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2 mai 2016 1 02 /05 /mai /2016 14:19

 

Source : http://www.bastamag.net

 

 

Bien commun

À Roquevaire, l’eau « vitale » est gratuite

par

 

 

 

Trente mètres cubes d’eau potable pour un euro ! C’est le prix dérisoire que payent chaque année les habitants de Roquevaire, dans les Bouches-du-Rhône, suite à une décision de la municipalité. Celle-ci considère que l’eau est un bien commun de l’humanité, et que chaque habitant de la commune doit pouvoir accéder gratuitement à l’eau « vitale ». Mais l’avènement, en 2020, de la métropole d’Aix-Marseille-Provence risque de bouleverser cet équilibre.

 

Cet article a initialement été publié dans le journal L’Âge de faire (voir sa présentation à la fin de l’article).

Le 19 décembre 2011, le conseil municipal de Roquevaire, une ville des Bouches-du-Rhône, approuvait à la quasi-unanimité une délibération instaurant une « tarification solidaire et responsable de l’eau ». Cette tarification progressive se compose de trois tranches : l’eau « vitale », qui correspond aux trente premiers mètres cubes, puis l’eau « utile », jusqu’à cent vingt mètres cubes, et, enfin, l’eau de confort. « Considérant que l’eau potable ne doit pas être une marchandise source de profits injustifiés, mais qu’elle est un bien commun de l’humanité », l’équipe municipale estime que ses administrés doivent pouvoir accéder gratuitement à l’eau vitale.

« Quand on a commencé à étudier ce projet, on s’est vu opposer tout un tas de réglementations, de décrets, de lois… On a compris que nous n’avions pas le droit de pratiquer la gratuité, explique Yves Mesnard, maire (PCF) de la commune depuis 2008. Plutôt que de partir dans un interminable combat devant le tribunal administratif, on a choisi de faire plus simple : fixer un prix dérisoire. » Ainsi, depuis le 1er janvier 2012, pour les trente premiers mètres cubes d’eau potable, les Roquevairois déboursent… un euro ! Cette quasi-gratuité, accompagnée de tarifs avantageux pour les volumes suivants, n’a pas entraîné de hausse de la consommation moyenne. Au contraire : alors que la population a augmenté entre janvier 2012 et décembre 2013, la consommation globale d’eau a légèrement baissé.

Une régie municipale créée en 1925

« Notre chance, c’est que nos ancêtres ont bien travaillé », glisse le maire. Roquevaire a toujours eu une relation un peu particulière à l’eau. Les habitants avaient en effet, dès le début du XXe siècle, réalisé un forage qui alimentait les fontaines du village. La commune a ensuite créé sa propre régie. Depuis 1925, c’est elle qui assure le captage, le traitement et la distribution d’eau potable à Roquevaire, puis dans trois autres villages de la commune, Lascours, Pont-de-l’Étoile et Pont-de-Joux. Soit un peu moins de 9000 habitants pour environ 4300 abonnés.


 

Dix agents et un ingénieur assurent le fonctionnement de la régie, qui gère notamment les 92 kilomètres du réseau de distribution. La gestion communale de l’eau a déjà montré, ici ou ailleurs, ses vertus : cela revient moins cher que de la confier à un groupe privé, et le réseau est souvent beaucoup mieux entretenu [1]. Lorsque la nouvelle équipe municipale arrive à l’hôtel de ville en 2008, elle s’aperçoit que cette régie est bénéficiaire. Dès lors, pourquoi ne pas en faire profiter les administrés ? « On ne paie pas la ressource. Or, en tant qu’élus, on n’est pas là pour faire du pognon, mais pour faire fonctionner une commune », rappelle Yves Mesnard.

Tout n’a pas été simple pour autant. Située à 28 km d’Aix-en-Provence, 25 km de Marseille et 8 km d’Aubagne, Roquevaire, autrefois agricole, accueille désormais principalement les travailleurs de ces différents pôles d’activité. Les cadres supérieurs y ayant construit récemment leurs villas côtoient une population plus ancienne, et plus précaire, l’activité économique sur place ayant quasiment disparu. Les ressources fiscales sont donc plutôt faibles. « Pour mettre ce système de facturation d’eau en place, on n’a pas fait appel à un cabinet d’audit. On a tous pris nos petites calculatrices, et on a fait nos propres calculs. Ça nous a pris deux ans ! »

La métropole mettra-t-elle fin à la régie ?

Plutôt que de partir dans les poches de quelques actionnaires, tous les bénéfices dégagés par la régie sont réinvestis dans l’entretien et l’aménagement du réseau. En moins de dix ans, le rendement du réseau est ainsi passé de 60 % à 76 %, se situant dans le haut du panier de la moyenne nationale. Cela a aussi permis à la commune de procéder, en 2013, à un forage d’exploration, afin de disposer d’une seconde ressource en eau pour mettre en sécurité l’approvisionnement des habitants. Les essais ont confirmé l’existence, par 125 mètres de profondeur, d’une rivière souterraine.

Mais la régie de l’eau de Roquevaire l’exploitera-t-elle un jour ? C’est la question que se pose actuellement, avec inquiétude, la commune. L’avènement, en 2020, de la métropole d’Aix-Marseille-Provence pourrait mettre fin à l’aventure, puisque la compétence de l’eau sera confiée à cette mégastructure. Ainsi, la régie, « qui a fêté ses 90 ans cette année, ne sera peut-être malheureusement jamais centenaire », regrette Yves Mesnard. Des rencontres doivent s’organiser avec d’autres maires de la région dont les communes sont également équipées de régies directes de l’eau, afin d’essayer d’obtenir des dérogations. Ou, pourquoi pas, convaincre la métropole de s’engager sur le chemin de la remunicipalisation du service ?

Nicolas Bérard (L’âge de faire)

 

Cet article a été publié dans le journal L’âge de faire, partenaire de Basta !

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1 mai 2016 7 01 /05 /mai /2016 11:08

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

Carlos Ghosn, ou le cynisme de l'oligarchie
30 avril 2016 | Par martine orange
 
 

« Ce n’est pas aux actionnaires de décider la rémunération du président. » Le conseil d’administration de Renault résume la réalité des dirigeants des multinationales : comptables de rien, ni à l’égard de personne. Où est donc la gouvernance d'entreprise si chère au libéralisme?

 

Décidément, Carlos Ghosn est au-dessus de tout, des questions, des remises en cause, et désormais au-dessus du vote de ses actionnaires. Il n’a pas dit comme le président de Goldman Sachs, Lloyd Blankfein, qu’il faisait « l’œuvre de Dieu ». Mais tout paraît indiquer par ses choix et ses comportements qu’il n’est pas loin de le penser. Un tel talent ne saurait se plier à devoir rendre des comptes, encore moins se soumettre à un vote d’assemblée générale.

C’est donc d’un revers de la main que le conseil d’administration de Renault, puissamment guidé par son PDG, a accueilli l’opposition des actionnaires du constructeur automobile à la rémunération accordée à Carlos Ghosn : ceux-ci venaient de voter à 54 % contre les 7,251 millions d’euros de salaire versés au PDG de Renault, qui viennent s’ajouter aux quelque 8 millions d’euros qui lui sont versés par Nissan. Face à ce vote négatif, une première en France depuis que les actionnaires ont le droit de se prononcer à titre consultatif sur la rémunération des dirigeants, le conseil d’administration n’a eu qu’un mot : « Ce n’est pas aux actionnaires de se prononcer sur la rémunération de ses dirigeants. » Mais à qui alors ? L’actionnaire n’est-il pas celui qui décide, à s’en tenir aux préceptes du libéralisme ?

À première vue, cette réponse sans appel semble avoir un destinataire unique : l’État, premier actionnaire de Renault. Pour les défenseurs de Carlos Ghosn, ce vote n’est qu’un énième épisode du conflit qui oppose la direction du constructeur automobile à l’État. Depuis des années, Carlos Ghosn ne cesse de se plaindre de cet actionnaire encombrant, de lui dénier la moindre légitimité, de chercher à s’échapper par tous les moyens de cette tutelle, en multipliant les manœuvres et les tactiques pour faire passer Renault en dehors du champ de contrôle étatique, au point de dévitaliser le groupe automobile. Il ne peut voir dans ce vote contre sa rémunération qu’une nouvelle attaque du gouvernement : avec ses 23,4 % de droits de vote, l’État a fait pencher indéniablement la balance lors du vote de cette résolution.

Même s’il y a un avertissement gouvernemental à destination de Carlos Ghosn dans ce vote, l’opposition à la conduite du PDG de Renault-Nissan est bien plus large. Cela fait des années que le cabinet Proxinvest, mandaté par des actionnaires et des investisseurs financiers, conteste la gestion de Carlos Ghosn en tant que dirigeant à la fois de Renault et Nissan, comme l’opacité qui entoure ses rémunérations. Il a fallu attendre 2011 pour découvrir que le PDG de Renault touchait entre 7 et 10 millions d’euros chez Nissan, ce qui en fait le PDG le mieux payé du Japon. Avec Renault, il touche 15 millions d’euros cette année, ce qui lui permet de figurer parmi les patrons les mieux payés du monde.

 

 © Reuters © Reuters
 

L’an dernier, les actionnaires avaient déjà contesté l’augmentation fabuleuse de Carlos Ghosn. Le quasi-triplement de son salaire chez Renault, passant de 2,7 à 7,2 millions d’euros en un an, avait été accepté à 64 %, le plus mauvais résultat de toutes les entreprises du CAC 40. L’avertissement n’avait reçu aucun écho. Cette année encore, le cabinet Proxinvest, porte-parole d’investisseurs mécontents, avait donc appelé à nouveau à voter contre la rémunération de Carlos Ghosn.

 

Lors de l’assemblée générale du 29 avril, Pierre-Henri Leroy, président de Proxinvest, a interpellé le conseil d’administration au sujet de la rémunération accordée au PDG de Renault. Mais c’est ce dernier qui a pris la parole en défense. « En tant qu’actionnaire, vous donnez délégation au conseil d’administration. C’est lui qui juge non pas sur la base d’un caprice mais il juge si la façon dont le PDG est payé est conforme à ses efforts, à son talent, à la situation. Il le fait de façon tout à fait transparente », lui a rétorqué Carlos Ghosn. Un nouvel exemple de la parfaite indépendance des administrateurs, sans nul doute.

La composition du comité de rémunération l’illustre parfaitement : il est aussi caricatural que tous ceux du CAC 40. On y retrouve Thierry Desmarest, ancien PDG de Total, Marc Ladreit de Lacharrière, président du groupe Fimalac, Jean-Pierre Garnier, ancien président du groupe pharmaceutique Glaxo, Alain Belda, ancien banquier d’affaires parti présider pendant des années le groupe d’aluminium Alcoa, Éric Personne, un des hauts responsables du groupe automobile, et Patrick Thomas, président du comité, également haut cadre de la maison. Bref, des responsables qui connaissent la vraie vie des dirigeants des multinationales, les impératifs de la mondialisation. Pas de ceux qui ont de viles préoccupations sociales, ou de ces individus qui oseraient rappeler les efforts des salariés du groupe qui ont accepté le départ de 8 000 d'entre eux sans licenciement, une augmentation des horaires de travail et une modération salariale pendant trois ans afin de sauvegarder la production automobile du groupe en France.

Pour justifier cette rémunération hors norme, le conseil d’administration de Renault a mis en avant « les résultats exceptionnels de Renault » : un chiffre d’affaires record de plus de 45 milliards d’euros, un résultat net de 2,8 milliards d’euros, une marge opérationnelle de 5,1 %, un plan d’économies en avance sur les prévisions.

Ces quelques indicateurs chiffrés semblent suffire au comité de rémunération pour justifier le salaire exorbitant accordé au président du groupe. Celui-ci semble, en revanche, beaucoup moins vigilant sur les capacités de résistance et l’avenir du groupe. Les administrateurs ne semblent pas plus s’inquiéter que cela du fait que la base industrielle de Renault en France ne cesse de diminuer. Le constructeur automobile y produit moins de voitures qu’en 1963. Et les accords passés avec Daimler, prévoyant des transferts massifs de production et de compétences du constructeur français vers le constructeur allemand, risquent encore de l’affaiblir. Ils ne sont pas plus émus, semble-t-il, des retards accumulés de Renault dans les voitures électriques ou hybrides, non plus que de son développement international bridé – le constructeur arrive seulement en Chine, au moment où tout le marché automobile chinois est train de ralentir.

La fin de l'alignement des intérêts entre actionnaires et dirigeants

A-t-il été seulement question d'AvtoVaz, la filiale russe de Renault, au conseil ? Comme annoncé de longue date par des observateurs avisés, cette alliance avec l’ancien fabricant des Lada en Russie, nouée de telle sorte que Renault en porte tous les risques et Nissan tous les avantages, est en train de tourner au fiasco. Les ventes automobiles s’effondrent en Russie, en raison de la récession économique. Renault a déjà dû diminuer la valeur de sa participation : un milliard d’euros de pertes vont être inscrits dans les comptes cette année. Face à cette tourmente, Carlos Ghosn a préféré prendre du champ. Il a annoncé qu’il allait abandonner la présidence du conseil d’AvtoVaz pour la céder à Sergueï Skvortsov, représentant de la société étatique Rostec, l’autre actionnaire du constructeur russe, le 23 juin prochain. Une façon de marquer ses distances, afin que son nom ne soit pas mêlé à d’éventuels déboires, comme dans le cas de la fausse affaire d’espionnage. Tant de succès méritent bien récompense.

L’impunité dont bénéficie Carlos Ghosn reste un mystère. Longtemps, ce dernier a profité d’une totale immunité, en se présentant comme l’homme clé, indispensable, de l’alliance entre Renault et Nissan, en jouant les deux groupes l’un contre l’autre. Peut-être serait-il temps que les actionnaires des deux groupes se parlent enfin ? Ils pourraient découvrir qu’ils ont des intérêts communs qui ne se résument pas à un seul homme.

Mais cette affaire risque de ne pas s’arrêter à Renault. En balayant en quelques mots l’avis des actionnaires, le conseil d’administration exprime avec cynisme une réalité que le Medef et l’Association française des entreprises privées (Afep) ont tenté d’habiller depuis des années avec leurs différentes versions de code de bonne conduite, leurs appels à la bonne gouvernance des entreprises : tout ceci n’est qu’un leurre. En dépit de toutes les promesses, aucune modération n’est de mise pour les hauts dirigeants. « Parce qu’ils le valent bien », rien ne saurait leur être refusé. Ni la crise, ni les contre-performances ne justifient d’arrêter l’ascension exponentielle de leur rémunération. Le salaire moyen des dirigeants du CAC 40 a encore augmenté de 4 %, pour s’établir à 2,34 millions d’euros. Mais cette moyenne ne tient pas compte des à-côtés.

Car le système d’enrichissement ne cesse de se perfectionner avec les années. Les stock-options sont en train de tomber en désuétude. Officiellement, parce que le mécanisme était trop contesté. Dans les faits, il faisait courir encore un léger risque à la caste des dirigeants. Les stock–options pouvaient perdre tout intérêt si le cours de l’action tombait plus bas que le prix d’attribution. Désormais, les dirigeants se font attribuer des actions de « performance », totalement gratuites. La plus-value est ainsi assurée, quoi qu’il arrive. Outre sa rémunération fixe et variable qui représente 3 millions d’euros, le PDG de Renault se voit attribuer des actions « de performance » pour 4,18 millions d’euros.

 

Les rémunérations de Carlos Ghosn © rapport annuel de Renault Les rémunérations de Carlos Ghosn © rapport annuel de Renault

 

L’attitude du conseil de Renault dans ce dossier n’est pas un accident. Il n’a plus rien à faire de l’avis de ses actionnaires. Pas seulement sur la rémunération du PDG, mais sur tous les sujets. Lors de cette même assemblée générale, une résolution a été présentée stipulant que les actionnaires de Renault renonçaient à avoir le moindre droit de regard sur Nissan, contrôlé à hauteur de 44 % par le constructeur français. Elle a été adoptée. Ainsi, à l’avenir, ceux-ci n’auront plus rien à dire sur la conduite de la première filiale du constructeur français.

Pour aussi extrémiste qu’il soit, le comportement de Renault reflète l’état d’esprit général dans les multinationales. Celles-ci affichent avec morgue qu’elles ne se sentent plus comptables de rien, ni vis-à-vis de personne. Une grande rupture est en train d’être consommée entre les dirigeants d’entreprise et leurs actionnaires.

Tout le renversement néolibéral à l’œuvre depuis les années 80 dans les entreprises s’est pourtant construit sur ce couple. Revendiquant, au nom de leur droit de propriété, d’être les premiers bénéficiaires des richesses créées par les entreprises, les actionnaires ont imposé des gestion d’airain à tous les groupes, exigeant des rendements toujours plus élevés et totalement déconnectés de la réalité économique, des scissions, des liquidations, une pression sans cesse accrue sur les salariés.

Ce grand basculement n’a été possible que grâce au ralliement des dirigeants d’entreprise. Alors que depuis la fin de la guerre, ceux-ci se voyaient comme issus du monde salarial, partageant les mêmes buts, ils ont cédé aux sirènes des actionnaires, qui prônaient l’alignement des intérêts entre les actionnaires et les dirigeants. Ce ralliement a été obtenu à coups de rémunérations insensées, toutes plus extravagantes les unes que les autres. Les rémunérations des dirigeants des multinationales représentent en moyenne plus de 200 fois le salaire moyen. L’échelle était de un à 20 dans les années 70.

Aujourd’hui, la fronde contre ces rémunérations indécentes, jusque-là cantonnée à l’opinion publique, gagne désormais les rangs des actionnaires. En Grande-Bretagne, plusieurs présidents, notamment ceux de HSBC et de BP, ont vécu des assemblées générales mouvementées. Alors que les groupes qu’ils président affichent des résultats médiocres voire désastreux, ils ont continué à se voir accorder des augmentations exponentielles. Le fameux alignement des intérêts est en train de se dissoudre. Et les PDG des multinationales, sans cette justification protectrice, risquent d’apparaître pour ce qu’ils sont : une caste d’oligarques, insupportable dans un système démocratique.

 

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

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29 avril 2016 5 29 /04 /avril /2016 21:49

 

Source : http://www.lejdd.fr

 

 

 

Le Maire pour un contrôle bancaire du RSA et la fin de la fonction publique territoriale

 

Le candidat à la primaire présentait mercredi ses propositions en matière d'organisation territoriale. Bruno Le Maire veut supprimer la fonction publique territoriale et permettre aux départements de mieux contrôler le RSA en leur donnant accès aux comptes bancaires des allocataires.

 

Bruno Le Maire à son QG de campagne, début avril.

Bruno Le Maire à son QG de campagne, début avril. (Sipa)

 

S’il ne souhaite pas de "big bang territorial", c’est un vrai bouleversement que Bruno Le Maire préconise pour les collectivités territoriales : le candidat à la primaire de 2016 défend notamment la suppression de la fonction publique territoriale ou le contrôle des comptes bancaires des allocataires du RSA.

En présence de 11 présidents de conseils départementaux qui le soutiennent, le député de l’Eure a présenté mercredi ses propositions en matière d’organisation territoriale. Il souhaite en particulier faire des départements "le guichet unique de la gestion des aides sociales en France", en charge du versement, des modalités, mais aussi du contrôle du RSA, de l’allocation adulte handicapée, ou de l’allocation dépendance. Si les montants de ces allocations resteraient fixés par l’Etat, les départements bénéficieraient d’une "liberté de gestion de toutes les allocations" et de "tous les moyens de contrôler que la prestation va réellement à ceux qui en ont besoin".

"Vous voulez toucher votre allocation du RSA, il faut que vous donniez votre relevé bancaire"

Bruno Le Maire a ainsi suggéré "que le département ait la possibilité d’avoir accès aux comptes bancaires des bénéficiaires du RSA pour s’assurer que chaque bénéficiaire du RSA touche bien le montant dont il a besoin et qu’il n’y a ni gabegie ni fraude". Un système qui reposerait selon lui sur le "volontariat" : "Vous voulez toucher votre allocation du RSA, il faut que vous donniez votre relevé bancaire. Si vous ne voulez pas donner votre relevé bancaire, libre à vous mais vous ne touchez pas le RSA", a-t-il résumé.

"Je veux donner la garantie absolue aux contribuables que les aides sociales sont justifiées" et "que l’argent va où on en a besoin", a plaidé Bruno Le Maire.

Le candidat veut aussi "supprimer progressivement le statut de la fonction publique territoriale", qui concerne aujourd’hui 1,8 million de fonctionnaires. Pour cela, chaque fonctionnaire partant à la retraite serait "remplacé par un emploi sous statut privé". Par ailleurs, chaque fonctionnaire territorial bénéficierait d’un "droit d’option" lui permettant de "passer sous statut privé" s’il le souhaite au cours de sa carrière.

"Fusionner les assemblées départementales et régionales"

"Donner l’emploi à vie et le statut de la fonction publique doit correspondre à un intérêt général", a estimé Bruno Le Maire. Contrairement à beaucoup de militaires, qui sont sous contrat, "des fonctionnaires qui s’occupent de la comptabilité d’une ville ou des espaces verts ou de la politique culturelle, eux, vont avoir l’emploi à vie. Au nom de quoi?".

S’il ne souhaite pas remettre en cause le découpage régional ou l’existence des départements, Bruno Le Maire a par ailleurs proposé de "fusionner les assemblées départementales et régionales pour avoir une assemblée unique élue au scrutin uninominal à deux tours". Ainsi, les conseillers départementaux éliraient ainsi les conseillers régionaux "en leur sein", ce qui permettrait selon lui de "supprimer 1800 postes d’élus" et "d’économiser 25 millions d‘euros par an au passage".

 

 

mercredi 27 avril 2016

 

 

Source : http://www.lejdd.fr

 

 

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29 avril 2016 5 29 /04 /avril /2016 21:45

 

Source : http://www.humanite.fr

 

 

« L’attitude des forces de l’ordre est irresponsable »
Pierre Duquesne
Vendredi, 29 Avril, 2016
L'Humanité

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AFP
 

Des violences policières ont été constatées dans tous les cortèges, hier. Et cette stratégie de la tension, visible depuis le début du mouvement, ne cesse de s’intensifier.

 

Le ministre de l’Intérieur veut-il de nouveaux Malik Oussekine  et Rémi Fraysse ? On peut se le demander, au vu de l’ampleur des violences policières constatées, hier, dans tous les défilés contre la loi El Khomri. Et ce, dès les premières heures de la matinée. À Gennevilliers, un dispositif policier démesuré a accueilli 200 manifestants à proximité du port de cette ville des Hauts-de-Seine. Salariés, étudiants, chômeurs et syndicats de Saint-Denis avaient décidé, en AG interprofessionnelle, de bloquer son entrée pour soutenir les salariés du site et perturber les transports, avec barrage filtrant. Mais les militants, pacifiques, ont été chassés par des CRS très agressifs. Charges violentes, matraquage, gazage se poursuivront à Saint-Denis, lorsque les manifestants tenteront de rejoindre la bourse du travail. Une nasse policière est mise en place, et une centaine de militants sont interpellés. Un syndicaliste de SUD Rail, Nicolas Palmire, et le sociologue Nicolas Jounin, sont placés en garde à vue pour violence, alors même qu’ils ont été blessés à la tête.

 

À Marseille, le camion de l’Union syndicale Solidaires a été touché par des tirs tendus de grenades lacrymogènes et de flashballs. Un responsable local, touché à la gorge, a été hospitalisé. Des drones sont apparus dans le ciel parisien pour surveiller le défilé.

 

À Nantes, les CRS ont préféré charger un cortège de 20 000 personnes plutôt que d’isoler un petit groupe de casseurs (lire page 6). « Leur attitude est irresponsable, a réagi Fabrice David secrétaire général de la CGT 44. Ils ont cassé le cortège en deux, alors que tout se passait bien. Ils nous ont canardés. » Sous le choc, de nombreux militants exigent aujourd’hui des comptes. « J’ai vu une femme d’une cinquantaine d’années, manifestant comme moi à visage découvert et ne manifestant pas le moindre signe d’agressivité frappée de plein fouet, dans le dos par un projectile visiblement tiré à tir tendu », écrit Aymeric Seassau, adjoint au maire de Nantes et secrétaire départemental du PCF, dans une lettre envoyée hier au préfet, demandant que « les forces de police retrouvent le sens du discernement à Nantes ».

 

Cette politique répressive dure depuis le début du mouvement. À Rennes, neuf manifestants ont été poursuivis pour avoir participé à la manifestation du 31 mars et du 9 avril. Accusés de rébellion et d’outrage, sept d’entre eux ont été condamnés cette semaine à six mois de prison avec sursis assortis d’une obligation de 110 heures de travail d’intérêt général, un huitième à trois mois de sursis. Et deux mois de prison ferme pour un délégué CGT de PSA Rennes, Fabrice Rouillaux, qui a refusé les prélèvements ADN et les travaux d’intérêt général. La justice continue « à s’en prendre aux militants CGT et à la liberté de manifester dans le cadre de la mobilisation contre la loi travail », avait dénoncé Jean-Pierre Mercier, délégué syndical central de PSA. Qui prévient : « Si le gouvernement pense pouvoir faire baisser la tête et intimider les militants de la CGT par cette politique de répression, il fait fausse route. »

 

 

Source : http://www.humanite.fr

 

 

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29 avril 2016 5 29 /04 /avril /2016 21:31

 

Source : http://reporterre.net

 

 

« Je ne crois pas que le changement de société se fera sans violence »

29 avril 2016 / Entretien avec Xavier Mathieu
 


 

Xavier Mathieu, ouvrier engagé dans une dure lutte naguère à l’usine Continental, est très présent à Nuit debout. Il analyse le mouvement, la situation globale, et la question de la violence.

Xavier Mathieu était le délégué syndical de la CGT de l’usine Continental AG de Clairoix (Oise), où un dur conflit social s’est poursuivi en 2009 et 2010. Il est aujourd’hui comédien.


Reporterre — On t’a croisé plusieurs fois à Nuit debout. Quel regard portes-tu sur ce mouvement ?

Xavier Mathieu — Je viens regarder, écouter, voir comment cela se passe. Par moment, je trouve cela sympa, par moment, il y a beaucoup de bla-bla. Mais c’est la construction d’un mouvement, il faut du temps pour s’organiser. L’ensemble est surprenant, même les discussions des gamins. On a toujours tendance à penser que les jeunes se moquent de ce qui se passe, mais j’ai été surpris par certaines discussions. C’est bien d’être surpris dans ce sens là ! J’aime aussi le côté divers des gens qui y sont, même si ce n’est pas ouvert à tout le monde. Par exemple, quand Finkielkraut s’est fait virer, c’était normal. Il n’avait rien à y foutre ! C’est comme si Strauss-Kahn allait à un congrès de Ni putes ni soumises, il ne serait pas le bienvenu. Finkielkraut est un islamophobe notoire. Il n’a rien à foutre à Nuit debout .

Pour s’organiser, il faut de l’intellect et un peu de violence de temps en temps ! Les gens se joignent aux intermittents qui peuvent éventuellement se joindre aux taxis. On a vu, il y a trois jours, des taxis venir place de la République. Cette coordination des luttes est importante, parce que le but du pouvoir, le but du capitalisme, est justement de diviser les gens, de leur faire croire que leur ennemi est l’étranger, que le profiteur c’est le mec qui est au RSA. Aujourd’hui, la tendance est de chercher un bouc émissaire : un coup, c’est les migrants, un coup les roms, un coup les musulmans, les salauds de RSA, les intermittents, etc. Ce qui est bien dans ce mouvement, c’est qu’il met dans la tête des gens que notre ennemi commun, c’est le capitalisme, la finance.

Nuit debout cherche-t-elle nettement à lutter contre le capitalisme et le système financier ?

Le mot d’ordre que j’entends beaucoup depuis que j’y viens, c’est « non à la loi El Khomri et au monde qu’il y a autour ».

Pour tout le monde ? Il y a beaucoup de curieux. Les gens ne sont-ils pas attirés par l’idée qu’« on discute, on parle, on fait démocratie », en oubliant la radicalité de cette critique ?

Il faut les deux. Il y a des gens qui viennent pour discuter, d’autres qui viennent pour des actions. Justement, Nuit debout ne chasse pas ceux qui acceptent un peu plus la radicalité. C’est vachement important. Par exemple, nous, dans le conflit Continental, cela a été très fort. Les médias n’ont pas pu diviser les gens dans notre conflit quand il y a eu le saccage de la sous-préfecture, ils sont allés parmi les mille personnes qui étaient là afin d’essayer d’en trouver une ou deux pour critiquer cette action. Ils n’ont pas réussi à en trouver une seule. Nuit debout, ce n’est pas seulement des gens qui discutent au milieu d’une AG, c’est aussi des actions.

 

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« Pour que Nuit debout passe un cap, il faut changer d’endroit »

À Nuit debout, on entend souvent des positions « antipartis », « anti-institutions » : qu’en penses-tu ?

Ce n’est pas grave cela. Tout ce qui est drapeau ou sigle, tout ce qui divise les gens, je m’en fiche.


La convergence se fait difficilement entre les syndicats et Nuit debout. Pourquoi ?

En 1936 et en 1968, ce ne sont pas les syndicats qui ont lancé les mouvements. En 36, ils ont fini par suivre parce qu’ils voyaient que cela prenait de l’ampleur. Mais la CGT n’a pas de programme de société. Si demain il y a deux millions de personnes dans la rue, ils vont faire quoi ? Après, il y a la bureaucratie syndicale. Les directions syndicales renâclent. Ils n’étaient pas venus non plus défendre les Goodyear, les Conti. Ce sont des structures qui aiment qu’on leur donne le pouvoir ! En gros, elles disent : « On vient, mais c’est nous qui commandons. » Mais j’ai entendu dire qu’au congrès de la CGT, qui vient de se tenir à Marseille, il y a eu une forte pression des militants pour que la CGT appelle à la grève reconductible. Il y a très longtemps qu’on n’a pas vu cela.

Si la loi El Khomri était retirée ou substantiellement remise en cause, ne serait-ce pas la fin de la mobilisation et de Nuit debout ?

Je ne suis pas sûr. Mais pour que Nuit debout passe un cap, il faudrait changer d’endroit ! Il faudrait faire Nuit debout devant les dépôts d’essence, devant des endroits stratégiques, et bloquer l’économie ! Cela serait autre chose qu’une place publique. Pour l’instant, tu as beaucoup de gens qui viennent critiquer la société, ses dérives. Mais y a-t-il un projet de société ? Tant que les gens en face n’auront pas peur de tout perdre, ils ne lâcheront rien du tout.

Votre lutte à Continental a été une des plus marquantes, ces dernières années. Pourquoi n’y a-t-il pas plus de luttes ?

Tu regardes les AG à Nuit debout, il y a 95 % de blancs. Almamy Kanouté a fait une super déclaration, il a tout dit : tant que les Nuits debout ne feront pas le lien avec les banlieues, il n’y a aucune chance que ceux du pouvoir et de la finance aient peur.

Pourquoi les banlieues ne viennent-elles pas ?

Nos jeunes n’ont pas eu d’instruction politique. Quand j’étais gamin, c’était la gauche, la vraie gauche, on parlait de cela tout le temps, mon père parlait de cela tout le temps. Il y avait une culture politique dans les foyers. Aujourd’hui, les jeunes n’ont pas été habitués à des discours politiques. Ils n’ont pas été éduqués là-dedans. L’éducation politique est hyper importante. Elle n’est pas là du tout dans les banlieues, et c’est pareil pour les ouvriers.

Pas de culture politique, il faut bosser, la télé… Rien ne peut plus bouger, alors ?

Je n’en sais rien. Un jour, un mec m’a raconté une histoire. Ils étaient trois ou quatre cents dans une boîte. Le patron leur avait demandé de baisser leur salaire, leurs primes, de travailler plus, de réduire les pauses. Les mecs avaient tout accepté sans rien dire. Accepté, accepté, accepté… Un jour, en fin d’année, le patron a annoncé qu’il n’y avait pas eu d’accident de travail pendant un an et, pour les remercier, il leur a offert un porte-clés ! Il y eu sept semaines de grève ! Les mecs se sont mis en colère. Une étincelle, des fois, tu ne comprends pas. Les mecs, ils en ont pris plein la gueule pendant des années, ils ne vont pas bouger. Et là, ils bougent pour une connerie !

Les Panama Papers auraient dû être un élément déclencheur. Les gens auraient dû sortir dans la rue, se révolter et dire : « Cela fait des années que vous nous dites que le problème, c’est que les gens touchent trop de RSA, trop de salaires ! » La vérité, elle est là : tu as vingt milliards de trous cumulés dans toutes les caisses sociales, et dans les paradis fiscaux, il y 80 milliards !

 

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« On s’est fait gazer alors qu’il n’y avait aucune bousculade, rien »

Nuit debout n’est donc pas le Grand Soir ?

Ah non ! C’est une éjaculation, le Grand Soir, un orgasme. On n’en est plus là. Si ça n’a pas explosé il y a trente ans, à l’époque où il y avait 30 % de communistes… Nous, on était bercé là-dedans, mais aujourd’hui, les jeunes n’y sont plus du tout.

On a perdu des batailles, il faut l’accepter et sortir du truc. C’est ce qui me fait chier dans les mouvements d’extrême-gauche : ils sont encore là-dedans. Il faut arriver à se mettre autour d’une table et lâcher certaines choses.

La question de la violence traverse le mouvement Nuit debout, quel regard portes-tu sur cette question ?

Le 9 avril, j’étais avec les jeunes à la manifestation où il y a eu plein d’arrestations. Il y avait bien des provocateurs, mais ils étaient en bleu, avec des matraques, des lacrymogènes… Je me suis pris des coups de matraques et des charges dans le dos, alors qu’on ne faisait strictement rien.

À Continental, quand on faisait une manif, on était mille dans le cortège et on n’a jamais croisé un CRS. Là, pour les manifs étudiantes, il y a des cordons entiers de CRS pour les encadrer. Comment veux-tu que les jeunes n’aient pas envie de leur balancer des cailloux à la gueule ? C’est de la provocation pure.

Comme à Odéon, il y a deux jours : en arrivant de la manif des intermittents, du côté du ministère du Travail, on était 600 ou 700, à pied, avec une banderole. Les CRS avaient des bombes et des lacrymo. Ils nous ont matraqués à bout portant, on n’avait rien d’autre qu’une banderole dans les mains. On s’est fait gazer alors qu’il n’y a eu aucune bousculade. Rien.

Sincèrement, la violence, depuis le début, elle est du côté des CRS. Nous, ce n’est qu’une réplique. Et pour moi, l’État fait une connerie. Parce que, petit à petit, les mecs viennent en effet avec des masques, avec des lunettes de protection, avec des cailloux dans les poches, avec des matraques… Normal, ils ne vont pas continuer à aller dans les manifs et se faire matraquer la gueule sans arrêt, sans réagir.

Et puis, aussi, j’ai vu des mecs broyer des vitrines et passer derrière, dans des ruelles, et remettre le brassard de police pour rentrer ensuite dans le cortège. Je l’ai vu...

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

 

Source : http://reporterre.net

 

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29 avril 2016 5 29 /04 /avril /2016 01:47

 

Source : http://www.bastamag.net

 

 

Optimisation fiscale

Procès Luxleaks : journalistes et lanceurs d’alerte sur le banc des accusés à la place des multinationales

par

 

 

 

Qui devrait être assis sur le banc des accusés ? D’un côté de la barre, PricewaterhouseCoopers, un cabinet de conseil luxembourgeois dont la spécialité est de permettre d’éviter à ses clients de payer des milliards d’euros d’impôts. De l’autre, deux anciens salariés de ce cabinet et un journaliste, déterminés à dénoncer ces pratiques à la limite de la légalité et moralement condamnables. Et pourtant ce sont bien ces trois hommes qui risquent entre cinq et dix ans de prison lors du procès qui se déroule jusqu’au 4 mai au tribunal correctionnel du Grand-duché. Voyage en car avec les proches et soutiens d’Antoine Deltour, partis de Lorraine pour venir encourager le lanceur d’alerte.

Malgré la pluie et le réveil aux aurores, Pierre, 32 ans, s’est motivé comme il a pu pour partir de Nancy dans le car des soutiens à Antoine Deltour, le lanceur d’alerte lorrain à l’origine des révélations sur les montages fiscaux de son ancien cabinet d’audit et d’expertise comptable, PricewatershouseCoopers. Des montages fiscaux qui ont permis à 340 grandes entreprises – dont les françaises LVMH, AXA, BNP Paribas ou encore Crédit Agricole... – de réduire considérablement leur avis d’imposition, de manière légale du point de vue du droit européen. « La pluie et le lever à 5 heures du mat’ me causaient bien des hésitations au moment de réserver une place dans le car, explique le jeune homme. Pour me donner du courage, j’ai pensé à Antoine Deltour qui ne s’est pas dit, au moment d’envoyer ses documents au journaliste : "Ah merde, il pleut, j’ai pas envie d’aller à La Poste"... Il risque dix ans de sa vie, un million d’euros d’amende, une partie de sa carrière à cause de l’affaire LuxLeaks. Je pouvais bien me faire un peu violence une matinée. »

Auditeur financier entre 2008 et 2010 pour PricewatershouseCoopers (PwC), Antoine Deltour a, juste avant son départ, copié des centaines de tax rulings. Ces fameux rescrits fiscaux, passés entre l’administration fiscale du Luxembourg et les multinationales, permettent à ces dernières de réduire considérablement leurs taxes sur les bénéfices – parfois moins de 3 % au lieu de 28,88 % ! Édouard Perrin, journaliste pour l’émission Cash Investigation n’a pas dévoilé ces documents compromettants, mais les a mis en avant dans son reportage diffusé sur France 2 en mai 2012 « Paradis fiscaux : Les petits secrets des grandes entreprises », à la suite duquel PwC a porté plainte. Les deux hommes, ainsi qu’un autre ex-salarié de PwC, sont poursuivis pour avoir commis ou être complices de « vol domestique », d’« accès frauduleux dans un système informatique », de « divulgation de secrets d’affaires » et de « violation du secret professionnel ». C’est justement à la première des six demi-journées de procès prévues au tribunal correctionnel de Luxembourg que nous nous rendons. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Antoine Deltour a ses supporters.

 

Ils ont connu Antoine « tout petit »

« J’imagine que s’il était condamné, cela ne pourrait être qu’à une peine extrêmement légère, parce qu’il y aurait des levées de boucliers énormes. Il suffit de voir la facilité avec laquelle on a rempli un bus et mobilisé les gens. Il y a quand même plus de 110 000 signatures à la pétition... [qui a depuis dépassé les 170 000 signataires] », explique Jean-Luc Tonnerieux, membre actif du comité de soutien. Retraité, cet ancien « petit patron d’une scierie » brandit et vend dès 6 heures du matin les tee-shirts officiels « Je soutiens Antoine ». A ses yeux, les 59 places du car et la voiture-balai chargée de ramasser les personnes supplémentaires constituent un indice assez fiable pour mesurer la mobilisation.

 

« Hier, j’ai passé la journée à organiser le départ en car, à passer et recevoir des coups de fil, poursuit Jean-Luc Tonnerieux. C’est un boulot à temps complet ! Mais j’ai fait ça avec un gigantesque plaisir, car pour moi c’est de l’action militante. » L’homme a connu Antoine « tout petit », car il militait avec son père, Jean-Paul Deltour, dans les années 70-80 au sein du mouvement écologiste à Épinal. « Jean-Paul a été candidat aux élections législatives de 80. J’ai même fait campagne avec lui aux législatives de 1997 pour les Verts. » D’autres ont connu le père du lanceur d’alerte via l’association Vosges Écologie, devenue Vosges Nature Environnement. Alors, forcément, le plus gros des troupes – 37 personnes – vient d’Épinal.

« C’est scandaleux qu’on juge aujourd’hui la personne qui a révélé l’évasion fiscale »

Mon voisin de droite, lui, est venu de Lucey, « village viticole » situé près de Toul. Michel Goujot, agriculteur, producteur de fruits, travaillait, jusque pas plus tard qu’hier, pour sa petite exploitation de 10 hectares. Son premier jour officiel en retraite, il le passera donc à soutenir Antoine Deltour. Chose naturelle pour lui : « Quand j’étais conseiller agricole pour la chambre d’agriculture de Moselle en 1976, je prévenais les agriculteurs qu’en leur revendant des semences de maïs, on leur mettait également des engrais chimiques, du désherbant et un insecticide très dangereux. Un paysan avait failli en mourir en l’inhalant ! Mais mon chef m’a demandé de fermer ma gueule. Cela revenait pour moi à être obligé d’être complice d’empoisonnement. J’ai démissionné. » Évidemment, lorsqu’il entend Antoine Deltour lors d’une conférence à Nancy, l’histoire du jeune homme de trente ans fait écho à la sienne.

Sans cette réflexion injuste de son supérieur, la carrière de Michel Goujot n’aurait jamais pris cette tournure. « Puisque j’étais grillé pour retrouver un boulot du même genre, ça m’a rendu ma liberté. C’est comme ça que je me suis tourné vers l’agriculture biologique, sans désherbant ni pesticide. Un salarié ne peut pas dire ce qu’il pense ! Regardez Antoine Deltour... » Le jugement de l’affaire LuxLeaks semble tellement grossier qu’il a le mérite d’être rassembleur. « C’est scandaleux que ce soit la personne qui a révélé l’évasion fiscale qu’on juge aujourd’hui », résume un organisateur, pendant la pause, sur une aire d’autoroute. Pierre, qui participe aux opérations menées par les « faucheurs de chaises », souligne aussi le paradoxe : « Aujourd’hui, on en arrive à désobéir juste pour demander que la loi soit respectée et que les entreprises payent leurs impôts... »

La petite dame du grand cabinet d’experts comptables

A l’arrivée (en retard) au palais de justice de Luxembourg, la salle d’audience est pleine, tout comme la salle annexe de 60 places qui retransmet la vidéo en direct. À l’écran, une dame apparaît, tête rentrée dans les épaules, regard obstinément bas. Elle lit d’une voix monocorde et placide ses fiches à la barre. Sauf, bien entendu, lorsqu’il s’agit de répondre à une question d’un avocat de la défense. Exercice durant lequel elle démontre une capacité d’improvisation limitée – « Je ne peux pas répondre à cette information précise », botte-t-elle souvent en touche. Il s’agit d’Anita Bouvy, auditrice interne pour PricewaterhouseCoopers, chargée de retrouver la personne à l’origine des fuites de son entreprise au lendemain du reportage de Cash Investigation.

Pendant de longues minutes, on s’interroge sur « l’architecture », et même « l’arborescence » des recherches d’Antoine Deltour dans le logiciel interne de PwC. On se demande comment il a pu accéder à tel ou tel « folder » [dossier]. On titille – a-t-il ouvert un « gros fichier » d’un coup ou « ouvert répertoire après répertoire » ?. On essaie de donner du sens à son geste. Le tout pour répondre à la grande question, ici formulée par l’avocat d’Antoine Deltour : « Est-ce qu’il a recherché activement ou non ces données confidentielles ? » « Je ne peux pas l’affirmer, répond Anita Bouvy. Je pense que la question doit être posée à monsieur Deltour. »

Des documents « secrets » pas si inaccessibles

Elle le sera, mais pas avant ce jeudi, jour du passage à la barre des prévenus, pour confronter leur témoignage à la version d’Anita Bouvy. Mais pour les proches d’Antoine Deltour, la réponse est évidente : l’intention initiale de celui-ci n’était pas de fouiller le serveur de PwC dans le but de tomber à tout prix sur les tax rulings. « Antoine allait quitter PwC, commente son père à la sortie du tribunal. Il est tombé dessus alors qu’il cherchait des documents destinés à lui servir dans sa reconversion actuelle (analyste au sein de l’administration française, ndlr). » Le 13 octobre 2010, la veille de son départ donc, il tombe sur 45 000 documents contenant 400 des fameux tax rulings et les copier. « Il n’a jamais voulu stigmatiser son employeur ni le Luxembourg, il voulait dénoncer un système qui existe en Europe, poursuit Jean-Paul Deltour. Beaucoup de boites d’audit fabriquent des arrangements fiscaux entre les multinationales et les administrations fiscales. »

À la barre du tribunal, Philippe Penning, avocat d’Antoine Deltour, demande à l’auditrice de PwC : « Combien de personnes peuvent accéder en moyenne à un même ATA (tax ruling) ? »
Quelle est la pertinence de la question ?, demande, pour la énième fois, le président du tribunal. Comme si chaque point soulevé par la défense était hors de propos.
Tout dépend du client. En moyenne 10, mais ça peut être plus, ça peut être moins, répond approximativement Anita Bouvy.
Si vous ne pouvez pas répondre, vous ne pouvez pas répondre », l’encourage le président. Qui coupe souvent la défense dans son élan par un flegmatique « Question suivante ! » ou « Avançons s’il vous plaît ».

Si l’avocat d’Antoine Deltour insiste sur ces traces informatiques (les « logs »), c’est parce qu’il affirme que les fameux tax rulings ont été vus en moyenne 649 fois, en deux ans. Bien loin des 10 accès lancés à la louche par l’auditrice interne. Il n’était donc pas si difficile d’accéder à ces documents « secrets »...

Centmilledollarsausoleil@gmail.com

Autre prévenu dont il a été question : Raphaël Halet, ex-salarié de PwC, qui a lui aussi transmis des infos à Édouard Perrin, le journaliste de Cash Investigation. La discrétion de cet homme dont le nom n’a été révélé que très récemment, s’explique plus clairement désormais... « Si Raphaël Halet s’engage à collaborer avec nous, on s’engage à ne lui demander de verser qu’un euro de dommages et intérêts, symboliquement », reconnaît Anita Bovy, tout en se dispensant de préciser qu’un accord signé, devant huissier en décembre 2014, entre PwC et Raphaël Halet menaçait ce dernier de poursuites s’évaluant à... 10 millions d’euros !

Pour éviter que sa source ne soit identifiée, Édouard Perrin proposera, en octobre 2012, à Raphaël Halet d’utiliser un procédé judicieux : placer les rulings en pièce jointe d’un e-mail, sans toutefois l’envoyer, mais en le conservant dans les « brouillons ». Édouard Perrin n’a plus qu’à se connecter sur le compte et à récupérer les pièces jointes. Juridiquement parlant, Raphaël Halet n’a envoyé aucun e-mail. Malheureusement, fin 2014, un huissier découvre la combine alors qu’il est envoyé chez Raphaël Halet, par le tribunal de grande instance de Metz, pour vérifier le contenu de ses ordinateurs. Étrangement, le procès-verbal rédigé par l’huissier ne figure pas dans le dossier. Maître Penning le signale : « Si PwC a payé un huissier pour faire un constat, c’est que ce PV comporte des choses importantes... » Le président esquive la remarque : « Autre question ? » Mais l’avocat insiste : « Est-ce que quelqu’un sait si un PV a été dressé par un huissier de justice ? » Conclusion mémorable du président : « Je crois que tout le monde le sait, mais personne ne l’a. »

Aucune commission d’enquête lancée par le Parlement européen

En se concentrant sur l’intention d’Antoine Deltour de vouloir dénoncer des montages financiers de PwC ou sur la relation entre Édouard Perrin et Raphaël Halet, l’autre ex-salarié de PwC qui lui a fourni des tax rulings, la justice luxembourgeoise décale totalement le débat provoqué par les lanceurs d’alerte. Celui de ces pratiques fiscales qui permettent à des entreprises d’échapper en partie au fisc. Elle préfère se demander, durant ces six demi-journées d’audience, s’il y a eu ou non « violation du secret professionnel, violation de secrets d’affaires ». Alors que, comme le souligne Paul Moreira, fondateur de Premières lignes, la société productrice de l’émission Cash Investigation, « ces deux chefs d’inculpation, au Luxembourg, c’est quasiment une définition de notre travail » [1].

À côté de cet enjeu de façade, donc, aucune commission d’enquête n’a été lancée par le Parlement européen, regrette le père de Antoine Deltour. « Autant les enquêteurs ont fouillé la vie privée d’Antoine en épluchant ses mails, autant il n’y a pas eu d’enquête pour savoir si les tax rulings étaient légaux ou pas. Il y a bien eu une commission spéciale sur les rescrits fiscaux, appelée TAXE, mais pas de commission d’enquête. Il y a un blocage, une protection des multinationales. » Et le frère d’Antoine de préciser : « La commission TAXE n’a pas le même mandat et a moins de pouvoir d’investigation qu’une commission d’enquête, c’est une nuance juridique. »

Pour une jurisprudence pour les lanceurs d’alerte

Parmi les soutiens qui attendent Antoine Deltour à la sortie de l’audience, une autre petite troupe est venue de loin. Représentants d’organisations appartenant à la Plateforme Paradis fiscaux et judiciaires, ils sont une vingtaine à faire une allée d’honneur aux côtés des autres soutiens aux héros du jour, tandis que les équipes de tournage de plusieurs chaines télévisées s’agglutinent autour d’eux.

« Il faut rendre publics les rescrits fiscaux, exiger la publication des informations sur les impôts que paient les multinationales et les activités qu’elles mènent dans tous les pays où elles sont présentes... », lance Lucie Watrinet de l’ONG CCFD-Terre Solidaire, qui coordonne la Plateforme Paradis fiscaux et judiciaires. La jeune femme est venue en soutien, avec l’espoir que ce procès soit un premier pas vers une jurisprudence pour les lanceurs d’alerte. Elle attend beaucoup de la loi Transparence, lancée par Michel Sapin, qui sera examinée le 7 juin en séance à l’Assemblée nationale. « L’idée, défend Lucie Watrinet, est d’obtenir l’indemnisation des frais de justice ou encore un statut global des lanceurs d’alerte. Car l’alerte ne se résume pas à la dénonciation de choses illégales, mais peut aussi concerner des choses défavorables à l’intérêt public. »

Justement, au même moment, Michel Sapin exprime sa « solidarité » avec les lanceurs d’alerte à l’Assemblée nationale. Tandis que Marine Le Pen appelle François Hollande « à faire pression sur le Luxembourg » et à soutenir les trois prévenus. Nage-t-on en plein délire ? À l’unanimité, le PS et le FN ont voté « pour » l’adoption, le 14 avril, de la directive européenne sur le secret des affaires [2]. Directive qui aurait très certainement empêché l’affaire LuxLeaks d’éclater si elle s’était appliquée au moment des révélations d’Antoine Deltour : les tax rulings qu’il a copiés sont tout à fait légaux et font même partie des meubles au Luxembourg – ou plutôt du « patrimoine » pour reprendre l’expression employée, fin 2014, par le ministre des Finances lui-même.

« Le problème, c’est ce pays qui protège ces multinationales qui nous volent »

Non loin de cet attroupement, Denis Robert, auteur des révélations sur l’affaire Clearstream, se dispense d’ambages inutiles envers les « politiques », dont il n’attend plus rien hormis de rendre « la situation de plus en plus insurrectionnelle » : « Ces discussions à n’en plus finir sur l’informatique, c’est bidon. Le problème, c’est ce pays qui protège ces multinationales qui nous volent et nous font les poches. Le problème, c’est cette justice qui sert à étouffer les lanceurs d’alerte. Il faut absolument les soutenir pour qu’ils soient relaxés. A mon avis Antoine ne le sera pas, car cela ouvrirait une brèche. En face, il y a ces multinationales, ces pays, ces banques qui protègent ce business-là. »

Odile Delaye, la porte-parole du comité de soutien d’Antoine, rend un peu plus concrètes les conséquences que ces techniques d’optimisation fiscale sur le quotidien des citoyens européens : « On nous dit d’un côté que les dépenses publiques en matière de santé, transport, d’éducation, etc., doivent être diminuées à cause du déficit public. Mais de l’autre côté, il y a mille milliards d’euros qui échappent à l’impôt. Autant d’argent qui pourrait servir à combler le déficit de la sécurité sociale ou encore à améliorer la qualité du système éducatif sur l’ensemble du territoire européen... » La justice luxembourgeoise entendra-t-elle ces arguments ?

Franck Dépretz, à Luxembourg

Photos : Mélanie Poulain

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29 avril 2016 5 29 /04 /avril /2016 01:33

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

Mafia du CO2: soupçons sur la police
27 avril 2016 | Par Fabrice Arfi
 
 

Des policiers entretiennent d’étonnants liens de proximité avec des figures de la mafia du CO2, acteurs de la plus grande escroquerie connue en France, dont les noms sont par ailleurs cités dans diverses affaires d’assassinats impunis. Les faits apparaissent en marge de plusieurs procédures. Bernard Squarcini, ancien patron du renseignement intérieur, a été entendu comme témoin dans l'une d'elles. Révélations.

Mais que fait la police ? Des enquêteurs de la police judiciaire (PJ) entretiennent d’étonnants liens de proximité avec des figures de la mafia du CO2, acteurs de la plus grande escroquerie jamais constatée en France, dont les noms sont par ailleurs cités dans plusieurs affaires d’assassinats demeurant à ce jour impunis. Les faits, à l’origine de discussions feutrées dans certains couloirs de la PJ, sont abordés depuis des années avec précaution par la justice, bien qu’ils apparaissent clairement en marge de plusieurs procédures liées directement ou non aux dossiers du CO2.

Révélation d’informations confidentielles à des suspects, rencontres physiques en dehors de toute procédure, mails de la brigade criminelle qui se retrouvent entre les mains d’escrocs, pistes d’enquête connues en temps réel par des réseaux délinquants : la liste est longue des éléments qui permettent aujourd’hui de matérialiser cette porosité entre des milieux criminels et ceux qui, au sein de l’État, sont censés les appréhender.

Après plusieurs mois de recherches, fondées sur des dizaines documents judiciaires, des écoutes téléphoniques et des entretiens menés avec des policiers et des mis en cause, Mediapart a pu reconstituer une partie de ce sombre puzzle.

 

Arnaud Mimran. © DR Arnaud Mimran. © DR
 

Les interrogations sur des failles policières tournent, pour beaucoup, autour des affaires dArnaud Mimran. Présenté par les juges comme l’un des « organisateurs » de la fraude au CO2, dont le procès doit s’ouvrir ce 2 mai devant le tribunal correctionnel de Paris, son nom est également cité, sans mise en cause par la justice, dans plusieurs affaires de meurtre – de son associé dans le CO2 (Samy Souied), de son beau-père milliardaire (Claude Dray) et de l’homme de main d’un affairiste parisien (Albert Taïeb).

 

Arnaud Mimran, financier et ami devenu très gênant pour le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou (voir notre précédente enquête), est par ailleurs sous le coup d’une quadruple mise en examen pour « enlèvement et séquestration », « extorsion en bande organisée », « association de malfaiteurs » et « blanchiment ».

Dans ce dernier dossier, qui porte sur une sordide affaire datée de janvier 2015, dont la victime est un financier genevois contraint par la force d’opérer des ordres d’achats boursiers vers un compte bancaire à Dubaï, il est apparu qu’Arnaud Mimran avait été prévenu en amont de son arrestation dans l’affaire du CO2. Celle-ci est souvent présentée comme le “casse du siècle”. Pour cause : il s’agit de la plus grande escroquerie que la France ait jamais connue ; une fraude sur le dos des droits à polluer des entreprises, qui a permis à plusieurs équipes d’escrocs de détourner en moins de huit mois 1,7 milliard d’euros de TVA en 2008 et 2009, le tout sous le regard aveugle de l’État.

C’est un ancien employé de Mimran qui, ayant décidé de se mettre à table devant les policiers, a vendu la mèche sur procès-verbal : « Le lundi 19 janvier 2015, Arnaud Mimran m’a balancé qu’on allait venir le chercher cette semaine et qu’on le retiendrait deux jours. Il parlait de la police. Il m’a dit qu’il ne fallait pas s’inquiéter, qu’il n’y avait rien de grave. Il m’a dit qu’on était sur écoutes téléphoniques. […] Il ne m’a pas dit le jour, mais il savait qu’on l’arrêterait cette semaine », a-t-il expliqué en juin dernier. De fait, Mimran a été interpellé le lendemain par la douane judiciaire dans l’affaire du CO2.

 

De gauche à droite : Arnaud Mimran, Samy Souied (assassiné) et Marco Mouly, les trois associés du CO2, selon les juges. © DR De gauche à droite : Arnaud Mimran, Samy Souied (assassiné) et Marco Mouly, les trois associés du CO2, selon les juges. © DR

 

Le plus fou est que cette arrestation, qui débouchera sur cinq mois de détention provisoire pour Mimran, est intervenue en plein durant la séquestration du financier suisse, kidnappé le 16 janvier et relâché miraculeusement indemne le 21. Entretemps, le chef des ravisseurs, un dénommé Sabir Titouh, dit “Titax”, manœuvré d’après le dossier d’instruction par Arnaud Mimran, avait été exécuté devant chez lui dans la soirée du 19 janvier – son assassinat demeure à ce jour lui aussi inexpliqué par la justice.

Relâché en mai de sa détention provisoire liée au CO2, Mimran retournera en prison un mois plus tard après une nouvelle arrestation réalisée dans le cadre, cette fois, du dossier de kidnapping – le temps que la justice établisse son implication présumée, grâce à des écoutes. Or, d’après une audition judiciaire consultée par Mediapart, Mimran a aussi été informé du contenu de cette enquête policière dix jours avant son interpellation.

– Question du juge : « Il résulte que vous avez eu des informations sur l’enquête en cours. »
– Mimran, imperturbable : « Pour avoir discuté avec un policier, il m’a précisé qu’il y avait une investigation en cours à l’OCLCO [Office central de lutte contre la criminalité organisée, un service spécialisé de la police judiciaire — ndlr]. »
– Le juge : « Quel policier ? »
– Mimran : « Je ne veux pas répondre. Les gens de l’OCLCO savent qui c’est. »

Mimran dit avoir rencontré son informateur dix jours avant son arrestation dans un bar du XVIIe arrondissement de Paris et prend même le soin de préciser au magistrat instructeur qu’il a bu, ce jour-là, un Coca Zéro.

Le détail n’en est peut-être pas un : l’interpellation de Mimran dans cette affaire d’enlèvement avait dû être retardée de plusieurs jours. Bravant son contrôle judiciaire pourtant imposé dans le dossier du CO2, l’intéressé était parvenu à quitter la France pour se rendre en Italie, où il avait rencontré sa dernière compagne, Tamara Pisnoli – le père de celle-ci, Massimo, avait été abattu en 2008 dans un règlement de comptes mafieux, selon la presse de l’époque.

 

Arnaud Mimran, en manteau de fourrure blanc, et Farid Khider, en partance pour Milan. © Compte Instagram de Farid Khider Arnaud Mimran, en manteau de fourrure blanc, et Farid Khider, en partance pour Milan. © Compte Instagram de Farid Khider
 

Mais il y a mieux, ou pire. L’ex-employé de Mimran, qui avait donné de premières informations embarrassantes sur la police, en a livré d’encore plus gênantes, le 17 juin 2015, selon la retranscription de ses auditions. L’intéressé a ainsi expliqué avoir été approché au mois d’avril 2015, pendant que son patron était en prison, par un certain Farid Khider, ancien champion du monde de boxe et ami de Mimran. « Il représente Arnaud en dehors de la prison », a-t-il confié au sujet de Khider, également connu pour avoir participé à l’émission de télé-réalité « La ferme célébrités », sur TF1.  

 

Khider était accompagné de deux hommes, dont les policiers ont aujourd’hui un début de description : type européen, la cinquantaine, cheveux grisonnants, costard-cravate et bedonnant pour l’un, sportswear et de corpulence moyenne pour l’autre. Selon le témoin, les mystérieux bonshommes ont demandé que des fonds leur soient versés depuis le compte de Dubaï sur lequel avait atterri le produit financier de la séquestration et que la justice soupçonne d’appartenir en sous-main à Mimran. « Ils avaient l’air très informés sur l’état d’avancement de l’enquête… À la vue de tout cela, je ne sais pas à qui j’avais affaire, alors je suis au stade de me poser la question… Il s’agit peut-être de policiers », confie prudemment le témoin.

 

La peau de banane de Squarcini dans le bureau du juge

Il se montrera encore plus précis concernant l’un des deux hommes. Celui-ci se fait appeler “Seb”, dit-il ; il l’avait déjà vu en compagnie de Mimran par le passé. « Ce Seb avait l’air bien informé de l’enquête en cours. Il m’a dit qu’il ne fallait pas s’en faire », confie le témoin. Il a ajouté avoir revu Seb une dizaine de jours plus tard, à la demande de ce dernier, dans un café de la porte Dauphine, toujours en présence de Khider, qui avouera quant à lui ne plus se souvenir de quoi que ce soit, sans pour autant démentir. Cela lui serait difficile : des écoutes sur son téléphone ont depuis prouvé la réalité de ces rencontres.

« Au café, Seb et Farid Khider m’ont parlé d’Arnaud, m’ont dit qu’il n’y avait pas de soucis à se faire. […] Ils m’ont parlé de l’affaire des douanes [le dossier du CO2 – ndlr] et qu’il n’y avait rien dans le dossier », a précisé l’ex-employé de Mimran. Il pense à un policier, sans certitude, toujours très prudent dans ses déclarations devant les enquêteurs.

Arnaud Mimran prendra moins de pincettes. Après 48 heures de garde à vue, lors de sa sixième et dernière audition, la question lui est enfin posée par les policiers – ce sera l’ultime : « Connaissez-vous un prénommé Seb, la cinquantaine, les cheveux blancs et que vous auriez rencontré plusieurs fois ? » Réponse de Mimran : « C’est un policier qui travaille à la DCRI [Direction centrale du renseignement intérieur, devenue DGSI – ndlr]. Je le rencontre à titre amical. » Tellement amical, donc, que celui-ci pense pouvoir récupérer le fruit d’une extorsion de fonds. Bizarrement, les policiers ne poseront plus d’autres questions à Mimran sur le sujet, en tout cas, rien qui soit consigné dans les procès-verbaux de ses interrogatoires.

 

Bernard Squarcini, ancien patron du renseignement intérieur. © Reuters Bernard Squarcini, ancien patron du renseignement intérieur. © Reuters

 

Cet épisode sera l’une des raisons de l’audition par le juge en charge du dossier, le 16 mars dernier, de l’ancien directeur de la DCRI, le préfet Bernard Squarcini. « À ma connaissance, Arnaud Mimran n’a jamais intéressé la DCRI », a assuré l’ancien ponte du renseignement français, proche de Sarkozy. Concernant le mystérieux “Seb”, Squarcini dit ne pas le connaître. « Je note toutefois que d’après les déclarations que vous venez de me lire, a-t-il ajouté à l’attention du juge, il s’agirait de contacts purement personnels et individuels, pas de contacts professionnels au sens où on l’entend à la DCRI. » Pour appuyer son propos, Squarcini n’a pu s’empêcher de vanter le « cadre déontologique » dans lequel est censé évoluer son ancien service, pourtant éclaboussé, comme lui-même, par plusieurs scandales ces dernières années (surveillance de journalistes, financements libyens de Sarkozy, affaire du “parrain des parrains” Michel Tomi…).

En revanche, Bernard Squarcini, surnommé “le Squale”, ne se privera pas pendant son audition de jeter une jolie peau de banane sous les pieds de la police judiciaire : « Il se dit, par ailleurs, que l’intéressé [Mimran] entretient de très bons contacts avec des fonctionnaires des services de la police judiciaire, mais je ne sais pas avec qui, à quel titre, ni même si cette rumeur est fondée. »

Une anecdote, qui alimente depuis deux ans une certaine stupeur dans le Landerneau judiciaire parisien, permet aujourd’hui de penser que ce ne serait pas qu'une rumeur. Il s’agit d’une scène surréaliste dont Mediapart a pu se faire confirmer la réalité auprès de plusieurs témoins directs. Elle s'est déroulée le 10 janvier 2014, jour de l’interpellation à Roissy-Charles-de-Gaulle de Cyril Astruc, un homme d’affaires alors recherché par plusieurs juges français pour son implication présumée dans des affaires financières, dont celle du CO2.

Sur le parvis de l’aéroport, alors que des douaniers (en charge de l’enquête sur le CO2 depuis 2009) et policiers de l’OCLCO (chargés, tels des marshalls français, d’exécuter des mandats d’arrêt) attendent de savoir lequel des deux services partira avec le trophée du jour, un homme se fait déposer en moto-taxi devant tout le monde. C’est Arnaud Mimran. Il salue Astruc, qu’il connaît, embrasse un policier de l’OCLCO et serre la main à un autre policier présent. L’incrédulité est totale pour certains douaniers présents sur place. Astruc partira finalement avec l’OCLCO, au grand dam des agents de la douane qui le pistent depuis des années. Mimran, en moto, suivra le convoi policier. Un haut gradé de la police m’a confié depuis que Mimran serait un discret informateur de l’OCLCO.

Quelques mois plus tard, dans le cabinet d’un juge parisien qui enquête sur l’assassinat par balles de Samy Souied (l’associé de Mimran), Cyril Astruc fera de surprenantes confidences : « J’ai rencontré Arnaud en 2013 (en Israël) et il se targuait d’avoir de solides protections policières en France, ce qui expliquait qu’il n’ait pas fait de garde à vue, que ce soit pour le CO2 ou pour l’homicide de Samy [ce qui est rigoureusement exact à l’époque – ndlr]. Ce sont des choses qu’il évoquait librement devant moi pour faire état de ses protections. »

Franck Douchy, patron de l’OCLCO à l’époque des faits et aujourd’hui directeur de la police judiciaire de Versailles, dément la moindre proximité coupable avec Arnaud Mimran. Il en veut pour preuve un fait incontestable : c’est bien l’OCLCO qui a arrêté Mimran dans l’affaire de l’enlèvement et de la séquestration du financier suisse. Vrai, mais à une nuance près – et de taille : toute l’enquête qui a permis de remonter la piste Mimran avait été initialement menée, non par l’OCLCO, mais par l’antenne des Hauts-de-Seine de la police judiciaire.

Il y a parfois de saisissants hasards de calendrier. Pendant le procès du CO2, une autre audience devrait agiter en mai la chronique médiatique au même moment à Paris : l’ancienne star de l’anti-gang français, le commissaire Michel Neyret, sera en effet jugée dans une salle voisine pour corruption en raison des faveurs consenties par deux escrocs lyonnais, Gilles Bénichou et Stéphane Alzraa, en échange de renseignements confidentiels. L’histoire est connue et a déjà fait grand bruit. Mais il est un pan peu exploré du dossier qui touche, lui, directement aux affaires du CO2 et à ses meurtres.

 

Michel Neyret, ancienne star de l'anti-gang français et ex-n° 2 de la PJ de Lyon. © Reuters Michel Neyret, ancienne star de l'anti-gang français et ex-n° 2 de la PJ de Lyon. © Reuters

 

Les nombreuses écoutes menées en mars 2011 sur les corrupteurs présumés de l’ancien numéro 2 de la PJ de Lyon, que Mediapart a pu consulter en intégralité, montrent ainsi combien il est parfois aisé pour des milieux peu réputés pour leur amour du code pénal de connaître en temps réel les avancées policières sur tel ou tel dossier – ça peut toujours servir. Le plus bavard des “amis” de Neyret est incontestablement Gilles Bénichou, pendu pendant des heures au téléphone avec Stéphane Alzraa, dont le nom a été associé dans certains volets de la fraude au CO2.

Six mois après l’assassinat de Souied, Bénichou se lâche sur son portable grâce aux informations obtenues par Neyret sur la disparition de l’associé de Mimran :

  • « On n’est pas simplement dans une affaire de règlement de comptes, là. C’est une très, très grosse affaire. […] D’après ce qu’on me dit, ce serait la plus grosse affaire de ces dix dernières années. […] Il y a énormément d’argent, ça débouche sur du trafic à l’international, sur du blanchiment, sur de l’association de malfaiteurs, ça débouche sur une tonne de merde. […] Elle va être étroitement liée au CO2. […] J’ai cru comprendre qu’il y aurait même des relations avec des gens du grand banditisme. » (écoute du 3 mars 2011)
     
  • « Là, je suis en train de prendre les infos pour savoir exactement où en est l’affaire de Samy [Souied]. Ils sont sur une affaire d’Arnaud [Mimran]. Ils veulent vraiment tout pour sauter tout le monde. Ils sont sur Arnaud Mimran pour un montant relativement important. » (écoute du 7 mars 2011)
     
  • « Alors, d’une affaire de meurtre, ça va découler sur l’affaire du CO2. […] Ça va vraiment gicler très haut. Je te dis, il y a des familles entières qui vont être décimées. Et puis c’est des peines [de prison] à deux chiffres qui arrivent. » (écoute du 9 mars)

Qui informe Neyret, qui n’a jamais été saisi de ces affaires, avant que lui-même ne rencarde Bénichou & Co ? Sur cette question précise, accessoire au regard du fond du dossier Neyret mais fondamentale pour les sujets touchant à la mafia du CO2, l’enquête de l’Inspection générale des services (IGS) et du juge d’instruction Patrick Gachon a été d’une grande pudeur.

En janvier et mars 2012, devant le magistrat instructeur, le commissaire Neyret a affirmé : « Mon seul interlocuteur sur Paris, pour cette affaire, c’était Franck Douchy [patron de l’OCLCO à l’époque – ndlr]. » « J’ai appelé Douchy car il a une connaissance étendue du banditisme parisien. Je l’ai appelé naturellement parce qu’en plus, c’est quelqu’un avec qui je corresponds régulièrement », a-t-il ajouté. Ce qui est vrai : une expertise technique a établi que les deux policiers avaient été en relation une trentaine de fois par mail sur la période, entre janvier et juillet 2011.

Entendu à son tour en décembre 2011 par la “police des polices”, le commissaire Douchy a seulement assuré que Neyret l’avait contacté pour savoir « s’il était intéressé par les affaires du milieu juif parisien (escroquerie sur les droits à polluer et règlements de comptes) ». Neyret lui aurait proposé de l’introduire auprès du frère du Samy Souied, ce que Douchy a « évidemment » accepté. Mais il dément aujourd’hui catégoriquement avoir pour autant donné la moindre information à Neyret sur le contenu des enquêtes en cours, les pistes privilégiées et les éventuels suspects dans le viseur des policiers. Dans l’entourage de Douchy, on se demande même si Neyret n’a pas protégé un autre informateur un peu trop bavard place Beauvau. Aucune enquête n’a permis à ce jour de tirer au clair cette question.

Un épais mystère entoure également la manière dont Neyret a pu se procurer un mail reçu par la brigade criminelle de Paris (en charge de l'affaire du meurtre de Souied), que Bénichou a pu lire avec gourmandise au téléphone en mars 2011 à un célèbre financier du trafic de cocaïne en cavale, Yannick Dacheville. Il est question dans ce message, une fois encore, d’Arnaud Mimran, qui aurait blanchi de l’argent de Samy Souied en Israël sur fond de business immobilier. Au téléphone, Bénichou dit « avoir tout reçu de Neyret, il m’a tout amené ce matin ». Mais Neyret n’est pas le destinataire initial du mail. Une autre adresse électronique apparaît sur le courriel. Qui se cache derrière ? Mystère. Au palais de justice et au 36, quai des Orfèvres, on se demande encore comment un tel document a pu tomber entre les mains de « voyous » avant d’être lu tranquillement au téléphone à l’une des plus grandes figures du trafic de drogue, toujours en fuite.

 

 

 

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

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29 avril 2016 5 29 /04 /avril /2016 01:11

 

Source : http://reporterre.net

 

 

Cantine, infirmerie, bibliothèque… Nuit debout partage les communs

28 avril 2016 / Isaline Bernard (Reporterre)
 


 

En un mois d’occupation de la place de la République, Nuit debout a spontanément mis au point une organisation. Tous les jours, les bénévoles font vivre les biens communs pour que vive le mouvement.

- À Paris, reportage

Depuis le jeudi 31 mars, Nuit debout se tient place de la République. Chaque jour, des centaines de personnes s’y retrouvent pour discuter des possibilités de remplacer le système social et économique actuel. L’organisation est devenue un outil majeur du bon déroulement du mouvement. Au fur et à mesure, différents pôles se sont installés : infirmerie, cantine, accueil… Pour chacun d’eux, matériel et savoirs sont mis en commun par les occupants de la place. Des ressources autant nécessaires qu’éphémères car chaque jour, la police démonte des stands remontés le soir-même.

 

La cantine : « C’est bien d’avoir quelque chose dans le ventre pour réfléchir »

 

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Les bénévoles de la cantine préparent les sandwiches sur la place.

Vendredi 22 avril, à 14 h, quatre bénévoles se retrouvent au marché de Belleville, dans le quartier de Ménilmontant. Delphine, Paolo, Cécile et Nicolas occupent la place de la République depuis déjà plusieurs semaines. Certains en reconversion professionnelle, d’autres étudiants, ils ont décidé de donner de leur temps pour défendre les valeurs du mouvement Nuit debout, qui vont « bien au-delà du mécontentement du projet de loi travail El Khomri », dit Delphine, jeune restauratrice.

Équipés de plusieurs grands sacs, ils déambulent entre les étalages presque vides de fin de marché. Tout en distribuant des tracts pour informer les passants sur la Nuit debout, les quatre volontaires demandent aux commerçants de leur donner les invendus du jour. La plupart acceptent, comme Saïd, 43 ans, qui ne connaît pas vraiment le mouvement, mais « donne pour faire plaisir ». Une demi-heure plus tard, six sacs ont été remplis de melons, pommes, poires, poivrons, courgettes, etc. Deux autres bénévoles, Noémie et Stéphane, rejoignent le groupe pour donner un coup de main.

 

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Une bénévole en quête des invendus au marché de Belleville.

La prochaine étape se déroule dans l’appartement de Delphine. C’est l’heure de faire les comptes et de penser aux menus du soir. Ça sera riz aux légumes et salade de fruits. Tout le monde s’attelle à la fastidieuse tâche d’éplucher et de couper les fruits et les légumes. Pendant ce temps, une autre équipe va chercher des réserves de nourriture dans un squat du quartier, où les surplus sont stockés pour être cuisinés les jours suivants.

« Au début, on n’était pas très bien organisés, on a installé la cantine un peu dans l’urgence, explique Delphine, bénévole à la cantine Nuit debout presque chaque jour. Maintenant, on fait plus attention à l’aspect écologique de la cantine. On a installé depuis peu le système d’auto-wash  ; chacun fait sa vaisselle après avoir utilisé les couverts communs, cela évite le plastique. »

 

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Des volontaires de la cantine occupés à préparer légumes et fruits.

En fin d’après-midi, une nouvelle équipe de volontaires vient acheminer les préparations jusqu’à la place de la République à l’aide d’un véhicule. Ce n’est qu’une fois sur la place que les volontaires confectionnent sandwichs, salades, etc. « Dans un avenir proche, on souhaite ne plus faire de sandwichs mais des plats un peu plus élaborés », espère Delphine. Le restaurant Freegan Pony, qui cuisine les invendus de Rungis pour un prix libre, partage de temps à autre son hangar pour aider la Nuit debout. Cela permet à la cantine de disposer de plus de matériel pour les plats chauds.

À 18 h, sur la place de la République, la cantine s’installe tranquillement. Un barnum et quelques tables sont posés. Les bénévoles distribuent à manger à tous ceux qui le souhaitent pour un prix libre : « Il y a des gens qui viennent ici parce qu’ils n’ont pas à manger, et puis il y a surtout beaucoup de gens du mouvement qui passent et qui donnent ce qu’ils veulent. C’est bien d’avoir quelque chose dans le ventre pour réfléchir », affirme Roxanne, une volontaire habituée du pôle cantine. « On est une vingtaine de bénévoles à peu près, et des gens viennent nous donner un coup de main, il y a un roulement qui se fait. » Les aliments proviennent des invendus mais aussi de dons. Mickael, cuisinier pour la Nuit debout comme dans la vie professionnelle, explique : « On avertit les gens en fonction de nos besoins et les gens nous donnent. »

 

 

Ici, chacun paye ce qu’il veut après s’être servi. Bouba, un chômeur de 43 ans, vient se restaurer après avoir suivi plusieurs commissions en fin d’après-midi : « La caisse commune est une très bonne idée, si la société fonctionnait comme ça, elle serait plus juste. Cela permet à tout le monde de manger. » En bout de table, une boîte est mise à disposition pour récupérer la monnaie. Toutes les trois heures, un responsable récupère son contenu pour mettre l’argent à l’abri. « On nous pose beaucoup de questions sur le devenir de l’argent. Mais nous voulons être totalement transparents. On récupère environ 300 à 400 euros par jour et on les réinvestit pour les jours suivants, dans de la vaisselle ou de la nourriture », affirme Mickael.

Située au cœur du mouvement, la cantine est l’une des cibles préférées des forces de l’ordre, qui tentent de désorganiser le rassemblement. Le lundi 11 avril, plusieurs agents ont ainsi jeté la soupe dans le caniveau, sous l’œil de sans-abri. Depuis, des barrières humaines viennent de temps en temps entourer l’espace cantine afin de protéger les stocks. Mickael explique : « Les policiers savent très bien que, s’ils nous coupent nous, la cantine, ils affaiblissent le mouvement. » Tous les jours délogée, la cantine se réinstalle, encore et encore.

L’accueil : « Tous les jours, on nous déloge, tous les jours, on revient quand même, c’est pas grave »...

 

Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : http://reporterre.net

 

 

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29 avril 2016 5 29 /04 /avril /2016 00:43

 

Source : http://www.revolutionpermanente.fr

 

 

Succès de la manifestation qui vient de s’achever Place Bellecour

Lyon. 15.000 manifestants et des flics déchainés épaulés par l’extrême droite

Publié le 28 avril 2016

 

 

 

Encore une fois, les violences policières étaient au rendez-vous, à Lyon, pour cette huitième journée de mobilisation contre la Loi Travail. La seule différence, c’est que l’extrême droite était venue en renfort des « forces de l’ordre » pour assurer les provocations.

Correspondant
Au moment où le cortège lycéen, parti de la Place Jean Macé, est arrivé à Sans-Souci, d’où devait s’ébranler la manifestation, ils se sont trouvé nez-à-nez, séparés par une haie de CRS, avec des militants de l’ultra-droite lyonnaise stationnés devant l’Université de Lyon 3. Après quelques heurts, les nazillons étant toujours solidement couverts par les flics, la manifestation est partie en direction de Bellecour, à 13h, avec les jeunes en tête de cortège.
Après une centaine de mètres à peine, le cortège, composé de lycéens, d’étudiants et de salariés ayant répondu à l’appel de l’Intersyndicale lyonnaise de la CGT-FO-FSU et Sud, a été gazé et chargé par les CRS. C’est à ce moment, à Garibaldi, qu’un manifestant se trouvant aux côté des lycéens a été atteint d’un tir de grenade au visage.
Les agressions policières se sont succédé tout au long de la manifestation, quoi qu’en dise Le Progrès, qui insiste sur des « heurts » entre des jeunes et les policiers épaulés par la Gendarmerie. A Saxe-Gambetta, un manifestant au sol a été savaté par une dizaine de CRS. A Guillotière, par la suite, c’est une manifestante d’une quarantaine d’années qui a été atteinte par un tir de flashball aux jambes.
En dépit de toutes ces violences et des multiples interpellations opérées parfois au sein même du cortège, ce sont 15.000 manifestants qui sont arrivés peu après 15h30 sur une Place Bellecour ceinturée par les canons à eau et des douzaines de véhicules de police. Par la suite, les intermittents et des manifestants sont partis occuper le Théâtre des Célestins où devrait se tenir une AG. La Nuit Debout lyonnaise, pour sa part, se réunira Place Quentin Guichard.

 

 

Source : http://www.revolutionpermanente.fr

 

 

 

 

 

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29 avril 2016 5 29 /04 /avril /2016 00:16

 

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Loi "Travail". Face aux matraques, des défilés à l’unité sans faille
Christophe Deroubaix, Fanny Doumayrou, Joseph Korda, Clotilde Mathieu, Loan Nguyen et Lola Ruscio
Vendredi, 29 Avril, 2016
L'Humanité

 

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REUTERS
 

 

La mobilisation était au rendez-vous, jeudi, malgré les vacances, pour exiger le retrait de la loi travail. Des manifestations unitaires parfois gâchées par une répression policière indiscriminée déclenchée à l’occasion du passage de perturbateurs violents et isolés.

A Paris, au départ de la place Denfert-Rochereau, les jeunes et les étudiants étaient en tête, suivis de FO, Solidaires, puis la CGT, et des centaines de pancartes au mot d’ordre tout simple : « Non ! » Du fait des vacances scolaires, la mobilisation est certes en retrait par rapport aux journées précédentes mais de bon niveau, ont plaidé les leaders syndicaux, qui maintiennent le cap : « Nous avons déjà obtenu des mesures importantes sur les jeunes, mais l’objectif reste le retrait de ce projet de loi », martèle William Martinet, dirigeant de l’Unef. « Malgré les vacances, la mobilisation est là », pointe Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, estimant que « la balle est dans le camp du gouvernement. Notre première revendication, c’est le retrait de ce projet de loi ». Et de citer l’accord trouvé dans la nuit sur le régime d’assurance-chômage des intermittents, comme exemple de mobilisation qui porte ses fruits.

« On n’est qu’au début de ce mouvement social », estime Eric Beynel, porte-parole de Solidaires, pour qui « il faut renverser la table, et renverser ce projet de loi ». Jean-Claude Mailly, pour Force ouvrière, confirme qu’« on ne lâche pas, on veut préserver la République sociale ! » L’intersyndicale se réunit lundi soir pour faire le bilan du mouvement et des remontées d’assemblées générales dans les entreprises, mais rendez-vous est déjà pris pour le 1er Mai ce dimanche, et un rassemblement mardi devant l’Assemblée nationale et en province, à l’occasion de l’ouverture du débat parlementaire sur le projet de loi.

« Je suis là pour l’avenir de la jeunesse, contre les licenciements abusifs, pour les embauches en CDI », raconte Dorothée, technicienne à l’usine Snecma de Gennevilliers et syndiquée chez FO depuis peu. « Chez nous il y a beaucoup de CDD et d’intérim, on prend des jeunes, on les forme et au bout de quelques mois on les jette pour en prendre d’autres, c’est très décevant pour tout le monde. Ma fille termine ses études, j’ai envie qu’elle ait un travail, un CDI ». Dominique, salariée d’un Carrefour Market de Seine-et-Marne et syndiquée CGT depuis vingt ans, « espère » le retrait de la loi. « Dans le commerce, on a déjà des conditions de travail et des salaires au minimum, le droit du travail est fondamental pour nous, on veut conserver nos acquis. »

à Marseille, des sigles syndicaux différents mais mêlés

Les deux cortèges sont arrivés au même moment sur la place Castellane. Celui de FO par la rue de Rome, celui de la CGT par le boulevard Baille. Timing parfait. Une radio avait annoncé le matin même que pour la première fois depuis 1995, les deux syndicats manifesteraient ensemble. L’information était imprécise. Les deux organisations se sont retrouvées ensemble à de nombreuses reprises en 2003, en 2010 et même cette année depuis le début de la mobilisation contre la loi El Khomry. Mais généralement, les militants, bien que participant au même défilé, ne se côtoyaient pas, les uns devant, les autres derrière. L’arrivée simultanée des deux cortèges a donc offert aux photographes une photo presque inédite de drapeaux rouges aux sigles différents mais mêlés.

« Il ne s’agit pas de fusionner les syndicats. C’est de l’ordre du symbole, explique Emmanuel Carrié, responsable FO de l’enseignement. Pour montrer qu’il y a une unité syndicale claire sur un objectif clair, le retrait de la loi El Khomry, et qu’il existe un axe CGT-FO sur lequel peuvent s’appuyer les travailleurs. » Du côté de FO, la mobilisation s’est affichée « un peu en retrait par rapport au 31 mars, selon Gérard Rué, responsable des territoriaux. On a autant de grévistes mais moins de manifestants ». Crèches, écoles, conseil général, hôpitaux : le gros des troupes de FO venait de ses « bastions » de la fonction publique dans une ville où, depuis Gaston Defferre, il est le syndicat privilégié par le pouvoir municipal. En revanche, à Airbus Helicopters, plus grosse entreprise de la région, FO, syndicat majoritaire, n’a pas mobilisé les salariés. Seuls les délégués sont venus manifester.

Pour Olivier Mateu, secrétaire général de l’UD CGT, cette manifestation a marqué « la reprise du ‘‘tous ensemble’’. On se prépare désormais à entrer dans une nouvelle phase. Dès la semaine prochaine, il faudra définir les modalités d’élévation de la poursuite de l’action et de la mobilisation ». La CGT Marseille a par ailleurs rencontré des organisateurs locaux des Nuits debout. « On a vérifié que l’on était d’accord sur les objectifs. » Les manifestants étaient invités hier à poursuivre sur le Vieux-Port par un atelier-débat sur « le travail en question ».

à Lyon, la mobilisation « redonne la pêche aux militants »

Environ 15 000 manifestants ont défilé à Lyon, soit autant de participants que le 9 avril. Des cheminots aux métallos en passant par les personnels hospitaliers et les enseignants, l’ensemble des secteurs étaient représentés dans le cortège. Du côté de la chimie, la mobilisation était « à peu près du même niveau que pour les journées d’actions précédentes », estime Jacques Lacaille, responsable CGT. Si le mouvement ne faiblit pas, les militants peinent à l’amplifier. Dans certaines entreprises, les situations locales supplantent parfois les revendications contre la loi travail. « La direction risque de nous annoncer des suppressions d’emplois demain, les salariés sont plus préoccupés par cela », explique Olivier Minoux, délégué CGT sur le site Rhodia-Solvay de Saint-Fons. S’il trouve que les discussions sur le projet de réforme du Code du travail sont « plus difficiles » en ce moment avec ses collègues, le syndicaliste, qui était présent au congrès de la CGT, se réjouit en revanche que cette mobilisation a « redonné la pêche aux militants qui n’ont pas connu de mouvement d’ampleur depuis la réforme des retraites de 2010 ».

Une situation un peu similaire à celle que connaît actuellement Sanofi Pasteur, la division vaccin du géant pharmaceutique. « La direction vient de nous annoncer le plan de compétitivité qu’elle veut nous imposer et qui comprend des suppressions de RTT, l’annualisation du temps de travail et un changement de rythme de travail qui aurait pour conséquence de faire travailler plus certains salariés gratuitement. Ce qui a provoqué d’importants débrayages mardi, mais qui fait que les salariés sont moins présents dans la grève aujourd’hui », affirme Tristan Teyssier, délégué du personnel CGT sur le site de Marcy-l’Etoile. « On explique aux salariés que le plan de compétitivité de Sanofi Pasteur, c’est la même chose que la loi El Khomri, et certains comprennent bien le lien, mais cela reste difficile de mobiliser, parce qu’on repart de zéro. La CGT a été un peu attentiste sous le mandat de Hollande. Maintenant, il y a un frémissement », juge-t-il.

à Orléans, les suites du mouvement en débat

Plus de 2 000 manifestants ont défilé dans la ville-préfecture du Loiret. Parmi eux, une grande partie de salariés du secteur privé qui s’interrogeaient sur les suites à donner à cette mobilisation. « Nous, à la CGT, nous sommes clairs sur cette question, affirme Aurélio Ramiro, secrétaire de l’union départementale. Le syndicat a appelé à l’organisation, dès la semaine prochaine, d’assemblées générales dans toutes les entreprises pour que les salariés eux-mêmes débattent de la reconduite de la grève. »

Cette perspective de blocage à grande échelle est portée depuis plusieurs semaines par les animateurs d’un appel baptisé « On bloque tout ! ». Théo Roumier, l’un de ses fondateurs défilait lui aussi, micro en main. « Le constat est simple : ce n’est pas facile, malgré une volonté forte que le débat soit posé, explique-t-il. Nous ne sommes pas dans un contexte de suiveurs d’une hypothétique corporation qui donnerait le top départ de la grève générale. Les mouvements de 2003 et 2010 (contre les réformes des retraites) ont prouvé que ce modèle était épuisé. Nous ne sommes plus non plus dans une attitude proclamatoire. Les choses avanceront en partant d’un travail de terrain et de la prise en compte des revendications locales. »

Pour François, salarié chez Famar, si la loi passe, le risque est palpable, surtout « pour les plus anciens ». « La boîte cherche par tous les moyens à réduire les frais de fonctionnement, notamment au travers du nombre de CDI. Elle est prête à utiliser cette loi pour licencier les plus anciens, sans mobile et pour trois fois moins d’indemnités. Elle n’attend que ça. » Pour autant, François estime que les esprits ne sont pas prêts à « un blocage général de l’économie française ». D’après Emmanuel, de FO-Éducation, la clef pourrait se trouver entre les mains de Valls et Hollande. « Si le gouvernement n’est pas capable d’entendre le mécontentement de centaines de milliers de Français, on sera obligé d’en passer par un blocage du pays », pense-t-il. A ses côtés, Laure, agent non-syndiquée du secteur médico-social, craint que « la mobilisation ne s’essouffle à force de descendre dans la rue tous les quinze jours ».

à Nantes, la belle journée a tourné au chaos

« Une belle journée de manifestation ». Il est 11 heures, le cortège part de l’île de Nantes. Le soleil est au rendez-vous, tout comme plus de 20 000 manifestants. « Dans l’usine nous sommes beaucoup plus nombreux à être en grève que lors de précédents mouvements. C’est bien, mais nous ne sommes pas encore assez nombreux », estime ce salarié d’Airbus, syndiqué chez FO. Sa collègue de la CGT, Laurence Dannet, souhaite également voir le mouvement s’amplifier. Le débat parlementaire qui s’ouvre mardi prochain, est pour la syndicaliste, « un point d’appui ». « Beaucoup de salariés sont conscients que cette loi est destructrice pour nos droits, mais comment transformer cette prise de conscience en lutte gagnante ? », s’interroge-t-elle. Juste à côté, les Arcelor Mittal du site de Basse-Indre sont venus en masse. « Chez nous, 80 % des salariés du site ont participé à la journée du 31 mars et nous sommes à peu près autant aujourd’hui, affirme Joël Viaud, élu CGT. En 2012, nous avons fait quatre jours de grèves consécutifs pour empêcher la fermeture du site. Et il n’est toujours pas sauvé. Nous avons de vraies inquiétudes et cette loi scélérate n’est pas là pour nous rassurer ».

Beaucoup de fonctionnaires sont également descendus dans les rues. Comme ceux de la Semitan, les transports urbains de l’agglomération nantaise. Parmi eux, des militants CFDT venus « surtout par solidarité », Une belle journée, une belle manifestation, qui, une demi-heure plus tard, à l’abord du centre ville, a tourné au chaos. Le cortège n’a pas fini sa course, alors qu’une Agora était prévue par les organisations syndicales. Après avoir divisé le cortège en deux, les CRS ont poussé une partie des manifestants tout droit au centre des affrontements avec quelques dizaines de casseurs. Des salariés ont subi durant plus d’une demi-heure les tirs de gaz lacrymogènes, certains ayant même été blessés. « Une attitude irresponsable », a réagi, le secrétaire de l’UD CGT, Fabrice David qui, quelques heures plus tôt, déplorait « ces violences » qui, déjà, posaient « un réel problème » pour mobiliser les salariés.

 

 

Source : http://www.humanite.fr

 

 

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  • : Démocratie Réelle Maintenant des Indignés de Nîmes
  • : Le blog des Indignés de Nimes et de la Démocratie Réelle Maintenant à Nimes
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DEPUIS DEBUT AOÛT 2014

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CELA VA A L'ENCONTRE DE NOTRE ETHIQUE ET DE NOS CHOIX


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          Depuis le 26 Mai 2011,

        Nous nous réunissons

                 tous les soirs

      devant la maison carrée

 

       A partir du 16 Juillet 2014

            et pendant l'été

                     RV

       chaque mercredi à 18h

                et samedi à 13h

    sur le terrain de Caveirac

                Rejoignez-nous  

et venez partager ce lieu avec nous !



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