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19 mai 2013 7 19 /05 /mai /2013 16:05

 

Rue89

 Boite à idées 19/05/2013 à 11h50
 Marie Turcan | Etudiante à l'Ecole de Journalisme de Sciences Po

 

Les auteurs du blog J’voulais pas pirater, cité par le rapport Lescure, ne font pas que critiquer l’offre légale de contenus, ils ont aussi des solutions.

 

 


« Summer is coming » (« l’été arrive »), parodie inspirée par la devise de la série « Games of Thrones » (« Winter is coming », « l’hiver arrive »)

 

Ils sont jeunes, consomment de la musique, des séries et des films à la pelle sur Internet. Et ils ont des idées. A la page 59 du rapport Lescure, leur site, J’voulais pas pirater, est décrit comme un « microblog français qui recueille les témoignages d’internautes sur les défauts de l’offre légale en général ».

Le résultat : une belle collection de bugs, d’incohérences commerciales ou de restrictions techniques repérées sur toutes les plateformes de vente.

Les quatre internautes à l’origine de ce projet souhaitaient montrer qu’il y a des Français prêts à payer pour voir des films et des séries en ligne, mais que l’offre légale actuelle ne satisfait pas.

Pour eux, Pierre Lescure a mis le doigt sur certains problèmes, mais il avance des solutions encore largement en décalage avec le quotidien des consommateurs sur Internet. Des idées pour aller plus loin, ces « pirates malgré eux » en ont.

                                                                                                                                                                                                                              1 Une offre complète et facile d’accès

 

Le plaidoyer de Caroline a des accents « luther-kingiens » :

« Je rêve d’un service d’abonnement complet pour les séries, toutes les séries. Je suis prête à payer assez cher un service arriverait à diffuser la plupart des séries américaines le lendemain de leur diffusion, en version originale sous-titrée (VOST), avec accès à tous les épisodes de la saison en cours pour les retardataires, voire une option payante pour visionner les saisons précédentes d’une série en cours.

Je rêve que 100% des films disponibles sur les services de vidéo à la demande (VàD) le soient avec une possibilité de haute définition (HD) et de VOST, j’en ferais même une obligation légale.

Et je rêve forcément de trouver un film en VàD quand je le cherche, ce qui reste extrêmement rare. »

Pour elle, il est indispensable qu’une telle offre soit accessible sur tous les supports : PC, Mac, télévision, mobiles et tablettes. « Pour être en phase avec l’époque », précise-t-elle.

Lucas ajoute qu’il ne faut pas sous-estimer le « pouvoir de la flemme » du consommateur. Certes, Internet permet de télécharger n’importe quel film ou épisode de série, mais il faut multiplier les manipulations pour trouver le bon fichier, les bons sous-titres et la bonne qualité. L’internaute perd du temps et n’est jamais sûr du produit qu’il aura à la fin.

« C’est simple », résume Julien :

« Depuis qu’Internet est né, des milliers d’offres illégales ont vu le jour. P2P, Torrent, Direct Download, Usenet... Si vous voulez faire en sorte qu’une offre légale fonctionne, intéressez-vous à ces offres illégales, regardez ce qu’elles proposent, et faites mieux.

Celui qui arrivera avec une solution “sans compromis” et avec un tarif abordable remportera la mise. »

                                                                                                                                                                                                                             2 Prendre en exemple l’offre de musique

 

Deezer, iTunes, Spotify : les plateformes de streaming et de téléchargement légal sont entrés dans le quotidien des Français. « Il y a cinq ans, tout le monde téléchargeait sa musique illégalement. J’ai l’impression que ça a pas mal diminué ! Même s’il reste des irréductibles », affirme Lucas.

Quand il a voulu écouter le dernier album de Daft Punk, au moment où celui-ci a fuité sur la Toile, il s’est tourné vers iTunes. Le site l’avait mis en écoute gratuite, tout en ajoutant un lien pour précommander l’album « en deux clics ». « Je n’ai même pas pensé à aller voir les sites illégaux », conclut-il.

Pascal renchérit :

« Il y a eu énormément de progrès pour la musique, qui est maintenant vendue sans Digital Rights Management [des verrous techniques pour empêcher la copie des fichiers, ndlr], mais la vidéo et le livre semblent encore très loin derrière.

Il faudrait pousser les différents acteurs à faire des accords vers plus d’ouverture. »

Côté musique, Julien met en avant l’importance de la qualité des contenus. Il mentionne le site Qobuz, qui offre uniquement de l’achat de musique, et non du streaming. Le site ne propose que des formats de fichiers audio non compressés (en WAV ou AIFF).

Ces derniers sont plus volumineux, mais la qualité est meilleure que pour le classique format MP3. « C’est une exception française, mais c’est ce qu’on pourrait idéalement vouloir pour la vidéo. »

                                                                                                                                                                                                                                          3 Mettre fin aux exclusivités et réviser les droits d’auteur

 

Le 31 mars, le compte Twitter de J’voulais pas pirater s’en prenait à Orange Cinéma Séries (OCS), à propos de l’une de ses offres en vidéo à la demande. Le groupe annonce proposer les épisodes de la série Game of Thrones (saison 3) en VOD en France, dès le lendemain de leur diffusion aux Etats-Unis.

Mais derrière cette offre alléchante se cache une barrière de taille : « Il faut être abonné à Canal+ ou avoir un abonnement Internet Orange ou SFR pour avoir le droit de payer pour OCS », résume Pascal. « C’est comme s’il existait un magasin de musique dans lequel on ne laisserait rentrer que les propriétaire d’une voiture Toyota ou Renault : c’est insensé. »

Peu de fans de la série d’HBO sont prêts à changer de fournisseur d’accès à Internet (FAI) pour regarder leur série légalement :

« Je le perçois comme une réelle injustice pour les internautes non clients. Que ce passe-t-il si, demain, un autre FAI a une autre série, que les internautes veulent voir en exclusivité ? Devons-nous être abonnés à tous les services en permanence ? »

Réponse d’Orange, toujours sur Twitter : « Proposez donc à votre FAI de distribuer OCS [...] nous, on veut être distribués partout, vous savez. »

Lucas réagit :

« Même eux, qui ont un pied dans tous les métiers du numérique, n’arrivent pas à s’y retrouver. Les droits d’auteur, créés à l’origine pour que les créateurs bénéficient d’une protection face aux éditeurs, sont devenus un système si complexe qu’ils sont devenus le principal frein à l’accès à la culture. »

                                                                                                                                                                                                                               4 Changer la loi sur la chronologie des médias pour supprimer les délais

 

L’idée peut sembler radicale, mais les quatre internautes en parlent naturellement. La chronologie des médias est une règle qui n’autorise l’exploitation d’un film sur diverses plateformes (télévision, vidéo à la demande) qu’un certain temps après sa diffusion au cinéma.

Actuellement, le temps entre la diffusion en salles et la mise à la disposition du film en VàD est de trois ans, délai que la mission Lescure ramener à dix-huit mois, Julien considère que cela ne va pas assez loin :

« Je serai radical à ce propos. Internet, c’est une absence de frontière, un idéal de diffusion pour la culture. “Réduire les délais”, c’est bien trop faible : il faut supprimer les délais. Ils sont artificiels et n’ont plus aucun sens.

S’ils sont instaurés à cause de la loi (j’imagine, par exemple, l’obligation d’avoir une traduction française pour pouvoir diffuser un média en France) : changeons la loi, parce qu’elle n’est pas adaptée au numérique. »

Mais pour le jeune homme, il faut supprimer la chronologie des médias de manière « intelligente », pour éviter de se mettre tous les producteurs à dos. Car c’est ce système qui, pour l’instant, permet de revendre un produit et rapporte de l’argent.

Julien voit d’ailleurs plus loin. Supprimer la chronologie des médias signifierait probablement la fin des supports DVD. Une idée qui le laisse indifférent :

« Si les DVD crèvent, et alors ? Il y a d’autres médias qui sont morts, c’est simplement un changement de paradigme. Le SA CD, un Super Audio CD de haute qualité sonore, a disparu, par exemple ».

Lucas, quant à lui, se veut plus modéré :

« Je comprends qu’on ne puisse pas mettre en concurrence cinémas et vidéo à distance. J’adore le cinéma (j’ai une carte UGC, et j’y vais au moins une fois par semaine) et il ne me viendrait pas à l’idée de voir un film sur ma télé si je peux le voir sur grand écran.

Mais pour moi, une fois qu’un film est sorti en DVD, il devrait être disponible sur tous les supports VàD : achat, location et abonnement. »

5 Mettre fin au streaming « global » et favoriser le streaming spécifique

 

Aujourd’hui, des plateformes comme Deezer ou Spotify proposent des abonnements à environ 9 euros par mois. En échange, le client a accès à tous les genres de musique, de manière illimitée :

« Quand on a ce genre d’abonnement, on peut écouter Adele et Rihanna mais aussi des petits groupes de jazz indépendants. Mais ce groupe ne va pas être rémunéré à la même hauteur que les chanteuses super connues. »

Il propose donc des packs « ciblés » par genre de musique sur les plateformes ;

« Cela permettrait une répartition plus honnête : la part que récupèreraient ces groupes serait bien plus grande, et les gens auraient payé pour ce qu’ils veulent. »

Sur ce point, Lucas est du même avis, notamment pour la vidéo à la demande :

« Pour s’abonner à OCS sur CanalSat, il faut prendre un package avec la chaîne Non-stop People. Je me sens un peu vieux con, mais j’aime payer ce que je consomme, et ne pas subventionner ce qui ne m’intéresse pas. »

                                                                                                                                                                                                                             6 Faire appel à des experts pour conseiller le législateur

 

Le rapport Lescure a mis le doigt sur beaucoup des problèmes de l’industrie culturelle sur Internet, mais si les solutions semblent encore inadéquates pour ces quatre internautes, c’est aussi en raison d’un « conflit générationnel ».

Caroline résume ses craintes :

« C’est un réel chantier pour l’avenir de la culture, qui se doit de s’adapter aux modes de consommation modernes pour continuer à générer du revenu et à se développer. Pour mener à bien ce chantier à la fois technique, juridique et financier il doit être porté par des experts d’Internet !

Il y a un réel problème générationnel sur ce sujet, nous sommes une génération hyper connectée, nous avons grandi avec Internet et son immédiateté. […]

A titre personnel, j’ai vraiment l’impression que les acteurs de ce marché ne voient pas le monde comme je le vois, et je crains donc qu’ils ne puissent pas répondre à ma demande, faute de la comprendre. »

Lucas, quant à lui, a peur que le CSA – qui se verrait confier, si les recommandations du rapport sont suivies, la chasse au téléchargement illégal à la place d’Hadopi – soit rapidement dépassé :

« Le problème du CSA, c’est qu’il a été créé à une époque où réguler les contenus était facile : les chaines de télévision émettaient toutes depuis la France.

Aujourd’hui, si un site étranger veut proposer des films trois mois après leur sortie en salle, le CSA sera bien emmerdé. J’ai un peu peur qu’ils se mettent à bloquer tout ce qui dépasse, pour ne pas bousculer les acteurs culturels français. »

« Faire appel à des experts oui, mais pas des syndicats militants qui ont des positions extrêmes, comme les érudits qu’a consulté Lescure », insiste Julien :

« Il faut des contre-pouvoirs modérés, comme La Quadrature du Net, une association de défense des droits et liberté des citoyens sur Internet), qui ne prend pas en compte les producteurs ou l’économie : ils sont orientés vers le consommateur. »

Il conseille également de faire appel à des citoyens « calés », des clients qui vivent ces problématiques au quotidien et peuvent donner des avis éclairés.

                                                                                                                                                                                                                                7 Instaurer une préférence français radicale

 

Selon Julien, le rapport Lescure préconise une solution de coopération au niveau européen. Mais à cette échelle, de grands distributeurs comme Apple peuvent influer encore plus sur les choix politiques.

« Je serais donc pour renforcer l’encadrement de l’offre et en faire une exception culturelle française. Il s’agirait de se lancer dans une préférence régionale radicale. »

Le jeune homme rêve d’une entreprise française, encadrée par le gouvernement, qui puisse proposer des contenus de qualité, comme le fait Qobuz pour la musique.

« En terme de rayonnement, cela permettrait d’avoir un marché de la culture à la pointe de l’innovation. Les Etats-Unis et la Chine favorisent aussi leurs entreprises, pourquoi ne pas le faire ?

L’important, c’est d’éviter que ne s’engouffrent les grandes multinationales, comme c’est arrivé dans la musique. Ne laissons pas quelqu’un d’autre placer ses billes dans la culture ! »

                                                                                                                                                                                                                                  8 Considérer les pirates comme de potentiels consommateurs et non comme des criminels

 

C’est leur message principal. Le fait d’avoir été entendu par l’ancien patron de Canal+ est vécu comme une victoire pour Pascal :

« C’est une crainte que nous avions et dont nous avons parlé entre nous : que l’on pense à tort que l’on cherchait à justifier le piratage, alors que notre volonté est de montrer où l’offre légale peut s’améliorer, et d’exister en tant que consommateurs avertis prêts à dépenser de l’argent pour consommer légalement des films, des séries, de la musique en dématérialisé.

C’est extraordinaire que notre message soit passé et ait été absorbé de manière vertueuse dans le rapport Lescure ».

Pour Lucas, c’est aussi l’assurance d’avoir montré que « le piratage n’est pas que l’affaire de petits jeunes qui pillent le contenu sans se soucier des conséquences ».

Un « bel exemple de démocratie », selon Julien :

« Les idées “du bas” qui finissent par devenir des faits politiques très sérieusement considérés. On pourrait dire qu’à notre échelle citoyenne, on a un peu participé à changer les choses. »

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18 mai 2013 6 18 /05 /mai /2013 17:39

 

Médiapart

 

 

Lire aussi

 

 

Dans le Finistère et le Morbihan, plus d'un salarié de La Poste sur cinq a saisi les prud'hommes pour protester contre une prime, dont le montant est inférieur pour les salariés de droit privé par rapport aux fonctionnaires, tous employés par l'entreprise publique.

675 salariés exactement ont déposé ce vendredi des dossiers devant les conseils des prud'hommes de Vannes et de Quimper, pour réclamer une égalité de traitement, et l'uniformisation d'un complément indemnitaire, distribué à l'ensemble du personnel de la société, qui « n'est pas du même montant selon la qualité des personnels, fonctionnaires ou non, et ce indépendamment de l'équivalence de niveau et des fonctions exercées », a détaillé à l'AFP Me Roger Potin, avocat au barreau de Brest.

Au total, les 675 salariés finistériens et morbihannais réclament entre 2,5 et 3 millions d'euros d'arriérés. Les audiences de conciliation ont été fixées les 2 et 4 septembre à Vannes (600 dossiers) et les 18 et 26 septembre à Quimper.

 

 

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17 mai 2013 5 17 /05 /mai /2013 13:05

 

 

Rue89

 

Polémique 17/05/2013 à 15h29
Pierre Haski | Cofondateur Rue89

 

 

 

La France a-t-elle refusé un visa à l’ancienne ministre malienne Aminata Traoré, qui critique vivement la politique française vis-à-vis de son pays ? L’affaire fait grand bruit dans une partie de l’opinion, choquée que la France refuse d’entendre une des voix plurielles de ce pays tout en affirmant l’avoir sauvé.

L’affaire est toutefois plus complexe qu’un simple refus de visa. Vincent Floréani, porte parole adjoint du Quai d’Orsay, déclare à Rue89 :

« Mme Traoré n’a déposé aucune demande de visa à l’ambassade de France. Il n’y a pas d’opposition politique à sa venue en France ».

Contactée par Rue89, Aminata Traoré en convient : ce n’est pas à la France qu’elle avait demandé un visa, mais à l’Allemagne, pour répondre à une invitation de la Fondation Rosa Luxembourg, liée au parti de gauche Die Linke. Elle devait ensuite venir à Paris pour participer à une réunion publique, coïncidant avec le débat parlementaire sur le prolongement de l’opération Serval.

Pas de visa Schengen

C’est là que s’est produit le problème. Au lieu d’avoir un visa Schengen, lui permettant de circuler ailleurs en Europe, elle s’est vue délivrer un visa exclusif pour l’Allemagne, avec obligation de se présenter à l’ambassade allemande à Bamako dès son retour pour prouver qu’elle avait respecté l’interdit. Une mesure qui l’a obligée à modifier son itinéraire via Istanbul au lieu d’Amsterdam comme prévu.

Aminata Traoré a été informée officieusement que c’est la France qui a mis son véto, comme elle en a le droit, à l’extension Schengen de ce visa pour l’Allemagne. Au Quai d’Orsay, on déclare ne pas être au courant...

Alors initiative locale d’une ambassade trop zélée, ou décision politique du gouvernement français ne souhaitant pas avoir cette voix dissonante à Paris au moment du débat parlementaire ?

L’ancienne ministre malienne, agée de 66 ans et qui a fait ses études à Caen, est d’autant plus surprise, déçue, et même, nous a-t-elle dit, « humiliée » (un mot qui évoque l’un de ses livres, « L’Afrique humiliée ») par cet interdit, qu’elle était hier encore invitée et fêtée par le PS.

Martine Aubry, alors premier Secrétaire, l’avait invitée à l’université d’été de La Rochelle en 2010, où elle avait cotoyé Laurent Fabius, aujourd’hui ministre des Affaires étrangères et donc responsable de l’administration consulaire... Et elle se souvient d’avoir hébergé chez elle Danielle Mitterrand lors d’un Forum social mondial à Bamako

 


Aminata Traoré et Martine Aubry à l’Université d’été du PS à La Rochelle en 2010 (BISSON/JDD/SIPA)

 

Voix dissonante

L’affaire n’est pas anodine. Jeudi, François Hollande a démarré sa conférence de presse par une référence au Mali, et il se trouvait la veille à Bruxelles pour une réunion internationale qui a généré 3 milliards d’euros d’aide au Mali.

Or Aminata Traoré, altermondialiste engagée, personnalité de la société civile malienne qui n’a pas peur des polémiques et des combats politiques, s’insurge contre la manière dont la France dicte les termes du processus politique au Mali.

Sans nécessairement être d’accord avec elle, il faut écouter ce qu’elle a à dire sur la manière dont Paris, comme s’en est encore félicité jeudi François Hollande, bâtit une démocratie de façade à Bamako, dont le point d’orgue sera l’élection présidentielle de juillet.

Aminata Traoré s’insurge contre ce scrutin qui, selon elle, ne résoudra rien :

« Nous avons eu pendant plus de deux décennies le titre de démocratie exemplaire. Nous étions les bons élèves de la démocratie et du FMI, les bons élèves d’un libéralisme dont nous n’avions pas les moyens...

Le Mali a engrangé un maximum de soutiens financiers entre 1992 et 2002, mais qu’ont-ils fait de cet argent ? Il est allé à des projets qui n’ont créé ni richesses ni emplois.

La démocratie libérale telle qu’elle est définie par l’Occident, nous n’en voulons plus. Nous préférons nous poser la question de savoir comment démocratiser autrement, donner un vrai contrôle aux citoyens. »

« Pour élire qui ? »

Aminata Traoré, qui a été ministre de la Culture de 1997 à 2000 avant de démissionner pour récupérer sa liberté de parole, met en cause la décision d’organiser les élections en juillet, en pleine saison des pluies, en plein mois de ramadan, avant même le retour des réfugiés.

« Et pour élire qui ? » s’interroge Aminata Traoré qui dénonce la classe politique malienne dont elle estime qu’elle n’est pas crédible aux yeux de la population.

La pasionaria malienne pense que la France a surtout besoin, pour son opinion publique, de « faire coincider le temps politique avec le temps militaire, afin de compléter ce qui est considéré comme un succès militaire ». Elle a manqué de s’étrangler en entendant François Hollande dire qu’il serait « intraitable » sur le respect du calendrier électoral.

Et elle dénonce la « volte face » de tous ceux qui étaient contre cette date de scrutin, dès lors qu’il y a eu de l’argent sur la table.

« On va voter pour 3 milliards d’euros ! Etonnant comment l’Occident parvient à obtenir ce qu’il veut en mettant de l’argent dans la balance. Nous allons vendre notre âme au diable »...

On peut comprendre que le gouvernement français n’apprécie pas ce discours, et soit même en désaccord ouvert sur la conception de la démocratie de cette altermondialiste malienne.

Mais la France peut difficilement prétendre avoir sauvé le Mali du fondamentalisme et de l’obscurantisme, et dans la foulée refuser son territoire à l’une des voix de la société malienne, même dérangeante et accusatrice.

 

 

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17 mai 2013 5 17 /05 /mai /2013 12:02

 

Reporterre.net

 

Agir pour la Crau

vendredi 17 mai 2013

 

 


Pour les habitants du Mas de Gouin, le bonheur tient en trois lettres : NON ! Celui opposé par la 8ème chambre du Tribunal Administratif de Marseille qui, par un jugement qui fera date, annule le "permis de détruire" accordée par la mairie de Saint-Martin-de-Crau au groupe Carnivor.

Par une décision en date du 22 avril 2013, le Tribunal administratif de Marseille vient d’annuler l’arrêté en date du 17 juin 2010 par lequel le maire de la commune de Saint-Martin-de-Crau a accordé à la SARL La Thominière un permis de construire en vue de la réalisation d’une construction à vocation logistique.

Le projet porté par le groupe Carnivor prévoyait la construction de 77.000 m² d’entrepôts sur près de 24 hectares de terres, actuellement utilisées au titre de vergers. Implantés à moins de 50 mètres des habitations actuelles, ce dernier avait soulevé une profonde indignation des habitants du « Mas de Gouin », colère compréhensible quand on sait que leur maison devait être encerclée par des hangars à camions de 14m de haut.

Il aura fallu donc attendre l’issue d’une bataille juridique de plus de 2 ans pour que la justice leur donne enfin raison. Le Tribunal a considéré que ce projet était contraire à l’article 1Nab13 du règlement du plan d’occupation des sols qui stipule que « les constructions, voies d’accès et toutes utilisations du sol doivent être implantées de manière à préserver les plantations existantes. Dans la mesure où l’abattage d’arbres s’avérerait indispensable, ces derniers devront être soit transplantés, soit remplacés ».

Or, il est mentionné dans cette audience que « la commune de Saint-Martin-de-Crau reconnaît elle-même que, pour permettre l’implantation de constructions litigieuses sur un secteur planté de vergers intensifs, de nombreux arbres devront être nécessairement abattus et qu’ils ne seront pas systématiquement remplacés ». C’est donc le non respect des règles liées aux espaces libres, plantations et espaces boisés classés qui a prévalu.

Les associations Agir pour la Crau et Nacicca se félicitent de cette décision sachant que la disparition des espaces agricoles était un des arguments utilisés par elles lors de l’enquête publique menée en avril 2012, enquête qui rappelons le avait déjà débouché sur un avis défavorable du commissaire enquêteur.

Désireuses de protéger les terres fertiles, la biodiversité locale et la santé des habitants face à la pollution du « tout-camion », Agir pour la Crau et Nacicca s’opposent également aux autres projets d’entrepôts destructeurs dans la plaine de la Crau et saisiront la justice à chaque fois qu’elles le jugeront opportun. Rappelons que plus d’1 million de m² de hangars logistiques ont été dressés ou sont en en cours de réalisation.



Source : Agir pour la Crau

Photo : Ornitho 83

Lire aussi : Dans les Alpes, des travaux ravageurs commencent pour le Tour de France

 

 

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16 mai 2013 4 16 /05 /mai /2013 16:42

 

 

LE MONDE

Le Monde.fr avec AFP | 16.05.2013 à 18h01 • Mis à jour le 16.05.2013 à 18h01

 

 

 

 
Le géant américain de la distribution en ligne est sous le feu des critiques après avoir rendu publique sa feuille d'impôts.

Le géant américain de la distribution en ligne Amazon essuie des critiques en Grande-Bretagne depuis que le montant de sa feuille d'impôts, jugé dérisoire au regard de ses bénéfices, a été révélé. Amazon a payé 2,4 millions de livres (2,8 millions d'euros) d'impôts sur les sociétés l'an dernier en Grande-Bretagne, selon des documents publiés par le groupe, alors que le chiffre d'affaires de sa filiale britannique s'est élevé à 320 millions de livres.

 

Lire la note de blog : Pour Amazon, Google ou Starbucks, l'impôt n'a pas de frontières


Mais le groupe – qui enregistre une grande part de ses revenus britanniques au Luxembourg, selon la presse, pour diminuer son imposition en Grande-Bretagne –, aurait en réalité dégagé un chiffre d'affaires de 4,2 milliards l'an dernier dans le pays. La polémique est d'autant plus vive qu'Amazon a reçu l'an dernier 2,5 millions d'incitations fiscales de la part du gouvernement.

La présidente travailliste de la commission parlementaire sur les finances publiques, Margaret Hodge, s'est indignée, qualifiant le montant des impôts payés par Amazon de "blague". Pour elle, "ce que la population trouvera le plus choquant est que le montant des impôts payés par Amazon est inférieur à ce qu'ils ont pris aux contribuables sous la forme de subventions gouvernementales". "Les groupes comme Amazon doivent payer leur juste part d'impôts sur la base de leur activité dans ce pays et des bénéfices qu'ils réalisent ici", a-t-elle poursuivi.

 

 DES ARTIFICES COMPTABLES

De son côté, un porte-parole d'Amazon a assuré que le groupe avait agi conformément à la loi. Plusieurs grandes multinationales, comme Amazon, Starbucks ou Google, sont critiquées en Grande-Bretagne depuis l'an dernier car elles y paient très peu, voire pas, d'impôts sur les bénéfices malgré les milliards de livres gagnés dans le pays, grâce à des artifices comptables.

 

Lire en édition abonnés : Fiscalité : les entreprises jouent avec les règles en vigueur


Ces nouvelles révélations sur Amazon interviennent alors qu'un responsable de Google était entendu jeudi 16 mai par la commission des finances publiques. Matt Brittin, vice-président du groupe pour l'Europe centrale et du Nord, a assuré qu'il n'était "pas vrai" que Google cherchait à "dissimuler" la manière dont il opérait afin de payer le moins d'impôts possible, au cours d'une audience tendue.

 

 

 

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14 mai 2013 2 14 /05 /mai /2013 17:45

 

 

Le Monde.fr - 14.05.2013 à 17h33 • Mis à jour le 14.05.2013 à 17h42

Par Olivier Mary

 
 
Manifestation, le 7 mai, devant une boutique Mango, à Barcelone. La marque est pointée du doigt pour s'être fournie dans les ateliers de textile de l'immeuble qui s'est effondré au Bangladesh.

Une mannequin lascivement étendue au bord de la mer ; autour de son cou, le nouveau collier de chez Mango... Une campagne de promotion banale, sur le compte Facebook de la société de vêtements et d'accessoires espagnole. Plus de 5 000 personnes "aiment ça" mais le ton des commentaires est inhabituel. "Prenez vos responsabilités, contribuez à stopper l'esclavage moderne. Je veux des vêtements beaux mais éthiques."

Capture d'écran du compte Facebook de Mango.

Une remarque qui est loin d'être isolée. Le compte de l'entreprise de prêt-à-porter croule sous les critiques venues du monde entier, et dans toutes les langues. En anglais, espagnol, français ou allemand, les consommateurs mécontents reprochent à la marque ibérique de s'être fournie dans les ateliers de textile qu'abritait l'immeuble qui s'est effondré le 24 avril près de Dacca, faisant plus de 1 000 morts.

La firme a fait part de ses "regrets", le 27 avril, sur son compte Twitter, mais ne fait pas d'annonce particulière. Et les reproches continuent d'affluer, aucun nouveau post n'y échappe. Certains internautes vont même plus loin que la simple réaction indignée : "Mango ne doit plus avoir recours à l'esclavage au Bangladesh - Pétition à signer en ligne". Un lien renvoie vers cette pétition. Une opération lancée notamment par l'ex-miss France Sonia Rolland et qui a déjà réuni plus de 40 000 signatures. Un peu plus de 8 000 étaient espérées.

Capture d'écran de Twitter.

Beaucoup de visiteurs exigent la signature de l'accord sur la sécurité incendie des immeubles au Bangladesh, initié par IndustriALL Global Union, une fédération syndicale mondiale qui représente plus de 50 millions de travailleurs dans 140 pays. Un pas déjà franchi par des sociétés comme H&M et Primark. La marque britannique, après avoir été conspuée par ses clients, s'est décidée à signer, lundi 13 mai, cette convention qui prévoit le financement par les signataires de programmes de sécurité : inspections des usines, sensibilisation des ouvriers... Le communiqué de presse figure bien en évidence sur son compte Facebook.

 

FILIÈRE LONGUE ET OPAQUE

La marque était pourtant déjà signataire de l'Ethical Trading Initiative, qui "travaille pour améliorer la vie des travaileurs pauvres dans le monde". Des vêtements Primark ont tout de même été trouvés dans les décombres du Rana Plaza. Les entreprises occidentales ont du mal à garantir une production éthique dans un pays comme le Bangladesh. Du ramassage des matières premières en passant par la teinture ou la confection, la filière textile est longue et opaque.

Lire : Bangladesh : après le drame, interrogations sur la présence de sociétés occidentales

D'autres marques se fournissaient d'ailleurs dans les ateliers de Dacca, notamment Joe Fresh et Children's Place (vêtements pour enfants). Cette dernière a depuis promis d'améliorer les conditions de travail des ouvriers bangladais. Quant à Benetton, après avoir reconnu des liens avec cette manufacture, la société a prévu de mettre en place un fonds d'aide pour les victimes. 

Alors, pour éviter scandales et mobilisations sur les réseaux sociaux, certaines marques ont pris les devants. La compagnie Walt Disney avait décidé de ne plus produire au Bangladesh après l'incendie qui avait fait 112 morts dans une usine bangladaise, en novembre 2012. Des tee-shirts Disney avait été trouvés sur place, mais la firme a toujours rejeté la responsabilité sur Walmart, qui produit certains de ses produits sous licence.

Une décision confirmée il y a quelques semaines par la direction du groupe qui ne va pas bouleverser sa production. Moins de 1 % de ses produits dérivés sont fabriqués dans le pays.

Lire aussi le post de blog : Du Bangladesh au bikini de Beyoncé

Olivier Mary

 

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13 mai 2013 1 13 /05 /mai /2013 17:17

 

La candidate écologiste à la dernière présidentielle met les points sur les « i » dans un long mail interne adressé à EELV.

À lire sur lejdd.fr (*voir ci-dessous)

 

 

lejdd.fr

 Présidentielle, Mélenchon, congrès : Joly règle ses comptes avec EELV

 

 

INFO JDD - Campagne présidentielle, manif du 5 mai avec Jean-Luc Mélenchon, direction du parti, prochain congrès :  Eva Joly s’explique dans un long mail interne à EELV que nous avons pu lire.


Eva Joly

Dans un long mail interne envoyé à EELV, Eva Joly s'explique. (Reuters)

 

C’est un long mail d’Eva Joly adressé à EELV. Une sorte de coup de gueule et de coup de poing sur la table parsemés d'un zeste d'autocritique et envoyés d’un clic juste avant le week-end du 11 mai. Sa campagne, son défilé du 5 mai avec Mélenchon, la présence des ministres écolos au gouvernement, la situation d’EELV, le prochain congrès : tout y passe. A la moulinette. "Ce texte n’est pas une justification. Pas même une mise au point", commence Joly même si le reste du mail semble crier le contraire. "Eva Joly a voulu faire un bilan de la participation des écologistes au moment des un an du gouvernement Hollande. Désormais, elle entend participer au débat interne. C'est une nouvelle séquence qui s'ouvre", explique-t-on dans son entourage.

En voici de larges extraits. Sur le mouvement d’abord, le constat est sans appel : "EELV marque le pas, comme en panne d’inspiration, comme si le souffle et l’esprit de renouveau des débuts avaient disparu.(…) Il est aujourd’hui faible en adhérent, et je crains qu’il ne soit demain, faible en influence, si la sclérose l’emporte sur l’envie de faire mouvement (…) Je refuse que notre mouvement se normalise et se dissolve dans la participation gouvernementale", note Joly.

"Mon impréparation, mon inexpérience (…) ont pesé lourd"

Alors qu’ EELV n’a jamais vraiment débattu de la dernière campagne présidentielle, Eva Joly dresse elle-même un constat assez franc, reconnaît "un échec" et aborde ses "failles" : "mon impréparation, mon inexpérience, (…) ma naïveté, ma faible connaissance du jeu médiatique ont incontestablement pesé lourd." Et d’aboutir à ce lourd constat : "Mon équation personnelle ne faisait peut être pas de moi la meilleure candidate". Dont acte

De cet échec, Joly ne compte pas porter seule la responsabilité : "il me reste dans la bouche un goût de cendres, et la désagréable sensation que Nicolas Hulot et moi même avons été instrumentalisés pour des jeux internes. (…) Une fois la primaire passée, ma victoire surprise ayant troublé le jeu, la campagne n’était manifestement plus la priorité."

«Aucune dynamique n’est possible quand on devient le punching-ball de sa propre famille»

L’ancienne candidate déplore également "la multiplication des attaques, chausse trappe, pièges et défections venus de nos rangs" qui ont "entamé le crédit de (sa) candidature". Et d’ajouter : "Aucune dynamique n’est possible quand on devient le punching-ball de sa propre famille". Enfin dans le dossier campagne, Joly évoque l’accord passé avec les socialistes : "Reconnaissons quand même que notre image de force politique différente a été écornée et que nous sommes affaiblis dans la société pour quelques temps."

 L’actuel gouvernement? Comme tous les écolos, Joly se montre critique sur son action sans pour autant appeler à en sortir. Parlant des ministres écolos, elle affirme :  "Nous devons donc les soutenir sans réserve". Avant de compléter : "Notre solidarité ne peut pas s’exercer par l’autocensure."

«Certains ont déjà décidé de me le faire payer et de m’écarter pour les prochaines élections européennes»

Sur sa participation à la manifestation du 5 mai, Joly s’explique : "Je peux comprendre qu’on affirme que manifester aux côtés de Mélenchon est une erreur. Je note au passage la grande sollicitude de ceux qui s’inquiètent hypocritement sur le mode 'Eva va se faire bouffer par Mélenchon'. Qu’ils disent les choses plus clairement : 'Eva est nulle' est le fond de leur pensée'". Elle poursuit : "Mélenchon a parlé de coup de balai, choquant les oreilles sensibles? La belle affaire! La vérité, c’est qu’il est en deçà de la réalité : un 'Karcher' ne suffirait pas à décrasser le système actuel".

Ce rapprochement Mélenchon-Joly a d’ailleurs fait naître quelques bruits de couloirs envoyant Joly sur les listes du Front de gauche aux prochaines européennes. Évoquant ces rumeurs qu’elle dément, Joly ajoute à propos des suites du 5 mai : "On me dit même que certains ont déjà décidé de me le faire payer et de m’écarter pour les prochaines élections européennes si d’aventure je décidais de me représenter". Manifestement, Joly a de bonnes sources. Pascal Durand, le chef des écolos, ne fait pas de sa reconduction une priorité, loin de là… Dans sa short list des Eurodéputés qui méritent de repartir pour une session nulle trace d’Eva Joly.

"Europe Ecologie Les Verts? J’y suis, j’y reste"

En direction de l’actuel chef des écolos, Joly adresse un tacle appuyé : "J’ai (…) entendu notre secrétaire national esquisser la possibilité d’un bloc majoritaire allant du Modem au Front de gauche dans une interview au JDD. Cette position ne me semble pas juste au regard de la séquence politique que nous vivons".

Sur le prochain congrès, l’eurodéputée prévient : "L’enjeu de ce congrès ne peut pas être de monter une opération anti-Durand ou anti-Duflot : nous devons par contre avoir un vrai débat politique sur la stratégie à mener pour retrouver la société". Mais elle avertit tout de même : "Je prendrai mes responsabilités, notamment en soutenant une motion". Au regard de la tension inamicale qui règne entre Joly et Durand, il semble évident que cette dernière ne soutiendra l'actuel chef des écolos, également ancien soutien d'Hulot. Un proche de la direction actuelle met en garde : "Le congrès, ça va être le match retour de la primaire [Joly-Hulot]. Ce qu’elle n’a pas vu, c’est qu’on a changé les équipes et qu’elle va se prendre une valise". La logique voudrait que Joly soutienne l’aile gauche du parti dont Karima Delli est l’une des représentantes. Son soutien est également vivement convoité par Pascal Durand. La jeune eurodéputée sortante devra donc faire un choix.

En attendant, Joly conclut : "Europe Ecologie Les Verts? J’y suis, j’y reste". De quoi faire des déçus en interne. "Après la manif de Mélenchon, la blague avec un collègue, c’était que le mot d’ordre 'du balai' devait aussi s’appliquer pour Eva Joly", explique un parlementaire. Commentaire aigre doux de Pascal Durand sur ce texte signé Eva Joly: "D’habitude quand on fait un texte de pré-congrès, il est signé par plusieurs personnes".

Arthur Nazaret - Le Journal du Dimanche


dimanche 12 mai 2013

 

 

 

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13 mai 2013 1 13 /05 /mai /2013 17:09

 

 

Médiapart - Blog

 

Lyon. Trois morts dans l’incendie d’une ancienne usine occupée par des Roms

Faits divers lundi 13 mai 2013


  • Rue Audibert et Lavirotte, à Lyon

    Rue Audibert et Lavirotte, à Lyon 

 

http://www.ouest-france.fr/actu/actuDet_-Lyon.-Trois-morts-dans-l-incendie-d-une-ancienne-usine-occupee-par-des-Roms_55257-2191814_actu.Htm

 


J'aurai du mal à écrire ce matin. 

Je vous préviens, mes mots seront maladroits.

Ce squat, je le connais. Ces gens, je les connais.

Ces enfants, je leur ai apporté des petits jouets, j'ai discuté avec certains d'entre eux qui m'ont raconté leur vie d'écoliers pas comme les autres.

Mon mari et mon amie Anaïs étaient encore là, hier, à leur rendre visite pour leur faire la lecture.

Nous avons discuté avec leurs parents, nous avons salué leurs voisins, nous avons rigolé dehors, devant les bâtiments, au soleil, au milieu des poubelles et des meubles éventrés, parlé du beau temps et du retour de la chaleur, comme si nous n'étions pas au milieu de la misère la plus désespérante.

Nous avons discuté et rigolé même au milieu de la misère et des ordures et des meubles éventrés parce que des êtres humains qui se reconnaissent entre eux, et décident de se considérer mutuellement, de se respecter, de se saluer, savent que ce bonheur et ce partage-là valent bien davantage que le confort de celui qui est venu aider, ou que la misère de celui qui a besoin d'aide.

Ce squat qui abritait près de 300 hommes, femmes et enfants roms, disséminés dans plusieurs bâtiments, dont celui de la tragédie de cette nuit, c'était celui où étaient venus se réfugier mes amis "Clara" et "Fabian". Il s'y étaient construit une cabane coquette et étonnamment sophistiquée, que Clara avait pris le temps de décorer. Chaque fois que nous venions les voir, elle avait ajouté une nouvelle touche à la décoration.

Un jour, alors qu'Anaïs et moi, invitées à déguster avec eux de merveilleux cigares au chou roumains, nous extasions sur les fleurs artificielles que Clara avait trouvées et dont elle avait orné toute la petite pièce immaculée, nous nous sommes retrouvées avec chacune une énorme gerbe de fleurs artificielles sur les bras. Clara avait absolument tenu à nous les donner, puisque nous les trouvions jolies.

Après une âpre négociation ("Mais Clara, nous les trouvons belles chez toi, dans ta maison, tu ne vas pas nous les donner! Il faut justement les garder, là, comme ça, parce que c'est si joli!"), nous avons fini par accepter de prendre les fleurs (et les vases avec), à une condition: "vos jours ici, dans ce squat, à Fabian et toi, sont comptés. Vous avez réussi, en si peu de temps, à vous refaire un chez-vous, en y mettant le soin que vous mettez pour toutes les cabanes successives que vous avez été forcés de quitter depuis votre arrivée en France, en 2009, mais nous le savons tous: ça ne durera pas. Alors les fleurs, nous les prenons, nous les gardons quelque part, et le jour où vous aurez enfin votre première vraie maison, nous vous les rapporterons pour la décorer."

Et Fabian qui se met à rêver tout haut, pendant que Clara retient ses larmes: "Oui, Anaïs, Mélikah, juste une pièce, un terrain même, et je construis une petite maison dessus, une petite maison à nous, et j'aurai le droit de travailler, et nous ferons une grande fête, tous ensemble. Une grande fête."

J'ai bien fait de reprendre les fleurs de Clara. L'îmmense entrepôt dans lequel ils avaient construit leurs cabanes, eux et six ou sept autres familles (parmi lesquels le petit S., 9 ans, aux yeux de velours, qui nous servait d'interprète roumain-français lors de conversations plus compliquées ou plus abstraites), n'est pas celui qui a brûlé cette nuit, c'était celui d'à côté (si j'ai bien compris). Mais comme les autres, ils en ont été évacués en catastophe et sans doute n'ont-ils pas pu emporter grand-chose. Tout ce qu'ils ont amassé depuis leur arrivée là-bas fin mars, après la destruction du petit squat villeurbananis où je les ai connus, ils ont dû l'y laisser. Tout est, encore une fois, à recommencer.

Nous le savions, évidemment. Mais chaque fois il y avait ces moments d'amitié dans les cabanes, avec les enfants qui jouaient, les parents qui faisaient la lessive, la cuisine, venaient discuter, offrir une cigarette, dire bonjour... je ne sais pas, je pense que ces moments avaient le pouvoir à la fois magnifique et dangereux de nous faire oublier le reste. La gravité du reste. Ce que ce pays, comme tant d'autres pays d'abondance, fait à ses démunis, sans pitié, sans égard pour leur âge, leur histoire, même leur humanité. Ces pays où le cynisme a remplacé tout le reste, et où l'on préfère considérer ceux que l'on ne comprend pas comme des rats, une vermine dont il faut se débarrasser. Une engeance dont on aime à dire, avec l'arrogance et la fierté irréfléchie du con le plus glorieux, que même en n'ayant rien, elle nous vole quelque chose. 

Il y a des jours où je saisirais certaines personnes par le collet pour les y trainer et les forcer à se mettre à genoux à même la terre battue pour regarder les enfants roms dans les yeux, regarder les efforts que font leurs parents même dans toute cette misère, regarder les cahiers d'école avec les exercices, le café qu'on offre aux visiteurs, les vêtements qui sèchent au soleil sur les cordes à linge de fortune, ces ordures qui traînent partout parce que la ville refuse de les ramasser, ces visages qui ont vu ce que personne, jamais, ne devrait voir, et qui trouvent néanmoins la force de vous offrir le sourire le plus radieusement timide du monde lorsque vous avez la décence de les saluer et de les regarder avec respect, avec bienveillance.

Vous pensez que ces pères, ces mères, ces maris et femmes, ne s'aiment pas comme vous, comme nous? Que ces enfants qui ont vu l'immeuble flamber cette nuit, entendu les cris, appris qu'il y avait des morts, ces enfants qui errent de squat en squat et qui essaient de continuer d'aller à l'école, ces enfants dont les parents n'ont pas le droit de travailler, qui ont fui un pays où ils étaient déjà des parias, pour arriver ici et voir ces choses horribles, que ces enfants sont différents des vôtres?

J'arrête. La colère m'empêche de bien écrire.

Je repense à notre rendez-vous chez le dentiste avec Clara, vendredi dernier. Nous avons passé quatre heures ensemble. Elle souffrait le martyre et en avait par-dessus la tête de cette vie. "Mélikah, je n'ai pas de maison, nous ne pouvons pas travailler, et là-bas c'est pire", me disait-elle, en me tenant la main et en essuyant ses larmes. Et elle trouvait quand même  moyen de me forcer à raconter ce qui n'allait pas de mon côté. J'étais fatiguée ce jour-là, un peu préoccupée. Elle voulait que je lui raconte.

J'arrête. C'est trop dur.

J'arrête avec en tête une image: celle du grand sac que j'avais donné à Philippe pour Clara et qu'il devait lui remettre hier, lorsqu'il est allé avec Anaïs faire la lecture aux enfants. Il y avait plein de vêtements dont certains à revendre et à troquer pour pouvoir se sustenter avec Fabian. Mais il y avait un super beau flacon de parfum que je ne porte jamais. Je sais que Clara aime le maquillage, les longues jupes qui volent, qu'elle aime sentir bon, qu'elle aime se sentir femme. 

C'est plus fort que moi, je vois le flacon de parfum, transparent, longiligne, élégant, avec cette étiquette florale, au fond d'un sac de vêtements et de chaussures, posé dans le coin d'une cabane désormais vide, au milieu des cabanes abandonnées, dans cet immense hangar où la vie a été soudain interrompue, dans l'odeur d'incendie et de mort, dans l'odeur de l'espoir qui part en fumée.

 

 

 

 

* ce texte est également disponible sur mon blog personnel, ici: melikahabdelmoumen.blogspot.fr

 

 

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12 mai 2013 7 12 /05 /mai /2013 18:12

 

liberation.fr

  11 mai 2013 à 21:41


Des manifestants anti-corrida défilent le 11 mai 2013 à Alès à l'appel du Comité radicalement anti-corrida (Crac)
Des manifestants anti-corrida défilent le 11 mai 2013 à Alès à l'appel du Comité radicalement anti-corrida (Crac) (Photo Patrick Valasseris. AFP)
Par AFP

De 4.000 à 5.000 manifestants anti-corrida selon les organisateurs, 1.200 selon la police, ont manifesté samedi après-midi dans le centre-ville d’Alès (Gard) alors que devait se tenir la première des trois corridas de la Féria de la cité cévenole.

Des manifestants de Barcelone (Espagne) et d’Italie, vêtus d’un tee-shirt rouge barré d’un «no corrida», ont répondu à l’appel du Comité radicalement anti-corrida (Crac) qui organise trois rassemblements dans le week-end, un samedi et deux dimanche, avant chacune des corridas.

«Si les corridas ont lieu ce pourrait être les dernières à Alès», a ainsi lancé le président du CRAC, Jean-Pierre Garrigues, se disant satisfait du succès du rassemblement.

Le Cortège s’est mis en marche vers 16H30 du parc Colombier, et non pas du parc du Bosquet à côté de la mairie comme le souhaitaient initialement les organisateurs, pour rejoindre en longeant le Gardon la clinique Bonnefon à 300 mètres des arènes.

Le 7 mai, la mairie d’Alès avait pris deux arrêtés pour interdire les rassemblements près du centre-ville et des arènes, craignant des affrontements violents avec les aficionados.

Les défenseurs des animaux ont battu le pavé samedi après-midi scandant alternativement, «basta corrida», «la torture n’es pas notre culture», «la corrida on n’en veut plus», tandis que sur de nombreuses pancartes représentant des taureaux ensanglantés on pouvait lire «culture?» ou «patrimoine?». Des mentions faisant référence à l’inscription de la tauromachie à la liste du Patrimoine immatériel français, demandée en avril 2011 par l’Observatoire national des cultures taurines, une instance créée en 2008 à Arles (Bouches-du-Rhône).

Le CRAC qui depuis plusieurs jours annonçait «un évènement sans précédent», prophétisant 5.000 manifestants, avait fait monter au créneau Brigitte Bardot, présidente de la fondation éponyme, craignant un interdiction de manifester dans le centre ville.

Une guerre de procédure s’était alors engagé entre les anti-corrida et la mairie d’Alès avec la préfecture comme arbitre : le Crac qui avait déposé un référé liberté contre les deux arrêtés municipaux a été débouté jeudi par le tribunal administratif, mais la préfecture a autorisé la manifestation, en écartant légèrement le circuit emprunté par le cortège des lieux sensibles du centre ville.

Les organisateurs prévoient de manifester dimanche matin et après midi avant les deux autres corridas du week-end.

 

 

 

                                                                      ********************************************

 

 

franceinfo.fr

 

Mobilisation des anti-corridas lors de la féria d'Alès
le Dimanche 12 Mai 2013 à 15:30

Plusieurs milliers de militants pour l'interdiction de la corrida se sont réunis ce week-end à Alès. Trois manifestations tauromachiques étaient organisées dans les arènes de la ville à l'occasion de sa féria.

Le centre-ville d'Alès a été investi par les anti-corrida © Maxppp - ALEXIS BETHUNE


Les militants pour l'interdiction de la corrida ont choisi la cité cévenole d'Alès pour mener leurs actions ce week-end. A l'occasion de la féria de la ville, trois corridas étaient programmées, et les militants du comité radicalement anti corrida (Crac) ont profité de l'occasion pour mobiliser contre la tauromachie.

Ils étaient ainsi entre 4.000 et 1.500 (suivant les estimations des organisateurs ou de la police) rassemblés ce samedi dans la ville d'Alès pour scander "basta corrida" ou "la torture n'est pas notre culture" afin que la ville cesse la corrida.

Mais leur cortège, regroupant aussi des manifestants venus d'Espagne ou d'Italie, s'est arrêté à 300 mètres des arènes. La mairie ayant pris deux arrêtés le 7 mai pour interdire les rassemblements près du centre-ville et des arènes, par crainte d'affrontements violents avec les aficionados. Cette décision venant au terme d'une guerre de procédure ayant opposé les anti-corrida à la mairie.

Rappeler la "torture" des taureaux

Au second jour, avec entre 2.000 et 700 manifestants la mobilisation a beaucoup baissé, mais pas la motivation. L'objectif de mobiliser avant chaque corrida est en passe d'être rempli, selon le Crac. Pour son président Jean-Pierre Garrigues, cette action vise à rappeler que "les provocateurs sont ceux qui torturent des animaux pour se faire plaisir, c'est insupportable".

 


 

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12 mai 2013 7 12 /05 /mai /2013 16:17

 

 

 

12 mai 2013 - 01:41

 

 

Des milliers d'Israéliens ont manifesté samedi soir à Tel Aviv et dans d'autres villes du pays contre le budget d'austérité qui sera présenté prochainement par le ministre des Finances Yaïr Lapid. Hausse des impôts et coupes claires dans les dépenses sont prévus.

Ces défilés, dans un climat d'inquiétude socio-économique, avaient pour écho la vague de contestation sociale sans précédent qui avait secoué Israël pendant l'été 2011.

Ils ont eu comme tête de turc le nouveau ministre des Finances, Yaïr Lapid, populiste sorti grand vainqueur des récentes élections législatives en se présentant comme le champion des classes moyennes et de l'égalité sociale mais qui, une fois au pouvoir, s'apprête à proposer lundi un budget de rigueur au gouvernement libéral-conservateur de Benjamin Netanyahu.

Son projet de budget prévoit une hausse des impôts, de la TVA et des coupes claires dans les dépenses du gouvernement, y compris sociales, selon la presse israélienne.

Les médias ont fait état de 10'000 manifestants à Tel Aviv, haut lieu de la contestation en 2011, et de plusieurs centaines à Jérusalem, Haïfa (nord), Modiin (centre), Rishon LetZion et Ashdod."Il faut prendre aux magnats, pas à nous", pouvait-on lire sur les pancartes.

Economie menacée d'effondrement

Sur la sellette, Yaïr Lapid a mis en garde les manifestants contre le risque d'un effondrement de l'économie israélienne, jusque là relativement épargnée par la crise internationale.

Par ailleurs, à Ramat Gan, près de Tel Aviv, quelque 300 protestataires ont manifesté devant le domicile du ministre de l'Energie Silvan Shalom pour dénoncer son projet d'exporter le gaz naturel israélien au détriment des consommateurs locaux qui le paient au prix fort.

La mobilisation pour la "justice sociale", en sommeil ces deux dernières années, avait culminé le 3 septembre 2011 avec près d'un demi-million d'Israéliens dans la rue.

sda-ats

 

 

                                                                         ************************************

 

 

communismeouvrier.wordpress.com -  Vidéos : Protestations en Israël contre l’austérité

10.000 personnes ont manifesté samedi à mai à Tel Aviv et dans d’autres villes d’Israël contre les mesures d’austérité (voir l’article).

Quelques vidéos de la manifestation à Tel Aviv :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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