La coalition électorale dirigée par le parti des Frères musulmans a menacé mercredi soir de boycotter les législatives de novembre si la loi électorale n'est pas amendée.
"Nous refusons de participer aux élections si l'article 5 de la loi électorale (interdisant aux partis de présenter des candidats pour le tiers des sièges du Parlement) n'est pas annulé", a affirmé un communiqué publié au terme d'une réunion des partis membres de "la coalition démocratique" qui comprend une trentaine de formations dont notamment le Parti de la liberté et la justice issu des Frères musulmans et le Parti liberal al-Waf.
La loi électorale promulguée par un décret de l'armée mardi prévoit "l'élection des deux tiers des députés des deux chambres selon mode de scrutin de listes fermées à la proportionnelle, et le dernier tiers par scrutin uninominal" réservé aux indépendants.
Risque de retour de proches de Moubarak
L'article 5 de ce décret stipule que seuls les indépendants pourront se présenter au tiers des sièges qui seront élus selon le mode uninominal et qu'une fois élus les députés indépendants ne pourront pas se joindre au bloc parlementaire d'un quelconque parti sinon ils perdront leurs sièges.
"La coalition démocratique" se déclare également "étonnée par la positon du Conseil suprême des forces armées (CSFA) qui a refusé la demande des forces politique d'élire tous les membres du Parlement selon le mode de listes proportionnelles fermées (..) et a choisi un système qui prive les partis politiques de présenter des candidats aux siège qui seront élus selon le mode uninominal ce qui signifie que la la concurrence sur ces sièges sera uniquement entre les indépendants et les candidats de l'ancien régime", selon le communiqué.
Ce système électoral mixte fait déjà l'objet d'une vive polémique depuis plusieurs semaines. Le scrutin uninominal est accusé par de nombreux partis politiques de favoriser le retour de personnalités proches de l'ancien pouvoir, qui pourraient se faire élire comme "indépendants" en bénéficiant de leurs réseaux locaux toujours puissants.
Pas encore de date pour la présidentielle
Les premières élections législatives en Egypte depuis la chute d'Hosni Moubarak commenceront le 28 novembre prochain, marquant le début d'un processus électoral chargé au terme duquel l'armée promet le retour à un pouvoir civil. La date a été officiellement annoncée mardi par le CSFA, qui dirige le pays depuis la chute du régime le 11 février dernier.
La "coalition démocratique" dirigée par les Frères devrait faire face lors des législatives à une coalition regroupant des partis libéraux et de gauche "le bloc égyptien".
Des dizaines de partis, allant des salafistes (islamistes fondamentalistes) aux libéraux, souvent très peu structurés et encore mal connus, sont apparus après la chute du régime Moubarak.
Le futur parlement égyptien sera chargé de rédiger une nouvelle constitution pour le pays. La date de l'élection présidentielle, à l'issue de laquelle l'armée a promis de remettre la totalité du pouvoir aux civils, n'est pas encore connue.
Si une nouvelle constitution devait être adoptée en préalable, le vote pour le prochain président pourrait ne pas intervenir avant la fin août 2012.
Intervention américaine pour lever l'état d'urgence
L'armée égyptienne a promis que les prochaines élections ne se dérouleraient pas sous le régime de la loi d'état d'urgence, une législation répressive en vigueur tout au long des 30 ans de pouvoir de Hosni Moubarak.
Le champ d'application de cette loi vient toutefois d'être élargi, et l'armée a laissé planer, en invoquant des considérations sécuritaires, la possibilité qu'elle reste en vigueur jusqu'à la mi-2012, son échéance légale.
Les Etats-Unis ont appelé mercredi l'Egypte à lever l'état d'urgence au plus tôt, et non en juin 2012.
"C'est une étape importante vers l'état de droit (et) pour créer le contexte d'élections libres et démocratiques. Nous voulons voir cela le plus tôt possible", a déclaré la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton au côté de son homologue égyptien Mohammed Kamel Amr.
Le Nouvel Observateur - AFP