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8 septembre 2013 7 08 /09 /septembre /2013 14:36

 

 

blogs.mediapart.fr

 

 Journalistes et écologie: le malentendu

Dans le conflit opposant le journaliste et auteur Hervé Kempf à la direction du journal qu’il vient de quitter, un épisode significatif s’est déroulé vendredi 6 septembre.

Sous la plume du médiateur du quotidien, Pascal Galinier, le directeur éditorial du Monde, Alain Frachon reconnaît pour la première fois publiquement qu’il reproche à son ancien collègue son travail sur le projet de transfert d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes : Hervé Kempf « a mené [au Monde] avec talent tous les combats qui lui tenaient à cœur. Mais l'une de ces batailles, le deuxième aéroport de Nantes, eût dû l'amener de lui-même à se désister de la couverture factuelle de cet événement. Il ne l'a pas voulu. C'est une autre conception de la presse, un point de désaccord noble ».

Rédacteur en chef au Monde, Didier Pourquery confirme, lui,  avoir exclu Kempf de la couverture de la manifestation de réoccupation de la zone de l’aéroport, en novembre 2012, un point fort de la manifestation quelques semaines après la tentative avortée d’expulsion des occupants par les pouvoirs publics : « Nous avons simplement envoyé sur place un reporter du service Planète, habitué de la couverture de ce genre de conflits mais sans parti pris particulier ».  Fin 2012, alors directeur par interim, Alain Frachon  avait expliqué au journaliste : « Ce ne sont pas tes compétences qui sont en question, mais un problème d'image. Nous tenons à ce que l'approche du journal reste aussi impavide que possible ».

Dans son billet, le médiateur évoque par ailleurs « la petite musique dissonante, militante » de Kempf. Les jeux sont faits, le verdict est rendu: Kempf se serait égaré sur les chemins du militantisme, se serait placé au service d’une cause, inféodant sa liberté de pensée et égarant au final ses lecteurs, reproche implicite qui clignote derrière cette salve de reproches.

Dans un texte retentissant publié sur son site Reporterre, « Adieu Le Monde, vive Reporterre », l’ancien journaliste du Monde affirme, lui, quitter son journal pour y avoir été censuré, version que démentent les responsables du quotidien mais aussi, de façon plus surprenante, sa société des rédacteurs, qui a publié un communiqué cinglant, réfutant l’idée que Kempf soit un « martyr » du Monde. Geste rare, l’instance représentative des journalistes a publiquement mouché cet ancien collègue et apporté son soutien à sa direction. Cette déclaration inhabituelle laisse deviner que d’autres facteurs de désaccords ont joué dans ce conflit.

Quelles que soient les raisons qui ont éloigné le journaliste et essayiste de sa rédaction au fil des ans, il est frappant de lire celle que le Monde choisit de mettre en avant : le reproche de l’engagement et du militantisme. Le conflit du travail devient controverse politique. Mais reproche-t-on aux investigateurs judiciaires de trop s’offusquer des abus de biens sociaux, des financements occultes ou des faits de corruption qu’ils révèlent ? Aux spécialistes de questions sociales de trop s’inquiéter du sort des chômeurs en fin de droits, des retraités pauvres, des inégalités salariales ? L’évasion fiscale des multinationales et des grandes fortunes ne devrait-elle pas être dénoncée par les journalistes économiques ? Bien sûr que si, et c’est un art partagé entre médias de gauche et de droite.

 

Charlie Hebdo, 23 octobre 1972, in "Fournier, précurseur de l'écologie", les cahiers dessinés. 
Charlie Hebdo, 23 octobre 1972, in "Fournier, précurseur de l'écologie", les cahiers dessinés.

Mais alors, pourquoi la règle serait-elle différente quand il s’agit d’écologie ? Car le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes présente toutes les caractéristiques d’une évasion environnementale. En prévoyant de construire un nouvel aérogare destiné à accueillir un trafic aérien plus nourri au-dessus de la ville de Nantes, la France organise le contournement de ses propres engagements internationaux à réduire par quatre ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050. Elle détourne aussi sa propre loi fixant l’objectif de réduire ses consommations d’énergie. Et au passage, elle piétine les normes protégeant les zones humides et la biodiversité.

Qui est donc le plus engagé : le témoin vigilant qui recense ces infractions ou celui qui détourne opportunément les yeux ? De ce point de vue, l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes n’est pas qu’une lutte environnementale devenue symbolique (voir ici), c’est aussi un défi journalistique essentiel : faire entendre au public à quel point les grands projets d’infrastructures contredisent les règles que nous prétendons par ailleurs respecter.

Cette tension entre la théorie de préservation de l’environnement et la pratique de sa destruction n’est pas nouvelle. L’historien Jean-Baptiste Fressoz en a livré une analyse vertigineuse dans son livre l’Apocalypse joyeuse. Sur la période beaucoup plus récente, l’avocat Christian Huglo livre un témoignage édifiant sur la réticence de l’Etat à défendre la nature dans son livre Avocat pour l’environnement (voir ici), à travers notamment les exemples de la marée noire de l’Amoco Cadiz et du système électro-nucléaire.

L’enjeu du journalisme sur l’écologie ne se limite pas à siffler les infractions légales ou réglementaires — colossale tâche en soi. Il est beaucoup plus vaste : participer à remettre en relation les sociétés humaines avec la nature. De la même façon que des journalistes aux convictions socialistes bien ancrées ont livré des reportages dénonciateurs sur la pauvreté des classes laborieuses ou l’horreur du travail des enfants au XIXe siècle, les journalistes écologistes ne se contentent pas de raconter un sujet, ils participent d’un mouvement de revendication : celle de la reconnaissance de l’enjeu environnemental.

La différence avec les muckrakers qui, tel Upton Sinclair par exemple, alertait les Etats-Unis sur les conditions de travail dans les abattoirs en 1905, c’est que la question sociale est aujourd’hui reconnue comme un sujet légitime et entier par les sociétés démocratiques. Elle suscite moult controverses et ne génère pas de consensus. Mais aucun responsable politique, industriel, technocratique ne peut délibérément l’ignorer.

Or la question écologique n’a pas atteint ce degré de reconnaissance. Si bien que l’écologie, au sens des rapports entre l’être humain et la nature, est à la fois un sujet et un mouvement politique. C’est peut-être une difficulté philosophique propre au journalisme environnemental aujourd’hui. Bien malin qui pourrait distinguer le journaliste sur l’écologie du plumitif écolo. Cette particularité culturelle les distingue des spécialistes en économie, en justice, en social, en culture. Elle est sans doute mal perçue  et mal comprise de l’extérieur, au risque de malentendus.

Est-ce une difficulté conceptuelle exigeant encore plus de rigueur de travail et de déontologie ? Peut-être que oui. Est-ce une raison pour invalider l’oeuvre des enquêteurs et de reporters au nom de leurs convictions écologistes ? Ce serait absurde. C’est un contre sens de reprocher son engagement à un journaliste environnemental puisque c’est l’objet même de son entreprise intellectuelle.

 

 

 

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6 septembre 2013 5 06 /09 /septembre /2013 17:57

 

 

reporterre.net

 

vendredi 6 septembre 2013

 

 

 

Depuis août, le mouvement lancé par les organisations paysannes en Colombie s’est élargi à d’autres couches de la société. Les paysans protestent contre la politique du gouvernement qui privilégie les intérêts de l’industrie agro-alimentaire et néglige, voire criminalise, l’agriculture paysanne locale.


Le 19 août, les organisations paysannes colombiennes ont lancé une grève nationale massive. Elles ont bloqué les routes, déversé du lait sur les voitures et pratiquement stoppé la production alimentaire à destination des villes. Le problème ? Les moyens d’existence de ces agriculteurs sont radicalement remis en cause par les politiques du gouvernement.

L’État ne fournit presque aucun soutien au secteur de la petite agriculture [1]. Au lieu de cela, l’Etat adhère à un modèle économique et social qui sert les intérêts d’une riche élite minoritaire. Les Accords de libre-échange (ALE) signés récemment avec les États-Unis et l’UE entraînent un dumping par rapport aux producteurs colombiens, qui ne peuvent pas rivaliser avec les importations subventionnées [2].

Le gouvernement colombien a activement favorisé l’accaparement des terres par des grandes entreprises, dont beaucoup sont étrangères (Monica Semillas du Brésil, Merhav d’Israël, Cargill des États-Unis), afin de promouvoir une agro-industrie orientée vers l’exportation au détriment d’une agriculture familiale orientée vers la souveraineté alimentaire.

Mais les manifestants ont fait valoir que le secteur agricole a besoin d’un réel soutien, notamment sous la forme d’un accès à la terre et d’une baisse des coûts de production. Sinon, les cultivateurs colombiens de pommes de terre et de café, les producteurs de produits laitiers et de viande, sans compter les petits pêcheurs, ne seront pas en mesure de suivre. Ils sont en train d’être expulsés et exterminés.

Le dos au mur, les agriculteurs ont engagé un mouvement de mobilisation dans une partie du pays en juin, qui s’est développé et transformé en une action nationale coordonnée durant le mois d’août. La grève des agriculteurs a été rapidement soutenue par d’autres secteurs : les travailleurs de l’industrie pétrolière, les mineurs, les camionneurs, les professionnels du secteur de la santé et d’autres. Le 29 août, une dizaine de jours après le début de la grève, plus de 20 000 étudiants ont rejoint le mouvement et bloqué la capitale, Bogotá.

La réponse du gouvernement a été chaotique et contradictoire. Les forces de police ont violemment réprimé et blessé un grand nombre de manifestants, sans parler des journalistes. Plus de 250 personnes ont été arrêtées, notamment un important dirigeant syndical, Hubert Jesús Ballesteros Gomez, principalement sur de fausses accusations. Un certain nombre de personnes ont perdu la vie dans les deux camps.

À un moment, le gouvernement a reconnu que les griefs des agriculteurs étaient fondés et a proposé quelques concessions. À un autre, il a affirmé que le mouvement était infiltré par les FARC. Le président Santos est même allé affirmer à la télévision que « la grève des paysans n’exist[ait] pas. » Le lendemain, il a été filmé depuis un hélicoptère, inspectant les affrontements et les gaz lacrymogènes qui envahissaient les rues de Bogotá.

La mobilisation a remporté un grand succès en ouvrant un espace de discussion, de conscientisation, de solidarité et de résistance en Colombie. Les étudiants, par exemple, étaient enthousiastes pour soutenir les agriculteurs et appuyer leurs revendications. Ils se sont rassemblés bruyamment contre les OGM et pour la souveraineté alimentaire.

Mais ils ont aussi voulu mettre en avant leurs propres exigences en matière d’éducation publique gratuite, ce qui a permis à la mobilisation d’aller dans le sens d’une vague de pression sociale plus large visant à changer les politiques actuelles de la Colombie, sans se cantonner aux préoccupations paysannes.

La Loi 970

La question des semences est devenue très médiatisée. En application de l’ALE signé avec Washington, ainsi que de celui signé avec Bruxelles, Bogotá a l’obligation d’assurer des droits de monopole légal sur les semences vendues par des sociétés américaines et européennes à titre d’incitation pour leur permettre d’investir en Colombie. Les agriculteurs qui sont pris à vendre des semences de ces variétés conservées à la ferme, ou simplement des semences indigènes qui n’ont pas été officiellement enregistrées, pourraient s’exposer à des amendes ou même à des peines d’emprisonnement. [3]

Comme cela s’est passé dans de nombreux autres pays à travers le monde, cette criminalisation des droits des agriculteurs et des peuples autochtones de conserver, échanger et vendre les semences met en péril la biodiversité du pays et son patrimoine.

Même s’il est vrai que le gouvernement colombien a évolué dans ce sens depuis de nombreuses années, et a accepté des politiques de ce type dans le cadre de son adhésion à la Communauté andine ou à l’Organisation mondiale du commerce, beaucoup font remarquer que ce n’est que depuis la signature des ALE avec les États-Unis et l’UE que le gouvernement cherche sérieusement à les mettre en œuvre.

L’année dernière, les autorités colombiennes ont pris d’assaut les entrepôts et des camions de riziculteurs dans Campoalegre, dans la province de Huila, et ont violemment détruit 70 tonnes de riz qui, selon elles, n’avaient pas été traitées conformément à la loi.

Cette intervention militarisée pour détruire des semences paysannes a choqué de nombreuses personnes, et a amené une jeune militante chilienne, Victoria Solano, à faire un film sur ce sujet. Le film s’appelle « 9.70 » parce que c’est le numéro de la loi adoptée en 2010 qui énonce le droit pour l’État de détruire les semences paysannes si elles ne sont pas conformes. [4]

Aujourd’hui, grâce à la force, la ténacité et la légitimité de la protestation des agriculteurs, des gens de tous les milieux de la société colombienne discutent de ce film, comme on peut le voir dans les médias, les réseaux sociaux et dans les rues, et demandent pourquoi le gouvernement mène ces politiques insensées.

Soutenez le mouvement

Les agriculteurs colombiens peuvent très bien nourrir le pays, de façon à fournir des emplois et assurer leur dignité et un environnement sain, cela ne fait aucun doute. Mais le gouvernement est trop fermement attaché à un modèle économique qui répond à des intérêts de copinage et ne prévoit aucune place pour les petites exploitations agricoles familiales. Nous devons tous soutenir la lutte agraire populaire en Colombie pour renverser ce modèle. Il n’est pas trop tard.

Une petite action concrète est possible : le film documentaire « 9.70 » - que vous pouvez regarder en ligne en espagnol à cette adresse - recherche des fonds pour produire une version sous-titrée en anglais afin que davantage de gens dans le monde puissent comprendre ce à quoi sont confrontés les agriculteurs colombiens et les aider à mettre en échec ces politiques. La plus petite contribution est utile. Allez sur ce lien pour participer. La date limite est le 10 septembre !

Autre action significative, la Coordination latino-américaine de La Via Campesina cherche à lancer des initiatives de solidarité internationale pour soutenir la grève. Allez ici pour en savoir plus. Encore une fois, il est essentiel d’agir rapidement !

Au-delà de la Colombie, la bataille sur des textes de lois similaires sur les semences fait rage en ce moment à un niveau politique très élevé, et à travers la campagne, au Chili ainsi qu’en Argentine. Une des inquiétudes tient au fait que certains des éléments les plus agressifs adoptés par le gouvernement colombien pourraient aussi se frayer un chemin vers d’autres pays d’Amérique latine. La nécessité d’abolir ces lois est donc vraiment urgente !


Notes

[1] Près d’un tiers de la population colombienne vit dans les campagnes et près de 60 % des habitants des zones rurales connaissent, dans une certaine mesure, la faim. Voir Paro Nacional Agrario y Popular, Pliego de Peticiones.

[2] Les effets n’en sont qu’à leurs débuts, mais ils sont bien réels. Les exportations agricoles américaines vers la Colombie ont grimpé de 62 % au cours de la première année de l’Accord, tandis que les exportations agricoles colombiennes vers les États-Unis ont baissé de 15 %. (Voir USTR, et Portafolio)

[3] Pour être enregistrées et certifiées, les semences doivent répondre à des critères d’homogénéité et de stabilité génétique adaptés aux procédés agro-industriels. Cela exclut, par définition, les semences paysannes - ou variétés criollo, comme on les appelle en Colombie - qui ont tendance à être diversifiées, adaptatives et dynamiques. Selon les règles actuelles en vigueur en Colombie, si un agriculteur veut planter des semences criollo, il/elle doit obtenir l’autorisation du gouvernement, ne peut le faire qu’une fois et que sur cinq hectares ou moins, et doit consommer la totalité de la récolte à la maison (il ne peut pas la vendre sur le marché).

[4] Voir la page Facebook du film et sur Twitter : rechercher #NoMas970. Au cours des trois ans d’existence de la loi 970 à ce jour (2010-2012), le gouvernement a rejeté ou détruit près de 4 000 tonnes de semences.


Pour aller plus loin :

• Grupo Semillas, « Colombia : Las leyes que privatizan y controlan el uso de las semillas, criminalizan las semillas criollas », Bogotá, 26 août 2013
« La historia detrás del 970 », Semana, Bogotá, 24 août 2013
• Julia Duranti, « A struggle for survival in Colombia’s countryside », 30 août 2013

Visitez le site bilaterals.org pour une couverture plus complète (en anglais, français et espagnol) sur la grève générale agraire et la lutte contre la loi 970 dans ce cadre.

Pour plus d’informations sur les luttes autour des lois sur les semences en Colombie, veuillez contacter le Grupo Semillas (« Groupe Semences ») à l’adresse semillas@semillas.org.co, ou visitez son site Web.



Source et photos : GRAIN

Lire aussi : La Colombie vit sous un régime de terreur

 

 

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4 septembre 2013 3 04 /09 /septembre /2013 15:55

 

 

Le Monde.fr avec AFP

 

03.09.2013 à 23h52 • Mis à jour le 04.09.2013 à 09h45

 
 
A Bucarest, environ un millier de manifestants ont bloqué la circulation sur l'une des principales artères de la ville, la Calea Victoriei.

Environ 2 000 personnes ont manifesté pour le troisième jour consécutif en Roumanie contre un projet canadien de mine d'or prévoyant l'utilisation de grandes quantités de cyanure. A Cluj, dans le nord-ouest du pays, environ un millier de personnes ont également défilé contre le projet de loi du gouvernement et l'exploitation d'or à Rosia Montana.

A Bucarest, environ un millier de manifestants ont bloqué la circulation sur l'une des principales artères de la ville, la Calea Victoriei. Parmi eux, de nombreux jeunes ainsi que des artistes, dont l'actrice Cristina Flutur, Prix d'interprétation féminine au festival de Cannes en 2012.

Assis sur la chaussée et agitant des bouteilles en plastique remplies de pièces pour marquer le rythme, les manifestants ont scandé "Unis, sauvons Rosia Montana", le village de Transylvanie où la compagnie canadienne Gabriel Resources prévoit d'exploiter la plus grande mine d'or d'Europe par l'intermédiaire de sa filiale Rosia Montana Gold Corporation.

 

Lire le reportage (édition abonnés) : "Rosia Montana, petit village roumain des Carpates, résiste aux chercheurs d'or"

 

 PROJET DE LOI CONTROVERSÉ

"Les multinationales ne font pas la loi", proclamaient des pancartes faisant allusion au projet de loi controversé qui a provoqué les manifestations. Ce texte adopté la semaine dernière par le gouvernement de Victor Ponta, et qui doit encore obtenir l'aval du Parlement, déclare le projet minier "d'intérêt national exceptionnel" et facilite sa réalisation.

La compagnie canadienne promet 900 emplois pendant les seize ans d'exploitation et d'importantes retombées économiques. Mais les défenseurs de l'environnement mettent en garde contre les risques liés à l'utilisation de milliers de tonnes de cyanure.

 

 

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4 septembre 2013 3 04 /09 /septembre /2013 15:39

 

Le Monde.fr avec AFP

 

04.09.2013 à 16h06 • Mis à jour le 04.09.2013 à 16h51

 

 

 
 

Maintes fois critiqués pour avoir provoqué la destruction de fôrets en Amazonie et en Indonésie, les biocarburants sont à nouveau pointés du doigt par une ONG, cette fois-ci en Sierra Leone.

Selon ActionAid, ce projet du groupe suisse Addax visant à l'exportation d'éthanol vers l'Union européenne à partir de 2014 génère pauvreté et insécurité alimentaire pour quelque 13 000 habitants de 60 villages de la région de Bombali, dans un des pays déjà parmi les plus pauvres du monde.

L'entreprise suisse avait pourtant reçu le soutien de cinq Etats membres de l'UE (Allemagne, Belgique, Pays-Bas, Suède et Grande-Bretagne) et un satisfecit de la Commission.

 

Lire l'analyse (éditions abonnés) : "L'Europe veut produire des biocarburants à partir des eaux usées"


 UN CONTRAT D'EXPLOITATION SUR CINQUANTE ANS

Selon Abass Karamara, militant anti-pauvreté de la Sierra Leone, la compagnie suisse s'est appuyée sur les autorités locales pour assurer ses droits à exploiter pour cinquante ans 57 000 hectares affectés à la canne à sucre, forçant la main des exploitants locaux.

Le groupe a aussi rompu sa promesse de ne pas mettre la main sur les rizières nourrissant les villages, et n'a offert que 1 500 emplois, la plupart mal payés, sur 4 000 promis. Il n'a pas non plus mis en œuvre ses engagements de construire écoles et cliniques. Concluant son rapport consacré à cette affaire, "Promesses brisées", l'ONG demande aux donateurs soutenant le projet d'exiger d'Addax qu'il renégocie en faveur des communautés locales les modalités de son projet.

 

 LE BIOCARBURANT AU CŒUR DU DÉBAT EUROPÉEN

De multiples études ont établi que le bilan environnemental des agrocarburants actuels est mauvais. Le biodiesel, qui constitue l'essentiel du marché, est très loin de satisfaire aux critères de durabilité de l'Union européenne, en termes d'émissions de gaz à effet de serre. L'Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI) a même calculé que pour le biodiesel tiré de l'huile de palme, de soja et de colza ces émissions sont supérieures à celles du diesel d'origine fossile.

Le Parlement européen doit se prononcer la semaine prochaine sur une série de mesures destinées à encadrer cette production, tiraillé entre d'une part l'industre du secteur qui rejette ce coup de frein et d'autre part les militants contre la pauvreté.

 

 

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3 septembre 2013 2 03 /09 /septembre /2013 14:03

 

 

Médiapart

|  Par Jérôme Hourdeaux

 

 

 

Depuis la révélation, début juin, de l'existence du programme d'espionnage mondial PRISM, de nouveaux documents de l'ex-employé de la NSA sont dévoilés quasiment chaque semaine. Ces derniers jours, on a ainsi appris comment les États-Unis espionnent méthodiquement la France, le Brésil, le Mexique ou encore la chaîne de télévision Al Jazeera.

 

Depuis son exil russe, Edward Snowden continue, au nez et à la barbe des États-Unis, à divulguer peu à peu de nouveaux documents récupérés alors qu’il travaillait pour la NSA, dépeignant par petite touches le système d’espionnage mondial mis en place par l’agence américaine. Près de quatre mois après la première révélation de l’existence du programme d’espionnage PRISM, le 6 juin dernier par le Guardian, l’ex-employé de la NSA distille encore, quasiment chaque semaine, de nouveaux « leaks » (« fuites ») qui lèvent un nouveau pan du voile sur les pratiques du renseignement américain.

 

La NSA 
La NSA© Reuters

Dimanche, le journal allemand Spiegel, autre récipiendaire des documents d’Edward Snowden, détaillait ainsi la manière dont la NSA avait placé sous surveillance le système informatique du ministère français des affaires étrangères. Un document classé « Top Secret » datant de juin 2010 explique comment le renseignement américain a réussi à infiltrer le « VPN » (« Virtual Private Network », réseau virtuel privé) du quai d’Orsay, c’est-à-dire le réseau interne et, normalement, sécurisé, utilisé par l’ensemble de la diplomatie française.

Selon une liste des cibles de la NSA établie en septembre 2010, cette surveillance aurait également visée les bureaux diplomatiques français à Washington et aux Nations unies, des opérations menées sous les noms de codes de « Wabash » et « Blackfoot ». Le 26 août, le Spiegel avait déjà révélé tous les détails de la mise sur écoute de l’immeuble de l’Union européenne à New York.

La présidente brésilienne Dilma Rousseff a, de son côté, fait l’objet d’une surveillance toute particulière. Selon les nouveaux documents d’Edward Snowden dévoilés dimanche 1er septembre par la chaîne de télévision Globo, la NSA a réussi à installer dans son ordinateur un programme permettant de surveiller tous les contenus auxquels elle accédait sur internet. L’agence voulait ainsi avoir « une meilleure compréhension des méthodes de communication et des interlocuteurs » de la présidente Rousseff.

Le président mexicain Enrique Peña Nieto a, lui, été placé sous surveillance avant même son élection. À partir du mois de décembre 2012, alors qu’il menait campagne pour l’élection présidentielle, l’agence a en effet commencé à intercepter ses mails et messages téléphoniques.

Mais les États ne sont pas les seules cibles du renseignement. Samedi 31 août, le Spiegel a mis en ligne un document établissant pour la première fois que la NSA a également espionné des médias. En l’espèce, le document transmis par Edward Snowden au quotidien allemand évoque la mise sous surveillance de la chaîne de télévision basée au Qatar, Al Jazeera. Dans un document datant de mars 2006, le « centre d’analyse du réseau » de l’agence explique ainsi avoir réussi à pirater le réseau de communication interne de la chaîne et à intercepter les communications de « cibles intéressantes ».

Un système tentaculaire et systématique

Malgré son isolement et la surveillance dont il fait l’objet, Edward Snowden livre, par bribes, les multiples aspects de ce qui ressemble de plus en plus à un système d’espionnage tentaculaire et systématique de toutes les cibles pouvant intéresser les gouvernement américain.

Selon un budget confidentiel du renseignement américain, fourni par Edward Snowden au Washington Post, les services américains auraient ainsi mené 231 « cyber-opérations » pour la seule année 2011. Ce nouveau document détaille le financement d’un certain nombre de projets, comme « GENIE », doté de 652 millions d’euros et visant à pénétrer les réseaux étrangers pour les placer sous contrôle américain. Plus gênant, ce budget confidentiel révèle également que la NSA a dépensé des millions de dollars pour traquer d’éventuels agents d’al-Qaïda infiltrés après la découverte d’apprentis terroristes parmi des personnes postulant à un poste au sein du renseignement américain.

 

Edward Snowden 
Edward Snowden© Reuters

Personne ne semble savoir à la NSA avec combien de documents Edward Snowden a quitté le territoire américain au mois de mai dernier, et donc combien de révélations sont encore à venir. Ni si ces documents sont encore en sa possession ou s’ils ont déjà été transmis à des journalistes. Selon les premiers éléments de l’enquête, le jeune informaticien se révèle particulièrement doué en matière de protection de données et d’anonymat et les limiers de la NSA ont bien du mal à retracer son parcours sur les réseaux.

Ceci explique peut-être l’apparente fébrilité des agences de renseignement américaine, mais également britannique, ainsi que leur zèle dans leur traque aux complices d’Edward Snowden. Vendredi, l’agence Reuters a ainsi révélé que le gouvernement britannique a tenté de faire pression pour obtenir du New York Times qu’il détruise certains documents transmis par Edward Snowden, comme il l’avait obtenu du Guardian. La semaine précédente, le quotidien britannique avait en effet révélé avoir été contraint de détruire des disques durs contenant des informations transmises par le whistleblower, mais seulement après avoir pris soin d’en faire des copies et d’expédier celles-ci à plusieurs rédactions à l’étranger, dont celle du New York Times.

Cette fois, le quotidien américain n’a pas cédé. Mais l’incident est révélateur de la détermination des services de renseignement à stopper cette hémorragie d’informations. À force de révélations sur les atteintes aux droits des citoyens et sur les violations de la souveraineté des États, les autorités pourraient cependant avoir à faire face à leurs opinions publiques. Les révélations sur l’espionnage de l’Union européenne passent ainsi particulièrement mal en Allemagne, où de plus en plus de voix s’élèvent pour demander au gouvernement de réagir. La semaine dernière, Peer Steinbrük, qui est l’adversaire de la chancelière Angela Merkel lors des élections générales du 22 septembre, s’est par exemple engagé à suspendre les discussions sur l’accord de libre-échange en guise de représailles.

Toujours réfugié en Russie, dans un lieu tenu secret, Edward Snowden s’est vu, de son côté, gratifier du « Prix du whistleblower », remis tous les deux ans depuis 1999. Un message du jeune informaticien a été lu lors de la cérémonie de remise du prix qui se tenait vendredi à Berlin : « Nous ne devrions jamais oublier les leçons de l’histoire, quand la surveillance a pris le dessus. »

 


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30 août 2013 5 30 /08 /août /2013 19:36

 

http://blogues.radio-canada.ca

 

 

 

Des villes troquent les aménagements floraux contre des plantes comestibles

Des villes troquent les aménagements floraux contre des plantes comestibles

 

 

 

 

Investir dans des aménagements paysagers comestibles plutôt que dans des fleurs annuelles et du gazon, c’est le pari qu’ont fait sept municipalités de la Montérégie cette année. Une initiative qui pourrait inspirer d’autres municipalités.

« Pour les villes, de toujours recommencer avec des plantes annuelles, c’est énormément d’énergie, d’eau et d’argent », affirme Mélanie Morel, coordonnatrice de l’OBNL Pour une reconstruction harmonieuse de l’agriculture. « Ça peut être beau et utile à la fois, c’est le message qu’on essaie de propager. »

L’objectif du projet CO2mestible est aussi de réduire les gaz à effet de serre, en retirant des surfaces gazonnées pour y planter des végétaux comestibles.

 

 

Fraises, rhubarbe, sauge, capucines, poirier… L’architecte paysagiste Alexandre Gilbert a conçu et aménagé les jardins comestibles sur des terrains municipaux : devant des hôtels de ville, sur le terrain d’une école, près d’un centre communautaire.

Selon lui, la Rive-Sud innove en proposant des aménagements comestibles vivaces plutôt qu’annuels, comme les potagers encouragés par certaines villes. « Les potagers, c’est génial, parce que ça produit beaucoup de nourritures, mais il faut les entretenir et le projet peut tomber plus facilement. Avec les plantes comestibles vivaces, ç’a un peu plus d’ancrage, parce que ça demande moins d’entretien. »

Le temps consacré à l’entretien était justement la plus grosse crainte des villes, qui ont hésité ou refusé de participer au projet. C’est pourtant moins d’entretien que les annuelles, souligne Mélanie Morel.

La mairesse de Carignan, Louise Lavigne, n’a pas hésité à fournir les 1250 $ nécessaires pour se lancer dans l’aventure. « Les fleurs annuelles, j’ai un problème avec ça », dit-elle. « Avant, la Ville faisait des mosaïques, mais ça coûte beaucoup de sous, ça demande beaucoup d’entretien et ça ne donne rien. C’est beau, mais moi, je préfère honnêtement quelque chose qui est utile! » D’ailleurs, sa propre cour est un immense jardin, sans gazon.

 

L’importance de planifier les récoltes

À Carignan, ce sont surtout les employés de la Ville qui profitent des récoltes pour l’instant, reconnaît la mairesse. Mais cela ne va durer que jusqu’à ce que les citoyens se l’approprient, croit-elle.

Selon Éric Duchemin, professeur associé à l’Institut des sciences de l’environnement de l’UQAM et spécialiste de l’agriculture urbaine, il ne faut rien tenir pour acquis. À preuve, l’exemple de Sherbrooke, il y a quelques années. « La récolte n’a jamais été distribuée », rappelle-t-il. « Ils pensaient que les gens viendraient récolter, mais les gens sont beaucoup trop respectueux de ce genre d’aménagement et n’osent pas (y toucher). »

Selon lui, il ne suffit pas de créer des aménagements comestibles, mais il faut aussi organiser la distribution pour éviter que les récoltes ne se perdent. Il suggère, par exemple, de s’associer avec des organismes en sécurité alimentaire.

 

Une inspiration pour Montréal

N’empêche que, croit-il, Montréal devrait s’inspirer des projets menés sur la Rive-Sud pour aménager un jardin comestible sur l’immense terrain gazonné devant son hôtel de ville, le Champ-de-Mars.

En septembre, l’organisme organisera des visites des aménagements municipaux comestibles pour les faire connaître et inspirer les citoyens à reproduire l’expérience chez eux.

Les villes participant au projet CO2mestible sont L’Ange-Gardien, Carignan, Richelieu, Chambly, Mont-Saint-Hilaire, Otterburn Park et Saint-Charles-sur-Richelieu.

 

 

 

 

 

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28 août 2013 3 28 /08 /août /2013 13:38

 

 

Marianne

Mercredi 28 Août 2013 à 14:28

 

Philippe Ridou

 

 

CATERS NEWS AGENCY/SIPA
CATERS NEWS AGENCY/SIPA

Cela fait déjà cinq ans que Malala, enfant de la vallée du Swat au Pakistan, se dresse contre l’obscurantisme des talibans, contre l’injustice faite aux filles de son pays, auxquelles on a interdit d'aller à l’école. A la fin des années 2000, la région est sous le joug de la loi islamique la plus radicale : les opposants sont abattus, les contrevenants fouettés, les femmes recluses dans leur foyer, 150 écoles sont fermées ou détruites…

Tout juste âgée de 11 ans, la fillette dénonce l’infamie intégriste dans un blog relayé par la BBC : « Elle écrivait chaque jour à propos de sa passion pour l’école et sur l’oppression des talibans », rappelle la fondation néerlandaise KidsRights. Un formidable pied de nez, un acte de résistance inouï qui met la jeune fille en danger de mort. 

Le 9 octobre 2012, Malala prend le car pour rentrer de l’école. Un taliban monte dans le véhicule, menace d’une arme les écolières et les contraint à désigner Malala. Il tire en direction de la jeune adolescente et l’atteint en pleine tête. Transportée à l’hôpital de Saidu Sharif de Mingora (nord du Pakistan), elle est sauvée, la balle n’a pas touché le cerveau. La jeune pakistanaise est ensuite transférée au Royaume-Uni où elle vit toujours. À l’époque, Malala est présidente de la Child Assembly de Swat, elle s’était à ce titre publiquement exprimée en faveur du droit des femmes à l’éducation. 

Le prix international de la paix des enfants est assorti de 100 000 euros. Une somme et un chantier immense. 1200 écoles ont été attaquées par les talibans, y compris des écoles de garçons seulement dans le nord-ouest du pays. Depuis, les cours ont lieu en plein air, les écoliers les suivent à même le sol, exposés aux rigueurs glaciales de l’hiver et à l’écrasante canicule l’été.

Le combat de Malala a été plusieurs fois salué. En 2011, pour son courage à promouvoir la paix dans la région du Swat, elle a reçu du Pakistan le “National Youth Peace Award” (prix national pour la paix). La France lui a décerné le prix Simone de Beauvoir pour la liberté des femmes. La jeune fille – dont le père est conseiller spécial de l’ONU pour l’éducation – sera-t-elle la prochaine lauréate du Nobel de la paix?

 

 

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27 août 2013 2 27 /08 /août /2013 12:33

 

 

Médiapart

|  Par lorraine kihl

 

 

 

En juin s’est tenu un procès sans précédent : huit syndicats de cheminots comparaissaient pour abus de confiance. Ils sont accusés d’avoir détourné une partie de l’argent du comité d’entreprise pour se financer. À l’origine de l’affaire, un cadre du CE de la SNCF à Lyon, Willy Pasche, qui se bat depuis neuf ans pour voir les syndicats condamnés et que l’on reconnaisse le harcèlement dont il dit avoir été victime.

« Tenez, vous avez vu ? Vous avez vu comme il m’a regardé ? » Sur un quai de la gare Lyon Perrache, où vient d’arriver le TGV de Paris, Willy Pasche, 59 ans, désigne un des trois agents de la SNCF qui le dépassent. « J’évite de traîner trop par ici maintenant… » Le pas preste, il emmène le visiteur dans un restaurant des environs de la gare où il avait ses habitudes. Pour revenir vers les bâtiments de la SNCF, il privilégie la fin de l’après-midi, « à 16 heures, la plupart des cheminots sont partis ». Moins de risques de faire une rencontre malheureuse et d’endurer moquerie ou regard menaçant. Et lorsqu’alors il fait visiter les lieux, c’est le port fier et défiant.

 

Willy Pasche. 
Willy Pasche.© LK

En portant plainte contre son employeur en 2004, cet ancien cadre du comité d’établissement de la SNCF de Lyon s’est fait beaucoup d’ennemis. En juin 2013, huit syndicats de la société de chemin de fer comparaissaient pour abus de confiance sur des faits de détournement de fonds. L’argent du comité d’entreprise aurait été détourné par les organisations pour assurer leur propre financement, et ce, selon les modalités d’un accord secret signé en 1995, sous l’égide de la CGT. En 18 ans, les sommes concernées pourraient se chiffrer en millions d’euros. Le jugement sera rendu en septembre.

Willy Pasche entame sa carrière à la SNCF comme professeur de gym dans l'un des centres de formation de l’entreprise. Lorsqu’en 1986 on lui propose de rejoindre le comité d’entreprise (CE) fraîchement créé, il est enthousiaste. « On organisait plein de choses pour les cheminots et leurs enfants : des journées au ski, des colonies de vacances. À l’époque, les syndicats essayaient vraiment de créer quelque chose pour améliorer la vie des travailleurs. » Structure indépendante, gérée par les syndicats et présidée par la SNCF, en plus de ses fonctions représentatives, le CE est chargée de développer des activités sociales pour les salariés. Il est financé par une subvention de la SNCF en fonction de la masse salariale.

 

 

Bibliothèques, cantine, salle de musculation, centres de loisirs, le CE est doté de moyens importants et se développe dans une franche émulation. Willy Pasche bachote pour passer les examens internes de la SNCF et devient cadre. C’est au début des années 2000 que les choses basculent. « J’ai commencé à me rendre compte d’irrégularités. On me demandait d’embaucher des gens sortis de nulle part, j’ai trouvé des chèques qui imitaient ma signature, on me faisait commander du matériel pour les syndicats. »

Pendant ce temps, les comptes du CE plongent. Des emplois sont supprimés et les activités peu à peu déléguées à des associations ou des entreprises sous-traitantes.

Il commence à se plaindre de la gestion du syndicat aux manettes, la CGT. « Je suis allé voir la SNCF et tous les syndicats. Ils étaient bien gentils, nous soutenaient de loin, mais rien n’a changé. »

Willy Pasche gère alors l’ensemble des activités sociales du CE. Un jour, il découvre que quelqu’un d’autre occupe son poste. « On avait oublié de me prévenir… » Il est muté mais continue avec quelques collègues à dénoncer les malversations dont ils sont témoins.

En 2004, ne voyant pas la situation s’améliorer, il porte plainte avec une collègue pour abus de confiance. Pour Willy Pasche, la situation est compliquée et paradoxale. Il poursuit l’un des rares soutiens dont un lanceur d’alerte peut disposer : les syndicats. De nombreuses personnes sont entendues par la police et confirment leurs allégations (voir l’article d’Owni). En surfacturant des heures de formation, par exemple, ou en achetant directement du matériel pour le compte de leurs organisations, les huit syndicats auraient prélevé une partie du budget de fonctionnement du CE pour se financer.

La CGT, syndicat majoritaire, décidait chaque année de la somme allouée et chaque organisation recevait une part proportionnelle à sa représentativité salariale. Ainsi pour la seule année 2004, les deux tiers du budget de fonctionnement du CE auraient été détournés, soit 339 500 euros, la CGT se taillant la part du lion avec plus de 140 000 euros.

Alors que la situation financière du CE à la fin des années 1990 est saine, en 2012 il « a accumulé 900 000 euros de dettes et 900 000 euros de rappel de TVA », selon le mensuel Mag2Lyon, cité par Rue89 Lyon. En dix ans, une grande partie des activités a été cédée à des associations ou des entreprises sous-traitantes (« toutes proche de la CGT », relève Willy Pasche) et des dizaines d’emplois ont été supprimés.

« Les responsables du CE voulaient se débarrasser de nous »

La procédure traîne. Pendant ce temps sa carrière dégringole. Le cadre perd ses responsabilités. Des rumeurs courent à son sujet : « On racontait des choses sur mon comportement avec les enfants. C’était horrible. »

 

 

 

© LK

« Les responsables du CE voulaient se débarrasser de nous », témoigne son ancien collègue, Christian Plantin. Les deux hommes vont aux prud’hommes, accusant la CGT de harcèlement. En 2005, Willy Pasche candidate au poste de directeur technique, sans succès. « Je voulais changer les choses mais ils ont préféré prendre quelqu’un encarté à la CGT. » Pour ses détracteurs, c’est cet échec qui est à l’origine de son « acharnement ». Les plaignants sont mutés à des postes « coquilles vides » où ils n’ont rien à faire. « Ils m’ont d’abord mis dans un bureau sans fenêtre, raconte Willy Pasche. J’ai protesté alors ils ont fini par me déménager. On s’est retrouvés dans un bureau trop petit pour deux, dont on n’avait même pas la clef. »

Un jour, le ton monte entre les deux collègues et amis sur la suite à donner à leurs plaintes. « Willy voulait continuer les poursuites, raconte Christian Plantin. J’étais d’accord avec lui, au début et sur le fond de ce combat. Mais il a commencé à vouloir attaquer de tous les côtés, y compris la SNCF. » Les nerfs lâchent. La discussion dégénère en altercation. « On s’est arrêtés avant de se mettre des claques… », commente, elliptique, Christian Plantin. Le lendemain, ils sont tous deux arrêtés par les médecins du travail. L’amitié est consommée. Depuis, les deux hommes n’ont plus de contact.

Ainsi le cadre désœuvré va-t-il peu à peu perdre amitiés et soutiens. « Presque tous ceux qui ont été entendus par la police au début de la procédure ont vu leur emploi au CE supprimé et ont été mutés », affirme Willy Pasche. Quelques employés continuent à lui témoigner de la sympathie, voire l’appellent lorsqu’ils sont en difficulté ou pour lui rapporter de nouvelles malversations. Il a trouvé aussi des soutiens inattendus d’hommes qui ont partagé un sort similaire, comme Philippe Chabin en conflit avec le CE clientèle de SNCF Paris ou Jean-Luc Touly, qui a co-écrit le livre L’Argent noir des syndicats (voir notre portrait).

 

LK 
LK

Depuis cinq ans, Willy Pasche cumule les arrêts maladie, que son employeur commence à lui contester. Après s’être battu en vain contre sa réintégration forcée à la SNCF, il affirme que l’entreprise ne lui fait aucune proposition d’emploi sérieuse. Un litige avec le CE pour harcèlement est toujours en cours. La dernière fois qu’il a tenté de reprendre le travail, il a fait un malaise cardiaque. « J’étais convoqué à un bureau de la SNCF. En fait, j’ai passé la journée à attendre sur une chaise. Pendant ce temps, les syndicalistes passaient devant moi en se gaussant. Le lendemain, j’ai fini à l’hôpital. »

Sans travail, les journées sont longues. Il s’entretient, s’est occupé un temps d’un club de football de juniors, va voir les entraînements des joueuses de l’Olympique lyonnais, qu’il préfère à l’équipe masculine – « moins de gros sous et de simulation ». Mais la majeure partie de son temps, il s’occupe de son dossier, écrit à la SNCF. « Je tourne un peu en rond », admet-il. « Il ne pense qu’à cela, raconte sa femme. Il m’est arrivé d’espérer qu’il arrête, mais c’est son combat. Il a besoin d’aller jusqu’au bout. »

Il sollicite la presse, beaucoup ; les élus, quelle que soit leur couleur politique. Devant un café, dans un appartement impersonnel sur les hauteurs de Lyon, il peut parler pendant des heures de son histoire. De façon un peu anarchique à la manière de quelqu’un qui a repensé chaque scène, chaque lien, chaque injustice des centaines de fois et perd le fil. Les dates se confondent, les procédures aussi. Il raconte ses accidents du travail, l’angoisse de retourner à la SNCF. « Vous n’avez pas à me croire sur parole. Je vous enverrai les documents. » Et les .PDF affluent dans des dizaines de mails : procès-verbaux, attestations de médecins du travail, courriers de la SNCF… Les neuf dernières années de sa vie sont contenues dans des piles de documents entassés entre le petit canapé clic-clac du bureau et l’étagère. Une boîte de psychotropes traîne opportunément sur le meuble.

Son « bougisme » agace. Et certains – y compris d’anciens proches – ont l’impression qu’il réécrit l’histoire à son avantage. « Sans la presse, l’affaire ne serait probablement jamais sortie », se défend l’intéressé.

L'étonnant silence de la SNCF

Au terme de neuf ans de procédure, le procès se déroule les 27 et 28 juin 2013. Dès le premier jour, des dizaines de militants CGT se réunissent devant le tribunal pour une démonstration de force, comme le raconte Lyon Capital qui a couvert le procès. Lorsqu’ils entrent dans la salle d’audience, ils occupent la majorité des places. « C’était une meute ! » se rappelle Willy Pasche, qui essuie ricanements et moqueries. Ses rares soutiens sont éparpillés dans l’assemblée cégétiste. Quant à sa coplaignante, elle n’assiste pas au procès.

Pour le procureur, « l’accord secret est un véritable droit de tirage, sous couvert d’une facturation de façade pour prétexter d’un lien avec les activités du CER. Tout simplement parce que les activités syndicales ne peuvent être couvertes par les seules cotisations. » Le CE est subventionné directement par la SNCF. Aussi le silence de la société de chemins de fer, qui ne s’est pas portée partie civile, a-t-il pu être interprété dans la presse comme particulièrement suspect. L’entreprise achèterait la paix sociale en finançant indirectement les syndicats.

Malgré les sommes qui auraient été détournées, le procureur ne réclame que des amendes : 80 000 euros pour la CGT, 30 000 euros pour l’Unsa, Sud-Rail et la CFTC, 15 000 euros pour la CFDT et FO (les autres formations ont depuis été dissoutes). Pour leurs avocats, le parquet fait le procès du syndicalisme, le budget de fonctionnement du CE servant de toute façon indirectement à financer les syndicats.

« Vous auriez dû les entendre à l’audience. C’était beau, vraiment ! La défense des travailleurs, les valeurs morales ! Seulement, quand ils deviennent les patrons ils se comportent tout à fait autrement », s’énerve l’ancien professeur de sport. Pour lui, les méthodes de management sont une trahison du syndicalisme. « Et le couplet sur la situation financière du CE et des syndicats… À la fin, j’avais envie de leur donner de l’argent.

 

 

© LK

 

À 59 ans, avec son statut de cheminot, Willy Pasche pourrait prendre sa retraite. Ce qui arrangerait tout le monde. Mais il veut partir sur une victoire : voir les syndicats condamnés en septembre, être remboursé des salaires impayés et avoir un geste de dédommagement de la SNCF. « Le problème de Willy Pasche, c’est son empressement à viser le porte-monnaie, tacle un syndicaliste qui l’a côtoyé. Il s’est porté partie civile au procès des syndicats. Il aurait pu s’en tenir à l’euro symbolique, mais non, il demande 40 000 euros, alors qu’il gagne bien sa vie et que le CE est ruiné. » Attrait de l’argent pour les uns, juste compensation pour l’autre. Les motivations de l’ancien professeur de sport sont une question d’interprétation : affaire d’honneur ou orgueil mal placé, rigueur morale ou besoin de vengeance.

Sortir de ces conflits la tête haute et reconnu dans son bon droit serait aussi un moyen de protéger sa famille, affirme Willy Pasche : « Ma femme travaille au CE, mon fils aîné à la SNCF. Il est sourd. En dix ans il n’a jamais été promu et on le change régulièrement de poste. C’est très déstabilisant pour lui. Je ne sais pas si c’est lié à moi. »

Même si l’issue de ses conflits lui est heureuse, il ne se fait plus d’illusions quant à la perception de son combat : « les syndicats sont les gentils, ils défendent les travailleurs, offrent des cadeaux à Noël… Alors, même lorsqu’ils se comportent comme les pires des patrons, pour les gens, c’est la même chose : j’ai attaqué le Père Noël. »

 


 


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26 août 2013 1 26 /08 /août /2013 11:45

 

 

romandie.com

(©AFP / 25 août 2013 19h37)

 

 


LA HAYE - Les Pays-Bas ont annoncé dimanche que le droit de Greenpeace à manifester pacifiquement était incontestable à la suite du déploiement en Arctique, sans autorisation, du brise-glace de l'organisation écologiste.

Greenpeace a annoncé samedi avoir défié les autorités russes et envoyé par la route maritime du Nord, l'Arctic Sunrise, enregistré à Amsterdam, pour protester contre les projets de forage du groupe Rosneft jugés nuisibles pour l'environnement.

La Russie a bloqué par le passé à plusieurs reprises l'accès du brise-glace de Greenpeace aux environs de la Réserve nationale russe de l'Arctique où Rosneft et son partenaire américain ExxonMobil ont leur zone de forage.

Le droit de Greenpeace de se livrer à une manifestation pacifique est incontestable, précise un communiqué du ministère néerlandais des Affaires étrangères.

Le communiqué ajoute toutefois que des pays riverains de la route maritime du Nord comme la Russie peuvent édicter des réglementations supplémentaires pour les bateaux afin de garantir un usage sûr et responsable de la route maritime.

La Russie s'appuie sur ces dispositions supplémentaires, poursuit le communiqué.

La Haye a pris contact avec Moscou vendredi pour voir comment Greenpeace pouvait se conformer à ces réglementations, mais n'a toujours pas reçu de réponse.

Nous sommes en contact permanent aussi bien avec les autorités russes qu'avec Greenpeace, et nous avons demandé aux deux parties de faire preuve de retenue et de veiller à ce qu'une bonne communication se poursuive, indique le communiqué.

L'Arctic Sunrise se dirigeait samedi vers la Mer de Kara où plusieurs bâtiments travaillant pour la première compagnie pétrolière russe Rosneft et son partenaire américain ExxonMobil, mènent des tests sismiques en vue d'un forage en mer à proximité du Parc national arctique russe.

Le ministre russe des Transports a accusé le bateau de Greenpeace battant pavillon néerlandais d'avoir ouvertement violé les lois russes et les lois internationales alors que de son côté l'organisation écologique qualifiait la réaction de la Russie de tentative masquée de réprimer une manifestation pacifique.

Greenpeace a ajouté que le projet de forage dans un écosystème protégé violait les propres lois de la Russie.

Établi en 2009, le parc naturel proche de la zone de forage abrite des espèces menacées comme la baleine boréale et constitue un espace important de reproduction pour les ours polaires.

 Rosneft, dirigé par Igor Setchine, un proche du président Vladimir 

Poutine, affirme que ses opérations en mer sont totalement sécurisées.

La Russie et les États-Unis espèrent que la fonte des glaces de l'Arctique, consécutive au réchauffement climatique global, leur permettra d'exploiter les immenses ressources de gaz et d'hydrocarbures que la région est réputée receler.

Vladimir Poutine envisage de transformer la route maritime du Nord en une artère du commerce maritime qui devrait garantir le contrôle par le Kremlin des ressources énergétiques de l'Arctique.

jhe/ai/sym/az

ROSNEFT OIL

ExxonMobil



(©AFP / 25 août 2013 19h37)

 

 

 

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25 août 2013 7 25 /08 /août /2013 17:13

 

 

Le Monde.fr avec AFP

24.08.2013 à 16h52 • Mis à jour le 24.08.2013 à 17h22

 

 

 

 

Greenpeace a annoncé, samedi 24 août, avoir envoyé un brise-glace dans l'Arctique, par la route maritime du Nord.

Greenpeace défie les autorités russes. L'organisation non gouvernementale a annoncé, samedi 24 août, avoir envoyé un brise-glace dans l'Arctique, par la route maritime du Nord, pour protester contre les projets de forage du groupe russe Rosneft, et de son partenaire américain ExxonMobil, jugés nuisibles pour l'environnement.

Les autorités russes avaient rejeté trois demandes de Greenpeace pour faire passer par cette voie son bateau, l'Arctic Sunrise, qui avait approché à la mi-août le navire de recherche sismique de Rosneft, l'Akademik Lazarev.

Lire (édition abonnés) : "Le recul de la banquise accroît le trafic maritime par l'Arctique"

Le ministère des transports russe a accusé l'équipage du bâtiment à pavillon néerlandais de violer "grossièrement" les lois russes et internationales, et a demandé au ministère des affaires étrangères de se mettre en contact avec les autorités maritimes néerlandaises.

Dima Litvinov, un militant de Greenpeace de Stockholm, a appelé le gouvernement des Pays-Bas à soutenir l'ONG. "J'espère au moins que le gouvernement néerlandais soutiendra la demande légitime et le droit de passer dans cette zone", a-t-il dit à l'Agence France-presse. Selon Greenpeace, l'Arctic Sunrise poursuivait sa route sans apercevoir de bâtiment militaire russe ni de garde-côte.
 

"VIE SAUVAGE MENACÉE"

"Nous n'acceptons pas que le gouvernement russe nous empêche de dénoncer les forages dangereux dans l'Arctique", avait expliqué auparavant l'ONG, en annonçant le départ de l'Arctic Sunrise, qui s'est dirigé vers la mer de Kara, où plusieurs bateaux menaient des tests sismiques en vue de forages pour le compte de Rosneft et d'Exxonmobil.
 

"La réserve nationale russe dans l'Arctique est un lieu spécial qui regorge de vie sauvage menacée et qui fait face à une menace bien plus grande de la part de compagnies pétrolières imprudentes que du brise-glace de Greenpeace", a déclaré Christy Ferguson, responsable de la campagne en Arctique de Greenpeace. "Si Rosneft et ExxonMobil installent des plates-formes de forage, ils risquent de provoquer des éruptions et des déversements catastrophiques qui pourraient dévaster cette région", a dit Mme Ferguson.

 

Lire : "L'Arctique, terre promise pour les compagnies pétrolières ?"

 

Pour Greenpeace, le projet de forage dans un écosystème protégé où vivent des ours polaires, des baleines et autres animaux sauvages contrevient à la législation russe en matière de protection de l'environnement. Rosneft, qui est dirigé par Igor Setchine, un proche du président Vladimir Poutine, a affirmé samedi que ses opérations d'exploration et de forage offshore étaient "totalement sûres".  L'exploration des vastes réserves de l'Arctique, favorisée par le réchauffement climatique, est devenue une priorité stratégique pour Moscou.

 

Lire : "La Russie prête à ouvrir l'Arctique aux producteurs privés d'énergie"

 

 

 

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