Alors que François Hollande réaffirmait sa volonté de "gagner la bataille pour l'emploi", des dizaines de défilés, avec une mobilisation d'ampleur plutôt modeste, avaient lieu dans toute la France pour la fête des travailleurs, mercredi 1er mai. Si une ligne de fracture nette existe entre deux camps syndicaux, les mots d'ordre sont les mêmes : opposition à l'austérité et demande d'un changement de politique en France et en Europe.
Des milliers de manifestants à Paris. Le traditionnel cortège est parti de la place de la Bastille peu après 15 h 30, avec la présence de la CGT, SUD, Solidaires et la FSU. Comme dans chaque défilé en France, la CFDT et l'UNSA manifestaient à part, tout comme FO. "Solidarité internationale et paix dans le monde. Refus de l'austérité et de la précarité pour une véritable sécurité de l'emploi", affichait la banderole derrière laquelle marchaient en première ligne le secrétaire général de la CGT, Thierry Lepaon, et la secrétaire générale de la FSU, Bernadette Groison.
"Pour nous c'est une fête de solidarité internationale pour l'ensemble des travailleurs du monde. On va vers une semaine d'action début juin. Il y a un profond mécontentement, il faut qu'il s'exprime", a dit le leader de la CGT. Selon lui, entre 120 000 et 150 000 personnes manifestent dans le pays.
/http%3A%2F%2Fs1.lemde.fr%2Fimage%2F2013%2F05%2F01%2F534x267%2F3169209_3_8146_manifestation-a-marseille_8f3defcbb6781d6dee2630cd0a79b884.jpg)
Entre 3 000 et 10 000 personnes à Marseille. La CGT, SUD, Solidaires et la FSU sont partis du Vieux-Port, et la CFDT et l'UNSA ont manifesté devant la préfecture des Bouches-du-Rhône. FO, de son côté, tenait un meeting à son local de Marseille. Les syndicats, soudés durant les cinq ans de la présidence de M. Sarkozy, sont divisés en deux camps respectivement emmenés par la radicale CGT et la réformiste CFDT. Les divergences se cristallisent autour du projet de loi sur la sécurisation de l'emploi, "accord scélérat" pour la CGT et FO, une avancée pour créer des emplois aux yeux de la CFDT. Mireille Chessa, secrétaire fédérale de la CGT-13, affirme que "la déception est en train de faire place à la colère". "L'austérité n'est pas la bonne solution en France et en Europe, il faut changer de cap et aller dans le sens du progrès social", a-t-elle ajouté.
Lire : 1er-Mai : un front syndical désuni sur le terrain de l'emploi
A Marseille ont défilé des salariés du Grand Conseil de la mutualité (GCM) – placé en redressement judiciaire en novembre 2011 –, de l'usine Fralib – dont le troisième plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) a été annulé en justice –, mais également des cheminots, des territoriaux, des enseignants, des retraités et des marins. Aux drapeaux syndicaux se mêlaient ceux des partis de gauche – sauf le PS – dont le Front de gauche, qui vendait un euro un œillet rouge pour aider ses militants à se rendre en bus à Paris dimanche, pour la manifestation "contre l'austérité et pour une VIe République".
/http%3A%2F%2Fs1.lemde.fr%2Fimage%2F2013%2F05%2F01%2F534x267%2F3169210_3_df90_manifestation-a-toulouse_057926658454db8654d17c872a1f8eb3.jpg)
Entre 3 000 et 5 700 personnes à Toulouse. Dans la Ville rose, la CGT était en tête de cortège, derrière une banderole affichant "contre l'austérité, pour l'emploi et le progrès social". Les militants étaient suivis par des délégations de Solidaires, Lutte ouvrière, la FSU, le NPA ou Attac. La CFDT doit organiser un rassemblement devant son siège, et FO un meeting dans ses locaux. Dans les autres départements de la région Midi-Pyrénées, quelque 800 personnes, selon les syndicats, 500 selon la police, ont défilé à Albi, et environ 500, selon les organisateurs, à Auch.
Lire le décryptage : Seniors, plans sociaux, radiations... les chiffres du chômage à la loupe
/http%3A%2F%2Fs1.lemde.fr%2Fimage%2F2013%2F05%2F01%2F534x267%2F3169211_3_903d_manifestation-a-lyon-le-1er-mai_6760b74d3289d1c94e7e08f22ca38579.jpg)
Près de 4 000 personnes à Lyon. Le cortège, emmené par la CGT, comptait de nombreux militants du Front de gauche, du PCF ainsi que de la CNT. A leur arrivée place Bellecour à la mi-journée, sous une grosse averse, les manifestants ont brandi des pancartes "Non à la casse de nos droits" ou encore "Nous ne payerons pas la crise du capitalisme". La CFDT, qui avait appelé de son côté à un rassemblement au parc de Gerland, dans le sud de la ville, comptait 150 manifestants vers 13 heures.
Défilés à Nantes, Lille, Bordeaux... A Lille, sous un soleil radieux, brins de muguet et tracts s'échangeaient dans une ambiance festive, même si certains laissaient échapper des "on n'est pas nombreux !". A Nantes, quelque 500 militants, selon la police, ont stoïquement affronté la pluie glacée pendant plus d'une heure, avant d'annuler leur défilé. "A mort l'austérité", lançaient des manifestants – 1 400 selon la police, 2 000 selon les organisateurs – à Rouen, avec en tête les salariés de Petroplus. A Strasbourg, FO a rejoint le cortège syndical emmené par la CGT, alors qu'à Rennes, entre 1 300 et 1 500 militants ont défilé.