familles s'estimant victimes de leur pilule. "On voit que les chiffres de pharmacovigilance sont totalement erronés, et l'on a de quoi se méfier des études soi-disant scientifiques financées par les laboratoires eux-mêmes." A la mi-février, il envisage de déposer "au moins une centaine" d'autres plaintes.

Pierre Markarian, le père de Théodora, a créé en 2010 l'Association des victimes d'embolie pulmonaire (AVEP), tentant de faire passer le message sur les dangers des pilules récentes "face aux résistances du corps médical, des politiques, des associations féministes". La prise de conscience récente le réjouit : "Ma fille n'a pas à avoir honte de moi, je ne l'ai pas oubliée, nous avons tiré d'affaire quelques personnes." Depuis sa création, l'AVEP a recensé quinze décès liés à la pilule.

Pascale Krémer

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