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13 juillet 2013 6 13 /07 /juillet /2013 17:14

 

Le Monde.fr avec AFP

12.07.2013 à 08h00 • Mis à jour le 12.07.2013 à 08h39

 

 

 
 
Un pêcheur du port d'Iwaki, à 30 km au sud de la centrale de Fukushima.

Un bar pêché au large de la ville de Hitachi, dans la préfecture d'Ibaraki, à quelques dizaines de kilomètres de Fukushima, présente une quantité de césium radioactif mesurée à plus de 1 000 becquerels par kilogramme, alors que la limite pour les aliments a été fixée à 100 becquerels par kilogramme. Un niveau de radioactivité jusqu'à présent inédit pour un poisson de cette espèce, dix fois supérieur à la limite autorisée au Japon.

Comme toutes les espèces dont un spécimen d'une région donnée a dépassé la limite, le bar d'Ibaraki n'est pas mis sur le marché. Mais ce cas illustre le fait que la contamination issue de l'accident de Fukushima reste, plus de deux ans après, importante, dispersée et difficile à appréhender car il est impossible de tout contrôler.

 

 AUGMENTATION PRÉOCCUPANTE DES TAUX DE CÉSIUM RADIOACTIF

La centrale nucléaire a été gravement endommagée par le violent séisme et le tsunami du 11 mars 2011. La coupure de l'alimentation électrique provoquée par la déferlante avait engendré un arrêt des systèmes de refroidissement du combustible, qui avait fondu dans le cœur de trois des six réacteurs du site, d'où la présence de nombreux éléments radioactifs alentour, en mer, dans l'air et au sol.

Par ailleurs une brusque montée des taux de césium radioactif a été mesurée ces derniers jours dans la nappe phréatique, en bordure de mer près de la centrale. Mardi 9 juillet, l'exploitant Tepco a mesuré dans un forage situé entre les réacteurs et le bord de mer, une nouvelle augmentation des taux de césium radioactif dans la nappe phréatique. Ils atteignaient 22 000 becquerels par litre d'eau (Bq/l) pour le césium 137 et 11 000 Bq/l pour le césium 134. Le 8 juillet, ces niveaux étaient de 18 000 et 9 000 Bq/l, soit respectivement... 86 et 99 fois plus que les taux relevés trois jours auparavant.

Lire : D'où vient la hausse rapide de la radioactivité à Fukushima ?

 

 

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3 juillet 2013 3 03 /07 /juillet /2013 12:09

 

 

Rue89

  Tribune 03/07/2013 à 11h52

Cécile Asanuma-Brice et Thierry Ribault

 

Les auteurs

Thierry Ribault est auteur, avec Nadine Ribault, du livre « Les Sanctuaires de l’abîme – Chronique du désastre de Fukushima » paru aux éditions de l’Encyclopédie des nuisances. Il est chercheur au CNRS en poste à la Maison franco-japonaise de Tokyo, où Cécile Asanuma-Brice est chercheur associé.

 

(© H. Koide pour l’allocution en japonais – © C. Asanuma Brice, T. Ribault pour la traduction et l’édition en français.)

 

Le 23 juin 2013, pour les deux ans d’existence de la première « station citoyenne de mesure de la radioactivité » à Fukushima, le réseau Citizen Radioactivity Measuring Station (CRMS) organisait une rencontre réunissant scientifiques et habitants, à laquelle nous avons assisté.

Le professeur Hiroaki Koide, physicien, spécialiste des réacteurs au Research Reactor Institute de l’université de Kyoto, y a prononcé une conférence et nous le remercions d’avoir accepté que, sur la base de son intervention orale et à partir de documents complémentaires, nous en éditions et diffusions le contenu.

Cécile Asanuma-Brice et Thierry Ribault

 


L’intervention du professeur Hiroaki Koide

« Le bâtiment n°4, en partie détruit, contient une piscine de désactivation des combustibles comprenant des éléments radioactifs en grande quantité, qui est aujourd’hui en équilibre instable [...]. S’y trouvent 1 331 barres de combustibles radioactifs équivalant à 14 000 fois la quantité de césium 137 comprise dans la bombe d’Hiroshima [...].

Il faudra attendre que la grue, dont la construction va démarrer dans les prochains jours, fonctionne pour que l’on puisse commencer le déplacement des barres : on plongera un conteneur de plomb dans la piscine, et une à une, on y entreposera les 10 à 11 barres qu’il peut accueillir, on fermera le conteneur de plus de 100 tonnes, on le sortira et on le déplacera, puis on recommencera. Une seule des 1 331 barres qui viendrait à tomber, et la contamination empêcherait d’approcher la piscine pendant plusieurs mois. Pour le seul réacteur n°4, ces travaux nécessiteront, je pense, plus de dix ans. »

« De nombreux travailleurs sont irradiés »

« Dans les bâtiments n°1, 2 et 3, où la radioactivité est telle qu’on ne peut pas approcher, on ne sait pas quand il sera possible d’extirper les combustibles usagés des piscines. Les cœurs ont fondu et se sont affaissés. Désemparés, on projette, pour le moment, l’eau dessus pour faire en sorte de les refroidir. Cependant, pour le seul réacteur n°1, le niveau ne monte pas au-delà de 40 cm, parce qu’il y a un énorme trou par lequel l’eau fuit toujours plus, envahissant même la salle des turbines. On tente de récupérer cette eau, on essaie d’en extraire le césium et de l’asperger de nouveau. Mais tout fuit de part en part, et l’eau étant chargée d’éléments radioactifs, la radioactivité ne cesse de grimper, elle dont on attend qu’elle “ descende ” [...].

Aujourd’hui encore, de nombreux travailleurs sont irradiés afin de pouvoir mener à bien ces travaux de confinement. Les 100 tonnes de céramique d’uranium qui se trouvaient dans le cœur ont liquéfié la base de béton située dessous. Elle se dissout à environ 1 500 degrés. Le cœur en fusion a donc continué sa progression et créé un trou.

Toutefois, selon les dirigeants de Tepco, le corium, certes, progresse dans la base de béton d’un mètre d’épaisseur, mais cette progression n’aurait pas excédé 70 cm, ce qui laisserait une marge de 30 cm. Lorsque je les ai entendus fournir cette explication, je leur ai demandé si, pour affirmer cela, ils étaient allés voir. Etant donné qu’on ne peut même pas introduire un seul instrument de mesure de la radioactivité, on ne peut rien asserter. C’est incontrôlable. »

« Il faudra construire un sarcophage en béton »

« Selon le plan fourni par Tepco, le corium aurait la forme d’un gâteau de riz rond. En réalité, il est impossible de savoir dans quel état il se trouve. Je suis en revanche quasiment certain qu’il a traversé le béton et continue sa progression en dessous. Les dirigeants de Tepco disent qu’ils souhaiteraient en avoir le “ cœur net ”… et que c’est la raison pour laquelle ils développent des technologies liées à la robotique. Ils espèrent pouvoir extraire le cœur d’ici trente ans. Je pense, moi, qu’on ne le pourra jamais et qu’il faudra construire un sarcophage en béton, comme cela a été fait à Tchernobyl. Or, à Tchernobyl, 27 ans après, cette gigantesque couverture de béton est décrépite et il faut en construire une nouvelle par dessus.

C’est la seule solution, à Fukushima aussi, mais on ne pourra pas le faire avant trente ans. Moi, je ne serai plus là. Presque vous tous, qui êtes dans cette salle, vous ne serez plus là. Les jeunes pourront peut-être voir ce sarcophage, mais lorsqu’il faudra en construire un second, aucun d’entre eux ne sera encore en vie. Voilà l’échelle temporelle à laquelle nous sommes confrontés [...]. Comme à Tchernobyl, il faudra prévoir de vastes territoires où seront accumulés les déchets contaminés qui auront servi à la construction du sarcophage, territoires qui ne pourront plus être approchés pendant cent ans, deux cents ans, voire plus. »

« 300 ou 400 fois la bombe d’Hiroshima »

« La quantité de césium 137 relâchée à Fukushima est de l’ordre de 168 fois celle relâchée lors de l’explosion de la bombe d’Hiroshima : ce sont les chiffres du gouvernement japonais, mais ils sont sous-estimés, et la raison en est liée à la question de la responsabilité. Certes Tepco est responsable de l’accident, mais nul autre que le gouvernement n’a demandé à Tepco de poursuivre le nucléaire, arguant que c’était “ sans danger ”.

Le gouvernement a une responsabilité lourde, et le terme de “ responsabilité ” est un euphémisme car il a commis, de fait, un véritable crime d’Etat. Est-il normal qu’en un tel cas, ce soit le criminel qui fournisse les chiffres, et donc les preuves du crime qu’il a commis ? Il faut, en réalité, multiplier ces chiffres par deux ou trois et comprendre que la quantité de césium relâchée lors des explosions à Fukushima équivaut à 300 ou 400 fois la bombe d’Hiroshima. Sans compter ce qui a été reversé dans l’océan, et, aujourd’hui encore, des quantités considérables sont relâchées en pleine mer sans qu’on puisse entrevoir la fin de ce désastre. [...] »

 


Une botte abandonnée sur une grille, à Tomioka, dans la zone d’exclusion nucléaire, le 6 mars 2013 (Greg Baker/AP/SIPA)

 

« L’unique solution est la fuite »

« Au centre d’expérimentation nucléaire de l’université de Kyoto, où je travaille, lorsque nous manipulons des matières radioactives, nous sommes contraints de le faire exclusivement dans ce que nous appelons des “ zones d’accès contrôlées ” [...]. Si, suite à une expérience, mon taux de contamination excède la limite des 40 000 becquerels/m2, je suis considéré comme un déchet radioactif, la porte ne s’ouvre pas, et je dois être “ jeté ” [...].

Selon la carte fournie par l’Etat, dans la ville de Fukushima, la radioactivité dépasse les 60 000 becquerels/m2. Or le gouvernement affirme que les habitants peuvent y habiter ! Il ne s’agit pas d’une de mes expériences de laboratoire, ce ne sont pas seulement mes mains ou mes habits qui sont contaminés, mais le bâtiment dans lequel nous sommes actuellement. La route, la gare, la place devant la gare, les bosquets, les montagnes, tout est contaminé [...]. Nous sommes tous ici, tranquillement réunis dans cette salle de conférence à Fukushima, à discuter comme si de rien n’était, alors que dans cette ville de 300 000 habitants, tout est irradié [...]. L’endroit où nous sommes actuellement devrait être classé “ zone d’accès contrôlée ” et être évacué [...]. L’unique solution est la fuite [...]. On ne laisse vivre personne dans une “ zone d’accès contrôlée ”, et surtout pas des enfants. [...]

C’est la responsabilité individuelle qui joue dans la décision de chacun. Je suis ici de mon propre fait et vous également. Mais pas les enfants. Ce n’est pas que je souhaiterais ne protéger que les enfants. C’est que si je ne les protège pas, je ne me le pardonnerais jamais. A chacun d’entre vous de décider en conséquence. »





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30 juin 2013 7 30 /06 /juin /2013 21:16

 

 

Le Monde.fr avec AFP

30.06.2013 à 04h11 • Mis à jour le 30.06.2013 à 04h16

 

 

 
 
Photographie de la centrale de Fukushima prise le lundi 18 mars 2013.

L'opérateur de la centrale accidentée de Fukushima a annoncé samedi 29 juin avoir découvert des niveaux d'éléments radioactifs encore plus élevés que précédemment dans l'eau souterraine accumulée au pied des réacteurs, dans un nouveau puits creusé plus près de l'océan, et se dit incapable de juger si ladite eau s'écoule ou non en mer. L'exploitant, Tokyo Electric Power (Tepco), a mesuré un niveau de 3 000 becquerels par litre pour les éléments radioactifs produisant des rayons béta, comme le strontium 90, dans le liquide extrait vendredi dernier d'un nouveau point de prélèvement situé entre les réacteurs et la mer. Ce niveau est plusieurs dizaines de fois supérieur à la dose limite admise pour de l'eau de mer.

Initialement, Tepco indiquait que l'eau s'était accumulée là où elle avait été prélevée la première fois, c'est-à-dire en un point plus éloigné de l'océan, et n'était pas allée plus loin. Un renforcement des contrôles montre que tel n'est sans doute pas le cas, puisque le niveau relevé dans le nouveau puits est plus de deux fois supérieur au précédent prélèvement effectué plus en amont. Sur le fait que la radioactivité de l'eau souterraine à proximité du Pacifique soit plus élevée, Tepco affirme ne pas connaitre "la raison, mais l'eau de mer analysée, elle, ne montre pas d'augmentation des niveaux de radioactivité". La compagnie se garde cependant cette fois d'être trop affirmative et indique "ne pas pouvoir actuellement juger si l'eau radioactive s'écoule ou non dans l'océan voisin". Tepco promet de renforcer les contrôles.

La centrale Fukushima Daiichi a été ravagée par le séisme et le tsunami du 11 mars 2011, dans le nord-est de l'archipel. La coupure de l'alimentation électrique provoquée par la déferlante a engendré un arrêt des systèmes de refroidissement du combustible qui a fondu dans trois des six réacteurs du site, d'où la présence de nombreux éléments radioactifs alentour. Les quelque 3 000 travailleurs sur place y découvrent petit à petit l'ampleur des dégâts tout en se battant pour que les incidents qui surviennent régulièrement ne dégénèrent pas en situation incontrôlable.

 

 

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2 juin 2013 7 02 /06 /juin /2013 16:45

 

Rue89

 

 

Tribune 02/06/2013 à 16h43
Thierry Ribault | Economiste au CNRS

 

 

 

Le 27 mai, Anand Grover, rapporteur spécial du Haut-Commissariat aux droits de l’homme des Nations unies, présentait à Genève les résultats de sa mission de novembre dernier à Fukushima. Une fois n’est pas coutume, les Nations unies ont fait leur travail : protéger. Ou, tout au moins, émettre la ferme intention de le faire. Voici les principales conclusions de ce rapport [PDF] accablant pour le gouvernement japonais.

 

Voir le document

(Fichier PDF)

 

Anand Grover prend acte de l’ampleur de la catastrophe : la quantité de césium relâchée suite à l’accident nucléaire de Fukushima est de l’ordre de 168 fois celle relâchée lors du bombardement atomique d’Hiroshima. Sans parler du tellure, du lanthane, de l’argent et du baryum.

Le rapporteur prend également acte du fait que l’on ne peut plus appliquer à Fukushima les mêmes méthodes de maquillage de la réalité mobilisées après Tchernobyl, notamment en ce qui concerne les effets sanitaires désormais identifiés (aberrations chromosomiques, hausse de la morbidité infantile, hausse du nombre de leucémies).

Selon Anand Grover, on ne peut plus considérer comme négligeables les travaux scientifiques démontrant le lien entre une exposition durable aux faibles doses et le développement de cancers.

Le rapport critique l’absence de distribution effective à la population de tablettes d’iode. Et remet en question le système de protection sanitaire des travailleurs : l’accès aux examens médicaux n’est pas systématique (contrairement à ce que la loi prévoit) et les résultats ne sont pas transmis aux autorités ; la main-d’œuvre embauchée par les sous-traitants, majoritaire, n’accède pas à de tels examens.

Un droit à la santé non respecté

Concernant les zones, Anand Grover rappelle qu’à Tchernobyl en 1991, le seuil d’inacceptabilité a été fixé à 1 mSv (millisievert) par an pour pouvoir retourner vivre et travailler dans les zones contaminées. A Fukushima ce seuil est de 20 mSv par an, sans compter qu’entre 20 et 50 mSv, la population peut accéder librement aux zones contaminées en période diurne.

Le rapporteur critique le recours à l’analyse « coûts-bénéfices » par les autorités japonaises car une telle analyse ne respecte pas le droit de chaque individu à la santé. Selon le rapporteur, l’intérêt collectif ne peut dominer le droit individuel, notamment le droit à la santé. Aussi demande-t-il au gouvernement japonais de ramener son seuil d’autorisation au retour, et son seuil d’indemnisation et de droit à la protection sanitaire gratuite, à 1 mSv par an.

Dans le domaine éducatif, Anand Grover demande au gouvernement de cesser d’affirmer aux enfants japonais dans leurs manuels scolaires qu’en dessous de 100 mSv par an, les radiations sont inoffensives pour la santé.

Au sujet de la décontamination, le rapport regrette qu’aucun calendrier ne soit fixé au delà de 2013, ayant pour perspective un retour à des niveaux inférieurs à 1mSv.

 


 

Des sacs de déchets contenant de la terre contaminée posés sur les bords de route sans aucune signalétique particulière, à 10 km de la centrale, en novembre 2012 (Thierry Ribault)

Par ailleurs, nettoyer les cours d’école ne suffit pas : il faut décontaminer de manière beaucoup plus large notamment en se préoccupant des « points chauds », qui peuvent exister dans des zones en dessous de 20 mSv où les populations sont désormais appelées à vivre. Enfin, il critique le fait d’impliquer la population, non équipée et non informée, dans la décontamination.

Le rapporteur critique aussi le financement par l’Etat (c’est-à-dire par les contribuables) des dommages dus à Tepco (110 milliards d’euros annoncés fin 2012).

Le contre-rapport du gouvernement japonais

 

Voir le document

(Fichier PDF)

 

Le gouvernement japonais a fait savoir, dans un contre-rapport [PDF] rendu public le 27 mai à Genève, lors de la même conférence, son entière désapprobation des conclusions du rapport Grover.

Les « bases scientifiques » du rapport Grover, seraient, selon les autorités japonaises, inexistantes. Il faut ici entendre par « bases scientifiques » celles des experts de l’OMS (Organisation mondiale de la santé), de l’UNSCEAR (Comité scientifique de l’ONU sur les conséquences des émissions radioactives), de la CIPR (Commission internationale de protection radiologique) et de l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique). Hors de ces « bases », à leurs yeux, nulle vérité ne peut être établie.

L’UNSCEAR, cette agence de l’ONU en charge de l’estimation des conséquences sanitaires de la catastrophe de Fukushima, conclut à moins de 50 morts immédiates dues aux radiations et moins de 15 morts liées au cancer de la thyroïde à Tchernobyl, et prévoit d’ores et déjà « zéro mort », à court comme à long terme, à Fukushima.

Ne pas « accabler les riverains »

Les appels d’Anand Grover à une meilleure protection sanitaire des populations sont considérés par le gouvernement japonais comme totalement déplacés et superflus dans la mesure où rien ne prouve « scientifiquement » que les populations concernées ont un réel besoin de protection allant au-delà de celle qui leur est déjà fournie :

« Le gouvernement continuera de travailler à des mesures permettant d’apporter le soutien nécessaire aux personnes qui en ont véritablement besoin. »

Ainsi, lorsque le rapporteur Grover recommande de « ne pas limiter les contrôles sanitaires des enfants au seul examen de la thyroïde et de les étendre à l’ensemble des effets sanitaires potentiels, notamment à travers des examens urinaires et de sang », la réponse du gouvernement japonais, qui exige que ces lignes soient effacées, est la suivante :

« Le jugement d’intervention doit être fondé scientifiquement et éthiquement. Pourquoi les examens de sang et d’urine sont-ils requis ? Sur la base de la possibilité de quel type de troubles sont-ils justifiés ? L’idée est inacceptable parce que nous ne devons en aucun cas accabler les riverains en les contraignant à subir des examens médicaux injustifiés. […] Les examens de dépistage […] ne doivent pas être imposés aux habitants locaux car ils constituent un fardeau inutile. »

« Controverse sur le niveau de radiation affectant la santé »

A la demande du rapporteur spécial d’appliquer « la loi pour la protection des victimes de l’accident nucléaire votée en juin 2012, et de fournir les fonds nécessaire au relogement, à l’habitat, à l’emploi, à l’éducation et aux autres besoins fondamentaux de ceux qui ont choisi d’évacuer, de rester ou de retourner dans n’importe quelle zone où le niveau de radiation dépasse 1 mSv par an », le gouvernement japonais répond :

« Les phrases citées ci-dessus doit être effacées car elles sont fondées sur des préjugés. Comme nous l’avons déjà noté, il y a une controverse internationale sur le niveau de radiation qui affecte la santé et cette question est encore à l’étude. »

Concernant les déchets liés à la décontamination, les autorités japonaises n’hésitent pas à mentir ouvertement :

« Lorsque la terre enlevée est stockée, des mesures visant à prévenir l’impact sur la santé humaine, telles que la mise en place de films écrans protecteurs, sont prises. Aussi, la description faite par le rapport Grover, selon lequel “les déchets constituent un risque sanitaire pour les habitants”, n’est pas fondée. »

Fidèle à lui-même, le gouvernement japonais corrige l’histoire. Il sera sans doute aidé par le président de la République française, les sept ministres, les parlementaires et la délégation industrielle, en visite d’Etat au Japon du 6 au 8 juin. La livraison des dix tonnes de MOX qui ont quitté La Hague, le 17 avril dernier, l’aidera aussi.

 

 

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31 mai 2013 5 31 /05 /mai /2013 16:33

 

Le Monde.fr avec AFP

 31.05.2013 à 10h17 • Mis à jour le 31.05.2013 à 10h55

 

 

L'opérateur de la centrale nucléaire de Fukushima va réclamer davantage d'argent à l'Etat japonais, ce qui portera à 30 milliards d'euros la facture provisoire de l'accident du 11 mars 2011 pour le contribuable, a affirmé vendredi 31 mai un journal nippon.

D'après le quotidien Nikkei, Tokyo Electric Power (Tepco) devrait signifier aux autorités qu'il a besoin de plus de fonds afin de faire face à des dépenses croissantes destinées à l'indemnisation des victimes et afin de contenir la crise nucléaire sur place.

La compagnie, nationalisée depuis l'accident (l'Etat étant actionnaire majoritaire), va réclamer vendredi une aide publique supplémentaire de plus de 600 milliards de yens (4,5 milliards d'euros), a ajouté le journal économique. Si cette nouvelle demande était acceptée, le total des fonds publics versés à Tepco atteindrait 3 900 milliards de yens (30 milliards d'euros), soit l'équivalent de 0,83 % du produit intérieur brut du Japon en 2011, année de la catastrophe nucléaire.

 

PLAINTES EN NOM COLLECTIF

Tepco est confronté à d'énormes demandes d'indemnisation et se retrouverait en faillite sans l'aide de l'Etat, qui ne souhaite pas, de son côté, laisser chuter cette compagnie chargée de l'alimentation en électricité de la mégapole de Tokyo. D'après le Nikkei, cette demande d'aide supplémentaire pourrait être acceptée par le ministère de l'industrie dès le mois de juin. Un porte-parole de Tepco joint par l'AFP a déclaré que l'entreprise "envisage[ait] une telle demande", mais qu'elle n'en avait soumis aucune nouvelle pour l'instant.

La compagnie fait face à de nombreuses plaintes en nom collectif, accusée d'avoir négligé les mesures de protection, alors qu'elle savait la centrale vulnérable à un raz-de-marée comme celui qui s'est abattu le 11 mars 2011 sur ce site situé au bord de l'océan Pacifique, provoqué par un séisme de magnitude 9 au large des côtes nord-est du Japon. Les systèmes de refroidissement des réacteurs avaient été coupés, entraînant des explosions dans les bâtiments et l'émission d'importantes quantités de radiations dans l'environnement.

La compagnie doit, en outre, faire face à d'importantes dépenses pour stabiliser Fukushima Dai-Ichi. Le site a récemment subi plusieurs dysfonctionnements, comme des fuites d'eau très radioactive et des pannes d'électricité qui ont interrompu temporairement les systèmes de refroidissement des piscines de désactivation du combustible usé.

 

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22 mai 2013 3 22 /05 /mai /2013 14:52

 

 

Rue89

Témoignage 22/05/2013 à 12h49
Cécile Asanuma-Brice | Riveraine
Thierry Ribault | Economiste au CNRS

 

 

Les autorités vont rouvrir discrètement la zone interdite entourant la centrale nucléaire. Les réfugiés pourront retrouver leur domicile, à leurs risques et périls.

 

 


Madame Kowata devant son logement provisoire à Aizu Wakamatsu (Thierry Ribault)

 

Au lendemain de l’accident de Fukushima, le 12 mars 2011, les 11 500 habitants d’Okuma sont évacués. Comme les 65 000 habitants des huit autres communes situées à moins de vingt kilomètres de la centrale.

MAKING OF

Thierry Ribault est l’un des auteurs du livre « Les Sanctuaires de l’abîme - Chronique du désastre de Fukushima ». Il est chercheur au CNRS en poste à la Maison franco-japonaise de Tokyo, où Cécile Asanuma-Brice est chercheur associé.

 

Dans le cadre des enquêtes qu’ils mènent tous deux à Fukushima depuis deux ans, ils ont recueilli le témoignage d’anciens voisins de la centrale, évacués loin de chez eux. Rue89

 

Accueillis en premier lieu dans des gymnases et des abris de fortune – ces réfugiés ayant été, pour nombre d’entre eux, contaminés –, ils sont ensuite relogés dans des lotissements publics de logements dits « provisoires  ».

Et puis le provisoire est devenu durable. Aujourd’hui, après leur avoir versé une indemnité forfaitaire, les autorités départementales exigent des réfugiés qu’ils remboursement les sommes versées, afin de les redistribuer sous forme d’allocations mensuelles pour une période non définie.

Et parce qu’il faut bien susciter la reprise économique de la région, les autorités ont aussi décidé de rouvrir la zone de vingt kilomètres évacuée après l’accident.

Selon le nouveau découpage, en place dès le 28 mail, il n’y aura donc plus :

  • la zone interdite : celle qui regroupe les villages situés à moins de dix kilomètres de la centrale où on ne se rend que de temps en temps avec combinaisons et masques ;
  • et le reste de la zone évacuée.

Mais plutôt :

  • la « zone de retour indéterminé » dans laquelle les allers-retours en journée sont autorisés sur des durées courtes et contrôlées, sans date prévue d’accès libre. La contamination y est supérieure à 50 millisieverts par an et il n’y a aucun espoir d’ici cinq ans de retrouver le seuil de radioactivité de 20 millisieverts par an – seuil autorisant le « retour à la vie normale » et malgré tout vingt fois supérieur au seuil d’inadmissibilité recommandé par la CIPR (Commission internationale de protection radiologique) ;

 

  • et la « zone de préparation à l’annulation de la directive d’évacuation » où un « retour à la normale dans les deux ans est prévu ». Les réfugiés pourront y vaquer à leurs activités professionnelles et y effectuer librement des allers-retours. Puis, lorsque le taux de radioactivité situé entre 20 et 50 millisieverts par an sera ramené à moins de 20 millisieverts par an, y résider sans contrainte.

Repeupler pour relancer l’économie

A priori, pas grande différence entre l’ancien et le nouveau découpage du territoire. A ceci près que dans le nouveau, la zone interdite et dangereuse est beaucoup plus petite que dans l’ancien. Une façon comme une autre de donner un sentiment d’apaisement et de liberté de mouvement retrouvée, tout en repeuplant les alentours de la centrale de Fukushima Daïchi, employeur prometteur.

Quand les autorités ont annoncé à monsieur et madame Kowata et aux autres réfugiés d’Okuma qu’ils pourraient bientôt aller et venir comme avant, ils se sont fâchés.

Ils ont intenté un procès au maire d’Okuma, située à cinq kilomètres de la centrale : inhabitable au vu des taux de contamination constatés, leur quartier, comme la ville, doit faire partie de la « zone de retour indéterminé », et pas de celle où chacun peut vaquer à ses occupations comme si de rien n’était.

Le petit groupe de réfugiés a eu gain de cause, et faute d’autre chose, vit toujours dans un des lotissements « provisoires ». Il se situe à Aizu Wakamatsu, à une centaine de kilomètres de la centrale nucléaire.

En compagnie d’autres personnes, âgées pour la plupart de plus de 70 ans, ils évoquent leurs conditions de vie.

« Nous n’y arrivons pas »

« Cela fait deux ans que nous vivons ici. Chaque jour, nous nous demandons comment nous allons faire. Nous avions des projets pour nous en sortir, mais rien n’a pu aboutir. »


Une artère du lotissement provisoire d’Aizu Wakamatsu (Thierry Ribault)

« Nous ne pouvons pas reconstruire. Il faudrait que nos enfants nous accueillent chez eux. Tout ceci est difficile à vivre.

Ceux d’entre nous qui pouvaient encore travailler n’ont plus de travail. Avant, nous cultivions nos propres légumes. Nous cultivions nos champs et nous mangions notre riz. Désormais, nous devons tout acheter. Notre vie est devenue beaucoup plus onéreuse. Si le problème de l’indemnisation n’est pas réglé rapidement, comment allons-nous nous sortir de cette situation ?

Sans argent, comment faire avec les jeunes enfants, pour ceux qui en ont ? Avec 100 000 yens [750 euros] par mois et par personne nous arrivons tout juste à manger. Pourtant on nous insulte parce que nous percevons ces 100 000 yens, alors qu’avec cette somme il nous faut payer l’électricité, l’eau et le reste. Nous n’y arrivons pas.

Nous sommes des “ victimes ”, perçues en tant que “ réfugiés ” et, par conséquent, rejetés. Afin de ne pas subir de discriminations, nous sommes obligés de faire changer les numéros sur les plaques d’immatriculation de nos véhicules. »

« Même les corbeaux sont partis »

« Quand nous revenons chez nous, à Okuma, nous retrouvons une réalité qui nous semble de plus en plus éloignée de nous. Bien que ce soit notre maison, nous avons l’impression de rentrer chez quelqu’un d’autre.

Les voleurs pénètrent dans les maisons. A l’intérieur, ils mangent, sortent les futons et dorment. Ils sont chez eux. Ils renversent les autels des défunts. Sans doute cherchent-ils de l’argent. On retrouve leurs traces de pas au sol. »


Monsieur et madame Kowata, nettoient leur maison à Okuma, avec masques et combinaisons (Thierry Ribault)

« L’autre jour, un groupe de quatre ou cinq personnes vidaient l’essence des véhicules. Ils cassent les voitures et tout ce qu’il y a dedans. Ils volent les télévisions. C’est insensé de penser que nous avons fui et que, derrière nous, les voleurs sont entrés pour tout prendre !

Nos maisons sont envahies par les mauvaises herbes. Les rats et les souris courent partout. Les civettes dévorent tout. Il y a des sangliers. Les hirondelles, les moineaux et les corbeaux ont disparu, parce que les poubelles des habitants ne les nourrissent plus. Les saumons, dans les rivières, ont le ventre en l’air. »

« Les chiens savent »

« Si l’administration n’avance pas plus rapidement dans la reconstruction de logements, nous ne pourrons jamais sortir de là où nous sommes. C’est comme avec la décontamination.

Le département devrait nous demander ce que nous souhaitons, sinon ils feront n’importe quoi. Ils veulent nous confiner dans des logements collectifs de cinq étages ! »


Scène de vie dans un lotissement de logements « provisoires » (Thierry Ribault)

« C’était le même problème après le tremblement de terre de Kobe. Les gens ont été relogés dans des cages à lapins de cinq ou six étages. Ils se sont sentis tellement seuls que beaucoup en sont morts. Nous sommes allés visiter des logements publics dans lesquels il est interdit d’avoir des animaux domestiques. Au moins dans les logements provisoires, nous pouvons avoir des chiens et des chats. Nous ne pouvons pas ne pas les emmener !

J’ai laissé, pour ma part, nos deux chiens chez nous, à Okuma. L’un d’entre eux est mort. Il ne restait plus que sa tête. Lorsque j’y suis retournée récemment, j’ai emmené mon chien qui était encore en vie pour une promenade, et soudain, il s’est arrêté et a poussé un long soupir. J’ai songé que, depuis que je suis née, c’était la première fois que j’entendais un chien soupirer.

Les chiens savent. Ce sont eux qui savent le plus. Quand on en est réduit à les abandonner, c’est un comble. Le mien, quand je le mets dans la voiture, il est heureux. Il est jeune, mais il est malade. Il perd du sang. Le vétérinaire nous a dit qu’il avait été très contaminé. »

« Notre génération ne retournera pas à Okuma »

« Nous nous sommes réunis pour demander aux autorités de pouvoir accéder à la zone interdite, car nous voulions pouvoir entretenir et nettoyer nos maisons. Mais, en réalité, nous ne pouvons pas rentrer chez nous. La radioactivité est tellement élevée que personne ne peut y vivre. »


Mme Kowata (Thierry Ribault)

« Là où j’habite, elle s’est fortement accrue en deux ans. Autour des fenêtres, en quelques mois, le taux est passé de 100 à 200 microsieverts par heure, pour atteindre 300 microsieverts en mars dernier. Devant la maison, le taux a chuté à 7 microsieverts et, derrière, il est remonté à 20 microsieverts. Quant à la montagne, elle est toujours très contaminée.

Notre génération ne retournera pas à Okuma. Nos petits-enfants, qui ont été dispersés, ne se souviennent de rien : ils ont oublié leur maison.

Quand les responsables prendront-ils enfin des décisions utiles ? Sans compter qu’ils vont relâcher les eaux contaminées dans les sous-sols. Nous ne pouvons pas retourner dans un endroit pareil, c’est impossible. On nous dit que l’on pourra rentrer, mais même dans 50 ans, personne ne le pourra.

C’est bien pire qu’à Tchernobyl. Et si on nous laissait là, sans jamais nous apporter de solution ? Comment allons-nous finir ? Notre vie, désormais, c’est de creuser notre tombe. »

MERCI RIVERAINS ! Pierrestrato

 

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21 mai 2013 2 21 /05 /mai /2013 17:17

 

 

 

Le Monde.fr | 21.05.2013 à 17h48 • Mis à jour le 21.05.2013 à 17h48

Par Olivier Mary

 
 

Ils sont toujours plus de 3 000 "nettoyeurs" à se relayer sans cesse sur la centrale détruite de Fukushima. Deux ans après la catastrophe nucléaire, les polémiques n'en finissent pas sur les conditions de travail de ces liquidateurs qui, loin de s'améliorer, sont toujours plus alarmantes. Le 22 avril, l'Asia-Pacific Journal a publié une tribune de Sumi Hasegawa, chercheuse à l'université McGill de Montréal, qui met en évidence la pénibilité des taches confiées aux ouvriers de la centrale.

 

Protégés par une combinaison et un masque, des travailleurs tentent de décontaminer un bassin de rétention de fuel dans la centrale de Fukushima, en mars.

 

Cette lettre ouverte est adressée au premier ministre et au ministre de la santé japonais, ainsi qu'à la direction de Tepco. La compagnie d'électricité est mise en cause dans des reportages diffusés récemment au Japon et qui mettent en évidence la détérioration de la situation des employés de la centrale.

Ils reçoivent des doses de radioactivités très élevées. En trois mois, ils peuvent accumuler jusqu'à 50 mSv (millisievert). Mais c'est bien pire pour ceux qui sont embauchés pour ramasser les débris. En quelques jours, certains auraient reçu jusqu'à 100 mSv, le seuil limite en France pour cinq années consécutives. Beaucoup ne passent jamais de tests ou sont autorisés à continuer leur travail alors qu'ils ont dépassé les taux réglementaires. Face aux critiques qui s'accumulent depuis deux ans, la firme s'est décidée à réagir.

 

DES OUVRIERS SOUMIS À DES TAUX DE RADIOACTIVITÉ INQUIÉTANTS

Elle a transmis un sondage à ses ouvriers en novembre 2012, afin d'avoir une idée plus précise de leurs conditions de travail. Ils sont 3 186 à avoir répondu, mais ce questionnaire est loin de faire l'unanimité. Dans un article publié dans le mensuel japonais Sekai, on apprend que certains ouvriers ont subi des pressions pour "ne rien écrire qui sorte de l'ordinaire". L'émission de radio "Hôdô suru rajio" affirme même que d'autres ont dû  remplir le questionnaire devant leur patron ou qu'on l'a complété à leur place...

Malgré ces tentatives de dissimulations, les résultats sont alarmants. La moitié des travailleurs présents sur la centrale ne seraient pas employés légalement : la compagnie pour laquelle ils travaillent et celle qui verse leur salaire sont en fait différentes. Tepco profite de ce flou juridique et dément toute responsabilité dans la dégradation des conditions de travail et dans la baisse des salaires. Pour les dirigeants de la compagnie, "ces ouvriers sont engagés par des sous-traitants et nous n'avons donc pas connaissance de leur rémunération. Nous ne pouvons pas parler du fonctionnement des compagnies avec lesquelles nous n'avons pas de contrat".

Si le volume de travail a augmenté, les salaires, eux, ont baissé. Peu après la catastrophe, Tepco avait annoncé une baisse de 20 % des rémunérations et la suppression des primes de risque pour faire face aux coûts exorbitants de la catastrophe. Dans le sondage commandé par l'entreprise, 5 % des employés ont déclaré gagner moins de 837 yens de l'heure (un peu plus de 6 euros), une somme inférieure au salaire minimum en vigueur à Tokyo. La grande majorité aurait un salaire à peine supérieur pour des taches à hauts risques.

 

UNE MAIN-D'ŒUVRE SERVILE ET BON MARCHÉ


Une vue de la centrale de Fukushima, après la catastrophe du 11 mars 2011.

Déjà en 2002, Paul Jobin, sociologue spécialiste du Japon qui a travaillé sur le employés du nucléaire, avait constaté des fraudes caractérisées. Il avait rencontré le chef d'une petite entreprise qui embauchait des travailleurs en sous-traitance pour des fabricants de réacteurs comme General Electric ou Hitachi. Il utilisait un faux tampon "aucune anomalies détectées" pour falsifier les livrets médicaux des travailleurs sous sa responsabilité. Ces pratiques se sont multipliées depuis mars 2011.

Pour éviter d'avoir à faire face à des travailleurs organisés, Tepco recrute parmi les couches les plus défavorisées et les moins averties de la société japonaise. Les jeunes sont pour la plupart engagés par le biais d'annonces postées par des agences d'intérim. Ces freeters – néologisme qui désigne les employés à temps partiel ou chômeurs âgés de 15 à 34 ans – sont de jeunes précaires qui gagnent de l'argent en exerçant des emplois qui demandent peu de compétences et sont mal payés. Les ouvriers plus âgés sont souvent embauchés par la pègre dans les yosebas, des communautés de travailleurs journaliers. Ce sont couramment des sans-abri prêts à prendre n'importe quel emploi.

 

DES JOURNALIERS IGNORÉS PAR LES POUVOIRS PUBLICS

Pour attirer les plus jeunes, les petites annonces de "nettoyeur" sont souvent très vagues. En général, le texte n'indique que le lieu de travail, les horaires et les salaires, rien de plus. Pas d'informations sur les risques, les intérimaires ignorent en général les dangers encourus, d'autant qu'ils n'ont, dans la majorité des cas, aucune expérience dans la filière. "Une ignorance dont on peut se demander si elle n'est pas volontairement entretenue par Tepco et l'Etat [le ministère de la santé et du travail et le ministère de l'environnement, qui abrite la nouvelle agence de sûreté nucléaire]", dénonce M. Jobin.

Pas syndiqués, sans statut officiel, exploités par des entreprises douteuses, ces travailleurs journaliers sont ignorés par les pouvoirs publics et la Rengo, la principale confédération syndicale du pays. Les associations indépendantes Citizens Nuclear Information Center et Japan Occupational Safety and Health Resource Center sont un peu seules pour défendre cette main-d'œuvre invisible.

Olivier Mary

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8 mai 2013 3 08 /05 /mai /2013 20:27

 

 

Médiapart

Lire aussi

Tepco, l’exploitant de la centrale de Fukushima, a indiqué le 7 mai que le niveau de radioactivité autour de l’installation allait dépasser la limite prévue, fixée à 1 millisievert par an, ce qui correspond à la norme admise pour la population. Selon Tepco, la radioactivité autour de la centrale pourrait atteindre en certains points 7,8 millisieverts par an.

Cette hausse est due aux opérations effectuées pour transférer dans une cuve en surface l’eau contaminée qui se trouve dans un réservoir souterrain affecté par une fuite. Début avril, Tepco avait découvert des fuites dans trois réservoirs souterrains destinés à stocker l’eau utilisée pour refroidir les réacteurs. Depuis l'accident, le 26 avril 1986, cette eau radioactive s’accumule sur le site et pose un problème de stockage. Ce sont pas moins de 280 000 tonnes d'eau radioactive que Tepco a stocké dans différents réservoirs depuis le début de la catastrophe. À quoi s'ajoutent les 400 tonnes d'eau qui, chaque jour, servent à refroidir les réacteurs.

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10 avril 2013 3 10 /04 /avril /2013 12:56

 

 

Le Monde.fr avec AFP | 10.04.2013 à 11h40


 

 
En attendant que toute l'eau soit transvasée ailleurs, les fuites devraient être pompées au fur et à mesure pour éviter une contamination du sol.

Le patron de la compagnie d'électricité Tepco, exploitante de la centrale accidentée de Fukushima, a reconnu mercredi 10 avril la gravité de fuites d'eau contaminée constatées dernièrement et promis d'agir au plus vite pour vider les réservoirs défectueux.
 

"Nous reconnaissons que c'est une situation grave. Nous avons mis en place une cellule de crise pour traiter ce problème", a indiqué Naomi Hirose dans le centre de rassemblement des ouvriers, à une vingtaine de kilomètres du complexe atomique.  "Nous allons faire en sorte de retirer toute l'eau des réservoirs souterrains", a-t-il expliqué, indiquant qu'il espérait que cette opération serait achevée fin mai. En attendant que toute l'eau soit transvasée ailleurs, les fuites devraient être pompées au fur et à mesure pour éviter une contamination du sol.

 

TROIS RÉSERVOIRS AFFECTÉS SUR SEPT

Tokyo Electric Power (Tepco) avait fait état en fin de semaine dernière d'un premier écoulement d'eau en provenance d'un réservoir creusé dans le sol et recouvert de revêtements censés empêcher l'eau de s'infiltrer dans la terre. Las, d'autres fuites ont été constatées ensuite, portant à trois le nombre des réservoirs souterrains affectés sur les sept existants."Nous ne connaissons toujours pas la raison de ces fuites, mais nous travaillons d'arrache-pied avec l'industriel concerné pour élucider le problème", a assuré M. Hirose.

Lire : Fukushima : les fuites d'eau très radioactive toujours inexpliquées

L'eau des réservoirs sera transférée vers d'imposantes cuves posées au sol, comme c'est déjà le cas, mais cela exige des travaux pour installer ces équipements.  "Nous voulons résoudre ce problème au plus vite, mais matériellement cela ne se fait pas en une journée", a insisté le patron, promettant la construction de nouvelles cuves "le plus vite possible".

Tepco s'engage également à surveiller très étroitement par des prélèvements le terrain menant jusqu'à la mer pour s'assurer que l'eau hautement radioactive ne se répand pas dans l'océan Pacifique contigu malgré les dispositions prises.

Lire (édition abonnés) : Le stockage de l'eau contaminée de Fukushima de plus en plus problématique


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9 avril 2013 2 09 /04 /avril /2013 16:12

 

 

Le Monde.fr avec AFP | 09.04.2013 à 10h14 • Mis à jour le 09.04.2013 à 11h27

 

 

 

Image datée du 6 mars montrant les travailleurs de l'opérateur Tepco autour d'une piscine du système de refroidissement de la centrale de Fukushima, paralysé à cause d'une panne électrique qui aurait été causée par un rat.
 

La compagnie gérante de la centrale accidentée de Fukushima, Tepco, a indiqué mardi qu'une troisième fuite toujours inexpliquée d'eau très radioactive avait été constatée autour d'un réservoir souterrain qui, à l'instar de deux autres, pourrait souffrir d'un vice de conception. Un écoulement de liquide contaminé a été repéré autour du réservoir numéro 1, après un constat similaire près des réservoirs 2 et 3. Tepco a avoué ne toujours pas connaître la raison de ces fuites qui pourraient souffrir d'un vice de conception, assurant que "des examens sont actuellement en cours".

Le PDG, Naomi Hirose, et le vice-président, Zengo Aizawa, vont se rendre dans la journée à la centrale.

Tepco avait fait état dans la nuit de vendredi à samedi d'un écoulement d'eau contaminée dans le sol depuis un réservoir de stockage souterrain. L'opérateur a évalué à 120 tonnes environ la quantité de liquide qui aurait fui. Des éléments radioactifs ont été décelés dans de l'eau accumulée entre la couche externe d'un revêtement imperméable au fond du réservoir et le sol autour, a expliqué un porte-parole de Tepco lors d'une conférence de presse nocturne. La cuve enterrée comprend trois couches censées empêcher l'eau de s'infiltrer dans le sol.

 

 LES PROBLÈMES SE MULTIPLIENT

Un problème similaire a été constaté sur un autre réservoir du même type (de 60 mètres sur 53 et d'une profondeur de 6 mètres), sur un total de sept qui servent à stocker de l'eau hautement radioactive issue du refroidissement des réacteurs saccagés. Compte tenu de la distance séparant lesdits réservoirs de l'océan, Tepco juge peu probable que l'eau radioactive puisse s'y écouler.

Néanmoins, pour remédier à cette situation, Tepco est en train de transvaser à l'aide de pompes les milliers de tonnes d'eau des réservoirs 2 et 3 défectueux vers d'autres, une opération d'autant plus longue qu'elle est aussi émaillée d'incidents techniques.

Les problèmes se multiplient ces dernières semaines à la centrale Fukushima Daiichi, mise en péril par le séisme et le tsunami du 11 mars 2011, ce qui a conduit la compagnie à mettre en place une cellule de crise et les autorités à ordonner d'agir vite pour calmer la situation. Vendredi, Tepco avait notamment rapporté une interruption du système de refroidissement de la piscine de désactivation du combustible usé du réacteur 3, une avarie vraisemblablement provoquée par des travaux pour empêcher une récidive d'une grave panne d'électricité survenue les 18 et 19 mars.

La Russie, en raison de sa proximité avec le Japon ne cache pas son inquiétude Le chef des services sanitaires russes, Guennadi Onichtchenko, a déclaré mardi que la découverte de fuites d'eau contaminée "témoigne du fait qu'ils [les Japonais] ne peuvent régler la situation". "Etant donné que les Japonais refusent de laisser entrer (dans la centrale) des spécialistes étrangers, nous vivons mal la situation", a ajouté M. Onichtchenko.

 

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