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30 juin 2016 4 30 /06 /juin /2016 13:21

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

La dette publique de la France à 97,5% du PIB
30 juin 2016 | Par Agence Reuters
 
 
 
La dette publique de la France a augmenté de 40,7 milliards d'euros au premier trimestre pour atteindre 2.137,6 milliards fin mars, soit 97,5% du PIB, selon les statistiques publiées jeudi par l'Insee.

PARIS (Reuters) - La dette publique de la France a augmenté de 40,7 milliards d'euros au premier trimestre pour atteindre 2.137,6 milliards fin mars, soit 97,5% du PIB, selon les statistiques publiées jeudi par l'Insee.

Le ratio de dette sur PIB a ainsi augmenté de 1,4 point par rapport à la fin 2015 (96,1%).

La seule dette de l'Etat a augmenté de 32,9 milliards d'euros sur le premier trimestre pour s'élever à 1.694,1 milliards, précise l'Insee dans un communiqué.

Outre la dette de l'Etat, la dette publique au sens de Maastricht inclut celles des administrations de sécurité sociale (230,4 milliards fin mars, soit +10,1 milliards), des administrations publiques locales (194,2 milliards, en retrait de 2,3 milliards) et des organismes divers d'administration centrale (stable à 18,9 milliards).

La dette nette des administrations publiques s'élevait à 1.922,8 milliards d'euros fin mars, soit 87,7% du PIB contre 87,3% à la fin 2015 (1.904,9 milliards), en progression de 17,9 milliards sur trois mois, ajoute l'Insee.

A la suite d'une révision en baisse du produit intérieur brut en valeur pour l'année 2015, rendue publique par l'Insee le 17 mai, le ratio de dette publique à la fin de l'année dernière a été revu en hausse à 96,1% du PIB, contre 95,7% annoncé fin mars.

La dette publique se situait en conséquence quasiment au niveau prévu (96,2%) pour 2016 dans la trajectoire des finances publiques publiée à la mi-avril, le gouvernement prévoyant alors qu'elle culminerait à 96,5% l'an prochain avant d'amorcer une décrue.

 

(Marc Joanny, édité par Emmanuel Jarry)

 

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

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30 juin 2016 4 30 /06 /juin /2016 13:19

 

Source : http://www.lexpress.fr

 

 

Bac+3 pour garantir "la propreté des sanitaires": un stage Vinci fait polémique
 
 
Par LEXPRESS.fr , publié le

 

 

Une offre de stage publiée par Vinci propose parmi ses missions d'assurer "la propreté des sanitaires" (image d'illustration).

Une offre de stage publiée par Vinci propose parmi ses missions d'assurer "la propreté des sanitaires" (image d'illustration).

afp.com/Philippe Huguen

Une offre de stage pour Bac+3 publiée par Vinci propose dans ses missions d'assurer "la propreté des sanitaires". Après de vives réactions sur Twitter, le groupe a modifié l'intitulé de l'offre.

Vous recherchez un stage? Le groupe Vinci a publié sur son site internet une offre "de stage de découverte en milieu professionnel", relayée par différents sites de recherche d'emploi. Sur "le district de Montélimar", le stagiaire avec "bac+3 minimum" sera notamment invité à assurer "la propreté des sanitaires".  

 

Bonjour @VINCIAutoroutes un stage de 5 semaines min. pr nettoyer sanitaires avec un bac+3 min. vs n'avez pas honte ?

 

Sur les réseaux sociaux, cette mission a suscité de vives réactions, à l'image de celle de la journaliste (ci-dessus) qui avait repéré l'annonce. 

 

@NassiraELM @EliseBiiBii @VINCIAutoroutes Bac +3 minimum HAHAHAHAHAHAHAHAHAHA même en Chine ils osent pas ça je pense

@Vziii @NassiraELM @VINCIAutoroutes franchement.. Je suis sidérée

 
Aucune mention du public visé par l'annonce

Rapidement, certains commentateurs ont toutefois estimé qu'il devait s'agir d'une offre destinée aux élèves ingénieurs, qui sont en effet tenus d'effectuer un stage ouvrier au cours de leur formation. Sauf que, sur l'annonce initiale, aucune mention n'était faite des destinataires de cette offre de stage. L'intitulé de l'offre était "Stage de découverte en milieu professionnel - Ouvrier autoroutier", comme en témoigne cette capture d'écran. 

 

Bonjour @NassiraELM Nous n'avons pas publié cette annonce. Par contre, il nous arrive de proposer des stages ouvriers à ds élèves ingénieurs

@VINCIAutoroutes Vous êtes sûr? Pourtant c'est sur le site web de Vinci. Un réaction? > http://vinci-groupe.profils.org/offre-de-emploi/emploi-stage-de-decouverte-en-milieu-professionnel-ouvrier-autoroutier_17305.aspx?idorigine=2290  pic.twitter.com/6NneIHXZ5X

Voir l'image sur Twitter

Interpellé, Vinci a dans un premier temps nié avoir publié une telle annonce. Dans un deuxième temps, le groupe a précisé qu'il s'agissait bien d'un "stage découverte (obligatoire) pour élèves ingénieurs", et a finalement modifié l'annonce en ce sens. 

 

Bonjour @VINCIAutoroutes un stage de 5 semaines min. pr nettoyer sanitaires avec un bac+3 min. vs n'avez pas honte ? pic.twitter.com/wY9yzU0fwp

Bonjour @NassiraELM Nous n'avons pas publié cette annonce. Par contre, il nous arrive de proposer des stages ouvriers à ds élèves ingénieurs

 
 

@Toshopp_ @Cabinet_Noir @VINCIAutoroutes Pas précisé sur l'annonce.

@NassiraELM 3/ Nous allons donc corriger l'annonce dès demain. Merci de nous l'avoir signalé. cc @Toshopp_ @Cabinet_Noir

 

A la rubrique "Observations", figure désormais la mention suivante: "Stage d'insertion en milieu professionnel proposé dans le cadre d'une première année d'école d'ingénieur (stage obligatoire)".  

Sur son site, Vinci indique désormais le public ciblé par l'annonce (capture d'écran Vinci).

Sur son site, Vinci indique désormais le public ciblé par l'annonce (capture d'écran Vinci).

Vinci

Et l'intitulé de l'offre s'est transformé en "Stage de découverte en milieu professionnel - Etudiants école d'ingénieurs". 

 

 

 

Source : http://www.lexpress.fr

 

 

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29 juin 2016 3 29 /06 /juin /2016 15:52

 

Source : http://tempsreel.nouvelobs.com

 

 

Maltraitance animale : nouvelle vidéo choquante dans deux abattoirs français

 

 

 

 

L'association végane L214 publie de nouvelles images choc, tournées dans deux abattoirs français de l'Hérault et des Alpes-Maritimes.

 

Les images se suivent et se ressemblent, mais le choc est toujours le même. L'association L214 diffuse ce mercredi 29 juin une nouvelle vidéo de maltraitance contre des animaux dans deux abattoirs, celui de Pézenas (Hérault) et du Mercantour à Puget-Théniers (Alpes-Maritime). Il s'agit de la quatrième vidéo de ce type en huit mois pour l'association, qui a déjà obtenu la fermeture temporaire de deux établissements.

Filmées entre novembre 2015 et mai 2016, les images de L214 montrent notamment, comme celles des abattoirs d'Alès, du Vigan, et de Mauléon-Licharre, plusieurs animaux reprendre conscience lorsqu'ils sont saignés ou suspendus par les pattes. 

"A l’abattoir de Pézenas, les chevaux sont parfois tirés au treuil jusque dans le box d’abattage. Les dispositifs d’étourdissement étant inadaptés ou défaillants, les cochons reçoivent des chocs électriques avant d’être vraiment insensibilisés", détaille aussi l'association. Dans la vidéo, on voit notamment un employé de l'abattoir planter un couteau dans l'œil d'un mouton avant de l'égorger. Quant à l'établissement du Mercantour, "les conditions d'abattages des bovins [y] sont moyenâgeuses".

Des pratiques qui représentent des "violations de la réglementation": comme le rappelle L214, la loi impose notamment l'étourdissement de tous les animaux avant l'abattage (sauf rituel). "La douleur, la détresse ou la souffrance sont évitables" lors de la mise à mort, prévoit aussi la réglementation européenne.

 

Attention ces images sont choquantes

 

 

Des contrôles récents

Une commission d'enquête parlementaire sur "les conditions d'abattage des animaux de boucherie dans les abattoirs français" a été créée après la diffusion ces derniers mois des autres vidéos de L214. En visite surprise le 7 mai à l'abattoir de Pézenas, le député LR de l'Hérault Elie Aboud, membre de la commission, n'avait constaté "aucun dysfonctionnement".

Les images de l'abattoir du Mercantour ont elles été tournées après les inspections ordonnées par le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll, en avril 2016.

"Il est illusoire de penser que l’on peut tuer trois millions d’animaux par jour en respectant la réglementation", explique au "Monde" Sébastien Arsac, porte-parole de L214. "Il n'y a pas de viande heureuse." Aussi, pour "faire valoir le droit de chaque citoyen à l'objection de conscience", l'association accompagne sa vidéo d'une pétition pour la présence d'une alternative végétarienne dans les cantines scolaires et des collectivités.

 

Agathe Ranc

 

Source : http://tempsreel.nouvelobs.com

 

 

Une vidéo révèle des actes de cruauté dans deux abattoirs du sud de la France

 

Source : https://blogs.mediapart.fr/edition/droits-des-animaux/article/290616/nen-finira-t-donc-jamais-avec-la-souffrance-animale

 

 

N'en finira-t-on donc jamais avec la souffrance animale ?

 

 

 

La ténacité de l'association L214 est relayée par la presse. La souffrance animale continue à être dénoncée dans les abattoirs. Même dans les plus petits !

Aujourd'hui encore (29/06), la presse se fait l'écho des images filmées dans de petits abattoirs, ceux-là mêmes déjà dénoncés et où les cadences d'abattage ne sont pas comparables à celles des grands groupes. A l'origine : la ténacité d'une association de défense des animaux, L214.

Mais rien de semble devoir y faire. Malgré les promesses d'un ministre, malgré des visites "inopinées" de "contrôle", malgré des engagements de responsables, la violence, la cruauté continuent à régner.

Dans notre pays dit hautement civilisé, tout continue à se passer comme si les animaux restaient de simples objets. Les textes de loi exigeant le respect de l'animal sont bafoués partout au nom de la productivité.

Mais la réalité est là : dans les abattoirs, comme partout ailleurs où l'argent fait la loi, les hommes et les animaux sont méprisés. Une excellente enquête de Le Monde relève la vie de forçat des employés des abattoirs. Lire ici.

Que faudra-t-il pour que soit mis fin à cette situation ?

L'association L214 prône le véganisme.

Personnellement, je pense que le problème va bien au delà. Dans la prise de conscience que notre existence impose le respect de notre environnement. Il ne suffit pas de travailler à une limitation du réchauffement de la planète, il faut aussi, et c'est de notre propre intérêt, respecter le vivant, tout le vivant. Et c'est aussi une question de dignité.

Le Club est l'espace de libre expression des abonnés de Mediapart. Ses contenus n'engagent pas la rédaction.

 

 

Source : https://blogs.mediapart.fr/edition/droits-des-animaux/article/290616/nen-finira-t-donc-jamais-avec-la-souffrance-animale

 

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29 juin 2016 3 29 /06 /juin /2016 15:37

 

Source : http://www.lemonde.fr

 

 

LuxLeaks : prison avec sursis pour les lanceurs d’alerte français

 

LE MONDE | • Mis à jour le | Par

 
 

Antoine Deltour, au début du procès du LuxLeaks, à Luxembourg, le 26 avril.

Dans un silence solennel, devant une salle remplie de supporteurs venus soutenir un frère, un ami, un voisin, ou simplement un lanceur d’alerte, le président du tribunal d’arrondissement du Luxembourg a déclaré, mercredi 29 juin, Antoine Deltour et Raphaël Halet « coupables » de « vol, violation du secret professionnel et du secret des affaires » mais aussi « d’accès ou maintien dans un système frauduleux informatique, de blanchiment et divulgation du secret des affaires ».

Ces deux anciens collaborateurs du cabinet d’audit PricewaterhouseCoopers (PwC) ont été condamnés respectivement à douze mois de prison avec sursis et 1 500 euros d’amende, et neuf mois de prison avec sursis et 1 000 euros d’amende dans le procès Luxleaks. Une décision plus clémente que les dix-huit mois de prison avec sursis requis par le procureur. Le journaliste de l’émission « Cash investigation », Edouard Perrin, poursuivi pour « complicité de violation du secret des affaires et du secret professionnel » a lui été « acquitté », a déclaré le président lors de cette courte audience.

Si le tribunal condamne les deux anciens collaborateurs de PwC, il retient toutefois « qu’ils n’ont pas été rémunérés » et que leurs révélations « ont contribué à une plus grande transparence et équité fiscale. Les deux prévenus ont donc agi dans l’intérêt général et contre des pratiques d’optimisation fiscale moralement douteuses ». Le terme n’est pas prononcé, mais la justice luxembourgeoise les reconnaît donc clairement comme lanceurs d’alerte.

 

Prix du citoyen européen

Tous trois étaient poursuivis dans l’affaire dite Luxleaks qui a éclaté après la révélation de centaines d’accords fiscaux confidentiels passés entre des multinationales et le fisc luxembourgeois. « Cash investigation » avait consacré une émission entière sur le sujet, en 2012. La publication de ces « rescrits fiscaux » par le consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) en 2014 avait ensuite provoqué un vaste scandale qui avait touché jusqu’à Jean-Claude Juncker, l’ancien premier ministre luxembourgeois et actuel président de la Commission européenne. Un an après ces révélations, une directive européenne imposait aux Etats de l’Union de s’échanger de telles informations.

 

Lire aussi :   Procès LuxLeaks : dix-huit mois requis contre les deux lanceurs d’alerte

 

« Ce jugement revient à condamner les avancées réglementaires que les révélations à l’origine de l’affaire Luxleaks ont impulsées, a aussitôt déclaré Antoine Deltour à la sortie de l’audience. Si vous voyez passer des milliards d’euros qui contournent les règles fiscales de manière douteuse, le tribunal vous enjoint aujourd’hui de fermer les yeux et de n’en parler à personne. Je pense qu’aucun citoyen ne peut s’en satisfaire. C’est pour cela que je vais faire appel ». Son avocat Me William Bourdon a, lui, dénoncé une décision « contraire à la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme, et qui exprime la face la plus conservatrice de l’Europe, celle qui n’a qu’une obsession, celle d’entendre les intérêts privés et refuse d’entendre les citoyens ». Raphaël Halet a lui aussi annoncé faire appel de ce jugement.

Depuis que la justice luxembourgeoise a engagé des poursuites à son encontre, Antoine Deltour, la petite trentaine, est devenu l’emblème des lanceurs d’alerte en Europe. En juin 2015, le Parlement européen lui avait d’ailleurs remis le prix du citoyen européen. C’est par hasard, a-t-il expliqué à l’audience, qu’il avait mis la main sur ces tax rulings ultra-confidentiels, curieusement en accès libre lorsqu’il s’était connecté. C’était la veille de son départ de l’entreprise. Il s’apprêtait à rejoindre la fonction publique pour un salaire moindre – ce qui n’avait pas manqué d’étonner le tribunal – et cherchait des documents de formation. Comprenant de quoi il s’agissait, il a copié les fichiers par réflexe, mais n’en a rien fait pendant des mois.

Des lanceurs d’alerte non protégés

Ce n’est qu’après avoir été contacté par le journaliste Edouard Perrin, intrigué par ses commentaires très « bien documentés » au bas d’un blog, qu’Antoine Deltour a décidé de révéler tout le système. Raphaël Halet a, lui, voulu apporter sa pierre à l’édifice après avoir vu l’émission « Cash investigation », et a fait parvenir seize documents au journaliste. Edouard Perrin n’avait, lui, fait que son travail de journaliste. Mais le parquet du Luxembourg n’a visiblement pas la même conception du droit à l’information. Il avait admis qu’il pouvait s’agir de pratiques douteuses mais que « la liberté d’expression journalistique » ne devait pas primer sur le respect « du secret professionnel ».

 

Lire aussi :   Au procès LuxLeaks, le procureur refuse de faire des exceptions pour les lanceurs d’alerte

 

Ce procès au Luxembourg s’était ouvert peu de temps avant l’arrivée en séance à l’Assemblée nationale française de la loi Sapin II qui, dans sept articles, prévoit de protéger les lanceurs d’alerte en France. Seul problème, la définition du lanceur d’alerte prévue dans le texte de loi adopté à l’Assemblée est toujours insuffisante puisqu’un nouvel Antoine Deltour ne serait toujours pas protégé en France, quand bien même il dénoncerait des faits contraires à l’intérêt général.

La loi prévoit, en effet, de protéger les actes punis par la loi, ou ceux relatifs à l’environnement, la santé ou la sécurité publique. Alors que le texte arrive en séance, au Sénat, le 4 juillet, Me William Bourdon met en garde les sénateurs « qui essaient de détricoter cette loi qu’a voulue Michel Sapin ». En France, certains parlementaires confondent encore délateurs et lanceurs d’alerte.

Editorial :   Lanceurs d’alerte : où est la justice ?

 

Emeline Cazi (Luxembourg, envoyée spéciale)
Journaliste au Monde

 

 

 

Source : http://www.lemonde.fr

 

 

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29 juin 2016 3 29 /06 /juin /2016 15:25

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

Le patronat entre en guerre contre le compte pénibilité
29 juin 2016 | Par Agence Reuters
 
 
Le patronat est entré en résistance contre le compte pénibilité, dont un nouveau volet prend effet le 1er juillet, en menaçant de ne pas appliquer ce dispositif de prévention des conditions de travail pénibles.

PARIS (Reuters) - Le patronat est entré en résistance contre le compte pénibilité, dont un nouveau volet prend effet le 1er juillet, en menaçant de ne pas appliquer ce dispositif de prévention des conditions de travail pénibles.

"Nous ne savons pas appliquer la loi (...) Sur les six nouveaux critères, nous ne savons pas faire", a déclaré mercredi le président du Medef, lors d'une rencontre avec la presse.

"Rendez-vous dans deux jours, on ne saura pas faire (...) On a alerté le gouvernement depuis des semaines, des mois", a ajouté Pierre Gattaz, selon qui "l'administration ne sait pas faire non plus."

La ministre des Affaires sociales, Marisol Touraine, a dénoncé la position du patronat, jugeant que "la démocratie ne s'arrête pas aux portes du Medef".

"Pierre Gattaz met en difficulté les entreprises et s'attaque aux droits des Français", a-t-elle écrit sur Twitter.

Le Compte personnel de prévention de la pénibilité (CPPP), intégré au Compte personnel d'activité (CPA) créé par le projet de loi Travail en cours d'examen au Parlement, attribue des points aux salariés exposés à des conditions de travail pénibles ou à des risques professionnels.

Ce compte, plafonné à 100 points sur l’ensemble de la carrière, ouvre droit à une formation professionnelle pour accéder à un emploi moins exposé, à un passage à temps partiel sans baisse de rémunération ou à une retraite anticipée.

Dix facteurs de pénibilité ont été recensés dans le cadre de la dernière réforme des retraites.

Les quatre premiers (travail de nuit, en équipes alternées, répétitif ou à cadence contrainte et en milieu hyperbare) sont pris en compte depuis janvier 2015.

Les six autres (manutention de charges lourdes, postures pénibles, vibrations mécaniques, contact avec des agents chimiques dangereux, températures extrêmes et bruit) sont censés être pris en compte à partir de vendredi.

Le patronat livre depuis le début une bataille acharnée contre un dispositif qu'il juge beaucoup trop contraignant, notamment pour les PME et très petites entreprises.

L'Union professionnelle artisanale (UPA) a demandé le report de l'application des six nouveaux facteurs de pénibilité en invoquant le fait que les "référentiels de branche" pour évaluer ces critères ne seraient pas prêts pour le 1er juillet.

La CGPME a pour sa part lancé une campagne pour démontrer, exemples à l'appui, le caractère inapplicable, selon elle, de ce dispositif, inspiré et défendu par la CFDT.

 

(Emmanuel Jarry avec Simon Carraud, édité par Yves Clarisse)

 

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

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29 juin 2016 3 29 /06 /juin /2016 15:17

 

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

 

Aggravation «inédite» de la pauvreté en France
28 juin 2016 | Par Laurent Mauduit
 
 
 

Dans sa dernière étude sur « Les revenus et le patrimoine des ménages », l'Insee relève que le niveau de vie médian des Français a baissé de 1,1 % de 2008 à 2013, ce qui est sans précédent connu. Le recul a même été de 3,5 % pour les 10 % des ménages les plus modestes. L'Institut évoque aussi une « aggravation de la pauvreté inédite en France ».

Ce sont les plus modestes qui ont payé le plus lourd tribut à la crise ! Voilà le principal constat qui ressort de l’édition 2016 de l’enquête de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) sur « Les revenus et le patrimoine des ménages », publiée ce mardi 28 juin. Pour n’être pas surprenants, les chiffres révélés par cette étude n’en sont pas moins alarmants : sur les cinq années étudiées, de 2008 à 2013, qui couvrent les années au cours desquelles la crise a le plus fortement fait sentir ses effets, le niveau de vie médian des Français a baissé de 0,2 % en moyenne par an, soit de 1,1 % au total, ce qui est « inédit » depuis que cette étude existe, c'est-à-dire 1996. Pour les 10 % des ménages les plus modestes, la baisse a même atteint 3,5 %. Autrement dit, la crise a très fortement creusé les inégalités. L'Institut détaille aussi les évolutions de la pauvreté en France, en évoquant une « aggravation inédite en France ».

Traditionnellement, l’enquête annuelle de l’Insee suscite, certes, un regret, car les chiffres qui y sont présentés sont vieux de trois ans. Pour y voir clair sur les évolutions des revenus et des patrimoines des Français, l’Institut doit en effet collecter les données fiscales, qui constituent la source la plus fiable. Et du même coup, l’enquête annuelle ne colle jamais avec les évolutions les plus récentes. L’édition 2016, qui présente les données disponibles jusqu’à la fin de 2013, a toutefois un intérêt encore plus grand qu’à l’accoutumée car elle permet de cerner l’évolution de ces inégalités pendant les années où la crise a été le plus forte, de 2008 à 2013.

Voici ci-dessous l’enquête de l’Insee :

 

Enquête de l'Insee sur les revenus et patrimoines en 2013 by Laurent MAUDUIT

 

 

Les premiers chiffres qui retiennent l’attention sont ceux qui sont les plus récents. On découvre ainsi qu’en 2013, en France métropolitaine, le niveau de vie médian des Français était de 20 000 euros par an, soit 1 667 euros par mois. En clair, 50 % des Français ont eu, cette année-là, un niveau de vie inférieur à ce seuil. Cette seule statistique est déjà très impressionnante car elle vient confirmer que le niveau médian des Français est très bas. À titre d’indication, le montant mensuel brut sur la base de 35 heures du Smic 2016 est de 1 466,62 euros, contre 1 457,52 en 2015. À l’aune de ce chiffre, on comprend donc la sidération des Français quand ils apprennent que les rémunérations annuelles de certains grands patrons, tel celui de Renault-Nissan, Carlos Ghosn, peuvent dépasser les… 15 millions d’euros par an.

Mais dès que l’on prend un peu de recul, on s’aperçoit que les évolutions de ces dernières années ont été tout aussi défavorables. Cela n’a rien de très surprenant, puisque l’ajustement à la crise, c'est d’abord aux ménages que Nicolas Sarkozy puis François Hollande l’ont fait supporter. Les statistiques n’en révèlent pas moins l’ampleur des fractures sociales qui ont été à l’œuvre tout au long de ces années de crise. Sur cinq ans, entre 2008 et 2013, le niveau de vie médian des Français a ainsi perdu 1,1 %, soit 0,2 % par an. « Cette lente diminution sur cinq ans du niveau de vie médian est inédite sur la période d’observation des enquêtes Revenus fiscaux et sociaux, de 1996 à 2013 », relève l’Insee.

 

Revenus (en euros)Les niveaux de vie annuels, de 1996 à 201317 17018 91020 26020 33020 11020 10020 02020 0009 13010 61011 23011 10010 92010 82010 62010 73032 07035 02037 93038 21037 71038 50037 89037 200Niveau de vie médianPremier décile de niveau de vieNeuvième décile de niveau de vie1996200420082009201020112012201301000020000300004000050000© DH/Mediapart. Source : Insee.
© Mediapart

 

Concrètement, le niveau de vie médian des Français est ainsi tombé de 20 260 euros annuels en 2008 à 20 000 euros en 2013. Mais l’évolution est d’autant plus grave qu’elle recouvre de fortes disparités selon le niveau de vie des Français. Si l’on observe l’évolution de ce que l’Insee dénomme dans le tableau ci-dessus le « premier décile de niveau de vie des Français », c’est-à-dire le niveau de vie des 10 % les plus modestes, on s’aperçoit que le recul est considérablement plus accentué : il chute de 11 230 euros par an en 2008 à 10 730 en 2013. Autrement dit, le niveau de vie de ces 10 % les plus modestes a reculé de 935 euros par mois en 2008 à 894 euros en 2013.

Un réquisitoire accablant de la politique économique et sociale

Les plus modestes ne sont pas les seuls dont le niveau de vie a été affecté par la crise. Les ultrariches, détenant des valeurs mobilières, en ont aussi (passagèrement ?) fait les frais, mais dans des proportions moindres. Voici donc le tableau d’ensemble que dresse l’Insee : « En définitive, au cours de ces cinq années de baisse légère du revenu médian en France, les niveaux de vie de l’ensemble de la distribution ont diminué, le 8e décile faisant exception. Le niveau de vie diminue d’autant plus qu’il se situe dans le bas de la distribution (de -3,5 % pour le 1er décile à -0,2 % pour le 7e décile). Il progresse au niveau du 8e décile (+1,1 %) et diminue nettement vers le 9e décile (-1,3 %, -1,6 % pour le dernier vingtile). »

Pour qui veut en prendre une mesure visuelle, ce tableau ci-dessous de l’Insee en donne une présentation immédiate : on peut y trouver la confirmation que les 10 % les plus pauvres (le décile D1) sont bel et bien ceux qui ont enregistré l’évolution la plus préoccupante de leur niveau de vie.

 

les-diffe-rents-niveaux-de-vie

 

En résumé, ces années de crise ont été des années de fortes souffrances sociales mais aussi de creusement des inégalités, au détriment d’abord des plus modestes.

Malheureusement sans grande surprise, les seuils de pauvreté restent donc à des niveaux exceptionnellement élevés. Traditionnellement, l’Insee calcule deux indicateurs différents de seuils de pauvreté : un premier seuil au terme duquel est considérée comme pauvre une personne dont le niveau de vie est inférieur à 50 % du revenu médian des Français ; et un second seuil, pour les niveaux de vie inférieurs à 60 % du revenu médian. C’est ce second indicateur qui est le plus souvent utilisé dans le débat public.

Voici donc, dans le tableau ci-dessous, les principales évolutions relevées par l’Insee :

 

evolution-de-la-pauvrete

 

En 2013, constate l’Insee, « le seuil de pauvreté, qui correspond à 60 % du niveau de vie médian de la population, s’établit à 1 000 euros mensuels. La pauvreté concerne 8,6 millions de personnes, soit 14 % de la population. Cette proportion diminue légèrement en 2012 et 2013 (-0,4 puis -0,3 point), mais, sur cinq ans, la pauvreté a augmenté de +0,7 point, en rupture avec sa tendance précédente à la baisse ».

Au vu de ces chiffres, on pourrait donc penser que la crise a eu pour effet de majorer le nombre de pauvres, mais que cette évolution est sans doute passagère. On aurait pourtant tort de minimiser la gravité de ces chiffres. Car, cette fois encore, l’Insee use d’un qualificatif qui retient l’attention : elle parle d’une évolution « inédite ». Lisons : « Le taux de pauvreté monétaire s’élève en 2013 à 14 % de la population, soit un niveau en légère baisse par rapport à celui de 2012 (14,3 %), prolongeant la diminution observée entre 2011 et 2012 (-0,4 point de pourcentage). Le taux de pauvreté a nettement augmenté entre 2008 et 2011 (de +1,4 point), avant de reculer de 0,7 point entre 2011 et 2013, dans un contexte où le niveau de vie médian a baissé de 1 % sur deux ans. Dans le même temps depuis 2008, l’intensité de la pauvreté (http://www.insee.fr/fr/methodes/default.asp?page=definitions/intensite-pauvrete.htm) a progressé de 0,5 point de pourcentage, traduisant la détérioration de la situation des plus pauvres par rapport au reste de la population. »

Et c’est dans la poursuite de son analyse que l’Insee fait ce constat ravageur : « Cette aggravation de la pauvreté est inédite en France. En effet, la pauvreté a diminué de façon quasiment continue entre 1996 et 2004 (-1,9 point). Depuis, elle n’avait reculé que de façon ponctuelle, en 2008 (du fait notamment du report de l’actualisation des ressources prises en compte dans le calcul des prestations familiales), se stabilisant autour de 13 %. »

En creux, ce diagnostic indiscutable constitue donc un réquisitoire accablant de la politique économique et sociale conduite par Nicolas Sarkozy, de 2008 à 2012, c’est-à-dire pendant une partie de la période sous revue dans cette étude. Mais c’est tout aussi accablant pour François Hollande, pour une double raison. D’abord, une partie de la période étudiée est celle du début de son quinquennat. Et puis surtout, il a poursuivi et aggravé la politique inégalitaire mise en œuvre par son prédécesseur, multipliant les cadeaux aux plus grandes fortunes et aux entreprises, refusant tout geste en faveur des plus modestes, et multipliant les réformes pour accentuer la flexibilité du travail. En bref, il n'a pas cherché à corriger ces évolutions ; il les a aggravées.

Or, ce que révèle aussi cette étude de l’Insee, c’est précisément l’onde de choc de cette paupérisation et surtout de cette précarisation de la société, qui sont le prolongement des réformes de flexibilité engagées depuis plus de vingt ans. Un dernier chiffre en témoigne : en 2013, « 1,9 million de personnes ayant un emploi vivent en dessous du seuil de pauvreté, soit 7,6 % des actifs occupés », relève l’Insee, qui assortit ce chiffre de ce constat de bon sens : « Occuper un emploi ne met pas toujours à l’abri de la pauvreté » ! En clair, sous ce capitalisme d’actionnaires, une nouvelle catégorie de salariés est apparue et se développe, celle des « working poors » – les travailleurs pauvres.

Or, si cette remarque vaut à l’évidence pour l’année 2013, qu’étudie l’Insee, elle reste naturellement plus que jamais pertinente en 2016. Il suffit d’étudier les dernières statistiques des demandeurs d’emploi : le nombre des demandeurs de la catégorie A, la plus restreinte, peut être sur une pente de léger reflux au second semestre de cette année, selon les prévisionnistes, celui des demandeurs des catégories A à E pourrait continuer de progresser à des niveaux historiques, touchant plus de 6,5 millions de personnes (lire Chômage : s’il vous plaît, pas de communiqué de victoire !).

C’est d’ailleurs en cela que cette étude de l’Insee constitue une alerte de première importance. Car elle montre que les dernières évolutions, marquées par un creusement des inégalités, sont inquiétantes. Dans une deuxième étude, couvrant une période encore plus longue, l’Insee fait un constat qui confirme le caractère très inégalitaire du capitalisme dans lequel la France a été aspirée dans le courant des années 1980-1990 : « L’étude des indicateurs d’inégalité de niveau de vie sur longue période montre des variations notables : après une baisse importante durant les années 1970 et 1980, puis une période de stabilité dans les années 1990, les inégalités se sont accrues au cours des années 2000. » Mais le travail de l'Insee a aussi valeur de mise en garde pour l’avenir : avec la déréglementation massive du travail que la France a connue, la reprise peut tout à fait s’accompagner du développement massif de la précarité et donc de la pauvreté. CQFD : dans un capitalisme marqué par un fort égoïsme social, une reprise peut aller de pair avec un nouveau creusement des inégalités…

 

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

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29 juin 2016 3 29 /06 /juin /2016 15:00

 

Source : http://www.bastamag.net

 

 

Mondialisation sociale

Bernard Thibault : « La réforme du code du travail aura une portée bien au-delà de nos frontières »

 

par , Nolwenn Weiler

 

 

 

L’adoption de la loi travail en France affaiblira celles et ceux qui se battent partout dans le monde pour faire progresser les droits sociaux, avertit Bernard Thibault. Ancien dirigeant de la CGT, il siège désormais à l’Organisation internationale du travail et vient de publier un ouvrage intitulé La troisième guerre mondiale est sociale. Il y décrit les conséquences de la quête de rentabilité immédiate : mondialisation du travail précaire informel et du chômage endémique, accidents mortels du travail en masse, persistance du travail forcé... Dans ce monde de brutes, la France et son modèle social font encore rêver, et servent de point d’appui pour faire avancer les régulations sociales. Plus pour longtemps...

Basta ! : Que vous inspire le traitement réservé à la CGT depuis quelques semaines par plusieurs médias et personnalités politiques ? Avez-vous connu une telle stigmatisation lorsque vous étiez à la tête de la fédération des cheminots puis secrétaire général de la CGT de 1999 à 2013 ?

Bernard Thibault  [1] : Je n’ai pas souvenir d’une séquence médiatique aussi violente, voire hargneuse, envers le mouvement social. Même pendant les grèves de 1995, alors qu’aucun train ne roulait. Nous avions alors souffert de la pression médiatique pendant huit jours « seulement ». Nous étions les preneurs d’otages de tout le pays ! Quand un sondage a été publié montrant que 70% des Français soutenaient les cheminots en grève, la tonalité des commentaires médiatiques a changé... Ce qui est exceptionnel aujourd’hui, c’est la longueur avec laquelle les médias tapent sur le mouvement social et le degré de personnalisation des critiques : voyez le nombre d’articles mettant en cause Philippe Martinez. La presse, dans sa majorité, accompagne la stratégie du Premier ministre.

La CGT a déjà été mise en cause, mais jamais avec une telle intensité. Ce mouvement est unitaire, mais on se focalise sur un seul syndicat, à dessein bien évidemment ! Certains ont pris leurs désirs pour des réalités : la CGT serait quasi moribonde. Cela révèle une forte méconnaissance de la réalité syndicale. Une période de flottement au sein de la direction confédérale ne signifie pas que la CGT, composée de multiples organisations et fédérations, est asphyxiée [2]. La force des mobilisations locales depuis trois mois le prouve.

« La troisième guerre mondiale est sociale », dites-vous. Assiste-t-on avec la loi Travail et sa contestation à une bataille cruciale de cette guerre sociale ?

Oui. L’écho international de ce qui se passe en France est considérable. Les mobilisations sociales y ont une résonance particulière. La France fait partie de ces pays repères : c’est l’un des pays où les droits sociaux sont les plus élaborés. Et un marqueur du type de régulation sociale qui sera mise en œuvre demain. Pensons notamment à la sécurité sociale, qui nous semble normale, mais dont est privée 73% de la population mondiale ! La moitié de la population mondiale vit également dans des pays qui n’ont pas ratifié les conventions internationales sur la liberté syndicale ou le droit de faire grève. Si la France, avec sa réputation internationale, s’affiche comme l’un des lieux où les droits des travailleurs reculent et participe au mouvement de dumping social, cela envoie un signal négatif et affaiblit tous ceux qui souhaitent faire avancer leurs législations sociales. De nombreux pays verront disparaître leurs points d’appui. C’est pourquoi la réforme du code du travail français aura une portée qui ira bien au-delà de nos frontières.

Êtes-vous surpris qu’une réforme si violente du droit du travail soit menée sous un gouvernement socialiste, après dix ans de gouvernement de droite ?

La plupart des manifestants d’aujourd’hui sont des électeurs de François Hollande en 2012. Il est d’ailleurs paradoxal de voir comment la CGT est critiquée par le gouvernement, alors qu’il nous était reproché par d’autres d’avoir trop pris position en faveur de la non réélection de Nicolas Sarkozy. Nous ne souhaitions pas l’échec de ce gouvernement. Il y a parmi les manifestants un sentiment de trahison alors que l’aspiration à un mieux être social était très forte parmi celles et ceux qui ont élu François Hollande. Et le sentiment que le gouvernement n’écoute pas ceux qui ont contribué à la victoire de 2012 ; alors que le patronat est, lui, plus écouté que jamais.

Selon les promoteurs de la loi, améliorer la compétitivité des entreprises et la flexibilité du marché du travail serait une manière de mieux placer la France dans la « guerre mondiale sociale » dont vous parlez dans votre ouvrage, et de réduire le chômage. Que leur répondez-vous ?

Mon livre vise à mieux faire comprendre la situation des droits sociaux dans le monde. Cela nous éclaire sur cette quête sans limite de compétitivité par le coût du travail, ce moins disant social auquel contribue la loi El-Khomri. Cette mise en compétition aboutit à ce que la moitié de la population mondiale n’a pas de contrat de travail ! Le travail non déclaré prend des proportions colossales. Cela signifie qu’aucun salaire n’est fixé, qu’aucun horaire de travail n’est précisé, que le contenu du travail n’est pas défini. Dans ces situations ultimes, tout débat sur les droits du travail est impossible !

La photographie sociale de la planète, c’est une précarisation croissante. Seulement 28% des femmes peuvent, par exemple, bénéficier d’un congé maternité. 168 millions d’enfants travaillent, dont la moitié dans des travaux dangereux. Le travail forcé persiste, notamment dans les émirats du Golfe. Deux millions de travailleurs meurent chaque année dans le monde du fait d’un accident ou d’une maladie liée au travail [3]. Pour illustrer le caractère massif et tragique des atteintes à la santé des travailleurs, des syndicalistes chinois m’ont rapporté que, chaque jour, ils dénombraient 114 doigts coupés dans les usines de la seule province chinoise de Guandong [4]. En 2015, le chômage touchait 197 millions de personnes, soit près d’un million de plus que l’année précédente. Seulement 12% des chômeurs sont indemnisés dans le monde, contre 40% dans ce pays encore repère qu’est la France.

S’il s’agit d’une guerre, quels en sont les belligérants ? Et le « dialogue social » est-il encore possible dans ce contexte ?

Il existe une nouvelle hiérarchie des pouvoirs. Les multinationales impriment davantage les règles que les États nationaux. Regardez l’Afrique et la gestion des matières premières : les multinationales accèdent à peu de frais à ces ressources et les extraient dans des conditions de travail déplorables ! Autre exemple, l’industrie textile a imposé les conditions sociales de sa délocalisation vers l’Asie, avec comme conséquence la tragédie du Rana Plaza. Aujourd’hui 500 000 multinationales emploient 200 millions de travailleurs. Avec la sous-traitance, un travailleur sur cinq dans le monde est concerné par leur activité. Leur critère principal de gestion est soumis à la pression de la rentabilité financière la plus immédiate possible.

Face à ce pouvoir, la mission de l’Organisation internationale du travail (OIT) est de promouvoir la justice sociale. Mais les États ont confié à d’autres institutions la définition et l’encadrement des règles du commerce international. Il y a une vraie hypocrisie : le Fond monétaire international (FMI), l’Organisation mondiale du commerce (OMC), le G20 ne conditionnent pas le commerce au respect des droits sociaux. L’OMC sera bientôt plus soucieuse du droit des animaux que des droits sociaux au travail ! Le respect des normes sociales internationales reposent sur le bon vouloir des États nationaux. Certains sont volontaristes, d’autres n’en ont rien à faire, d’autres encore sont dans l’incapacité politique ou administrative de faire respecter ces règles. La solution est que l’OIT, où siègent États, représentants des travailleurs et représentants des employeurs, puisse elle aussi contrôler les circuits économiques et les multinationales. Il faut qu’une multinationale en infraction sur les droits sociaux puisse, par exemple, se voir privée d’accès aux marchés publics.

Le FN « fait mine de reprendre certaines revendications syndicales dans son programme électoral », écrivez-vous. Comment le FN arrive-t-il à profiter de cette « guerre sociale » ?

Face à l’incapacité politique de penser la mondialisation économique sur d’autres bases que la rentabilité financière, il ne faut pas s’étonner que les partis nationalistes et les replis identitaires progressent. Ces partis, dont le FN, ont comme seule réponse d’opposer les individus entre eux. C’est un leurre ! Aucun pays, replié sur lui-même, ne peut prétendre à l’autosuffisance sur l’ensemble des biens produits. On ne peut confiner les droits sociaux à la seule échelle nationale : on ne pourra pas garder notre système de protection sociale, nos congés payés, si le reste de la planète n’en dispose pas ! Ces replis identitaires ne changent rien. Ils permettent juste de ne surtout pas discuter du système économique qui prévaut. L’approche économique du FN est d’ailleurs plutôt néolibérale. Il n’y a qu’à constater son énorme flottement sur la loi El-Khomri. Il la critique aujourd’hui parce que les sondages continuent d’indiquer que 60% des Français y sont opposés.

Le défi écologique interroge fondamentalement la manière de produire et l’avenir des industries les plus polluantes, donc de celles et ceux qui y travaillent. Le syndicalisme devra-t-il demain intégrer la protection de l’environnement et de la santé dans ses revendications ?

Pendant des années, les syndicats et les associations environnementales ont vécu chacun de leur côté. Le mouvement syndical a progressé en réfléchissant aux liens entre les conditions de travail et la nature de ce qui est produit. Le mouvement environnemental a aussi appris à intégrer la dimension sociale. Nous avons besoin de croiser davantage les expertises de chacun. Les travailleurs sont souvent les mieux à même pour savoir comment produire d’une autre manière. Encore faut-il que les salariés ne soient plus soumis à la menace de la précarité et du chômage.

Je me souviens avoir visité un jour une usine de plasturgie dans l’Ouest de la France où les conditions de travail étaient épouvantables. Les gens n’avaient aucune protection, l’usine n’était pas équipée de filtres ni de systèmes d’aspiration. Les ouvriers respiraient des poussières de plastique très néfastes pour leur santé. S’ajoutait à cela une absence totale de traitement des déchets. Les bidons de produits chimiques s’entassaient derrière l’usine et commençaient à suinter. A proximité d’une école ! C’était stupéfiant. J’en ai parlé à des membres du comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT). Mais certains salariés m’ont répondu : « Attention, il ne faudrait pas qu’ils ferment la boîte parce que nous sommes trop exigeants ! » Il y a un réel dilemme chez ces ouvriers. La précarité rend les salariés dépendants des processus de production actuels. Quand ils en sont libérés, ils sont les premiers à se mobiliser.

Propos recueillis par Ivan du Roy et Nolwenn Weiler

Photo : Manifestation du 14 juin à Paris / Eros Sana

- La troisième guerre mondiale est sociale, Ed. de L’Atelier, avril 2016, 15 euros.

Notes

[1Cheminot dès l’âge de 17 ans puis syndicaliste, Bernard Thibault a dirigé la CGT de 1999 à 2013. Il est aujourd’hui membre du conseil d’administration de l’Organisation internationale du travail (OIT). Son ouvrage La troisième guerre mondiale est sociale, a été rédigé avec le concours de Pierre Coutaz, et publié par les éditions de l’Atelier.

[2Le 22 Mars 2013, Thierry Lepaon a été élu à la tête de la CGT en remplacement de Bernard Thibault. Début 2015 il est contraint à la démission suite à des révélation sur le montant élevé – 130 000 euros – des travaux de rénovation réalisé dans son domicile de fonction. C’est Philippe Martinez qui lui succède.

[3Selon l’OIT, 2,3 millions de travailleurs décèdent chaque année du fait d’un accident ou d’une maladie liée au travail, soit plus de victimes que dans tous les conflits et guerres réunies au cours d’une année.

[4La province chinoise de Guandong accueille de nombreuses multinationales du textile et du jouet.

 

 

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27 juin 2016 1 27 /06 /juin /2016 20:03

 

 

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Brexit: la peur de la contagion s'étend en Europe
27 juin 2016 | Par martine orange
 
 
 

Les incertitudes nées du Brexit ont de nouveau créé de fortes turbulences sur des marchés financiers, lundi 27 juin. La livre chute, les places financières dévissent. Plus inquiétant : la contagion gagne maintenant l’Europe. Les banques italiennes sont sous le feu de la spéculation. La crise de la zone euro pourrait se raviver.  

Trois jours seulement auront suffi pour effacer leurs divergences fondamentales. À quelques heures d’intervalle, le ministre britannique des finances George Osborne, partisan du Remain, et l’ancien maire de Londres devenu un des chefs de file du Leave, Boris Johnson, se retrouvent exactement sur la même ligne. Pour l’un comme pour l’autre, il est urgent de ne pas se presser pour engager des négociations avec l’Europe sur la sortie du Royaume-Uni. En attendant, les marchés financiers ne doivent pas s’affoler.

Dans une tribune publiée par The Telegraph, Boris Johnson a assuré que les remous créés par le vote britannique le 24 juin seraient vite oubliés. « Chez nous et à l’étranger, les conséquences négatives ont été largement surestimées, alors que les bénéfices ont été ignorés », dit-il, avant de promettre une stabilisation rapide des marchés financiers et de la livre. 

 

 © Reuters © Reuters

 

Peu de temps avant l’ouverture des marchés, lundi 27 juin, George Osborne a tenu les mêmes propos rassurants. Alors qu’il avait prédit pendant la campagne un effondrement de l’économie britannique en cas de victoire du Leave, le ministre des finances assure maintenant que la situation britannique est maîtrisée. Pour lui, rien de comparable à la crise de 2008 : l’économie est solide, les finances publiques sont assainies, et les banques en bien meilleure santé qu’au moment de la crise financière. Avant d’ajouter : « Le trésor, la banque d’Angleterre et l’autorité des marchés financiers ont passé des mois à mettre en place des plans solides d’urgence », afin d’éviter tout contrecoup préjudiciable à l’économie.

L’effet anesthésiant de ce message destiné en priorité aux investisseurs et aux financiers a duré… à peine dix minutes. La chute de la livre, qui s’était momentanément calmée, a repris de plus belle : après avoir perdu plus de 8 % face au dollar vendredi, elle s’est dépréciée à nouveau de 4 % par rapport à la monnaie américaine, tombant à 1,31 dollar.  

 

Évolution de la livre face au dollar Évolution de la livre face au dollar

 

Les répliques du séisme provoqué par le Brexit ont été encore plus fortes sur le marché boursier. Après avoir ouvert en baisse de 14 %, les actions de la Barclay’s et de la Royal Bank of Scotland ont dû être momentanément suspendues, en raison d’ordres vendeurs trop importants. À la clôture, après avoir été dégradée par les agences de notation dans la journée, Barclay’s avait perdu 17 %, et la Royal Bank of Scotland 26 % retrouvait son plus bas niveau depuis l’effondrement de 2009.

Dans la journée, la compagnie aérienne Easyjet a vu sa capitalisation boursière fondre de près d’un cinquième, après avoir averti que ses résultats risquaient de tomber de près de 5 % au second semestre, en raison des incertitudes créées par le Brexit. Des groupes de BTP, d’immobilier, ou de distribution ont enregistré des chutes de 10 à 15 % au cours de la séance.

Déjà, des économistes font des calculs. Alors que l’économie britannique donnait quelques signes d’essouflement, avant même le référendum, ils estiment désormais qu’un ralentissement est inévitable. Une majorité table sur une croissance autour de 1 %. Goldman Sachs est encore plus pessimiste, et annonce une croissance de 0,2 % au lieu de 2 % avant le vote. « Nous ne sommes pas très à l’aise pour faire une prédiction sur l’impact du Brexit sur le PIB […] Selon toute vraisemblance, la croissance du PIB va baisser, en raison des incertitudes », écrit le cabinet Axiom, dans une note publiée lundi sur les conséquences du Brexit.

Faute de savoir comment va s’écrire l’avenir avec l’Europe, toutes les décisions vont être suspendues, préviennent les économistes. Ils prévoient une diminution des investissements, des embauches, une chute sur le marché de l’emploi. Mais les incertitudes pourraient aussi dissuader les Britanniques d’acheter, de consommer, de partir en vacances.

Dans la plupart de leurs études, une mention spéciale est consacrée à la City. Toutes les banques installées à Londres, qui jusqu’alors était la principale place pour les transactions en euros, se demandent si elles vont pouvoir continuer leurs activités. D’autant que des responsables de la Banque centrale européenne ont commencé à les avertir qu’elles n’auraient peut-être plus les mêmes licences et autorisations à l’avenir. Par prudence, des banques américaines, comme Citi ou Morgan Stanley, ont déjà annoncé leur intention de déplacer certains départements dans d’autres filiales allemandes ou françaises. D’autres se demandent si elles pourront rester, et quelle proportion d’emplois elles pourront garder. « 100 000 emplois sont en jeu », s’inquiète ainsi le Financial Times.

Jusqu’à présent, le gouvernement britannique, démissionnaire, ne semble pas pressé de dissiper le brouillard. Bénéficiant du soutien explicite d’Angela Merkel qui souhaite temporiser, il s’en tient à son calendrier : rien ne se passera avant la nomination d’un nouveau premier ministre à l’automne. Une position partagée par Boris Johnson. Lors de sa conférence de presse, le ministre des finances George Osborne a été encore plus explicite : « Le Royaume-Uni ne devrait engager l’article 50 [du traité de Lisbonne qui autorise un pays à quitter l’Union européenne – ndlr] que lorsque les termes du départ seront éclaircis. »

L'Italie en danger

Tout cela paraît irréaliste et ne va pas pouvoir s’éterniser, selon nombre d'observateurs, qui estiment que les réalités financières vont vite rappeler le gouvernement britannique à la raison. « Plus les incertitudes dureront, plus les conséquences seront lourdes », avertit une note de Morgan Stanley. « Il y a beaucoup de questions qui ont besoin de réponse rapidement. Plus cela s'éternisera, plus les pressions vont augmenter sur la livre », expliquait dimanche un stratégiste d’UniCrédit sur Bloomberg. « La réaction que nous avons vue vendredi sur les marchés était largement le résultat d’une activité spéculative. Ce que nous n’avons pas encore vu, c’est le flux [des capitaux – ndlr], le renversement du  flux sortant du Royaume-Uni. Quand ce mouvement va commencer, je suis persuadé qu’il y aura une énorme pression sur la livre », prévient-il.

De plus en plus de voix – venant de Paris et de Rome, de responsables européens, du FMI, des banques centrales, des fédérations patronales comme la Confédération britannique de l’industrie (CBI) – pressent le gouvernement britannique de lever au plus vite les incertitudes créées par le Brexit. Tous le poussent à engager au plus vite des négociations pour organiser les futures relations entre le Royaume-Uni et l’Europe. « À ce stade, les responsables politiques au Royaume-Uni et en Europe tiennent ce niveau d’incertitude entre leurs mains. La façon dont ils agiront dans les prochains jours va donner la direction vers laquelle le risque va », a insisté la directrice générale du FMI Christine Lagarde.

Les pressions sur le gouvernement britannique pour le pousser à ouvrir les négociations avec l’Europe risquent de s’accentuer dans les jours qui viennent. Car tous redoutent que la tourmente anglaise ne s’étende et ne gagne la zone euro. Dans les faits, la contagion a déjà commencé à toucher le continent européen. « Nous pensons que les incertitudes grandissantes en Europe vont amener à des primes de risque plus élevées. Nos stratégistes européens n’excluent pas un retour à des niveaux connus lors de la crise de la zone euro », annonce une note de HSBC.

Toutes les places boursières européennes sont en chute depuis le résultat du référendum britannique. Vendredi, la bourse de Milan a clôturé à -12,48 %, celle de Madrid à -12,47 %. À Paris, le CAC a perdu 8,4 %. Lundi, la baisse est repartie de plus belle. Paris a baissé de 2,92 %, Francfort de 3,01 %, Milan de 3,94 %.

Mais ce sont moins les dégringolades des indices généraux qui affolent les investisseurs que la tempête dans laquelle se retrouve pris à nouveau le système bancaire européen. L’indice bancaire Euro Stoxx, qui avait déjà essuyé les plus fortes pertes vendredi, a baissé de nouveau de 5,2 % lundi. BNP Paribas a perdu 6,32 %, la Deutsche Bank est à son plus bas niveau, après une nouvelle baisse de 6,31 %. « Les actions bancaires continuent à souffrir. Il y a des préoccupations de plus en plus fortes sur la stabilité du secteur bancaire européen », dit un analyste de CMC Markets.

 

Indice bancaire Euro Stoxx © FT Indice bancaire Euro Stoxx © FT

 

Les marchés ont déjà désigné le maillon faible : l’Italie. Avant même la crise déclenchée par le Brexit, le secteur bancaire italien était considéré comme le plus fragile et le plus sous-capitalisé. Touchées par une récession qui n’en finit pas, les banques italiennes détiendraient plus de 350 milliards d’euros de créances douteuses ou impayées dans leur bilan.

Au début de l’année, le gouvernement transalpin a tenté de les aider en imaginant la création d’une bad bank, qui aurait recueilli nombre de leurs actifs douteux. Ce dispositif a été rejeté par la Commission européenne, celle-ci estimant qu’il relevait d’une aide d’État, interdite par principe. Après ce refus, le gouvernement italien a dû se contenter d’une structure financée en partie par le privé. Mais celle-ci n’a recueilli que 5 milliards d’euros. Loin, très loin des besoins des banques italiennes.

La crise britannique a ravivé la spéculation sur les banques italiennes. Lundi, le cours de Monte dei Paschi, en quasi-faillite, a rechuté de 13,34 %, celui d’UniCredit de 12,38 %, celui de Popolare de 10,25 %. En urgence, le gouvernement italien a fait fuiter un plan de recapitalisation de ses banques. Il prévoit d’apporter 40 milliards d’euros au système bancaire. Ce renflouement devrait être autorisé par la Commission, au vu de la situation d’urgence.

Dans le même temps, la spéculation a repris sur les obligations d’État des pays de l’Europe du Sud (Espagne, Portugal, Italie). Celle-ci n’a rien de comparable à celle à l’œuvre aux pires moments de la crise de la zone euro. Mais elle donne une autre indication : malgré les engagements de la BCE, les financiers sont en train de tester de nouveau la capacité de résistance de l’Europe. Alors que le gouvernement britannique joue l’immobilisme, les marchés financiers pourraient, comme depuis le début de la crise de 2008, être les arbitres des dissensions européennes et forcer les décisions.

 

 

 

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

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26 juin 2016 7 26 /06 /juin /2016 12:19

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

L’avertissement prophétique de Pierre Mendès France
24 juin 2016 | Par Edwy Plenel
 
 
 

En 1957, lors du débat sur le Traité de Rome, Pierre Mendès France mettait en garde contre un projet inspiré par « un libéralisme du XIXe siècle ». Cette mise en garde oubliée résonne dans notre présent où éclate la crise d’une Europe qui a perdu la confiance des peuples.

 

Pierre Mendès France Pierre Mendès France

 

Le 18 janvier 1957, Pierre Mendès France (1907-1982) intervient à l’Assemblée nationale dans le débat sur le projet du Traité de Rome qui, signé deux mois plus tard, le 25 mars, instituera la première communauté économique européenne, composée de l’Allemagne, de la France, de l’Italie et des trois pays du Benelux, Belgique, Luxembourg et Pays-Bas. Alors figure du Parti radical, il avait quitté la présidence du Conseil deux ans auparavant, après sept mois et dix-huit jours de gouvernement dont la brièveté n’empêchera pas le souvenir durable, celui d’un homme d’État vertueux, averti en matière économique, soucieux des comptes publics, respectueux du débat démocratique et, de plus, en quête d’une issue à la crise coloniale.

À bientôt soixante ans de distance, ce discours oublié semble une mise en garde prophétique, tant Mendès France y met en évidence les vices originels d’un marché économique commun qui, politiquement, ne pouvait que produire un éloignement progressif des peuples de l’idéal européen. Mendès France, qui sera parmi les 207 voix contre la poursuite des négociations sur l’élaboration du Traité (322 pour, 30 abstentions), n’hésite pas en effet à affirmer que ce projet « est basé sur le libéralisme classique du XIXe siècle » et à y voir, si la politique économique de la France devait lui être soumise, « l’abdication d’une démocratie ».

Autrement dit, pour Mendès France qui, pourtant, prenait l’économie au sérieux, celle-ci ne pouvait être l’absolu d’une politique. Ou, plutôt, la politique, comme bien commun, délibération permanente et confiance partagée, ne pouvait s’y dissoudre, sauf à perdre en route la démocratie elle-même, son idéal et sa vitalité. Écoutons donc ce Cassandre, fort lucide et toujours jeune, qui, déjà, plaide au nom d’une forte exigence sociale et, surtout, prédit l’engrenage fatal d’une pédagogie anti-démocratique de la future Union européenne.

« L’harmonisation doit se faire dans le sens du progrès social, affirme le député Mendès France, dans le sens du relèvement parallèle des avantages sociaux et non pas, comme les gouvernements français le redoutent depuis si longtemps, au profit des pays les plus conservateurs et au détriment des pays socialement les plus avancés. »

« Mes chers collègues, poursuit Mendès France, il m’est arrivé souvent de recommander plus de rigueur dans notre gestion économique. Mais je ne suis pas résigné, je vous l’avoue, à en faire juge un aréopage européen dans lequel règne un esprit qui est loin d’être le nôtre. Sur ce point, je mets le gouvernement en garde : nous ne pouvons pas nous laisser dépouiller de notre liberté de décision dans des matières qui touchent d’aussi près notre conception même du progrès et de la justice sociale ; les suites peuvent en être trop graves du point de vue social comme du point de vue politique.

« Prenons-y bien garde aussi : le mécanisme une fois mis en marche, nous ne pourrons plus l’arrêter. (…) Nous ne pourrons plus nous dégager. Nous serons entièrement assujettis aux décisions de l’autorité supranationale devant laquelle, si notre situation est trop mauvaise, nous serons condamnés à venir quémander des dérogations et des exemptions, qu’elle ne nous accordera pas, soyez-en assurés, sans contreparties et sans conditions. »

À la lecture de ces anciennes paroles, Mendès France prend soudain stature de devin tragique, anticipant ce que ses contemporains ne voient pas, parce qu’ils sont aveugles ou parce qu’ils s’aveuglent. Car c’est peu dire que la suite, notamment celle vécue ces trente dernières années par des gouvernements de gauche, élus sur des promesses sociales alternatives, aura donné raison à cette prophétie.

À la fin de son discours, Mendès France souligne le cœur du désaccord : ce projet de marché commun, résume-t-il, « est basé sur le libéralisme classique du XIXe siècle, selon lequel la concurrence pure et simple règle tous les problèmes ». Autrement dit, un libéralisme économique qui ruine tout libéralisme politique, imposant la loi d’airain de la concurrence à la vie sociale, au détriment des solidarités collectives et des libertés individuelles.

« L’abdication d’une démocratie peut prendre deux formes, conclut Mendès France, soit le recours à une dictature interne par la remise de tous les pouvoirs à un homme providentiel, soit la délégation de ces pouvoirs à une autorité extérieure, laquelle, au nom de la technique, exercera en réalité la puissance politique, car au nom d’une saine économie on en vient aisément à dicter une politique monétaire, budgétaire, sociale, finalement “une politique”, au sens le plus large du mot, nationale et internationale. »

« Dire cela, ajoutait Pierre Mendès France, ce n’est pas être hostile à l’édification de l’Europe, mais c’est ne pas vouloir que l’entreprise se traduise, demain, par une déception terrible pour notre pays, après un grand et bel espoir, par le sentiment qu’il en serait la victime et, tout d’abord, ses éléments déjà les plus défavorisés. »

Faute de l’avoir écouté, nous vivons aujourd’hui ces temps de « déception terrible » prédits par Mendès France.

> Le texte intégral du discours de Pierre Mendès France dans Le JO du 19 janvier 1957 (pdf, 6.5 MB), pages 159 à 166.

 

 

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

 

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24 juin 2016 5 24 /06 /juin /2016 16:24

 

Source : http://rue89.nouvelobs.com
 

 

Arrêt sur images
Brexit : s’il faut trouver une seule certitude...

 

 

Les Britanniques ont voté : la Grande-Bretagne quittera l’Union européenne. Bien malin qui peut prédire de quoi les prochains mois seront faits. Les premières nouvelles du matin dessinent un paysage de désintégration en chaîne. Un paysage trompeur, bien entendu.

 
 
Initialement publié sur Arretsurimages.net
 

Ce soulagement des dernières heures, quand on y repense. Comme un seul homme, les sondages et les marchés prédisaient une remontée finale du « Remain » (on reste), dans le référendum britannique sur le Brexit. On s’était fait peur, on s’était donné le grand frisson, d’accord, mais les choses allaient finalement rentrer dans l’ordre au dernier moment. Elles rentrent toujours dans l’ordre.

Rebondissement épouvantable mais providentiel, l’assassinat de la députée anti-Brexit Jo Cox allait faire réfléchir les brexiteurs les plus modérés. Jusqu’au début de la nuit, ils y croyaient. Et puis, il fallut bien refaire les Unes.

 

Unes du Daily Mirror

Unes du Daily Mirror
 

Bien malin qui peut prédire de quoi les prochains mois seront faits. Effondrement de la livre sterling et du Nikkei, demandes de référendum de l’Ecosse et du Sinn Fein, sans compter celles de Le Pen en France, et de Geert Wilders aux Pays-Bas  : les premières nouvelles du matin dessinent un paysage de désintégration en chaîne. Un paysage trompeur, bien entendu.

 

Décrochage

De la capitulation des brexiteurs après deux ans de désordre, qu’imagine Arnaud Leparmentier, l’éditorialiste ultra-libéral du Monde, à l’efffondrement de l’UE et de l’euro, tout est possible. La victoire du Brexit ouvre une période dans laquelle toutes les prévisions sont, d’avance, caduques.

 

Un Britannique et son chapeau à l'effigie du drapeau du Royaume-Uni, le 19 juin 2016

Un Britannique et son chapeau à l’effigie du drapeau du Royaume-Uni, le 19 juin 2016 - BEN STANSALL/AFP
 

La seule certitude, s’il faut en trouver une, est qu’il faudra, encore davantage que d’habitude, se méfier des médias traditionnels. Les premières réactions d’effondrement politique, voire parfois mental ou moral, de leurs journalistes-twittos (à l’exception notable de Jean Quatremer, qui avait ouvertement souhaité le Brexit dans l’intérêt de l’UE), montrent bien leur décrochage par rapport à l’opinion populaire. Comme lors de leur adhésion à Balladur en 1995, au « Oui » au référendum français de 2005, et en quelques autres occasions, ils sont ailleurs.

Olivier Biffaud, ex-Le Monde, aujourd’hui France Télévisions et Slate  :

 

Le Sinn Fein veut un référendum sur une unifiée via @afpfr
La grande réussite de se confirme !

 
 

Léna Lutaud, Le Figaro  :

 

Oh My god! Selon la , le l'empirte et La GB quitte l'Union Européenne. Quelle catastrophe

 

 

Marie-Estelle Pech, Le Figaro  :

Piotr Smolar, Le Monde  :

 

piotr smolar @piosmo

D.Tusk, alors PM polonais, disait que son ambition=assurer eau chaude ds le robinet. Dépolitisation de la polit. La gestion, choix fatal.

 
 

Marion Van Renterghem, Le Monde  :

 

Il va falloir songer à émigrer mais où? Allemagne? Irlande? Ecosse? Australie?

 
 

Et pour la route, en attendant de plus longs développements, ce petit tableau de la répartition des [intentions de] votes par tranche d’âge, à méditer parmi d’autres sujets  :

 

 
Initialement publié sur Arretsurimages.net
 
 
Source : http://rue89.nouvelobs.com
 
 
 
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