La manif est clairement contre les violences policières. #LT #toulouse #sivens #Fraisse
"Amnistie maintenant pour les manifestants" #LT #sivens #Toulouse #fraisse https://vine.co/v/OJVTdBg0ZTj
Source : www.reporterre.net
Entretien avec Stéphane Vallée
samedi 22 novembre 2014
Des rassemblements contre la violence policière se déroulent samedi 22 novembre. Ils visent à protester contre la répression très forte des luttes contre les destructions écologiques. Pour Stéphane Vallée, avocat d’activistes à Notre-Dame-des-Landes, « l’État associe la contestation aux grands projets dits inutiles et imposés à l’image du terrorisme, permettant ainsi une justice d’exception ».
Ce samedi auront lieu à Nantes et dans d’autres villes des rassemblements contre les violences policières. À Nantes, plus de deux cents personnes participent à une action d’auto-dénonciation en signe de solidarité avec les inculpés de la manifestation du 22 février. Ce jour-là, des violences avaient émaillé la manifestation de Nantes, largement suscitées par la police. Plusieurs manifestants avaient été gravement blessés.
Cet acte, qui se veut symbolique, a notamment pour but de dénoncer la répression croissante qui s’abat sur les opposants aux projets imposés. Stéphane Vallée, avocat en charge de personnes inculpées autour du dossier de Notre-Dame-des-Landes, remet aujourd’hui les lettres « d’auto-dénonciation » au procureur de Nantes.
Reporterre - En quoi consiste cette action ?
Stéphane Vallée - Il s’agit d’une lettre, signée individuellement par plus de deux cents personnes, qui indiquent avoir participé à la manifestation du 22 février avec les mêmes chefs d’inculpation que les personnes passées en jugement. L’idée de cette lettre a été développée au cours de réunions avec des collectifs anti-répression, elle est le fruit d’une réflexion sur les différents moyens de porter une parole d’opposition.
Pour moi, c’est une première, et en tant qu’avocat, accompagner un processus au cours duquel des personnes se déclarent coupables, est assez étrange : c’est déroutant mais pas illogique. Car le but est aussi d’alerter sur le fait qu’il y a un ciblage particulier sur des dossiers comme celui de Notre-Dame-des-Landes, comme c’est le cas pour Enguerrand.
En quoi le cas d’Enguerrand, emprisonné suite au 22 février, est-il emblématique ?
Enguerrand a été condamné à un an de prison ferme, assorti d’une interdiction de manifester pendant trois ans. Il lui reste un peu plus de quatre mois à purger. Il est passé devant le juge d’application des peines il y a deux semaines, et devait bénéficier d’un aménagement lui permettant de sortir de prison tout en portant un bracelet électronique.
Le juge d’application des peines avait accepté, étant donné qu’il avait un excellent dossier en tant que prisonnier. Mais le procureur a immédiatement fait appel, ce qui est loin d’être habituel, et cet appel est suspensif. Il reste donc en prison et a entamé une grève de la faim. Pour moi, la décision du procureur est politique, je ne me l’explique pas autrement.
Que risquent les personnes qui participent à cette action d’auto-dénonciation ?
Sa portée est avant tout symbolique. Judiciairement, il n’y a pas de grands risques. Après, la question est de savoir ce que feront les services de renseignement avec cette masse de noms de personnes ouvertement déclarées comme opposants ou militants.
- Stéphane Vallée -
Notre-Dame-des-Landes, le barrage de Sivens, la ferme-usine des mille vaches... Comment percevez-vous le traitement réservé à ceux qui s’opposent à ces projets ?
Au-delà des projets eux-mêmes, l’opposition porte sur une vision plus globale de la société et de l’écologie. Si ces contestations ont des bases communes, elles sont aussi similaires dans leur traitement judiciaire. On retrouve une même volonté de museler et réprimer ces mouvements contestataires, en les diabolisant.
Très clairement, l’opposition à ces projets est hétérogène. Mais l’image qui en est donnée est uniforme et caricaturale, on ne parle que de « casseurs », alors que dans la réalité c’est très différent. Et cela permet à l’État de justifier et d’augmenter encore la répression de ces mouvements...
*Suite de l'article sur reporterre
Source : www.reporterre.net
Source : france3-regions.francetvinfo.fr
4 à 500 de personnes ont défilé ce matin à Toulouse contre les violences policières et le barrage de Sivens. Une manifestation autorisée à l'appel de partis politiques, d'associations et de syndicats. Un second rassemblement est annoncé à 15 heures, illégal celui-là.
La manif est clairement contre les violences policières. #LT #toulouse #sivens #Fraisse
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Un cortège qui s'étoffe avec les étudiant qui s'invitent dans le cortège
Fabrice V A L E R Y @FabValery Follow
Des étudiants ont rejoint la manif. #LT #Toulouse #sivens #fraisse https://vine.co/v/OJVFV2t7YZa
Le tout sous surveillance policière, y compris du ciel. 3 à 400 membres des forces de l'ordre sont mobilisés ce samedi.
Vers midi, le cortège arrive à la préfecture
Fabrice V A L E R Y @FabValery Follow
Les organisateurs ont ensuite appelé les manifestants à se disperser dans le calme alors qu'un délégation était reçue en préfecture par le directeur de cabinet. Concernant l'arrêt du barrage de Sivens, la préfecture a rappeler que les travaux étaient suspendu et qu'un processus de concertation était en cours. Pour les violences policières, les pouvoirs publics ont rappelé dans un communiqué que depuis le mois de septembre 2014, "78 hommes et femmes de la police et de la gendarmerie nationales ont été blessés par des individus extrêmement violents qui infiltrent les rassemblements pacifiques et les utilisent comme boucliers pour commettre leurs exactions." A Toulouse, "plusieurs groupes, armés et déterminés, ont blessé 5 policiers et gendarmes".
Les membres de la délégation reçus ce jour le Directeur de Cabinet du préfet ont également demandé l’arrêt des poursuites contre les personnes inculpées lors des manifestations précédentes, et l’immunité pour les personnes condamnées. Le 1er novembre, 16 individus ont été interpellés et 21 le 8 novembre.
Une seconde manifestation est prévue à 15 heure place Esquirol, illégale celle-ci. Aucune demande d'autorisation n'a été déposée à la préfecture. L'AG des étudiants de l'université Jean Jaurès a appelé à rejoindre ce rassemblement
Source : france3-regions.francetvinfo.fr
Source : www.lalsace.fr
Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées samedi devant le palais de justice de Nantes contre les «violences policières et judiciaires», quatre semaines après la mort du jeune écologiste Rémi Fraisse, tué le 26 octobre dans le Tarn par une grenade offensive.
Brandissant des pancartes, sur lesquelles ont peut lire «Désarmons la police», les manifestants répondent à un appel à «reprendre la rue», lancé par des comités opposés au projet d’aéroport nantais de Notre-Dame-des-Landes et des collectifs anti-répression, avant la mort de Rémi Fraisse sur le site du projet du barrage contesté de Sivens.
Sur une des banderoles est écrit: «26 octobre, mort de Rémi Fraisse. Ni oubli, ni répit!».
Les organisateurs entendent «dénoncer la répression», suite à une manifestation d’opposants à l’aéroport, la plus importante contre le projet, le 22 février dernier à Nantes, lors de laquelle trois manifestants ont perdu l’usage d’un oeil. Ils demandent aux participants à cette mobilisation de déposer des lettres «d’auto-dénonciation» au procureur de la République en «solidarité avec les personnes condamnées» à de la prison ferme.
Un très important dispositif policier est déployé, dont des camions de CRS stationnés sur le parvis même du palais de justice, trois semaines après une précédente manifestation qui s’est soldée par plusieurs blessés du côté des forces de l’ordre comme des manifestants, et une vingtaine d’interpellations.
La maire PS de Nantes, Johanna Rolland, a demandé vendredi au préfet «de prendre toutes les mesures nécessaires pour empêcher tout débordement et toute dégradation». Les élus écologistes nantais n’ont pas appelé à manifester, estimant que «les conditions d’un déroulement paisible ne semblent pas réunies».
Des militants anti-aéroport ont appelé à se vêtir en blanc pour «rendre visible (leur) choix de la non-violence».
«Nous, on pense que la non-violence n’est pas un outil d’impuissance, de trouille ou de traîtrise, mais un outil pour la lutte», a déclaré à l’AFP Geneviève Coiffard, militante d’Attac.
«On peut manifester contre la répression policière sans que ça dégénère. On est là pour manifester notre colère dans la rue, en chantant, en hurlant», explique Alex, 18 ans, le visage masqué, casqué et les mains gantées pour ne pas être filmé «par la police ou les journalistes».
Près de 20 autres rassemblements sont prévus samedi en France dans le cadre d’une «journée nationale de lutte contre les violences policières».
Source : www.lalsace.fr
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Grégoire Souchay (Reporterre)
jeudi 20 novembre 2014
Les étudiants de l’université du Mirail, à Toulouse, bloquent depuis ce matin leur université et une quarantaine d’entre eux y ont installé un campement d’occupation. Reportage.
Toulouse, correspondance
Depuis une semaine, les initiatives locales et éphémères se multiplient dans les universités du pays sans pour autant prendre de l’ampleur. Fidèle à son histoire sociale riche et engagée, c’est peut-être de l’université du Mirail, à la faculté de lettres et de sciences humaines, que proviendra le déclic. Située à Toulouse, à une heure de route de la zone humide du Testet, l’établissement est tout désigné pour être le terreau d’une nouvelle contestation, après trois années plutôt calmes.
Sauf que cette fois, il ne s’agit pas seulement de revendications universitaires, de budget et d’enseignement supérieur, mais aussi d’écologie et de violences policières. Le mot d’ordre se résume en un slogan : « Du fric pour les facs et la biodiversité, pas pour la police ni pour l’armée ». Tim, étudiant en géographie : « Quand on voit qu’ils se goinfrent avec des grands projets imposés qui coûtent des millions, qu’ils n’hésitent pas à mobiliser des brigades de CRS qui coûtent des centaines de milliers d’euros par jour, et que de l’autre côté il manque quatre millions d’euros chaque année au budget de l’université, il n‘est pas difficile de faire le lien ».
L’assemblée générale étudiante de la semaine dernière a ainsi voté les mots d’ordre suivants : « Contre les dégradations des conditions d’étude, les violences policières et la répression » et « Pour l’annulation des poursuites judiciaires, l’arrêt définitif du projet de barrage et des autres projets qui profitent à une minorité ».
Les motifs de contestation propres à l’université sont nombreux. On me décrit « les travaux de réhabilitation de l’université, en partenariat public privé, avec Vinci » et « ce grand escalier, qui mène au bâtiment principal, construit en février dernier et qui va être redémoli à nouveau parce qu’un nouveau projet le demande ». Des dépenses incomprises tandis que certains voient déjà « des filières fermées parce que non rentables ». La crainte générale reste « la privatisation de l’université. »
Beaucoup admettent ne pas connaître tous les dossiers de manière pointue, « mais justement, tout ça vient après, l’important c’est déjà d’agir », dit Marie. La contestation se joue aussi sur les mots, l’établissement ayant été renommé depuis peu Université Jean Jaurès - « parce que lui donner le nom d’un quartier populaire comme Le Mirail, ce n’est pas vendeur ? », s’indigne Jeanne.
La rencontre de plusieurs traditions de lutte
Ce qui se joue ici, au-delà des mots d’ordre, c’est la rencontre entre plusieurs traditions d’engagement, comme l’explique Stephen, bon connaisseur du milieu militant : « D’un côté le mouvement étudiant classique s’organise, avec ses assemblées, son fonctionnement, le rôle important des organisations politiques et syndicales et la suprématie de l’assemblée générale (AG) pour toutes les décisions. Et de l’autre, on a un mouvement des ZAD, qui existe déjà et qui s’organise de manière beaucoup plus autonome et spontanée, y compris en dehors des AG ».
Exemple frappant de ce choc des cultures : la décision spontanée d‘établir un campement d’occupation sur la fac. La question n’a pas été votée en assemblée générale, pourtant une quarantaine d’étudiants ont décidé mercredi après midi d’entamer l’occupation permanente de leur université, en plantant leurs tentes et construisant une première cabane faite de matériaux de récupération et de bricole.
À l’entrée, une pancarte nous invite à la « zone d’interpellation et de conversation ». Pablo, étudiant en anthropologie, m’avertit : « Ici, ce n’est pas une ZAD, nos revendications dépassent l’université en elle-même ». Pourtant, les parentés avec les campements du Testet ou de Notre Dame des Landes sont nombreuses : ça discute, construit, échange des pratiques et surtout le moyen d’action privilégié reste l’occupation.
Juliette explique : « On est présents, les gens viennent voir ce qui se passe, c’est plus efficace qu’une simple affiche pour interpeller ». Assis dans l’herbe à la tombée de la nuit, dans une ambiance agrémentée d’un air de reggae, la discute s’engage très facilement avec ces étudiants en sciences humaines habitués à la discussion publique et au débat d’idées. Beaucoup témoignent avoir été sensibilisés à la lutte de Sivens via « le foyer de géographie », lieu privilégié de rencontre des militants, où se trouve l’AMAP étudiante et diverses associations écologistes. Tous les occupants disent sentir « une facilité pour s’impliquer dans le campement, même si tu n’a pas d’expérience d’un mouvement, tu peux venir, planter des clous et déjà tu participes à la construction »....
*Suite de l'article sur. reporterre
Source : www.reporterre.net
Source : www.mediapart.fr
Pour étouffer une information, il suffit de ne pas la reprendre. Et le degré d’intensité d’une démocratie se donne à voir dans ces renoncements où des journalistes oublient qu’ils en sont aussi les acteurs et les gardiens, par leur respect sans concession du droit de savoir des citoyens. Il faut donc que la démocratie française soit bien mal en point pour que soit tue la révélation qu’un collège d’experts a authentifié sans aucune réserve un document planifiant une corruption étrangère au plus haut niveau de la République.
Comme nous l’expliquions dans notre article du 14 novembre (le retrouver ici), les trois experts judiciaires mandatés par les juges Cros et Legrand, renforcés par l’expertise d’une arabisante, ont comparé à celle du document en cause plusieurs signatures de l’ancien chef des services libyens qui avait été entendu par les magistrats au Qatar où il s’est réfugié. Leur conclusion est sans appel : toutes ces signatures sont de la même main, celle de Moussa Koussa. Ce document dont ce dernier confiait déjà, sur procès-verbal, que « son origine, son contenu » n’étaient « pas faux », ne l’est donc pas non plus par sa signature qui est authentique.
Autrement dit, l’un de ceux dont Nicolas Sarkozy et son entourage brandissaient le démenti lors de la révélation du document (c’est à retrouver ici) est aujourd’hui confondu par la justice française comme étant bien le signataire de cette attestation de l’accord secret franco-libyen.
Bref, la procédure calomnieuse lancée par l’ancien président contre Mediapart se retourne brutalement contre lui : le faux qu’il évoquait, de meeting en meeting, pour se présenter en persécuté de médias fraudeurs et de juges inquisiteurs, se révèle tout simplement vrai comme nous l’affirmions, attestant ainsi d'un des plus gros scandales qu’ait connus la République au niveau de responsabilité qui fut le sien.
Dans une démocratie vivante, une telle information s’imposerait évidemment à toute notre vie publique. Les agences de presse, et notamment l’AFP qui remplit une mission de service public auprès de ses abonnés parmi lesquels la presse régionale, l’auraient relayée, faisant savoir qu’une expertise judiciaire confirme l’authenticité d’un document accablant pour l’ex-président de la République. Les autres médias auraient suivi, assaillant de questions Nicolas Sarkozy et son entourage. Et le monde politique, dans sa diversité, aurait été invité à réagir et à commenter.
Au lieu de cela, rien. Rien de rien. Le lourd silence des démocraties affaissées et affaiblies, ayant renoncé à être exigeantes avec elles-mêmes. Sauf à lire Mediapart ou à suivre les réseaux sociaux (voir sous l’onglet « Prolonger » la protestation de Fabrice Arfi, plébiscitée par les internautes), nos concitoyens ne sauront pas que le long feuilleton de l’affaire libyenne a connu un épisode judiciaire décisif qui donne crédit à notre enquête et conforte les faits de corruption qu’elle a mis au jour.
Il faut parfois se battre pour qu’une information qui dérange des intérêts et des pouvoirs fasse son chemin dans l’espace public. C’est dans cet esprit que, destinataire à mon domicile, par courrier recommandé des deux juges d’instruction, d’une « notification des conclusions d’expertise », j’ai choisi d’en rendre public in extenso le contenu (allégé des annexes).
C’est une information d’intérêt public sur un scandale d’État. La voici :
Boîte noire :
Mediapart est à l’origine des révélations sur les soupçons d’un financement occulte libyen sous le règne de Mouammar Kadhafi à l’occasion de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy de 2007, lesquels soupçons sont aujourd’hui au centre des investigations judiciaires visant le premier cercle de l’ancien président de la République (lire notre dossier).
Après plusieurs mois d’une enquête commencée à l’été 2011 et ayant donné lieu à de nombreux articles sur les relations entre les proches entourages de Nicolas Sarkozy et de Mouammar Kadhafi, Mediapart a ainsi publié, le 28 avril 2012, un document officiel libyen évoquant ce soutien financier du régime de Tripoli au candidat Sarkozy au moment de l’élection présidentielle de 2007.
L’ancien chef de l’État français, qui n’a pas poursuivi une seule fois Mediapart en diffamation, a contourné le droit de la presse en nous attaquant pour « faux et usage de faux » au printemps 2012, tandis que nous ripostions en l’accusant de « dénonciation calomnieuse » (lire ici). L’enquête préliminaire menée par la police judiciaire ne lui ayant évidemment pas donné raison, Nicolas Sarkozy a déposé plainte avec constitution de partie civile à l’été 2013, procédure qui donne automatiquement lieu à l’ouverture d’une information judiciaire pour « faux et usage de faux ».
Mediapart, à travers son directeur de la publication Edwy Plenel et les deux auteurs de cette enquête, Fabrice Arfi et Karl Laske, a été placé fin 2013 sous le statut de témoin assisté dans ce dossier. Nous n’avons pas manqué de contester une procédure attentatoire au droit de la presse et de faire valoir le sérieux, la consistance et la bonne foi de notre enquête (lire ici et là).
De fait, nos révélations sont au cœur de l’information judiciaire ouverte un an plus tard, en avril 2013, pour « corruption » sur le fond des faits de cette affaire franco-libyenne qui inquiète grandement Nicolas Sarkozy et ses proches. L'instruction a été confiée aux juges Serge Tournaire et René Grouman.
Source : www.mediapart.fr
Source : www.bastamag.net
Economie sociale
17 novembre 2014
C’est l’histoire d’une petite entreprise de haute technologie en Haute-Savoie. Et d’une multinationale basée à Singapour et cotée à Wall Street qui tente de se l’approprier. Mais les salariés ne l’entendent pas ainsi : craignant la délocalisation de leur outil de travail, de leur savoir-faire et de leurs emplois, ils envisagent de créer une société coopérative (Scop). Et gagnent la bataille contre la société multinationale. La mobilisation du mouvement coopératif et de ses outils financiers a ainsi permis d’éviter la délocalisation d’une technologie de pointe, et le maintien d’une quarantaine d’emplois très qualifiés. Histoire d’une bataille juridique atypique.
4 décembre 2012 : la décision de céder l’entreprise savoyarde Smart Equipment Technology (SET) au groupe K&S, basé à Singapour, qu’avait prise le Tribunal de commerce d’Annecy, est cassée par la Cour d’appel. La SET, société basée à Saint-Jeoire (Haute-Savoie) peut devenir une Société coopérative (Scop), détenue par ses salariés. Étonnant rebondissement pour une entreprise de haute technologie dans un secteur plutôt financé par des sociétés de capital-risque. Il faut dire que cette société dispose d’un savoir-faire unique : fournir des machines capables de souder des composants électroniques de type flip-chip (« puce retournée », une des techniques utilisée pour effectuer les connexions électriques), au demi-micromètre près [1]. Ces machines valent entre 150 000 et 1,5 million d’euros. Des concurrents existent, bien sûr, mais ceux-ci ne savent que s’ajuster à deux-trois microns près. Un des intérêts de cette technologie est la capacité de réaliser des solutions en 3D grâce à la précision obtenue sur la base qui permet de monter d’autres étages.
Avec ses 39 ans d’existence, la SET fait figure de pionnier dans ce domaine de la technologie. Initialement fondée en 1975 à Cluses sous le nom de Sulzer Electro-Technique, elle déménage dans la souriante commune de Saint-Jeoire plus proche d’Annemasse et du lac Léman. Rachetée en 1993 par le groupe allemand d’électronique Karl Suss, elle passe en 2008 dans les mains de Replisaurus Technologies, une start-up suédoise qui voyait dans la technologie de SET un complément à ses développements et un facteur économique de stabilisation de l’ensemble. La greffe ne prendra pas et la SET gardera une certaine autonomie dans le cadre de cette entreprise. Mais le projet central de la start-up va prendre un tel retard que cette société sera mise en liquidation en 2012. Sa filiale française SET, joyau du groupe, est alors mise en vente.
Multinationale contre coopérative
Dès juin 2012, Pascal Metzger, ancien responsable de la Recherche et Développement, aujourd’hui président de la Scop, travaille avec les salariés sur une solution de reprise en société coopérative. Ceux-ci apportent ensemble 160 000 euros. L’Union régionale des Scop mobilise divers partenaires, des émanations du mouvement coopératif (Socoden, Scop Invest, Transméa) ainsi que France Active, pour émettre des titres participatifs à 5 ans et 7 ans, afin de former des quasi-fonds propres qui permettront ensuite d’emprunter auprès de deux banques, le Crédit coopératif et le CIC. Au total, pas loin de deux millions d’euros ont ainsi été mobilisés. Comme dans bien d’autres cas, plutôt que de se focaliser sur l’engagement financier des actionnaires dans des fonds propres, le mouvement Scop mise sur les hommes en s’autorisant des montages plus tendus.
C’est alors qu’un autre candidat se présente pour la reprise : Kulicke & Soffa, groupe américano-singapourien, coté au Nasdaq, employant plus de 2000 personnes dans le monde. K&S travaille dans le même secteur que SET mais ne dispose pas de la même technologie. Ce groupe n’est pas capable d’assembler avec une telle précision et met plutôt l’accent sur la cadence de production : ce ne sont donc pas les mêmes segments de clientèle que la SET. Néanmoins, ce groupe serait heureux de mettre la main sur cette technologie complémentaire. Il présente son offre de reprise au Tribunal de commerce d’Annecy pour 500 000 euros.
Bataille juridique
Les salariés ne l’entendent pas ainsi. D’autant que quelques mois auparavant, ce groupe a acquis une petite société suisse dont elle a licencié tout le personnel technique pour ne garder que la structure administrative, sans doute dans l’intérêt de conserver une coquille juridique de l’autre côté du Lac Léman. Nous sommes dans une entreprise où aucune section syndicale n’a jamais existé, mais ses 37 salariés disposent tous d’une solide formation universitaire et ont partagé une histoire commune. Ils savent se parler et mesurer le danger qui guette. Ils rejettent l’offre de K&S en le faisant largement savoir aux médias.
Contre toute attente, le 6 novembre, le Tribunal de commerce d’Annecy choisit la vente de la SET à K&S [2]. Deux jours plus tard, le parquet d’Annecy fait appel de la décision du Tribunal de commerce, « parce qu’il craint que l’entreprise K&S ne s’intéresse qu’à la reprise de la technologie et au carnet de commandes ». Il estime que le projet de Scop garantit mieux la conservation du savoir-faire en France « et à terme la pérennité des emplois à Saint-Jeoire-de-Faucigny ». Le 4 décembre, la Cour d’appel confirme la reprise en coopérative pour 300 000 euros, somme proposée par les salariés [3].
Tout fonctionne comme avant
Près de deux ans après la reprise, la société n’a guère changé. Le logo, les brochures commerciales – toutes en anglais – sont restés identiques. Même l’adresse du site web n’a pas bougé (www.set-sas.fr), le « SAS » voulant désormais dire Société Anonyme Scop au lieu de Société par Actions Simplifiée ! Tous les clients sont restés et savent à peine que l’entreprise est devenue une Scop, terme inconnu pour la majeure partie d’une clientèle à 90 % internationale. La société reste sur sa lancée et 8,5 millions d’euros de chiffre d’affaires ont été réalisés en 2013. La recherche et développement se poursuit. L’entreprise a présenté le mois dernier son nouveau prototype lors d’un salon professionnel à Grenoble.
L’équipe de SET semble donc poursuivre sa route, une route qui a bien failli s’arrêter brutalement avec des licenciements à la clé. Tout semble fonctionner comme avant ou presque. Les bas salaires ont pu être relevés, dans la mesure où les cadres dirigeants nommés par les Suédois sont partis. Au démarrage, sur les 37 salariés, 31 décident d’être sociétaires. Lors de la première assemblée générale un an plus tard, la société recrute deux personnes supplémentaires et deux autres salariés décident de rejoindre le sociétariat. Les salariés se réunissent désormais tous les deux mois pour débattre de la stratégie.
Il s’agit d’une histoire de reprise en Scop assez atypique, née de la volonté des salariés de rester ensemble et de décider désormais de leur devenir. Ce sont les outils financiers du monde coopératif, souvent décriés par les libéraux, qui ont permis d’offrir une alternative qui a évité la délocalisation d’une technologie.
Benoît Borrits
Cet article a été initialement publié sur le site Association Autogestion, qui veut promouvoir la réflexion et l’éducation populaire sur la thématique de l’autogestion.
[1] Un micromètre, ou micron = 0, 000 001 mètre.
[2] Le chiffre d’affaires de K&S étant de près de 700 millions d’euros, le Tribunal de commerce d’Annecy privilégie « la puissance financière et technologique » du groupe international.
[3] Les salariés ont également obtenu le soutien de plusieurs banques et la garantie de financeurs publics, à hauteur de 1,6 million en fonds propres et 4,6 millions de prêts à court terme et de garanties. Source : Usine nouvelle, 4 décembre 2012.
Source : www.bastamag.net
Source : paris-luttes.info
Une manifestation en soutien aux occupations et aux luttes contre les grands projets inutiles, les armes de la police et la violence d’Etat a eu lieu le lundi 10 novembre à midi devant le consulat français de New York. Une quinzaine de personnes a répondu à l’appel diffusé dans la précipitation le week-end dernier. Elles ont cependant diffé des centaines de tracts et assuré aux ’officiels’ leur détermination à poursuivre la mobilisation.
Source : www.mediapart.fr
Une mobilisation nationale contre l'austérité a lieu samedi 15 novembre à Paris et dans une vingtaine d'autres villes. Partis politiques de gauche, syndicats et associations veulent manifester leur rejet de la politique menée par le gouvernement. Objectif : poser le premier jalon d'une alternative pour les prochaines échéances électorales.
Elle n'a pas encore eu lieu que certains parlent déjà de succès. Des dizaines d'associations, syndicats et formations politiques de gauche ont répondu à l'appel lancé par le collectif 3A (Alternative à l'austérité), né de la manifestation du 12 avril dernier contre « l'austérité, pour l'égalité et le partage des richesses ». Prévue ce samedi 15 novembre place Denfert-Rochereau à Paris et dans une « vingtaine de villes », cette mobilisation intervient à la mi-mandat du quinquennat de François Hollande, dans un contexte de rejet de plus en plus manifeste de la politique économique et sociale menée par le gouvernement.
« C’est certainement la mobilisation la plus importante qu’on ait eue depuis le début du quinquennat en termes de diversité politique et d’engagement syndical », estime Éric Coquerel, secrétaire national à la coordination politique du Parti de gauche. « Avec Nouvelle Donne, la gauche d'EELV et surtout les importants relais de la CGT un peu partout en France, on a largement plus de signataires que la dernière fois. » Il faut dire qu'entre le rejet des politiques économiques d'inspiration libérale, les luttes contre les « projets inutiles », les questions de logement ou, plus récemment, la lutte contre les violences policières avec la mort de Rémi Fraisse, chaque collectif assure avoir au moins une bonne raison de battre le pavé ce samedi.
On devrait donc voir défiler, aux côtés du Front de gauche et du NPA, l'aile gauche des écologistes, le parti de l'économiste Pierre Larrouturou Nouvelle Donne, les syndicats (CGT, FSU, Solidaires) et une bonne dizaine d'associations (voir la liste complète sous l'onglet Prolonger).
« On veut créer des convergences, indique Pierre Khalfa, coprésident de la fondation Copernic et membre du conseil scientifique d'Attac. L'idée est de créer une sorte de mouvement de la société civile contre les politiques menées. Ce n'est pas seulement une manifestation ponctuelle, c’est le produit d’un travail de convergence en route depuis plusieurs mois, depuis la manifestation du 12 avril. » À l'époque, entre 25 000 (selon la préfecture) et 100 000 personnes (selon les organisateurs) avaient défilé dans les rues de Paris pour dénoncer l'austérité. Huit mois ont passé, François Hollande a maintenu son cap, Manuel Valls a déclamé son fameux « j'aime l'entreprise », quand le tout nouveau ministre de l'économie, Emmanuel Macron, faisait ses gammes avec les « illettrés de Gad », quelques semaines après sa prise de fonctions.
Pour ceux qui étaient dans la rue le 12 avril dernier, la rupture avec les socialistes est consommée. Il s'agit maintenant de trouver un nouveau souffle, plus démocratique, porté par une « transformation sociale et écologique ». La convergence opère, du moins celle des mots. Lors du discours de clôture du conseil national du Parti communiste le 9 novembre dernier, Pierre Laurent a pour la première fois exclu l'hypothèse d'alliances futures avec les socialistes.
« Manuel Valls n’est pas, et ne sera jamais le premier ministre de la gauche », a tempêté le secrétaire national du PCF, avant d’invoquer « une nouvelle majorité de gauche, un nouveau contrat de transformation sociale, écologique et démocratique mis en œuvre par un nouveau gouvernement ».
Même le fondateur du parti Nouvelle Donne Pierre Larrouturou, favorable à une baisse des inégalités via un autre partage des richesses, assume le rapprochement avec le Front de gauche et le NPA : « On voit qu’il y a de vraies convergences pour refuser l’austérité. On était des centaines à Amiens contre l’usine des 1 000 vaches, c’est très bien si on est de plus en plus nombreux pour dire que notre pays est en train de crever du manque de débat. » « C'est une manifestation de riposte sociale contre le gouvernement, dit le porte-parole du NPA, Olivier Besancenot. Il y a aujourd'hui une synthèse entre la gauche sociale et la gauche politique. »
Certains restent sur leurs gardes, tel Alexis Corbière, secrétaire national du Parti de gauche : « Est-on sûr que nos camarades communistes ne vont pas refaire une alliance avec les socialistes en bout de ligne ? J’espère que ce ne sera pas une carabistouille », affirme le ténor du Parti de gauche. « Si l'on en croit les propos tenus par François Hollande en 2006, il devait y avoir un exercice de vérification démocratique à mi-mandat, on l'attend toujours », pointe Alexis Corbière.
C'est pourquoi le Parti de gauche a organisé une votation citoyenne pour révoquer les élus. Pendant 4 jours, dans 75 départements français y compris la Guadeloupe et l’île de la Réunion, 500 urnes ont été ouvertes où chacun pouvait répondre à la question « Êtes-vous favorable au droit de révoquer les élu(e)s ? ». Au total, d'après les chiffres du Parti de gauche,184 892 personnes ont participé à la votation, 181 186 personnes ont répondu « oui », 3 706 ont répondu « non » (soit 98 % de votes en faveur du droit de révocation).
Chez les écologistes, le message anti-austérité ne laisse pas insensible. L'ancienne porte-parole des Verts Élise Lowy, chef de file de l'aile gauche d'EELV qui a cosigné une tribune sur le site Bastamag intitulée « Sortir de l'ambiguïté », y voit l'occasion de « créer une alternative ». « Ce genre de moment où l'on arrive à faire converger les revendications, ça n'arrive pas si souvent. Maintenant il faut qu'on puisse échanger, pas qu'à gauche d'ailleurs. Il faut une alternative qui soit viable et porteuse d'une mobilisation écologique forte. »
Mais comment ne pas rester figé dans une contestation sans débouchés, sans propositions concrètes ? Secrétaire national adjoint EELV, David Cormand pense que la priorité n'est pas à la manifestation. « Je pense que les gens ont bien compris qu’EELV ou que le Front de gauche ne sont pas d’accord avec le gouvernement. Des manifestations communes, ça fait un moment qu’on en fait, le sujet c’est moins de se réunir que de formuler des propositions, analyse le délégué aux relations extérieures. Le premier parti, c’est l'abstention et le deuxième, c’est l’extrême droite. La gauche est très loin derrière. Il faut une offre politique alternative à la droite et au PS mais qui réunit sur des propositions. C’est plutôt à ça qu’il faut réfléchir, plutôt que de se tenir chaud dans des manifestations. »
Clémentin Autain, du « collectif Ensemble », n'est pas de cet avis : « Ce que nous avons à faire, c'est soulever cette chape de plomb qui brise les imaginaires, mais pour cela il faut dire non, pour inventer un oui. Nous ne sommes pas dans l’alignement des manifestations, le refus est un préalable aux solutions alternatives. »
C'est là que compte entrer en scène Jean-Luc Mélenchon, pour qui la manifestation sera l'occasion de promouvoir le mouvement de la Sixième République (m6r). « Je vous appelle à m’aider dans l’entreprise que j’ai impulsée avec plus de 63 000 de nos concitoyens qui ont déjà donné leur signature à la demande d’une assemblée constituante pour changer les institutions », affirmait-il lors d'un point presse la semaine dernière. Appel reçu par un certain nombre de « socialistes affligés » – du nom du cercle créé par l'ancien eurodéputé Liêm Hoang-Ngoc et le professeur de sciences politiques Philippe Marlière – qui ont décidé de rejoindre le m6r. « Nous sommes des responsables nationaux, fédéraux et locaux du PS et du MJS, nous sommes des mandataires de courants dans les fédérations et les sections du PS et nous sommes tous affligés ! C’est pourquoi, nous répondons positivement à l’appel lancé en faveur d’un mouvement pour une Sixième République » (voir le billet de blog).
La suite se jouera aux élections départementales de mars 2015. Si les responsables politiques restent encore flous sur leur stratégie, tous se disent ouverts au rassemblement. « On est dans l'esprit d'une coalition la plus large possible », affirme le porte-parole des Verts, Julien Bayou, qui pense se joindre aux manifestants samedi. « Aujourd'hui, la relance du Front de gauche à laquelle nous appelions il y a un mois n'est pas ce qui est en train de se passer. Sans dire qu'une telle relance réglerait le problème de la gauche, une non-relance contribuerait à la déprime », déclarait le porte-parole du PCF, Olivier Dartigolles, le 5 novembre. Le Parti de gauche planchera lui sur l'écriture d'une charte nationale comme un label qui « correspondrait à des listes citoyennes », explique le conseiller régional Éric Coquerel.
Pour Pierre-François Grond du « collectif Ensemble », le contexte est favorable à un « retour de résistance », mais il ne faut pas brûler les étapes. « Il y a des luttes écologistes, des luttes contre l’austérité et un début de mobilisation jeune sur le meurtre de Rémi Fraisse. Ça doit être une co-construction, il faut que les syndicalistes et les représentants de courant politique soient à égalité. C’est plus efficace au long terme mais c’est toujours plus lent au départ. »
Source : www.mediapart.fr
Source : www.bastamag.net
Débattre Belgique
14 novembre 2014
Est-ce la naissance d’une vaste contestation au Nord de l’Europe ? Le 6 novembre 2014, plus de 110 000 personnes ont rejoint Bruxelles pour exprimer leur refus des mesures d’austérité que le nouveau gouvernement fédéral souhaite mettre en œuvre. Une politique qui remet en cause nombre de droits sociaux sans mettre à contribution financiers et capitaux. Une grève générale est appelée en décembre. Grévistes et syndicalistes belges réussiront-ils là où les manifestants grecs et les indignés espagnols ont, pour l’instant, échoué ?
Entre 110 000 et 130 000 personnes ont manifesté dans les rues bruxelloises, le 6 novembre dernier. Parmi eux figuraient bien sûr les principaux syndicats belges, socialiste (FGTB), chrétien (CSC) ou libéral (CGSLB). Mais pas uniquement : de nombreux citoyens qui n’avaient jamais pris part à ce genre de mobilisation étaient aussi présents pour manifester leur hostilité à de nombreuses mesures adoptées ou en passe de l’être, par le gouvernement belge. Et si cet événement constituait les prémices d’un mouvement social large contre l’austérité, en Belgique ?
Dans la presse généraliste, cette question n’a pas été posée. Photos chocs à l’appui, la violence des dockers a par contre été largement commentée. La presse, écrite ou audiovisuelle, est revenue sur les affrontements entre policiers et manifestants. De manière réductrice, l’abus d’alcool ou les liens présumés entre certains travailleurs portuaires et des groupuscules d’extrême droite ont été mis en avant. Sur les 2 000 dockers présents à Bruxelles le 6 novembre, seule une minorité, environ 200, a pris part aux affrontements avec la police. Seule La Libre Belgique, un quotidien francophone, a rappelé, le 8 novembre le contexte de cet accès de violence [1].
Afin d’améliorer leurs conditions de travail et à force de luttes sociales, les dockers ont obtenu, depuis 1972, un statut qui les protège de la mise en concurrence. Dans chaque port belge, l’accès à la profession est protégé. Pour embaucher, les entreprises doivent obligatoirement passer par un "pool" de travailleurs géré par une institution publique. Ce statut original "hors marché du travail" permet au docker de conserver son niveau de salaire et ses conditions de travail quel que soit son employeur.
Ce statut est attaqué depuis plusieurs années par la Commission européenne pour infraction à la libre concurrence et au libre établissement des entreprises multinationales dans les ports européens. Cette menace se précise aujourd’hui. L’Union européenne a lancé une procédure d’infraction contre la Belgique et le gouvernement fédéral prévoit, dans son accord, une révision du statut des dockers. Ce contexte permet de mieux comprendre les affrontements qui ont émaillé la manifestation bruxelloise.
Les travailleurs des ports d’Anvers ou de Gand ne sont pas les seuls que les politiques d’austérité mises en œuvre par le gouvernement fédéral vont toucher. Pour comprendre l’ampleur de la manifestation, il faut aussi la replacer dans un contexte social qui voit, depuis plusieurs semaines, de multiples conflits sectoriels éclater dans la police, les prisons, chez les chômeurs ou encore les étudiants en médecine. Le nouveau gouvernement belge, rebaptisé "coalition Monaco" ou "Kamikaze" par les acteurs sociaux, veut réaliser une économie de 11 milliards d’euros sur la législature, principalement en réduisant les dépenses de l’État.
Trois mesures cristallisent principalement la colère des organisations syndicales. Il y a tout d’abord la volonté du gouvernement de ne pas appliquer l’indexation automatioque des salaires sur le coût de la vie en 2015 [2] alors que le gouvernement précédent a déjà pris la décision de geler les salaires (hors indexation automatique) en 2013 et en 2014. Comme un peu partout en Europe, le report de l’âge légal de la retraite, qui passera progressivement de 65 ans à 67 ans d’ici 2030, fait partie de la boîte à outils néolibérale censée lutter contre le vieillissement de la population.
Mais c’est surtout la réforme des possibilités de départ anticipé ou d’aménagement de carrière qui suscite l’indignation dans les rangs syndicaux. Plusieurs mesures ont également pour ambition de renforcer la "flexibilité" du travailleur belge. D’autres mesures comme la privatisation de certaines entreprises publiques, l’activation et la surveillance des chômeurs, la réforme des tribunaux du travail sont également au centre des débats en Belgique.
Enfin, aucune nouvelle recette provenant d’une contribution du capital n’est actuellement prévue dans l’accord, à l’exception d’un projet de taxe assez floue sur des structures patrimoniales détenues par les belges dans des paradis fiscaux. Les révélations sur les "arrangements fiscaux" entre l’État luxembourgeois et de grandes entreprises belges [3], révélées par la presse le matin de la manifestation, montrent à quel point ce type de mesure relève surtout de l’effet d’annonce.
La manifestation du 6 novembre signale le début d’un plan d’action syndical qui verra des grèves tournantes prendre place dans les provinces belges les 24 novembre, 1er et 8 décembre. Il se ponctuera par une grève nationale le 15 décembre 2014. Cela sera-t-il suffisant pour réussir là où les mouvements sociaux du sud de l’Europe ont, jusqu’à présent, échoué ? Un mouvement social belge pourrait-il bloquer les programmes d’austérité dictés par les institutions européennes et mis en œuvre par les gouvernements nationaux ?
Le nombre de manifestants rassemblés à Bruxelles le 6 novembre, mais aussi leur diversité, fait apparaître une indignation forte dans la population belge contre les mesures d’austérité du nouveau gouvernement. Il y a certainement là un "mouvement social belge potentiel". Une question reste néanmoins posée. Comment les organisations syndicales, actrices centrales de ce mouvement, vont-elles parvenir à le faire vivre ?
Deux éléments doivent ici être mis en perspective. Tout d’abord, l’absence d’une revendication réellement offensive de la part des syndicats. Comme l’a indiqué la secrétaire nationale de la Confédération des syndicats chrétiens (CSC) sur les ondes de la RTBF Radio avant la manifestation, l’action du 6 novembre n’est en aucun cas une « manifestation politique » [4]. L’ambition des syndicats est de rouvrir un espace de concertation sociale avec le gouvernement, pas nécessairement de faire tomber celui-ci. L’ampleur de la manifestation a, sans aucun doute, permis d’améliorer leurs rapports de forces. Le gouvernement fédéral communique d’ailleurs depuis lors sur sa volonté de renouer le dialogue avec les syndicats. A court terme, cette négociation ne pourra cependant porter que sur les marges des mesures gouvernementales.
Dès lors, l’essoufflement, voire la déception d’une large part des manifestants présents à Bruxelles est un risque avec lequel vont devoir composer les syndicats belges. De plus, les résultats aux dernières élections n’ont pas porté les mêmes majorités aux différents niveaux de pouvoir en Belgique. Au Nord, le succès du mouvement social dépendra de sa capacité à déstabiliser le parti social-chrétien (CD&V), la composante la moins néolibérale d’un gouvernement flamand qu’il compose avec les nationalistes de la NVA et les libéraux.
Du côté francophone, une majorité composée du parti socialiste et des Chrétiens-humanistes s’est rapidement dégagée. Or, les deux grandes organisations syndicales (FGTB et CSC) gardent des liens "privilégiés" avec les deux partis. Malgré une orientation plus sociale-démocrate, le gouvernement wallon prendra inévitablement des mesures douloureuses sur le plan social. La contestation sera-t-elle aussi forte à ce niveau ? De la réponse à cette dernière question dépendra sans doute la légitimité des syndicats comme catalyseur d’un mouvement social fort qui, aujourd’hui, peut sembler les déborder.
Bruno Bauraind, Groupe de recherche pour une stratégie économique alternative (Gresea)
Photos : CC Antonio Ponte
[1] La Libre Belgique du 8 et 9 novembre 2014.
[2] En Belgique, un mécanisme automatique permet de faire évoluer les salaires en fonction de l’évolution du prix d’un échantillon de biens et de services.
[3] Une enquête internationale "Lux Leaks" a mis au jour plus de 340 arrangements fiscaux entre l’État luxembourgeois et des entreprises multinationales.
[4] Interview de Marie-Hélène Ska, secrétaire nationale de la CSC sur les ondes de La Première, le 6 novembre 2014.
Source : www.bastamag.net
Source : www.reporterre.net
Emmanuel Daniel, Julie Lallouët-Geffroy et Grégoire Souchay (Reporterre)
vendredi 14 novembre 2014
Alors que le ministre de l’Intérieur refuse toute responsabilité dans le décès de Rémi Fraisse, la mobilisation contre la violence d’Etat et les grands projets inutiles se poursuit à Toulouse, Rennes et Rouen. Et sur la Zad du Testet, la vie reprend paisiblement, en l’absence de policiers... Récit des correspondants de Reporterre.
À TOULOUSE, LES ÉTUDIANTS SE RASSEMBLENT CONTRE LES VIOLENCES POLICIÈRES ET LES PROJETS INUTILES
Toulouse, correspondance
Ils étaient plus de mille ce jeudi 13 novembre rassemblés à l’amphithéâtre 8 de l’université Jean Jaurès (anciennement Toulouse Le Mirail). Avec la reprise des cours vient la reprise des mobilisations étudiantes, coutumières dans l’établissement toulousain. Mais en plus des traditionnelles revendications étudiantes, il est aujourd’hui question de Testet, de violences policières, de grands projets inutiles. Hugo, présent durant l’assemblée, raconte : « On a tout de suite voulu poser le débat pour expliquer le lien entre les problèmes d’austérité et de privatisation de l’université et ce qui se passe dans le Tarn ». L’explication est limpide : « D’un côté, ils dépensent des millions pour des grands projets inutiles et pour empêcher les gens de manifester, et de l’autre ils suppriment des filières universitaires, mettent en place une sélection et essayent de privatiser l’enseignement supérieur ».
Contre l’austérité et les Grands Projets Inutiles
Autre nouveauté, la population composant l’assemblée générale : là où l’on retrouve généralement des militants organisés, syndicalistes étudiants et organisations de jeunesse, un étudiant observe : « C’était très varié. Il y avait quelques figures activistes toulousaines, mais beaucoup de gens ont pris la parole ». La discussion a débouché sur quelques rendez-vous, à commencer par la manifestation de ce samedi 15 novembre, à Toulouse, contre les « politiques d’austérité ». Mais également avec un rendez-vous jeudi prochain, le 20 novembre, où un appel est lancé pour « la grève et l’occupation de l’université du Mirail ». Selon Hugo, « on parle d’enraciner le mouvement et d’occuper », dans la continuité des mouvements lycéens du mois d’octobre dans le Tarn et l’amorce de ZAD à Rouen. Enfin, une nouvelle manifestation, appelée cette fois nationalement, « contre les violences policières » pour la journée du 22 novembre.
« Guet-apens » policier et justice expéditive
Malgré la mort de Rémi Fraisse, la violence policière est restée intense. Une nouvelle manifestation était prévue samedi 8 novembre, pour rendre hommage à Rémi Fraisse et contre les violences policières. Sauf que, la veille au soir, le préfet de Haute-Garonne annonce son interdiction. Des tractations de la dernière heure laisseront aux organisateurs, notamment le Nouveau Parti Anticapitaliste, l’espoir de pouvoir marcher malgré tout. Peine perdue. Selon tous les témoignages, cette marche s’est avéré une véritable souricière. « On a fait quelques pas sur les grandes allées, comme cela avait été discuté, et puis, ils ont bloqué toutes les issues et ont commencé à nous gazer, nous frapper, alors qu’il n’y avait aucune violence de la part des manifestants ».
Deux photographes du site Le Journal Toulousain se trouvaient sur place et confirment cette version des faits en précisant que « la seule voiture brûlée, samedi dernier, a été le fait d’une grenade lacrymogène lancée par la police … C’est aussi une réalité. »
Parallèlement, les premières peines de condamnation de justice suite aux premières manifestations sont tombées et particulièrement lourdes. Le cas le plus emblématique est celui de Charlie, clown activiste, présent lors de la manifestation du 1er novembre, et condamné en comparution immédiate à 6 mois de prison dont quatre avec sursis. Une condamnation d’autant plus surprenante que la personne est connue pour être non-violente. D’autres jugements devraient intervenir début décembre, avec cette fois la possibilité de mieux préparer leur défense.
Mercredi soir, plusieurs personnes se sont retrouvées en petit comité devant le monument aux morts de Toulouse avec des bougies et des fleurs pour « honorer la mémoire de Rémi Fraisse ». Le même jour, à l’écart de tout média et de toute publicité, Rémi était enterré par sa famille et ses amis.
Sur la ZAD, la vie est paisible
Paradoxalement, c’est sur la zone humide du Testet que la situation est la plus calme. La tempête médiatique est retombée, aucun policier ne se trouve à proximité de la zone, et la principale occupation quotidienne est de vivre et construire. Après les hommages et le recueillement, les opposants ont entrepris une opération de nettoyage du ruisseau du Tescou de tous les résidus des combats des semaines passées, déchets de grenades lacrymogènes en tête. Mais cela ne suffit pas à occuper les énergies des militants. Alors, on construit toujours et encore. Un peu partout, les campements s’étendent, se développent.
Après des mois et semaines de tension permanente, les uns et les autres peuvent apprendre à se connaître, à vivre ensemble, comme dans toute communauté humaine. Si la menace de l’évacuation plane, depuis le 3 novembre dernier et les déclarations de Ségolène Royal, beaucoup n’y croient pas et espèrent bien tenir le camp pour la durée de l’hiver. L’argument de la vieille dame ne pouvant pas rentrer chez elle s’est révélé inexact, comme l’a raconté Le Canard Enchainé.
À deux pas de là où se trouvait le campement Gazad, non loin du lieu des affrontements du 25 octobre, une branche verte repousse sur un tronc d’arbre abattu. « Au printemps, ça va repartir », nous dit-on.
À RENNES, MODESTE MOBILISATION
Rennes, correspondance
Jeudi 13 novembre après-midi, près de deux cents personnes ont défilé dans les rues de Rennes pour s’opposer aux violences policières. Puis, en début d’après-midi, trois cents personnes se sont réunies en assemblée générale à l’université Rennes 2 : « Il ne faut pas laisser de porte de sortie au gouvernement, pas de revendication du type la démission de Cazeneuve », le ministre de l’Intérieur ; « Oui, parfois la violence est nécessaire, s’il n’y en avait pas eu à Notre-Dame-des-Landes, les travaux auraient commencé ! », le débat s’articule sur la suite à donner au mouvement. Le débrayage qui suit dans les salles de l’établissement puis dans les lycées n’est pas concluant, peu d’élèves et étudiants rejoignent le cortège.
Les mots d’ordre « La police mutile, la police assassine » sont scandés à travers la ville. Au bout de deux heures, la mobilisation se termine par un sit-in à proximité du commissariat de St-Anne, le quartier des soirées rennaises. La majeure partie des manifestants sont des étudiants, ils dénoncent « la psychose que les autorités tentent d’instaurer pour faire une distinction entre bons citoyens et casseurs ». La veille (mercredi), l’université avait fermé ses portes à cause d’un appel à une assemblée générale, qui a été reportée à jeudi.
Le samedi 8 novembre, une manifestation avait rassemblé trois cents personnes malgré l’interdiction de la préfecture et le déploiement des forces de l’ordre.
LA ZAD DE ROUEN EST DE RETOUR...
*Suite de l'article sur reporterre
Source : www.reporterre.net
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