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2 novembre 2013 6 02 /11 /novembre /2013 18:29

 

reporterre.net

 

La Pologne a bafoué la loi européenne pour promouvoir le gaz de schiste

Sylvain Lapoix (Reporterre)

samedi 2 novembre 2013

 

 

 

Deuxième volet de notre reportage en Pologne sur les gaz de schiste. Ou comment le gouvernement tente de séduire les industriels en promettant une exploitation des gaz la plus rapide possible, tout en ne se fâchant pas avec Bruxelles.

 


 

- Reportage, Varsovie (Pologne)

« Un simple éclaircissement ! » Dans la bouche des cadres de la région de Poméranie, la réforme du code minier polonais n’est qu’une formalité administrative dans la ruée vers les gaz de schiste. En fait, Varsovie est depuis cet été sous le coup d’une condamnation de l’Union européenne : par un arrêté en date du 27 juin, la Cour de Justice a jugé le mode d’attribution des permis d’exploration pour cette énergie non conforme à la législation communautaire. Soucieux de ne pas s’exposer à des amendes, le gouvernement polonais tente depuis de rattraper le coup, sans se fâcher avec les sociétés étrangères venues exploiter.

Distribution de concessions sans appel d’offre

Durant les années récentes, cent dix permis d’exploration ont été accordés à travers le pays, couvrant un tiers du territoire suivant la diagonale nord-ouest / sud-est des ressources présumées en gaz de schiste. Or, chacune de ces autorisations de prospection fut livrée avec la concession pour l’exploitation en cadeau et ce, sans aucun appel d’offre !

Un généreux mode d’attribution qui contrevient au principe de mise en concurrence édicté par le droit communautaire en matière énergétique. La Cour de justice oblige donc la Pologne à découpler les deux phases (exploration et production) et à mettre en concurrence les prétendants aux permis d’exploitation. Une injonction qui n’arrange pas les autorités polonaises.

Au demeurant, le gaz de schiste n’est pas encore une source d’énergie du pays : une cinquantaine de puits ont été forés, dont une quinzaine avec fracturation hydraulique. Aucun ne produit au sens commercial, sinon à Lebien, dont le puits fournit un peu plus de 8 000 mètres cubes par jour.

 

 

Puit à Stzeszewo -

 

« Notre pays n’a pas beaucoup de moyens et documenter nos ressources coûte très cher, explique Małgorzata Maria Klawiter, chargée de mission gaz de schiste auprès du Maréchal (préfet) de Poméranie. Chaque forage de recherche coûte 30 à 35 millions de dollars et les compagnies n’en retirent aucun bénéfice, nous voulons donc que la loi soit équilibrée. » Comprendre : désireux d’exploiter ses ressources le plus rapidement possible, la Pologne ne veut pas faire fuir les compagnies présentes.

Législateurs et techniciens du ministère cherchent donc des manières d’avantager de manière indirecte les titulaires de permis. « Les compagnies qui font de la prospection produisent une documentation géologique précieuse sur les réservoirs, l’environnement du forage... nous pourrions faire peser ce type d’information dans la balance dans l’attribution des permis d’exploitation sur la zone », confie un fonctionnaire.

Administrativement, cette réforme tranche avec la légèreté initiale des contrôles : les premières permis ont été distribués sans consultation des autorités locales, sans exigence d’étude d’impact environnemental préalable ni d’information des populations (y compris des propriétaires des terrains)... Le Texas au bord de la Baltique.

Ne pas fâcher l’Union européenne

« Le gouvernement n’a pas renoncé à écrire la loi au seul bénéfice des industriels, met en garde Ewa Sufin-Jacquemard, membre du parti des Verts polonais. Il impose ses décisions par décret : le 25 juin, il a enlevé aux élus locaux le droit de demander des études d’impact ! » Auparavant, ces derniers pouvaient exiger une étude d’impact environnemental aux investisseurs en cas de doute sur un forage à plus de mille mètres. En abaissant cette limite à 5 000 mètres, le conseil des ministres a rendu toute demande de ce type impossible pour les forages visant les gaz de schiste (ils sont situés en Pologne entre 2 800 et 4 000 mètres).

Cela prive les « wójt » (chefs d’agglomération) d’arguments pour demander l’arrêt des travaux. Une décision poussée par le vice-ministre de l’Environnement, en charge de la protection des ressources... mais aussi de leur exploitation.

Également « premier géologue du pays », Piotr Woźniak a une attitude ambiguë à l’égard des questions environnementales. « Très déçu » par l’arrêté rendu par la Cour de justice de l’Union européenne, le vice-ministre avait cependant déclaré vouloir « modifier la loi » pour y intégrer les appels d’offre sans pour autant toucher « aucun permis ». Un zig-zag entre deux impératifs pour le gouvernement polonais : ne pas menacer la croissance économique du pays et ne pas fâcher l’Union européenne.

 

 

Piotr Wozniak -

 

Spécialiste de l’appel à subvention, la Pologne est le huitième pays de l’Union le plus apte à capter les investissements publics issus des fonds structurels ou des cofinancements communautaires. Mais si les gouvernements des frères Kaczyński et celui de Donald Tusk sont fort avisés pour quadriller le pays d’infrastructures nouvelles (comme durant l’Euro 2012 de football), leur compréhension des questions environnementales s’avère limitée. Un problème devenu financier puisque la stratégie 2020 (qui prévoit notamment la réduction de 20% des émission de gaz à effet de serre) est désormais intégrée aux critères d’attribution de fonds européens.

Conscients de ces nouvelles exigences, le gouvernement a ces derniers temps multiplié les gestes de bonne foi, souvent sans réaliser les conséquences. En attendant de trouver une solution pour la très polluante production électrique du pays, le gouvernement a ainsi interdit durant l’été le chauffage des particuliers au charbon. Une décision pertinente écologiquement, mais qui a placé deux millions de Polonais hors la loi du jour au lendemain, sans que le gouvernement les ait informés d’une solution alternative pour l’hiver ! Mais que ce soit pour les gaz de schiste ou la stratégie 2020, la stratégie d’esquive ne durera pas longtemps.

 


Mine de charbon à ciel ouvert de Bielszowice -

 

Le jugement de la Cour de Luxembourg sur le droit minier sonne comme un rappel à l’ordre. « Je pense que l’Union européenne est peut-être la seule force à même d’obliger le gouvernement à réguler efficacement les gaz de schiste, voire la seule capable de les en détourner », espère Ewa Sufin-Jacquemard. La réforme du code minier, qui devrait être présentée avant la fin de l’année, sera un premier test. Et, bien que peu nombreux, les opposants aux gaz de schiste le guettent attentivement, de peur qu’il n’échappe à l’attention des médias...

 


 

Source et photos : Sylvain Lapoix pour Reporterre.

Lire aussi Les épisodes de notre reportage :
- En Pologne, le pays européen qui a commencé l’exploitation, luttes et débats
- La Pologne compte sur le gaz de schiste pour payer ses retraites.

Photos :
. chapô : lefigaro.fr
. Stzeszewo : Julien Mucchielli Rue89
. Piotr Wozniak : Natural gas Europe
. mine de Bielszowice : Wikipedia

 

 

 

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2 novembre 2013 6 02 /11 /novembre /2013 17:27

 

rue89.com

Hélène Crié-Wiesner - Binationale

Publié le 02/11/2013 à 15h37

 

 


Des camions sur un site d’exploitation des gaz de schistes à Zelienople, Pennsylvanie, le 16 février 2013 (Keith Srakocic/AP/SIPA)

Le journaliste de Vice a titré son article : « Le fracking m’a filé une chaude-pisse ». Pas de quoi rire, ni crier à l’intox écolo. L’alerte est si sérieuse que les autorités dépensent des fortunes pour tenter de cerner le phénomène.

Lorsque j’étais tombée, en septembre, sur le rapport de la très respectable ONG environnementale Food & Water Watch, intitulé « Les coûts sociaux du fracking » (fracturation hydraulique) [PDF], je m’étais promis de fouiner ailleurs pour voir si d’autres Etats montraient les mêmes symptômes que ceux de la Pennsylvanie :

  • une augmentation considérable des accidents de poids lourds dans les comtés intensivement forés ;
  • un accroissement fulgurant des crimes et délits commis sous l’influence de drogue et d’alcool ;
  • une explosion des cas de MST : « Les infections par chlamydiae et les blennorragies ont bondi de 62% dans les comtés ruraux où l’exploitation du gaz est importante, par rapport aux comtés ruraux voisins. »

« Appétit féroce pour le sexe et les drogues »

Finalement, le magazine Vice a fait le boulot, en publiant mi-octobre cet article de Peter Rugh. Le titre est racoleur, mais l’enquête est correcte et le journaliste a rencontré des travailleurs dans la partie.

Le mieux est encore d’en traduire des extraits – traduction non professionnelle sans doute, « excuse my French » comme disent les Américains :

« Avec les équipements lourds nécessaires aux forages, qui ont envahi la campagne profonde américaine, sont arrivées des hordes de travailleurs nantis par un appétit féroce pour le sexe et les drogues dures. »

Evidemment, quand ça débute comme ça, on se demande quelle tournure va prendre l’article. Rappelons qu’il s’agit du magazine Vice, pas exactement dans le style de la revue Esprit :

« Les plateformes de fracturation ont poussé comme des champignons dans dix-sept Etats, y compris en Californie, Texas, Dakota du Nord et Pennsylvanie. 82% des puits ont été forés après 2005, selon un rapport de l’association Environment America.

Les images satellite montrent qu’une partie des Grandes Plaines de l’Ouest scintillent la nuit presque autant que la ville de New York, à cause des plateformes et des torchères de gaz.

L’industrialisation de la campagne nord-américaine a apporté les problèmes des grandes villes à l’Amérique rurale. Aux critiques contre les compagnies accusées de saloper l’air, l’eau potable et les sols agricoles avec des gaz pourris et des éléments cancérigènes, on peut désormais ajouter l’arrivée de la prostitution, du trafic d’amphétamines et des délits sexuels. »

Villes cernées par des « camps d’hommes »

« On compte ici 80 mecs pour une femme », raconte un briscard de l’exploitation, qui a vu les parcs de caravanes, les bars et les clubs de striptease envahir les prairies du Dakota du Nord ces dernières années.

« Un de mes potes est venu ici avec son épouse. Quand ils sont au supermarché, s’il a le malheur de tourner le dos une minute, quand il se retourne, elle est cernée par une nuée de bonhommes qui veulent tous lui parler. »

Pour compenser le manque de logements pour les ouvriers venus d’ailleurs, des unités préfabriquées – surnommées « camps d’hommes » – ont poussé partout autour de villes autrefois minuscules.

Ces types ont une vie dure. Vous avez 7,6 fois plus de risques de mourir sur une plateforme de pétrole ou de gaz que dans n’importe quel autre secteur industriel. Ça explique pourquoi, quand la paye arrive, les gars ont envie de relâcher la pression. »

Les femmes paniquent à la vue d’un homme

« Malheureusement pour de nombreuses petites villes, l’idée que se fait du bon temps un ouvrier du fracking a tout à voir avec ce que d’autres appellent la débauche.

“Les putes font la passe à 300 dollars”, explique un ouvrier qui veut rester anonyme. “Mais si vous voyez une femme dans la rue ou dans un magasin, elle se met à trembler juste si vous essayez de lui dire bonjour. Certaines piquent des crises de panique rien qu’à cause du genre de types qu’il y a ici.”

Certains opposants comparent le fracking à un viol de la Terre, mais là où sont passés les extracteurs de gaz de schiste, ce sont de vrais viols qui ont été commis.

Les violences faites aux femmes dans les villes-champignons du Dakota du Nord et du Montana ont tellement augmenté que le ministère fédéral de la Justice a lancé une enquête à un demi-million de dollars pour étudier la corrélation “entre l’exploitation du gaz de schiste, la violence domestique, la violence dans les fréquentations homme-femme, les agressions et le harcèlement sexuels”. »

Des coûts sociaux dont personne ne parle

Le journaliste de Vice présente ensuite l’étude conduite en Pennsylvanie par le groupe Food & Water Watch, et cite la directrice de FWW :

« Nous avons constaté que la fracturation entraîne des coûts sociaux très lourds pour les communautés affectées par les forages. Ces coûts-là, ils sont réels et personne n’en parle jamais. »

L’étude de FWW indique aussi l’augmentation considérable des accidents automobiles en Pennsylvanie. Le journaliste de Vice assure que le phénomène est le même dans les autres Etats concernés par l’industrie du fracking :

« La plupart des chauffeurs de la compagnie conduisent leurs camions à 160 km/h, doublant des camions-citernes dans les deux sens. »

Les ouvriers s’endorment au volant

Il y a aussi les problèmes de drogue et d’excitants, largement consommés par des ouvriers soumis à des horaires de travail délirants, qui sinon s’endormiraient sur pied.

Curtis, un de ces travailleurs spécialisés dans les forages récemment retraité, raconte à Vice :

« Avant, sur une plateforme, on employait trois équipes de cinq hommes. Maintenant, il n’y a plus que deux équipes, qui bossent douze heures d’affilée. C’est dangereux. On perd pas mal de gars comme ça quand ils rentrent chez eux ; ils s’endorment au volant. »

Pourquoi des cadences aussi infernales ? A cause du boom de l’industrie du gaz, qui fait creuser à un rythme effréné des centaines de nouveaux puits, et installer autant de nouvelles plateformes.

Comme la main-d’œuvre qualifiée manque, alors des ouvriers novices et inexpérimentés sont mis au taf, au mépris des règles de sécurité. Les accidents du travail explosent. Mais comme les jobs sont bien payés, les hommes arrivent en foule de tous les coins des Etats-Unis pour tenter leur chance.

La même chose en France ?

En lisant ce papier dans Vice, ainsi que les différents rapports cités plus haut, je me disais qu’un pareil bordel ne pourrait jamais advenir en France si un jour l’exploitation du gaz de schiste y était autorisée.

Le droit du travail français est bien plus strict, il faudrait compter avec les syndicats, les habitants des campagnes ne laisseraient pas les choses dériver ainsi…

Ou bien si ?

« Des sacrifices à court terme valent le coup »

Pour revenir aux Etats-Unis, voici deux commentaires relevés sur le site de Vice, sous l’article de Peter Burgh.

« Offrir un emploi et de l’argent à des hommes rudes dans des endroits où il n’y avait rien avant débouche inévitablement sur ce genre de situation : les hommes rudes vont dépenser leur fric de manière rude. Et alors ? Le journaliste énumère les problèmes, OK, mais ne mentionne aucun des bénéfices induits pour la société, notamment la transition énergétique du charbon vers le gaz, qui est une bonne chose. »

« Je ne dis pas qu’il faut laisser forer intensivement n’importe comment, une régulation et des normes sont bien sûr nécessaires. Mais oh ! Regardez plus loin que le bout de votre nez : des sacrifices à court terme valent le coup quand on considère les gains économiques et environnementaux. »

Ces commentaires émanent sans doute de gens vivant bien loin des champs gaziers. En tout cas, leurs auteurs sont des hommes, pas des femmes.

 

 

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25 octobre 2013 5 25 /10 /octobre /2013 17:52

 

reporterre.net

 

La Pologne compte sur le gaz de schiste pour payer ses retraites

Sylvain Lapoix (Reporterre)

vendredi 25 octobre 2013

 

 

 

La bataille du gaz de schiste est engagée en Pologne, seul pays européen à avoir commencé - à très petite échelle - la production de gaz de schiste. Paysans et écologistes s’y opposent, mais les politiciens espèrent que les recettes de l’hydrocarbure paiera les retraites d’un pays en hémorragie démographique. Reporterre est sur place : premier volet de notre reportage.

 


 

- Reportage, Kartuzy (Pologne)

« Je ne veux pas de la fracturation hydraulique ici : il y a toute l’eau qu’il faut mais la moindre pollution des sous-sols ruinerait ces terres. » Le fermier polonais (voir photo) qui vient de poser sa sentence et son marteau dans le champs où paissent ses vaches n’est pas un militant anti-gaz de schiste. "J’ai refusé d’autoriser les forages parce que j’avais vu le film Gasland".

« S’il y a une autre technique, j’en veux bien de leur gaz », ajoute-t-il pragmatique. Il a juste regardé Gasland sur l’ordinateur de ses enfants. Lui-même n’a pas Internet, comme une bonne partie des agriculteurs de la région de Poméranie où six compagnies prospectent actuellement pour cette ressource. Pourtant, à des dizaines de kilomètres à la ronde, il est l’une des personnes les mieux renseignées qui puisse se trouver. Y compris et surtout comparé aux grands villes.

 


La Poméranie, au nord-ouest de la Pologne -

 

Du boom au pétard mouillé

Au delà des clameurs avec lesquelles les partisans de cette énergie célèbrent les 70 % de l’opinion favorables aux gaz de schiste dans le pays, l’ignorance se mêle au désintérêt. Ce n’est pas faute d’avoir vu tous les ministres du gouvernement du néolibéral Donald Tusk s’agiter dans les médias pour cette industrie à laquelle il a donné les coudées franches. Le schéma de taxation des entreprises prospectant les gaz de schiste n’est en effet prévu que pour 2015 et les patrons de ConocoPhilips, Chevron ou la compagnie nationale PGNiG se félicitent d’un environnement d’investissement particulièrement propice.

A l’inverse de leurs enthousiastes édiles, les riverains des forages, eux, sont passés à autre chose. A Łebień, dans le nord de la Poméranie où la joint venture Lane Energy a amené le premier puits du pays à une production symbolique, il est presque incongru de soulever le sujet. « Vous savez, ça date cette histoire, rigole une épicière du village. Il y a eu des réunions il y a plusieurs années où ils nous ont promis des emplois, des nouvelles routes, de l’argent.... Rien de tout ça n’est arrivé, mais ils ne nous emmerdent pas ! »



Plate-forme de Łebień -

 

Fracture numérique

L’argument revient dans le bouche de ses voisins : « ils sont à quatre kilomètres du village, nous ne craignions rien de toute manière ». Quelques jobs ont été créés dans le canton : la société de sécurité Ares, basée dans la ville voisine de Lebork, emploie deux ou trois habitants pour surveiller le site. Pas de quoi bouleverser l’économie locale.

Pour Ewa Sufin-Jacquemard, cadre du parti Vert polonais, l’ignorance est à la base de cette apathie. « Dans la majorité des campagnes, il n’y a pas d’accès à un Internet rapide, ce qui empêche de diversifier les sources d’information : les habitants des zones rurales se rabattent donc sur la télévision ou la presse écrite qui sont unanimement favorables aux gaz de schiste. »



Ewa Sufin-Jacquemard -

 

Un défaut d’information encore plus critique à l’époque de la délivrance des permis : la grosse centaine de concessions pour l’exploration des gaz de schiste a été distribuée entre 2001 et 2007, à une époque où « gaz łupkowy » (gaz de schiste en polonais) était un terme encore inconnu de la majorité de la classe politique.

A Zurawlow, le mouvement rural d’opposition Occupy Chevron repose ainsi en grande partie sur l’information web : de quatre coins du pays, des jeunes se relaient pour traduire aux habitants non anglophones des articles postés par les documentaristes Josh Fox et Lech Kowalski sur Facebook, « seul lieu d’information indépendant du pays », assure une militante de Gdansk.

Du gaz pour sauver les retraites et repousser les Russes

La question des risques environnementaux balayée, c’est la promesse économique qui joue à plein dans l’opinion. « Le gaz de schiste, c’est pour nos retraites ! », répondent comme une évidence un trentenaire de Varsovie et un quinquagénaire de Gdansk. Portée par des travaux d’infrastructures colossaux, l’économie du pays souffre d’une hémorragie démographique sans précédent : désireux de trouver du boulot en Allemagne ou plus loin, beaucoup de jeunes quittent leur pays, emportant avec eux les cotisations nécessaires à assurer les vieux jours de leurs aînés. Quant à ceux qui restent, l’augmentation du coût de la vie dissuade la plupart d’avoir les enfants qui financeront à terme le système.

La réponse, le gouvernement l’a trouvée à 3 000 mètres sous terre : une part des royalties du gaz à produire abondera le système d’assurance vieillesse polonais. Là encore, les détails manquent et seront discutés par le gouvernement dans le cadre de la réforme du code minier (voir le deuxième volet de notre reportage à paraître sur Reporterre).

Dernier argument clef : ce gaz « national » permettrait de s’affranchir de la tutelle de Moscou. Un point qui fait mouche alors que le gouvernement jongle perpétuellement pour ne pas vexer le grand-frère sur le plan diplomatique, économique et politique. Fin 2012, le géant russe Gazprom a ainsi réduit la facture de ses exportations de gaz vers la Pologne, suivant l’orientation intimée par Vladimir Poutine de tenir compte de la « révolution des gaz de schiste » dans sa politique de prix. Si l’impact de cette ressource sur les relations russo-polonaises est réel, l’argument géopolitique achève surtout de neutraliser le débat public.

Un militant du mouvement anti-gaz de schiste Złupieni (voir le troisième volet de notre reportage à paraître sur Reporterre) résume le piège ainsi monté : « Si vous êtes un journaliste qui pose des questions sur les risques des gaz de schiste ou bien un militant qui tente d’informer sur le fracking, les élus et certains riverains vous accusent d’être financés par Gazprom. »

A suivre…


Source et photo : Sylvain Lapoix, envoyé spécial de Reporterre

Photos :
. fermier et plate-forme : Sylvain Lapoix.
. Ewa Sufin-Jacquemard : Youtube

Carte Poméranie : Wikipedia.

Lire aussi : Gaz de schiste : en Pologne, le pays européen qui a commencé l’exploitation, luttes et débats

 

 

 

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24 octobre 2013 4 24 /10 /octobre /2013 16:51

 

20minutes.fr

 

Des documents confidentiels sur les dangers des gaz de schiste publiés par le «New York Times»

Publié le 2 mars 2011.
Forage de gaz aux Etats-Unis, dans le Colorado.

Forage de gaz aux Etats-Unis, dans le Colorado. DAVID ZALUBOWSKI/AP/SIPA


ENERGIE - Ils démontrent que les eaux rejetées par les forages sont dangereusement radioactives...

Le Wikileaks des gaz de schiste. Vendredi 26 février, le New York Times publiait des données triées parmi 30.000 documents confidentiels produits par l’EPA, l’agence de protection de l’environnement américaine. Ces documents révèlent que les eaux rejetées par les forages de gaz de schiste sont radioactives à des taux qui peuvent atteindre 1.000 fois les limites autorisées pour l’eau de boisson.

Selon les documents que s’est procurés le New York Times, les niveaux de radioactivité dans les eaux usées sont tels que les industriels ne peuvent pas les dépolluer complètement. La moitié des eaux serait donc envoyée dans les stations d’épuration traditionnelles, qui n’ont souvent pas les capacités de ramener les eaux à des niveaux correspondant aux normes requises pour l’eau de boisson.

«Un des plus grands échecs des Etats-Unis dans la fourniture d’eau potable»

En Pennsylvanie, où l’on compte 71.000 forages actifs, une grande quantité d’eaux usées est rejetée dans la rivière Monongahela, qui alimente plus de 800.000 personnes en eau du robinet notamment dans la ville de Pittsburgh. Des niveaux un peu moins élevés de radioactivité ont été observés dans la rivière Delaware, qui fournit l’eau potable de plus de 15 millions de personnes dans la région de Philadelphie.

A la fin 2008, une sécheresse a fait craindre aux autorités une forte pollution par les eaux usées et les habitants de Pittsburgh ont été incités à consommer de l’eau en bouteille. L’EPA décrit cet incident dans un document interne comme «un des plus grands échecs des Etats-Unis dans la fourniture d’eau potable». Et pour cause: la Pennsylvanie est un des rares Etats américains à avoir autorisé les industries gazières à se décharger de la majorité de leurs eaux usées auprès des stations d’épuration classiques. Ailleurs, les 10 à 40% d’eau chargée en produits chimiques qui remontent des fracturations doivent être enterrées dans des puits sous des roches imperméables.

Les contrôles de radioactivité seraient également trop peu fréquents: selon le New York Times, les eaux de boisson ne sont contrôlées que tous les six à neuf ans, et sur 65 sites testés en Pennsylvanie, aucun n’avait de données plus récentes que 2008, voire 2005 pour la plupart, date à laquelle les extractions de gaz de schiste étaient encore rares.

Le New York Times pointe du doigt l’indulgence des autorités vis-à-vis des industries qui exploitent les 493.000 puits des Etats-Unis. «Pour chauffer la maison, on brûle les meubles», accuse John H.Quigley, ancien secrétaire du département de Conservation des ressources naturelles de Pennsylvanie.

Des effets collatéraux inquiétants

Les scientifiques de l’EPA ont beau s’alarmer, mettant en garde contre une radioactivité dangereusement élevée dans l’eau du robinet, rien n’a été fait pour contrôler le retraitement des eaux issues des forages. Et les autres effets collatéraux des gaz de schiste, notamment la pollution de l’air, inquiètent les chercheurs. «Les impacts de la fracturation hydraulique sur la santé, ainsi que des contaminations de l’air et de l’eau, ont été constatés dans au moins une douzaine d’Etats», témoigne Walter Hang, président de l’entreprise Toxics Targeting, qui collecte des données sur les forages de gaz.

Si aucun cas n’a encore été avéré, la contamination au radium des eaux de boisson ou des aliments peut être la cause de cancers. Au Texas, où de nombreux forages ont été creusés ces dernières années, le nombre d’enfants asthmatiques a fortement augmenté dans les villes voisines.   

Audrey Chauvet
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21 octobre 2013 1 21 /10 /octobre /2013 17:16

 

reporterre.net

 

Gaz de schiste : dans le Jura, une manifestation massive pour dire "Non"

Daniel Bordur (Reporterre)

lundi 21 octobre 2013

 

 

 

 

A Saint-Claude, dans le Jura, on n’avait pas vu autant de monde dans les rues depuis 1928 ! Comme dans de nombreux endroits du monde en ce samedi 19 octobre de mobilisation mondiale contre le gaz de schiste, les citoyens ont protesté contre les projets de forage dans le Jura et dans le Bugey.

 


 

- Saint-Claude (Jura), correspondance

« On n’est pas masoschiste », « N’inschistez pas, dégazez ! », « L’eau est vitale, la polluer est fatal », « Bonjour forage, adieu fromages », « No gazaran »... Des slogans souriant ont fleuri samedi 19 octobre dans les rues de Saint-Claude, sous-préfecture du Jura à la tradition coopérative vivace, enchâssée dans la moyenne montagne. Entre 1 500 et 2 500 personnes ont défilé dans la ville qui compte 11 000 habitants, afin de clamer leur opposition aux gaz de schiste. L’événement avait lieu à l’appel de collectifs de Savoie, d’Ain, du Haut-Jura, du Haut-Doubs, du Val de Travers (Suisse), à l’occasion de la Journée internationale de mobilisation contre le gaz de schiste.

Dès le matin plus de 200 personnes s’étaient massées dans une salle prêtée par la ville pour écouter l’économiste Thomas Porcher, auteur d’une thèse sur la stratégie des compagnies pétrolières et professeur à l’Ecole supérieure de gestion. Il se réjouit d’avoir éclairé les pouvoirs publics avec ses études résumées dans Le Mirage des gaz de schiste et entend fournir des arguments susceptibles d’être entendus au-delà des seuls défenseurs de l’environnement. C’est déjà le cas dans les montagnes du Jura où une large part de l’économie repose sur l’agriculture extensive, les fromages AOC-AOP (Appelllation d’origine contrôlée), le tourisme vert. La Confédération paysanne ou les accompagnateurs en montagne sont parmi les réseaux mobilisés...

 

Duplex avec la Pologne et l’Argentine

Deux liaisons duplex avec Zurawlow (Pologne) et un village d’Indiens Mapuche en Patagonie (Argentine) ont conclu dans l’émotion la conférence. Là-bas, les paysans résistent aux engins, à la police, à la pression économique de Chevron, percent l’indifférence médiatique, s’activent sur le plan juridique. « Pour les Mapuche, la terre est la mère. Si la terre est malade, tout est malade », explique Virginia Cattin, qui traduit les propos en espagnol des paysans Mapuche.

Architecte à la retraite, cette habitante du Val-de-Travers, en Suisse, raconte la mobilisation dans cette haute vallée célèbre pour son absinthe : « C’est la moindre des choses de venir manifester à Saint-Claude, les Français nous ont réveillés ! Une concession avait été votée en 2010 par le Grand Conseil neuchâtelois [parlement cantonal] au profit de Celtique Energie. En juin, lors d’une réunion avec les Verts, nous avons appris que quelque chose s’était passé. Nous avons lancé une pétition qui a obtenu 10 518 signatures en deux mois pour demander un moratoire contre tout forage... Maintenant, Celtique revient par derrière dire qu’ils vont rechercher du gaz conventionnel pour lequel il faut ’’stimuler’’ la roche. Mais ça se fait avec de la fracturation ! Si les problèmes continuent, nous irons vers une initiative cantonale, il faut 4 500 signatures... ». Autrement dit, la prochaine étape avant un référendum d’initiative populaire dont les Suisses sont friands.

 

Maire « à cause de ça »

Côté français où plusieurs concessions sont en cours, les choses sont moins bordées juridiquement. Les motions anti gaz de schiste adoptées par une cinquantaine de collectivités, dont la ville de Saint-Claude et le Parc naturel régional du Haut-Jura, n’ont pas de valeur contraignante. Les produits du sous-sol appartiennent en effet à l’Etat à qui revient le dernier mot. On connaîtra sa position à l’échéance des concessions d’exploration : renouvellement ou pas ? Aux Moussières, village emblématique du fromage bleu de Gex, 1 200 m d’altitude, la concession accordée à Celtique Energie, qui assure ne chercher que du pétrole s’est terminée en mars dernier.

 

 

Mais « l’Etat a quinze mois pour se prononcer », explique Julien Vandelle, du collectif Non aux forages d’hydrocarbures. Si aucun forage n’a eu lieu sur le Haut Jura, il n’en a pas été de même dans le Bugey, plus au sud. « Ils avaient foré à 200 m de notre source qui n’a pas été polluée, mais celle à 2 kilomètres l’a été », dit Hervé Leroy qui a été élu maire de Lantenay (Ain) en décembre 2011 après la démission de son prédécesseur qui s’apprêtait à louer un terrain communal à Celtique : « Il y avait eu 900 manifestants pour 360 habitants », souligne Hervé Leroy qui co-préside désormais l’association des élus contre le forage à laquelle ont adhéré une quinzaine de collectivités.

 

 

Claude Leroy -

 

Une échéance le 27 octobre...

On devrait être rapidement fixé sur les intentions de l’Etat. La concession accordée à European Gas Limited à Lons-le-Saunier où du gaz de houille a été exploité dans les années 1950, arrive à échéance le 27 octobre. L’absence de nouvelles de l’Etat vaudra refus tacite de renouvellement. Quant à la concession de Pontarlier dont le périmètre inclut notamment la station de ski de Métabief, accordée là encore à Celtique Energie jusqu’en septembre 2015, elle n’a débouché sur aucun acte.

Plusieurs élus, ceints de tricolore ou non, ont pris la tête du cortège, juste derrière un tracteur tirant une charrette de bidons de lait.

 

 

Francis Lahaut, maire de Saint-Claude (PCF) dit qu’il faut remonter à 1928 et aux obsèques du député-maire Henri Ponard pour voir autant de monde dans une manifestation à Saint-Claude.

Il considère que « la décision du Conseil constitutionnel ne met pas fin au débat. Face à nous il y a des lobbies très puissants, Solvay (basée à Taux, près de Dole) vient de racheter une entreprise américaine spécialisée dans le fracking : les pétroliers y croient. Ils ne renonceront pas sans une opposition forte et populaire... » Jacques Laçon, adjoint écologiste au maire UMP de Lons-le-Saunier, est présent car c’est « un combat majeur ». Il y a aussi le conseiller général de Morez François Godin (Parti radical), la députée du Doubs Barbara Romagnan (PS), les conseillers régionaux (EELV) Brigitte Monnet et Eric Durand...

Mais c’est bien la société civile qui est dans la rue avec calicots, musique et banderoles. Au printemps dernier, le collectif du Haut-Jura défilait même avec un char à l’occasion de la fameuse fête pluri-centenaire des Soufflaculs dans les rues de Saint-Claude !

 


 

Source et photos : Daniel Bordur pour Reporterre.

Lire aussi : A Jouarre, des activistes ont investi la tour de forage du pétrole de schiste.

 

 

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20 octobre 2013 7 20 /10 /octobre /2013 17:17

 

 

lapresse.ca

Publié le 18 octobre 2013 à 00h00 | Mis à jour le 18 octobre 2013 à 05h15

Les manifestations contre le gaz de schiste gagnent Montréal

 

 

De façon pacifique, ils ont parcouru la rue... (PHOTO OLIVIER PONTBRIAND, LA PRESSE)

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De façon pacifique, ils ont parcouru la rue Sainte-Catherine, en plein coeur du centre-ville.

PHOTO OLIVIER PONTBRIAND, LA PRESSE

Hugo Pilon-Larose
Hugo Pilon-Larose
La Presse

Environ deux cents personnes ont marché dans les rues de Montréal tard ce soir en signe de solidarité avec les manifestants du Nouveau-Brunswick, qui veulent empêcher une entreprise gazière d'effectuer des tests sismiques dans leur région.

De façon pacifique, ils ont parcouru la rue Sainte-Catherine, en plein coeur du centre-ville, jusqu'au parc de la Paix, théâtre de plusieurs rassemblements autochtones, près de l'angle du boulevard René-Lévesque et du boulevard Saint-Laurent.

«Nous sommes ici aujourd'hui en solidarité avec nos frères et soeurs qui se font battre par les policiers de la Gendarmerie royale du Canada (GRC)», a expliqué l'un des organisateurs de la manifestation, Mateo Pekuakami.

«Encore une fois, le pouvoir militaire est au service des multinationales et non au service des peuples, souverains sur leur territoire. Ces terres leur appartiennent et les compagnies doivent [partir]», a poursuivi le jeune homme.

Vers 7h30, ce matin, la police néo-brunswickoise a commencé à faire respecter une injonction prononcée plus tôt ce mois-ci pour mettre fin au blocus visant à empêcher l'entreprise gazière SWN Resources d'effectuer des tests sismiques dans la région. Le blocus se tenait près de Rexton, à proximité de l'entrepôt où se trouve l'équipement d'exploration de l'entreprise.

Arrestations

La GRC a arrêté des dizaines de personnes qui manifestaient contre l'exploitation des gaz de schiste. Pendant l'opération, des cocktails Molotov ont été lancés sur les forces de l'ordre, cinq autopatrouilles ont été incendiées et un civil a tiré au moins un coup de feu.

«La GRC s'est appliquée à travailler avec toutes les parties impliquées, dans l'espoir de trouver une issue pacifique. Ces efforts n'ont pas réussi», a déclaré l'agente Jullie Rogers-Marsh, porte-parole de la GRC au Nouveau-Brunswick.

Au moins 40 manifestants ont été arrêtés pour des gestes liés à des armes à feu, de l'intimidation et des violations de l'entreprise. Les écoles des environs ont été fermées par mesure de précaution.

Les policiers ont commencé à faire respecter l'injonction après que des menaces eurent été proférées à l'endroit d'un garde de sécurité sur les lieux, la nuit précédente, a rapporté Mme Rogers-Marsh. Elle a refusé de commenter des informations selon lesquelles les policiers auraient utilisé des balles de caoutchouc.

La GRC avait bloqué la route 134 le 29 septembre, lorsqu'une manifestation a débordé sur la voie publique. Les manifestants ont ensuite coupé des arbres de chaque côté de la route, bloquant l'accès aux terrains de l'entreprise gazière.

Manifestation en Ontario

Des manifestants autochtones bloquaient la route 6 dans le sud de l'Ontario, entre les communautés de Hagersville et de Caledonia, rapporte la Police provinciale de l'Ontario. Le policier Mark Foster a précisé que de 30 à 40 personnes participaient à la manifestation. Selon l'agence de presse locale Turtle Island News, des membres de la communauté des Six Nations souhaitent ainsi démontrer leur solidarité avec les manifestants de la Première Nation elsipogtog, arrêtés plus tôt dans la journée lors d'une manifestation contre l'exploitation du gaz de schiste dans l'est du Nouveau-Brunswick.

-Avec la Presse Canadienne

 


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18 octobre 2013 5 18 /10 /octobre /2013 19:50

 

 

lemonde.fr

Les opposants au gaz de schiste de plus en plus mobilisés dans le monde

Le Monde.fr | 18.10.2013 à 19h56 • Mis à jour le 18.10.2013 à 20h09 | Par Audrey Garric

 
 
Les oppositions au gaz de schiste essaiment dans le monde.

Alors que de plus en plus de pays autorisent l'exploration et l'exploitation des pétrole et gaz de schiste, les contestations se succèdent. Samedi 19 octobre, ils doivent être des milliers à manifester, en France (à Paris, Toulouse, Lille ou Nice), aux Etats-Unis, Canada, Angleterre, Allemagne ou encore Roumanie à l'occasion de la Journée mondiale contre le gaz de schiste.

Car si ces hydrocarbures non conventionnels font miroiter aux entreprises et aux pays revenus, recettes fiscales et emplois – jusqu'au rêve d'une indépendance énergétique –, ils sont vivement critiqués pour leurs conséquences néfastes sur l'environnement ainsi que sur le climat. Tour d'horizon de ces mouvements d'opposition.

Voir notre infographie : "Gaz et pétrole de schiste, des positions diverses"

  • En Roumanie : le recul de Chevron
Les forces de l'ordre roumaines tentent, le 16 octobre, de contenir des manifestants qui barrent l'accès d'un champ de la commune de Pungesti (nord-est) où doit être foré le premier puits d'exploration de gaz de schiste du pays par le géant américain Chevron.

C'est une victoire importante remportée par les opposants au gaz de schiste. Les deux mois de protestations de villageois contre des projets d'exploration à Silistea, dans le nord-est du pays, ont eu raison de Chevron. Le géant américain de l'énergie a annoncé la suspension de ses activités jeudi 17 octobre, au lendemain d'échauffourées entre gendarmes et protestataires qui bloquaient depuis lundi l'unique voie d'accès au site où le pétrolier comptait forer son premier puits d'exploration.

Lire : "Gaz de schiste en Roumanie : Chevron recule devant les protestations"

Le groupe avait obtenu en juillet des permis d'exploration dans trois villages de cette région pauvre, juste après la levée, en mars, par le gouvernement, du moratoire instauré l'année précédente. Après avoir vivement combattu ces hydrocarbures non conventionnels lorsque la coalition de centre gauche, à laquelle il appartient, était dans l'opposition, le premier ministre Victor Ponta s'est finalement rallié à cette nouvelle source d'énergie, rejoignant le président de centre droit Traian Basescu, fervent défenseur du gaz de schiste. Objectif : s'affranchir des coûteuses importations de gaz russe. Selon les dernières estimations de l'Agence d'information sur l'énergie américaine (EIA – Energy Information Administration), publiées en juin, le pays abriterait, avec l'Ukraine et la Bulgarie, 5 500 milliards de mètres cubes de gaz de schiste et 1,6 milliard de barils de pétrole de schiste.

Les opposants, eux, ne l'entendent pas de cette oreille. Pour eux, la fracturation hydraulique, qui consiste à injecter à haute pression dans la roche d'énormes quantités d'eau additionnées de sable et d'additifs chimiques, pollue les nappes phréatiques, fragilise les sols, voire favorise les tremblements de terre.

  • En Ukraine : une mobilisation naissante
Manifestation contre le gaz de schiste en Ukraine, le 17 octobre.

L'exemple roumain a fait des émules dans l'Ukraine voisine : jeudi 17 octobre, ce sont des centaines d'Ukrainiens qui ont manifesté contre les projets de Chevron d'exploiter le gaz de schiste dans leur pays.

L'an dernier, le géant américain avait remporté un appel d'offres pour exploiter le gisement d'Olesky, dans l'ouest du pays, dont le gouvernement estime les réserves à 2 980 milliards de mètres cubes de gaz. Un enjeu capital pour cette ex-république soviétique qui cherche à réduire sa dépendance par rapport à la Russie. Mais les populations locales s'inquiètent de l'impact sur l'environnement dans une région montagneuse qui est également un site touristique.

  • Au Canada : une opposition musclée
Extraction de gaz de schiste à Waynesburg (Pennsylvanie), en 2012.

Coup de feu, cocktails Molotov et véhicules de la gendarmerie brûlés : au Canada, la mobilisation contre l'exploitation du gaz de schiste a également pris un tour violent jeudi 17 octobre. Une quarantaine d'opposants ont été arrêtés à la suite de heurts avec les forces de l'ordre. 

Lire : "Canada : heurts entre policiers et opposants au gaz de schiste"

Depuis le mois dernier, ces opposants, dont des Amérindiens, cherchent à empêcher une entreprise gazière canadienne, SNW Ressources, d'effectuer des tests sismiques dans l'est du Nouveau-Brunswick, sur la côte atlantique. Des travaux de prospection ont débuté dans ces zones qui seraient riches en hydrocarbures – le pays compterait 16 000 milliards de mètres cubes de réserves de gaz de schiste selon l'EIA. Les opposants ont notamment érigé des barrages sur une route à proximité de l'entrepôt qui abrite l'équipement d'exploration de l'entreprise, mais la justice a prononcé une injonction pour mettre fin au blocus. Le soir, deux cents personnes ont marché dans les rues de Montréal en signe de solidarité avec les manifestants du Nouveau-Brunswick.

Des manifestations massives contre le gaz de schiste avaient secoué le Royaume-Uni en août.

Alors qu'une campagne de forage est en cours dans le sud de l'Angleterre, l'engouement de la population britannique pour le gaz de schiste s'érode. Selon un sondage publié le 1er octobre par l'université de Nottingham, 55 % des Anglais soutiennent aujourd'hui la fracturation hydraulique, contre 62 % en juillet.

Entre ces deux mois, des manifestations de milliers d'opposants ont secoué la région du Sussex, après le début des forages par l'entreprise Cuadrilla Resources le 2 août. La société britannique avait obtenu du gouvernement, en décembre 2012, l'autorisation de reprendre ses explorations qu'elle avait dû interrompre en 2011 en raison de secousses telluriques.

Autre sujet de mécontentement des opposants : le coût de la fracturation hydraulique se révèle deux fois plus élevé qu'aux Etats-Unis, ce qui devrait entraîner une baisse très limitée du prix de l'électricité dans le pays, selon des données de l'agence Bloomberg. Le gouvernement, au contraire, assure que les promesses de ressources de gaz de schiste avancées par Cuadrilla (3 000 milliards de mètres cubes) sont un gage d'indépendance énergétique accrue . Mais rien ne dit à ce jour que les réserves se concrétiseront.

Lire (édition abonnés) : "Balcombe, le village cossu du Sussex qui se refuse au gaz de schiste"

  • En France : la crainte d'expérimentations
Manifestations contre le gaz de schiste près de Jouarre, en Seine-et-Marne, le 3 août 2013.

Le contentieux qui déchaînait depuis plusieurs mois les passions en France a été tranché : la fracturation hydraulique reste interdite dans l'Hexagone. Le Conseil constitutionnel a en effet décidé, le 11 octobre, de valider la loi du 13 juillet 2011, dite loi Jacob, qui interdit l'usage de cette technique, la seule qui existe à ce jour pour extraire du gaz de schiste. Il a ainsi rejeté la question prioritaire de constitutionnalité (QPC) déposée par l'entreprise texane Schuepbach après l'annulation, en octobre 2011, de ses deux permis miniers du sud de la France.

Lire : "Gaz de schiste : la fracturation hydraulique restera interdite"

Si écologistes et ONG se sont réjouis de cette décision, ils estiment que le débat n'est pas totalement clos puisque la loi Jacob prévoit la mise en place d'une commission chargée, entre autres, d'"émettre un avis public sur les conditions de mise en œuvre d'expérimentations réalisées à des fins scientifiques, sous contrôle public". Or, cette commission, dont les membres n'ont pas tous été nommés, n'a jamais été réunie.

"Les industriels ont déjà commencé leur lobbying sur cette question de l'expérimentation, dénoncent plusieurs ONG, dont les Amis de la Terre, Attac et le Réseau action climat dans un communiqué. Ils jouent sur les difficultés de preuve et jusqu'ici des incertitudes légales pour poursuivre les recherches d'hydrocarbures non conventionnels, comme en Seine-et-Marne avec Hess Oil."

Lire l'article : "D'étranges forages américains en Seine-et-Marne"

 Audrey Garric
Journaliste au Monde

 


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17 octobre 2013 4 17 /10 /octobre /2013 21:36

 

lemonde.fr

 

Gaz de schiste en Roumanie : Chevron recule devant les protestations

Le Monde.fr avec AFP | 17.10.2013 à 18h45 • Mis à jour le 17.10.2013 à 19h06

 
Les forces de l'ordre roumaines tentent, le 16 octobre, de contenir des manifestants qui barrent l'accès d'un champ de la commune de Pungesti (nord est) où doit être foré le premier puits d'exploration du gaz de schiste du pays par le géant américain Chevron.

Les protestations de villageois roumains, trois jours durant, contre l'exploration du gaz de schiste à Silistea, dans le nord-est du pays, ont eu raison du géant américain de l'énergie Chevron, qui a annoncé, jeudi 17 octobre, la suspension de ses activités.

Cette décision est prise au lendemain d'échauffourées entre gendarmes et protestataires qui bloquaient depuis lundi l'unique voie d'accès au site où Chevron compte forer son premier puits d'exploration en Roumanie.

 

 
 

Lire le reportage (édition abonnés) : "En Roumanie, un pope mène la lutte contre le gaz de schiste"

 

 "ON VEUT SEULEMENT QU'ILS NOUS LAISSENT EN PAIX"

Couchés dans la boue, à genoux, avec leurs charrettes, ou les mains jointes pour une chaîne humaine, les villageois ont ainsi empêché les excavateurs et bulldozers de Chevron d'entrer dans le champ. "Nous ne leur permettrons pas de venir ici. Ils sont venus avec des gendarmes, des gardiens pour nous faire peur, mais on veut seulement qu'ils nous laissent en paix, même si nous sommes pauvres", avait déclaré l'un des manifestants, Gheorghe Hrum, cantonnier retraité de 76 ans.

Chevron a obtenu en juillet des permis d'exploration du gaz de schiste dans trois villages de cette région pauvre du nord-est de la Roumanie.

La méthode d'extraction, la fracturation hydraulique (fracking), utilisée aux Etats-Unis mais interdite en France, consiste à injecter à très haute pression de l'eau mêlée à du sable et des produits chimiques pour libérer le gaz de la roche. Un procédé que contestent les défenseurs de l'environnement, lesquels mettent en garde contre des risques de séisme et de pollution des nappes phréatiques.

Manifestations en Ukraine contre les projets d'exploration du gaz de schiste par Chevron

 

Jeudi 17 octobre, ce sont aussi des centaines d'Ukrainiens qui ont manifesté contre les projets d'exploitation de gaz de schiste de Chevron dans leur pays, enjeu capital pour cette ex-république soviétique qui cherche à réduire sa dépendance par rapport à la Russie. L'an dernier, le géant américain a remporté un appel d'offres pour exploiter le gisement d'Olesky (ouest), dont le gouvernement estime les réserves à 2 980 milliards de mètres cubes de gaz. Les populations locales s'inquiètent de l'impact sur l'environnement de l'exploitation du gaz de schiste dans cette région montagneuse qui est également un site touristique.

 

 

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17 octobre 2013 4 17 /10 /octobre /2013 21:26

 

 

lemonde.fr

 

Canada : heurts entre policiers et opposants au gaz de schiste

Le Monde.fr avec AFP | 17.10.2013 à 23h00

 
 

Au moins quarante personnes hostiles à l'exploitation du gaz de schiste sur la côte atlantique du Canada ont été arrêtées, jeudi 17 octobre, à la suite de heurts avec les forces de l'ordre, a annoncé la police fédérale.
 

"Au moins un coup de feu a été tiré par une personne qui n'était pas un policier, des cocktails Molotov ont été lancés sur les policiers et au moins cinq véhicules de la gendarmerie royale du Canada ont été détruits par le feu", a indiqué la gendarmerie dans un communiqué.

La police a dit avoir agi pour faire respecter une injonction judiciaire qui visait à faire lever des barrages érigés depuis le mois dernier sur une route près du village de Rexton, dans l'est du Nouveau-Brunswick. Les opposants, dont des Amérindiens de la Première Nation Elsipogtog – une des plus importantes réserves indiennes – empêchaient une entreprise gazière canadienne, SNW Ressources, d'effectuer des tests sismiques dans des zones qui seraient riches en hydrocarbures.

 

UNE ENQUÊTE DE GENDARMERIE OUVERTE

Parallèlement, la gendarmerie a ouvert une enquête pour déterminer la nature d'engins suspects trouvés sur les lieux. Les opposants avaient abattu plusieurs arbres sur la route afin d'empêcher la circulation des camions de la société SNW, selon des images des télévisions locales. Ils pourraient être accusés de voies de fait, menaces, d'intimidation, infractions en matière d'armes à feu et de violation d'une injonction.

Des travaux de prospection gazière ont débuté depuis plusieurs mois au Nouveau-Brunswick (province de la côte atlantique) afin de développer du gaz de schiste, un hydrocarbure non conventionnel dont la production est exponentielle depuis quelques années en Amérique du Nord.

 

 

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16 octobre 2013 3 16 /10 /octobre /2013 20:47

 

 

romandie.com

  Roumanie / gaz de schiste: des villageois bloquent des travaux d'exploration pour Chevron

 

 


PUNGESTI (Roumanie) - Les habitants d'un village roumain où le géant américain Chevron compte débuter l'exploration pour les gaz de schiste ont empêché lundi les engins de chantier de commencer les travaux, a constaté un correspondant de l'AFP.

Entre 300 et 400 habitants de la commune de Pungesti, retraités, femmes, enfants, agriculteurs venus avec leurs charrettes et leurs chevaux, se sont rassemblés pour crier leur opposition à Chevron et empêcher l'arrivée d'engins de chantier qui doivent commencer les travaux pour construire une sonde d'exploration dans la localité de Silistea.

Le convoi de sociétés contractées par Chevron transportant les excavateurs, un pont mobile et d'autres engins n'a pas pu arriver jusqu'au terrain, a constaté un correspondant de l'AFP.

De nombreux enfants portaient des pancartes affichant: stop Chevron.

Nous ne leur permettrons pas de venir ici même si nous devons mourir. Ils sont venus avec des gendarmes, des gardiens pour nous faire peur mais on veut seulement qu'ils nous laissent en paix même si nous sommes pauvres, a déclaré Gheorghe Hrum, cantonnier retraité de 76 ans.

Les manifestants ont également réclamé la démission du Premier ministre Victor Ponta, accusé d'avoir accordé des permis d'exploration à Chevron alors que la coalition de centre gauche au pouvoir, l'Union sociale libérale, promettait de s'y opposer quand elle était dans l'opposition.

Chevron a obtenu en juillet des permis d'exploration des gaz de schiste dans trois villages de cette région pauvre du nord-est de la Roumanie avec à terme l'ambition de développer l'extraction par fracturation hydraulique ou fracking.

Cette méthode, utilisée aux Etats-Unis mais interdite en France en raison des risques pour l'environnement, consiste à injecter à très haute pression de l'eau mêlée à du sable et des produits chimiques pour libérer le gaz de la roche.

Les défenseurs de l'environnement mettent en garde contre des risques de pollution notamment des nappes phréatiques.

Chevron promet de respecter toutes les normes environnementales.

cor-iw/mr/pre

CHEVRON


(©AFP / 14 octobre 2013 20h31)

 

 

 

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