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6 mars 2012 2 06 /03 /mars /2012 14:13

 

nouvelobs.com

Modifié le 06-03-2012 à 15h43

 

 

LE PLUS. Cela fait presque un an qu'un violent séisme suivi d'un tsunami et d'un grave accident nucléaire a ravagé la région de Fukushima, au Japon. David Boilley, physicien et auteur d'un rapport sur les initiatives de la société civile face à la catastrophe, explique comment les Japonais se sont organisés pour pallier les manques des institutions.

Couvrir l’accident nucléaire de Fukushima est comme couvrir une guerre. Les seules informations sur l’état de la centrale viennent de l’exploitant. Les photos, les vidéos aussi. Les intervenants sur le site sont réduits au silence. Même le directeur de la centrale n’a jamais répondu aux média. TEPCo a bien organisé deux voyages de presse avec des journalistes embarqués, mais elle ne leur a montré que ce qu’elle voulait.

 

Son premier communiqué annonçant l’accident donne le ton : "Occurrence of a Specific Incident Stipulated in Article 10, Clause 1 of the Act on Special Measures Concerning Nuclear Emergency Preparedness (Fukushima Daiichi)" ("Nous avons constaté un incident spécifique répertorié dans l'article 10 clause 1 de la loi de prévention de l'urgence nucléaire).

 

 La centrale de Fukushima Daï Ichi, le 20/02/12 (CHINE NOUVELLE/SIPA)

La centrale de Fukushima Daï Ichi, le 20/02/12 (CHINE NOUVELLE/SIPA)

 

Des instances délégitimées

 

La compagnie, qui a toujours affirmé que le nucléaire était sûr, est complètement décrédibilisée. Les autorités qui ont donné le feu vert à l’exploitation de la centrale accidentée aussi. Jusqu’au mois de mai 2011, TEPCo ne parlait que d’endommagement du combustible sans être contredite, pour finalement avouer que le combustible des trois réacteurs en marche le 11 mars avait entièrement fondu. Les autorités japonaises, qui ont donné l’impression de continuellement improviser lors du déroulement de la catastrophe, subissant les évènements plutôt que les anticipant, sont tout aussi discréditées.

 

La population ne sait pas quand ce cauchemar va s’arrêter et ne croit plus aux messages rassurants. Sa question la plus lancinante concerne les effets de la radioactivité sur la santé face à une communication confuse et lénifiante. De nombreuses personnes sont perdues et ne savent plus quel expert écouter.

 

Quand Internet compense le manque d'infos

 

Internet et les réseaux sociaux ont joué un rôle très important pour répondre à la quête d’informations. De nombreuses associations locales, souvent intitulées "Sauvons nos enfants", ont aussi été créées dans tout le pays. Il y en a plus de 275 de Hokkaidô à Okinawa, organisées en réseau. Elles ont d’abord permis d’échanger sur les problèmes liés à la radioactivité, les conflits qui en résultaient dans la famille, les mesures à prendre pour protéger les enfants et faire pression sur les élus locaux pour décontaminer les écoles, refuser les débris du tsunami, contrôler les repas servis à la cantine, et, à Fukushima, demander un élargissement de l’évacuation, au moins pour les enfants et les femmes enceintes.

 

Parmi leurs succès, la décontamination de nombreuses écoles ou l’engagement du gouvernement de financer des appareils de mesure pour contrôler le repas servi dans les cantines scolaires de 17 provinces. Ces groupes ne se satisfont pas des normes fixées par les autorités et demandent à être mieux protégés.

 

Des associations anti-nucléaire, comme Fukurô no kai, Greenaction ou Friends of the Earth Japan, pour ne citer qu’elles, ont aussi été en première ligne pour venir en soutien aux victimes de la catastrophe. En effet, les militants anti-nucléaire connaissaient déjà très bien les notions nécessaires pour appréhender la radioactivité et ses risques et sont bien organisés. Leur aide a été précieuse pour de nombreux groupes de protection des enfants.

 

Mais cela ne suffit pas. Pour vivre au quotidien avec la radioactivité, l’accès à la mesure est vital. C’est indispensable pour pouvoir se forger sa propre information et décider. Les autorités ont à leur service des laboratoires de mesure et des experts pour les conseiller, pas les populations.

 

Radioactivité et surveillance citoyenne

 

Les autorités japonaises ont distribué des dosimètres passifs à tous les enfants et femmes enceintes de la province de Fukushima. Cela a permis de découvrir que certaines familles vivaient dans des lieux très contaminés avant d’être évacuées.

 

De nombreuses personnes se sont procuré, parfois au prix fort, de simples radiamètres, ce qui a permis de trouver plusieurs points chauds, parfois plus anciens que la catastrophe de Fukushima… Rapidement, de nombreuses données étaient présentes sur Internet. Il n’est pas possible d’être exhaustif tant les initiatives sont nombreuses.

 

Dans les premiers temps, les autorités ont regardé de haut ce travail d'"amateur". Mais les autorités locales s’y sont mises aussi face à la pression de la population inquiète. Le gouvernement a fini par reconnaître l’intérêt de cette surveillance citoyenne. Il a mis en place une hot-line en cas de découverte de point chaud et édité un guide de décontamination.

 

Des radiamètres distribués aux enfants à Kawamata, la préfecture de Fukushima. Le 21/06/11. (AP/SIPA) 

Des radiamètres distribués aux enfants à Kawamata, la préfecture de Fukushima. Le 21/06/11. (AP/SIPA)

 

Ces appareils simples ne sont pas suffisants pour analyser la nourriture, soucis majeur dans de nombreuses familles (lire La mesure de la radioactivité expliquée aux enfants, ACRO). Il y a pourtant des milliers de résultats de mesure en ligne qui sont dispersés sur de nombreux sites Internet. La province de Fukushima  a rassemblé toutes ses données sur un site. Les ministères de la Santé et de l’Agriculture et de la pêche publient aussi des données de leur côté. De nombreuses municipalités publient les données des contrôles qu’elles effectuent, en particulier sur les repas scolaires. Des coopératives agricoles ou de pêche s’y sont mises aussi.

 

Mais toutes ces données ne permettent pas de connaître la contamination des produits sur les étals des magasins. La vente de produits agricoles des régions les plus touchées a chuté. Habituellement, à la fin août, les consommateurs préfèrent le riz de la nouvelle récolte à celui de l’année précédente. En 2011, cela a été l’inverse : de nombreuses familles ont fait des stocks de riz de la récolte 2010 pour ne pas avoir à acheter du riz potentiellement contaminé pendant un an. Les ventes d'eau en bouteille ont augmenté de 18%.

 

On a aussi assisté à la création de dizaines de stations de mesure de la radioactivité. La plupart d’entre elles sont organisées sous la forme d’une association. D’autres ont une structure commerciale. Ainsi, un particulier a ouvert une telle station dans une galerie marchande de Kashiwa, point chaud de la banlieue de Tôkyô dans la province de Chiba. Moyennant quelques milliers de yens (quelques dizaines d’euros), on peut faire mesurer directement ses courses en réservant sur Internet au préalable. De nombreux magasins, coopératives d’achat se sont aussi équipés. C’est le cas en particulier des Seikatsu Clubs, qui fournissent 350.000 foyers dans tout le pays.

 

Il y a plusieurs initiatives pour mettre ces stations de mesures en réseau afin de partager les informations techniques et améliorer la qualité. Le National Public Measuring Station Network en regroupe une trentaine, de Hokkaidô à Fukuoka.

 

Le défi de ces stations de mesure va être de tenir dans la durée et d’obtenir la reconnaissance des autorités pour pouvoir influencer les décisions. Pour cela, elles doivent fournir des résultats fiables et incontestables. Depuis le début de la catastrophe, l’ACRO, association française dotée d’un laboratoire de mesures accrédité, s’est fortement investie pour venir en aide aux populations japonaises. Cela s’est traduit par l’analyse de plus de 300 échantillons les plus variés en provenance du Japon et de l’aide à la création de laboratoires sur place. L’Association a aussi un projet de laboratoire plus sophistiqué sur place afin de venir en soutien aux structures équipées d’appareils plus simples en cas de doute sur une analyse.

 

Quel avenir énergétique pour le Japon ?

 

La population japonaise a aussi décidé de prendre en main l’avenir énergétique du pays alors qu’il n’y a plus que 2 réacteurs nucléaires en marche sur 54. C’est souvent devenu un enjeu électoral. Les habitants des villes de Tôkyô et Ôsaka ont rassemblé suffisamment de signatures pour pouvoir réclamer un référendum sur l’avenir du nucléaire dans leur région.

 

La catastrophe de Fukushima a montré qu’une gestion verticale de haut en bas de la situation post-accidentelle ne fonctionne pas. Les populations sont en train de s’organiser pour construire une autre société alors que les autorités continuent sur un processus décisionnel centralisé qui ne tient pas compte de l’avis des personnes concernées.

 

Pourtant les défis qui attendent la société japonaise sont complexes et nombreux, que ce soit l’avenir énergétique du pays ou le devenir des territoires contaminés. Une catastrophe nucléaire est aussi une révolution sociale.

 

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3 mars 2012 6 03 /03 /mars /2012 22:37

LEMONDE.FR avec AFP | 03.03.12 | 12h14

 
 

 

Vue de la centrale de Fukushima, le 28 février 2012.

Vue de la centrale de Fukushima, le 28 février 2012.AP/Kimimasa Mayama


Le premier ministre japonais, Yoshihiko Noda, a estimé, samedi 3 mars, que personne en particulier ne pouvait être tenu pour responsable de l'accident nucléaire de Fukushima, mais que chacun devait "partager cette douleur".

Lors d'un entretien accordé à des journalistes étrangers à Tokyo, M. Noda a reconnu que les autorités nippones avaient été flouées par "le mythe de la sûreté" de l'énergie nucléaire et n'étaient pas préparées à une catastrophe de l'envergure de celle survenue le 11 mars 2011.

Il a toutefois écarté toute responsabilité individuelle dans l'accident provoqué par un tsunami géant qui a noyé les circuits d'alimentation électrique et provoqué la fusion du combustible nucléaire dans les réacteurs de la centrale Fukushima. Des dizaines de milliers de riverains ont été forcés d'évacuer leur domicile pour échapper aux rejets radioactifs qui ont contaminé le sol et la mer dans un rayon de plusieurs dizaines de kilomètres.
 

"Evidemment, la responsabilité première au regard de la loi japonaise incombe à l'opérateur" de la centrale nucléaire accidentée, Tokyo Electric Power (Tepco), a dit M. Noda. "Mais le gouvernement, tout comme les opérateurs et les spécialistes experts, étaient trop profondément imprégnés du mythe de la sûreté et je pense que c'est la conclusion que l'on peut en tirer." "Plutôt que de blâmer quelqu'un en particulier, je crois que chacun doit partager cette douleur et en tirer des enseignements."

Les commentaires du premier ministre surviennent quelques jours après qu'une commission d'enquête indépendante a révélé que le président de Tepco avait voulu au pire de la crise faire évacuer le site où ses employés tentaient de maîtriser l'accident. Il a finalement renoncé uniquement après que le premier ministre de l'époque, Naoto Kan, eut menacé de briser Tepco si l'opérateur abandonnait la centrale à son sort.

 

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29 février 2012 3 29 /02 /février /2012 12:13

LEMONDE.FR avec AFP | 28.02.12 | 20h38

 
 

 

Des ouvriers travaillent sur la centrale de Fukushima peu après le tsunami qui a touché le Japon en mars 2011.

Des ouvriers travaillent sur la centrale de Fukushima peu après le tsunami qui a touché le Japon en mars 2011. AFP

Un an après la catastrophe qui a touché la centrale nucléaire japonaise de Fukushima, la contamination radioactive a fortement décru mais elle est désormais "chronique et pérenne", a indiqué mardi l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire français (IRSN), qui publie un rapport basé sur les comptes rendus de ses équipes sur place et sur les données fournies par le Japon.

Selon les estimations, encore provisoires, réalisées par l'IRSN depuis la catastrophe, les rejets d'iodes radioactifs dans l'atmosphère ont atteint 408 millions de milliards de becquerels, un chiffre impressionnant mais qui reste dix fois inférieur à celui de l'explosion de la centrale de Tchernobyl en 1986. Ces iodes ont une "période radioactive" très courte, autrement dit leur radioactivité décroît de moitié rapidement (de quelques heures à huit jours selon le type d'iode) et ils ont surtout représenté un risque pour l'environnement et la santé durant les premières semaines après l'accident.

98 % DE LA RADIOACTIVITÉ INITIALE DU CÉSIUM 137 DANS L'ENVIRONNEMENT

Mais les trois réacteurs accidentés et les explosions d'hydrogène dans les bâtiments de la centrale ont aussi libéré de grandes quantités de césiums radioactifs, à la durée de vie beaucoup plus longue : 58 millions de milliards de becquerels, soit environ trois fois moins que pour Tchernobyl. Le césium 137 ayant une période radioactive de trente ans, il reste aujourd'hui 98 % de sa radioactivité initiale dans l'environnement, un taux qui sera encore de 81 % en 2020, souligne Didier Champion, directeur de la crise à l'IRSN.

"La contamination initiale liée à l'accident a fortement décru. Ça ne veut pas dire qu'il n'y en a plus, loin s'en faut. Aujourd'hui, et pour de nombreuses années, nous sommes dans un état de contamination chronique et pérenne de l'environnement", résume M. Champion. "Il y a des risques d'exposition chronique, à des faibles doses certes mais qui peuvent s'accumuler au cours du temps si l'on n'y prend pas garde", ajoute-t-il, insistant sur la nécessité de suivre la contamination d'un certain nombre de denrées alimentaires, comme les fruits, le lait, les champignons, les gibiers et les poissons.

INCERTITUDES SUR L'EXPOSITION DES POPULATIONS

Au total, sur environ 24 000 km2 du territoire japonais contaminés par le césium 137, seuls 600 km2 dépasseraient aujourd'hui le seuil des 600 000 becquerels par m2, estime l'IRSN. "A niveau de contamination égal, les superficies concernées au Japon sont nettement inférieures à celles des territoires contaminés autour de Tchernobyl, ce qui s'explique notamment par le fait qu'une part importante des rejets […] s'est dispersée au-dessus du Pacifique", selon ce bilan.

Il existe toutefois des terres contaminées en "taches de léopard" jusqu'à 250 km de distance de la centrale, avec des "points chauds" extrêmement localisés liés à l'accumulation de dépôts radioactifs par les pluies et le ruissellement. Quant aux conséquences sanitaires, aucune victime directe de l'accident nucléaire n'a pour l'instant été signalée, mais de nombreuses incertitudes demeurent sur l'exposition potentielle des populations mais aussi sur les doses reçues par les employés de l'exploitant de la centrale, Tepco, et les secours présents sur place.

 

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28 février 2012 2 28 /02 /février /2012 19:37

 

Le Monde - 28 février 2012

 

Selon une enquête indépendante, révélée lundi 27 février par le New York Times, les autorités japonaises auraient secrètement envisagé d'évacuer les 35 millions d'habitants de l'agglomération de Tokyo au moment où elles craignaient de perdre le contrôle de la centrale de Fukushima. La Rebuild Japan Initiative Foundation, une commission indépendante composée de trente professeurs d'université, de journalistes et de juristes a enquêté pendant six mois sur la réaction des autorités japonaises au moment de la crise nucléaire.

L'étude révèle que pendant plusieurs jours le gouvernement n'avait plus d'informations sur l'état des dangereuses piscines de refroidissement du réacteur n° 4. Comme le souligne, Yuka Hayashi, dans un article du Wall Street Journal, cela montre surtout que malgré le calme affiché pour rassurer la population mondiale, le gouvernement japonais, envisageant le pire, a paniqué. Poussant le scénario catastrophe jusqu'au bout, il a envisagé rien de moins que la destruction de la ville. Yukio Edano, qui était porte-parole du gouvernement au moment de l'accident consécutif au tremblement de terre et au tsunami du 11 mars 2011, a déclaré aux enquêteurs : "J'ai pensé à un scénario diabolique" où les réacteurs nucléaires auraient explosé les uns après les autres. "Si ça arrive, Tokyo est fini", a-t-il dit avoir pensé.

La préfecture de Tokyo compte 13 millions d'habitants. En y ajoutant la population des trois préfectures voisines, qui constituent le "grand Tokyo", la mégapole compte 35 millions d'habitants, la plus importante agglomération urbaine du monde.

 

LE PREMIER MINISTRE A ÉVITÉ LE PIRE

La base de ces informations avait déjà été révélée il y a quelques mois par le premier ministre de l'époque, Naoto Kan, démissionnaire depuis. Mais l'enquête précise les événements entourant la pire crise nucléaire planétaire depuis l'accident de Tchernobyl, en Ukraine, en 1986.

D'après cette étude, Tokyo Electric Power (Tepco), l'entreprise gérant la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, située à 220 km au nord-est de Tokyo, a pensé évacuer le site où ses employés tentaient de maîtriser le désastre. Mais Tepco, qui a refusé de répondre aux questions de la commission, s'est vu ordonner à l'époque par Naoto Kan de continuer le travail en maintenant ses travailleurs sur place. D'après les experts, si le premier ministre n'avait pas insisté et obtenu gain de cause, l'accident de Fukushima aurait davantage dégénéré, entraînant des conséquences catastrophiques.

Près d'un an après le début de la crise, l'accident est aujourd'hui en cours de contrôle et les réacteurs sont en état "d'arrêt à froid", c'est-à-dire que leur température interne est descendue sous les 100 °C. Une centaine de milliers de personnes habitant les environs de la centrale dans la préfecture de Fukushima ont été évacuées dans les premières semaines de l'accident. Certaines des zones vidées de leur population vont rester inhabitables en raison d'une forte radioactivité, a prévenu le ministère de l'environnement.

 

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25 février 2012 6 25 /02 /février /2012 22:37
Rue89 - Témoignage 25/02/2012 à 17h35
Janick Magne | EELV
Janick Magne, candidate Europe Ecologie - Les Verts aux législatives 2012 pour les Français d'ex-URSS, d'Asie et d'Océanie, est allée à la rencontre des réfugiés de Fukushima.

Katsutaka Idogawa ne décolère pas. Le maire de la petite ville de Futaba, commune de la zone interdite qui se trouve tout près de la centrale nucléaire accidentée, reçoit les visiteurs dans sa mairie provisoire : une salle au rez-de-chaussée d'un lycée désaffecté.

 

C'est là qu'il s'est réfugié il y a près d'un an déjà avec 1 300 de ses administrés, soit 20% des habitants de sa commune. Aujourd'hui, les deux tiers d'entre eux ont quitté le refuge, notamment ceux qui avaient des enfants. Car la vie n'est pas simple quand s'agit de partager des salles de classe à plusieurs familles pendant des mois, nuit et jour.

Ceux qui en avaient l'énergie et la possibilité ont cherché travail et logement ailleurs. Ceux qui ne s'y font pas se sont mis à boire et perdent de l'argent au « pachinko » (machines à sous) de la ville voisine. Essentiellement agriculteurs, pêcheurs, commerçants ou employés de la centrale, les habitants de la petite ville sont maintenant dispersés à travers le pays.

 

Mais le maire assure qu'il garde le contact avec tous les évacués, où qu'ils soient. Ceux qui étaient employés chez Tepco, l'opérateur des deux centrales de Fukushima, sont restés dans leur région d'origine, dans des refuges ou des préfabriqués d'urgence. Certains ont démissionné.

 

« On s'est laissé acheter » par Tepco

Monsieur le maire se souvient de l'achat de leurs terres à prix d'or. Ceux de Tepco donnaient ce qu'on voulait : « Vendez, vendez, vous n'aurez plus besoin de vos terres ! » A l'époque personne ne possédait de voiture à Futaba, la pauvreté était le lot commun.

 

Tepco a changé cela : en modifiant le paysage d'abord, rasant les collines pour mettre la centrale au ras de l'océan, asséchant les sources (en oubliant de mettre des drains au passage). Et en changeant les mentalités ensuite.

 

Ceux qui travaillaient une heure par jour à la centrale pour un salaire normal se doutaient bien qu'il y avait du danger mais préféraient ne pas savoir. Que la mairie soit bien trop belle et bien trop grande pour 7 000 habitants, c'était surprenant, mais on préférait s'en réjouir.

 

« On s'est laissé acheter », dit le maire. Il m'assure qu'il a toujours su le danger : ado, il avait travaillé à la centrale, il la connaissait, de même que les 1 000 employés de Tepco originaires de Futaba.

 

Tout le monde souffre de dépression

Quand il parle de l'accident du 12 mars, c'est douloureux à entendre :

« Les morceaux de la centrale volaient dans l'air et tombaient sur nous comme des flocons de neige. J'ai compris qu'on était finis. »

Depuis, lui et de nombreux réfugiés saignent du nez tous les jours. Son système pileux a disparu, sauf au niveau de la tête et du pubis. Mais les soins ne suivent pas : ils n'arrivent pas à se faire examiner correctement, on leur dit seulement de ne pas s'inquiéter.

 


Un papy de 80 près du kotatsu, dans une salle commune de Futuba, Japon (Janick Magne)

 

Au refuge, tout le monde souffre de dépression. Comment pourrait-il en être autrement ? Les compensations financières tardent à venir : ils n'ont reçu que 14 000 euros, le reste viendra on ne sait quand, mais pas assez pour recommencer une vie normale, pour recréer une exploitation agricole.

« C'est comme la guerre, vous savez. C'est une guerre. »

Tepco rechigne à reconnaître sa responsabilité et un bras de fer se joue en permanence entre l'opérateur, le gouvernement et les victimes. Déclaration la plus récente de l'opérateur : les radionucléides n'appartiennent plus à Tepco mais à ceux chez qui ils sont tombés.

 


Les affaires des réfugiés, dans une salle commune à Futaba, Japon (Janick Magne)

 

Ici, les réfugiés ont deux repas froids par jour et des boulettes de riz le matin. Dans les salles communes, que j'ai visitées, des tatamis dépareillés ont été posés sur le parquet, les maigres biens, vêtements donnés, literie à même le sol, s'entassent dans les coins. Une télévision par salle de classe, quelques tables basses, des paravents de fortune en carton brun.

 

Depuis peu, des bains ont été construits dans un préfabriqué dans la cour et des cabines en carton pour se changer discrètement préservent un peu d'intimité dans les salles communes.

 

Une dangerosité à géométrie variable

« On nous a volé notre passé, on nous a volé notre vie, nous avons vendu notre futur. »

Le maire me demande de témoigner, de porter son message : ils se sentent abandonnés, ils n'ont plus d'espoir, la centrale les a détruits. Le maire est devenu un ardent antinucléaire.

 

Tantôt le gouvernement prétend que certains quartiers de la ville pourraient être décontaminés, tantôt il propose d'entasser dans les villes de la zone interdite les milliers de tonnes de gravats et de sols radioactifs dont on ne sait que faire. Le maire ne croit à aucune des deux solutions : comment vivre dans une ville où seuls certains quartiers seraient accessibles ? D'ailleurs, vu les taux de contamination et la quantité de césium répandu partout, il ne peut en être question avant de longues années.

 

Quant à faire de sa ville un dépotoir nucléaire, il ne se fait pas à l'idée : dans la ville haute, leurs maisons sont encore debout, bien qu'inhabitables. En attendant, le gouvernement tente de disperser les gravats, le bois et les sols radioactifs chargés de césium à travers le pays soit pour les incinérer soit pour les entreposer sous des bâches lorsque le taux de radioactivité est trop important pour envisager l'incinération.

 

Ce qui révolte le maire : en agissant ainsi, la radioactivité et la contamination s'étendent à tout le pays. Les nouvelles lui donnent raison : certains plats traditionnels d'Okinawa, à l'autre bout du Japon, viennent d'être interdits à la vente ; l'eau utilisée dans leur composition a été filtrée avec du charbon de bois préparé à partir d'arbres de Fukushima : elle est dangereusement radioactive.

 

Pendant ce temps, les responsables espèrent pouvoir démanteler la centrale dans les quarante ans ; 257 tonnes de combustible dans les trois réacteurs et près de 2 000 tonnes de combustible usé dans les sept piscines de confinement doivent être arrosés sans arrêt. Les conteneurs dans lesquels on conserve l'eau fortement radioactive qui résulte de ces opérations sont pleins et doivent être déplacés mais aucune entreprise ne veut se charger de ce sale boulot.

 

Monsieur le maire, nous ne sommes pas au bout de nos peines....

 

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20 février 2012 1 20 /02 /février /2012 14:19

 

Le Monde - 20 février 2012

 

Objectif : cartographier les zones irradiées où l'homme ne peut plus aller. Alors que Greenpeace rend public une contre-expertise sur les installations nucléaires françaises "vulnérables", le gouvernement japonais s'apprête à envoyer des animaux dans la préfecture de Fukushima pour évaluer la radioactivité dans la région, rapporte le Parisien.

Des singes et des sangliers, équipés de GPS, de compteur Geiger et de dosimètres, seront ainsi lâchés dans les forêts avoisinantes pour évaluer l'impact de l'accident de la centrale sur la faune. Les scientifiques "souhaitent surtout déterminer 'le mouvement de la radioactivité' dans les forêts dont ils craignent qu’elles soient 'hautement contaminées'", explique le quotidien.

L'enjeu est crucial. Les zones forestières de Fukushima abritant les principales ressources de la région. A terme, explique un expert au Parisien, "la contamination au césium menace donc d’affecter l’agriculture, la pêche et même les zones résidentielles situées à proximité".

L'opération avait déjà été tentée en octobre dernier mais sans succès. Les scientifiques n'avaient en effet pas pu récupérer le matériel scientifique installé sur les cobayes.

 

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12 février 2012 7 12 /02 /février /2012 14:33

 

LEMONDE.FR avec AFP | 12.02.12 | 12h23

 
 

 

Le bâtiment abritant le réacteur numéro 3 est le plus endommagé, avec tout autour des carcasses de camions, des barrières métalliques tordues et des réservoirs d'eau éventrés.

Le bâtiment abritant le réacteur numéro 3 est le plus endommagé, avec tout autour des carcasses de camions, des barrières métalliques tordues et des réservoirs d'eau éventrés.REUTERS/KYODO


Le relevé montre que les températures sur un des réacteurs de la centrale nucléaire japonaise de Fukushima Daiichi sont montées au-dessus des nouvelles normes de sécurité, a indiqué l'opérateur de la centrale, qui a assuré qu'il n'y avait pas de danger immédiat.

Tokyo Electric Power Company (Tepco) a fait savoir qu'un des trois thermomètres sur le réacteur numéro deux de la centrale nucléaire faisait état d'un réchauffement progressif ce mois-ci et chiffrait 82 degrés Celsius dimanche 12 février. La température est donc supérieure au maximum des 80 degrés désormais recommandés par les autorités japonaises de sûreté nucléaire, obligeant l'opérateur à informer de ce résultat le public et les agences gouvernementales.

 

LE THERMOMÈTRE EN CAUSE ?

Tepco va par ailleurs s'assurer de la fiabilité de ce thermomètre car les deux autres instruments font état d'une température de 35 degrés.

Des échantillons du gaz ne signalent aucune réaction inhabituelle ou critique et les autres données ne suggèrent aucun réchauffement ou accroissement de la quantité de vapeur, a ajouté Tepco. "Nous pensons que l'état d'arrêt à froid est maintenu", a déclaré lors d'une conférence de presse Junichi Matsumoto, porte-parole de TEPCO. "Plutôt qu'une hausse effective de la température, nous pensons qu'il y a une forte possibilité que le thermomètre ait un problème."

Déclenché par le séisme et le tsunami du 11 mars 2011 dans le nord-est du Japon, l'accident de la centrale Fukushima Daiichi, où une vague géante a déclenché la fusion partielle du combustible, a constitué le pire désastre nucléaire depuis celui de Tchernobyl, en Ukraine, en 1986. Le lendemain du séisme, un premier réacteur avait explosé, causant l'effondrement du toit du bâtiment. Le 14 mars, le réacteur 3 avait connu le même sort, puis, le 15 mars, un incendie s'était déclenché au niveau du réacteur 4.

 

 

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2 février 2012 4 02 /02 /février /2012 14:14

Reportage | LEMONDE | 01.02.12 | 13h48   •  Mis à jour le 02.02.12 | 14h32

 
 

 

Une délégation d'élus venus de communes françaises s'est rendue à proximité de la centrale japonaise de Fukushima pour observer les conséquences de l'accident - ici, le 25 janvier 2012.

Une délégation d'élus venus de communes françaises s'est rendue à proximité de la centrale japonaise de Fukushima pour observer les conséquences de l'accident - ici, le 25 janvier 2012.AP/David Guttenfelder


Fukushima Envoyé spécial - "Quand je vois défiler ces magnifiques paysages de Fukushima aujourd'hui contaminés, je ne peux m'empêcher de penser à ma région et de m'interroger sur le devenir de ces territoires." La remarque a fusé, empreinte d'une réelle émotion. Par la fenêtre du bus, l'adjoint au maire de Chinon (Indre-et-Loire), Yves Dauge, admire la nature généreuse du département de Fukushima. Des rizières au repos, d'immenses forêts, le tout sur fond de montagnes enneigées sous un soleil accroché dans un ciel sans nuages.

 

Une vraie carte postale qui séduit Yves Dauge comme les sept autres élus français venus passer quelques jours dans ce département du nord-est du Japon. Avec un objectif : "Voir comment les autorités locales japonaises gèrent la crise nucléaire et ses conséquences." Partant du constat que l'accident de mars 2011 à la centrale Fukushima Dai-ichi a marqué les esprits au Japon comme en France, Cités unies, organisation française de promotion des collectivités locales à l'international, et son équivalent japonais CLAIR ont organisé, du 12 au 14 janvier, ce voyage réservé à des élus de collectivités voisines de sites nucléaires, La Hague (Manche), Chinon ou encore Fessenheim (Haut-Rhin).

 

Quelques jours pour s'immerger dans un territoire marqué par le séisme et le tsunami du 11 mars 2011, et surtout par le pire accident nucléaire depuis Tchernobyl. Un drame d'une ampleur telle que Bertrand Gallet, directeur général de Cités unies, regrette que "les élus n'aient pas été plus nombreux à répondre à l'appel, tant ce voyage est instructif".

 

 

Une ville évacuée dans le périmètre d'exclusion de 20 km autour de la centrale.

Une ville évacuée dans le périmètre d'exclusion de 20 km autour de la centrale.REUTERS/STRINGER


Instructif et bouleversant. "Pour nous, ajoute Yves Dauge, ce voyage est un cas concret. Tout ce qui nous a été dit me perturbe beaucoup. A l'avenir, qui va vouloir s'installer ici ? Quelle entreprise va vouloir investir ?" Car, au fil de ces journées à arpenter l'un des plus vastes départements japonais, à contourner la zone interdite des 20 kilomètres établie autour de la centrale et à écouter élus locaux et habitants, les visiteurs ont pris la mesure réelle d'un drame à l'origine de l'évacuation de plus de 100 000 habitants, d'une crise qui pourrait durer quarante ans et d'un coût évalué à 1 151 milliards de yens (11,4 milliards d'euros). Le tout sans compter l'impact sur la santé de milliers de personnes, qui devrait être ressenti d'ici quelques années et le problème durable de la contamination radioactive.

 

Une situation qui n'incite guère à l'optimisme. L'adjointe au maire de Strasbourg, Françoise Buffet, pour qui les paysages de Fukushima évoquent les forêts des Vosges, déplore que l'environnement soit "aujourd'hui dangereux, interdit" par la présence massive des dépôts radioactifs. Ils atteignent parfois de tels niveaux qu'ils font réagir les dosimètres amenés par la délégation.

 

Cette pollution radioactive a été baptisée d'"ennemi invisible" par Norio Kanno, le maire d'Iitate, village qui avait misé sur l'agriculture bio et qui se situe à l'intérieur des terres, à une quarantaine de kilomètres au nord-ouest de la centrale. Les 6 000 habitants ont dû l'évacuer, car il a eu la malchance de se trouver sur la route du nuage hautement radioactif émis dans les premiers jours de la crise. "Nous avons été victimes d'un caprice du vent", regrette Norio Kanno, rencontré à Iino, dans la banlieue de la ville de Fukushima, où se trouve désormais sa mairie.

 

Son émouvant témoignage a mis en évidence l'enjeu complexe de la décontamination, qui empêche aujourd'hui d'envisager le retour chez eux des habitants. "Un jour, juge Jacques Maugein, président de la commission locale d'information (CLI) sur le nucléaire en Gironde, le gouvernement japonais devra avoir le courage de reconnaître que la décontamination est une épreuve du temps. Il faudra au moins quarante ans pour un retour à la normale."


De fait, a, par ailleurs, expliqué Ryo Ijichi, responsable de l'ONG On the Road et membre du secrétariat gouvernemental pour la reconstruction, "les efforts de décontamination ne donnent pas grand-chose". Le vent et la pluie déplacent les dépôts radioactifs accumulés dans les forêts et sur les montagnes. Et la centrale accidentée continue de rejeter du césium, à 70 millions de becquerels par heure. Si bien qu'une zone "nettoyée" est à nouveau polluée en quelques jours.

 

Outre le problème de la contamination, qui pousse au départ des milliers d'habitants, le plus souvent jeunes, les élus français ont pu noter le profond sentiment d'abandon ressenti dans les jours qui ont suivi l'accident par les responsables rencontrés. Katsunobu Sakurai, maire de Minami-Soma, ville côtière de 71 000 habitants, victime du tsunami et dont une partie se trouve dans la zone des 20 kilomètres, a évoqué "l'absence totale d'informations, de consignes, de ravitaillement. J'ai dû tout décider seul, notamment en matière d'évacuation". Réaction de Jacques Maugein : "En France, c'est le préfet qui a normalement l'autorité pour décider une évacuation. Que devraient faire les élus s'il ne la décide pas ?"

A la centrale aussi, les responsables se sont sentis bien seuls au moment du drame. Ce déficit de communication avec le siège tokyoïte de Tepco (compagnie d'électricité de Tokyo, propriétaire et opérateur de la centrale) fait dire à Jacques Maugein qu'aujourd'hui, en pareille situation, "EDF se serait comportée comme Tepco".

 

Triste constat qui en amène un autre : "Les Japonais vivaient avec l'idée du zéro danger du nucléaire, note Françoise Buffet. Cet accident leur a prouvé l'inverse." Elle se dit profondément marquée par le témoignage du maire d'Iitate. "Pour lui, le traumatisme, le choc violent du tsunami paraissent préférables au mal invisible et sans fin de la radioactivité. Car l'important dans ce genre de situation est de pouvoir reconstruire, ce que la nature du mal radioactif ne permet pas."


Même les plus attachés au nucléaire paraissent ébranlés. Michel Laurent, ancien d'Areva, maire de Beaumont-Hague (Manche), commune voisine du chantier de l'EPR et où se trouve le centre de traitements des déchets de la Hague, clame l'importance de "toujours penser à l'impensable quand on s'intéresse aux risques d'accident". "Ce drame confirme l'importance de ne pas faire d'économies sur la sécurité et de maintenir les exploitants sous le statut de sociétés nationales."


Michel Laurent souhaite également des réponses sur les indemnisations. Pierre Gaillard, vice-président de la CLI auprès de la centrale de Golfech (Tarn-et-Garonne), veut rencontrer l'assureur d'EDF, ce qu'il n'a pas encore réussi à faire malgré plusieurs demandes. Il s'interroge également sur le déroulement des exercices réalisés tous les deux ans en France. "Est-ce que l'on peut exiger des chauffeurs de bus, des gendarmes ou des pompiers d'intervenir dans des milieux devenus aussi hostiles ? Avons-nous les moyens de garantir leur sécurité ?"


Certaines craintes s'expriment. Jacques Maugein rappelle que la centrale du Blayais (Gironde) a été inondée en 1999 et peut toujours l'être. "Que peuvent les protections mises en place contre la puissance de l'eau ?" Evoquant l'ancienneté de la centrale de Fessenheim et le fait qu'elle se trouve sous la menace des eaux du canal d'Alsace, Françoise Buffet rappelle que Strasbourg, comme plusieurs villes allemandes et suisses, en a demandé la fermeture, en vain.

 

Et, finalement, la question porte sur l'avenir du nucléaire, une technologie dont, constate Françoise Buffet, "nous ne maîtrisons pas l'ensemble du processus et qui peut avoir des conséquences désastreuses". Pour Yves Dauge, c'est clair, aujourd'hui "il faut affirmer la nécessité de sortir du nucléaire". "Cela doit être accompagné d'une réflexion sur la stratégie énergétique, précise-t-il. Mais c'est d'autant plus fondamental que le nucléaire devrait coûter de plus en plus cher."


Il ne croyait pas si bien dire, comme l'a démontré le rapport de la Cour des comptes sur "Les coûts de la filière électronucléaire". Dévoilé le 31 janvier, il soulignait les "grandes incertitudes" pesant sur ce secteur.

Philippe Mesmer


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27 janvier 2012 5 27 /01 /janvier /2012 14:49

 

 

Rue89 - Webdocu 26/01/2012 à 15h03

 

http://www.rue89.com/rue89-planete/2012/01/26/la-fissure-un-webdocumentaire-sur-fukushima-228733

 

 

 

 

Un homme pêche près d'une maison renversée, presqu'ïle d'Oshika (Annabelle Lourenço)

 

Annabelle Lourenço est photographe et Cyprien Nozières réalisateur-animateur. Indépendants tous les deux, avec des moyens limités, ils sont partis au Japon, témoigner de l'état du pays après la catastrophe du 11 mars.

Ils sont restés trois semaines et ont été accueillis à Tokyo par le frère de Cyprien et son épouse japonaise. Parents d'une fille de 3 ans, ils ont adhéré à l'Association de protection des enfants du quartier de Kita contre les radiations et participent à des manifestations contre le nucléaire.

« Nous avons réfléchi à un projet commun qui considérerait le problème dans son ensemble. Nous ne voulions pas nous contenter d'aborder uniquement la situation des victimes du tsunami, ni nous concentrer exclusivement sur le problème des radiations. »

« Le vernis du protocole »

Ils ont découvert un peuple certes habitué aux catastrophes, mais pas pour autant résigné. Des citoyens s'activent pour défendre leurs convictions et leurs droits.

« Bien sûr, ils se confrontent à beaucoup de difficultés, les choses avancent lentement et ils doivent user de diplomatie, le vernis du protocole n'étant pas facile à écailler. »


Shoko entourée de ses enfants, à Tokyo (Annabelle Lourenço)

Aussi, une « Révolution des mamans »

Dans leur webdocumentaire, on découvre ainsi un pêcheur qui élève des coquilles peut-être contaminées mais qui ne pense qu'à reprendre son activité, reconstruire un logement... et pour qui les radiations ne sont pas la priorité.

« Si la population veut connaitre la vérité, elle doit faire l'effort d'imaginer les risques pour sa santé, de chercher les informations, de vérifier la provenance des aliments, etc. Tout cela est contraignant au quotidien pour un mal invisible. Sans compter que le matériel de mesure des radiations n'est pas accessible à tous ! Il coûte cher, il nécessite de se pencher sur la question, d'en comprendre les données. Les populations ne sont pas formées à cela. »

Les auteurs pensent aussi que Fukushima aura des conséquences « qui vont au-delà de la situation sanitaire ou d'un éveil des consciences face au nucléaire » :

« La société japonaise est peut-être en train de changer profondément. Il y a notamment ce que certains appellent la “Révolution des mamans”, les mères de familles habituellement plutôt discrètes s'activent aujourd'hui dans le champ politique et manifestent leur volonté de changer les choses.

Elles se mettent en avant pour défendre la santé et la sécurité de leurs enfants, ce qui n'est pas courant dans la société japonaise très patriarcale. »

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27 janvier 2012 5 27 /01 /janvier /2012 14:07

 

LEMONDE.FR avec AFP | 27.01.12 | 12h13   •  Mis à jour le 27.01.12 | 12h21

 

 

Le gouvernement a reconnu ne pas avoir noté les discussions de quatre organes d'urgence.

Le gouvernement a reconnu ne pas avoir noté les discussions de quatre organes d'urgence.AFP/HO


Pas moins de cinq comités de crise constitués pour faire face à la triple catastrophe naturelle et nucléaire du 11 mars au Japon n'ont gardé aucun compte rendu officiel de leurs réunions, a admis vendredi 27 janvier un fonctionnaire de l'Etat. Plus tôt cette semaine, le gouvernement avait avoué que la cellule spéciale réunie autour du premier ministre de l'époque, Naoto Kan, pour gérer l'accident atomique de Fukushima n'avait gardé aucune trace des discussions tenues lors de ses réunions, ce qui a déclenché des interrogations sur les autres commissions ad hoc.

Le gouvernement a ainsi reconnu ne pas avoir non plus les discussions de quatre autres organes d'urgence, renforçant ainsi l'image d'une gestion brouillonne du désastre déclenché par le séisme et le tsunami survenu le 11 mars dans le nord-est de l'archipel, la pire crise connue par le Japon depuis la deuxième guerre mondiale. Trois des comités n'ont pas même établi de brefs résumés de leurs entretiens, tandis que deux autres groupes de travail n'ont noté que partiellement le contenu des rendez-vous.


"GROTESQUE"

Face à ce constat dont l'actuel gouvernement n'est pas responsable, puisque la plupart des membres ont changé entre-temps, le vice-premier ministre en exercice, Katsuya Okada, a ordonné de recréer d'ici à la fin février des résumés des rencontres à partir de témoignages. L'absence de documents officiels sur ces réunions est qualifié de "grotesque" par Kazuhiro Hayakawa, professeur agrégé de droit administratif, et relève même selon lui d'une violation de l'obligation légale de tenir des minutes. "Peu importe la situation d'urgence et l'obligation d'aller vite, il est absurde que n'aient pas été établis de comptes rendus", a-t-il souligné.
 

"Je doute que cela ait été intentionnel de la part du gouvernement, mais je suppose que les fonctionnaires n'ont pas reçu clairement l'ordre de créer ces documents", a-t-il précisé, regrettant que cette erreur prive les experts de la possibilité d'étudier ce qui s'est exactement passé immédiatement après la catastrophe naturelle qui a fait plus de 19 000 morts et l'accident de Fukushima qui a forcé à évacuer une centaine de milliers de personnes.

Cette énorme maladresse est pain bénit pour l'opposition conservatrice qui y voit la preuve de l'inexpérience du Parti démocrate du Japon (PDJ), formation de centre gauche relativement jeune et arrivée au pouvoir en septembre 2009 après plus d'un demi-siècle de domination de la droite.

 

 

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