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5 octobre 2013 6 05 /10 /octobre /2013 15:53

 

 

lemonde.fr

 

Journée de mobilisation en soutien aux militants de Greenpeace de l'"Arctic Sunrise"

Le Monde.fr avec AFP | 05.10.2013 à 04h36 • Mis à jour le 05.10.2013 à 12h30

 
 

 

 

Près de deux semaines après l'assaut de l'"Arctic Sunrise" par les services de sécurité russes, Greenpeace demande la libération des 30 membres de l'équipage.

 

 

Près de deux semaines après l'assaut du bateau de Greenpeace Arctic Sunrise par les services de sécurité russes, l'ONG internationale organise, samedi 5 octobre, une journée de mobilisation à Moscou et dans le monde pour demander la libération de ses 28 militants et deux journalistes emprisonnés en Russie.

L'ONG a annoncé un rassemblement à Moscou, au parc Gorki, ainsi que des piquets dans le centre-ville, avec notamment une tente installée devant le siège de Gazprom, qui doit être déplacée jusqu'au Kremlin et à la place Loubianka. Des rassemblements sont également prévus dans une quinzaine de villes françaises, mais également en Suède, aux Pays-Bas et en Argentine.

Greenpeace a, en outre, indiqué mercredi que plus d'un million de personnes, plus de 100 ONG et des personnalités telles que l'acteur britannique Ewan MacGregor et le chanteur de rock russe Iouri Chevtchouk, avaient signé un appel à libérer les militants. Mardi soir, quatre militants de Greenpeace avaient perturbé le début de la rencontre de Ligue des champions entre Bâle et Schalke en déployant une immense banderole hostile à Gazprom, un des parraineurs de la compétition.

 

 

Les militants de Greenpeace ont déployé une banderole en soutien aux militants de l'"Arctic Sunrise" pendant le match FC Basel contre FC Schalke, vendredi 4 octobre.

 

 

 

Les trente membres d'équipage ont été inculpés jeudi de "piraterie" et risquent jusqu'à quinze de prison pour pour une opération contre une plateforme pétrolière dans l'Arctique.

Lire l'entretien de Jean-Marc Thouvenin, professeur de droit international à l'université Paris X, pour qui l'inculpation de piraterie pourrait être remise en cause au motif que l'ONG n'a pas agi à des fins privées

Les membres de l'équipage, quatre Russes et 26 ressortissants de 17 autres pays (dont six Britanniques, deux Canadiens, un Américain et un Français) ont été placés en détention à Mourmansk et dans sa région à la suite de l'arraisonnement le 19 septembre en mer de Barents (Arctique russe) de l'Arctic Sunrise par un commando héliporté des garde-côtes russes. Auparavant, plusieurs d'entre eux avaient tenté d'escalader une plateforme pétrolière du géant russe Gazprom pour dénoncer le risque qu'elle fait selon eux courir à l'environnement.

Lire : Défiant Moscou, un brise-glace de Greenpeace part pour l'Arctique

 

 

 PROCÉDURE JURIDIQUE DES PAYS-BAS

A l'heure actuelle, seuls les Pays-Bas – l'Artic Sunrise battait pavillon néerlandais – ont pris position publiquement et demandé qu'ils soient relâchés. La Haye a en effet entamé vendredi une procédure juridique, estimant que l'arraisonnement du bateau et l'arrestation de l'équipage sont "illégaux" car les Russes auraient dû demander aux Pays-Bas la permission d'interpeller l'Arctic Sunrise.

Greenpeace a immédiatement "applaudi" la décision néerlandaise. "Les Pays-Bas ont pris une position ferme en vue de la défense de la loi et du droit à la protestation pacifique", a déclaré Jasper Teulings, avocat de Greenpeace, cité dans un communiqué.

La France a indiqué mercredi que les ambassades des autres pays concernés "se concertaient" sur le sujet. En France, 18 manifestations sont organisées dans tout le pays. Un rassemblement est notamment prévu à 14 heures place de la République, à Paris.

 

   

 

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4 octobre 2013 5 04 /10 /octobre /2013 18:10

 

rts.ch

 

L'initiative pour un revenu de base inconditionnel déposée à Berne

04.10.2013 15:04

 

Vidéo ici

 

 

Munie de plus de 125'000 signatures, l'initiative populaire pour garantir un revenu de base inconditionnel pour tous a été déposée vendredi à la Chancellerie fédérale.
Modèle proposé par les initiants
Les partisans de cette initiative, au nombre desquels on retrouve l'ancien vice-chancelier de la Confédération Oswald Sigg, postulent un revenu de 2500 francs par mois pour les adultes et de 625 francs pour les moins de 18 ans. Le coût de l'opération est estimé à 200 milliards de francs.

70 milliards seraient puisés dans les prestations sociales étatiques (AVS, AI, assurance chômage) dont le solde continuerait d'être versé à ceux qui en ont besoin.

Presque 130 milliards seraient couverts par les revenus provenant d'une activité lucrative.

Les quelques milliards restants pourraient être financés par les impôts ou par une réaffectation des deniers de l'Etat.
Pièces de 5 centimes déversées symboliquement
Pour marquer le coup, les initiants ont déversé huit millions de pièces de 5 centimes (une par habitant) sur la Place fédérale, soit l'équivalent de 400'000 francs. Ils entendaient prouver par cette action symbolique que "l'argent est là" en Suisse pour financer un revenu de base.

Les pièces, dont la plus grande partie a été récupérée, ont été commandées à la Banque nationale. Pour financer l'opération, le comité d'initiative a dû contracter un crédit.
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4 octobre 2013 5 04 /10 /octobre /2013 16:43

 

tempsreel.nouvelobs.com

 

 

Crise financière : un banquier repenti balance

 

Publié le 03-10-2013 à 18h51
Sophie Fay
Par 

Banquier pendant 37 ans, Jean-Michel Naulot tire la sonnette d’alarme : la dictature des marchés, plus dangereuse que jamais, règne toujours !

 

 

Jean-Michel Naulot, membre du Collège de l’Autorité des marchés financiers (AMF) : "On a fait semblant de réguler" (Bruno Coutier pour

Jean-Michel Naulot, membre du Collège de l’Autorité des marchés financiers (AMF) : "On a fait semblant de réguler" (Bruno Coutier pour

Attention, danger ! C’est l’avertissement que lance un ancien banquier, Jean-Michel Naulot, dans un essai virulent qui paraît ce jeudi : "Crise financière : pourquoi les gouvernements ne font rien" (Seuil). L’homme sait de quoi il parle. Il a derrière lui trente sept ans de carrière bancaire et dix ans de régulation financière. Depuis 2003, il siège au Collège de l’Autorité des marchés financiers (AMF), le gendarme de la Bourse. Il vient de démissionner de la Commission des marchés de cet organisme qu’il quittera définitivement en décembre. Objectif : retrouver sa liberté de parole pour dénoncer haut et fort ce qu’il appelle "la centrale nucléaire financière" et une "dictature des marchés, que les gouvernements font semblants de combattre, mais qu’en réalité, ils acceptent".

Les mesures des gouvernements sont insuffisantes

Pour lui, le constat est clair : depuis la faillite de la Banque Lehman, il y a cinq ans, les mesures qui ont été prises par les gouvernements pour encadrer la finance sont tellement insuffisantes (voir l'interview vidéo ci-dessous) que la machine est toujours aussi incontrôlable. Résultat, une crise financière encore plus violente peut terrasser les Etats, qui cette fois n’auront plus les moyens de se relever. Ils ont englouti toutes leurs marges de manœuvres à sortir les banques de la précédente crise et à tenter de relancer l’activité.


Crise financière : le cri d'alarme d'un ancien... par LeNouvelObservateur

Deux bombes plus menaçantes encore

La "centrale nucléaire de la finance" est aujourd’hui d’autant plus dangereuse, explique le banquier repenti, qu’elle fonctionne à proximité de deux bombes bien plus menaçantes encore que ce qu’étaient les crédits subprimes aux Etats-Unis il y a cinq ans.

La première, c’est l’énorme bulle financière que représente la dette américaine : cette dette n’a jamais été aussi importante, aussi risquée, et pourtant les taux d’intérêt sont bas. La politique accommodante de la banque centrale américaine au lieu de doper l’économie réelle file dans les "souterrains de la spéculation". Une situation dangereuse et difficile à gérer sur le plan politique comme le montre le "shutdown", la fermeture des services de l’Etat fédéral, qui vient de s’imposer au gouvernement de Barack Obama, faute d’argent.

La deuxième bombe, c’est l’euro. Même si le plus gros de la crise est derrière nous, les problèmes ne sont pas résolus. Et à la moindre crise politique, la défiance vis-à-vis de la monnaie unique peut revenir. La crise politique italienne ne fait-elle pas resurgir les craintes de panique ? Qui peut assurer qu’une étincelle ne pourrait pas remettre le feu aux poudres ?

Les gouvernements ont capitulé devant les lobbys bancaires

Il est donc indispensable, dit et répète Jean-Michel Naulot, de prendre les mesures nécessaires pour enfin encadrer et limiter les capacités de la finance à spéculer et à transformer l’étincelle en catastrophe. "On peut, en deux ans, avec des mesures très simples, réduire la spéculation", assure l’ancien banquier, qui ne cache ni son amertume ni son inquiétude face à la lâcheté des gouvernements, qui ont capitulé dans leur volonté de réforme face aux lobbys bancaires. Lui qui est proche du commissaire européen Michel Barnier les a vu à l’œuvre et a mesuré toute leur influence auprès de leurs gouvernements nationaux, qui se font ensuite leur porte-parole à Bruxelles.

Il n’est d’ailleurs pas le seul ancien banquier à tirer la sonnette d’alarme. Son discours rejoint celui entonné par plusieurs "repentis de la finance". Ils sont d’autant plus virulents dans leur plaidoyer pour de vraies réformes qu’ils ont connu le système de l’intérieur et ne peuvent pas être trompés sur la réalité de son fonctionnement et de ses dangers.

> Lire le cri d'alarme des autres "repentis de la finance" dans le "Nouvel Observateur" qui paraît ce jeudi 3 octobre.

 


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29 septembre 2013 7 29 /09 /septembre /2013 16:26

 

rue89.com

 

Lettre ouverte 29/09/2013 à 12h32
Roms : lettre ouverte à Manuel Valls d’une ex-Roumaine devenue française

 

 

Notre riveraine Raluca, née en Roumanie, écrit au ministre de l’Intérieur qui, à force de confusions sur les Roms, lui porte « un réel préjudice au quotidien ».

Monsieur le ministre,

Vous avez déclaré, le 24 septembre, souhaiter dire la vérité aux Français sur les Roms. Votre constat du clivage réel entre le mode de vie des Roms et les attentes, voire les souhaits des citoyens sédentaires de France à leur égard, m’a semblé lucide et pertinent.

Il n’en est pas moins que j’ai été profondément choquée par la teneur de vos propos portant sur la solution que vous envisagiez apporter à ce problème précis, auquel la société et les autorités françaises sont confrontées.

Je doute, qui plus est, que la solution préconisée par vous soit réaliste ou favorable à la France sur le plan européen... ni qu’elle puisse être réellement appliquée, et encore moins suivie des effets escomptés, en l’occurrence la résolution du problème.

Est-ce donc là le discours de vérité annoncé par un membre du gouvernement, ministre de l’Intérieur ? Ou s’agit-il d’un message marketing et d’un nouveau positionnement du politicien Manuel Valls ?

 


Manuel Valls au ministère de l’Intérieur le 25 septembre 2013 (LCHAM/SIPA)

                                                                                                                                                                                                                             1 Le constat

 

En effet, vous avez déclaré que :

« Ces populations [roms, ndlr] ont des modes de vie extrêmement différents des nôtres [...]. C’est illusoire de penser qu’on réglera le problème des populations roms à travers uniquement l’insertion. »

C’est loin d’être faux, en effet. Les Roms s’affirment comme étant des nomades, des itinérants, toute une population (et un peuple à part entière), se plaçant résolument en marge d’un système reposant sur la sédentarité et s’adressant aux sédentaires.

Les Roumains, les Bulgares, les Grecs, les Hongrois, les Croates le savent bien, et depuis fort longtemps, ayant été confrontés à diverses difficultés de cohabitation avec les Roms sur leurs territoires.

Renouer avec l’histoire des Roms en France

Tout comme les Français, les Espagnols, et tant d’autres pays de l’Europe. Vous-même n’êtes pas sans savoir que, présente en Espagne depuis le XVe siècle, la communauté rom – qui est là-bas la plus grande en Europe occidentale avec 650 000 à 800 000 membres – affirme régulièrement (par le biais de ses porte-parole) n’avoir jamais pu trouver sa place dans la société ibérique.

Sous Franco, le code civil espagnol allait jusqu’à faire des Gitans des suspects potentiels. Relevons au passage que même les pires régimes totalitaires de l’Est européen, tout comme celui de Vichy en France ou celui de Franco en Espagne, n’ont pas été en mesure – malgré toutes les terribles et
regrettables dérives inhumaines pratiquées alors – d’intégrer les populations rom dans la société sédentaire.

Dois-je vous rappeler, monsieur Valls, le site du camp de concentration de Montreuil-Bellay, par exemple ?

De 1941 à 1945, la France vichyste a transformé ce lieu parmi d’autres en un camp pour « individus sans domicile fixe, nomades et forains, ayant le type romani » (des « romanichels au teint tanné » à sédentariser par la force). Ils étaient gitans, roms et tsiganes, nous apprend-on. Et pas « roumains » ou « bulgares ».

En 2010, les ruines de ce camp ont été déclarées « site protégé » par les autorités françaises, afin d’empêcher leur disparition et d’en faire un lieu de mémoire.

Pourquoi ne pas s’y rendre, monsieur Valls, afin de montrer publiquement une volonté préalable de renouer avec l’histoire des Roms en France, y compris en ses heures les plus sombres et les plus éprouvantes ?

Pas d’argent européen pour eux

 

Voir le document

(Fichier PDF)

 

Parlant « insertion des Roms en France » et fonds européens et français afférents, pourquoi ne pas préciser aussi clairement que possible aux Français, monsieur le ministre, que la France a perçu une enveloppe de crédits européens de 14,3 milliards d’euros de la part du Fonds européen de développement régional (Feder) et du Fonds social européen (FSE) pour l’ensemble de la période 2007-2013, soit plus que la Roumanie et la Bulgarie réunies ? (Chiffres extraits du rapport téléchargeable ci-contre de la Cour des comptes intitulé « L’Utilisation des crédits du Fonds social européen : des améliorations mais toujours une grande dispersion des actions ».)

Il n’en est pas moins que chaque pays décide, au sein de cette enveloppe globale de crédits, de la part qu’il consacre au FSE. Dans le cas de la France, cette part représente 5,4 milliards d’euros, au lieu de 7 milliards d’euros pour la programmation précédente.

Contrairement à d’autres pays, comme l’Espagne ou la Roumanie, la France n’a pas souhaité, qui plus est, attribuer des fonds spécifiquement aux Roms au sein de cette enveloppe. En revanche, l’un des « axes » du programme prévoyant la répartition du FSE en France est explicitement consacré à la lutte contre la discrimination, afin de favoriser l’inclusion et la cohésion sociale.

Au total, la France consacre 39% du FSE à cette priorité. « A titre de comparaison, selon les données fournies par la Commission, le Royaume-Uni en consacre 23%, l’Allemagne 20%, l’Italie 9% et l’Espagne 7% », peut-on lire dans le document de la Délégation générale à l’emploi et à la formation professionnelle (DGEFP) cité plus haut.

Pourtant, au vu des actions entreprises, pratiquement rien n’a été consacré par la France aux Roms sur ces fonds.

« Pas porteur politiquement », n’est-ce pas M. le ministre ?

Selon Morgan Garo, docteure en géopolitique et auteure de l’ouvrage « Les Roms, une nation en devenir ? » (éd. Syllepse, avril 2009), la faible utilisation des fonds européens en faveur des Roms en France s’explique par l’obligation d’identifier et de cofinancer les projets. Elle juge :

« Qui va cofinancer des projets destinés aux Roms ? Ce n’est pas porteur
politiquement. »

Se trompe-t-elle, monsieur le ministre ?

En foi de ces quelques chiffres et précisions, je vous serais réellement reconnaissante de veiller, monsieur le ministre, à ce que plus aucun membre des équipes du gouvernement ne s’autorise à affirmer aux Français que la Roumanie et la Bulgarie ont perçu « les » fonds européens pour l’intégration des Roms, et pas la France.

Ce serait une mystification tout à fait condamnable de l’électorat français, à l’opposé du vœu de vérité exprimé publiquement par vous sur ce dossier.

                                                                                                                                                                                                                             2 Votre solution

 

Vous avez aussi affirmé qu’« il n’y a pas d’autre solution que de démanteler ces campements progressivement et de reconduire [ces populations, ndlr] à la frontière », car « les Roms ont vocation à revenir en Roumanie ou en Bulgarie ».

La solution selon vous serait donc de les « déporter » massivement en déportant le problème et la charge de sa résolution ? Puis, les envoyer dans ces deux pays : pour combien de temps ? N’oublions pas que les Roms ne sont pas juste des « Roumains », ou des « Bulgares », mais un peuple européen
multiforme, pratiquant le nomadisme.

Présenter une telle solution aux Français, c’est les induire en erreur, les leurrer.

Leur vocation est le nomadisme

La vocation des Roms, pour reprendre votre propos, n’est pas de « revenir en tel ou tel pays ». Leur vocation est le nomadisme. Pas une sédentarisation forcée, d’avance vouée à l’échec – voire hautement condamnable – que ce soit en Roumanie, en Bulgarie, ou ailleurs.

Ces populations, ne l’oublions pas, avaient la possibilité de pratiquer une vie itinérante en franchissant les frontières (et elles étaient présentes sur le sol français) bien avant que certains pays de l’Est ne fassent partie de la CE.

Même Nicolae Ceausescu et ses sbires de sinistre mémoire n’ont pas été en mesure de les sédentariser durablement. Comment croire ne fut-ce qu’un moment qu’une fois renvoyés en Roumanie et en Bulgarie, les Roms deviendraient sédentaires et ne retourneraient pas aussitôt en France et ailleurs ?

Comment imaginer que la Roumanie d’après la chute du Mur pourrait et souhaiterait contraindre ces populations à un travail forcé et à une assignation à domicile ?

Un seul nom pour tous les Roms

Rappelons-nous aussi que les Roms s’appellent ainsi depuis peu (depuis le Congrès de l’Union rom internationale, qui s’est tenu à Londres en 1971, et qui a adopté le terme « Rom » pour désigner « toutes les populations du peuple rom »).

Avant, ils s’appelaient tsiganes, gitans, manouches... Un peuple multiculturel donc – sans pays et sans attache, sinon l’attachement au nomadisme, à
l’itinérance. Telles sont les revendications et telle est l’identité des Roms en Europe.

Et les Roms dans leur ensemble, fédérés depuis 1971, ont été entendus par la Commission européenne, pour laquelle dorénavant (je cite) :

« Le terme “Roms” fait référence à divers groupes d’individus qui se décrivent eux-mêmes comme roms, gitans, gens du voyage, manouches, ashkalis, sintis, etc. […]

En Europe, la population rom totalise entre 10 à 12 millions de membres, dont 6 millions au sein de l’UE. Les Roms représentent aujourd’hui la plus importante minorité ethnique de notre continent. La plupart des Roms sont citoyens de l’UE. »

Pourtant, cela fait un certain temps que nos décideurs politiques français, en usant de divers artifices et subterfuges, s’emploient à catégoriser le peuple rom présent sur le territoire français selon des critères d’origine, dans l’unique optique d’externaliser le « problème » afin de ne pas avoir à s’impliquer dans sa résolution.

Triangle tricolore pour nos « Roms de souche »

Pour nous en convaincre, penchons-nous sur un rapport rendu au Sénat par Michel Billout le 6 décembre 2012. Ce rapport est intitulé « L’Intégration des
Roms : un défi pour l’Union européenne et ses Etats membres ». Vous l’avez sans doute parcouru, monsieur le ministre.

D’emblée nous sommes avertis (je cite un extrait du préambule) :

« La question des gens du voyage français, en tant que tels, n’est pas abordée. En effet, même s’il s’agit de l’approche retenue tant par la Conseil de l’Europe que par la Commission européenne [et par les représentants des Roms, ndlr], la confusion ainsi entretenue entre ces deux catégories de populations paraît préjudiciable. […] les Gens du voyage sont, pour la plupart, des nationaux, tandis que les Roms sont, bien souvent, des migrants ; les deux groupes ne partagent pas toujours le même mode de vie, le nomadisme étant principalement l’apanage des gens du voyage. »

Ne préconiserait-t-on pas là, en quelque sorte, d’attribuer :

  • d’un côté, un semblant de triangle tricolore – réservé aux « nomades » français non externalisables, mais ayant été soumis toutefois à l’obligation de produire un carnet de circulation des gens du voyage abrogé fin 2012 car anticonstitutionnel, et un livret de circulation des gens du voyage demeuré obligatoire et toujours en vigueur ;
  • de l’autre côté, l’équivalent d’un triangle marron – réservé aux « migrants », aux expulsables, aux délocalisables… bref, à ceux qui n’auraient pas… quoi ? Le droit du sol pour eux ? L’origine ? Ou, peut-être, plus pragmatiquement, les moyens d’acquérir des caravanes et des voitures leur permettant de pratiquer le nomadisme tel que défini par Michel Billout, bien proche de la gravure d’Epinal ?

L’intégration des Roms présents sur le sol national serait donc, au vu de ce rapport, comme au vu de votre récente déclaration, un défi pour l’Union européenne et ses Etats membres… sauf pour la France, qui n’aurait à traiter qu’avec ses « Roms de souche », monsieur le ministre ?

Encore une fois, « Rom » est un terme désignant un peuple qui ne vient pas juste de Roumanie et de Bulgarie, monsieur le ministre, vous le savez fort bien, vous qui êtes né espagnol, avez grandi à Barcelone, et avez vraisemblablement du entendre parler du « Vacie de Séville », connu comme le plus grand et plus ancien bidonville rom de l’Europe.

Les Roms sont des gens nés en France, en Espagne, en Bulgarie, en Roumanie et dans tant d’autres pays. Souvent plusieurs pays pour la même famille rom, d’ailleurs.

Devrait-on aussi, prochainement, accepter la pratique du « découpage familial », monsieur le ministre, pour mieux renvoyer les Roms au bon « expéditeur » à travers l’Europe ?

Renvoyer les « intouchables » au Pendjab ?

En raisonnant par l’absurde, pourquoi ne pas les envoyer plus loin encore ? Européens depuis près de mille ans déjà, les Roms sont arrivés en Europe en migrant du nord de l’Inde (de la région du Sindh, couvrant une partie de l’actuel Pendjab pakistanais et indien), sans doute pour fuir la société brahmanique qui les rejetait comme « intouchables ».

Devrons-nous nous sentir une forte inclinaison brahmanique, monsieur le ministre, pour tenter de nous réjouir en vous entendant déclarer que les Roms migrants sont une fois encore à ranger dans la catégorie des « intouchables » et des « indésirables » ?

Devrons-nous peut-être, un jour, accepter la proposition de les renvoyer au Pendjab, en foi de leurs origines géographiques et ethniques supposées ?

Ce qui est certain, c’est qu’aucun Etat de droit ne devrait autoriser les Roms présents sur son territoire à briser les lois en vigueur. Et c’est à vous, monsieur le ministre de l’Intérieur, de vous assurer que la loi soit constamment et en tous points connue et respectée par ces populations sur le territoire de la France.

Cela réduirait rapidement et de manière appréciable le clivage manifeste et
croissant entre sédentaires et Roms sur le territoire français.

Vous me portez un réel préjudice au quotidien

Il est aussi un autre problème que je souhaite vous exposer, monsieur le ministre. Je suis française née en Roumanie et je suis totalement intégrée en France, qui est mon seul pays. Je ne suis pas rom, pas plus que la grande majorité des Français d’origine roumaine, ou la très grande majorité de la
population de la Roumanie. En Roumanie, les Roms sont une minorité, comme en France.

En entretenant sciemment, vous aussi, une confusion voulue entre Roms d’un côté, et Roumains et Français d’origine roumaine de l’autre, au point de semer le trouble dans l’esprit des Français, vous me portez un réel préjudice au quotidien.

Tout comme vous portez préjudice à l’ensemble des Roms dont je ne fais pas partie – et qui peuvent prétendre à des solutions adaptées à leur situation, à
leurs souhaits et à leurs aspirations.

Pour paraphraser le rapport au Sénat déjà cité, « la confusion ainsi entretenue entre ces deux catégories de populations paraît préjudiciable ». Et je ne peux que vous tenir coresponsable de cette situation dorénavant.

J’aurais, enfin, deux questions plus personnelles à vous soumettre, monsieur le ministre :

  • expulserez-vous prochainement les Roms d’Espagne présents sur le territoire français, s’ils ne s’intègrent pas ou ne s’adaptent pas très rapidement ?
  • Que ressentirez-vous, vous qui êtes mi-espagnol et mi-suisse, né à Barcelone et naturalisé français à l’âge de 20 ans, si l’on se mettait à confondre sciemment, tant dans la presse que dans les discours des personnalités politiques et des membres du gouvernement, les Espagnols et les Français d’origine espagnole avec les Roms d’Espagne, autrefois appelés gitans ? Réaliserez-vous alors, tout comme moi maintenant, que « la confusion ainsi entretenue entre ces deux catégories de populations paraît préjudiciable », tant dans vos rapports sociaux que professionnels ?

Dans l’attente de vos réponses, je vous prie d’agréer, monsieur le ministre, l’expression de mes salutations les plus sincères.

MERCI RIVERAINS ! Enki
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29 septembre 2013 7 29 /09 /septembre /2013 14:27

 

 

mediapart.fr

Au Maroc, manifestations contre l'incarcération d'un journaliste

|  Par Ilhem Rachidi

 


Pour avoir fait un lien renvoyant à une vidéo d’Al Qaïda menaçant le Maroc, le journaliste Ali Anouzla, du site indépendant Lakome, est incarcéré pour « incitation au terrorisme ». Il risque jusqu'à 20 ans de prison. Correspondance au Maroc.

 

 Rabat, Maroc, correspondance

« Anouzla est journaliste, pas terroriste ! », « Pourquoi ils t’ont arrêté, Ali ? Parce que tu dis la vérité ! », « Tous solidaires avec Ali Anouzla ! » Ils étaient plusieurs centaines à être venus ce jeudi devant le parlement marocain dénoncer l’inculpation du journaliste Ali Anouzla pour « incitation au terrorisme ». Connu pour ses éditoriaux critiques envers le pouvoir, le directeur de la version arabophone du journal électronique indépendant Lakome est poursuivi pour avoir publié un lien renvoyant à une vidéo d’Al Qaïda menaçant le Maroc.

Manifestation en faveur de journaliste Anouzla à Rabat  
Manifestation en faveur de journaliste Anouzla à Rabat © IR

Avocats, journalistes, acteurs associatifs, artistes et quelques personnalités politiques se sont réunis à Rabat pour appeler à sa libération et à l’abandon des charges qui pèsent contre lui. À Tanger aussi, une manifestation a rassemblé quelques dizaines de personnes. Pour la militante du Mouvement du 20 Février et de l’Association marocaine des droits humains (AMDH) Kamilia Raouyane, « le pouvoir essaie de se venger de lui en lui collant une affaire de terrorisme ».

Mardi soir, après une garde à vue d’une semaine, Anouzla était présenté devant un juge d’instruction et poursuivi pour apologie du terrorisme, incitation au terrorisme et assistance matérielle. Il a ensuite été transféré à la prison de Salé, où sont généralement détenus les prisonniers condamnés pour terrorisme. Il est poursuivi en vertu de la loi antiterroriste de 2003 et, d'après son avocat, risque jusqu’à 20 ans de prison.

Dans un article évoquant une menace terroriste contre le Maroc, Anouzla a partagé le lien d’une vidéo d’Al Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI) qui appelait au Jihad – tout en précisant qu’il s’agissait de propagande – disponible sur un blog du journal espagnol El País, et retirée depuis. La version francophone du site Lakome a publié cette vidéo, mais son directeur, Aboubakr Jamaï, n’a pour l’instant pas été inquiété. Contacté par téléphone le lendemain de l’annonce des poursuites, Aboubakr Jamaï se disait « abasourdi »  par les chefs d’accusation retenus contre son confrère.

Selon l’avocat d’Anouzla, Me Abderrahim Jamaï, le fait que son client soit accusé selon la loi antiterroriste est « scandaleux » et « aberrant ». « C’est un procès d’opinion. Quand on fait un procès à un journaliste, c'est la liberté d’expression qui est menacée, affirme-t-il. Il s’agit de quelqu’un qui n’a commis aucun acte matériel. Quand on cherche coté matériel, on trouve un site électronique, des analyses. »

Depuis l’inculpation d’Anouzla, la mobilisation s’est nettement intensifiée. Ce samedi, des sites d’information électroniques (Lakome bien sûr et aussi Yabiladi, Mamfakinch, Onorient, Telquel), ainsi que des blogueurs connus (Larbi.org, docteurho.com, mounirbensalah.org, excepmag.com, mdd.ma, sniper.ma, transportmaroc.wordpress.com, carnetdebeur.com, mcherifi.org, thesanae.com) ont lancé une opération blackout Internet. Elle a été aussi suivie sur Facebook et Twitter.

Vendredi 27 septembre, 56 journalistes marocains établis à l’étranger ont entamé une grève de la faim. Sur les réseaux sociaux, des journalistes du monde entier ont publié leur photo appelant à sa libération. De nouveaux rassemblements sont aussi prévus à l’étranger, à Montréal ce samedi, et à Lille le 1er octobre.

Un signal contre la presse libre

 

Le journaliste Ali Anouzla 
Le journaliste Ali Anouzla

Déjà, au lendemain de l’arrestation d’Anouzla, une centaine de manifestants s’étaient réunis devant la brigade nationale de police judiciaire, où Anouzla était maintenu en garde à vue. Puis, une manifestation s'était déroulée devant le ministère de la justice à Rabat. Sur la toile, de nombreux internautes ont exprimé leur colère et leur stupéfaction. « Nous assistons à l'assassinat de la presse libre marocaine », écrivait le twitto @Vi_Ninua. D’autres ont envoyé des lettres de protestation et inondé de SMS les messageries du ministre de la justice Mustapha Ramid et du ministre de la communication et porte-parole du gouvernement Mustapha El Khelfi.

La mobilisation a rapidement dépassé les frontières marocaines. « La rapidité et la détermination avec laquelle les plus grandes ONG de défense des droits de l'Homme et de liberté de la presse se sont mobilisées pour Ali est exceptionnelle. Au Maroc aussi, il y a un vrai élan en faveur d'Ali », souligne Jamaï. Amnesty International, Human Rights Watch, ainsi que le Committee to Protect Journalists et Reporters sans Frontières ont appelé les autorités marocaines à libérer Anouzla.  

Au Maroc, les soutiens parmi la classe politique et les médias traditionnels ont été jusqu'ici plutôt timides. Plus inquiétant, des membres éminents de partis politiques estiment justifiée la détention d’Anouzla. Le ministre de la communication et porte-parole du gouvernement Mustapha El Khlefi a même publié un communiqué à l'adresse des organisations qui soutiennent Anouzla. Il n’a répondu ni aux appels ni aux messages laissés par Médiapart. Le ministre de la justice Mustapha Ramid s’est refusé à tout commentaire. « Je ne veux rien dire ni me prononcer, je ne veux pas commenter une instruction en cours », a-t-il déclaré au téléphone. Il était pourtant de ceux qui s’étaient farouchement opposés à l’adoption de la loi antiterroriste il y a 10 ans. Alors avocat, il défendait de nombreux islamistes accusés d’être impliqués dans les attentats perpétrés en mai 2003 à Casablanca.

Ce n’est pas la première fois qu’Anouzla a des démêlés avec la justice marocaine. En 2009, il était déjà poursuivi et condamné à un an avec sursis pour avoir publié de « fausses informations » sur la santé du roi Mohamed VI. Son journal, Al Jarida El Oula, disparaîtra.
 
En juin, il s’interrogeait sur les longues absences à l’étranger du roi. Le mois dernier, il lançait ce qui allait devenir le scandale du Danielgate – la grâce royale d’un pédophile espagnol condamné à 30 ans de détention pour le viol de 11 enfants –  et évoquait la responsabilité du conseiller et proche du roi, Fouad Ali El Himma, dans ce scandale. Son dernier éditorial était consacré à l’Arabie saoudite. Il y dénonçait les efforts du royaume pour freiner tout effort de démocratisation dans le monde arabe.

 

Sur la pancarte : « Vous avez libéré Daniel et vous avez emprisonné Anouzla ! »  
Sur la pancarte : « Vous avez libéré Daniel et vous avez emprisonné Anouzla ! » © IR

Pour de nombreux journalistes indépendants, le message est clair. Le pouvoir tente d’éliminer la presse électronique indépendante, à défaut de ne pouvoir la domestiquer, comme il a pu le faire avec la presse traditionnelle.

Le journaliste Rachid El Belghiti du site d’information Hespress redoute que certains de ses confrères « ne fassent marche arrière », même si lui ne changera pas « sa façon de travailler ». « Ça fait vraiment peur, c’est mauvais signe. Ça veut dire que nous sommes dans un pays qui recule », regrette-t-il. « Ali Anouzla, c’est une école, j’ai beaucoup appris avec lui. C’est aussi un ami. Je connais ses valeurs humaines. C’est inacceptable de mettre un journaliste dans une cellule et le poursuivre en se basant sur la loi antiterroriste. Ça n’arrive plus, même dans les pays de dictature militaire. »

Le journaliste Imad Stitou dénonce des accusations « fantaisistes ». « Anouzla n’a fait que son travail », dit-il. D’après lui, cette arrestation est un retour à l’ère du Maroc de Hassan II. Un recul, qui risque de changer sa façon – et celle de ses confrères, d’après lui – de pratiquer le journalisme. « On commence à penser aux lignes rouges, de plus en plus nombreuses. »

De plus en plus de « lignes rouges »

Ces dernières années, le pouvoir marocain a progressivement étouffé la presse indépendante. Les sujets à aborder avec des pincettes demeurent les mêmes : la situation au Sahara, l’Islam, la monarchie ou l’entourage royal. Plusieurs publications indépendantes ont mis la clef sous la porte après des condamnations judiciaires, mais surtout à cause des boycotts publicitaires. C’est le cas du Journal hebdomadaire et de Nichane, disparus des kiosques en 2010.

« Ali est aussi, et probablement surtout, le cofondateur d'un média réellement indépendant qui expose et qui perpétue le genre de journalisme libre d'Al Jarida Al Oula et du Journal hebdomadaire », explique Jamaï. « Il y a un effet mirage lorsque vous vous mettez devant un kiosque marocain, poursuit-il. La diversité quantitative est réelle, mais si vous vous intéressé à ce sujet essentiel : qui sont ceux qui exercent le pouvoir et comment ils l'exercent, alors le désert éditorial apparaît. L'uniformité est alors déprimante. »


Manifestation à Rabat en faveur de journaliste Anouzla
Manifestation à Rabat en faveur de journaliste Anouzla © IR

Cette affaire ne suscite pas d’inquiétude uniquement chez les journalistes. Le rappeur Mouad Belghouate, alias L7a9d, était présent lors des manifestations. Il a passé quatre mois puis un an en détention pour une supposée bagarre et une chanson qui avait déplu à la police. Mais d’après ses soutiens, il a été incarcéré pour ses raps irrévérencieux envers le pouvoir dans lesquels il va jusqu’à critiquer le roi. « Je suis en colère. Anouzla est l’un des rares journalistes qui ne tient pas compte des lignes rouges. Le peu de liberté d’expression que nous avons, ils veulent nous la réduire. »

 

 

 

 


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28 septembre 2013 6 28 /09 /septembre /2013 15:08

 

lejournaldabbeville.fr

 

 

Drucat Flash: 800 manifestants sur la ferme des 1000 vaches

La confédération paysanne, les Élus verts (EELV), Pascal Durand en tête, il y a du monde au Plessiel.

Dernière mise à jour : 28/09/2013 à 16:19

 


 
 
 

 

Pascal Durand, président d’Europe écologie les verts, est aux côtés de la Confédération paysanne , déjà présente le 17 septembre pour un raid nocturne (video) et des adhérents de Novissen et des habitants de Drucat pour dénoncer le projet de ferme des 1000 vaches.

EELV.jpg

Les manifestants étaient, pour la plupart, déguisés en vache.

La confédération paysanne état fortement représentée.

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Drucat, France
leredacchef
                                                                                             ***********************
L'étable des multiplications

LE MONDE | 28.09.2013 à 11h32 • Mis à jour le 28.09.2013 à 14h57 | Par Laurence Girard

 
 
Dans la Somme, le projet de l'entreprise Ramery prévoit d'accueillir un millier de vaches laitières. Une rupture avec le modèle français d'élevage.

La ferme des 1 000 vaches commence à sortir de terre. A Buigny-Saint-Maclou, près d'Abbeville, dans la Somme, au coeur d'une large plaine céréalière et betteravière, un premier hangar pour stocker la paille est déjà construit. Suivra l'étable géante de 234 mètres de long abritant les fameuses 1 000 laitières. Mais aussi des bâtiments pour les 750 génisses (vaches qui n'ont pas encore vêlé) et pour les veaux. Si tout se déroule comme prévu pour les promoteurs du projet, la première traite du plus grand troupeau de France pourra se dérouler en avril 2014. Un méthaniseur d'1,5 megawatt viendra compléter le dispositif en 2015.

Pour suivre l'avancée des travaux, il suffit de se connecter sur le site Internet de Novissen (Nos villages se soucient de leur environnement). Photos et vidéos prises par les membres de cette association montrent le ballet des camions et tractopelles sur les 2 hectares du chantier. Mais aussi l'inlassable mobilisation de ce groupement depuis près de deux ans, contre cette "ferme-usine", comme il la qualifie. D'Abbeville à Bruxelles, d'Amiens à Paris, du Salon de l'agriculture au ministère de l'environnement, Novissen ne cesse de dire non.

Samedi 28 septembre à 14 heures, l'association et ses 2 000 adhérents avaient prévu de manifester une nouvelle fois leur opposition près de la future plus grande ferme française de vaches laitières. Son mot d'ordre : "Halte aux travaux. Exigeons l'abandon total du projet [de la société] Ramery". Un troupeau de 1 000 vaches devait accompagner la mobilisation. Beaucoup de riverains soucieux de leur environnement sont prêts à répondre à l'appel. Mais aussi la Confédération paysanne, qui dénonce "l'industrialisation de l'agriculture". Ce syndicat agricole avait déjà mené une opération coup-de-poing, le 12 septembre, sur le chantier, puis au siège de la société Ramery, à Erquinghem-Lys (Nord).

 APPROCHE LIBÉRALE DE L'AGRICULTURE

La ferme des 1 000 vaches est devenue un symbole. Et la crispation qui accompagne son avancement est à la hauteur des tensions qui secouent le monde agricole. Alors que le ministre de l'agriculture, Stéphane Le Foll, vient de lancer la concertation sur son projet de loi d'avenir et s'apprête à donner les nouvelles clés de répartition des 7 milliards d'euros de crédits alloués chaque année par Bruxelles aux agriculteurs, les interrogations sur le modèle agricole français se font pressantes.

D'autant qu'au fil des années, l'Europe a opté pour une approche libérale de l'agriculture. Début 2015, les quotas laitiers auront vécu. La disparition de cet outil de régulation inquiète des éleveurs. La France a la particularité de posséder un tissu encore dense de fermes laitières familiales enracinées dans de nombreuses régions. L'élevage laitier, qui est souvent la seule activité agricole possible en montagne, emploie d'ailleurs aujourd'hui le plus d'agriculteurs. Combien seront-ils demain ?

La ferme des 1 000 vaches est en rupture totale - et elle le revendique - avec ce modèle français d'élevage familial où la moyenne des troupeaux n'excède pas 50 à 80 bovins. Rupture de par l'origine de son promoteur, Michel Ramery, un entrepreneur du Nord qui a bâti dans sa région un groupe de BTP d'envergure, avec un chiffre d'affaires de 541 millions d'euros en 2012 et 3 550 salariés. Le magazine Challenges classe M. Ramery et sa famille, propriétaires de 100 % de l'entreprise, au 349e rang des fortunes françaises, avec un capital estimé à 120 millions d'euros.

 "LAIT POSITIF"

Le patron nordiste, qui possède une exploitation dans la Somme, est le seul gérant de la société civile d'exploitation agricole Côte de la justice qui porte le projet de la ferme des 1 000 vaches. Il s'est associé en 2009 à trois producteurs de lait au sein d'une société civile laitière baptisée Lait Pis Carde pour mettre en commun leurs quotas laitiers et constituer progressivement le futur cheptel. Deux autres producteurs l'ont rejoint en 2013. Ils gèrent désormais dans cette structure commune 300 vaches. Leur production de 2,8 millions de litres de lait est livrée à Senagral, filiale commune au fabricant de produits laitiers Senoble et à la coopérative Agrial.

Autre rupture : pour gérer cette structure d'élevage et piloter l'installation de la future ferme, M. Ramery a recruté un chef de projet salarié, Michel Welter, et des employés. Enfin, les promoteurs du projet, qu'ils appellent, eux, "lait positif", sont allés chercher leur inspiration hors des frontières. Des Etats-Unis à l'Allemagne, en passant par l'Espagne ou Israël. Sachant que l'Allemagne, où les fermes de 1 000 vaches sont légion, produit désormais plus de lait que la France.

De retour de leurs pérégrinations, ils ont dessiné le modèle de leur future étable géante. Les 1 000 vaches seront cantonnées dans un bâtiment ouvert, juste couvert d'un toit. Des stores mobiles protégeront les bêtes des intempéries.

La traite, automatisée, mais pas robotisée, aura lieu trois fois par jour, contre deux habituellement en France. Le recours à des salariés autorise ce rythme intensif. "La production de lait passera de 9 000 à 11 500 litres par an et par bête" assure Philippe Beauchamps, président du directoire du groupe Ramery, qui chiffre l'investissement pour la ferme à 6 millions d'euros.

QUE FAIRE DES RÉSIDUS ORGANIQUES ISSUS DU MÉTHANISEUR ?

Le projet de méthaniseur est, lui, indépendant de la ferme, même s'il traitera son lisier. Il est géré directement par Ramery Environnement, filiale du groupe de BTP. La société connaît ce métier de valorisation des déchets, qu'ils soient agricoles, ménagers ou industriels. Elle a décroché, il y a quatre ans, avec Dalkia, un contrat de délégation de service public auprès de Lille Métropole, pour la collecte et la valorisation des déchets urbains.

Le méthaniseur installé à Ducrat, commune limitrophe à Buigny-Saint-Maclou, sera l'un des plus puissants du secteur agricole. L'investissement est de 6 millions d'euros. "Le rachat de l'électricité par EDF rapportera 1,2 million d'euros par an", affirme M. Beauchamps. La revalorisation des tarifs auxquels EDF est obligé de racheter l'électricité rend ce type d'investissement attractif. Ramery Environnement est d'ailleurs en pourparlers pour un autre méthaniseur, qui traiterait, cette fois, des déchets de pêche.

Reste un problème de taille : que faire du "digestat", les résidus organiques chargés d'azote produits par le méthaniseur ? Il faut avoir une surface agricole suffisante pour l'épandre. Si le permis de construire a bien été accordé par arrêté préfectoral en mars 2013 pour l'ensemble du projet, le droit d'exploitation est limité pour l'instant à un troupeau de 500 vaches. Une limitation qui correspond à la superficie des contrats d'épandage signés avec les agriculteurs, soit 1 500 hectares. L'entreprise de M. Ramery souhaite convaincre d'autres céréaliers de signer pour atteindre les 3 000 hectares nécessaires.

EMPÊCHER LE ROULEAU COMPRESSEUR

L'association Novissen tente de ralentir le rouleau compresseur de l'entreprise de BTP Ramery qui construit la ferme de son patron. En mai, elle a déposé un recours auprès du préfet de la Somme contre le permis de construire. Puis le 6 septembre, une requête en excès de pouvoir auprès du tribunal administratif d'Amiens. "La préfecture refuse de nous donner le plan du projet malgré l'accord de la commission d'accès aux documents administratifs" dit Michel Kfoury, président de Novissen qui met en avant l'impact sur la santé, l'eau et l'environnement du projet.

"Pour nous, le problème n'est pas le nombre de vaches, c'est celui du modèle d'agriculture. Il n'est pas celui d'un industriel qui crée une usine à faire de l'argent. La passion de 95 % des éleveurs c'est l'élevage, pas la rentabilité des capitaux", dit André Bonnard, de la Fédération nationale des producteurs de lait, branche laitière du syndicat FNSEA.

Laurence Girard
Journaliste au Monde


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27 septembre 2013 5 27 /09 /septembre /2013 16:08

 

mediapart.fr

 

Pussy Riot. Lettre du camp 14 de Mordovie

|  Par La rédaction de Mediapart

 

 

« Il faut lire ce texte », dit André Markowicz, qui présente pour Mediapart, dans sa version intégrale, la lettre de Nadedja Tolokonnikova, cette jeune femme des Pussy Riot emprisonnée en Mordovie, lettre écrite juste avant d'entamer une grève de la faim le 23 septembre.

 

Le 23 septembre, Nadedja Tolokonnikova, l’une des jeunes femmes du groupe Pussy Riot, a entamé une grève de la faim pour protester contre les terribles conditions de détention dans le camp de Mordovie où elle a été envoyée pour deux ans. Juste avant, via son avocat, elle a fait passer un texte.

J'ai lu ce texte en russe – et j'ai été saisi. Saisi par les conditions de vie des prisonnières. Saisi par la description du système de répression en tant que tel. Saisi aussi par la grandeur de la personne qui écrit cela. La langue de Nadejda Tolokonnikova est une langue russe d'une pureté, d'une force, d'une précision qui s'illuminent de la grande tradition humaniste de la Russie – de cette tradition qui fait que la Russie, quelles que soient les horreurs de son histoire, est source de lumière – la tradition de la « Maison morte » de Dostoïevski, celle de Herzen, celle de Tchekhov, et celle de tous les écrivains du Goulag. Un souci de la précision, une précision impitoyable, et le sentiment constant d'être non pas « responsable » pour les autres, mais lié aux autres, d'une façon indissociable. C'est cette tradition qui fait dire à Anna Akhmatova, dans son exergue de Requiem :
« J'étais alors avec mon peuple
Là où mon peuple, par malheur, était. »

Nadejda Tolokonnikova parle pour elle-même, et parlant pour elle-même, elle parle avec les autres – elle parle pour nous, et nous donne confiance. Il faut lire ce texte. Il faut le lire.

André Markowicz


(lire également la boîte noire de cet article à propos d'André Markowicz)


 

Nadedja Tolokonnikova dans le camp de Mordovie, il y a quelques mois. 

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Ce lundi 23 septembre, j’entame une grève de la faim. C’est une méthode extrême, mais je suis absolument certaine que, dans la situation où je me trouve, c’est la seule solution.

La direction de la colonie pénitentiaire refuse de m’entendre. Mais je ne renoncerai pas à mes revendications, je n’ai pas l’intention de rester sans rien dire et de regarder sans protester les gens tomber d’épuisement, réduits en esclavage par les conditions de vie qui règnent dans la colonie. J’exige le respect des droits de l’homme dans la colonie, j’exige le respect des lois dans ce camp de Mordovie. J’exige que nous soyons traitées comme des êtres humains et non comme des esclaves.

Voici un an que je suis arrivée à la colonie pénitentiaire n°14 du village de Parts. Les détenues le disent bien « Qui n’a pas connu les camps de Mordovie n’a pas connu les camps tout court». Les camps de Mordovie, j’en avais entendu parler alors que j’étais encore en préventive à la prison n°6 de Moscou. C’est là que le règlement est le plus sévère, les journées de travail les plus longues, et l’arbitraire le plus criant. Quand vous partez pour la Mordovie, on vous fait des adieux comme si vous partiez au supplice. Jusqu’au dernier moment chacune espère – « peut-être, quand même, ce ne sera pas la Mordovie ? Peut-être que j’y échapperai ? »  Je n’y ai pas échappé, et à l’automne 2012 je suis arrivée dans cette région de camps sur les bords du fleuve Parts.

La Mordovie m’a accueillie par la voix du vice-directeur en chef du camp, le lieutenant-colonel Kouprianov, qui exerce de fait le commandement dans la colonie n°14 : « Et sachez que sur le plan politique, je suis un staliniste.» L’autre chef (ils dirigent la colonie en tandem), le colonel Koulaguine, m’a convoquée le premier jour pour un entretien dont le but était de me contraindre à reconnaître ma faute. « Il vous est arrivé un malheur. C’est vrai, non? On vous a donné deux ans de camp. D’habitude, quand il leur arrive un malheur, les gens changent leur point de vue sur la vie. Vous devez vous reconnaître coupable pour avoir droit à une libération anticipée. Si vous ne le faites pas, il n’y aura pas de remise de peine. »

J’ai tout de suite déclaré au directeur que je n’avais l’intention d’effectuer que les huit heures de travail quotidiennes prévues par le Code du Travail. « Le Code du Travail, c’est une chose, mais l’essentiel, c’est de remplir les quotas de production. Si vous ne les remplissez pas, vous faites des heures supplémentaires. Et puis, on en a maté des plus coriaces que vous, ici ! », m’a répondu le colonel Koulaguine.

Toute ma brigade à l’atelier de couture travaille entre 16 et 17 heures par jour. De 7.30 à minuit et demie. Dans le meilleur des cas, il reste quatre heures de sommeil. Nous avons un jour de congé toutes les six semaines. Presque tous les dimanches sont travaillés. Les détenues déposent des demandes de dérogation pour travailler les jours fériés, « de leur propre initiative », selon la formule employée. En réalité, bien entendu, c’est tout sauf leur initiative, ces demandes de dérogation sont écrites sur l’ordre de la direction du camp et sous la pression des détenues qui relaient la volonté de l’administration.

Personne n’ose désobéir (refuser d’écrire une demande d’autorisation à travailler le dimanche, ne pas travailler jusqu’à une heure du matin). Une femme de 50 ans avait demandé à rejoindre les bâtiments d’habitation à 20 heures au lieu de minuit, pour pouvoir se coucher à 22h et dormir huit heures ne serait-ce qu’une fois par semaine. Elle se sentait mal, elle avait des problèmes de tension. En réponse, il y a eu une réunion de notre unité où on lui a fait la leçon, on l’a insultée et humiliée, on l’a traitée de parasite. « Tu crois que tu es la seule à avoir sommeil? Il faudrait t’atteler à une charrue, grosse jument ! » Quand le médecin dispense de travail une des femmes de la brigade, là encore, les autres lui tombent dessus : « Moi je suis bien allée coudre avec 40 degrés de température ! Tu y as pensé, à qui allait devoir faire le travail à ta place ? »

A mon arrivée, j’ai été accueillie dans ma brigade  par une détenue qui touchait à la fin de ses neuf ans de camp. Elle m’a dit : « Les matons ne vont pas oser te mettre la pression. C’est les taulardes qui le feront pour eux.» Et en effet, le règlement est pensé de telle façon que ce sont les détenues qui occupent les fonctions de chef d’équipe ou de responsable d’unité qui sont chargées de briser la volonté des filles, de les terroriser et de les transformer en esclaves muettes.

Pour maintenir la discipline et l’obéissance dans le camp, il existe tout un système de punitions informelles: « rester dans la cour jusqu’à l’extinction des feux » (interdiction d’entrer dans les baraquements, que ce soit l’automne ou même l’hiver – dans l’unité n°2, celle des handicapées et des retraitées, il y a une femme à qui on a amputé un pied et tous les doigts des mains : on l’avait forcée à passer une journée entière dans la cour — ses pieds et ses mains avaient gelés), « barrer l’accès à l’hygiène » (interdiction de se laver et d’aller aux toilettes), « barrer l’accès au cellier et à la cafétéria » (interdiction de manger sa propre nourriture, de boire des boissons chaudes). C’est à rire et à pleurer quand une femme de 40 ans déclare « Allons bon, on est punies aujourd’hui ! Est-ce qu’ils vont nous punir demain aussi, je me demande ? » Elle ne peut pas sortir de l’atelier pour faire pipi, elle ne peut pas prendre un bonbon dans son sac. Interdit.

******

Obsédée par le sommeil, rêvant juste d’une gorgée de thé, la prisonnière exténuée, harcelée, sale devient un matériau docile à la merci de l’administration, qui ne voit en nous qu’une main-d’œuvre gratuite. En juin 2013, mon salaire était de 29 roubles (moins d’un euro !). Alors que la brigade produisait 150 uniformes de policier par jour. Où passe le produit de la vente de ces uniformes?

"Non mais tu te crois où ? C'est la Russie, ici, non ?"

A plusieurs reprises, le camp a touché des subsides pour changer complètement les équipements. Mais la direction s’est contentée de faire repeindre les machines à coudre par les détenues elles-mêmes. Nous devons coudre sur des machines obsolètes et délabrées. D’après le Code du Travail, si l’état des équipements ne correspond pas aux normes industrielles contemporaines, les quotas de production doivent être revus à la baisse par rapport aux quotas-type du secteur. Mais les quotas de production ne font qu’augmenter. Par à-coup et sans prévenir.

« Si on leur montre qu’on peut faire 100 uniformes, ils vont placer la barre à 120 ! », disent les ouvrières expérimentées. Or, on ne peut pas ne pas les faire – sinon toute l’équipe sera punie, toute la brigade. Elle sera obligée, par exemple, de rester plusieurs heures debout sur la place d’armes. Avec interdiction d’aller aux toilettes. Avec interdiction de boire une gorgée d’eau.

 

La colonie pénitentiaire no 14 où est détenue Nadedja Tolokonnikova 
La colonie pénitentiaire no 14 où est détenue Nadedja Tolokonnikova© DR

Voici deux semaines, le quota de production pour toutes les brigades de la colonie pénitentiaire a été arbitrairement augmenté de 50 unités. Si avant la norme était de 100 uniformes par jour, maintenant elle est de 150. D’après le Code du Travail, les travailleurs doivent être prévenus des changements de quotas de production au moins deux mois à l’avance. Dans la colonie n°14, nous nous réveillons un beau jour avec un nouveau quota, parce que c’est venu à l’idée de nos « marchands de sueur », c’est comme ça que les détenues ont surnommé la colonie. L’effectif de la brigade baisse (certaines sont libérées ou changent de camp), mais les quotas de production augmentent, et celles qui restent travaillent de plus en plus dur.

******

Les mécaniciens nous disent qu’ils n’ont pas les pièces détachées nécessaires aux réparations, et qu’il ne faut pas compter dessus : « Quand est-ce qu’on va les recevoir ? Non mais tu te crois où pour poser des questions pareilles ? C’est la Russie, ici, non ?! »

En quelques mois à la fabrique de la colonie, j’ai pratiquement appris le métier de mécanicien. Par force et sur le tas. Je me jetais sur les machines le tournevis à la main, dans une tentative désespérée de les réparer. Tes mains ont beau être couvertes de piqûres d’aiguilles, d’égratignures, il y a du sang partout sur la table, mais tu essaies quand même de coudre. Parce que tu es un rouage de cette chaîne de production, et, ta part de travail, il est indispensable que tu la fasses aussi vite que les couturières expérimentées. Et cette fichue machine qui tombe tout le temps en panne !

Comme tu es la nouvelle, et vu le manque d’équipements de qualité au camp, c’est toi, bien sûr, qui te retrouves avec le pire moteur de la chaîne. Et voilà que le moteur tombe de nouveau en panne, tu te précipites à la recherche du mécanicien (qui est introuvable), les autres te crient dessus, t’accusent de faire capoter le plan, etc. Aucun apprentissage du métier de couturière n’est prévu dans la colonie. On installe la nouvelle à son poste de travail et on lui donne une tâche.

« Tu ne serais pas Tolokonnikova, ça fait longtemps qu’on t’aurait réglé ton compte » - disent les détenues qui sont en bons termes avec l’administration. Et en effet, les autres prennent des coups. Quand elles sont en retard dans leur travail. Les reins, le visage. Ce sont les détenues elles-mêmes qui frappent, mais pas de passage à tabac dans la colonie qui ne se produise sans l’aval de l’administration. Il y a un an, avant mon arrivée, on a battu à mort une tsigane dans l’unité n°3 (l’unité n°3 est l’unité punitive, c’est là que l’administration envoie celles qui doivent subir des passages à tabac quotidiens). Elle est morte à l’infirmerie de la colonie n°14. Qu’elle soit morte sous les coups, l’administration a réussi à le cacher : ils ont inscrit comme cause du décès une attaque cérébrale.

Dans une autre unité, les nouvelles couturières, qui n’arrivaient pas à remplir la norme, ont été forcées de se déshabiller et de travailler nues. Personne n’ose porter plainte auprès de l’administration, parce que l’administration te répondra par un sourire et te renverra dans ton unité, où, pour avoir « mouchardé », tu seras rouée de coups sur ordre de cette même administration. Ce bizutage contrôlé est un moyen pratique pour la direction de la colonie de soumettre complètement les détenues à un régime de non-droit.

Il règne dans l’atelier une atmosphère de nervosité toujours lourde de menaces. Les filles, en manque constant de sommeil et perpétuellement stressées par cette course inhumaine à la production, sont prêtes à exploser, à hurler, à se battre sous le moindre prétexte. Il n’y a pas longtemps, une jeune fille a reçu un coup de ciseaux à la tempe parce qu’elle n’avait pas fait passer un pantalon assez vite. Une autre fois, une détenue a tenté de s’ouvrir le ventre avec une scie. On a réussi à l’en empêcher.

Celles qui étaient à la colonie n°14 en 2010, l’année des incendies (de forêt) et de la fumée, racontent qu’alors que l’incendie se rapprochait des murs d’enceinte les détenues continuaient de se rendre au travail et de remplir leur norme. On ne voyait pas à deux mètres à cause de la fumée, mais les filles avaient attaché des foulards humides autour de leur visage et continuaient de coudre. L’état d’urgence faisait qu’on ne les conduisait plus au réfectoire. Certaines femmes m’ont raconté qu’elles avaient atrocement faim, et qu’elles tenaient un journal pour noter toute l’horreur de ces journées. Une fois les incendies éteints, les services de sécurité ont fouillé les baraquements de fond en comble et confisqué tous ces journaux, afin que rien ne transparaisse à l’extérieur.

Les conditions sanitaires à la colonie sont pensées pour que le détenu se sente comme un animal sale et impuissant. Et bien qu’il y ait des sanitaires dans chaque unité, l’administration a imaginé, dans un but punitif et pédagogique, un « local sanitaire commun » : c’est à dire une pièce prévue pour 5 personnes, où toute la colonie (800 personnes) doit venir se laver. Nous n’avons pas le droit de nous laver dans les sanitaires de nos baraquements, ce serait trop pratique !

Dans le « local sanitaire commun », c’est la bousculade permanente, et les filles, armées de bassines, essaient de laver au plus vite « leur nounou » (c’est comme ça qu’on dit en Mordovie), quitte à se grimper les unes sur les autres. Nous avons le droit de nous laver les cheveux une fois par semaine. Mais même cette « journée de bain » est parfois annulée. La raison – une pompe qui a lâché, une canalisation qui est bouchée. Il est arrivé qu’une unité ne puisse pas se laver pendant deux ou trois semaines.

Quand un tuyau est bouché, l’urine reflue depuis les sanitaires vers les dortoirs et les excréments remontent par grappes. Nous avons appris à déboucher nous-mêmes les canalisations, mais la réparation ne tient pas longtemps, elles se bouchent encore et encore. Il n’y a pas de furet pour déboucher les tuyaux dans la colonie. La lessive a lieu une fois par semaine. La buanderie, c’est une petite pièce avec trois robinets d’où coule un mince filet d’eau froide.

Toujours dans un but éducatif, il faut croire, on ne donne aux détenues que du pain dur, du lait généreusement coupé d’eau, des céréales toujours rances et des pommes de terres pourries. Cet été la colonie a reçu une grosse livraison de tubercules noirâtres et gluants. Qu’on nous a fait manger.

"On peut tout supporter. Tout ce qui ne concerne que soi"

On parlerait sans fin des conditions de vie et de travail dans la colonie n°14. Mais le reproche principal que je fais à cette colonie est d’un autre ordre. C’est que l’administration emploie tout son possible pour empêcher que la moindre plainte, la moindre déclaration concernant la colonie n°14 ne sorte de ses murs. Le plus grave, c’est que la direction nous contraint au silence. Sans reculer devant les moyens les plus bas et les plus vicieux. De ce problème découlent tous les autres – les quotas de travail excessifs, la journée de travail de 16 heures etc.

La direction se sent invulnérable et n’hésite pas à opprimer toujours plus les détenues. Je n’arrivais pas à comprendre les raisons pour lesquelles tout le monde se taisait avant d’avoir à affronter moi-même la montagne d’obstacles qui se dresse en face du détenu qui a décidé d’agir. Les plaintes ne peuvent pas sortir du territoire de la colonie. La seule chance, c’est de faire passer sa plainte par son avocat ou sa famille. L’administration, mesquine et rancunière, emploie tous les moyens de pression pour que le détenu comprenne que sa plainte n’arrangera rien pour personne. Elle ne fera que rendre les choses pires. La direction a recours aux punitions collectives : tu te plains qu’il n’y ait pas d’eau chaude ? On coupe l’eau complètement.

 ******

En mai 2013, mon avocat Dmitri Dinze a déposé devant le Parquet Général une plainte visant les conditions de vie dans la colonie n°14. Le lieutenant-colonel Kouprianov, directeur-adjoint du camp, a aussitôt instauré des conditions intenables dans le camp : fouilles et perquisitions à répétition, rapports sur toutes les personnes en relation avec moi, confiscation des vêtements chauds et menace de confisquer aussi les chaussures chaudes. Au travail, ils se sont vengés en donnant des tâches de couture particulièrement complexes, en augmentant les quotas de production et en créant artificiellement des défauts. La chef de la brigade voisine de la mienne, qui est le bras droit du lieutenant-colonel Kouprianov, incitait ouvertement les détenues à lacérer la production dont je suis responsable à l’atelier, afin qu’on m’envoie au cachot pour « dégradation de biens publics. » La même femme a ordonné à des détenues de son unité de me provoquer à une rixe.

On peut tout supporter. Tout ce qui ne concerne que soi-même. Mais la méthode de responsabilité collective en vigueur dans la colonie a des conséquences plus graves. Ce que tu fais, c’est toute ton unité, tout le camp qui en souffre. Et le plus pervers –  souffrent toutes celles qui te sont devenues chères. Une de mes amies a été privée de sa libération anticipée, libération qu’elle essayait depuis sept ans de mériter par son travail, remplissant et dépassant même son quota de production : elle a reçu un blâme parce que, elle et moi, nous avons pris ensemble un verre de thé. Le jour même, le lieutenant-colonel Kouprianov l’a transférée dans une autre unité.

Une autre de mes connaissances, une femme très cultivée, a été envoyée dans l’unité punitive, où elle est battue tous les jours, parce qu’elle a lu et commenté avec moi le document intitulé « Règlement intérieur des centres pénitentiaires ». Des rapports ont été constitués sur toutes les personnes qui sont en contact avec moi. Ce qui me faisait mal, c’était de voir persécuter des femmes qui me sont proches. Le lieutenant-colonel Kouprianov m’a dit alors en ricanant – « Il ne doit plus te rester beaucoup d’amies ! ». Et il a expliqué que, tout cela, c’était à cause de la plainte de mon avocat.

A présent je comprends que j’aurais déjà dû déclarer ma grève de la faim dès le mois de mai, dans la situation d’alors. Mais devant la pression terrible que l’administration mettait sur les autres détenues, j’avais suspendu mes plaintes contre la colonie.

Il y a trois semaines, le 30 août, j’ai adressé au lieutenant-colonel Kouprianov une requête pour qu’il accorde à toutes les détenues de ma brigade 8 heures de sommeil. Il s’agissait de réduire la journée de travail de 16 à 12 heures. « Très bien, à partir de lundi la brigade ne va travailler que huit heures », a-t-il répondu. Je sais que c’est un piège parce qu’en huit heures, il est physiquement impossible de remplir notre quota de couture. Et du coup la brigade n’y arrivera pas et sera punie.

« Et si elles apprennent que tout ça, c’est de ta faute, a continué le lieutenant-colonel, plus jamais tu ne te sentiras mal, parce que, dans l’autre monde, on se sent toujours bien.» Le lieutenant-colonel a fait une pause et a ajouté: « Dernière chose : ne demande jamais pour les autres. Demande seulement pour toi. Ca fait des années que je travaille dans les camps, et tous ceux qui viennent me demander quelque chose pour quelqu’un d’autre - ils vont directement au cachot en sortant de mon bureau. Toi, tu seras la première à qui ça n’arrivera pas. »

Les semaines qui ont suivi, dans l’unité et à l’atelier, les conditions ont été insupportables pour moi. Les détenues proches de l’administration ont commencé à inciter les autres à la vengeance : « Voilà, vous êtes punies pour une semaine : interdiction de prendre le thé et de manger en dehors du réfectoire, suppression des pauses toilettes et cigarettes. A partir de maintenant, vous serez punies tout le temps si vous ne changez pas de comportement envers les nouvelles et Tolokonnikova en particulier — faites leur ce qu’on vous a fait, à vous. On vous a bien cognées, non ? On vous a bien cassé la gueule ? Eh bien, défoncez-les, elles aussi. Pour ça, personne ne vous dira rien. »

Plus d’une fois on a essayé de provoquer des conflits et des rixes avec moi, mais quel sens ça aurait d’entrer en conflit avec des femmes qui ne sont pas libres de leurs actes et agissent sur ordre de l’administration ?

Les détenues de Mordovie ont peur de leur ombre. Elles sont terrorisées. Et si hier encore elles étaient bien disposées à mon égard et imploraient « Fais quelque chose pour les 16 heures de travail ! », après la pression que la direction a fait peser sur moi, elles ont peur même de m’adresser la parole.

J’ai proposé à l’administration d’apaiser ce conflit, de mettre fin à la tension artificiellement entretenue contre moi par les détenues soumises à l’administration, ainsi qu’à l’esclavage de la colonie toute entière en réduisant la journée de travail, et en ramenant le quota de production à la norme prévue par la loi. Mais en réponse la pression est encore montée d’un cran. C’est pourquoi, à partir de ce lundi 23 septembre, j’entame une grève de la faim et je refuse de participer au travail d’esclave dans le camp, tant que la direction ne respectera pas les lois et ne traitera pas les détenues non plus comme du bétail offert à tous les arbitraires pour les besoins de la production textile, mais comme des personnes humaines.

Remerciements à Marie N. Pane pour sa traduction du russe.

André Markowicz, qui nous présente cette lettre dans sa version intégrale, est l'un des plus grands traducteurs et spécialistes de la littérature russe. Il y a deux ans, Dominique Conil rendait compte dans Mediapart de son dernier livre : Le Soleil d'Alexandre, une extraordinaire anthologie de la poésie romantique russe et le roman d'une génération brisée par la répression. « André Markowicz, auteur de traductions, illumine la littérature russe », écrivait Dominique Conil. « Il faut lire » la lettre de Nadedja Tolokonnikova, nous dit aujourd'hui André Markowicz. Nous le remercions vivement, ainsi que Marie N. Pane, de nous avoir transmis ce texte dans sa version intégrale et une traduction révisée par rapport à d'autres versions françaises dont des extraits ont pu être publiés.

Par ailleurs, ce récit de la jeune femme des Pussy Riot correspond de manière sinistre à celui fait par une autre jeune femme, elle aussi détenue durant des années dans les camps de Mordovie. Il s'agit de Zara Mourtazalieva, étudiante tchétchène qui fut arrêtée à Moscou, accusée de préparer un attentat et condamnée au terme d'un procès inique à neuf années de camp en Mordovie. Libérée il y a un an du camp n°13, un lager directement hérité du goulag, construit en 1931 dans la République de Mordovie, à cinq heures de train au sud de Moscou, nous avions rencontré Zara Mourtazalieva qui nous décrivait le fonctionnement de la justice et les conditions de détention dans le Doubrovlag de Mordovie (article à lire ici).

 

 

 

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26 septembre 2013 4 26 /09 /septembre /2013 18:29

 

lemonde.fr

"Les Nouveaux Désobéissants : citoyens ou hors-la-loi ?"

LE MONDE TELEVISION | 26.09.2013 à 12h34 • Mis à jour le 26.09.2013 à 13h51 | Par Hélène Delye

 
 

 

Les opposants à l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes sont un symbole de la désobéissance civile.

 

 

Ils sont enseignant, ingénieur agronome ou encore boulangers, et ils occupent depuis quatre ans le site prévu pour le projet de l'aéroport du Grand Ouest. Pour eux, la zone d'aménagement différé de Notre-Dame-des-Landes est devenue une "zone à défendre", et aussi le symbole de leur combat altermondialiste et anticapitaliste. Pour affirmer leurs convictions politiques, morales et philosophiques, ils ont choisi de désobéir, en opposant une résistance aux mesures décidées par le gouvernement, quitte à devoir s'en expliquer devant la justice. "Ce n'est pas simplement de l'agitation, se montrer devant les caméras et les journalistes. C'est accepter les conséquences judiciaires de cet acte, qui est d'abord politique. Et dire puisqu'on ne peut pas s'en expliquer devant les instances démocratiques de notre pays, alors on va s'en expliquer devant la justice", analyse Noël Mamère, député (EELV).

En ce sens, pour le chercheur Albert Ogien, autre intervenant de ce film et auteur avec Sandra Laugier de Pourquoi désobéir en démocratie ? (La Découverte, 2011), la désobéissance est intrinsèquement liée à un système démocratique. "Ce qui est magnifique quand même, c'est que c'est vraiment une action qui vient d'une conscience morale extrêmement forte et irrémissible", ajoute-t-il. En pensant à de grandes figures historiques de la désobéissance comme Martin Luther King ou Gandhi, et plus récemment aux citoyens qui ont apporté nourriture et soutien aux migrants à Sangate (Nord-Pas-de-Calais), il est difficile de ne pas partager cette vision. Mais que penser d'autres groupes, militant par exemple contre l'interruption volontaire de grossesse et persuadés de faire eux aussi acte de désobéissance civile ?

 

DÉFENDRE LEUR IDÉAL

Réalisé par Arthur Borgnis Desbordes, ce documentaire bien construit réunit les témoignages de plusieurs désobéissants. De Vincent Delabouglise et Julien Durand, les paysans installés à Notre-Dame-des-Landes, à Xavier Renou, le cofondateur du collectif "Les désobéissants", qui milite pour la protection de l'environnement ; en passant par Yvan Gradis, membre des "Déboulonneurs", un mouvement de lutte contre l'invasion de la publicité dans l'espace public... tous ont en commun de désobéir, d'enfreindre la loi pour défendre leur idéal. Afin de prolonger leurs propos et de répondre aux questions profondes liées par exemple à la crise de l'autorité, aux risques de récupération, au recours ou non à la violence que posent ces nouveaux mouvements de désobéissance, le film fait appel aux analyses éclairantes de trois experts de sensibilités politiques différentes: Albert Ogien, Noël Mamère et Pierre Mazeaud (UMP), président du Conseil constitutionnel de 2004 à 2007.


Arthur Borgnis Desbordes - (France, 2013,52 minutes).

 

 

 

 

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25 septembre 2013 3 25 /09 /septembre /2013 15:05

 

 

lemonde.fr

 

Roms : le gouvernement défend Valls, Bruxelles menace Paris

Le Monde.fr avec AFP et Reuters | 25.09.2013 à 10h33 • Mis à jour le 25.09.2013 à 16h51

 

 

 

 

Les propos du ministre de l'intérieur Manuel Valls, qui a affirmé notamment que les "modes de vie [des Roms sont] extrêmement différents des nôtres", ont été au centre des discussions, mercredi 25 septembre, en France et à Bruxelles. Alors que M. Valls a maintenu sa sortie sur BFM-TV en présentant son "plan national" de lutte contre les cambriolages, la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, a assuré qu'il avait le soutien du gouvernement, car il porte la politique gouvernementale en la matière "avec fermeté et humanité".

"Fermeté, car la misère n'est pas un mode de vie et quand il doit y avoir démantèlement de camp on le démantèle, humanité car à chaque fois que nous pouvons permettre un accès à un travail, un logement, une scolarisation des enfants ou un accompagnement social, nous le faisons. C'est vrai que le retour au pays fait partie de la palette des solutions".

"Manuel Valls n'a rien fait d'autre que rappeler cela. Il s'est attaqué à cette question des campements illicites avec beaucoup de détermination et sans instrumentalisation aucune".

 Mme Vallaud-Belkacem a reconnu avoir "entendu certains membres du gouvernement se prononcer sur les interprétations qu'on a faites des propos de Manuel Valls. J'invite chacun à se parler si besoin en était, mais je vous redis que la politique du gouvernement". Une allusion à Arnaud Montebourg, qui a publiquement critiquée la ligne de M. Valls. Peu de temps après, le premier secrétaire du PS Harlem Désir a affirmé ne pas croire "aux théories selon lesquelles certaines populations ne pourraient pas être intégrées".

Lire notre décryptage "Roms : surenchère verbale et idées reçues"

 

 

En septembre 2010, Viviane Reding avait sévèrement critiqué les expulsions de Roms menées par le gouvernement de M. Sarkozy en les comparant à des épisodes de la seconde guerre mondiale.

 

 

NOUVELLES MENACES DE LA COMMISSION EUROPÉENNE

Auparavant, c'est la commissaire européenne à la justice Viviane Reding qui avait fustigé sur France Info le débat sur les Roms en pleine période électorale. "Chaque fois qu'on ne veut pas parler de choses importantes comme le budget ou les dettes, on trouve les Roms", s'est-elle étonnée. En septembre 2010, Mme Reding avait durement critiqué les expulsions de Roms menées par le gouvernement de Nicolas Sarkozy en les comparant à des épisodes de la seconde guerre mondiale.

Le porte-parole de la Commission, Olivier Bailly, est allé plus loin en menaçant la France de sanctions et en rappelant que les Roms, comme tous les citoyens européens, ont le droit de circuler librement dans tous les Etats-membres : "Si les principes inscrits dans les Traités ne sont pas respectés, la Commission utilisera tous les moyens à sa disposition".

Lire l'éditorial Roms : la faute lourde de Manuel Valls

La Commission avait déjà menacé la France de sanctions en 2010, pour non-respect de la législation de l'UE en matière de liberté de circulation. Paris avait au final accepté de modifier sa loi nationale afin de mieux tenir compte de règles européennes encadrant les renvois chez eux de citoyens de l'UE. Mercredi, Mme Redding a rappellé quelques lois fondamentales :

"Nous avons des règles européennes qui ont été signées par la France, des règles sur la libre circulation des citoyens européens. Et ce ne sont pas des Roms mais des individus. C'est sur décision d'un juge qu'ils peuvent être évacués s'ils ont fait quelque chose qui va à l'encontre les lois de l'Etat en question".

"Il y a 50 milliards d'euros qui sont à disposition et qui ne sont pas utilisés. Je me demande pourquoi. On laisse venir les choses jusqu'à ce qu'elles soient impossibles et on ne fait pas le travail d'intégration.

Nous avons mis l'argent sur la table. Il pourrait servir aux maires et je vois que cet argent n'est pas utilisé. La France a signé une stratégie nationale d'intégration des Roms. Or l'argent n'arrive pas où il y doit arriver, dans les communes, chez les maires, là où il y a les problèmes".

Les déclarations de M. Valls interviennent dans un contexte déjà tendu, alors que les démantèlements de camps de Roms se sont multipliés ces dernières semaines en France, à Lille, Lyon, La Courneuve ou Marseille, quelques mois avant l'ouverture totale des frontières pour les citoyens roumains et bulgares, le 1er janvier 2014.

Lire nos explications Où en est-on de l'hébergement des Roms en France ?

 


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25 septembre 2013 3 25 /09 /septembre /2013 14:55

 

lemonde.fr

 

Noël Mamère : "J'ai décidé de quitter EELV"

Le Monde.fr | 25.09.2013 à 07h09 • Mis à jour le 25.09.2013 à 16h41 | Propos recueillis par Raphaëlle Besse Desmoulieres 

 
 
Quinze ans après être entré chez Les Verts, le député de Gironde, Noël Mamère, a décidé de rendre sa carte.

Il le dit lui-même : "C'est une page qui se tourne." Quinze ans après être entré chez Les Verts, le député de Gironde, Noël Mamère, a décidé de rendre sa carte. Les conditions dans lesquelles Pascal Durand, secrétaire national d'Europe Ecologie-Les Verts, s'apprête à quitter la tête du parti auront été la goutte d'eau pour celui qui a réuni 5,25 % des voix à la présidentielle de 2002.

Pourquoi avez-vous décidé de quitter Europe Ecologie-Les Verts ?

J'ai décidé de quitter EELV parce que je ne reconnais pas le parti que j'ai représenté à la présidentielle en 2002. Notre parti ne produit plus rien : il est prisonnier de ses calculs et de ses clans. Nous sommes devenus un syndicat d'élus. J'ai l'impression d'un sur-place qui nuit au rôle que nous pouvons jouer dans la société. Cela ne m'empêchera pas de conduire une liste aux municipales à Bègles, je n'ai pas besoin de l'étiquette. C'est une page qui se tourne. Je pars sans regret, sans émotion particulière. C'est le résultat d'un constat et d'une analyse.

Comment interprétez-vous la décision de Pascal Durand de ne pas se représenter à la tête d'EELV ?

Pascal Durand est une variable d'ajustement. On le nomme en 2012 parce qu'il est compatible entre Europe Ecologie et Les Verts. La preuve est faite aujourd'hui que la greffe n'a pas pris. La manière dont il a été traité est humiliante. Ça me choque et je n'aime pas ces méthodes. Pascal n'était qu'un patron par procuration.

Les vrais patrons sont ceux qu'on appelle "la firme" : Cécile Duflot et ses amis. Même si Cécile Duflot est une bonne ministre, elle n'a pas lâché la direction des Verts. Mais ces derniers ne se sont pas créés pour être soumis au bon vouloir d'un clan. C'est le contraire de ce que défendent les écologistes.

Lire les réactions Mamère quitte EELV : Cohn-Bendit "comprend", Mélenchon dit "bienvenue au club"

Vous souhaitez rester dans le groupe écologiste à l'Assemblée nationale. N'est-ce pas contradictoire ?

Pas du tout. Dans le groupe, il n'y a pas que des gens inscrits à EELV, comme Paul Molac qui est à Régions et peuples solidaires. A moins qu'on ne me le demande, je ne vois pas pourquoi je quitterais le groupe.

Vous aviez indiqué que si vous étiez réélu à Bègles, vous démissionneriez de votre mandat de député. C'est toujours d'actualité ?

Si je suis réélu à la mairie de Bègles, mon intention est de me mettre en accord avec ce que j'ai dit. C'est la première fois que je vois l'Assemblée nationale voter une loi qui s'appliquera trois ans plus tard. La loi sur la limitation du cumul des mandats est d'ailleurs inaboutie puisqu'aujourd'hui un maire peut beaucoup plus cumuler qu'un député-maire. Fin 2014, je ne serai plus cumulard : je me sens plus utile dans ma ville de Bègles qu'à l'Assemblée.

Vous avez annoncé que vous ne voterez pas le budget pour 2014. Cela veut dire que vous allez voter contre ou vous abstenir ?

Je voterai contre parce que je considère que le compte n'y est pas, notamment sur la transition énergétique. La conférence environnementale n'était qu'un trompe-l'œil. Le gouvernement propose une contribution climat-énergie qui réunira péniblement la somme de 4 milliards d'euros en 2016. Comment voulez-vous que les entreprises aient une perspective de mise en place de modification de leur mode de production si vous ne leur proposez pas un plan de route jusqu'au moins 2020 ?

Je ne crois pas non plus à la TVA à 5 % uniquement cantonnée à la rénovation énergétique des bâtiments alors qu'il aurait fallu qu'elle s'applique à l'ensemble du bâtiment. Aucune des niches fiscales nuisibles à l'environnement et à la santé concernant les transports, l'agriculture, le diesel, les agrocarburants ou les pesticides – pourtant d'un montant de 6 milliards d'euros–, n'ont été remises en cause. Et nos amis disent que c'est formidable ?

Pour vous, les écologistes seraient plus utiles en dehors de la majorité qu'à l'intérieur ?

Aujourd'hui, je ne vois pas très bien leur utilité dans la majorité. Les écologistes passent leur temps à accepter ce qui ne correspond pas au projet qu'ils sont censés porter. Vous trouverez toujours des arguments pour dire qu'on fait avancer les choses mais c'est à la marge.

Nous avons aussi notre part de responsabilité. Nous nous sommes arc-boutés sur le diesel. Sans doute était-ce un piège : nous n'avons pas su expliquer de manière pédagogique que ce carburant représente 32 000 morts par an et que cela coûte beaucoup plus cher à la société de poursuivre dans cette direction que d'augmenter le prix du diesel d'un centime par an pendant dix ans pour rattraper celui de l'essence comme le propose la Fondation Hulot.

À quelques mois des municipales et des européennes, la séquence n'est pas des plus réussies pour EELV...

J'ai le sentiment d'assister à une immense régression. Nous avons abandonné notre fonction de lanceur d'idées pour devenir un parti comme les autres, obsédé par ses jeux d'appareil. Nous risquons d'en payer le prix aux prochaines élections. A se soumettre et à chercher des arrangements, il ne faudra pas s'étonner si notre électorat nous couvre de goudron et de plumes.

Raphaëlle Besse Desmoulieres 
Journaliste au Monde

 


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